Umi Sawano
C-GEAR Inscrit le : 12/10/2021 Messages : 194
Région : Paldea
| Je me demande si quelqu'un se souvient vraiment de la première fois où il a pris conscience de l'existence de la lune. Partout sur Terre, on la voit. Elle fait partie de ces certitudes qui rassurent. Même si on ne pense pas à lever le nez pour la regarder, on sent sa présence. Justement parce qu'elle appartient au décor, elle ne marque qu'à des moments spécifiques. Pourtant, je parviens pas à tirer un souvenir précis de la première fois où j'ai fait attention à cette lueur dans le ciel. Ou je lui ai donné un sens. Plus que des moments, j'ai en mémoire des sensations. L'habitude de chercher des yeux cette forme. Une tension dans la nuque à force de garder la tête vers l'arrière. Le sol refroidit par la nuit sous mon corps lors de ces moments où j'avais pu m'allonger quelque part et oublier tout le reste.
Aujourd'hui, pas d'inconfort. On remerciera le coussin qui recouvre la chaise longue. L'air est encore chaud autour de moi après cette journée presque suffocante. J'ai l'impression de respirer pour la première fois. Tout devrait être parfait. Je remarque à peine le poids de Sayu sur mon ventre mais il procure son effet rassurant. Je ne me sens pas vraiment mal. Malgré tout, j'ai ce sentiment bizarre logé dans la poitrine. Bizarre sans être inconnu. Je le comprends mal. Je ne me l'explique pas. Quand je regarde la lune, j'ai un trou béant dans le torse. Même si ça ne sert à rien, j'ai envie d'y plonger les mains pour l'agrandir. Une petite voix qui ressemble trop à la mienne me murmure qu'à force de creuser, je finirais par trouver quelque chose. J'en fais rien bien sûr. J'ai trop mal à l'idée. J'ai un peu peur de ce que je pourrais y trouver. Dans ces moments là, je me sens seule. Sans raison. Après tout, je suis avec Sayu. Et je sais que la Doc dort quelque part dans la maison derrière moi. Je n'aurais qu'un bouton à presser sur ma montre pour qu'elle se réveille et accourt. Tout irrationnel que le sentiment soit, il est réel. Il me prends aux tripes. Je le sens sauvage. Si je venais à l'attraper, j'en ressortirais avec les doigts en charpie. Il y a cette pulsion qui veut que j'essaye. Que j'embrasse ce vide qui dévore. Mais jamais je le fais. Parce que tout ça c'est la faute de la lune. Je dois pas être la seule à le ressentir. Il ne peut s'agir là que d'un résidu de toutes ces choses que je ne comprends pas. Un effet de ces années lumières qui me séparent de l'astre et de cette astronomique différence d'âge entre nous. Tout ça ne m'empêche pas de continuer à la regarder. De souffrir en silence en compagnie du vide. Je l'effleure à peine. Résolue à accepter son existence. | | | | |
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