C’est très étrange d’avoir un appel redirigé vers moi par l’intermédiaire de mes frères. Ils étaient en visite à la centrale géothermique d’Alola, sur l’île de d’Ula-Ula si je dis pas de bêtise, et on leur a demandé s’il était possible que je me rende sur place. Enfin, ce n’était pas l’objet de leur déplacement, mais ça leur a été demandé au passage. Et c’est comme ça que je me retrouve à me rendre là-bas. J’ai pris contact avec le staff de la centrale pour leur prévenir que je ne pourrai pas venir de suite, qu’il me faudrait trouver un peu de temps, mais là, j’y suis. Je sais que c’est pour une histoire de pokémon, de pokémon sauvage plus précisément, mais je n'en sais pas plus. Et je me demande pourquoi avoir fait appel à moi spécifiquement. C’est flatteur, je dois dire ce qui est, mais ça reste étrange. Je ne suis plus dans le circuit de l’élevage et pourtant j’ai l’impression de continuer à être identifié comme tel. Ce n’est pas tant un problème, en soi, surtout que ça me fait plaisir de pouvoir aider un peu partout où je passe. Ça me fait découvrir des personnes, des pokémons, des endroits, au passage. Puis ça me fait bouger, et j’adore bouger. Donc non, je ne vais pas m’en plaindre. Juste que j’aimerais avoir une étiquette officielle qui soit différente, qui reflète vraiment ce que je vise à devenir. C’est pas encore le cas, et ça me fait prendre conscience que je dois travailler là-dessus.

Du coup, pour en revenir à l’histoire, me voici en plein désert alolien. Je ne comprends pas cet endroit, la géographie de cette île : ça ne fait aucun sens. Un mont enneigé avec un désert juste au pied, c’est chelou, c’est pas logique. Puis y’a une autre montagne, moins haute et pas enneigée, et la centrale se trouve dans un lieu qui fait penser à un mix entre désert et canyon aussi. Sans compter de la forêt et la ville bizarre qui s’y trouve, qui est bien plus un squat qu’une ville. On dirait qu’on a essayé de mettre tout et n’importe quoi sur une même île. Moi qui croyais la nature cohérente, il y a dû y avoir de la drogue impliquée au moment de s’occuper d’Ula-Ula. C’est pas possible autrement.

Bref. La centrale géothermique. Je suis sur place. Il y fait chaud et quand on entre dans les terres comme là, on perd bien vite le vent frais marin. Il fait vraiment chaud. Chaud comme j’ai pas l’habitude et comme j’aime pas vraiment trop. J’espère avoir de quoi m’occuper l’esprit pour oublier que je crève de chaud. On me fait entrer et, Arceus merci, il fait bien meilleur à l’intérieur. Genre c’est supportable. Je revis, même si je crains que ça ne dure pas bien longtemps. « Bonjour, je suis Norton, je… On s’en fiche de mon poste ici, c’est surtout moi qui ai le plus de contacts avec le pokémon dont on veut vous parler. » Ah, les choses intéressantes commencent ! Je suis tout ouï.

519 mots

---

---

Modération:

Ce gars – Norton – me parle d’un Sablaireau et je dois dire que je suis un peu perplexe. Je devrais peut-être lui demander d’éclaircir le point qui me rend si confus, mais j’ai espoir qu’une information décisive arrive d’elle-même. Sauf que, visiblement, ce n’est pas le cas. Ça m’étonne qu’on parle d’un Sablaireau, parce qu’un Sablaireau d’Alola ne vivrait clairement pas dans un désert, ce n’est pas possible. Par contre, un Sablaireau de Kanto, ça serait totalement plausible. Un pokémon de type sol, connu pour vivre dans un terrier, dans des grottes, dans des zones arides, ça colle de suite bien mieux. Le truc, c’est que ce serait bizarre qu’on me fasse venir d’aussi loin pour un pokémon qui semble adapté à l’écosystème dans lequel il se trouve. On aurait fait appel à n’importe qui d’autre, potentiellement un ranger. Si c’est spécifiquement moi qu’on vient chercher, ça présuppose que j’aie une quelconque expertise, ce qui voudrait dire pokémon de type électrique ou acier, et donc plutôt Sablaireau d’Alola. Sans compter qu’on ne trouve pas de Sablaireau comme ceux de Kanto à Alola, pas à l’état naturel. La logique tendrait donc davantage vers le spécimen alolien, mais je ne vois pas comment il aurait pu survivre dans un environnement qui ne lui est absolument pas adapté.

« Mais ça fait combien de temps qu’il est là ? » Je n’ai pas spécialement envie de passer pour un con en demandant directement de quelle région provient le Sablaireau. Je suppose que c’est logique dans la tête de ce cher Norton, et du coup, bah il ne précise pas. Donc c’est parti pour la pêche aux indices… « Un petit bout de temps… je l’ai connu Sabelette, c’est dire. » Non, vraiment, ce n’est pas possible qu’un Sabelette d’Alola puisse évoluer dans un environnement désertique, sous une telle chaleur. Je ne vois pas comment, tout du moins. Puisque je suis au clair sur le spécimen, je vais pouvoir poser d’autres questions, notamment sur la raison de ma présence ici. « Et donc en quoi je peux vous aider, avec ce Sablaireau ? » Autant aller directement à l’essentiel. « On a commencé à trouver des trous dans le sol, qui s’approchent de plus en plus de la centrale. On craint qu’il atteigne un de nos câbles un jour. » En effet, cela pourrait faire d’énormes dégâts, priver des milliers de gens et d’entreprises d’électricités. Puis, même si le type sol est immunisé à l’électricité, à la puissance d’une centrale géothermique, pas sûr que ça ne fasse pas de mal au Sablaireau. Donc danger il y a et solution il faut trouver.

« Et vous l’avez vu faire ? » Je préfère m’assurer qu’il n’y ait pas d’erreur de casting. Je ne sais pas exactement quel type de pokémons vivent dans cet environnement, j’ai une petite idée, mais rien d’assuré. « Oui, plusieurs fois. On a l’habitude de le voir dans les environs, avec une horde de Togedemarus qui vivent à proximité, mais les trous ce n’est vraiment que depuis son évolution. » Je dois dire que ce changement de comportement m’interroge fortement, mais ce n’est pas le seul élément qui m’interpelle. Des Togedemarus ? C’est assez curieux, car ce n’est pas vraiment l’espèce avec laquelle on imaginerait un Sablaireau cohabiter. Encore que, je me dis qu’en Sabelette, ils ont dû s’entendre sur le fait qu’ils roulent tous. Mais ça me semble quand même assez tiré par les cheveux comme explication à pourquoi une horde de Togedemarus prendrait sous son aile un Sabelette qui n’aurait rien à faire là. « Vous m’avez dit que c’était vous qui avez eu le plus de contact avec lui, c’est-à-dire ? Il approche les humains ? Vous pensez qu’il a pu appartenir à un dresseur ? » Il ne peut sans doute pas savoir pour sûr, mais au moins une intuition à ce sujet, je prends. « Et bien, je sors fumer trois fois dans la journée, en général avec mon café et une pomme. Ça m’est arrivé de jeter ma pomme non terminée pour retourner au boulot et, à force, j’ai vu le Sabelette m’attendre. Mais je ne pense pas qu’il ait été dressé, parce qu’il ne m’a jamais approché, il gardait systématiquement ses distances. » J’adore ce petit côté mystère, me la jouer enquêteur et tout.

---

---

Modération:

Après, on ne va pas bavasser cent sept ans non plus, ok je prends des infos, mais je suis surtout là pour agir. Sinon, voilà merci bien, on aurait pu faire ça par téléphone et basta. « Ta pause, c’est bientôt ? » J’ai déjà ma petite stratégie en tête, me poser avec Norton à l’extérieur et guetter l’arrivée du Sablaireau. Je vais essayer de l’appâter avec la pomme, tenter de l’approcher. Je continue de réfléchir à ce comportement qui est apparu à l’évolution, celui de creuser. Qu’est-ce qui peut motiver ce pokémon à agir de la sorte ? J’ai du mal à saisir. Oui, c’est un pokémon fouisseur, qui peut chercher à se faire des tanières et creuser des galeries souterraines. Mais creuser pour creuser, et surtout de manière si exposée, j’ai du mal à y voir de la cohérence, et ça m’inquiète plus qu’autre chose pour le pokémon. Il n’a pas l’air d’être menaçant, agressif ou quoi que ce soit, donc pourquoi venir jusque-là pour faire ces trous ? Et en quoi c’est lié à son évolution en Sablaireau ? Je vois bien qu’il me manque un élément – voire plus – pour comprendre ce qu’il se passe ici. Au moins, la pause clope arrive. Je suis prêt à sortir.

Dehors, le soleil est bien là, et pas un seul nuage à l’horizon pour s’en protéger. Il a beau être presque seize heures, ça tape dur. Heureusement, l’endroit où Norton prend sa pause est à l’ombre, grâce à la centrale. J’ai récupéré la pomme tandis que Norton allume sa cigarette. La fumée vole directement dans ma direction, et pas cool. Le pauvre filet de vent qui ne rafraîchit rien suffit à m’envoyer la fumée dans la tronche. Envie de crever. Je tousse. C’est vrai que, comme ça ne fume pas dans ma famille, bah l’odeur m’incommode très vite, et ça peut arriver que ça réveille l’asthme, d’ailleurs. Bref. Je me décale, pour revenir à l’air libre. « Il vient te voir directement ? » Je guette, dans l’espoir de voir le pokémon apparaître. « Il arrive par là-bas, il observe de derrière ce rocher d’habitude. » Ok, là, je dois faire un choix, soit je reste à regarder au risque que le Sablaireau ne veuille pas approcher, soit je fais comme si je ne regardais pas, au risque de le rater. Le pokémon sol connait Norton, il ne me connait pas moi. Il serait logique qu’il se montre méfiant. Bref, c’est décidé, technique j’ignore. Du coup, je tape la discute à l’employé de la centrale. Casu.

« Il arrive. » Je me retourne doucement, la pomme à la main, et… Je cligne des yeux d’étonnement. C’est… Mais… What the… Je ne m’attendais tellement pas à ça ! C’est bel et bien un Sablaireau d’Alola, sous mes yeux, dans une zone aride. Déjà ça, ça ne fait aucun sens. Mais en plus le pokémon a la tronche d’un chromatique ! Il est jaune, juste jaune, et pas bleu comme un Sablaireau d’Alola classique. C’est un Sablaireau d’Alola avec les couleurs de son cousin de Kanto, trop chelou. J’aurais bien aimé avoir l’info sur la couleur, d’ailleurs. Ok, donc ça change totalement ma dynamique d’approche ça. C’est un pokémon glace et acier, je ne peux pas ne pas le prendre en compte. Il n’empêche que, sur mes premières étapes, ça ne changera pas grand-chose. L’attirer avec la pomme, voir comment il réagit, et après j’aviserai.

---

---

Modération: