» Souvenir d'une rencontre parfaitement imparfaite

Jax Doherty

Jax Doherty
Coordinateur Hoenn

C-GEAR
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Région : Hoenn
Ven 5 Avr 2024 - 6:52
La barque de bois venait d'accoster au quai numéro quatre du port de Poivressel ; c'était une embarcation de petite taille, qui tanguait aux grés des vagues soulevées par les arrivées et les départs de plus grands bateaux à moteurs, capable de transporter au moins trois hommes adultes et une cargaison d'une cinquantaine de kilogrammes.
Jax se leva du banc central, abandonnant les rames à leur socle pour attraper une large corde et la lancer au marin qui l'attendait.
Celui-ci l'attrapa, puis entama la routine d'amarrage.

Peu bavard, il développait rarement la discussion au-delà des triviliatés liées à la météo ou aux sautes d'humeur capricieuses de la mer, ou encore aux invasions annuelles de tentacools, qui envahissaient les eaux et s'échouaient sur les plages.
Cela convenait au grand rouquin, qui était lui-même peu friand des interminables conversations.
Tous deux se comprenaient et se respectaient sur ce point.

Une fois la barque stabilisée et solidement fixée à ses ancrages, Jac accepta la main tendue dans sa direction ; il se hissa sur le quai avant de se pencher pour récupérer la glacière qui contenait ses prises du jour.
Il fouilla ensuite dans la poche de son pantalon et en sorti quelques liasses froissées, qu'il donna au vieux loup de mer en guise de remerciement pour son aide.
Un service payé en liquide et qui passait sous le nez des impôts.
Porté par la brise marine et le cri enjoué des goélises, Jax quitta le quai et se héla un taxi qui campait la sortie du port.

Les chauffeurs étaient habitués à le voir trimballer cannes, filets ou chaudières, et malgré la forte odeur de poisson et de sueur que le gourmet dégageait après une longue journée passée à pêcher en haute mer, ils acceptaient de le mener jusqu'à la demeure de son paternel.
Évidemment, les vitres demeuraient abaissées tout le long du trajet, été comme hiver ; une règle non écrite et certainement non-négociable.
Comme à son habitude, Jax descendit de la voiture, régla le paiement, puis claqua la portière avant de s'avancer vers le terrain clôturé.

En retrait du centre-ville, plus près des plaines et de la légendaire piste cyclable qui reliait Poivressel et Lavandia que des secteurs commerciaux et industrielles de la capitale maritime de la région, le domaine des Doherty possédait un aspect chaleureux et invitant, dû entre autre à l'entretien régulier de ses pelouses et de ses arbres fruitiers.
Il n'était pas rare de voir des mucioles et des lumivoles battifoler près des pommiers, et exécuter des danses lumineuses lors des nuits douces et tièdes.

Le cuisinier récupéra le courrier de la boîte aux lettres puis franchit le sentier de gravelle qui le séparait de l'entrée de la maison.
Il nota la présence d'une voiture, celle de son frère, tandis que celle de son père brillait par son absence.
Tant qu'il pointait le bout de son nez pour le repas du soir, tout irait bien.
Il entra, déposa ses affaires dans le hall et commença à délasser ses bottes.
Mais il suspendit son geste, son visage se renfrognant et ses sourcils se fronçant.

Des sandales étrangères avaient été posées à côté des chaussures de Cameron.
Personne ne lui avait mentionné la venue surprises d'un invité.
Ou d'une invitée.
Il se redressa et se débarrassa de ses bottes en secouant ses pieds, semant un désordre dans le parfait placement.


- CAMERON !

Sa voix grave tonna depuis le hall, tandis qu'il se faufilait dans le mince couloir menant jusqu'au salon et qui lui-même débouchait ensuite vers la salle à manger et la cuisine.
Son intention était d'annoncer sa présence et de s'assurer que son frangin l'entende.
Le salon était vide.
Jax poursuivit sa route, direction cuisine.
Sa pièce favorite.
Il se figea en percevant les échos d'une conversation.
Un peu trop brusquement, il laissa tomber la glacière pleine sur la grande table en chêne qui trônait au centre de la salle à manger.
Deuxième indicateur de sa présence - car oui, il souhaitait se faire absolument remarquer.


- Et t'es qui au juste ? Qu'il gronda presque en apercevant le bout de femme qui papotait avec son cadet.

Ses yeux eurent le malheur de se poser sur elle, sur son visage, et il la dévisagea longuement, sans rien ajouter.
Il avait l'air bête et surpris de celui qui venait de tomber sur une apparition improbable et que son cerveau peinait à confirmer comme étant réelle.
Ses mains se serrèrent sur les lettres et les prospectus ramassés un peu plus tôt, et dont il ne s'était pas encore départi.

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India Swango

India Swango
Coordinateur Hoenn

C-GEAR
Inscrit le : 01/01/2024
Messages : 123

Région : Hoenn
Mar 9 Avr 2024 - 23:37
(C’était il y a quatre ans et demi. Un peu plus.)

Il a déjà vu sa mère. Le temps d’un café, en ville. Une manière d’amener les choses en douceur, de dire « Au fait, voici une personne qui compte. » (Qui fait plus que compter, en vérité, mais chez les Swango on fait dans la mesure. Toujours.) Amina a poliment fait la discussion, comme India l’a vue faire tant de fois lors des réceptions à l’Ambassade. Cameron Doherty n’est certainement pas aussi « intéressant » que tout ce beau monde qu’elle peut être amenée à croiser mais… India tenait à ce qu’elle le voit. Juste comme ça. Un peu pour dire « voilà, c’est fait ». Un peu pour savoir ce qu’elle en penserait. Mais sa mère n’en a pas dit grand-chose, plus tard. Elle a dit « Il est grand. », elle a dit « Il est charmant. »

Ah ça, il a été charmant, oui. La totale. Le sourire qui va bien, le « Ne bougez pas, je vais demander à ce qu’on nous amène la carte des desserts » et le « C’est pour moi, Amina, cela va de soi ». Il a payé. Il n’y était pas obligé mais elle se doutait qu’il le ferait. Il sait y faire et India était aux anges. Il a fait ce qu’elle attendait de lui, n’en déplaise à sa mère. Pour son père… ça… ce sera une autre affaire. Plus tard. Un jour. Pour le moment, elle n’a pas envie de songer à ça. Pour le moment, elle devrait plutôt se soucier de cette visite dans la maison des Doherty. Là où Cam’ a grandi.

« T’es sûr que ça ne les dérange pas ?
- Cer-tain. »

Il dit ça avec un grand sourire tout en conduisant. Elle regarde distraitement le décor qui défile de son côté tout en se demandant pourquoi les parents de Cameron, séparés, tiennent à la rencontrer dans cette maison que la mère n’occupe plus, désormais. Un territoire « neutre » n’aurait pas été plus approprié ? Comme à son habitude, Cameron n’a pas l’air de se tracasser le moins du monde avec ça et elle se dit qu’elle devrait en faire autant.

Elle lisse distraitement sa longue robe bleu foncée aux motifs bleu clair qui lui tombe sur les mollets. C’est une jolie trouvaille qu’elle a chiné il y a quelques jours et donc la couleur va parfaitement avec le ruban de blanc, de bleu et de noir qu’elle a élégamment glissé dans ses cheveux pour maîtriser son épaisse chevelure. Et pour sublimer le tout, deux jolies boucles d’oreilles qu’elle aime beaucoup.

Si elle fait naturellement attention à son look, elle redouble d’autant plus d’effort en pareille occasion. Rencontrer la famille de Cam’, ce n’est pas rien. Cela fait plusieurs mois qu’ils sont ensemble et c’est lui qui a proposé, alors… D’un coup d’œil, elle regarde le superbe peau d’orchidée blanche qui est attaché sur le siège arrière.

« J’espère que ça lui plaira…
- Mais oui, n’importe quelle fleur, elle sera contente. »

C’est elle qui a suggéré l’idée, elle n’aurait jamais accepté de venir les mains vides. Ça et une belle bouteille de vin, bien sûr. Quand ils se garent, India ne perd pas une miette du quartier résidentiel où ils se trouvent. La demeure est belle, grande, avec un beau jardin qu’elle devine derrière le portail.

Cameron appuie sur la sonnette, dans le vide. Ils attendent quelques instants mais… rien. Avec un soupir il sort finalement un trousseau de clés et ouvre le portail puis la porte d’entrée.

« On peut peut-être attendre.
- Nop. Je l’avais prévenu, on va se poser. »

A sa voix, elle comprend qu’il est déjà un poil agacé, elle n’insiste pas et glisse simplement sa main dans la sienne, celle qui ne tient pas la bouteille. Assez rapidement, ils se retrouvent dans la cuisine. India a déposé le pot de fleur sur le comptoir et Cameron glisse la bouteille dans une cave à vin parfaitement encastrée dans un coin de la cuisine.

La Swango ne peut contenir une certaine gêne à l’idée d’être une intruse dans une demeure qu’elle ne connaît pas et dont le propriétaire des lieux n’est pas présent.

« Je t’avais dit qu’il y avait 90 % de chance qu’on arrive trop tôt.
- Avec la circulation, on ne pouvait pas prévoir.
- Je sais. Je pensais qu’il serait là. »

Histoire de le dérider, elle se love tranquillement dans ses bras et lui glisse :

« Je suis certaine que tout va bien se passer. Mais dis-moi plutôt… tu m’avais caché que tes parents avaient une aussi belle maison ! 
- Et encore, ce n’est que la cuisine ! T’es sûre que tu ne veux pas que je te fasse visiter ?
- Je ne voudrais pas être impolie.
- Alors viens, on va les attendre à côté. »

C’est à dire dans la salle à manger. Il l’enlace et ils restent quelques minutes comme ça, à simplement discuter de tout et de rien. Au milieu des rires, ils ne font pas plus attention que ça à ce qui les entoure et ce n’est que lorsqu’un « CAMERON ! » retentit qu’India se redresse, les yeux ronds. Fidèle à lui-même, Cameron se contente de sourire.

« Ah, lui il est là. »

Il n’a pas trop le temps d’expliciter qu’une tornade aux cheveux roux se ramène, avant de déposer une glacière sur la table toute proche. Pas de demi-mesure, rien, vu le bordel que ça fait. India ne peut s’empêcher de froncer les sourcils et cela s’amplifie quand l’énergumène s’adresse à elle, en la scrutant.

« … India, et toi ? »

Elle questionne en croisant les bras, presque par réflexe, et Cameron intervient naturellement.

« Je te présente ce cher Jackson. Mon p’tit frère. Il fait pas dans la finesse, hein ! On l’appelle Jax. »

Ah oui. Le frère. Ils ne savaient pas s’il serait là, mais visiblement… ça répond à la question.

« Et Jax, bah, je voulais que les parents soient là mais vu qu’ils sont à la bourre… Voici India, ma petite amie. »

Ladite petite amie incline la tête dans un salut, presque par réflexe, avant que l’aîné n’enchaîne :

« Qu’est-ce que tu nous ramènes de beau, alors ? »

India laisse Cameron faire la conversation et rend au nouveau venu son observation. Bien bâti, lui aussi, il a une belle carrure, peut-être plus large d’épaules que son aîné, d’ailleurs. Des cheveux roux, bien plus vifs que ceux de Cameron et une peau plus hâlée, aussi… mais il n’a pas l’air d’avoir son tact, ça, ce n’est pas difficile de le deviner.



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