Te voilà de nouveau en vadrouille, mais pour la bonne cause cette fois. En effet, un collègue streamer – à la notoriété toute aussi folle que la tienne – s'est lancé le défi de réunir un maximum de streamer le temps d'un week-end pour soulever des fonds à verser à une association de son choix. Ce gars là, tu ne le connais pas plus que ça. Tu as toutefois déjà eu l'occasion de discuter avec lui, ou même de jouer en sa compagnie à un jeu coopératif ou compétitif lors de plusieurs événement regroupant plusieurs célébrités du web. Tu l'avais entendu évoquer cette idée farfelue par le passé, mais comme avec beaucoup d'autres, tu ne pensais pas que ce projet verrait le jour. Et pourtant, te voici à Joliberges, dans la région de Sinnoh, pour accomplir ta mission.

Vous êtes une trentaine de vidéastes à vous retrouver ici, dans ce grand espace accueillant en temps normal des salons ou conventions en tout genre. Mais aujourd'hui – et pour deux jours encore – cet endroit n'est rien qu'à vous. Tu es d'ailleurs dans les derniers à arriver, accompagné de Sharlieh lui aussi invité à la petite fête. Vous êtes accueillis par l'organisateur en personne qui vous explique plus en détail ce qui vous attend. Pour l'heure – et pour les prochaines à venir – vous avez quartier libre. L'événement ne débutera que ce soir, vers dix-huit heures. D'ici là, vous avez tout le temps de vous mettre à votre aise et de faire ce que bon vous semble. Avant même de vous abandonner, il vous montrer l'espace qui vous sera dédié durant la durée de l'événement. Par chance, Sharlieh et toi êtes voisins – sans doute que la chose à été pensé pour que ce soit le cas. Comme il vous l'avait indiqué par message, tout le matériel nécessaire au streaming et aux jeux vidéos est déjà à disposition. Il ne vous reste donc plus qu'à compléter la chose avec vos effets personnels, ainsi qu'avec de petites collations pour tenir la route.

Après avoir pris le temps de discuter avec les autres participants, Sharlieh et toi quittez les lieux pour rejoindre votre chambre d'hôtel se trouvant tout proche d'ici – et tout frais payés par le streamer organisateur. Vous y déposez vos valises, ne gardant avec vous d'un sac à dos regroupant l'intégralité des objets donc vous estimez avoir besoin durant cette première soirée. Vous vous séparez ensuite en quittant l'hôtel ; Sharlieh part faire quelques courses pour vous deux avant de retourner auprès des autres streamers pour profiter de cette occasion rare de retrouver tout un tas de copains que vous voyez si peu. Quant à toi, tu décides de ne pas y retourner avant l'heure fatidique, prétextant devoir promener Polar – seul pokémon que tu as pris avec toi, incapable de t'en séparer. Mais la réalité est toute autre : tu as envie de découvrir cette ville qui t'es inconnu et de souffler un peu avant de plonger dans ce joyeux bordel.

Ta petite balade contemplative te conduit jusqu'à la zone portuaire qui te semble bien mouvementé pour un simple port. Et en te renseignant un minimum en écoutant ces mamies trop bavardes discuter entre elles, tu découvres qu'il est habituel que ce lieu soit aussi animé. Et pour cause : chaque jour à midi pétante, le marché ouvre ses portes pour vendre au petit monde les trouvailles improbables qu'a à offrir l'océan. Et à en croire les dires de ces dames âgées, un gros coquillage serait à vendre, ce qui créerait un effet de masse un peu plus imposant qu'habituellement. Tout comme elles, tu ne comprends pas trop l'engouement pour un simple coquillage.

Poussé par ta curiosité, tu te fraies un chemin jusqu'au fameux lot phare de la journée. Au travers de nombreuses têtes toute aussi curieuses que toi, tu arrives à apercevoir sans mal la surface de ce gigantesque coquillage. Tu entends le marchant scander la valeur inestimable de son bien qui, selon lui, refermerait un incroyable trésor – à savoir une perle rare. Suite à ça, il vient ajouter que jusqu'alors, personne n'a réussi à ouvrir le dit coquillage. Alors, comment savoir s'il dit vrai ?

Le brouhaha devenant insupportable pour toi, tu fais signe à Polar pour qu'il te suive, t'éloignant de quelques mètres, loin de la masse. Tu les entends débattre sur comment ouvrir la grosse coquille sans l'endommager. Et puis, croisant les bras en t'appuyant contre de grosses caisses, tu viens à murmurer pour toi même « Racontez-lui une bonne blague, ça devrait suffire pour entrevoir la dite perle ». Tu penses que c'est une excellente idée. Mais qui viendrait te prendre au sérieux ?

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Comme nous sommes de la même région, j'en profite (avec l'accord d'Eillen évidemment) pour faire un double-échange de mon Riolu qui devient un merveilleux Lucario

Un petit rire discret vient chatouiller ton oreille. Il provient d'une jeune femme postée tout près de toi, tu n'avais même pas remarqué sa présence jusque là, c'est dire le degrés de discrétion. Tu tournes légèrement la tête en sa direction, te redressant par la même occasion – sans pour autant quitter ces caisses qui te servent d'appui. Non pas que tu sois spécialement fatigué, juste une mauvaise habitude disons.
L'inconnue s'excuse de se laisser aller de la sorte suite à cette blague que tu viens de murmurer. Tu souris sans gêne, gloussant à ton tour. « Y'a pas de mal ! Que serait une blague si on avait pas le droit d'en rire, hm ? ». Tu restes souriant, plus que satisfait de te savoir naturellement drôle pour autrui. Tu te sais drôle – bien souvent malgré toi – mais il est toujours bon de voir son ego se faire flatter. « Après, je ne suis pas un expert en coquillage. Mais ces marins doivent bien connaître une ou deux blagues à leur égard ». Tu hausses les épaules, peu convaincu par cette affirmation que tu viens de faire. Est-ce que ça entend vraiment, un coquillage ? Enfin, là on parle plutôt d'une huître géante. Tu viens même à te demander si elle est encore vivante. Est-ce que sa respire en dehors de l'eau ces trucs ? Peut-être que c'est pour ça qu'ils ne savent pas l'ouvrir ; elle manque d'eau.

Et alors que tu t'égares dans ta réflexion, la demoiselle vient a se présenter, ainsi que son pokémon. Revenant à la réalité, tu remarques que son regard a changé, que ce soit pour ta personne ou pour ton pokémon. Est-ce à cause de la couleur de ton pokémon ou de ta célébrité ? Peut-être un peu des deux. Ou alors ça n'a rien a voir du tout et elle pense à tout autre chose. Peut-être qu'elle réfléchi à une bonne blague ? Ce serait chouette ça.

« Enchanté Eillen. Voici Polar. Et moi, c'est Haeshle. Mais tu peux m'appeler Ash ». Tu préfères toujours que ceux qui ne sont pas capable de prononcer ton prénom se contente de ton surnom. Il n'y a rien de plus horrible à entendre que ton nom écorché. Beurk beurk beurk. « Et t'en fait pas pour Polar, il sait se défendre ! ». Au moment où tu termines ta phrase, tu baisses la tête pour admirer vos deux pokémon qui se saluent. Ce qui te permet d'assister à un bien joli spectacle : A l'approche du Larméléon qui avait tendu sa pattes poliment à Polar, celui-ci est resté piqué près de toi. Au lieu d'imiter son petit camarade, il s'est mit à cracher de multiples bulles d'eau – toutes de diverses tailles – par le biais de l'attaque Écume. Son but n'est évidemment pas d'attaquer celui qui lui fait face, mais plutôt de l'impressionner – ou quelque chose dans ce genre. Aucune bulle ne vient à toucher le Larméléon. Elles ne font que virevolter autour et au-dessus de lui. Et quand Polar cesse enfin son petit manège, il pousse un petit cri joyeux, souriant tendrement à l'humain et son pokémon vous faisant face.

« Eh beh. C'est pas vraiment dans ses habitudes d'être aussi avenant. C'est cool. Cool cool cool ! ». Tu plonges tes mains dans tes poches, ne sachant quoi dire de plus. Rien ne change pour toi, tu restes toujours mal à l'aise face aux inconnus. Tu ne sais jamais comment agir, surtout que tu sais très bien que ton malaise t'entraînera bien vite vers la stupidité. C'est d'ailleurs un peu le cas, puisque tu te contente de sourire et de rire niaisement. Si seulement Polar pouvait faire la conversation pour toi.

« Alors... C'est dans tes habitudes de côtoyer les huîtres ? ». Tu tentes une question, la première qui te vient à l'esprit, histoire de briser le silence. Et sans surprise, cette question est... bancale. Tu mets plusieurs longues secondes avant de t'en rendre compte, bégayant même en voulant rejoindre le fond de ta penser. « Je, euh. J'veux dire queuuuuh... T'es du coin quoi ? ». Les deux pieds dans le plat, tu lâches un soupire, te redressant enfin sur tes deux pieds. Tes mains sortent de leur cachette. L'une vient même à grattouiller l'arrière de ton crâne. Tu tentes de remettre de l'ordre dans ton esprit. Ça se bouscule un peu, la folie se prend une mandale venant de la raison qui reprend les rênes. « Evidemment que non, t'es pas d'ici ». lâches-tu dans un nouveau soupire s'accompagnant d'un roulement d'yeux. Voilà, la cervelle s'active et connecte ses deux neurones. Les Larméléon, c'est les par chez toi qu'on trouve ça, pas à Sinnoh. Tu ne sais même pas ce qui se cache comme pokémon par ici d'ailleurs.

« Moi aussi je viens de Galar. Enfin, pas vraiment mais... ». Et c'est la glissade. Tes yeux se plonges dans les siens. La panique se manifeste, chamboulant l'équilibre qui commençait à s'installer. « J'y vis, voilà ». Bien, tu te rattrapes sans t'éterniser sur tes origines. Parce qu'on s'en fout, voilà tout. « Qu'est-ce qui t'amènes par ici ? ». Ton sourire est un peu plus crispé. Tu tentes une nouvelle question totalement au hasard, histoire de détourner l'attention. « Pas les huîtres, quand même ? ». Stop, tu en dis déjà trop.

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Dans tout ce que tu viens de lâcher, il n'y a visiblement pas que des conneries. Tu as visé en plein dans le mille sur sa région d'origine. Elle te confirme donc venir de Galar, bien que ça ne se voit pas sur son visage. Tu plisses le nez à ce bout de phrase. En un sens, tu ne comprends pas vraiment ce qu'elle veut dire par là. Les gens de Galar ont un visage particulier ? Ce qui veut dire que chaque personne de chaque région aurait un trait particulier ? Ça te dépasse un peu. Tu es incapables de différencier les gens de la sorte. Ça ne fait pas vraiment parti de ton éducation il faut dire. Pour toi, chaque personne est unique. Le seul moyen pour toi de jouer aux devinettes sur la région d'origine d'un inconnu, c'est en regardant son ou ses pokémons, puisque certains ne sont trouvables que dans des régions bien précises. Mais là encore, tu n'es pas incollable. Ta culture se limite à la faune et la flore de Hoenn et de Galar – et encore.

Tu ne rebondis donc pas sur cette première réflexion, te retenant très fort de glisser vers une blague bien nulle. A la place, tu te concentres sur la question qui a suivi et qui te concerne. Et... Ton premier réflexe est de sourire. Car tout comme toi, Eillen patauge dans la semoule. Et tu trouves ça mignon. « Ça me va bien d'être jeune moi. Soyons jeunes ensemble ! » dis-tu pour commencer. « En tout cas, oui, j'étudie à Galar. A Winscor plus précisément. Je viens d'Hoenn, sur une petite île appelée Myokara ». Et puisque tu ne voulais pas risquer de tomber dans un monologue sur ta personne et ton passionnant parcours – tout dépend pour qui du moins – tu es vite venu à lui demander ce qu'elle faisait ici, frolant une fois de plus le malaise avec une blague détournée en question plus ou moins douteuse. Il faut très clairement que tu arrêtes de parler de ces maudites huîtres.

Elle te dit alors avec ses mots s'être volontairement perdu ici avec sa bande de potes, un truc d'éthologue quoi – enfin, c'est la conclusion que tu te fais. « L'éthologie hein ? Ça permet de jolies voyages ça ! » souffles-tu en guise de première réponse, avant même que Eillen te retourne la question et que tu recommences à te tordre l'esprit. Comment faire simple, sans paraître prétentieux finalement ? En répondant à une blague par une blague, voilà tout. « J'ai tenté, mais je ne ferais clairement pas carrière en tant qu'humoriste huîtrier ». Tu esquisses un sourire, t'imaginant alors murmurer à l'oreille – si seulement ça en a – des huîtres pour les faire glousser. Mais tu es bien plus fort pour faire rire des dames et messieurs. Moins les enfants, ils te trouvent trop bête – et ils ont bien raison.

« Plus sérieusement... ». Tu lâches un soupire. Nan vraiment, tu n'as pas envie d'en dire trop sur ta présence ici, surtout si elle ne visualise pas qui tu es vraiment. Tant mieux, en un sens. « Je suis venu pour une œuvre caritative. Mais comme ma partie du job ne commence que ce soir, je suis allé me balader un peu. Ce qui m'a mené ici ». Voilà, simple et parfait.

Et puis elle vient à te demander si tu es passé à la télévision, parce que ton visage lui dit des choses finalement. Flûte. Tu te pensais anonyme, quel dommage. Un rire nerveux sort du fond de ta gorge. Inutile de mentir. Et de toute façon, ce n'est pas dans tes habitudes. « Je... Ouai. Plusieurs fois à vrai dire ». Préciser ou ne pas préciser où, telle est la question. On a dit faire au plus simple Haeshle. Il faut t'en tenir à ce plan là. « Mon truc à moi c'est plus le petit écran. Enfin. La télé c'est un petit écran. Mais j'veux dire qu'on me voit plus au travers d'un pc ou d'un téléphone quoi. Sur la toile. L'internet. Tu vois ». Et voilà que tu t'enfonces. Ton cerveau hurle au secours quand tes yeux prétendent que tout va bien, travaillant en harmonie avec son radieux sourire d'enfant sage.

« Après, on s'est peut-être croisé à Winscor ? Je tiens un refuge pokémon au nord de la ville, peut-être que tu es déjà venu nous rendre visite ? ». Voilà, ça c'est un beau sujet de conversation ; les petites pokémons et l'amour qu'on leur doit. « Tu aimes bien les pokémons ? ». Tout ton être se décompose une fois cette phrase prononcé. Voilà que tu dérailles à nouveau, laissant l'angoisse prendre les choses en mains. Une bien drôle d'idée que voilà. « Evidemment que tu aimes les pokémons, sinon tu ne passerais pas ton temps à les observer... » soupires-tu tout bas, complètement exaspéré de ta propre personne.

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Une chargée de communication donc ? Tu te dis que son petit groupe d'éthologues n'est peut-être pas si petit. Mais comme elle a précisé un peu plus tôt qu'ils étaient débutants, tu ne penses pas qu'ils aient une grosse communauté, donc rien de bien intéressant pour tout influence qui se doit. Sauf que tu ne fonctionnes pas tout à fait comme la plus part des influenceurs. Ton instinct de streameur/vidéaste te souffle malgré tout de gratter une collaboration, un partenariat ou toute autre chose dans ce genre. Une petite vidéo loufoque d'un petit gars qui ne sait absolument pas se débrouiller dans la nature au milieu de professionnels dans le domaine. Tu sais que ça ferrait beaucoup de vues – tu en fais toujours énormément. Ce serait un beau tremplin pour eux. Et ça t'emplit de joie rien que d'y penser. Seulement, tu veux être certain qu'il s'agit bien de personnes avec de bonnes intentions. Alors tu gardes ta douce intention pour toi, la rangeant dans un coin de ta tête, le temps de mener ta petite enquête.

« Il n'y a pas de mal à être curieux, c'est même une bonne chose je trouve ». Tu hausses les épaules pour exprimer le fait que ça ne te dérange pas – ce qui est vraiment le cas. Tu es juste un angoissé social, voilà tout. « Pour être totalement transparent, je n'ai jamais été à l'aise face à des inconnus. Enfin. Devant une foule ou un groupe ça va, je gère. C'est plus quand je dois faire la conversation avec quelqu'un. Je ne sais pas deal avec ça. Les blagues sont mon mécanisme de défense ». Tu pousses un petit rire nerveux, avouant tes faiblesses à cette personne que tu connais pourtant depuis trop peu de temps. Mais l'aisance commence à s'installer, donc tu te sens en confiance. « Au bout de cinq-dix minutes en général je commence à me sentir un peu plus en confiance et j'ai l'air un peu moins con ». Mais juste un peu moins, évidemment. « Bref. C'était l'instant confession ». Ton rire est cette fois-ci un peu plus sincère. Tu commences vraiment à te sentir à ton aise. Tu sens que Eillen est une bonne personne. Et tu comprends au travers de ses mots qu'elle apprécie autant que toi les pokémons.
Tu es d'ailleurs totalement charmé par ses explications sur le pourquoi elle fait ce métier là. Tu as encore plus envie de lui donner un coup de pousse à elle et ses amis, à lui offrir un peu plus de visibilité. Pas besoin d'enquêter plus, tu le sens sincère. Et des gens qui partage de si belles valeurs méritent d'être reconnus. « C'est une très belle cause ! » souffles-tu à la suite de sa dernière remarque.

Et puis elle te relance sur ton refuge – qu'elle n'a donc pas visité – te demandant tes motivations. Un nouvel élan de curiosité qui va être difficile de combler de façon condensé. « Oula. Tu as combien de temps devant toi au juste ? ». Tu forces un rire, affichant par la suite un large sourire. « Pour la faire courte, j'ai grandit dans ce milieu là. Mes parents tiennent deux refuges à Hoenn. De base, je ne voulais pas en faire partie, parce que ma passion à moi c'est la musique. Mais tu connais les parents, ça veut nous assurer une certaine sécurité, blablabla ». Tu hausses à nouveau les épaules. Cette sécurité au final, tu n'en as jamais eu besoin. Et ce grâce à ta notoriété. Tu lâches un petit soupir avant de reprendre. « Et bref, j'ai percé sur l'internet et je n'ai jamais eu besoin de cette sécurité. Seulement, comme elles avaient ce projet d'ouvrir un troisième refuge dans une autre région que la notre et que je suis malgré tout assez passionné par ces petites bêtes de notre quotidien et que j'aime mes parents, j'ai finalement cédé à la tentation ». Tu te mets à compter sur tes doigts pour la suite. « Et ainsi me voilà étudiant en conservatoire, streameur à mes heures perdues et influenceur par définition, propriétaire d'un refuge pokémon. Je ne connais plus le sommeil ! ». Tu conclus par un nouveau rire. Tu ne pensais pas te livrer de la sorte. C'est dire comment Eillen a réussi à te mettre en confiance. « Excuse-moi, je me suis un peu lâché là. Ta curiosité doit être comblée ». Tu ris à nouveau, sincèrement, apaisé.

Les voix autour de vous s'échauffent. Si bien que vous êtes coupés dans votre conversation, incapable de vous entendre sans avoir à hausser le ton vous aussi. Tu fronces les sourcils en te tournant vers les marchants qui essaient de se débarrasser tant bien que mal de leur coquillage. Et puis Eillen vient à te souffler de le récupérer toi. Quelle drôle d'idée. Tu t'offusques au travers d'une grimace en lui faisant face à nouveau. « Eurk, non ! Je sens le machin d'ici et ça pue la mort. Ils peuvent se garder leur « trésor » ». Tu fais les guillemets avec tes doigts. Tu te dis qu'il faut être sacrément malade pour ramener ça chez soi. Déjà que ça n'a rien à faire à la surface. « Par contre on peut se prendre un petit selfie, qu'en dis-tu ? ». Ça c'est plus sage.

Tu prends alors ton téléphone en main, ouvrant l'appareil photo de l'application Instagram. Et oui, ton but est bien d'en faire une story, en vous photographiant elle et toi avec le coquillage en fond. Une fois fait, tu lui demandes simplement « c'est quoi ton insta ? Ou celui de ta bande. ». Et hop, le petit coup de pouce en douce.

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En brandissant ton téléphone, elle te fait une petite boutade par rapport à ta notoriété et le fait que ce soit toi qui propose un selfie. Tu restes figé un instant, la fixant un peu crédule, clignant à plusieurs reprises des yeux. Et puis tu lâches un petit rire. « La gueule de la star » souffles-tu simplement en te ressaisissant. En effet, ton nombre d'abonné est assez conséquent. Pour autant, tu n'estimes pas être une star. A l'échelle planétaire, ce million de gens suivant tes stupidités ne représente qu'un grain de sable. Tu es bien loin de devoir faire attention à tes déplacements ou craindre d'être reconnu. Il arrive assez régulièrement que l'ont t'arrête dans la rue, en particulier à Winscor, ou à Myokara où tu es devenu leur petite célébrité locale. Quoi qu'il en soit, ce n'est rien de bien désagréable. Le plus embêtant se trouve sur le net, forcement. « Serais-je donc le nouveau Biyonsse ? » finis-tu par dire en un mouvement de tête, mimant un mouvement de cheveux qui ne peut pas faire un grand effet au vu de la longueur que tu as. Tu as également volontairement écorché le nom de cette grande star pour appuyé sur le côté « au rabais » que tu estimes être. Car oui, le nombre ne fait rien pour toi. Tu restes à tes propres yeux un monsieur personne. Et ce même si ta notoriété ne fait que grandir.

Pour cette photo, tu prends soin de t'accroupir légèrement, suffisamment pour être à hauteur de Eillen. Tu fais ensuite un grand sourire en fixant ton écran. De ta main libre, tu fais un geste simple, semblable à une imitation de téléphone : le pouce et l'auriculaire levés et la main inclinée. Pourquoi ce geste en particulier ? Tu l'ignores. C'est le premier qui t'es venu en tête.

Edelweiss. Tu restes le nez plongé sur ton téléphone le temps de venir à bout de ton opération. Tu écorches à trois reprise le nom donné avant de tomber sur le groupe en question – tu reconnais Eillen sur la photo de profile. Tu rajoutes un petit texte sur la photo, incitant tes fidèles à donner un peu de soutien à ce groupe naissant, sans oublier de les taguer, évidemment. Aussi, tu rajoutes un peu plus bas et en plus petit que tu seras en live à dix-huit heures pour l'événement ce soir – il ne faut surtout pas oublier sa propre promotion, tout de même. Et ainsi, tu publies cette story – qui sans surprise fait déjà sensation, au vu des réactions « cœur » que tu reçois. Tu ranges aussitôt ton téléphone dans ta poche. Tu te soucieras des statistiques et des messages plus tard.

Eillen te remercie aussitôt. Tu te sens rougir. Nerveusement, tu te grattes l'arrière de la tête. « Oh euh. Il n'est pas nécessaire de me remercier pour si peu tu sais ! ». Ton rire est tout aussi nerveux. Voilà que la gêne pointe à nouveau le bout de son nez. Mais elle n'a pas vraiment le temps de prendre de la place dans ton esprit tant ta nouvelle amie enchaîne sur le fond de sa pensée. Et sa bienveillance parvient à percer ton petit cœur, ce qui te détend aussitôt. Nous voilà donc sauver. Tu parviens même à rire – sincèrement cette fois.

« J'apprécie le geste en tout cas ! » dis-tu dans un premier temps. « Et pour être totalement transparent, je ne suis pas si surchargé de travail que ça. En réalité, mes études sont en suspens. Je te passe les détails, mais le bâtiment est inexploitable et est en train d'être reconstruit. Ce qui me laisse tout le temps de savourer la vie et m'occuper du refuge. Mais là encore je ne suis pas seul. J'ai un associé, un stagiaire, mes parents. Je m'investis pas mal pour bien lancer la chose, mais il est prévu qu'on délègue énormément pour nous permettre de nous replonger dans nos projets initiaux ». C'est fou comme Eillen parvient à te mettre en confiance par son simple sourire et sa joie de vivre. Tu n'es pourtant pas du genre à te livrer de la sorte au premier inconnu que tu croises. « Je... Je ne sais même pas pourquoi je te dis tout ça » dis-tu accompagné d'un petit rire. « Quoi qu'il en soit, tu peux en effet me contacter sur instagram, il faut juste pas que j'oublie de vous follow, sinon ton message sera noyé au milieu de centaines d'invitations ». Nouveau rire. « Autrement... Je peux te donner mon numéro de téléphone. Ce sera plus simple ». Tu souris, n'attendant plus que son signal pour lui communiquer le dit numéro. Tu ne certifies pas pour autant être la meilleure des aides. Tu es loin d'être un expert en pokémon. Mais tu as quelques contacts qui te permettront toujours de lui venir en aide sans trop de difficulté. Mais s'il ne s'agit que d'offrir un gîte à une pauvre âme égarée, tu devrais pouvoir t'en sortir.

Et soudain, une nouvelle idée te vient en tête. Rien à voir avec la poiscaille environnante et toujours dans l'optique d'offrir un coup de pousse à ce groupe d'éthologue. « Dis voir. Je passe un peu du Poussifeu au Tiboudet, mais ta petite bande serait disponible ce week-end ? ». Tu marques un temps, plongeant ton regard dans le sien. « Je ne sais pas si tu suis vraiment le milieu du streaming jeux vidéos, mais il y a un gars qui organise un gros événement caritatif. Et bref, j'y participe et je me demandais si tu voulais prendre un petit temps d'écran avec moi pour parler de ce que vous faites ? Toi et tes amis évidemment ». Une fois encore, tu agis sur un coup de tête. Mais tu n'enfreins aucune règle. Vous êtes chacun maître de vos programmes. « Nul besoin de vous déplacer d'ailleurs – je ne sais même pas si je peux vous obtenir l'autorisation de venir sur place. On ferait donc ça en visio, via discord. Enfin, si ça branche certains d'entre vous ». Loin de toi l'idée de lui forcer la main.

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