Dans l'appartement, rien a changé depuis mon départ. Ce qui est rassurant, maintenant que j'y pense. Vu que Shiori n'a pas prévu de rentrer avant ce soir, un changement signifierait la visite d'une personne imprévue. Je sais que son programme est susceptible de changer mais elle a tendance à me prévenir dans ces cas-là. Plus encore quand elle sait que je suis à l'extérieur. Je vais pas dire que j'aime revenir dans une maison vide mais je préfère de loin que notre nouvelle normalité ne soit pas déjà brisée.

Avec quelques difficultés vu la plante que j'ai toujours dans les mains, je retire mes baskets avant de continuer dans la pièce à vivre. J'ai bien failli perdre l'équilibre parce que la gauche faisait la difficile mais, c'est bon, je m'en suis sortie sans me casser la figure. Où est-ce que je vais bien pouvoir te mettre. Plantée - ah, ça me fait rire vu mon chargement - au milieu de ce qui sera notre salon, un jour peut-être, je calcule mes options. Les volets sont fermées, il n'y a donc qu'un peu de lumière qui passe entre les lattes et créé une pénombre assez agréable. Après son séjour en plein soleil, la plante appréciera peut-être un peu moins d'exposition. Il vaudrait mieux que je trouve son espèce avant... Je me dis, pensivement. L'enquête risque de ne pas être facile vu son état. Ca ne me dégonfle pas pour autant. Je me suis donné pour mission de lui donner une meilleure vie et je compte bien réussir.

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La plante est abandonnée sur le plan de travail pour le moment. Je me sers un verre d'eau bien fraiche qui vient d'une bouteille du frigo en prenant soin de garder le fond pour le faire pleuvoir sur la terre sèche. Juste une toute petite quantité pour ne pas faire créer un choc. De toute façon, trop de liquide aurait immédiatement débordé du pot faute que la terre ne parvienne à l'absorber. Appuyée contre l'évier, je contemple cette petite vie qui tient comme elle le peut. Bon, c'est pas le moment de partir dans des pensées philosophiques.

Je récupère la ball de Bunta dans la petite pochette que je porte en bandoulière. Elle reflète sans mal les quelques rayons de lumière qui passent entre les lattes des volets. Il faut dire qu'elle est toute neuve. Rien à voir avec la pokéball de Sayu. Il n'y a aucune griffe dans le métal. Elle doit être quasi en aussi bon état que quand elle est sortie de l'usine. Je suppose que ça ne durera pas. Elle frotte contre un peu tout dans mon sac et je risque de l'utiliser plus souvent que celle de ma tarsal. Je ne connais pas encore assez bien Bunta que pour le laisser vaquer à ses occupations sans surveillance. Il a beau ne pas prendre beaucoup de place, il peut faire des dégâts avec les petites griffes au bout de ses pattes et, surtout, l'électricité qu'il stocke dans son corps. Je n'ai jamais eu de pokémon de type électrik, je ne sais donc pas vraiment à quoi m'attendre. Pour le moment, il est plutôt facile à vivre mais lui aussi prends ses marques. Raison pour laquelle il est important qu'on s'habitue l'un à l'autre à notre rythme. Pour ça, il faut qu'on se côtoie. Donc j'appuie sur le bouton et il émerge dans un flash bleu.

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Bunta est une toute petite créature au pelage orange. Il me fait pas mal penser au fruit en lui-même quand il se roule en boule. Le coup de foudre a été immédiat la première fois que je l'ai vu. Avec ses patounes ornées d'un motif rappelant des chaussettes, sa mèche un peu folle, et ses yeux chocolat, je vois mal qui pourrait lui résister. Il est l'épitome du pokémon mignon que j'imagine les dresseurs de la région s'arracher. Je ne sais pas encore grand chose sur son espèce. Je sais que c'est un pohm mais je n'ai pas encore eu l'occasion de faire plus de recherches. Il faut dire que jusqu'à mon arrivée à Paldea, je n'avais jamais entendu parler de lui. J'ai pu apprendre deux ou trois trucs sur lui quand même durant ces derniers jours. Comme le fait qu'il adore qu'on lui caresse les joues, comme un pikachu, sauf que l'expérience est beaucoup moins désagréable pour le dresseur qu'avec son compère de type électrik. Toucher les poches qui contiennent son électricité ne laisse qu'une impression de chatouillis dans les doigts. Inutile de dire que j'ai été soulagée la première fois qu'il est venu se frotter contre moi. Apparemment, il est le seul à pouvoir les activer réellement. J'ai pu le voir se passer les pattes sur le visage pour les électrifier. Sayu a fait les frais du contact de ses coussinets quand elle l'a surpris en se téléportant à proximité. Je suppose parce qu'il n'est pas encore habitué à vivre avec nous. Ou peut-être qu'il est vraiment froussard. Je ne le saurais que plus tard. Je suis déjà contente qu'il accepte que je l'approche pour lui donner quelques caresses.

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Mon petit pohm a le potentiel de devenir super affectueux. Je le sens. Raison pour laquelle j'ai hâte qu'il termine son adaptation dans notre vie. Je comprends que ça ne doit pas être facile pour lui. Avant il vivait dans la nature avec d'autres membres de son espèce. La transition a du être violente. Pourtant il n'a pas l'air de m'en vouloir. C'est pas moi qui l'ait capturé donc peut-être qu'il ne fait simplement pas le rapprochement. J'en doute. Après tout, si il avait de la rancœur, il l'a ferait passer à quelqu'un. Il ferait aucun effort pour s'adapter. Il n'essaye jamais de fuir quand il sort de sa pokéball et il ne s'éloigne jamais vraiment non plus. Quand la fenêtre est ouverte, il s'assied sur le rebord et c'est tout. Je ne sais pas grand chose sur la ball en elle-même. L'impact qu'elle a sur le pokémon. Si elle le force dans la servitude. Sayu vient d'un élevage spécialisé. Elle n'a jamais connu la vie sauvage et a passé toute sa vie avec des êtres humains. En plus c'est un pokémon psy. Ses capacités sont différentes. Elle est plus sensible aux émotions et comprends mieux les humains et leur mode de vie. Du coup je suis pas plus avancée. Avec Bunta, j'ai l'impression de faire mes premiers pas de dresseuse pour de vrai. Il ne combat pas, il me tient juste compagnie, mais il est pas comme ma tarsal qui m'épaule dans ma vie de tous les jours. Il ne m'a pas été donné pour ça. Pour m'assister. Shiori me l'a offert parce qu'elle le trouvait mignon et qu'elle savait qu'il me plairait. Elle voulait que j'ai une présence en plus pour aider ma transition à moi dans cette nouvelle région. Je crois.

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Drôle de pensées. Je met ça de côté. Après tout, je saurais jamais ce qui représente la vérité et ce qui tient de l'anthropomorphisme. J'ai un peu lu là-dessus dans un livre de la collection de la Doc un jour où je m'ennuyais. Pas assez que pour être une experte. Je suis juste consciente de la notion. J'aime apprendre mais il était vraiment difficile à digérer ce bouquin. A choisir, je préfère comprendre les choses grâce à du concret. Et lire des histoires imaginaires. J'adore ces romans qui parlent des relations entre les personnages, qu'ils soient humains ou pokémons. Ca a beau ne pas être vrai, ça permet de développer des idées aussi.

Bunta m'observe un moment avant de me grimper le long du bras. Il va s'installer sur ma tête et il fouine un peu dans mes cheveux. Il a l'air d'aimer la hauteur. Je pense que mon odeur le rassure aussi. Il fait souvent ça. Quand il est en liberté dans l'appartement, je le trouve souvent dans ma couverture ou dans le linge. Ca me fait vraiment bizarre parce que Sayu n'a aucune de ces habitudes. Elle est affectueuse mais d'une autre façon. Elle préfère dormir dans son coin. Le grahyena de Shiori aussi est indépendant. Il n'y a que sa fouinar pour être pot de colle et c'est uniquement avec sa dresseuse. Moi, elle ne m'aime pas beaucoup. Donc je découvre avec Bunta. Ca me fait un peu bizarre de recevoir sans pouvoir le prendre dans mes bras. Il est pas très à l'aise dans ces cas-là. Il faut que ce soit lui qui initie et moi je peux juste le gratouiller un peu. Ca viendra, j'en suis sûre. Je dois juste être patiente.

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Je bouge un peu en essayant de ne pas déranger Bunta. Ses griffes ne sont pas trop acérées heureusement. Pas que ça me tente qu'il me les plante dans la tête pour ne pas tomber. Au cas où, je fais attention. Ca me pousse à me mettre dans une position bizarre pour réussir à mettre le sandwich que j'ai ramené pour Shiori dans le frigo. J'en profite pour récupérer ma gourde. Il faut pas que j'oublie de la garder à proximité sinon je vais encore zapper de boire. Ma coloc n'a pas fait cette erreur. Vaut mieux.

Je vais m'installer à table et je sors mon téléphone pour commencer les recherches sur la plante. Le pohm s'en satisfait. Sayu a disparu quelque part. Elle le fait souvent quand elle est sûre que je n'ai pas besoin d'elle. On reste donc à deux avec Bunta. Je lui parle de ce que je découvre pour qu'il continue à s'habituer à ma voix. Je préfère ça aussi au silence de toute façon. Pas sûre que ça l'intéresse mais il reste.

J'arrive pas à trouver exactement de quelle espèce est la plante. Vraiment ça aide pas de ne pas avoir de feuille intacte. Au moins, par élimination, la zone de possibilités diminue. Pour le moment, ça fera l'affaire. Ca me donne une petite idée de comment prendre soin d'elle. Avoir un pokémon plante, ce serait pas mal. Ce sont des pros lorsqu'il s'agit de faire vivre tout ce qui est issu de la nature. Ou un pokémon eau. Pour les arrosages gratuits. Je pourrais aussi lui demander de me cracher de l'eau dessus quand il fait chaud, pour me rafraichir. L'idée me tente pas mal. Comme beaucoup d'autres. Ca va sûrement rester à ce stade. Même si tout est beaucoup plus tentant depuis que j'ai Bunta. M'en occuper est plus facile que je le pensais. Il ne rechigne pas à rester dans sa ball non plus. Et puis Shiori a prouvé que ça la dérangeait pas de s'en occuper. Quand elle part tôt, elle lui donne à manger en même temps qu'à ses pokémons. Du coup, je commence à me dire que ce n'est pas impossible pour moi d'être dresseuse. Je sais pas trop si les combats m'intéressent mais quand on multiplie le nombre, il faut accepter qu'on a pas juste des pokémons de compagnie. S'en occuper devient un job à mi-temps. Je m'emballe peut-être. Ca fait pas longtemps que j'ai deux pokémons et j'ai pas eu de crise depuis.

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Il y a un peu de bruit dans la pièce voisine. Au début, je pense que c'est juste Sayu. Elle passe beaucoup de temps à faire léviter des objets. Elle en teste de plus en plus lourds. Elle muscle son esprit comme d'autres le font avec leur corps. La notion est marrante. Mais vite oubliable quand un flash zébré se faufile hors de la chambre de Shiori. Yuu. Je savais pas que t'étais là. La fouinar adore suivre sa dresseuse partout. Shiori ne manque pas de s'en plaindre parce que ça veut dire que Yuu revient souvent sale. Je lui donne un bain quand je peux pour aider. J'en suis fière parce que Shiori dit que son pokémon n'aime pas grand monde. Avec moi, ça va. Je lui fais des câlins et des gratouilles. Elle est beaucoup plus affectueuse avec ma coloc bien sûr. Ca reste normal. Mais vu ce que j'ai entendu, je suis bien contente d'être une exception. Surtout que Yuu est pas super docile. Elle boude pour un rien et n'en fait qu'à sa tête. Tout le contraire de Aka. Il n'est pas très sociable mais ça se sent qu'il a un bon fond. Il oublie juste pas sa mission. Ça me dépasse un peu. A sa façon, il est comme Sayu. Un premier pokémon qu'on a donné à une enfant avec un but en tête. Sauf que Aka est mêlé à un vrai danger. Parfois ça m'inquiète de le voir. Je déteste l'idée qu'il puisse arriver quelque chose à Shiori. Mais sa présence me rassure aussi vu qu'il fait tout pour la protéger. C'est paradoxal. Il obéit à presque tout. Il y a juste quand il estime que l'ordre va entraîner un risque qu'il se rebiffe. Ils forment vraiment un drôle de duo avec Yuu.

Yuu qui étonnamment est à la maison et va en ligne droite vers sa gamelle. Elle ne m'adresse pas un regard. Je ne sais même pas si elle a fait attention au fait que j'étais là.

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