Maintenant que nous sommes devant, il faut bien avouer que les cascades de Mozheim sont plus belles que dans nos souvenirs. Il semble que quelques aménagements paysagers ont été effectués, ce qui a permis d'embellir l'endroit qui était un peu laissé à lui-même malgré les nombreux passages d'humains et de leurs pokémons non-originaires de l'endroit. Ceci a cependant été fait d'une telle manière que l'ambiance parfaitement naturelle du lieu n'a pas été altéré.
Nous nous promenons sur les chemins dédiés pour croiser divers ruissellement d'eau. La plupart sont trop minces pour réellement être appelé des cascades, mais enrichissent le lieu de visions charmantes et d'une végétation changeante. Les végétaux ne sont pas les même en fonction de si de l'eau passe à cet endroit ou non. Certaines parois rocheuses témoignent également d'un écoulement d'eau récent, montrant que les cascades sont changeantes. Nous nous demandons ce qui provoque les déviations aquatiques sans trouver de panneau explicatif pouvant nous apporter la réponse. Les personnes en charge du lieu préfèrent se pâmer sur d'autres choses comme la richesse de la faune et de la flore, comme s'il n'était pas possible de le constater par soi-même. Partout nous entendons des cris de pokémons sauvages divers. A vue d'oreille, nous arrivons à déceler la présence de passerouges, braisillons, psystigris, lépidonilles, prismillons, sapereaux et flabébés. Il est rare que les créatures non-domestiquées soient aussi bruyantes, ce qui nous fait penser que le lieu est relativement exempt de prédateur, ce qui nous amène à conclure que les oiseaux dont nous reconnaissons le champ ne sont pas très actifs en terme de chasse. C'est agréable de savoir qu'il y a un lieu si sauvage proche de la ville où il est possible de se détendre sans grand risque.

Nos pokémons apprécient également les lieux, surtout Artie qui passe son temps à passer ses mandibules contre les feuilles et fleurs qui croisent son chemin. Dire qu'il est intrigué serait un euphémisme. Belinda, de son côté, s'amuse à bloquer le flot d'un ruissellement, sous le regard intrigué de Gaelig. La beldeneige utilise ses capacités de type glace pour figer l'arrivée d'eau, créant de belles stalactites scintillantes à la place. Elle s'amuse à en parer la paroi moussue sur laquelle s'écoulait l'eau.

- C'est très beau Belinda, bravo !, la voir créer de la glace avec tant de finesse nous fait songer qu'elle n'a pas perdu la maîtrise de ses capacités, malgré les longues années passées sans s'entraîner. La rigueur dont j'ai fait preuve lors de son entraînement, depuis qu'elle est une frissonille, reste inscrit en elle.

Mais enfin, ce n'est pas comme si notre beldeneige était particulièrement exceptionnelle. Tous mes pokémons ont été élevés à la même enseigne et ont dû faire preuve de la même maîtrise, de la même valeur, afin d'avoir une place à mes côtés. Je n'aurais su que faire d'incapables, comme cette skitty familiale dont je dois désormais m'occuper alors qu'elle est à peine capable de courir après sa propre queue. En plus, elle a peur de nous ! Il est impossible de la rassurer, sûrement car elle a été témoin de ce que j'ai fait à Nicolas et Daniel. Le problème est qu'elle représente désormais un souvenir de notre famille alors il est impensable de l'abandonner. Cela pourrait être une faille.

Cannelle s’est assise sur un banc à l’ombre des branches. Quelques rayons de soleil passent au travers, donnant l’impression que sa robe est ornée d’un motif lumineux. Cet effet visuel nous plaît, nous passons un peu de temps à plisser et déplisser le tissus pour observer les différents résultats. Notre muciole est intrigué, observe les jeux de lumière. Ses antennes et son tour de cou s’illuminent en rythme, ce qui nous arrache un sourire. Quoique nous fassions, si des rayons lumineux sont impliqués, il est toujours intrigué. Au départ c’était un de ses défauts. Maintenant qu’il est dressé, conditionné, à ne se fier qu’à notre propre lumière, il est devenu un très bon pokémon pour nous accompagner.
Nous nous souvenons notre bonheur le jour où nous avons eu l’occasion d’adopter ce muciole chromatique. Nous voulions un pokémon capables de nous aider dans le noir. Nos parents pensaient que c’était lié à une peur inavouée, provoquée par un quelconque événement - peut-être autre que la mort de Madeleine. De nombreux pokémons sont capables de produire de la lumière, bien que les pokémons feu aient d’office été considérés hors-limite pour des raisons de sécurité. A l’époque nous avions trouvé ça dommage car nous nous serions bien vues accompagnées d’un funécire ou de ses évolutions. Le combo avec le type spectre rendait ça encore plus impossible, bien sûr. Alors à la place, nous avions considéré ces créatures un peu oubliées par le grand public que sont les mucioles et les lumivoles. Au départ, nous étions plus intéressées par la seconde espèce, mais lorsque nous nous sommes rendues sur place pour en capturer un, notre regard a capté celui de ce muciole sombre aux teintes bleutées. Pour les trouver, nous avions attendues que le soleil se couche, que l’obscurité commence à se faire sur la plaine, afin que ces pokémons sortent de leurs cachettes. Il était une lueur entre les hautes herbes, un halo bleuté s’élevant de terre pour apparaître au milieu de la nuit. Nous avions été fascinées, esthétiquement, par ce muciole luisant plus que les autres, phosphorescents dans la nuit.

Gaelig, qui n’avait pas de nom à ce moment-là, m’avait regardé à son tour. Il avait gonflé son tour de cou, s’était illuminé et avait déployé au plus large possible ses ailes d’insecte. Cannelle s’était emparée de la pokéball d’Alphyr, qui n’était encore qu’un draco, et l’avait envoyé au combat. La perle à son cou brillait dans la nuit, en écho à la lumière produite par le muciole. Les autres, autour, s’étaient écartés en sentant l’affrontement venir. Aucun n’était solidaire envers leur camarade. Si j’avais été capable d’empathie, peut-être aurions-nous eu de la peine pour ce muciole.
Nous étions sûres de notre victoire, mais ne voulions pas non plus sous-estimer notre adversaire. Un pokémon qui capte ainsi notre regard ne pouvait pas être si faible que ça. Nous étions persuadées de sentir la puissance dans les créatures, comme cela avait pu être le cas avec le potentielle de notre frissonille désormais devenue un beldeneige.

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Début de cette mission.
Modération :

ACTION(S) : Rosélia lance direct toxik (80/100% - 30% chances d'empoisonner)
ALTÉRATION(S) DE STATUT ? //
PV RESTANTS DES POKEMON : 108/108
AIDE XP : //
SPRITES :

STATS & ATTAQUES t-card
Merci !

A ce moment-là, Alphyr n’avait pas encore évolué. Ce n’était encore qu’un minidraco à l’apparence faiblarde, bien qu’il avait déjà démontré sa puissance plusieurs fois. C’est pourquoi j’avais toute confiance en lui lorsque je l’envoyais au combat pour retenir le muciole convoité, l’empêcher de s’enfuir. Notre partenaire s’était jeté sur l’insecte avec une vitesse qui le pris par surprise. Il tenta une esquive, mais la queue du dragon s’enroula autour de son corps et le projeté vers le sol sans pour autant le lâcher. Le muciole poussa un cri de rage, se dégagea et riposta. Le combat fut intense, tendu. Notre minidraco avait de manière évidente le dessus, mais le muciole se défendait comme un diable. S’il n’avait pas capté mon attention avant par sa couleur et sa lumière, il l’aurait sans aucun doute fait à ce moment-là.
Il avait bien résisté, mais avait fini par tomber au sol, ses ailes n’étant plus capables de le porter. A ce moment Cannelle s’était approchée, pokéball à la main, mais ne l’avais finalement pas lancée tout de suite. Sous l’oeil attentif et protecteur d’Alphyr, nous nous étions accroupies devant lui pour lui adresser un sourire condescendant et voir sa réaction. Le muciole continua de défier notre regard, ce qui me rendit satisfaite. Ce n’est qu’alors que nous lui expliquions qu’il avait perdu, donc il n’avait plus le choix, puisque c’était là le destin des perdants, et que nous lui avions laissé tomber la sphère métallique de capture dessus. Là encore, il s’était débattu, mais la pokéball avait eu raison de lui. Nous félicitions Alphyr pour son aide, ce qui le rendit incroyablement heureux. Constater à quel point il était dépendant de nous et de nos compliments nous fit nous sentir fortes et nous repartîmes avec la conviction de pouvoir changer le muciole et le faire entrer dans le même état de servilité.
Son caractère fit que ce n’était pas une tâche aisée, car il s’avérait particulièrement intelligent, alors la place je lui montrais comment utiliser son intelligence pour obtenir ce qu’il veut dans le monde des humains. Mon geste fut apprécié, même si je m’appliquais à lui rappeler régulièrement qu’il ne serait jamais plus intelligent que moi ou Cannelle. Après ça, il s’est mis à me respecte et, petit à petit, me voir comme une partenaire. Aujourd’hui encore, je ne sais pas s’il se rend compte à quel point il dépend de nous.

- Viens-ici, Gaelig

Cannelle tend les bras vers son muciole qui obéit immédiatement, venant se poser entre ses mains. Elle caresse délicatement ses ailes, non sans les prendre entre ses doigts d’une manière qui me fait penser que nous pourrions facilement les lui arracher.

- C’est bien. Tu as bien grandi.

Miaouss d'Alola lvl 15

Les stats:

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Miaouss utilise Jackpot à nouveau ! (63, pas de cc)
(-5PV)
Roselia (96/108)

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Roselia utilise Direct Toxic sur le Miaouss d'Alola ! (71 pas de cc, 88 pas d'effet)
(-40PV)
Le Miaouss d'Alola est K.O !
Rosélia gagne 1pt d'xp.

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Robert ne s'avoue pas vaincu, il s'apprête à envoyer son Couafarel de garde !

Stats:

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Récap de la mission
Robert l'Aristocrate -
Miaouss-A K.O.
Couafarel : 100/100 PV

Canelle -
Rosélia : 96/108 PV

Le soleil commence à décliner à l'horizon, il est temps de partir si nous voulons pouvoir monter dans un train qui ne nous ramènera pas trop tard à Flusselle puis Neuvartault. Cannelle s’étire, puis nous nous apprêtons à faire le chemin dans le sens inverse. Il faudra que nous revenions quelques fois à Molzheim pour être sûres de notre choix, mais pour le moment nous trouvons cette ville tout à fait convenable pour commencer une nouvelle vie. Sa proximité avec la campagne et une zone considérée comme aussi calme que celle des cascades est également un bon argument.
Quand Cannelle atteint à nouveau les abords de la ville, elle fait revenir ses pokémons dans leurs pokéballs. Si ça ne tenait qu’à elle, elle aurait poursuivi son chemin à leurs côtés, mais nous préférons ne pas nous faire remarquer pour le moment. En étant chromatique et doté de couleurs si voyantes, Gaelig attire malheureusement l’attention. Encore plus lorsque la luminosité du jour commence à se faire timide : ses antennes, son tour de cou et son appendice lumineux se mettent à briller à la vue de tous.

Lorsque Cannelle arrive à la gare, nous constatons avoir reçu un message de la part de notre mère, demandant des nouvelles. Je roule des yeux, Cannelle ne se le permet pas. Cette femme s’inquiète beaucoup trop, c’est la même chose tous les jours. Bien sûr les circonstances font que c’est compréhensible, mais le fait que c’est elle-même qu’elle cherche à rassurer, ses propres plaies qu’elle tente vainement de panser, commence à se voir. Pour ça, nous passons la barrière de l’indifférence et commençons à lui en vouloir : de quelle droit s’approprie-t-elle ainsi la peine qui devrait être celle de Cannelle ? Tandis que nous attendons le train, je réfléchi à des phrases culpabilisantes mais justifiées que nous pourrions adresser à notre mère lorsque le moment s’y prêtera. Afin de lui rappeler que c’est Cannelle qui a perdu un mari et un enfant et que la peine de sa mère n’est rien à côté de la sienne. Peine qui ne l’empêche pas pour autant d’essayer de garder la tête haute et se ressaisir. Car si elle s’effondrait, elle n’aurait plus rien.
Nous songeons également que nous aurions préféré que nos parents en soient de mauvais, car ainsi nous aurions eu une raison toute justifiée de ne plus avoir aucun contact avec eux. Pourquoi ne pouvaient-ils pas être les coupables du suicide de notre soeur ? Tout aurait été plus pratique ainsi. Cannelle laisse échapper un sourire de lassitude, que l’on peut attribuer à l’attente du train désormais annoncé avec cinq minutes de retard, tandis que nous pensons au soulagement que nous procure la Team Galaxie.

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Mission en cours : www.
Modération :

ACTION(S) : Rosélia lance croissance
ALTÉRATION(S) DE STATUT ? //
PV RESTANTS DES POKEMON : 96/108
AIDE XP : //
SPRITES :

STATS & ATTAQUES t-card
Merci !

Stats:

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Couafarel utilise Coup d'Boule sur Rosélia ! (95, pas de cc, 57 pas d'effet)
(-14PV)
Roselia (82/108)

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Roselia utilise Croissance !
Son Atk monte d'un cran. Nouvelle Atk : 90.
Son Atk S. monte d'un cran. Nouvelle Atk S. : 186.

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Récap de la mission
Robert l'Aristocrate -
Miaouss-A K.O.
Couafarel : 100/100 PV

Canelle -
Rosélia : 82/108 PV
Nouvelle Atk : 90.
Nouvelle Atk S. : 186.

Cannelle marche dans les rues sombres de Neuvartault pour retourner à son lieu d’hébergement. Il fait frais, quelques frissons parcourent sa peau. Nous sommes pressées de nous retrouver au chaud, de pouvoir nous enrouler dans notre quête et nous vider l’esprit, quelques instants, des questionnements de la journée. Il faut aussi un peu de recul pour prendre de bonnes décisions.
Il y a quelqu’un au bout de la rue. Cannelle plisse les yeux pour mieux voir cette personne, pense reconnaître sa silhouette : celle d’une femme un peu ronde à la peau sombre dont les cheveux sont souvent attachés en un chignon haut. Il s’agit de la mère d’Ilies, un enfant un peu plus âgé que Nicolas qui était dans la même école. Nous avons envie de soudain bifurquer pour éviter une conversation pénible, mais Najima nous a déjà vues.

- Bonsoir Cannelle !, son visage se pare d’un sourire forcé. Il n’est pas là par dépréciation de son interlocutrice, mais par gêne. Vous avez fait une petite sortie ?
- Bonsoir. Une visite à mes parents, mais je ne voulais pas dormir chez eux. Je… Je les vois souvent ces derniers temps, lui donner un peu de ce qu’elle veut devrait permettre de rendre le dialogue plus court, moins pénible.
- J’imagine. C’est bien que votre fam-... Que vos parents soient là pour vous soutenir, il nous semble que les siens sont décédés il y a quelques années. Pas que cela ait une quelconque importance.
- Oui, ils m’aident beaucoup.
- C’est bien, sa gêne ressort de plus en plus. Si vous avez besoin, n’hésitez pas.
- Merci Najima.

Cannelle lui adresse un sourire triste avant de la saluer d’un geste de la main avant de reprendre sa route. La femme reste quelques secondes à l’observer avant de faire de même. Sûrement est-elle pleine de dilemmes moraux après cette rencontre, ou à se demander la manière dont il est juste d’agir face à une autre qu’elle connaît peu, mais dont elle sait bien la tragédie qu’elle a vécu. C’est aussi pour ça que nous souhaitons déménager. Une fois ailleurs, nous n’aurons plus à nous embêter de ce type d'interaction car tant que Cannelle ne partagera pas son histoire, personne ne saura qui nous sommes et notre histoire. Nous avons refusé de partager notre visage dans les médias lorsque les journalistes sont venus couvrir une telle tragédie.
Nous aurons moins à faire semblant et, petit à petit, le temps passant, nous retrouverons plus de liberté.

Stats:

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Couafarel utilise Jet de Sable sur Rosélia !
La précision de Rosélia diminue d'un niveau
Roselia (82/108)

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Roselia utilise Doux Parfum ! (68, l'attaque passe)
L'esquive de Couafarel diminue de deux niveaux !
Couafarel (100/100)

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Récap de la mission
Robert l'Aristocrate -
Miaouss-A K.O.
Couafarel : 100/100 PV
Esquive -2

Canelle -
Rosélia : 82/108 PV
Nouvelle Atk : 90.
Nouvelle Atk S. : 186.
Précision -1

Cela fait quelques jours que nous avons effectué notre petite visite de Mozheim. Cannelle n'en a pas parlé à sa famille, ni à personne d'autre. Adrian aimerait savoir ce qu'elle fait tous les jours, mais n'est pas assez clairvoyant à travers le téléphone pour comprendre quand nous lui mentons. C'est une bonne chose, car avec le temps nous le trouvons de plus en plus pénible. Il était fort utile pour quitter notre mariage, l'est toujours au travers de son rang au sein de la Team Galaxie, mais nous avons peur qu'il commence à vouloir prendre trop de place dans la vie de Cannelle. De son point de vue, et nous l'acceptons par praticité, il est désormais son partenaire officiel, même si le veuvage récent fait qu'ils ne peuvent encore l'exprimer. Ce n'est cependant pas ce que nous voulions, uniquement une contrainte à supporter le temps de pouvoir s'en défaire et atteindre la liberté. Lui aussi, je trouverai un moyen de nous en débarrasser.
En attendant, nous faisons avec ses appels quotidiens bien que nous lui ayons déjà demandé de s'abstenir par prudence. Il jure que ses coups de fil, tous les soirs, n'ont rien de suspect et qu'il s'est assuré que les forces de l'ordre ne surveillaient pas notre téléphone. Sur ce point, nous avons envie de le croire puisque nous n'avons rien de suspect dans cette affaire et que, le temps passant, l'enquête ne s'est toujours pas tournée vers nous, mais nous préférons tout de même rester prudentes. Il faudra l'être pendant longtemps encore, ce qui est une contrainte pénible également, mais bien moins pire que de devoir être une épouse et une mère.

L'appel du jour se termine sur un rendez-vous fixé dans cinq jours dans les locaux d'Universal Care. Il n'a pas été demandé à Cannelle d'y retourner depuis la journée d'initiation où les différentes recrues se sont montrées les capacités de leurs pokémons partenaires. Ce délais nous étonnait, car nous aurions imaginé que notre initiation se ferait plus rapidement. Plusieurs fois, nous avons interrogé Adrian pour savoir s'il y avait un problème avec notre participation, mais il nous a assuré que ce n'était pas le cas. Comme nous n'avions pas d'autre choix, nous l'avons cru et avons patienté sagement. Ce rendez-vous à venir nous enthousiasme car nous attendons avec impatience des occasions de montrer ce que nous valons au groupe Galaxie.

Cependant, cette invitation nous rappelle un autre point pour laquelle nous trouvons notre relation avec Adrian problématique : que vont penser les autres recrues ? Nous sommes sûres qu'elles n'ont pas été, pour leur part, contactées par cet homme. Ce n'est pas son rôle auprès de nous, mais il se l'octroie en tant que celui qui est le plus proche de nous et celui qui nous a introduit au groupe. Nous nous demandons à partir de quel moment cela poussera les autres recrues à avoir une animosité assez poussée pour Cannelle que cela pourra avoir un effet sur notre carrière.

Malgré toute notre assurance, force est de constater que ces inquiétudes que nous tentons de mettre de côté nous travaillent plus que nous le voudrions. Moi, tout du moins. Lorsque Cannelle ferme les yeux pour se laisser aller au sommeil, j’aime à croire que mes pensées peuvent être libre dans ces songes et que les images qui se manifestent devant nous, rêves ou cauchemars, sont la cristallisation de mon inconscient libre. Loin de l’image que je dois donner de Cannelle pour faire bonne figure auprès du monde humain. Et, cette nuit-là, nous nous souvenons avoir vu des images inconfortables faisant écho à ces inquiétudes.

Adrian était là, ou du moins quelque chose qui lui ressemblait. Il avait quelques traits nous faisant aussi penser à Daniel, et ses bras étaient long et se multipliaient à chaque articulation. Il était doté d’une multitude de coudes, ce qui lui permettait d’avoir des dizaines et des dizaines de mains assez habiles pour attraper Cannelle et la recouvrir toute entière pour l’enfermer. Nous nous retrouvions dans une prison de doigts dont les bouts étaient devenus des griffes. La lumière passant entre les phalanges s’amenuisait à mesure que les mains se resserraient autour de nous. Nous avions beau frapper, griffer et mordre que nous ne parvenions pas à nous libérer de cette prison de membres.
Je prenais le dessus sur Cannelle, la poussait à arracher une de ces griffes afin de nous en servir comme arme. Le sang coulait du doigt découvert pendant que je m’acharnais à mutiler les doigts au-dessus de notre tête. A travers le sang et les phalanges qui tombaient à mesure que je les déchiquetais, la lumière reparaissait. Elle était belle, et bientôt nous parvenions à nous extirper de cette prison.
Une fois à l’extérieur, nous nous mettions à courir dans les rues d’une ville, le plus loin possible de la créature hybride Adrian-Daniel. Les panneaux publicitaires et les reflets dans les vitres nous indiquaient que nous n’étions qu’une fuyarde, que je n’étais qu’une fuyarde, et que cette liberté à laquelle j’aspirais si désespérément n’aurait jamais que l’allure de d’une fuite.

En nous réveillant, nous nous étions senties insatisfaites et salies dans nos ambitions. Adrian nous énervait au plus haut point, ainsi que Daniel dont la présence dans notre vie semblait m’avoir plus marquée que je l’aurais souhaité. C’est armées de cette humeur que nous nous étions résolues de devenir fortes, encore plus fortes, afin de ne jamais avoir besoin de qui que ce soit d’autre que nous-même pour soutenir notre liberté.