TW : évocation d'infanticide.

Notre regard balaie, une à une, chaque pièce de la maison, en finissant par la chambre parentale. Les objets appartenant à Daniel et Nicolas nous sautent aux yeux. Surtout ceux de l'enfant, en fait. Même absent, le désordre qu'il mettait dans les lieux continue de se manifester sous la forme de jouets et autres affaires que ses parents n'avaient pas pu voir pour les ranger. Ou alors ils n'avaient pas eu le temps avant le drame. Cette pensée m'arrache une grimace de laquelle le visage attristé de Cannelle ne laisse rien paraître. Elle est parfait dans son rôle de femme qui a perdu toute sa famille revenant pour la première fois sur les lieux du drame. Les policiers ont demandé à effectuer une reconstitution des faits avec elle, pour étoffer son témoignage. C'est aussi l'occasion pour elle de constater une nouvelle fois les dégâts faits à son habitation. Les flammes n'ont épargné que peu de choses, sauf certains jouets de Nicolas dont les couleurs vives parviennent encore à se manifester à travers les pièces noircies.
Les forces de l'ordre autorisent Cannelle à évoluer chez elle, elle n'est pas suspecte. Cette dernière se retrouver dans la chambre d'où Alphyr l'a extirpée, face aux restes du lit sur lequel elle a subit les sévices donnant de la crédibilité à son rôle. Ses lèvres se pincent, elle demande à quitter la pièce. Entrer dans le salon est difficile aussi, lieu du pire crime, mais ça ce ne sont que des apparences qu'elle se donne.
Heureusement, tant la maison que son mari étaient bien assurés, même s'il faudra bien sûr toujours prétendre qu'aucune compensation financière ne pourra refermer la plaie béante dans son cœur. Cette dernière sera toujours à vif, jusqu'à ce qu'elle les rejoigne à son tour dans la mort. Ce n'est qu'un petit écart par rapport à la vérité, car cette blessure est bien présente, mais elle s'est formée lorsqu'elle est tombée enceinte et s'est déchirée à la naissance de Nicolas. Cette période et les années dérobées par cet enfant ne trouveront jamais de compensation. Au moins, passé la période de deuil et d'enquête, la vie de Cannelle s'annonce financièrement confortable et nous n'allons pas nous en plaindre. L'opération était menée dans ce sens aussi, le succès est total.

Cannelle se plie à la restitution des policiers. Nous connaissons le scénario par cœur, nous souvenons de chaque fait énoncé aux enquêteurs afin de ne jamais nous contredire. Les détails ont été donnés rapidement, mais pas dès le départ pour ne pas paraître suspecte, le choc l'en empêchait. Nous nous en souvenons également et n'en ajoutons pas. Le récit se concentre toujours sur la mise à mort de l'enfant, sur le discours de la mère qui sera éternellement sous le choc d'avoir eu à voir la pire des choses. Les sévices qu'elle a subit par la suite sont accessoire comparé à cette vision qui restera à jamais gravée dans sa rétine.
Nous nous revoyons ouvrir le corps de Nicolas. C'est vrai que nous n'oublierons jamais ce moment. Il suffit de fermer les yeux pour revivre la scène à la seule différence que ce n'est pas de la peine qui s'exprime, mais l’irrépressible envie de sourire. Bien sûr, nous ne pouvons nous le permettre devant les policiers alors, même lorsque nous rejouons la scène, nous ne pensons pas vraiment à Nicolas.
Daniel ne traverse notre esprit que lors des considérations financières ou que nous songeons à la pâtisserie.

Pour le moment nous vivons toujours à l'hôtel, mais il est évident que nous allons devoir déménager.

Nous passons la soirée à réfléchir à nos options de déménagement. Il faut que nous nous prenions en compte, ainsi que la pâtisserie et la réaction de nos parents. La temporalité jouera également un rôle, mais c'est une problématique secondaire sur laquelle nous ne nous pencherons qu'une fois notre futur lieu de vie défini. Il ne faut pas partir trop tôt, ni trop tard, donner l'impression d'avoir essayé et que ce changement est nécessaire pour que l'on puisse se reconstruire après un tel drame.
Nous aimerions retourner près de Flusselles, près de la tombe de Madeleine. Ce serait aussi plus pratique pour les contacts avec Adrian et je serais plus proche d'une base importante de la Team Galaxie si les informations que j'ai réussi à glaner en laissant traîner mes oreilles sont bonnes. Pas à Fluselles même par contre, pour ne pas retourner vivre dans les lieux de notre enfance, pour ne pas retrouver trop facilement cette placette sur les pavés de laquelle le sang de notre sœur a coulé. Mon regard se perd sur nos chaussures, je vois une flaque de liquide rouge qui avance sur le sol de la chambre d'hôtel et finit par toucher mes semelles. Ce n'est pas très productif, de penser à Madeleine. Nous secouons la tête et retournons à nos réflexions.

C'est la ville de Mozheim qui finit par retenir notre attention. Elle est de taille correcte, charmante si nos souvenirs sont bons, et reliée à Flusselles par un train rapide ce qui évitera à Cannelle d'avoir une voiture. Certes c'est un équipement pratique, mais elle nous rappellerait trop Nicolas puisque le transporter était la seule raison pour laquelle nous l'empruntions. Nous n'avons jamais particulièrement aimé les voitures, depuis les cris interminables sur le siège arrière sous prétexte de trajet trop long ou de tétine tombée, nous les détestions. Comme beaucoup de choses du quotidien qui touchent au parasite qu'était cet enfant. Il faudra faire un travail sur nous-même à ce sujet, un jour, car il est objectivement stupide de se priver d'équipements du quotidien à cause de lui.
Bref. Mozheim. Je me demande s'il y a déjà une pâtisserie qui veut quelque chose là-bas, quels sont les prix de l'immobilier et des locaux. Il faut aussi que nous définissions ce que vaut déjà notre maison et notre pâtisserie. La maison, nous n'avons pas trop d'espoir vu son état, mais il faudra prendre en compte les assurances. Celles personnelles pour Daniel et Nicolas aussi, je sais que ses parents étaient trop prudents. Bien qu'il n'en parlait pas, il a forcément souscrit à plusieurs sous la pressions familiale. Une bonne chose, pour une fois. Si cette même pression avait pu ne pas le pousser à vouloir un enfant aussi tôt, cela nous aurait évité bien des soucis ceci-dit. Peut-être même serait-il encore vivant... Cannelle hausse les épaules. Se poser ces questions ne sert à rien. Ce qui est fait est fait, nous sommes désormais en position pour reprendre la totale possession de notre vie.

Je la saisirai à deux mains sans plus jamais la lâcher. Sous aucun prétexte !

Si le train filait à tout allure lorsqu'il a quitté Flusselle, son rythme a ralenti en rejoignant les lignes plus vieilles qui permettent de relier Mozheim. Le temps de trajet reste raisonnable, une demi-heure au total. C'est le milieu de la journée, donc les wagons sont plutôt vides, mais nous nous faisons la réflexion qu'aux heures de pointes de nombreux travailleurs doivent faire le trajet entre les deux villes. Cannelle s'installe plus confortablement dans son siège et décide, plutôt que de nous interroger sur les mouvements d'employés, qu'il vaut mieux que nous nous intéressions au paysage aujourd'hui.
C'est étrange de prendre le train seule pour une autre direction que Flusselles. Les seuls trajets tels que ceux-ci que nous nous autorisions habituellement étaient ceux pour rendre visite à Madeleine, au cimetière de la ville précédemment désignée. Voir un autre paysage nous rappelle nos plus jeuens années, lorsque nous avons eu la chance de voyager pendant quelques mois avec nos pokémons avant d'être rappelées par la normalité de la vie que nous devions mener afin de ne pas glisser en marge de la société. Nous nous demandons si, maintenant que nous avions la Team Galaxie pour assouvir ces pulsions si dérangeantes pour le commun des mortels, il nous serait possible de nous engager à nouveau dans un combat pokémon sans les ressentir. Peut-être tenterons-nous une fois que nous aurons fait le plat et le calme dans nos vies. Cette initiative ne devrait pas être si choquante aux yeux de ceux qui connaissent Cannelle : se lancer dans de nouvelles expériences pour se reconstruire, ou chercher à renouer avec des passions passées fonctionne selon nous dans un processus de reconstruction.

Pour le moment, nous observons le paysage changer à l'arrivée de Mozheim. La végétation prend une teindre verte plus douce qu'aux abords de Flusselles. C'est comme si le calme s'abattait sur le paysage. De minces filets d'eau courent à travers le paysage, certains se rejoignant pour former de charmantes rivières, d'autres meurent sous la terre pour nourrir les champs qui s'étendent devant nos yeux. La partie montagneuse de la région est de l'autre côté, une partie de Mozheim est bâtie sur son flanc. La vue d'en haut est reposante, les bruits du mondes étant couverts par le ruissellement des cascaldes.
Bientôt la ville est en vue. Cannelle récupère son sac, à main, seule possession avec laquelle elle est venue aujourd'hui. Le but de sa visite est purement touristique : pour se remettre la ville en tête avant d'envisager une démarche de déménagement. Elle veut s'imprégner des rues, de son ambiance, de ce qui la constitue. Neuvartault était fort sympathique, nous serions attristés de tout quitter pour nous rendre dans un endroit qui ne nous inspire pas plus que ça. Nous souhaitons également observer la végétation locale, surtout les fleurs. Pour notre activité et que les capacités artistiques de notre floramantis puissent s'exprimer, nous avons besoin de terres fertiles ou de multiples variétés de fleurs peuvent germer et fleurir.

Le contrôleur annonce la gare, nous descendons.

Mozheim est une ville à l'envergure de Neuvartault, mais elle possède une ambiance radicalement différente. Ce n'est pas qu'une question de typologie, de terrain ou de couleurs : ce qui se dégage des lieux tranche avec la ville où vit Cannelle. Peut-être est-ce dû à son quartier résidentiel, où tout le monde salue tout le monde et où chacun se mêle des affaires d'autres pour s'intégrer socialement, ce qui est très visible lorsque l'on marche dans la rue, mais les rues de Mozheim nous paraissent bien plus discrètes. Si des gens sont à leurs fenêtres, c'est pour arroser leurs fleurs, lire des livres, ou laisser leurs regards se perdre dans le paysage, non pour baisser les yeux vers la rues et tenter d'observer les gens qui passent. Nous ne pouvons que rapidement noter ce point et le ranger dans la catégorie des qualités : un lieu de vie emprunt de discrétion générale ne peut qu'être un bon choix. Cette constatation reste cependant à confirmer alors il faudra peut-être commencer par une location de vacances et voir ce qu'il se passe avant de confirmer quoi que ce soit.
Cannelle continue de déambuler dans les rues de ce qui est considéré comme le centre-ville. Elle repère plusieurs petits commerces locaux, artisanals, qui ne sont pas relégués à des petites rues. Elle rentre dans plusieurs d'entre eux pour constater la surface dont ils disposent. Il faudra qu'elle se renseigne sur les loyers commerciaux de Mozheim quand elle aura du temps afin de pouvoir estimer à quel point ces petits commerces se portent bien. Selon les conclusions que nous en tirons, cela pourra changer des choses en vue de notre future pâtisserie.

La femme finit par s'éloigner du centre-ville, suivant les panneaux qui sont sensés la mener jusqu'aux cascades, le point d'intérêt de la ville. Les rues deviennent au fur et à mesure moins dense. Nous admirons la possibilité de nous déplacer facilement à pied sans être gênés. La ville n'étant pas si grande, nous jugeons qu'il sera aisé de la visiter en entier ou presque sur une seule journée. A moins que nous soyons tentées de nous perdre dans la nature lorsque nous serons aux cascades, en périphérie de la ville. Nous verrons en fonction de notre humeur du moment. Ce n'est pas comme si nous manquions de temps pour revenir au besoin. Une femme endeuillée de la sorte a le droit de prendre tout son temps tant qu'il lui reste de l'argent.
Elle arrive dans une rue où un cours d'eau traverse, il faut passer par-dessus un petit ponton, ouvert à la circulation, pour passer de l'autre côté. Il s'agit d'un canal qui n'a rien de naturel, ce qui nous déçoit un peu au vu des cascades proches. Peut-être que le cours naturel des choses faisait que le flux ne passait pas au bon endroit et qu'il a fallut le rediriger. Toujours est-il que la présence de l'eau doit indiquer que nous nous rapprochons.

Roselia lance Direct Toxik ! (random donne 34, 51 : pas de critique, pas d'effet). (- 42 PV) PV de Machoc : 38/80

Machoc lance Coup Double ! (random donne 38, 83 : l'attaque passe, pas de critique). (- 8 PV) (- 8 PV) PV de Roselia : 79/100

statistiques:

Les immeubles ou autres résidences comprenant plusieurs appartements dans le même bâtiment ont disparu de notre champ de vision. La partie de Mozheim où nous nous trouvons a un côté plus "rural" même si nous nous doutons qu'aucune des personnes possédant une de ces vieille fermes rénovées n'est agriculteur. Il y a une cinquantaine d'année, ça aurait été le cas, mais maintenant beaucoup des terres autour de la ville ont été revendues pour construire des lotissements. Ca qu'il y a de bien, c'est que contrairement à d'autres villes, ça ne se voit pas trop. Ces quartiers sont d'un côté de la ville qui n'est pas visible depuis la voie de chemin de fer. Cannelle traverse quelques rues bordées de grandes résidences rustiques, bien entretenues et fleuries qui nous plaisent beaucoup, avant d'atteindre un nouveau cours d'eau. Celui-ci est naturel, attire des yanmas et axolotos. Sans s'approcher trop pour ne pas les effrayer et risquer de provoquer un combat, elle les observe quelques instants avant de continuer à longer la mince rivière. Si elle remonte son courant, elle est sûre de finir par arriver aux cascades. De plus, le chemin est comme indiqué par un petit sentier visiblement entretenu par la ville. Les friches qui le bordent sont artificielles et bien entretenues. Rapidement, elle croise quelques habitants qui la saluent, comme c'est l'habitude dans l'ambiance de village. Cet environnement est très paisible, elle l'apprécie, même si nous préférerions ne pas croiser d'autres êtres humains afin qu'ils ne nous perturbent pas dans nos pensées.
Cannelle arrive ensuite au niveau d'un panneau qui indique que nous arrivons dans une zone où les pokémons sont pleinement autorisés à être hors de leurs pokéballs tant qu'ils ne dépassent pas une certaine taille. Nous sommes donc susceptibles d'en rencontrer avec d'autres dresseurs, ce qui nous pousse à sortir quelques-uns des notres de leurs pokéballs. C'est en général ce qu'il faut faire si on ne veut pas être embêté ou trop observer dans ces espaces : une personne sans pokémon attire l'attention. Après les avoir recherchées dans ses poches, Cannelle lances les pokéballs contenant notre floramantis, beldeneige et muciole afin qu'ils puissent goûter à l'air libre. Les trois créatures se font rapidement à l'environnement et sont visiblement ravies de pouvoir se promener en notre compagnie. Un instant, nous nous demandons si la présence de Gaelig, à cause de son chormatisme, ne risque pas de nous embêter, puis nous tirons la conclusion qu'il sera celui qui attirera l'attention plutôt que nous. Des études montrent que les dresseurs ayant des équipes constituées principalement de pokémons à l'apparence particulières, s'ils deviennent connus, sont moins reconnus dans la rue car on ne les identifie par par eux-mêmes, mais par les créatures qui les accompagnent dans les stades. Gaelig pourra donc être une forme d'assurance que l'on ne prêtera que peu d'attention à Cannelle, surtout que c'est un pokémon assez indépendant dont nous savons qu'il ne passera pas son temps collé à elle.

Fortes de cette conviction, nous poursuivons notre promenade en laissant nos regards et pensées divaguer face à ce beau paysage.