Ambroise était devant un miroir, se demandant bien ce qu’il faisait là. Une maquilleuse s’approcha de lui, l’examina sur toutes les coutures, il se sentait gêné d’être ainsi observé. Après avoir fini son inspection, elle dit d’une voix un peu hautaine :7
"Ah oui, là, ça va du tout. La peau est grasse, il y a des rougeurs. Ce n’est plus des cernes mais des valises hors formats là. Il va y avoir du boulot. Je ne suis pas magicienne, moi. Il va me falloir plus de temps. Ne bougez pas, je vais voir le réalisateur."
Heureusement qu’elle est partie, sinon l’horticulteur était prêt à prendre la paire de ciseaux en face de lui et les planter dans la carotide de cette peste. Elle revint au bout de cinq minutes tout en pestant :
"Mais non, ce n’est pas possible de travailler dans ces conditions. Voilà qu’on me dit, ce n’est pas grave on va mettre des filtres. Non si c’est pour gâcher mon travail avec des putains de filtres, je démissionne."
Ambroise ne rêvait qu’une d’une chose qu’elle démissionne et qu’on le laisse tranquille. Une fois qu’elle avait fini de le poudrer, de le recouvrir de différentes crèmes, de le repoudrer, elle partit enfin. Le fleuriste se crut enfin tranquille, mais non voilà le coiffeur. Un excentrique, tout ce qu’Ambroise n’aime pas. Il regarda ses cheveux, les fit passer entre ses doigts.
"Non mais faut faire de soins, faire des masques. Là ce ne sont plus des cheveux, mais du crâne de Tiboudet. Heureusement que je suis un professionnel."
Le sbire pensa que s’il continuait, le coiffeur aurait le droit à un soin spécial Ambroise, un soin comment dire… mortel. Le coiffeur mit une heure à le coiffer pour qu’au final il ait la même coupe que d’habitude, une vraie perte de temps. Puis ce fut le tour de la styliste. La styliste ne rattrapait pas les autres avec son accent à couper au couteau. Elle ne pouvait pas dire magnifique comme tout le monde, non elle devait dire « Magnifaïque ». C’est d’un ridicule, surtout pour lui faire mettre une salopette par-dessus une chemise à carreaux, des bottes vertes en caoutchouc, un chapeau de paille et un brin de paille dans la bouche, tout en tenant une fourche. Le fan d’Erika se demanda comme il faisait pour ne pas utiliser cette fourche ridicule pour faire un bain de sang. Il fut enfin appelé sur le plateau. Il n’y avait qu’une seule caméra, un projecteur, un réfléchisseur de lumière, et un perchiste avec son micro pour la prise du son. Le producteur était assis sur sa chaise haute comme s’il était un arbitre de tennis, et hurler dans un mégaphone. Il tournerait devant un fond vert.
Ambroise se mit en place, raide comme un piquet et lança sa phrase :
"Chez Ambroise Rosier vivait une vie pleine de fleurs."
Ce n’est pas lui qui avait choisi le slogan. Il dut faire une dizaine de prises avant que le producteur dise :
"Bon, on n’aura pas mieux. Allez hop, tout le monde chez soi."
Et tout le monde plia bagage. Un mois plus tard, la publicité fut diffusée sur toutes les chaînes de Kanto. Ambroise se sentait ridicule dans ce costume ringard et stéréotypé de fermiers, qui n’avaient rien à voir avec le métier de fleuriste et d’horticulteur, devant un tas de bouquets de fleurs, qui n’étaient même pas de lui. Malheureusement pour lui, cette publicité fut diffusée pendant plus d’un an, et à chaque qui la voyait, il zappait, se disant que ce jour-là, il aurait mieux fallu qu’il se casse une jambe. Plus jamais on ne le reprendrait à tourner une publicité.
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