Une journée de repos, de repos total. Une chose est sûre, Roy n’en avait pas eu depuis un certain temps. Et pourtant, à cinq heure trente, son réveil sonne, comme chaque jour depuis quelques années maintenant. Dans la chambre encore complètement plongée dans l’obscurité, il soupire longuement. Il se dit qu’il devrait faire une grasse matinée, tout en sachant qu’il ne parviendra pas à se rendormir – il remercie son horloge biologique trop bien réglée – pas plus qu’il saura rester dans son lit sans rien faire. Soit. Il accepte son destin et se dit que se lever tôt ne l’empêchera pas de prendre du temps pour lui. Il se lève donc, délicatement, pour éviter de déranger son Iguolta venu chercher la chaleur à ses côtés durant la nuit. La journée commence.
Après s’être rendu à la piscine – comme tous les matins avant de se rendre au travail –, Roy rentre chez lui, dans son appartement. Déconnecter de ses articles, de ses mails ou des réseaux sociaux n’a rien d’évident pour lui. C’est pourquoi il coupe les notifications de son téléphone et s’interdit à ouvrir son ordinateur portable de la journée. Prendre soin de son corps, il sait faire, mais il est moins expert quand il est question de prendre soin de son esprit. Enfin, il a l’habitude de méditer une dizaine de minutes durant sa pause déjeuner, mais en dehors de ça, sa vie ne laisse aucune place aux loisirs. Pour aujourd’hui, les choses s’avèrent différentes. Roy décide de prendre ce roman qui traîne sur sa table de chevet – une recommandation d’Ernest, son collègue – depuis plusieurs mois sans qu’il n’ait pris le temps de l’ouvrir. Il contourne la bibliothèque faisant office de séparation entre sa chambre et l’espace de vie pour poser le livre sur une petite table basse près de la baie vitrée. Il fait alors demi-tour pour se rendre dans sa cuisine et se fait un café au lait d’amande. Sur le chemin du retour, sa tasse chaude dans une main, il saisit de l’autre le plaid posé sur le dossier de son canapé. Direction le grand coussin couleur taupe. Le journaliste se décharge de sa tasse, la posant sur le livre – la table basse n’étant pas assez grande pour pouvoir la poser à côté -, puis s’enveloppe dans le plaid avant de se laisser tomber sur l’énorme surface molle. Il s’installe, assis, une jambe repliée sous lui, et une fois bien calé, soulève la tasse pour récupérer le livre. Avant de l’ouvrir, il jette un coup d’œil devant lui, avec une magnifique vue du soleil se levant sur Volucité. Un sourire se dessine sur son visage tandis qu’il pose le livre sur ses cuisses. Sa tasse bien chaude désormais dans les mains, il commence sa lecture.
Dans les rues de Volucité, en ce début d’après-midi, l’effervescence commence à naître. Cette journée de printemps est un peu spéciale et, pour la toute première fois de sa vie, Roy y participe. Pour l’occasion – et surtout sous la pression de ses collègues – il revêt une tenue dont il est loin d’être coutumier, loin de ces chinos aux tons neutres et chemises aux coloris pastel. Aujourd’hui, il porte un débardeur en résille arc-en-ciel, avec un pantalon blanc. Autour de lui, la foule est vêtue de manière similaire, des couleurs, partout, mais surtout de la joie, de la musique, des drapeaux. Aujourd’hui se déroule la Pride de Volucité et Roy y participe. De lui-même, il n’y serait pas allé, ne se sentant pas faire partie d’une communauté spécifique, encore moins de celle-là. Pourtant, la discussion sur ce sujet avec ses collègues de la matinale l’avait conduit à s’interroger. Il est a des lieues de ces préoccupations d’identité de genre, de sexualité, ou autres ; il l’a toujours été. Alors manifester en ce jour symbolique n’avait jamais fait sens pour lui. Pour autant, il comprend sans difficulté les enjeux et les raisons qui poussent à avoir besoin de défiler comme ça dans les rues, encore à ce jour. Les discriminations, l’homophobie, la transphobie, existent encore bel et bien, ce sont des réalités. Alors, si Roy ne défile pas pour lui, il le fait pour les autres. En allié. Bien qu’il commence à considérer qu’il n’est peut-être pas qu’un allié, justement.
Par déformation professionnelle, Roy a bien plus l’habitude d’être un simple observateur, de loin. Là, il vit cette diversité de l’intérieur. Tout est joyeux, tout est festif. Il y a des revendications, au nom de la liberté, de l’amour. Et, si cela le dépasse de bien des manières, il voit une certaine beauté dans ce rassemblement. Chacun porte sa couleur, et tant d’autres à la fois. Il y a des discussions, plus ou moins sérieuses, des rires, de l’information. Au fil du flot et de la marche, Roy se retrouve à échanger avec deux drag-queens, chacune dans une tenue éblouissante. Du rouge, du bleu, du rose, du jaune, de l’iridescent. C’est à l’opposé de lui, dans l’extravagance, dans l’humour, là où il est discret et terne. Et pourtant, la parole est fluide, et cela lui apprend beaucoup d’un univers qu’il ne connait absolument pas. Malgré son ignorance et les propos parfois naïfs, il n’y a aucun jugement à l’égard du journaliste, et réciproquement. En même temps, il ne s’est jamais vraiment renseigné sur le sujet, ne s’est jamais posé de question. Il est comme il est et n’a jamais cherché plus loin. Il n’est jamais sorti avec personne, n’en a jamais ressenti l’envie ou le besoin. Si, de prime abord, il s’est toujours dit que c’est parce que seule priorité est sa carrière, il se rend petit à petit compte que les choses ne sont peut-être pas aussi simples. Puis il y a Willi. Sans être capable de définir ce qui se joue entre eux pour l’instant, Roy a bien conscience qu’il se joue quelque chose. Rien que pour cette raison, ce drapeau arc-en-ciel qui flotte partout dans les rues de Volucité aujourd’hui, cette bannière est aussi la sienne.
Pour Roy, la réunion à laquelle il assiste tourne à la prise d’otage. Deux responsables du personnel – ou quelque chose de cet acabit – enchaînent les banalités sur les relations sur le lieu de travail ; les relations autres qu’amicales. Le journaliste ne se sent donc absolument pas concerné. Il ne trouve du regard aucun de ses collègues, pour se sentir moins seul. Son attention se porte alors sur un élément du décor : l’horloge accrochée au mur, au-dessus de ces messieurs dames des ressources humaines. C’est une horloge tout ce qu’il y a de plus basique, circulaire, avec un fond blanc, des petits traits noirs tout autour du cadran pour signifier les heures et les minutes, pas de chiffre. Trois aiguilles argentées, la petite des heures, la grande des minutes, et la trotteuse. Roy retient un soupir ; cela fait exactement onze minutes que la réunion a commencé, sur une heure de temps. Il essaie de se faire une raison, de calmer sa frustration, mais il le perd, son temps. Il pourrait s’employer sur l’article sur lequel il travaille ou bien préparer sa chronique pour samedi. Ce n’est pas le cas, alors les yeux fixés sur la trotteuse, il espère voir les secondes passer plus rapidement. Il est si concentré sur cette mince aiguille qu’il croirait l’entendre. Tic, tac, tic, tac. Le temps s’égrène, de manière désespérément lente.
Intérieurement, Roy hurlerait, s’il n’était pas à ce point calme. Il essaie de décrocher ses yeux de cette horloge si centrale, dans l’espoir que ça ne remarque pas. Il trouve plus discret de lever le regard furtivement pour vérifier l’heure que de la chercher sur sa montre. Enfin, là, cela n’a rien de furtif. Alors à lui de se concentrer pour trouver autre chose, pour fixer son esprit sur un sujet constructif. Plus constructif qu’un papier à remplir ou des règles à respecter qui ne le concerneront jamais. Il n’a pas ce temps qui lui semble interminable. Les vingt minutes de réunion ne sont pas encore passées. Il s’agit là d’une torture psychologique dont il se serait réellement passé, un exercice de patience. Il suffirait au journaliste une seule autre personne pour se sentir moins seul, pour occuper un peu ce temps vide. Peut-être que cela passerait plus rapidement s’il essaie de se raccrocher à ce qui se dit. Il tente donc, mais décroche presque aussi vite. Il soupire, lève de nouveau les yeux à la recherche de l’heure. Inconsolable de ce temps qui n’avance finalement pas. Et Roy n’a rien d’autre que cette horloge à laquelle se raccrocher. Pour encore trente-quatre terribles minutes d’ennui.
En ce vendredi soir, Roy a quitté le journal plus tôt afin de se rendre à la Tour des Cieux, située au nord de Parsemille. Le voyage s'étant déroulé sans encombre, il s'éloigne désormais à pied de la ville aéroportuaire en direction de l'édifice sacré. Ses pensées sont lourdes, nostalgiques, mais surtout douloureuses. Cela fait trois ans. Trois années durant lesquelles tout a changé, toute la vie du journaliste. Flynn n'est pas simplement mort, il a été tué, cruellement, sous les yeux de Roy. Le souvenir est encore présent dans l'esprit du jeune homme, il émerge parfois, à partir d'un mot, d'un lieu, ou même rien de tout cela. Et ce, sans compter les cauchemars occasionnels. Alors oui, venir visiter la tombe de son Grotichon en cette date d'un sombre anniversaire a tout d'une évidence.
Pas après pas, Roy revient sur ces trois années écoulées. Il s'agit-là de l'événement déclencheur l'ayant conduit à intégrer la team Aqua. La colère - la rage, même - l'avait poussé dans les bras de cette organisation. Il cherchait à se venger d'eux, à retrouver les sbires ayant tué son pokémon pour leur faire payer, puisque la justice en était incapable. Il voulait les pousser à l'effondrement de l'intérieur, les détruire comme ils l'avaient détruit. Il n'était animé plus que par cela, par cet esprit de vengeance. Mais le temps faisant son œuvre, et l'implication de Roy au sein des Aquas grandissant, le positionnement du journaliste a évolué. Il a appris à connaître la branche unysienne de cette organisation, ses motivations, ses objectifs ; cela a fait écho en lui, en ses propres aspirations. Il a, entre autres, découvert que les assassins de Flynn n'étaient pas d'Unys, mais aussi les enjeux politiques de l'organisation tentaculaire. De ce drame, Roy a vu une opportunité de changer les choses pour le meilleur ; simplement pas de la manière dont il l'aurait voulu. Sans compter Willi.
Arrivé au pied de la Tour, Roy libère sa Lakmécygne. Flynn avait été son premier pokémon, confié durant son enfance, comme Gruikui ; Eolia avait été le premier pokémon sauvage qu'il avait capturé, comme Couaneton. Alors ils se sont longuement côtoyés, et la Lakmécygne a été grandement peinée de la disparition du Grotichon. Ce moment de recueillement, le journaliste et l'oiselle le partagent. Ils entrent dans l'édifice. L'ambiance y est solennelle, forcément : c'est un cimetière pokémon. En silence, Roy s'avance, monte au deuxième étage et se dirige vers une sépulture bien précise, à savoir celle de Flynn. Le journaliste s'assoit, et sa Lakmécygne s'installe à ses côtés. Ils attendent là, pensent, parlent un peu, surtout Roy. Il explique les avancées dans sa vie, dans sa vie civile, dans ses intérêts de dresseur aussi.
Le temps passe, l'émotion pas vraiment. Il ne reste à Roy plus qu'une chose à faire : grimper au sommet de la Tour et faire retentir la cloche qui y est abritée. Il paraît que son glas apaise humains et pokémons, et le journaliste - pour l'avoir vécu - y croit. C'est là sa dernière étape avant de replonger dans le rythme effréné de sa vie, pour un an.
Roy est perplexe. Cela fait quelques minutes qu’il observe Odell faire du lèche-vitrine sur son téléphone. L’assistant du journaliste profite des soldes pour s’acheter une nouvelle paire de chaussures, mais la difficulté réside dans le fait d’en choisir une seule, car ce ne serait vraiment pas raisonnable de craquer davantage vis-à-vis de son compte en banque. Cela ne l’empêche pas de s’extasier devant une pléiade de paires de basket, toutes plus colorées les unes que les autres. C’est là que Roy entre en jeu. Ou plutôt qu’Odell aimerait qu’il entre en jeu, pour l’aider à prendre une décision. Pour autant, le journaliste craint de ne pouvoir être d’aucune aide. Il possède des goûts très classiques et en a conscience, et d’autant plus en matière de chaussures. De son côté, il dispose d’une paire de tennis blanches, d’une paire de richelieu noire et d’une autre marron, et enfin des chaussures bateau bleu marine. Alors, face aux couleurs criardes de la sélection préliminaire d’Odell, oui, Roy est perplexe. « T’en penses quoi, monsieur le spécialiste des couleurs ? » Le journaliste ne sait pas quoi répondre à son collègue et ami. Il ne veut pas le froisser, sans être méprisant – ce n’est absolument pas son intention – à son égard, mais voudrait lui dire que cela risque d’être plus compliqué que cela. « Je crois que je suis un peu trop vieux jeu… » « Ah. »
Roy se sent un peu mal de ne n’être d’aucune aide à Odell. Le jeune homme est celui qui lui facilite la vie depuis plusieurs années maintenant, gérant son planning, ses déplacements, lui faisant les rappels nécessaires. Il ne survivrait pas au journal sans son assistant, alors pouvoir accorder ce petit renvoi d’ascenseur, aussi futile soit-il, lui ferait plaisir. « Après, je peux peut-être t’aider dans ton processus de sélection. » L’éclat se ravive dans les yeux d’Odell, mêlé à un peu de soulagement. Les minutes qui suivent, les deux hommes discutent, s’interrogent. D’autres de leurs collègues du journal vont et viennent dans la salle de repos, en profitent pour donner leur avis sur les quelques paires dans le panier du blond ayant encore survécu aux divers élagages. Certains s’investissent plus que d’autres, restent. Une petite assemblée se forme alors autour d’Odell, lui prodiguent les conseils qu’il était venu chercher auprès de Roy. Jusqu’à ce qu’il ne reste plus qu’une paire de baskets : la bonne. Il s’agit de baskets jaunes et blanches, avec un liseré rose vif sur le côté extérieur. L’assistant est tout excité, il est certain qu’il les montrera à tout le monde aussitôt qu’il les aura reçues.
Roy ne vit pas avec la peur au ventre. Peut-être devrait-il, au vu de la vie qu’il mène, ou plutôt de la double-vie qu’il mène. Pour autant, aussi paradoxal que cela puisse paraître, le journaliste tire une certaine confiance de sa méfiance. Il se sait en permanence sur ses gardes, il contrôle et vérifie chaque élément de son changement d’apparence, jamais dans le même lieu public, et Volucité offre le parfait terrain de jeu pour cela. Roy n’est certes pas recherché par les forces de l’ordre – à sa connaissance – mais des organisations concurrentes ou même des détracteurs de Colin au sein de la team Aqua pourraient chercher à le faire tomber lui ; l’un des prétendants à la succession. Mais cela n’empêche pas le journaliste de faire ses investigations, d’écrire ses articles, et même de s’afficher chaque semaine dans l’une des émissions les plus regardées d’Unys. Roy est un personnage public. Certes sa célébrité est toute relative, mais il reste exposé médiatiquement, et vise à s’exposer davantage encore avec le vlog qu’il souhaiterait mettre en place dans son cheminement vers la Ligue Pokémon. Ce n’est pas pour tout de suite, dans son esprit, mais il y pense. Alors ce surcroît de visibilité sur sa persona civile relève-t-il de l’amour du risque ou de l’inconscience ? En réalité, aucun des deux. Seulement, Roy s’est mis au clair sur une chose : sa vie de journaliste – sa vraie vie – primera toujours sur ce qu’il fait pour le compte des Aqua. Ou tout du moins il ne renoncera pas à son métier, jamais. Il s’agit de sa raison de vivre. Il a grandi avec le rêve d’être journaliste, de porter des idées, de combattre l’ignorance, de faire voir le monde tel qu’il est.
Pourquoi continuer d’être membre de cette organisation criminelle, dans ce cas ? Pourquoi prendre le risque de tout perdre, de perdre sa carrière pour laquelle il a tant travaillé ? Cela semble inconsidéré, cela l’est sans doute. Cependant, Roy ne compte pas arrêter là ses activités, ses projets au sein des Aqua. La team lui offre l’opportunité d’agir pour l’environnement, pour l’océan, de pouvoir intervenir face à ces entreprises que la justice ignore. En tant que journaliste, il ne peut qu’éclairer ces situations, les faire remonter à la surface. Pour autant, il se sent impuissant face à ces exactions. Sous son bandana d’Aqua, il peut intervenir – certes de manière illégale – pour protéger la faune et la flore maritime. Mais ses ambitions vont au-delà des océans, s’étendent à tous types de combats pour l’environnement. Défendre la planète sur laquelle il vit et qui la nourrit, Roy a compris que c’est là le combat de sa vie. Et pour ce combat-ci, il est prêt à prendre tous les risques.
Sur le trajet pour rentrer de la piscine, Roy sent son téléphone portable vibrer dans sa poche. Il le sort pour regarder de quoi il s’agit. C’est là un message de sa mère, un MMS visiblement. Le journaliste l’ouvre donc et y découvre une photographie sur laquelle il se reconnait sans mal. Il doit avoir trois ou quatre ans dessus, dans un pyjama à motif Babimanta, mais surtout avec un Oyacata en peluche dans les bras. Sa peluche Oyacata. Roy se souvient très bien de ce jouet. Il s’agissait de son doudou, qu’il traînait absolument partout avec lui. Il se fait la réflexion que c’est assez surprenant d’avoir trouvé une peluche à l’effigie de ce pokémon qui est loin d’être le plus populaire auprès des enfants. Il n’empêche que Roy l’avait voulue, celle-là et pas une autre. Il jouait avec, il dormait avec, il allait à l’école avec, il allait observer les pokémons dans l’eau sur le ponton avec. Il allait même aux toilettes avec, et le posait à proximité dans la salle de bain lorsqu’il allait se doucher. Cet Oyacata l’aura véritablement suivi où qu’il aille durant deux ou trois ans.
Le journaliste essaie de se rappeler ce qui a pu se passer pour qu’il laisse tomber le poisson en peluche. L’âge ? Roy suppose qu’on se détache de ces objets avec le temps, surtout publiquement, quand on veut paraître plus grand. Il n’empêche qu’il est fréquent de les garder au moins pour dormir, ou au minimum dans sa chambre, lorsqu’on vieillit. Certains adultes conservent encore un doudou. Pas lui. Il ne se souvient pas avoir conservé son Oyacata, à l’époque. Aujourd’hui, il trouve ça quelque peu dommage de ne plus avoir cette peluche comme témoin de son enfance, de cette période où les choses étaient bien plus simples. Roy pianote alors sur le clavier de son téléphone portable, il répond à sa mère. Il exprime son enthousiasme face à la découverte de ce cliché de lui et en profite pour demander à sa mère si elle saurait ce qu’est devenue la peluche Oyacata et si – par le plus grand des hasards – elle ne traînerait pas dans les cartons d’affaires dans le grenier. C’est là que les parents de Roy entreposent les souvenirs d’enfance de Roy et sa sœur et, puisque sa mère était déjà tombée sur un vieil album photo, pourquoi pas lui demander d’approfondir ses recherches. Le journaliste espère que sa mère saura trouver le poisson et qu’il aura l’occasion de le récupérer, ou que sa mère le lui envoie. Ce doudou humaniserait peut-être un peu plus la décoration de son appartement, qui ne dispose d’aucun élément réellement personnel jusque-là.
Perdre son pokémon n’a rien d’évident. Roy en sait quelque chose, et c’est pourquoi il tient à rester auprès de Ninon. La pauvre demoiselle a perdu son Miaouss, elle a dû prendre la décision – à contrecœur – de le faire piquer, puis de le faire incinérer. Aujourd’hui, elle doit récupérer ses cendres, après sa journée de travail. Roy a bien remarqué que, depuis son arrivée dans les locaux du journal, Ninon n’est pas dans son état normal. Elle est distraite, fébrile surtout. Qu’est-il possible de dire pour la réconforter ? Bien peu de choses, et le journaliste en a bien conscience. Rien ne fera disparaître la douleur et le vide ; il l’a vécu. C’est pour cette raison qu’il est important à ses yeux que sa collègue sente qu’elle n’est pas seule, qu’elle peut prendre appui sur lui. Ce qui met Roy en difficulté, c’est qu’il ne sait pas de quelle manière il peut manifester ce soutien sans l’imposer. D’une part, il ne tient pas à transférer sa propre expérience, son propre vécu, sur cette pauvre Ninon. De l’autre, il se sent coupable de la regarder souffrir sans rien faire.
« Oh, excuse-moi, je… je… » La petite blonde vient de percuter Roy dans le couloir, faisant tomber par la même occasion le dossier qu’elle tenait. Elle se confond en excuse et Roy comprend aussitôt qu’elle est en train de craquer. Les mots commencent à manquer à la jeune femme, les sanglots arrivent et gagnent rapidement en intensité alors qu’elle s’accroupit rapidement pour ramasser les quelques papiers tombés au sol à la suite de la collision. Roy s’abaisse à son tour. « Hey, ce n’est pas grave, ne t’inquiète pas. » Ninon pleure désormais à chaudes larmes. Roy vient alors apposer sa main sur l’épaule de la journaliste. Ils s’assoient alors, à même le sol, dans le couloir. Ils discutent alors, du Miaouss, du silence dans l’appartement de la jeune femme, du fait que cela lui saute aux yeux à chaque fois qu’elle passe devant sa gamelle, devant sa litière ou encore devant son arbre à chat. Que va-t-elle faire de tout ça ? A plusieurs reprises, les larmes lui montent. Face à elle – ou plutôt à côté d’elle en réalité – Roy est touché par l’émotion de Ninon, il peine à son tour à trouver les mots, alors il se contente de prêter une oreille attentive, de continuer à le faire.
« Est-ce que… Tu voudrais bien m’accompagner, pour aller chercher les cendres d’Ernie ? Je ne suis pas sûre de pouvoir y arriver seule. » La réponse est évidente. « Bien sûr, je viendrai avec toi ! » Roy s’exprime avec douceur. Cela le rassure de savoir que sa collègue ne passera pas la soirée seule chez elle en tête à tête avec le récipient contenant les cendres de son défunt pokémon.
Roy sait très bien qu’il va se mettre des personnes à dos avec un tel article, mais ce n’est pas ce qui va l’arrêter. Il a choisi la carrière de journaliste pour une raison bien précise, faire la lumière sur certains sujets. Le Camping des Embruns, qui a fait sa place depuis quelques années à proximité de Vaguelone, s’est positionné dans le viseur du jeune homme à la suite de la découverte d’un fil sur les réseaux sociaux à ce sujet. Le lieu est en plein essor pour ses prix accessibles et de très bonnes notes sur de nombreux sites de voyages. Pour autant, il y a une facette moins bien attrayante, d’après ce fil, et Roy a décidé de se rendre sur place. Il souhaite tirer les choses au clair, démêler le vrai du faux. C’est pourquoi il a intégré l’équipe de nettoyage, sous couverture. Mais avant cela, il a fait de nombreuses recherches, il a mené son enquête. Enfin, il n’a pas travaillé seul, il a fait appel à plusieurs contacts dans les sphères des associations militantes écologistes. Il a fréquenté certains de ces cercles, sans pour autant véritablement en rejoindre un. Il ne partage pas toujours les positions défendues, ou tout du moins il considère avoir un regard plus large. Grâce à ses relations, Roy a pu mettre la main sur des études sur l’écosystème aux alentours du camping dont une menée depuis bien avant que ledit camping ne s’installe. Le constat est sans appel : le camping a eu un impact sur le biome, il l’a quelque peu transformé. Des espèces comme les Goélises sont maintenant en surnombre, profitant de la présence humaine pour trouver facilement de la nourriture. A l’inverse, le nombre de Corayons est, au dernier comptage, proche de zéro. Si rien n’est fait, cette espèce ne sera bientôt plus présente dans le bassin vaguelonien. Il y a de manière générale moins de variétés de plantes, aussi. Ceci est alarmant.
Voici donc ce qui a poussé Roy à aller de lui-même découvrir l’envers du décor. Est-ce simplement la présence humaine due au tourisme, ou bien cela va plus loin ? La réponse, Roy l’obtient très vite au cours de son séjour. Les humains sont désormais omniprésents dans un lieu qui était complètement isolé une dizaine d’années plus tôt. Il y a de l’activité permanente, du passage, des terrains altérés pour l’établissement d’emplacements, de terrains de jeu, de plages avec parasols et transats. Il est évident que les pokémons sauvages n’ont plus leur place ici. Pour autant, l’investigation de Roy lui a permis de voir ce qui est mis en place par le camping pour amoindrir son impact sur l’environnement. Tri sélectif, lutte contre le gaspillage alimentaire et d’eau, utilisation de produits biologiques et biodégradables. Sur le papier, l’entreprise s’inscrit dans une démarche écologique, en plus d’avoir des tarifs abordables et de très bons avis des clients. Mais ce que le journaliste découvre, c’est que la réalité est bien différente de ce qui est montré en surface. Si les clients ont effectivement les bacs de tri à disposition, en interne rien n’est trié. Il en va de même pour le gaspillage alimentaire, Roy a pu voir ce qui était jeté à l’arrière des cuisines, il a été écœuré.
Certains jours nécessitent de s’habiller mieux que les autres. De toute manière, Roy s’habille de manière professionnelle, avec une chemise et un pantalon chaque jour où il doit se rendre au travail. Pour autant, aujourd’hui, le journaliste sort le costume noir, celui qu’il s’est offert lorsque les occasions comme celle-ci se présentent. Il s’agit d’un costume de marque, de luxe. De manière générale, Roy accorde une grande importance à la qualité de ce qu’il porte – et de manière plus générale ce qu’il consomme – mais ce costume-ci est d’une gamme bien supérieure à ce qu’il peut se payer. C’est un cadeau à lui-même, pour se féliciter de sa réussite lorsque l’un de ses articles a été nominé pour un prix journalistique. Il s’était dit qu’un jour viendrait où il aurait besoin de cette tenue. Et il est toujours convaincu que ce sera bientôt à lui qu’une récompense sera effectivement remise. Ce n’est pas le cas aujourd’hui, tout du moins pas pour un article qu’il a écrit. Pour autant, il est possible qu’un prix lui soit remis, ou plutôt à l’ensemble de l’équipe de chroniqueurs de la matinale. Il les rejoints d’ailleurs en ce moment même, pour rejoindre ses collègues.
Tout le monde est sur son trente-et-un, ce qui peut changer de ce que Roy peut avoir l’habitude de voir d’accoutumée. Sans que ce soit inadapté aux standards d’être diffusé sur une chaîne nationale, certains chroniqueurs ont des tenues bien plus casual que ce qu’il pourrait s’autoriser à porter. C’est notamment le cas de Flavio, d’Ernest et de Léontine. Enfin, il faut reconnaître que Roy mise sur davantage que du classique, il ne sort presque jamais de ses tonalités neutres, et ce soir n’y échappe pas. Une chemise blanche, un pantalon et une veste de costume noirs, au même titre que ses chaussures et que son nœud papillon. Après, légère touche d’originalité, les revers de sa veste sont plus larges et surtout en cuir végan. Mais ce n’est rien en comparaison de la robe noire mais surtout jaune à volants de Léontine, on peut même dire que le contraste est saisissant, mais cela semble plaire aux photographes, qui leur demandent de s’arrêter. Roy a beau passer à la télévision dans des milliers de foyers, ce n’est pas pour autant que l’exercice lui est naturel. Ici, il s’agit de poser. Léontine semble être une naturelle dans l’exercice, il peut le constater, et le fait qu’elle soit à ce point à l’aise l’aide à se détendre. C’est la dynamique entre eux. D’ailleurs, la rouquine se sépare de son écharpe et la passe autour du cou de son ami, pour la laisser tomber de chaque côté de ses épaules. Ils sont désormais raccord. Roy sourit. Le jaune n’est pas une couleur lui seyant particulièrement, mais il aurait peut-être regretté cette absence totale de couleur sur les photographies lorsqu’elles sortiront demain. Il est donc temps d’aller s’installer dans cette salle pleine de personnes célèbres dans ce milieu de la télévision.
Roy soupire. Il se demande sincèrement pour quelle raison il a accepté de se joindre à ses collègues pour cette soirée d’Halloween. Ce n’est pas un fêtard, à son maximum, il peut apprécier se rendre au bar avec l’équipe de la matinale, lorsqu’il y a un événement particulier à célébrer, tant que cela reste de l’ordre de l’occasionnel. Il sort peu le soir, du fait d’être un couche-tôt, à l’exception de raisons culturelles. Une exposition ou une pièce de théâtre, voire de l’opéra, peuvent le tirer de son appartement à des horaires où il serait habituellement tranquillement installé dans son sofa, avec une lecture instructive et une tasse d’infusion. Or, ce soir, il est bien loin de tout cela. Et encore, ce n’est pas tant la sortie en soi – il saurait s’en accommoder, somme toute – mais surtout ce qu’il s’y passe qu’il trouve déroutant. Léontine, l’organisatrice, vient de sortir une planche sur laquelle sont inscrits l’alphabet, les chiffres, ainsi que oui et non. Le morceau de bois est appareillé avec un triangle métallique percé en son centre. « Une planche Ouija ? » Roy n’avait jamais entendu ce terme jusque-là, pourtant tout le monde autour de lui semble avoir identifié l’objet et son utilisation. C’est étrange. Cependant, le journaliste remarque que les expressions de ses collègues sont très diverses. Kurt a un petit rire doux et sec, celui qui veut dire « Ah, les petits jeunes s’amusent ! » comme si c’est là une activité qu’il a pu faire quelques années plus tôt. Ninon et Farid soupirent. Odell et Jenna paraissent curieux, mais pas pour autant rassurés. Flavio répond parfaitement à l’enthousiasme de Léontine. Sophie doit se dire pourquoi pas. Mais la réaction la plus intéressante aux yeux de Roy est celle du présentateur du journal. « Hors de question, je ne participerai pas à ça, je ne resterai pas. » Il est difficile de discerner la peur de son ton plus coléreux. Ernest, resté parfaitement neutre, souhaite le rassurer ; sans succès. Il lui propose alors de sortir le temps que se passe ce qui doit se passer. Roy demeure confus : qu’est-il en train de se passer ? que va-t-il se passer ?
Roy ne se serait jamais attendu à participer à une séance de spiritisme. Il n’a jamais été attiré par les films ou les jeux d’horreur, aussi la fameuse planche Ouija n’appartenait jusque-là pas à ses connaissances. Il n’a pas d’intérêt pour les arts occultes, le plus loin que cela ait pu être poussé dans cette direction concerne ses interrogations sur l’existence des pokémons de type spectre. Au-delà, il n’a jamais cru aux fantômes, aux apparitions, à la vie après la mort. A quoi bon ? Croire ne changera rien au fait qu’il ne le saura – ou pas – qu’au moment de son trépas. Mais l’idée de Léontine est donc d’invoquer, ou de convoquer, l’esprit d’un défunt pour communiquer avec lui à partir d’une planche de bois et d’un gros médiator ? Roy n’y croit pas une seule seconde, il rejoint donc le camp des sceptiques. Son scepticisme le met d’ailleurs à l’abri de la crainte de certains de ses collègues. Il n’y a pas de raison d’être effrayé à l’idée de faire apparaître un esprit meurtrier puisque ces esprits n’existent pas, qu’ils ne sont le fruit qu’une imagination débordante. Face à l’engouement ou la curiosité de la majorité du groupe, Xavier comprend qu’il ne pourra pas lutter et récupère sa veste pour sortir, voire partir. Après tout, s’il y croit réellement et que cela provoque une telle aversion, Roy se dit qu’il refusera de remettre les pieds dans l’appartement une fois la séance terminée. Le journaliste aurait bien proposé à son collègue de l’accompagner à l’extérieur, mais il doute d’être la bonne personne avec qui en parler, au vu de son statut de non-croyant. Puis il doit admettre qu’il est curieux de voir comment tout ceci fonctionne.
Il est deux heures du matin, et Roy traîne sur les quais du port de Volucité. Il est victime d’une insomnie et s’est dit qu’aller marcher un peu l’aiderait peut-être. Au minimum, cela aura le mérite de lui avoir fait passer le temps. Levant les yeux vers le ciel dégagé, le journaliste se demande si ce n’est pas là un des effets de la pleine lune. Il ne sait pas si c’est un fait avéré ou s’il ne s’agit là que d’un mythe, mais il a entendu dire à de multiples reprises qu’il était fréquent de bien moins dormir les nuits de pleine lune. Il s’interroge : s’agit-il d’une simple question de luminosité ? Ou peut-être que cela active d’autres choses chez certaines personnes, une sensibilité similaire au phénomène des marées. La réflexion de Roy se poursuit. Le phénomène des marées n’est pas spécifique à la pleine lune, il le sait très bien ; les marées hautes se produisent lors des nuits de pleine lune, mais aussi de nouvelle lune, là où les marées basses correspondent aux phases ascendantes et descendantes, aux demi-lunes donc. Cela signifie que, ce soir, la marée est haute, et Roy peut le constater, tandis qu’il marche le long du quai Liberté. Le ciel est noir, ce qui se traduit par une mer d’encre, une mer plutôt calme dans laquelle on voit se refléter cette immense sphère blanche. Le décor est paisible, ce qui n’est pas commun pour une ville telle que celle-ci, et Roy regrette de ne pas avoir pris son appareil photo pour immortaliser cet instant, cette ambiance, cette quiétude. Il ne peut même pas se dire que son téléphone portable pourra capturer l’image, à défaut de mieux, car la lune ne rend jamais bien sans appareil adapté. Cela ne donne jamais ce qu’on peut voir à l’œil nu, juste un point lumineux blanc, et surtout moche. C’est regrettable.
Roy décide de s’asseoir sur l’un des bancs situés sur le quai, dos à la ville, face à la mer (j’aurais dû grandir) il contemple encore un peu cette lune solitaire dans le ciel. Avec la pollution lumineuse, il reste difficile de discerner les étoiles pouvant l’entourer. Il s’agit d’une raison qui lui fait apprécier de quitter cette ville qu’il aime tant, de temps à autres, pour apprécier la nature, la paix sensorielle, la connexion à ce qui l’entoure. Regarder le ciel étoilé et la lune au passage lorsqu’on se trouve en forêt, c’est un véritable plaisir, un privilège même. Pour autant, Roy ne peut pas s’éterniser jusqu’à ce que la lune décide de céder sa place au soleil. Il contient difficilement un bâillement, ce qui le mène à se dire qu’il est temps pour lui de retourner à son appartement, à son lit. Il doit abandonner cette lune venue lui tenir compagnie, il l’excuse aussi pour cette insomnie. Après tout, il ne croit pas que ce soit sa faute.
Roy est quelque peu anxieux. Sous son alias Aqua, il a pris sous son aile une jeune Léviator. Il est le seul à parvenir à s’approcher d’elle, même si cela reste à ses risques et périls. Sa dentition n’est plus celle de de la Magicarpe qu’elle était et son caractère non plus. Les coups de crocs, Roy en a évité un certain nombre, malheureusement pas tous. Il est possible que l’une de ces morsures laisse une véritable cicatrice sur son épaule droite, mais Roy ne veut pas abandonner. Il sait exactement ce qui attend la pokémon si elle est considérée trop dangereuse. Les Aqua ne sont pas suffisamment expérimentés pour gérer le problème autrement qu’en abattant la pauvre bête. Et ça, Roy ne peut s’y résoudre. Alors si cela signifie quelques marques de crocs supplémentaires, soit. Il doit simplement faire davantage attention à cette dentition nouvelle et surtout bien aiguisée. Il s’agit là de dressage pur et simple, ne pas mordre. Ou tout du moins ne pas mordre tant que l’ordre ne lui est pas donné. Roy connait la puissance destructrice des Léviators et compte bien l’exploiter pour le compte des Aqua. Cette mâchoire peut faire des miracles – des miracles dévastateurs – et leur seule présence est une arme de dissuasion particulièrement efficace.
Roy s’approche de la Léviator, installé sur le dos de son Sharpedo. Il compte apposer sa main sur la tête de la serpente, même si cela signifie s’approcher de cette gueule béante prête à broyer la moindre chose venant se placer entre ces mâchoires. Le bras du sbire Aqua n’offrirait pas plus de résistance qu’une brindille. Il le sait parfaitement, mais cela ne l’effraie pas. Il est prêt à affronter les dents de la mer, il veut faire confiance à cette Léviator et il est convaincu que si un humain parvient à lui montrer qu’il reste malgré la dangerosité, sans avoir peur, alors un lien pourra se faire. La pokémon observe le jeune homme et ouvre doucement la gueule, sans la moindre véhémence, au contraire, pour l’avancer vers Roy. Ce dernier comprend que ce geste n’est pas anodin, qu’il est loin de l’être. Alors, contre tout bon sens, il décide de jeter un coup d’œil. La dentition de la Léviator est terrifiante, pour autant il continue d’avancer sa propre tête, jusqu’à la glisser à l’intérieur de cette gueule. Ces dents pourraient se refermer sur sa nuque et c’en serait fini pour lui. Définitivement. Et pourtant, il ne bouge pas d’un iota, observant avec minutie la dentition du type eau, pour voir une perforation dans sa joue. Roy soupire : cela doit être le fruit d’un hameçon et la douleur doit être la source de cette furie. Il se dégage désormais de cette bouche béante. Il est désormais soigner cette plaie, ce qui risque de s’avérer une autre paire de manches.
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️Ryllen
