Il faisait chaud et moite. Trop pour la couverture opaque sous laquelle il s'était réfugié. Sandro avait aimé se réveiller avec les rayons du soleil mais il regrettait désormais son choix d'avoir équipé les fenêtres de sa chambre de stores aussi clairs. Ce simple détail le tourmentait depuis des mois sans qu'il ne parvienne à faire changer les choses. A la place, il se cachait sous les draps et tâchait de se faire oublier dès que la maison se remettait à vivre tout autour de lui. Manque de bol, cela coïncidait avec l'heure où ce stupide astre se retournait contre lui. Entre ça et tous les bruits produits par sa famille, le sommeil lui venait difficilement. La privation se ressentait sur une humeur déjà maussade et un état de fatigue accablant. Quand il se faisait happer par l'inconscience, c'était heureusement durant des heures durant. Il avait cru que la somnolence induite par les restes d'anesthésie dans son corps qu'il avait longtemps ressenti était désagréable mais il revoyait son avis maintenant que dormir n'était plus un acte facile.

Sa sœur, toujours en retard, jurait dans la salle de bain. Elie ne faisait pourtant aucune impasse sur sa routine en dépit de leur mère qui ne cessait de venir frapper à la porte pour lui dire de se dépêcher. Sandro suivit d'une oreille absente leur échange à propos de bus et de vélo avant que sa cadette ne parte enfin du pas lourd de l'adolescent outré. Il ferma les yeux et se força à se détendre sous la couverture quand la présence de sa mère s'approcha de la porte toujours entrouverte de sa chambre. Elle la poussa un peu plus pour l'observer avant de partir dans un soupir. Quand il ne l'entendit plus, il relâcha son souffle. Il ne s'était pas fait grille. Ces derniers temps, l'inquiétude maternelle était de plus en plus dure à supporter. Il se surprenait à regretter aussi cette femme intraitable qu'elle avait été avec lui, toujours à le houspiller et à attendre de lui qu'il soit sur tous les fronts. Comme elle. Aujourd'hui, elle le traitait en enfant blessé, ce qu'il était dans le fond. Il comprenait mal le genre de peur qu'elle avait pu ressentir en recevant un appel l'informant de l'accident grave qu'avait subi son fils à des milliers de kilomètres de là où elle se trouvait. A son réveil, à peine conscient, il s'était demandé qui était cette femme paniquée à ses côtés. Le sentiment était un peu resté. Aussi dure qu'elle puisse être, elle restait humaine et s'inquiétait pour le sort de sa progéniture. Elle était capable de manifester une peur primale à l'idée de la perdre.

La famille continua son ballet matinal jusqu'à ce que le calme ne revienne. Enfin. Il imaginait sans mal sa mère dirigeant leurs quelques employés et Papy Kuzue en train de compter les têtes de bétail pour s'assurer que personne n'avait été emporté par un Pokémon sauvage durant la nuit. Et Elie ne se pressant pas pour attraper son bus.

Il ne visualisa par contre pas l'intrusion soudaine de Luis chez lui. La porte fut poussée brusquement et son ami apparu alors que Sandro sursautait dans son lit. On va prendre l'air, mon Snorlax ! Qu'il s'exclama en l'arrachant aux draps.

> modération:

Bien qu'un peu plus petit que Sandro, Luis était un garçon solide. Il avait aussi l'avantage de ne jamais avoir arrêté le sport et d'être ainsi resté bien bâti. Il souleva donc le faiblard que le jeune alolien était devenu sans le moindre souci. Littéralement, il le garda au dessus du sol, pas loin de le jeter sur son épaule. L'ancien athlète s'étonna d'ailleurs de ne pas le voir esquisser ce geste. Certain qu'il était, il avait fermé les yeux et avait attendu que vienne l'humiliation mais, à la place, il se retrouva planté sur ses deux pieds. Les mains de Luis n'avaient pas quittés ses hanches et le gardaient à la verticale tandis qu'il luttait contre un vertige. Désolé, je m'attendais pas à rencontrer si peu de résistance. Aussi sincère qu'ait été ses excuses, elles sonnaient comme des insultes. En le voyant grimacer, Sandro supposa qu'il s'en était rendu compte. Pour autant, il n'y réagit pas. Qu'est-ce que tu fiches ici ? Il se contenta de demander d'une voix morne. Trop habitué à être aidé, Sandro n'envisagea pas de chasser le soutien qu'il recevait. Il resta statique à l'exception d'un mouvement du bras qu'il considérait normal pour aller frotter ses yeux irrités par l'insomnie. Je te l'ai dis, je suis venu pour qu'on aille se balader. L'alolien était peut-être démuni mais il n'en était pas devenu idiot pour autant. Qui aurait pu même croire que quelqu'un puisse faire autant d'heures de vol pour une simple promenade. Juste un petit peu. Vraiment, t'as besoin de prendre le soleil, mon vieux. Luis insista. Sandro se contenta de soupirer.

Tu veux tes claquettes ? Le fait de s'habiller n'avait pas été mis sur la table. Le jeune homme portait un t-shirt ample et un short, une tenue amplement suffisante pour aller s'aérer. Luis le connaissait bien, Sandro n'avait jamais été homme à s'apprêter longuement. Il était même plus vêtu qu'il ne l'avait parfois été dehors depuis le début de leur amitié. S'exhiber torse nu n'avait jamais été un problème pour lui, on pouvait dire qu'il appréciait la sensation de liberté, mais tout ça datait d'avant l'accident. A proximité de la porte d'entrée, les chaussures avaient par contre été envisagées. L'alolien hocha la tête et n'eut qu'à rentrer ses pieds dans les sandales posées devant lui. Plus étrangement, cette dynamique était presque naturelle. Sans dire qu'il le maternait, Luis avait toujours été attentif aux détails et il se souciait de lui. Là était le destin d'une battery bien formée. En tant que receveur, il avait été dans l'intérêt du jeune homme de maintenir son lanceur dans une forme optimale et cela passait par le fait de vérifier ses lacets à l'occasion et de l'ennuyer à propos de sujets divers et variés. Si il le faisait naturellement, l'athlète y avait aussi été encouragé par un de leurs entraineurs. Il ne fallait pas croire que la relation n'allait que dans un sens, Sandro avait eu ses propres attentions pour son ami et il lui rendait la pareille par une confiance inébranlable en ses choix sur et hors du terrain. Seulement, ils n'étaient plus un duo. Plus rien de tout ceci n'était normal. Si Luis agissait ainsi, il le faisait par pitié.

> modération:

Le soleil brillait fort dehors, comme il avait l'habitude de le faire dans les îles. Sandro se camoufla les yeux d'une main et grogna un peu sous cette morsure soudaine. Il avait oublié ses lunettes de soleil et, malgré la présence toute proche de la porte dans son dos, il n'envisagea pas de faire demi-tour pour aller rectifier cette erreur. Cela n'aurait fait qu'étirer cette sortie à laquelle il adhérait déjà de mauvais gré. Il oublia aussi vite ce détail en sentant un contact contre son mollet dénudé. Doux avant que ne vienne une sensation de grattement familière. En baissant la tête, il croisa le regard de la petite Nana qui le salua d'un aboiement joyeux. La Rockruff avait toujours eu pour lui une affection toute particulière et elle ne manquait jamais une occasion de le rejoindre dès qu'il sortait de la maison. Puisqu'il ne le faisait pas souvent ces derniers temps, elle devait être d'autant plus heureuse de le voir. Sandro ressentit une légère pointe de culpabilité. Nana ayant toujours été la plus faible de la meute qui gardait la ferme, elle ne bénéficiait pas du statut social le plus appréciable. Les autres la mettaient souvent de côté, d'autant plus depuis l'évolution de la plupart des membres de sa portée. Même la mère de Sandro avait tendance à ne pas donner beaucoup à faire à la Rockruff, un désastre pour une créature aussi dynamique et voulant se rendre utile.

Avant que l'alolien ne puisse esquisser le moindre geste dans la direction de la louve, Luis le prit de vitesse et alla s'accroupir devant elle pour lui gratouiller la tête. Tu es trop mignonne. Tu le sais ? Hein que tu le sais ? Il s'extasia en laissant passer un son de gorge un peu ridicule. Même si Nana accepta l'attention, Sandro se retrouva à penser que son ami ne savait pas y faire. Il avait évité les protubérances rocheuses ornant le cou de la Rockruff alors qu'il s'agissait là de son endroit favori pour être caressé. Tu viens avec nous ? L'invitation du paldeanais ne tomba pas dans l'oreille d'une sourde. Un autre aboiement résonna et Nana fila vers le petit sentier menant à la plage avant de se retourner soudainement pour les inciter à la rejoindre d'un nouveau cri.

> modération:

It's a bird...it's a plane...Non ! C'est un Passerouge shiny niv. 5 ! Il est de toute beauté.

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