Ici, j’ai quand même la réputation d’être un gars cool et, dans la plus grande des prétentions, je vais admettre qu’il y a de bonnes raisons à cela : je suis un gars cool. D’ailleurs, niveau réputation, le gars qui me fait actuellement face est pas mal non plus. Mais pas vraiment pour les mêmes raisons, c’est le moins qu’on puisse dire… Ça m’a peut-être pris le temps, mais je me le remets bien maintenant. Alors ouais, ça m’interroge d’autant plus sur sa présence ici, au salon de l’élevage. Et je demande, parce que pourquoi pas ? Puis, si jamais je peux filer un coup de main, donner une direction ou je-sais-pas quoi, autant le faire. Ça me permet surtout d’excuser ma curiosité. La réponse que j’obtiens m’intrigue d’ailleurs.

C’est peut-être naïf de ma part mais j’aurais cru qu’une personne aussi fate de ses réussites en combat aurait effectué l’entraînement de ses pokémons lui-même. J’ai conscience que ce soit une pratique courante – je suis bien placé pour le savoir – mais quand on parle d’entraînement, je m’interroge toujours du niveau demandé. Je peux pousser assez loin les entraînements, au-delà de mes propres compétences, j’ai les contacts qui vont bien pour ça. Mais je n’ai pas souvenir d’avoir été souvent sollicité pour ça, en tout cas jamais dans le cadre du dressage compétitif. J’ai aidé à travailler sur la puissance de certains pokémons, leur aptitude en combat et tout, mais c’était plutôt pour des situations utilitaires. J’ai vu quelques rangers passer par les Eoliennes et nous confier des pokémons. Je pense même à Côme et Waneta. Mais il ne m’avait pas confié la Rapion chromatique dans une quête de puissance, mais pour qu’elle prenne confiance et sa place dans l’équipe de mon ami. Je suis passé par les combats pour ça, certes, mais ce n’était clairement pas l’objectif premier. Là, il va me falloir un peu plus de temps et d’échange pour cerner la demande. Mais ce n’est pas la seule chose sur laquelle je tique. La mention de la spécialisation acier. Il s’agit possiblement d’une mauvaise communication de notre part, aux Éoliennes, qui a conduit à cette confusion entre moi en tant que personne et la pension. Ma formation a bel et bien mis une prédisposition de ma part – enfin peut-être pas prédisposition mais c’est un peu l’idée – pour le travail avec les pokémons acier, en plus des pokémons électriques qui m’ont entouré depuis l’enfance. Mais, à la pension, en m’excluant puisque je n’y travaille plus vraiment, il n’y a pas de spécialiste acier. Comment je tourne ça ?

« Ah bah si jamais t’as des questions, n’hésite pas, je suis là. Et si tu cherches le stand d’une autre pension, je devrais pouvoir t’aiguiller. » Ça me semble un plutôt bon départ. Je suis pas dans le délire de concurrence sanglante où on se tire dans les pattes, bien au contraire. Chacun a des compétences et des prestations qui lui sont propres, et la clientèle est suffisamment fournie pour que chacun puisse avoir la sienne. « Disons que la spécialisation dans le dressage des pokémons acier, c’est plus moi que les Éoliennes en général. Après, je peux aussi me tourner vers Charles, le champion d’arène de Joliberges, si besoin. Je le connais depuis… C’est plutôt lui qui me connait depuis le berceau, en fait. Bref, on se connait bien, donc c’est pas compliqué pour moi de lui demander un coup de main pour entraîner des pokémons acier. » Je préfère la transparence totale, pas de fausses promesses avec moi. Je sais les services que peut proposer ma pension, je ne cherche pas à enjoliver les choses, à faire miroiter des résultats illusoires. Si ça ne lui convient pas, bah il ne vient pas. La pension saura rouler sans, même si on crache jamais sur plus de beurre dans les épinards. Il n’empêche qu’on préfère privilégier la satisfaction des clients et les résultats plutôt que de brasser du monde et des pokémons et faire des profits monstres.

« Mais ce serait pour quel genre de pokémon ? Je peux possiblement t’aider aussi pour cerner qui pourrait le mieux répondre à tes besoins, en vrai. Surtout que toutes les pensions ne sont pas présentes ici. » Je pense que j’ai l’un des réseaux professionnels les plus dingues qui soit. Je connais tout un tas d’éleveurs, une ribambelle de champion d’arènes, des rangers, des gens dans l’industrie de la technologie, des notables de Sinnoh en tous genres. Merci Papa et Maman, merci Tanguy, merci l’entreprise familiale, mais aussi merci moi pour une bonne partie de tout ça. C’est cool de connaître du monde, et c’est vachement pratique, aussi.

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