Tu t'étais mis sur ton trente-et-un. Petit costume trois pièces gris, chemise blanche, chaussures cirées noires. Tu ne pouvais pas être plus propre sur toi. Et tout se trouve sur le point d'être gâché par une sorte de catastrophe naturelle. C'est toujours comme ça avec toi, tu attires les mauvaises aventures. Tout du moins, dès que tu quittes tes terres, rien ne se passe comme il se devrait. La prochaine fois, tu ne ferras pas autant d'effort – tu le penses fort en tout cas, même si tu sais parfaitement que tu en seras incapable, aimant beaucoup trop parfaire ton image.

Tu es arrivé à Cromlac'h par bateau. Tu aurais préféré l'avion pour aller plus vite, mais pour une raison que tu ignore, Flick – ton gros Dracolosse – voulait absolument t'accompagner dans cette drôle d'expédition. Une volonté si rare qu'elle avait le mérite d'être exaucée. Lui qui aime pourtant passer ses jours à ne rien faire à part regarder la télé et se dégourdir les jambes dans le petit parc à côté de chez vous, est aujourd'hui heureux de découvrir un horizon nouveau. Tu foules donc les terres de Kalos escorté de ton Dragon et de ton fidèle compagnon Polar, l'Aquali des neiges. Tout ça pour quoi au juste ? Rien qui ne les concerne eux.
Tu avais rendez-vous au sommet de cette drôle de ville qui semble fascinée par les gros cailloux. Il y en a partout et tous sont deux fois plus grands que toi. Ça donnait un petit air moyenâgeux et tu ne saurais dire si tu aimais ça. En tout cas, c'était suffisamment intriguant pour marquer ton esprit une fois parti d'ici.

Tu disais donc avoir un rendez-vous quelque part par là et pas avec n'importe qui. Tu devais rencontrer un grand artiste, mondialement reconnu, titré à de nombreuses reprises. Tu sais qu'il possède son propre petit studio d'enregistrement chez lui. Indépendant, il s'est quelque peu reclus de la société avec le temps, n'aimant pas trop cette notion de notoriété. Tu devais le rencontrer pour un devoir à l'école. On vous avait donné deux mois pour écrire un dossier sur un professionnel de l'industrie musical. Et ce dossier devait obligatoirement contenir une interview avec cette personne. Et si tu as réussi à contacter un artiste de renom, ce n'est pas par pur hasard. Jamais tu aurais pu parvenir à atteindre un si gros morceau. La gloire revient donc à ton cher professeur et mentor, directeur du conservatoire, qui t'as offert cette opportunité sur un plateau d'argent.
Tu avançais le cœur serré. Tu ne devais pas te foirer. Pour la réputation de ton professeur, de ton école, mais aussi par respect pour cet artiste là. Tu t'étais préparé comme jamais tu ne l'avais fait. Et pourtant, tu avais l'impression de ne pas en avoir assez. A contrario, tu avais Sharlieh, ton colocataire, qui t'avait dit en faire justement trop, avant de quitter l'appartement.

Arrivé sur ce qui semblait être la place centrale du village, tu es bluffé par la beauté et la simplicité du cite. La nature était maîtresse en ce lieu. Et ça faisait du bien, tu dois l'avouer. Tu prends le temps d'admirer tout ces cailloux finalement captivant, exposés en cercle. Tu y imagines une secte s'activer à leur culte quelconque. Une image que tu effaces aussi vite de ton esprit, effrayé à l'idée d'avoir potentiellement mis les pieds dans un village de sectaires.
Tu t'éloignes légèrement de ce cite, lui faisant complètement dos, t'intéressant à la vie alentour. Tu essaies d'oublier ton idée saugrenue, te concentrant de nouveau sur la raison de ta venue ici ; ton devoir.

Si depuis le début tu parles à l'imparfait, ce n'est évidemment pas sans raison. Comme toujours dans ta petite vie, tout ne se passe pas comme prévu. Cet artiste, jamais tu ne le rencontreras. Ton costume n'en sortira pas intacte et ce sera une chance si tu ressors vivant de ce merdier.
Alors que tu étais sur le point d'acheter une pomme pour ton glouton de Dracolosse au marchant du coin, le sol s'est mis à trembler. Ce fut si fort que tu en perdis l'équilibre, tombant à la renverse et saccageant ainsi ton si beau vêtement. Mais ça n'avait pas d'importance. Tu restes au sol, protégeant ta tête, jusqu'à ce que la terre cesse de gronder. Tu entends des cris, des choses qui tombent, des booms et des clacs. Comme tous ici, tu as peur.

Quand tout semble se calmer, ton premier réflexe est de voir si tes pokémons vont bien. C'est effectivement le cas, puisque ces derniers aident à te relever, tout aussi soucieux de te savoir en vie. Tu balayes d'un revers de la main la poussière sur ton costume, plus par réflexe qu'autre chose. Tu relèves la tête, regardant autour de toi. Et c'est le drame. Tout est sans dessus-dessous. Les maisons sont pour la plus part en miettes. Il y a des débris dans tous les sens. C'est même un miracle que tu n'es pas été touché.
Tu vois toute la ville s'activer autour de toi, à chercher des survivants sous les décombres, comme à aider les pompiers à éliminer les incendies naissant. Cette vision est digne d'un film post-apocalyptique. Tu restes figé, tétanisé. Tu ne sais quoi faire. Tes yeux ne peuvent quitter ce trou béant, brillant, qui vient de se créer sous vos yeux. Adieu les mignons petits cailloux et bonjour le puits de lave. Tu en es loin, mais tu ses la chaleur en émaner, tout comme tu peux voir les petites boules de feu sauter ci et là.

Tu te demandes comment tout a pu tourner aussi vite au vinaigre.

Un jour, je vais vraiment demander à tonton s'il a rien à faire de sa vie – non, de ses sous. Parce que ce n'est pas la première fois qu'il m'achète un ticket pour aller à l'autre bout du monde sans même me demander mon avis. Bon, ok, ça doit être la deuxième ou troisième fois. Mais c'est déjà de trop ! C'est quoi ces gens qui ont une apparence toute pétée mais qui, derrière, ont une tonne d'argent en banque ? Il cache beaucoup trop bien son jeu, parfois, j'oublie tout le temps qu'il est pas si bête que ça.

Bref. Du coup, eh bah je me retrouve là, dans une région que je ne connais absolument pas, dans une ville qui est toute aussi paumée que celle d'où je viens... Y a plein de petites maisons en bois, et la nature est omniprésente. Je comprends vraiment pas ce que je fais là en fait. Je veux dire, je reste à Paddoxton et j'ai la même vue. Bon, peut-être pas, mais un peu quand même.
De ce que tonton m'a dit, c'est un endroit très intéressant avec des vestiges et d'autres trucs que je peux explorer. En fait, je crois qu'il a la flemme de venir et m'envoie là pour que je lui fasse un « rapport ». Bah je lui dirais que j'ai juste vu des rochers hein. De vieux rochers. Juste pour l'embêter je vais appeler ça des rochers et pas des menhirs.

Mais maintenant que je fais vraiment attention, c'est vrai qu'il y en a partout ici. Pas un seul pas sans menhir. Le Ténéfix que tonton m'a laissé semble assez à l'aise et dans son environnement ici. Bien qu'il préfère quand même les pierres précieuses, ça lui arrive de gober des cailloux sur la route, alors voir des cailloux géants, peut-être que ça réveille son appétit. « T'as pas le droit de les manger hein, tu le sais ça Ten ? » Le concerné lève le regard vers moi et affiche un grand sourire innocent. Bien sûr oui, je le crois tout à fait qu'il n'avait pas envie de croquer dans l'un de ces menhirs pour « goûter ». J'suis pas sûre qu'il est censé manger des cailloux d'ailleurs... Il a jamais rien eu comme soucis jusque là, donc j'imagine que c'est ok.

Coco, qui jusqu'à maintenant est resté tranquillement sur mon épaule, descend et pousse un cri. Sur le coup je ne comprends pas, et Ten me tire aussi pour m'éloigner plus du centre de la ville. Et je n'ai clairement pas eu le temps de poser de questions ni quoi que ce soit, parce que d'un coup, le sol s'est mis à trembler, de gros bruits retentissent, un vent violent se met à souffler, bref c'est le chaos. Avec mes deux pokémons, on se retrouve au sol et on tente de se protéger mutuellement comme on le peut. Je vois du coin de l’œil que Ten frappe certains bouts de cailloux et les petits débris qui arrivent dans notre direction. Et c'est bien la première fois que je suis contente que tonton m'ait prêté son Ténéfix ; il me disait que ce serait pour me protéger, chose qui m'avait agacée sur le moment puisque je n'ai absolument pas besoin de protection, mais là, je me rends compte que si, c'est en effet super d'avoir un pokémon déjà expérimenté et agile. Coco tente de faire la même en donnant des coups de pieds, mais il n'a pas l'habitude de se mouvoir sur un sol instable.

Heureusement, ça ne dure pas longtemps et les choses se calment. Une chance aussi que nous étions un peu éloignés de base. Mais du coup, qu'est-ce qu'il en est de la ville ?

Un rapide coup d’œil à mes compagnons m'indique qu'ils vont bien. Je leur donne quelques caresses, et nous sommes partis pour la ville. Sur le chemin, il y a plein de débris de bois, de la poussière et de la terre qui se sont soulevées, rendant toute la scène assez intense. En arrivant, je sens qu'il y a comme une source de chaleur étrange qui n'était pas là plus tôt. Et je vois des gens confus, d'autres plus curieux qui vont voir vers le centre, d'autres encore sous le choc, sans compter les maisons détruites ou renversées... J'avance, ne sachant pas trop quoi faire ni où aller. Je me dis que le plus simple c'est d'aller voir le... cratère ? C'est un cratère qui s'est formé ? Waw. En rentrant, je vais pouvoir dire « tonton, j'ai assisté à la naissance d'un cratère », ça va être génial.

C'est à ce moment-là que mon Flambino décide d'aller faire sa vie, sauf que c'est beaucoup trop dangereux de partir tout seul en exploration. Mais je le vois juste s'arrêter devant les personnes encore à terre, et je fonds intérieurement en me disant qu'il a un trop bon cœur pour ce monde. Il finit par s'arrêter devant un jeune homme debout, avec deux beaux pokémons que je ne connais pas, et je me dis qu'il est temps d'aller chercher ce précieux lapin pour laisser les gens tranquilles. Et puis les compagnons de cette personne pourraient mal prendre ce geste qui se veut attentionné, surtout qu'ils ont l'air d'aller bien.

« Coco, ne va pas trop embêter les autres. » Le Flambino se retourne vers moi et dit quelque chose. Je pense qu'il est juste inquiet, car de loin, on pourrait croire que quelque chose ne va pas – pour le coup, oui, quelque chose ne va pas, mais pas pour eux. Je tourne mon attention vers le dresseur en question. « Il faut l'excuser, il aime bien être en contact avec les gens, et il s'inquiète pour un peu tout le monde. » C'est à ce moment-là que Ten débarque, et comme pour créer une compétition avec Coco, il tend des cailloux aux pokémons du dresseur. « Euh, Ten, ses pokémons ne mangent pas des cailloux... D'ailleurs, tu devrais en manger moins, pas sûre que ton estomac soit si résistant que ça. » Le Ténéfix hausse des épaules et avale les cailloux. Sans mâcher. Bon, pas faute de l'avoir prévenu s'il a mal au bide après.

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Aussi effrayé que fasciné, tu essaies de remettre de l'ordre dans tes pensées. Ce spectacle étrange – et pourtant bien réel – se rapproche plus ou moins à ce qui pourrait être l'annonce de ta mort. Tu sais bien que ta disparition ne changera pas grand chose à ce monde, mais tu te demandes tout de même si les médias s'en soucierait. Ceux de l'internet sans aucun doute. Peut-être un petit mot sur toi dans le journal local, mais aucune chance de passer aux infos. Tu n'as pas assez accompli. Voilà ce qui est vraiment triste. Mais si tu meurs ici et maintenant tu auras au moins le mérite d'avoir assisté à un joli spectacle. Dix sur dix, quatre étoiles sur tripadvisor – parce que la lave c'est un petit peu too much.

Sauf que t'as pas envie d'en finir maintenant. C'est sympa, ça fait joli sur l'épitaphe ; « A vu la lave de tout près et affirme que ça brûle fort ». Mais tu dois dire que tu rêves d'un peu plus. Alors il est temps d'activer ses deux neurones et de bouger ses fesses – l'une après l'autre, faudrait pas risquer de s'en froisser une. Tu prends même ta bêtise aux mots et commence à te dandiner, réveillant ainsi son esprit puérile qui provoque un petit ricanement qui se glisse hors de ta gorge.
C'est précisément à cet instant qu'un lapinou vient se glisser sous ton nez. Tu sursautes, tant tu étais perdu loin dans tes pensées. Tu t'accroupis, ne comprenant pas trop ce qu'il te veut. Comme à ton habitude, tu te montres amicale, caressant le crâne – ce creux entre ses deux oreilles – de l'animal, affichant le plus tendre des sourires. Tu te dis l'espace d'un instant qu'il est peut-être perdu, que tu te dois de le rassurer. Mais cette idée est rapidement balayée par les dires d'une dame qui semble être son humaine. Tu te redresses pour te tourner vers cette dame qui n'en est pas du tout une. Tu allais rebondir sur ce qu'elle te disait, remercier le Flambino de se soucier de toi et préciser que tout va bien, mais aucun mot ne sort de ta bouche.

Une fois de plus, te voilà tétanisé, bouche grande ouverte, l'air idiot d'un Magicarpe. Cette fois, ce n'est pas la peur qui te paralyse, mais la surprise. Tu ne comprends pas trop ce qui se trouve en face de toi. Un lapin, deux lapins, une humaines, un lapin-garou, un zoo, tu ne sais pas trop. Tu oublies tout ce qui t'as été dit, tout ce qui se passe autour de toi. Tu ne vois plus que ses oreilles qui se glissent hors de sa casquette – très jolie d'ailleurs, il faudrait lui demander où elle l'a acheter.
Tu l'entends pester sur son Tenefix et ses cailloux. Si elle savait ce que peux manger Flick, elle trouverait tout à fait normal que son compagnon se nourrisse ainsi. Tu pourrais lui dire d'ailleurs, sauf que tu n'arrives pas à te défaire de ses oreilles, obnubiler tel un Miaouss fasse à son magot. Tu finis par te rapprocher, tendant l'index pour en toucher une – à plusieurs reprises, comme pour analyser la chose.

« Elles sont vrais ? ». Tu te sens incroyablement con en posant cette question. Mais quand même. Tu en as vu des choses étranges dans ce monde – à commencer par ce GROS trou tout bouillant, allant à un gus possédé qui veut te tuer pour ta fête d'anniversaire – alors tu te dis que ce n'est pas totalement impossible. Et même si elle te réponds que non, tu ne la croira absolument pas. Parce que tu veux que ce soit vrai.

Ton attention est finalement appelée par un bruit étrange à ton oreille. Tu entends un petit cri étouffé, suivi de bruits de déglutition. Tu te tournes vers ce nouvel événement, découvrant avec effroi que le Tenefix de l'inconnu se trouve actuellement dans le gosier de ton Dracolosse, suçotant le petit pokémon comme s'il s'agissait du meilleur repas de sa vie. Tu connais ton gros lourdaud, tu sais que ce n'est pas le Tenefix qui l'intéresse, mais ce qu'il avait à offrir. « Crache-moi ça ! » hurles-tu en tapant sur le bras du dragon. Il te regarde, perplexe. Vous vous fixez sans plus bouger l'un et l'autre durant une longue seconde, puis il réalise sa bêtise. Aussitôt il recrache ce qu'il avait en bouche, essuyant tant bien que mal son nouvel « ami » de sa bave, grognant doucement en guise d'excuse. Il lui tapote le sommet du crâne, comme pour dire qu'il est « comme neuf ». Enfin, il se tourne vers toi, l'air désolé, grommelant tu ne sais quoi, mais tu comprends ce qu'il essaie de t'expliquer, simplement parce que tu le connais par cœur. « Je suis vraiment désolé, c'est... Il voulait les cailloux, en fait. C'est un ventre sur patte, on pourrait lui présenter sa mère en lui disant que ça se mange que- ». Tu t'arrête net. Terrain glissant. « Euh. Je. EH REGARDE LA-BAS ! ».

Tu t'es tourné au hasard dans une autre direction, pointant du doigt sans vraiment regarder avant. Perdu pour perdu, tu te décides à t'enfoncer dans l'improvisation. Sauf que tu aurais mieux fait de t'abstenir, puisque ton index manque de se loger dans le nez de cette policière qui vous tend son badge au visage. Elle réclame votre aide pour... Et bien, pour ce qui se passait autour de toi que tu avais oublié l'espace d'une dame-qui-n'en-est-pas-une. « Euuuuh... ». Voilà tout ce que t'es capable d'articuler. Tu regardes les deux femmes à tour de rôle, à plusieurs reprises. Peut-être même un peu trop vite, parce que l'espace d'un instant, tu as cru voir quelque chose de pas normal sur le visage de la dame – pas la jeune-jeune, la moins jeune. La non lapine.

Tu clignes des yeux, comme pour effacer cette image qui ne veut pas partir. Elle est imprimer dans ton esprit. Alors tu prends peur. Tu retires à toute vitesse ta veste et tu la jette au visage de cette autre inconnue. Tu recules d'un pas, par sécurité. Et tu ne bouges plus, jusqu'à ce que madame retire la veste de sa tête par elle-même.
Et là, c'est le drame – bis, en fait. Ce que tu as vu – ou cru voir – n'est plus. Pouf, disparu. Ton geste aurait pu être la cause de sa disparition, mais c'est impossible. Tu reprends même ta veste à toute hâte pour l'inspecter, mais rien. Elle est tout aussi impeccable qu'avant ton agression totalement gratuite, finalement. « Je... ». Tu bégaye beaucoup aujourd'hui décidément. Tu prends une grande inspiration pour te calmer. « J'ai cru que... ». Tu hésites. Mais puisque tu as déjà les deux pieds dans la sauce, autant plonger complètement. « J'ai cru que vous aviez la tête en feu. Mais en fait non ». Tu ris nerveusement. Un rire qui s'efface relativement vite, remplacé par un soupir.

Désespéré, tu tends tes deux poignets vers l'agente. « C'est bon, menottez-moi, j'ai été suffisamment vilain ». Tu clignes des yeux à plusieurs reprises. Tu prends conscience de tes mots très tendancieux, prononcé envers une femme que tu viens gentiment d'agresser. « Non je-. C'est pas ce que je veux dire, je-. Je... ». Réfléchis, et vite. Il faut te sortir de cette mouise. « J'aime les monsieur aussi, ok ! ». La raison est en train de se noyer dans la honte. Comme toujours, quand tu paniques et que tu n'es pas à l'aise, tu deviens complètement con.

Peut-être que tu ferrais mieux de te jeter dès maintenant dans la lave.

Lorsque je parle avec le jeune homme, j'ai pas l'impression qu'il m'écoute. En fait, je sais même pas s'il est là, genre là quoi, ou alors qu'il est dans la stratosphère et qu'il atterrit doucement sur Terre. En tous les cas, il a l'air un peu bizarre. Et encore plus bizarre d'ailleurs quand, d'un coup, je me tourne et je le vois beaucoup trop proche, brisant mon espace personnel comme s'il n'existait pas. Et là, je le sens et le vois toucher une de mes oreilles de lapin qui sort de la casquette en me demandant si elles sont vraies. Euuhhh... Je réponds quoi, moi ? « Oui elles sont vraies, je peux même les bouger » ? Je pourrais, ce serait vraiment drôle de voir sa réaction, mais euh, étant donné la transe dans laquelle il a l'air de se trouver, ça va être une très mauvaise idée parce qu'il va me croire. « Euh ? Bah non, évidemment que c'est pas des vraies. » Je finis par lui répondre - j'ai failli rajouter un « t'es con ou quoi ? » mais je me retiens. Je le connais pas, alors je préfère ne pas faire de mauvaises blagues, on sait jamais ce qui-

Et là, du coin de l’œil, je vois un truc violet se faire aspirer – au sens propre hein – et hop, y a plus de Tenefix. Mais j'ai pas le temps de réagir que c'est l'homme en face de moi qui réprimande son pokémon et le fait recracher le pauvre Ten avec un gros bruit bien dégueulasse, et comme si c'était aussi simple, il l'essuie genre « ok c'est tout bon ». « Beurk. » Je peux pas m'empêcher de laisser sortir cette réaction. Ok je m'en fiche de l'étiquette et tout le blabla, que je préfère mille fois aller me rouler dans la boue, mais euh de la bave de ce gros machin ? Pouah non. « Ten, je t'interdis de t'approche de plus de dix mètres de moi jusqu'à ce que tu sois propre. Vraiment propre. » Le Tenefix me regarde avec une mine à la fois dégoûtée et triste, et en même temps il jette des coups d’œil blasés au pokémon qui l'a gobé. Même Coco s'est réfugié près de moi et se bouche le nez.

Du coup, le gars commence à s'excuser et je comprends rien à ce qu'il me raconte : de quelle mère il parle là ? Et, que, quoi ? « HEIN ? » Alors parfois je me trouve un peu perchée, mais là j'ai trouvé pire que moi. C'est incroyable. Un spécimen contre lequel tonton pourra jamais rien faire, magnifique. Splendide. J'ai un alter ego qui pourra le rendre hors d'état de nuire ! Enfin, en attendant de trouver le plan parfait pour faire chier au maximum tonton, je me tourne vers là où il a pointé son doigt et PAF presque dans le pif de la policière – qui, d'ailleurs, a débarqué de nulle part. C'est la fête aujourd'hui ou quoi ? D'abord un cratère qui fait un feu de joie, et maintenant des gens aussi chelous que moi. Les planètes sont alignées, c'est sûr.

D'abord, je suis étonnée de voir quelqu'un débarquer comme ça. Et elle demande de l'aider pour, justement, aider ceux qui sont dans le besoin. Elle a du croire qu'on faisait les pitres au lieu de prendre la situation au sérieux – et franchement, je lui en veux pas si elle a pensé ça. Alors que je m'en vais lui répondre – j'ai des manières quand même – je vois un gros machin se jeter sur sa tronche. Et ce machin, c'est la veste du gars au pokémon qui gobe tout. Et là, il est parti. Il part sur un tas de trucs à dire pour s'excuser mais pas vraiment, et je peux pas m'empêcher de rire. Non mais vraiment, je ris. Et il termine par un truc, j'explose de rire encore plus, je me retiens même pas. Coco et Ten me regardent comme si j'étais devenue folle, et ça doit pas être sympa pour le gars, mais là franchement, chapeau bas, j'ai jamais vu ça de ma vie c'est beaucoup trop drôle. Comment il peut réussir à effacer toute crédibilité en moins de cinq minutes ? Non, c'est trop, c'est beaucoup trop.

En tout cas, une fois que j'arrive à me reprendre un peu, je me dois de m'exprimer. « D-Désolée, je pouvais pas, c'était plus fort que moi ! » J'ai encore des restes de rire qui traînent là dans la gorge, au secours je vais repartir sur un autre élan de rigolade. « Euuuhhhhh tu sais, les goûts et les couleurs, chacun ses loisirs hein... Euuhhh pffff voilà quoi. » Je laisse un nouveau rire s'échapper, mais il est bien plus court cette fois-ci et je parviens à me calmer.

Je tourne – enfin – mon attention vers la nouvelle venue. La pauvre, elle doit avoir envie de fuir loin, très loin. Bon, en vrai moi aussi, mais pas dans la même direction je pense, parce que j'irais direct dans le cratère pour voir jusqu'où cette journée me guide. « Alors, avant d'être interrompus, ouaip, on peut aider. Enfin, moi oui, lui je sais pas s'il peut nous aider ou s'il préfère aller se cacher dans un trou – autre que le cratère, j'entends. On vient de se rencontrer donc bon. » Je hausse des épaules en mode « j'en sais rien de sa vie donc j'émets des hypothèses avant qu'il dise encore d'autres bêtises, probablement ». Quand je pense que c'est plutôt safe, eh bah non, y a Ten qui arrive, je le sens – littéralement – arriver et je recule d'un grand pas. « Ah non, très certainement pas ! » Le Tenefix croise les bras, un peu mécontent. « Si l'un d'entre vous a un pokémon eau pour l'asperger, ce serait gentil... s'il vous plaît... » Le pokémon ténèbres se met à regarder tour à tour les deux autres dresseurs, en se demandant comment ça va se passer.

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Tu ris nerveusement. Tu te redresses, rabaisse tes bras en récupérant ta veste que tu remets sur tes épaules et tu te racles la gorge. Un acte qui vise surtout à faire le tri dans ton esprit. C'est bon, tu t'es bien ridiculisé, mission accomplie. Maintenant, on respire un bon coup et on se ressaisie. A présent, tu peux être toi-même – ou presque tout comme. Il ne peut plus rien t'arriver, on ne peut pas te juger plus que présentement et tu ne peux pas être plus décevant. Tu ne peux que briller, étonner, impressionner – bon, peut-être pas jusque là non plus.

La gêne qui avait pris le contrôle de tout ton corps s'évapore. Tu n'as jamais été fort pour faire de nouvelles rencontres, encore moins quand une catastrophe naturelle est en train de se dérouler sous vos yeux. Tu te dis au moins que tu as su faire mouche avec la plus jeune des deux dames, qui n'arrive visiblement plus à respirer convenablement tant elle ne sait contrôler son rire. « Elle va survivre la dame ? » souffles-tu en la regardant agoniser. Tu ne veux même pas t'excuser, parce que sa réaction te permet de te sentir un peu plus à l'aise dans tes pompes, un peu plus « toi ». Et puis, tu te doutes bien qu'elle ne va pas en mourir – du moins tu l'espères.

Tu ne dis rien de plus, te montrant sage comme une image. Tu hoches juste la tête quand l'autre te dit que tu ne peux pas finir en prison pour si peu, approuvant ses dires, un peu pour dire « oui oui, je suis stupide ». A vrai dire, tu attends que la première reprenne son souffle. Et quand ce fut enfin le cas, tu n'as pas le temps d'ouvrir la bouche qu'elle enchaîne en te taclant sans aucune retenue. « Aoutch. » lâches-tu en mettant une main à ton cœurs. Nul besoin d'être aussi théâtral, mais comme toujours, tu ne sais répondre autrement que par l'humour, quelle que soit la circonstance.

« Je peux aider, j'vous jure ». Tu ne sais pas si tu peux être d'une grande aide, mais tu peux au moins le prétendre. Tu as déjà démontré l'une de tes facultés. Ton truc à toi, c'est de divertir, d'être un idiot. A défaut, de jouer de la musique. Et aucune de ces cordes de ton arc ne peut être utile présentement. « J'ai au moins deux bras et deux jambes utilisables. Et pour le bien de tous, je n'utiliserais pas ma tête ». En es-tu seulement capable ? Non, puisque comme l'idiot du village que tu es, tu agites tes membres à mesure que tu parles, comme pour prouver qu'ils sont bien là et mobile. A croire que la gêne est resté greffé à ton être tel un Kokiyas à son rocher.

Au milieu de votre drôle de conversation, la lapine s'offusque lorsque son Tenefix se rapproche d'elle. Tu jettes un petit regard à ton Dracolosse qui détourne son attention, l'air innocent. Il a, en temps normal, une bonne haleine et une hygiène irréprochable. Tu veilles à ça. Et quand ce n'est pas le cas, c'est qu'il est aller manger un truc pas claire lorsque tu avais le dos tourné. Tu ne sais quoi et tu ne veux pas savoir. Ce n'est pas le moment de le gronder – de toute façon ça ne sert à rien, son estomac reste incontrôlable. Ce serait comme te demander à toi de ne pas être un crétin. Vous êtes tous deux des causes perdues.

Tu te retournes aussi sec vers la jeune dame qui demande un pokémon eau pour doucher le sien. Tu clignes à plusieurs reprises des yeux, surpris, perplexe. « Euuuuuuuuuuuh.... ». Tu fais un pas vers Polar resté assis sagement près de toi, le désignant du bout des bras que tu agites légèrement, voulant dire « T'es aveugle ou stupide ? ». Évidemment, tu n'en diras rien. Ok, Polar n'est pas comme tous les autres Aquali. Mais il reste une espèce assez populaire et connue du grand publique. Tu en conclues alors qu'elle est au moins tout aussi bête que toi. Ce qui veut dire que madame la policière est tombée sur les pires gueux pour l'assister.

Tu la laisses d'ailleurs s'occuper de nettoyer la bête, libérant un splendide pingouin. Un gros pingouin. Tu ne sais pas si c'était une tentative pour vous montrer qu'elle en as des grosses, mais tu te dis qu'elle aurait pu s'abstenir. « Bravo, beau lancé. » dis-tu en applaudissant sarcastiquement. C'était aussi beau qu'inattendu. Tu l'estimais un peu plus meilleure que vous et finalement voilà qu'elle est tout aussi pire. En voilà une belle équipe.

Tu n'as pas besoin de dire quoi que ce soit que Flick a déjà réagit. Après tout, tu viens d'une famille qui se bats corps et âme pour la protection et le bien-être des pokémons. Alors forcement, les tiens ont développé les bons réflexes pour venir en aide à leurs congénères en détresse. Le Dracolosse s'est envolé aussitôt que le Tenefix a décollé. En quelques secondes, il le rattrapes avant qu'il ne s'écrase comme une crêpe au sol – ou pire, qu'il ne plonge dans la lave. Flick revient, ronchon, le petit pokémon dans les bras. Il le dépose dans les bras de son humaine, puis s'éloigne tout en ronchonnant encore. Il n'est pas vraiment en train d'engueuler l'agente, mais bien en train de râler d'avoir bouger son gros fiac, feignant qu'il est. Bon, il doit y avoir tout de même un peu de jugement dans tout ça. A côté, l'Aquali ricane.

« Je penses qu'il vaut mieux, pour le bien de tous, que tu restes le cerveau et nous les muscles ». Voilà, les bases sont posées. Au même moment, Polar lâche de petites bulles d'eau qui virevolte autour de vous, comme pour narguer l'autre, un peu pour dire qu'il aurait été plus efficace. Tu souris nerveusement, quelque peu gêné. Tu ne veux pas que la dame pense que vous la prenez de haut. Tu sais que tu n'es qu'un débile. Mais ton Aquali est loin de l'être et il le sait. « BON EUH. Ce trou, là. Les gens. Voilà ». Tu ne sais pas trop quoi dire pour détourner l'attention de ton animal à la fierté plus grosse que ton dragon.

« Là-bas ! ». Il n'y avait rien, évidemment. Mais tu devais bien trouver quelque chose. Tu te dis qu'en avançant au hasard, vu le bazar, vous alliez bien trouver quelqu'un à aider. Sauf que tu n'as même pas le temps de faire trois pas que tu te prends les pieds dans un truc bizarre – et tu ne veux pas savoir ce qu'il en est. Tu tombes à la renverse, au milieux des décombres environnant. « Tout va bien ! » lâches-tu la tête pleine de poussières alors que Flick te ramasse tel un vieux torchon, t'attrapant par le col et le haut de ton pantalon. Tu lèves le pousse en l'air, toussant à plein poumon.

Tu donnerais cher pour être actuellement chez toi, sous ta couette, loin de tout ça.

Tout ce qui se passe depuis qu'on s'est rencontré est vraiment incroyable. J'ai l'impression qu'on tourne une scène humoristique pour la télé tant tout est... bizarre et drôle. Les choses se déroulent de manière tellement ridicule que je me demande si je suis pas en train de rêver. Mais l'odeur de poussière, de débris ainsi que la chaleur provenant du cratère me disent que non, pas du tout. Ce qu'il se passe est bien réel et rien ne pourra m'en faire sortir. En tout cas, quand je vois Ten s'envoler vers d'autres cieux, j'ai un doute sur cette réalité. Je sens d'ailleurs comme un gros blanc qui s'installe quand le pokémon se fait littéralement éjecter après le coup d'eau qu'il a reçu. Pour être honnête, je ne m'attendais pas à une aide prenant la forme d'un aussi gros et puissant pingouin, mais pourquoi pas... Disons qu'au moins, le boulot est fait, et là je peux être sûre que Ten est propre. Même le mec chelou est impressionné au point d'applaudir de manière très sarcastique. « Au moins, il doit avoir une belle vue d'ici. J'imagine. »

Je ne me fais pas de soucis – même si je devrais – parce que le pokémon qui voulait bouffer Ten s'envole pour aller le réceptionner et me le dépose dans mes bras avant de se remettre bien. « Merci. » Je lui dis, parce que sans lui en réalité, je ne sais pas comment aurait fini le pauvre pokémon ténèbres. Bon, du coup, il est tout mouillé, mais au moins il n'est pas collant et ne pue pas la bave, donc tout va bien, mes vêtements sont sains et saufs. A côté du pokémon qui a des ailes, je vois une autre créature de couleur blanche. J'avoue que, à part Coco et certaines espèces de Galar, je ne connais vraiment pas bien les pokémons... Donc je sais pas du tout ce que c'est comme créature, mais tous les pokémons de ces deux sympathiques, euh, camarades, sont très beaux. Faudrait que je leur demande à l'occasion de quelle espèce il s'agit, mais pour l'instant on a d'autres préoccupations.

L'affirmation du clown de notre trio peu probable est étrangement très intelligente. Oui bon, en vrai, je sais que les gens sont pas cons de la tête aux pieds et que quelque part y a une part d'intelligence, un minimum hein. Mais c'est toujours plus drôle de se moquer et de faire comme si les gens étaient bêtes, parfois. Bref. « Je seconde ça. En plus, avec cette autorité, je pense que c'est d'autant plus justifié. » C'est un peu comme si tonton était là, ce serait lui qui prendrait les choses en charge et serait le cerveau. Avoir été détective pendant toute sa vie, c'est totalement justifiable, et pour cette agente, c'est pareil. « On va bien se comporter et être dignes, promis ! » A peine ai-je dit ça que le gars du groupe tombe à la renverse je ne sais comment. A ce stade, c'est un don qu'il a de réussir à se ridiculiser verbalement ET physiquement. Après ça va être quoi, il va tomber dans la lave mais être toujours en vie parce qu'il a la bénédiction des Dieux ? J'ai l'impression que des choses totalement improbables peuvent se produire juste avec ces deux-là présents. Oh, et avec moi aussi, potentiellement.

Une fois qu'il est debout grâce à son pokémon – je me demande même si ce n'est pas sa mission principale à ce pokémon, que de le ramasser à chaque bêtise – je me tourne vers l'agente. « Ok, bah on y va alors je crois. Est-ce que t'as eu plus d'infos concernant ce cratère ou bien t'es arrivée un peu au hasard ici comme nous ? » Puisqu'elle est agente, elle a peut-être droit à des infos confidentielles transmis aux autorités, on ne sait jamais.
Je me dis que quitte à faire quelque chose, autant avancer tout en parlant. Je me dirige donc vers l'autre zigoto et je vois un tas de débris sur lesquels il a très probablement trébuché. Coco se jette sur ces bouts de débris et sautille dessus avec autant de force qu'il le peut, comme pour dire « voilà les vilains débris, je les ai punis ! ». Puis il regarde le dresseur avec un grand sourire. « Eh bien, on dirait qu'il t'aime bien, même si on vient à peine de tous se rencontrer. » Ce n'est pas difficile pour le Flambino d'aimer les autres, il a toujours eu cette facilité de faire confiance et d'apprécier les humains et les pokémons.

Bon, nous sommes là pour tenter d'aider des gens et voir ce qu'on peut faire. Euuuhh... Ce machin de cratère, je vois pas trop comment on peut faire. Enfin, y a des gens avec des pokémons eau qui balancent, bah de l'eau, et puis y a des gens plus loin qui se sont regroupés pour aider les blessés et tout. Maintenant qu'on sort un peu de notre bulle de clowns, je me rends compte que c'est vraiment la catastrophe. Oups. Et dire que c'était vraiment amusant depuis tout à l'heure quand même. J'imagine tellement un gros titre de journal « Flash info : des jeunes s'amusent près du cratère. N'ont-ils donc pas honte de se moquer du malheur des autres ? » sauf qu'on rigolait parce qu'on était juste cons. « Eeeettt donc, on doit commencer par quoi au juste m'dame l'agente ? Ça a l'air d'être le bordel partout, et je sais pas vous, mais j'ai aucune compétence pour flanquer des bandages aux gens. Euh, non pas que je veux pas le faire hein, mais je crois qu'ils vont en ressortir avec plus de bleus que de soins. » J'ai jamais fait ça, et vaut mieux pas qu'on me laisse des trucs pareils entre les mains. J'suis sûre que je peux finir par étrangler un pauvre gars juste pour lui mettre un bandage autour du poignet ou un truc du style.

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Quand ton dragon te repose au sol, tu continues de vider toute cette poussière de tes poumons. Ça brûle et tu as le sentiment que tous tes organes vont ressortir par ta bouche. Tu entends les deux dames parler, mais ça ne percute pas vraiment là-dedans. Il y a une promesse prononcée que tu as déjà bafoué, des questions et du bruit. Quand tu arrives enfin à y voir plus clair – par là tu entends réussir à respirer convenablement – tu comprends que ces petits bruits viennes du Flambino de la plus jeune qui semble vouloir te venir en aide. Ou peut-être te protéger, ce n'est pas très clair. Tout du moins, c'est relativement mignon. Tu décroches un sourire, essuie tes yeux humidifiés par la douleur et puis tu te penches vers le lapinou pour déposer ta main sur son crâne. Tu ne secoues pas sa tête, tu ne bouges pas du tout même. Il faut voir ça comme une accolade à son échelle, une façon douce de le remercier et de lui montrer que son geste te touche. Tu retires ensuite ta main délicatement pour la porter sur ton cœur en te penchant légèrement en avant, concluant tes remerciements de la sorte. « Un véritable amour ce petit, merci ! » dis-tu à l'attention de son humaine lorsque tu te redresses enfin, te tournant ainsi vers elle. Pour accompagner tes mots, Polar pousse un petit cri joyeux. Tout être se montrant adorable avec toi devient automatiquement son ami.

Tu fais quelques pas pour rejoindre le reste du groupe, en faisant bien attention à où tu poses les pieds. Tu entends la remarque de la brune sur ta maladresse que tu ne relèves pas. Tu approuves même par un petit rire. Parce que tu ne peux contester cette information là. Tu te montres ainsi le plus sage possible, ne prononçant plus aucun mot et écoutant simplement ces dames. Madame de l'ordre vous certifie qu'elle est arrivée là comme vous, par pur hasard. Mais est-ce vraiment le hasard que vos trois personnalités complètements différentes se retrouvent au même endroit, au même moment, dans un événement aussi atypique ? Ça fait un peu beaucoup d'un coup quand même.
L'agente vous explique ensuite un message qu'elle a reçue d'une collègue – visiblement. Ce que tu comprends, c'est que la police n'en sait pas plus que vous, pauvres manants. « Drôle de nature quand même. J'sais bien que l'humain fait des ravages, mais je ne pense pas que ce coin là du monde soit le premier à punir ». Loin de toi l'intention d'insulter mère nature, mais il faut tout de même admettre qu'elle a sacrément chié dans la colle. Où alors, elle est juste très mauvaise en lancée de boule en fusion. Ce que tu peux comprendre, tu n'aurais pas fait mieux. Pire encore, ça serait sans doute tombé au plein milieu de l'océan. Dieu soit loué, la poiscaille est donc épargnée.

Tu t'arrêtes dans votre progression vous rapprochant du cratère au moment même où madame le cerveau vous prie de sauter dans le cratère. Celle-là, tu dois dire que tu ne t'y attendais pas. Des idées de génies du genre, tu pourrais les trouver toi-même. « Wow wow wow ! Bouger des cailloux pour libérer un passant emprisonné c'est quelque chose, mais plonger dans de la lave en fusion ça ne fait pas partie de mes passions ». Tu commences même à te demander si elle est vraiment agente. De toute façon, tu n'as aucun moyen de le vérifier. Que sa plaque soit fausse ou non, tu restes incapable de faire la différence.
Tu fais quelques pas vers le bord pour voir ce qui s'y passe. Effectivement la lave ne cesse de diminuer, grâce aux efforts des autres plus efficaces de vous, occupés à vous tirer dans le lard. Et ces mêmes joyeux lurons s'improvisent pompier du dimanche en descendant au cœur même de ce cratère encore tout chaud. Tu as l'impression d'observer une fourmilière. Et voir ces bons gens se glisser dans ces réseaux sans se soucier de si la lave s'y cache te fait froid dans le dos.

« Je ne suis loin d'être un cerveau, encore moins les muscles, mais le suicide ne fait pas non plus partie de mes compétences ou même de mes ambitions ». Tu marques une pause pour te retourner vers tes compagnons d'infortune. « Mon truc à moi c'est le divertissement, le parfait idiot qu'on pose là pour oublier ses problèmes. Donnez-moi n'importe quel instrument, j'animerais vos noces funèbres ». Et ça fait ding. Ding ding dans ton petit cerveau de moineau. Voilà comment tu peux te rendre utile ; jouer l'appât. S'il y a bel et bien une drôle de bête cachée là-dedans. Un pokémon en colère tout au plus.
Tu prends une grande inspiration, soupirant lentement, observant une fois de plus ce qui se passe en contre-bas. Au fond, n'est-ce pas dans ta nature de braver tous les dangers improbables et en sortir indemne ? Après tout ce que tu as vécu depuis ton arrivée à Galar, peut-être bien que ce ne sera pas aussi terrible cette fois encore. « Ok. Je suis ». C'est complètement à l'opposé de tout ce que tu viens de balancer, mais n'est-ce pas là l'essence même de ta personne ?

La dame te dit s'appeler Asuna, demandant par la même occasion vos petits noms respectifs. « Machin, ça me va bien. » dis-tu en rigolant. Ce serait même plus simple que ton véritable prénom qui en fait trembler plus d'un. « Haeshle. Mais vous pouvez m'appeler Ash. Ou mASHun, voir peut-être deux. » ou trois ou quatre, bref, autant taire cette blague dans ton esprit d'enfant idiot.
Une fois le prénom des deux dames en ta connaissance, tu te penches au dessus du trou, les mains sur les hanches. « Et comment qu'on descends ? ». Une pattes se dépose sur ton épaule à l'instant même où tu termines ta phrase. Il s'agit de Flick qui te fait comprendre qu'il est prêt à te déposer plus bas. Parfait, à un détail près. « Tu ne vas pas pouvoir transporter tout le monde mon gros, pokémons inclus ». Tu te tournes vers Asuna, déduisant qu'elle dispose de bien plus de pokémons que Livia et toi. « Tu aurais un pokémons vol dans tes poches ? Ou une autre solution ? ». Malgré toute la volonté du monde, ton Dracolosse ne pourra transporter que deux personnes. Et encore, tu estimes que c'est même un peu trop pour lui.

J'observe les deux personnes ainsi que les pokémons, et au final je me dis que... bah, ça va être bien drôle comme journée. Déjà que j'y connais strictement rien en terme de pokémons et de machins naturels... Alors si on a un mec qui est aussi habile qu'un nouveau né, moi qui sait clairement rien – qu'on peut aussi qualifier de bête, mais bon, je préfère dire que j'ai juste euuhh beaucoup moins de connaissances que la moyenne. Bref. On est bien barré. En tout cas, je ne peux que garder le sourire quand Coco montre qu'il aime bien le maladroit de service et qu'en retour, il reçoit un gentil petit pat sur la tête. Le Flambino lui affiche alors son plus beau sourire et pousse un petit cri indiquant qu'il est tout content. Pour être honnête, je ne sais pas ce qu'on est censé répondre à ce genre de compliment pour son pokémon, alors je lui souris juste. C'est... Toujours un peu délicat quand d'autres humains interagissent avec moi. Je sais jamais comment me comporter, et encore moins quand on parle de manière normale avec des mots gentils. Avec tonton, on s'envoie souvent des piques, et c'est la façon la plus simple et naturelle pour nous de communiquer entre nous. Mais dès que c'est quelqu'un d'autre, je sais jamais sur quel pieds danser.
Enfin, heureusement que les pokémons sont là.

L'agente répond à mes questionnements, et c'est pas si étonnant ce qu'elle dit. C'est arrivé si vite et d'un coup que tout le monde doit être déboussolé. Le fait qu'elle évoque ensuite que l'on déplace les gravats et voir si on peut aider des gens qui sont coincés, moi ça m'irait ; au moins je peux me dépenser physiquement, ce sera un bon exercice. Sauf que, évidemment, ce ne sera pas aussi facile. « J'pense pouvoir dire que je suis plus côté muscles, mais euh aller affronter la lave, j'sais clairement pas comment on peut faire... Il suffit que la lave éternue et on est cuit. Littéralement. » Et à côté, j'entends les paroles du gars qui nous parle d'animer nos noces funèbres. J'oublie évidemment pas qu'il s'est traité lui-même d'idiot, donc logiquement je peux faire référence à lui de la même manière. Cool. « Eh bah, j'ai hâte de te voir faire l'idiot à nos funérailles alors. J'suis sûre que pour compenser, t'as au moins cent fois plus de chances que nous de t'en sortir. » C'est quoi déjà l'expression ? « Seuls les idiots ne tombent pas malade » ou un truc comme ça ? Je pense que ça vaut aussi pour le reste, pas seulement les maladies.

Bon, dans tous les cas, retournement de veste et hop, l'idiot aussi veut finalement tenter l'expérience. Bah ok. Cool. Perso je sais pas trop ce que je fais là, en vérité, je suis équipée de rien mais pourquoi pas... Assister à la naissance d'un cratère puis l'explorer ? Meilleure histoire au monde, tonton va être jaloux. Ou me prendre pour une folle, mais ça c'est pas nouveau.

Et maintenant que madame l'agente le dit, c'est vrai qu'on ne connaît toujours pas nos noms. Ha, ça peut être pratique en effet. « Ok, hASHe de guerre, mASHuit, bref, je sais pas combien t'es dans ta tête, mais ça doit être la fête tous les jours. » J'avoue n'avoir jamais compté on était dans MA tête, mais est-ce vraiment utile ou un problème ? « Et moi c'est Livia. Faut qu'on signe un testament avant de descendre ? » Je pose la question un peu au hasard, on sait jamais hein. J'ai strictement rien à léguer, à part mes pokémons, mais ils seront bien avec tonton, si jamais. Si jamais.

Ash pose une question, pour le coup, intelligente : on descend comment ? Ce truc est un cratère qui vient de se former, et forcément bah on peut pas descendre comme si c'était une simple randonnée sur une montagne qui a été piétinée pendant des siècles. Le pokémon de Haeshle fait comprendre à son dresseur qu'il peut voler et est capable de devenir le moyen de transport. « Je peux toujours rappeler Coco et Ten dans leurs pokéballs, d'ailleurs c'est ce que je vais faire dans tous les cas pour pas qu'ils se blessent dans le cratère. » Les deux concernés me regardent, et ne semblent pas tout à fait d'accord avec mon raisonnement, mais je préfère les savoir sains et saufs tant qu'on ne sait rien de cet endroit. Et puis après, si on voit que tout est ok là je les laisserais sortir à leur guise. « Mais j'ai pas de pokémon qui vole. Enfin si, j'en ai un, mais il est tout petit alors il pourra pas transporter qui que ce soit. » C'est bien dommage d'ailleurs. Si Midnight avait déjà évolué en Corvaillus, on aurait eu un pokémon de transport de choix – et je sais que le petit a hâte d'évoluer et de faire son fier.

Je regarde un peu autour, et le cratère est très grand, mais nous ne sommes pas les seuls à vouloir descendre. On dirait qu'il y a un mécanisme qui a été posé, un peu à la va-vite, mais qui est là. « Soit ton pokémon peut faire des allers et retours pour nous porter jusqu'en bas, sauf si Asuna tu as un autre pokémon volant, soit on peut se séparer quelques instants et prendre le machin là-bas. » Je pointe du doigt le mécanisme qui ressemble à une grue avec des cordes et une sorte de mini passerelle métallique avec des parois pour pas tomber. C'est quelque chose d'assez sommaire mais pour l'état d'urgence de la chose c'est correct.

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