Cela ne faisait pas bien longtemps qu’Archie s’était endormi, tout du moins était-ce l’impression qu’il avait eue au réveil. Émergeant lentement, se laissant surtout du temps avant d’ouvrir les yeux et de commencer sa journée, le maître coordinateur se sentait bien moins à l’aise dans son lit que d’accoutumée. Avait-on changé sa literie sans l’en avertir ? Cela devait être réglé au plus vite car, s’il n’avait rien d’une diva, Archambaud considérait la qualité de son sommeil comme indispensable pour assurer correctement sa fonction. Il s’agissait de sa qualité de vie mais également de son image, tout ceci était donc primordial dans sa profession. Cependant, il en fallait davantage pour mettre le kalosien de mauvaise humeur ; il savait faire la part des choses et ne pas faire subir ses désagréments personnels à ceux qui évoluent autour de lui. Archie se redressa et pivota pour se mettre en position assise. Il se frotta les yeux et s’immobilisa sous le choc de la découverte qu’il venait de faire. Il ne se trouvait pas dans sa chambre. Dans une chambre certes, ou tout du moins à l’intérieur d’une pièce contenant un lit, mais l’atmosphère s’avérait particulièrement rustique. Archie ne comprenait tout simplement pas où il se trouvait, tout ce qu’il savait, c’est qu’il ne se trouvait pas là où il s’était endormi. Cette information à elle seule leva un vent de panique lorsqu’il la prit réellement en compte. Il se redressa d’un coup, et se dirigea droit vers la porte. Il sortit et la découverte qu’il fit le laissa sur place, sidéré. L’ancien acteur avait l’impression d’être de retour dans un studio de tournage où un décor médiéval avait été mis en place. Sous le choc, il fit demi-tour, rentra de la bâtisse dont il était sorti quelques secondes plus tôt et s’assit sur ce lit de fortune.

Plusieurs longues secondes furent nécessaires pour permettre à Archambaud de redescendre et de chercher à appréhender la situation. La première chose à laquelle il pensa fut qu’il était dans un rêve – ou bien était-ce un cauchemar ? – et cette perspective lui permit de se rasséréner. Certes, tout ceci paraissait bien réel, et il avait la sensation de le vivre pleinement, que ce soit les odeurs de terre et de poussière, jusqu’au goût sur sa langue ou encore la chaleur de ce rayon de soleil passant par la fente des volets sur sa peau. Le parti pris du kalosien fut celui du rêve, de différencier cette expérience troublante d’une quelconque réalité. Ses pokémons ! Un éclair traversa l’esprit d’Archie : où se trouvaient ses pokémons ? Il regarda autour de lui, dans cette pièce qui n’était rien de plus que quatre murs, une fenêtre, deux portes, une table, un lit et ce qui s’apparentait à un vaisselier. Rien de plus. Enfin, presque. Assis sur son lit et s’adossant au mur, poussé par un profond découragement, il rencontra une forme qu’il reconnut aussitôt : des pokéballs. Il se tourna aussitôt pour les récupérer. Il en avait trois, seulement trois. La question suivante dans l’esprit d’Archie fut de savoir où se trouvaient les autres. Puis il se rappela qu’il se trouvait dans un rêve, donc que tout n’était pas forcément logique. Il laissa sortir ses trois pokémons et retrouva Sigourney, Babeth et Buster. Si la nature chaotique du Motisma pouvait parfois inquiéter le maître coordinateur lors de situations sérieuses, il restait soulagé d’avoir une source d’énergie pour sa prothèse dans cet environnement dépourvu de cette technologie. Le pokémon électrique se jeta sur le bras mécanique de son dresseur pour l’intégrer. Quant aux deux autres, la Muplodocus se trémoussait sur place de joie et la Roigada observait ce qui l’entourait.

Quelle allait être la prochaine étape ? Voici la nouvelle question qui tourmentait l’acteur. Il faisait les cent pas – possiblement plus – afin de déterminer quoi faire. Il envisagea de sortir de cette bâtisse, pour s’assurer qu’il s’agissait bien d’un studio de tournage, de rien d’autre. Il se ravisa cependant, trop incertain de ce qu’il y trouverait. Sauf que rester sur place n’était pas non plus une solution. « Bien évidemment, je n’ai rien sur moi... » Archie commençait à râler à haute voix, tandis qu’il constatait n’avoir ni téléphone, ni papiers, ni même chemise. Il continuait donc à marcher, à tourner en rond, suivi du regard par ses deux pokémons.

Le son du clocher fit sursauter le maître coordinateur, qui ne s’attendait absolument pas à ce rappel à la réalité. A cette fausse réalité en laquelle il ne pouvait croire. « Merde. » Archambaud n’était pas du genre à jurer, et pourtant, c’était bien ce mot-ci qui sortait de sa bouche. Ce mot et aucun autre. « Merde, merde, merde, merde. » La panique le gagnait de nouveau. Il voulait se recoucher pour se réveiller où il s’était endormi, à l’Elite, mais commençait à se douter, et donc à fatalement accepter, que ça ne serait pas le cas. Il devait absolument trouver un plan d’action, faire quelque chose, trouver quelqu’un.

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A l’apparition de Suika par cette porte qu’il n’avait même pas envisagé d’ouvrir pour explorer cette maison au-delà de la pièce dans laquelle il se trouvait, Archambaud laissa échapper un soupir de soulagement. Il n’était pas seul. Et en plus de ça, c’était Suika. La jeune femme avait été nommée maîtresse coordinatrice peu de temps après lui, et cette expérience similaire et simultanée les avait rapidement soudés. Elle était celle qui vivait la même chose que lui, en même temps, en ayant eu une carrière conséquente dans leur domaine – elle la musique, lui le cinéma – alors ils en parlaient, forcément. Mais le soulagement fut de courte durée lorsqu’il réalisa à la première prise de parole de la chanteuse, poêle à la main, qu’il ne pouvait pas s’agir d’un rêve, que ce qu’il avait vu était bien réel. Que tout était bien réel. « Non… Rien de ce genre, et je ne suis pas sûr que les deux ou trois rôles de chevalier que j’ai pu avoir nous soient d’une grande utilité…. » Suika partageait visiblement l’inquiétude et l’incompréhension d’Archie face à cette situation plus qu’incongrue. Ils s’étaient endormis la veille au sein du quartier général de l’Elite, où ils avaient leurs appartements, mais s’étaient réveillés dans un décor d’un autre temps, et pas celui que l’acteur aurait préféré.

« N’empêche que ça me semble un peu périlleux pour le Comité de nous jeter dans un quelconque jeu ou émission sans nous en informer au préalable. Ils ne prendraient pas le risque d’une telle chose sans notre consentement.. » Archambaud continuait à réfléchir le plus sérieusement possible au problème et cela lui déplaisait grandement de constater qu’aucune des hypothèses rationnelles établies jusque-là ne tenaient la route. Pour avoir joué dans de la science-fiction, pour en avoir lu et regardé, le voyage dans le temps reste la seule explication qui n’a pas de contre-argument solide. Pour le kalosien, dire qu’on n’a pas de preuve de l’existence du voyage temporel ne suffit pas à justifier que cela n’existe pas, et ce d’autant plus quand il constatait les facultés de certains pokémons. C’était également l’hypothèse qui ne permettait aucune solution pour être de retour chez eux. Archie ne savait cependant pas s’il devait parler honnêtement de ce qu’il envisageait à Suika. Il ne souhaitait pas l’inquiéter inutilement, la faire paniquer ou désespérer. Il n’eut cependant pas le temps de se décider concrètement que le clocher se fit de nouveau entendre.

Il s’en suivit un bruit gagnant la rue plus tôt déserte, celui de personnes, d’assez nombreuses personnes. De l’autre côté des fenêtres, les premières discussions audibles paraissaient bien loin d’un contexte dangereux. Pour Archie, c’était banal, aussi banal que pouvait l’être un échange sur le prix du sac de mil. « Si on avait voulu nous enfermer de force ici, on serait gardés. J’ai pu ouvrir la porte tout à l’heure, j’aurais pu partir sans problème.. » Pour s’éviter de céder à la panique, Archambaud misait sur le pragmatisme, sur son instinct également qui le poussait à être curieux. Il souhaitait comprendre ce qu’il se passait, il avait besoin de réponses à ses questions, et le maître coordinateur était certain d’une chose : ils ne trouveraient pas ces réponses en restant dans cette maison de fortune. Archie se dirige vers la fenêtre afin de l’ouvrir puis de faire de même avec les volets. Vêtus comme l’auraient fait des paysans d’un très ancien temps, deux hommes passent devant la fenêtre, sans même se tourner vers l’acteur. Une fois de plus, tout paraissait normal en dehors du fait qu’il ne s’agisse pas de la bonne époque. « Suika, je crois qu’on va devoir sortir, ça n’a pas l’air dangereux dehors et on a cruellement besoin de savoir ce qu’il se passe.. » Avoir incarné Shiro ainsi que Captain Unys avait possiblement donné quelques notions de leadership à Archambaud face à des situations en apparence sans espoir, lui qui n’aimait rien imposer à personne.Il y avait même une profonde curiosité qui naissait en lui du fait de vivre une aventure fantastique en tant que lui – Archambaud Maistre, humain lambda – au même titre que les personnages qu’il a pu incarner. Il s’agissait là d’une opportunité unique pour lui et ne comptait pas la laisser passer. Peut-être s’agissait-il de sa propre épopée, ou tout du moins de celle qu’il partagerait avec Suika.

« Si t’es partante, on peut sortir et essayer de glaner des infos en parlant aux gens qui sont là, pour au moins savoir où on se trouve.. » Archie ne précisa pas de demander quand également, il préférait attendre de voir si sa collègue envisageait cette possibilité et de quelle manière avant d’aborder sérieusement le sujet. « Par contre, je ne suis pas sûr que ta poêle te serve dehors. Même si on sait jamais. » Il adresse un clin d’œil à la chanteuse, essayant maladroitement de détendre l’atmosphère.

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Archambaud était satisfait de constater que Suika partait dans la même direction que lui. Il était rassuré de la voir rester calme, de ne pas la voir céder à la panique comme lui avait pu le faire plus tôt. Il y avait même une certaine légèreté à la manière dont ils traitaient la situation, ou plutôt dans la manière dont ils se traitaient l’un l’autre. Enfin, Suika avait raison sur une chose : ils ne passeraient pas inaperçu au vu de leur physique respectif. Alors il allait falloir ruser, camoufler pour lui son bras, pour elle sa chevelure. « Je vais regarder ici aussi. » Il ne fallut pas beaucoup plus longtemps avant de voir la chanteuse disparaître dans sa chambre, car sans doute les pièces resteraient attribuées de la sorte. Il était désormais temps pour Archie de faire le tour de la pièce dans laquelle il se trouve. Vu le dénuement du lieu, il doutait de trouver quoi que ce soit, mais il fit tout de même l’effort de jeter un coup d’œil, en désespoir de cause. Le vaisselier contenait ce qu’il était censé contenir : quelques assiettes, des couverts, des verres. Rien de plus. Il finit par trouver une tunique blanche à manche longue qu’il rentra dans son pantalon. Le vêtement correspondait à ce qu’il avait vu de l’époque, en plus d’être suffisant pour dissimuler son bras. Pour autant, la main droite de l’acteur restait à découvert. Il allait devoir faire le temps de trouver une solution.

En attendant que Suika revienne, Archie s’approcha de ses deux pokémons pour un petit laïus explicatif. « Bon, les filles, topo rapide : je crois qu’on est dans le passé, Suika, vous, et moi. On va chercher un moyen de nous ramener au bon moment, au bon endroit, mais je vais avoir besoin de discrétion de votre part. Compris ? » Le maître coordinateur s’adressait à sa Muplodocus en particulier, ne s’inquiétant absolument pas pour Babeth. Mais Sigourney comprenait-elle les enjeux réels de ce qui se jouait, le sérieux de la situation dans laquelle ils se retrouvaient. La dragonne était un véritable soutien pour son dresseur par sa simple présence, elle aurait son influence sur le moral des troupes, mais sa bonhommie pouvait la rendre inattentive, maladroite. Alors, avec Buster le Motisma intégré à sa prothèse, cela faisait beaucoup de potentiels éléments de surprise. Archie allait donc devoir compter avant tout sur sa Roigada. C’est pourquoi il décida de rappeler la Muplodocus dans sa pokéball.

Suika fit son retour dans ce qui pouvait être considéré comme la pièce principale de la bâtisse, portant désormais une longue robe verte. Ses cheveux étaient attachés, ramenés en un chignon. « Ça te change, le style médiéval. » Archie sourit. Il a déjà porté de tels vêtements, pour des rôles dans cet époque, mais tout était prévu par une production, par des costumiers, et s’accompagnait de maquillage. Le contexte s’avérait bien différent. « Alors allons-y, il est temps d’essayer de nous fondre dans la masse. » Le maître coordinateur s’avance jusqu’à la porte et l’ouvre, passant le premier. Pour lui, c’était un rôle de composition qu’il allait devoir jouer, avec une composante massive d’improvisation. Il ne savait rien de ce qui l’attendait, et pourtant il devait y aller. Il est un homme dans une époque médiévale, la partition allait être bien plus facile à jouer pour lui que pour Suika. Il n’y avait d’ailleurs plus de doute possible : ils étaient bel et bien plongés dans le passé.

Dehors, la vie semblait suivre son cours, les gens passaient dans leur tenue d’époque. Alors Archie se disait qu’il valait mieux chercher l’activité, la vie. C’est pourquoi il se dirigea – s’assurant que Suika soit à sa suite – là où d’autres personnes semblaient aller ; ce qui les conduisit droit au marché. « On devrait en savoir plus sans avoir trop à parler. » L’acteur ne tenait pas à attirer l’attention sur lui, alors se mêler à la foule s’avérait à double-tranchant. Plus de chance de passer inaperçu au milieu de tant d’autres personnes, mais cela signifiait également plus de regards pouvant se poser sur eux. Archie finit par se pencher légèrement vers Suika. « Je te laisse naviguer de ton côté. On ne s’éloigne pas trop et on se rejoint plus tard. » Diviser pour mieux régner, c’était la stratégie qu’il pensait employer. Le kalosien s’éloigna donc de sa collègue, s’approchant du stand d’un marchand vendant des habits de cuir : plastrons, jambières, cuissardes, entre autres. Cela aurait pu être l’occasion pour Archie de se dégotter des gants, ou tout du moins un, pour sa main, il n’avait cependant pas la moindre monnaie d’échange pour acquérir l’objet. « Sieur, Larry le tanneur peut-il vous aider ? » Le maître coordinateur entra immédiatement dans la peau de son personnage. Il comptait bien obtenir les informations qu’il était venu chercher. Il planta son regard dans celui de l’homme lui faisant face. « J’eus ouï-dire que le meilleur tanneur de cette ville porte un autre nom que Larry. Je suis cependant disposé à vous laisser une chance. Qu’avez-vous à me proposer, mon brave ? » Jouer la personne influente semblait une bonne option, une personne avec des moyens, qu’on peut vouloir se mettre dans la poche. Archie se doutait que, dans une telle situation, ce Larry n’irait pas lui voler dans les plumes, il essaierait de le convaincre de dépenser ses écus chez lui. Cela ne loupa pas. « Quoi que vous ayez entendu, je puis vous assurer que Larry est le meilleur tanneur de Vestigion. » L’acteur notait l’information importante, à savoir le nom de la ville qui s’avérait toujours à Sinnoh, pas si loin de l’Elite. C’était un élément quelque peu rassurant, que le déplacement spatial ne soit pas plus marqué. Mais autre chose l’interpela, bien plus futile : cet homme parlait-il de lui à la troisième personne ou Larry était un autre individu ? Difficile à déterminer, mais l’homme continuait son plaidoyer. Archie vérifia que Suika demeurait bien dans son champ de vision, brièvement. Une fois la confirmation visuelle obtenue, il poursuivit son échange, dans l’espoir d’obtenir d’autres renseignements.

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Clan : Dialga
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