Suivant notre aventure culinaire à Kickenham, lors du concours de croquembouches, Aimee et moi décidons de prolonger notre séjour dans la région. Je m'occupe de notre hébergement et de nos billets d'avion, avant de contacter le centre de location et de troquer notre voiture actuelle pour une beauté au puissant moteur, coupée sport, et à la carrosserie fraîchement repeinte. Je me retrouve rarement derrière le volant, préférant laisser mes chauffeurs me conduire là où j'en ai besoin, mais cette fois-ci, je compte me faire plaisir.
Une fois nos valises entreposées dans le coffre, nous nous installons. Je mets des lunettes de soleil, ajuste les rétroviseurs puis boucle ma ceinture en esquissant un sourire carnassier. Il est temps de voir ce que ce bijou a dans le ventre !
Ma secrétaire a tout juste le temps de déposer son gobelet de café brûlant que j'appuie sur le champignon, nous faisant partir en trombe. Le charme de cette compagnie de location réside dans son emplacement ; plutôt que de se trouver au centre-ville, près d'une gare ou d'un aéroport, elle se situe à l'extérieur de son enceinte, permettant ainsi aux plus ambitieux et intrépides clients de tester leur bolide sans craindre pour la sécurité des piétons ou des autres véhicules.
Tandis que je me concentre sur la route, je laisse ma compagne choisir l'ambiance musicale qui accompagnera notre traversée des terres agricoles galariennes, jusqu'à la ville voisine. Les cheveux au vent, le visage rayonnant, je me laisse envelopper dans une douce sensation de liberté que je pensais avoir oublié - ou rejeté - depuis longtemps, en m'enfermant dans une routine et une mondanité factice.
Au son des derniers hits populaires, allant du pop kalosien au r&b paldéen, nous filons comme un éclair d'argent au milieu des champs verdoyant et fleurissant qui s'étendent à perte de vue. Aimee s'exclame occasionnellement, pointant tantôt un troupeau de moumoutons dévalant une colline, tantôt un meurtre de cornèbres perchés sur des épouvantails au design atypique, sensés les éloigner plutôt que de les attirer. À moins que le propriétaire de ces champs ne les a en affection particulière et qu'il souhaite leur offrir des aires de repos au détriment de ces récoltes.
Au bout d'une heure, après avoir traversé deux charmants villages, mon accompagnatrice m'annonce qu'une pension se situe à quelques kilomètres de notre position et qu'elle aimerait bien y faire un tour. Question de curiosité, mais également pour évaluer les services offerts. Je lui demande si elle souhaite faire garder l'un de ses pokémons, le temps de notre séjour, et elle me dit l'envisager.
- De ce que je lis, il s'agit d'une entreprise familiale, tenue par les Springs. Une ferme convertie en pension, avec des programmes plutôt intéressants. La Source, ça sonne bien, non ? - Cela me rappelle un centre de villégiature ou un salon de spa. Si cette pension est de même qualité que celle de monsieur Gladstone, à Safrania, je te dirais bien de te laisser tenter. Nous n'avons pas d'horaire fixe, alors un détour ici et là n'est pas un soucis. - Merveilleux ! Alors oui, si vous voulez bien tourner à gauche, à la prochaine intersection...
Après avoir navigué entre les pâturages et mis à l'épreuve la voiture en obliquant sur un chemin de terre battue, nous nous arrivons à destination. Je lève mes lunettes sur mon front, les ancrant dans ma chevelure argentée, puis suis Aimee jusqu'au bâtiment de pierres adjacent au stationnement.
Tandis que je prends le temps de lire l'écriteau et contempler ce monument qui sert de pension - l'architecture ancienne du site a de quoi le qualifier d'attrait touristique -, ma secrétaire pousse les doubles battants et pénètre à l'intérieur. Je la rejoins deux minutes plus tard, satisfaite de mes observations.
- C'est coquet.
Je me saisis d'un magazine et le feuillette grossièrement, avant de me tourner vers l'un des tourniquets à souvenirs, que je fais lentement pivoter en pressant un doigt sur la structure métallique. Aimee, elle, a préféré se diriger vers le comptoir et frapper d'un petit coup sec de la paume sur la sonnette mise à disposition. Le ting cristallin résonne un instant et nous nous figeons, à l'affût d'éventuels bruits de pas qui annonceraient la venue de notre hôte.
Coucou Kate Comme convenu, je te laisse ma petite fermite shiny, pour la faire passer du niveau 16 au niveau 35, en entraînement tranquille. Je t'envoies les 585 pokédollars.
Les voix des visiteurs étaient couvertes par le sifflement des appareils de cuisson. Kate s'était mise en tête de se charger de préparer la nourriture pour les pensionnaires, une tâche colossale nécessitant organisation et concentration pour réaliser simultanément les différents menus, personnalisés . Elle commençait à prendre le pli mais ne parvenait pas encore à prendre du plaisir à cuisiner, l'esprit sans cesse en alerte.
Kate entendit d'une oreille la sonnette. Elle crut tout d'abord à un tour de son imagination jusqu'à ce que Psychopé, l'éoko de la ferme, ne vienne consciencieusement sonner à son tour à proximité du premier gérant de la pension qu'il trouve. La cuisine étant attenante à l'entrée, ce fut donc elle, en l'occurrence. Elle aurait voulu pouvoir douter et poursuivre, mais elle ignorait où se trouvaient ses parents pour déléguer. Irritée, elle coupa les cuissons courtes pour éviter qu'elles ne brûlent en son absence. Elle attrapa un torchon, s'essuya les mains en vitesse puis le jeta sur le plan de travail le plus proche. Son tablier subit le même sort la seconde suivante. Elle s'assura être dans un état présentable avant de gagner le hall d'accueil à la hâte depuis la porte latérale, un sourire moitié feint aux lèvres.
- Bonjour et bienvenue à la Ferme de la Source, en quoi puis-je vous aider ?
Lorsque Kate était enfant, elle était tenue écartée des clients, pour ne pas leur imposer pleurs et jeux, mais cela ne lui a pas empêché d'entendre régulièrement cette politesse. Elle ne faisait qu'aider temporairement mais elle ressentait tout de même une certaine fierté à prononcer ces mots.
Cependant, cette légèreté fut de courte durée. L'une des clientes semblait pressée, l'autre beaucoup moins. Si l'attente n'avait pas été si longue, Kate n'avait aucune envie de tester davantage leur patience. Elle s'installa derrière le secrétaire sans perdre davantage de temps et sortit quelques registres du tiroir. Elle voulait non seulement s'éviter des remarques cinglantes mais craignait aussi de faire perdre à ses parents des clients si elle ne se pressait pas, d'autant plus qu'ils avaient l'air importants. Elle qui aimait habituellement s'habiller chiquement, elle faisait alors pâle figure à côté, dans sa tenue de travail délavée. Au delà, Kate se sentait toute petite face à ces dames, sans doute la prestance des femmes d'affaires. Les clientes étaient reines.
Restitution de Fermite S, niveau 35 (0)
Kate parle en #5f7e78. Image originale de l'avatar par Leavy