- Tu te rends compte que t'en es arrivée à un point de ta vie où tu peux au calme dire qu't'as été envoyée sur un site de catastrophe naturelle en collab' avec Arthur Stockton ?

La remarque d'Ewen me fait rire. C'est vrai que, même si je l'ai vécu, il y a des moments où ça me paraît encore surréaliste. Après tout, cela ne fait quelques mois que je suis à la Ligue et c'était la première fois que je pouvais vraiment passer du temps avec ce... "collègue". Damn, ça aussi ça fait bizarre. J'espère que j'arriverai à m'y habituer à force de mieux les connaître et d'exercer mon job de championne. Même s'il est déjà acquis que j'ai fait mes preuves, à ce stade, il ne faut pas que je relâche mes efforts. Malgré la journée fatigante d'hier et la petite nuit, il faut que je me donne à fond aujourd'hui encore.

- Je te laisse petit frère, passe les bisous à toute la famille ! J'essayerai de venir vous faire un coucou bientôt.
- Yep, on a tous hâte ! Bisous Kaline.

Je raccroche mon téléphone avant de m'étirer une nouvelle fois. Plusieurs de mes membres craquent, preuve que la veille à été rude. Il est encore très tôt, le soleil se lève à peine, l'idéal pour que personne ne vienne m'embêter pendant que je teste ce qu'il en est de ma jambe droite. Après avoir testé ma cheville en la tordant dans tous les sens, ça me tire, mais c'est supportable. En tout cas, appuyer mon poids dessus ne me fait pas mal, c'est un bon point ! Par précaution, je me tartine le mollet de crème et l'enroule dans un bandage. Ca se verra pas sous mon jean. Je vais encore plus crever de chaud qu'hier quand il faudra retourner vers la faille, tant pis. Je préfère ça plutôt que d'être incapacité, surtout que les médias ont tous leurs yeux sur la catastrophe naturelle en cours. Ewen m'a dit, au début de notre conversation, que je suis passée plusieurs fois aux infos la veille. Alors que je n'ai donné qu'une très courte interview. Il faut croire que même les grattes-papiers reconnaissent que là tout de suite on a mieux à faire.

G-15986 m'attend à la sortie de la tente dans laquelle j'ai passé la nuit. Il est assis, ses yeux s'allument et clignotent lorsqu'il me voit. La veille, je l'ai laissé avec un groupe de personnes s'occupant du ravitaillement en eau, nourriture et matériel pour tous ceux qui s'activent sur place pour étudier et régler les problèmes liés à la faille apparue à Cromal'ch. Je ne sais pas jusqu'à quelle heure il a travaillé, mais refuse de rester se reposer quand je lui propose. Au loin je vois que beaucoup sont déjà en train de s'activer, peut-être qu'ils 'agit des équipes de nuit qui finissent leur cycle de travail.
Je monte sur mon golemastoc, me cale sur son dos et m'accroche au pic de son épaule gauche. Puis, je lui demande de s'envoler pour pouvoir voir à quoi ressemble la faille depuis le dessus. J'aimerais savoir si elle a évolué depuis hier. Les jambes et les poings de G disparaissent, remplacées par des propulsions qui nous élèvent d'un seul coup vers le ciel. Désormais j'ai l'habitude, mais au début je me prenais une sacrée claque à chaque fois qu'on faisait ça ! Je me recale correctement et, une fois que nous sommes assez haut, lui demande de passer en vol stationnaire pour que je puisse regarder et... Bah j'ai pas l'impression que quoi que ce soit ait changé depuis la veille. Peut-être simplement n'est-ce plus autant le chaos autour de la brèche. Maintenant que les habitants de Cromalc'h ont été évacués, j'imagine que ça aide.

Mon golemastoc se pose près de la salle commune ayant été réquisitionnée pour servir de cantine. Le service des petits déjeuner a déjà commencé et puisque je n'ai que peu dormi il va falloir compenser la fatigue par de la bouffe ! Je ne me plains pas ceci-dit, c'est un honneur pour moi d'être dans une position où je peux aider à combattre une telle catastrophe. Et un sacré boost d'ego que la plupart des gens que je croisent me reconnaissent instantanément ! Quand je suis dans la file d'attente pour me faire distribuer mon petit dej', plusieurs personnes me remercient de ma présence, ce à quoi je réponds que la leur est précieuse aussi même si je n'ai aucune idée de ce qu'ils font là. Toute personne se portant volontaire pour aider face à un phénomène aussi effrayant ne peut être qu'une bonne aide après tout !
Une fois mon petit déjeuner englouti et comme on ne m'a donné aucune instruction pour la journée, je quitte la salle commune à la recherche des personnes encadrants l'opération. Ils sont reconnaissable à leur brassard. Rapidement, j'en repère un déjà rencontré la veille.

- Bonjour Monsieur Clerval ! Je suis encore là pour aider aujourd'hui, où vous avez besoin de bras ? Tous mes pokémons sont à votre disposition aussi, bien sûr.
- Ah bonjour Madame Hollowell, vous avez bien dormi ?, je hoche la tête même si mes cernes doivent crier le contraire. Vous tombez bien ! Hier en fin de journée a été découvert une sorte de grotte non-répertoriée sur nos cartes, sûrement crée naturellement au moment de l'ouverture de la brèche. Tôt ce matin nous avons sollicité une géologue sur place pour aller l'explorer car comme cette grotte est proche de la faille cela nous permettra peut-être d'en savoir plus sur sa nature, mais nous aimerions qu'elle soit accompagnée par un dresseur expérimenté comme vous pour la protéger pendant l'opération. Seriez-vous d'accord ?
- Bien sûr pas de soucis !... Mais si la grotte est si proche de la brèche, on risque pas de cramer ? Je l'ai revue ce matin depuis mon golemastoc, y a toujours la lave dedans, j'essaye de ne pas sonner trop alarmée, mais si c'est pour rôtir bon... J'ai déjà une jambe grillée, je me passerais bien de plus !
- A priori il n'y aura pas de soucis. Nous avons procédé à des études toute la nuit, envoyé des pokémons en éclaireur, et certes il y fait chaud, mais la température est tout à faire supportable pour un être humain.
- Ok c'est cool, elle est où votre géologue ?

Monsieur Clerval m'indique le point de rencontre où je dois retrouver Madame Nephéline Nilsen. Stylé comme nom ! Il me précise aussi qu'au moindre phénomène bizarre comme une montée soudaine de température ou un danger que je jugerais trop grand, il faudra faire demi-tour et sortir de là le plus vite possible. Je hoche la tête pour lui faire plaisir tant c'est une évidence. Oui je suis prête à prendre des risques pour aider face à cette catastrophe naturelle, mais pas assez pour me mettre vraiment en danger ou risquer ma peau !
Une fois qu'il a terminé ses explications, je le salue et me met en route accompagnée de G-15986 qui m'attendait en se laissant admirer par d'autres personnes à la sortie de la salle communale. Sur le chemin, je me rends compte que je n'ai peut-être pas parlé aussi formellement que j'aurais dû à cet homme... Tomiko n'est pas là pour me voir et me faire la leçon aujourd'hui, alors on va dire que ça passe, mais il faudra que je fasse attention avec la géologue ! Je sens que je vais prendre une soufflante si le fait que je ne parle pas correctement arrive aux oreilles de mon agente et même si cela fait plusieurs moi sque je suis à la Ligue, j'ai toujours peur de me faire mal voir du Comité. Je me demande si un jour mes craintes de meuf issue d'une famille pauvre propulsée dans le monde des stars s'effaceront, on verra bien !

Kalos.

Y remettre les pieds de sitôt n’avait pas exactement figuré dans les plans de Néphéline. Des circonstances en dehors de son contrôle, entre catastrophe naturelle et réquisition, ne la laissèrent cependant pas libre de ses choix. Mentir au sujet de ses années d’expérience professionnelle en tant que géologue ne lui était pas venu à l’esprit, au moment de postuler auprès du cabinet d’éthologue qui l’employait actuellement. Poser les pieds dans la région avec peu moins de quatre heures de sommeil veilla néanmoins à lui faire regretter amèrement ce terrible manque de prévoyance.

Le premier coup de fil lui était parvenu la veille au soir, alors qu’elle s’occupait de recoudre ses vêtements de travail, assise sur son canapé, une vieille Persian somnolant sur ses genoux malgré le bruit de la télévision. La journée avait été mouvementée et Néphéline devait s’avouer qu’elle était bien contente de s’être sortie d’une altercation avec un Gueriaigle sans un bras cassé. C’est que leurs serres sont redoutables ! Animant funestement sa soirée, le reportage en direct de Cromlac’h et l’appel à l’aide lancé à toutes les régions lui avaient toutefois fait relativiser. Ce qui arrivait était bien tragique, et elle aurait bien été tentée d’apporter sa pierre à l’édifice si cela ne supposait pas de retourner à Kalos. « Je me demande si Relifac-le-Haut a été touché par les séismes qui ont ouvert la faille… » Néphéline ne s’était adressée à personne en particulier, mais Feldspar, qui suivait les informations numériques depuis sa position sur la table, avait émis un petit hm aigu en réponse. Néphéline savait que la Zorua de Hisui conservait des souvenirs de leur passé commun dans la ville maritime, mais elle ne parvenait pas à percer l’étendu des lacunes évidentes de la mémoire du type Spectre.

C’était alors qu’elle s’apprêtait à boucler son dernier nœud que la sonnerie de son téléphone portable les fit sursauter toutes les trois. Néphéline avait décroché avec une grimace, riche de nouveaux trous dans son pantalon, courtoisie de Kitty-Kat. Son patron l’avait alors informée d’une nouvelle mission, commissionnée par la ligue, qui lui demandait de se rendre à Cromlac’h. Précisément ce à quoi elle avait espéré se dérober. L’ironie d’un gouvernement de Kalos payant, sans le savoir, une ancienne sbire Flare pour se rendre dans la ville où leur présence était à peine cachée ne lui avait pas échappée, mais elle n’était pas exactement en position de commenter dessus. Plus étonnant encore, c’était son expertise de géologue qui était recherchée, et non pas ses facultés de garde du corps. Néphéline avait raccroché avec un mélange d’incertitude et de mécontentement. Non seulement sa spécialité ne reposait pas sur la sismologie, mais elle craignait que d’anciens collègues présents sur place la reconnussent. Les femmes borgnes, géologues et d’un mètre soixante-dix-neuf ne couraient pas exactement les rues, et se teindre les cheveux n’y changeait pas grand-chose.

Résignée, Néphéline avait passé le reste de sa soirée à rassembler ses affaires pour l’expédition du lendemain avant de s’écrouler dans son lit, un long sommeil réparateur juste à portée de main. Si seulement !

Autant dire qu’être réveillée à trois heures du matin par un numéro inconnu lui annonçant qu’un taxi pour l’aéroport l’attendait au pied de son immeuble n’avait pas fait partie de ses plans. Le vol à proprement dit avait été également trop court pour lui permettre de véritablement se reposer ; aussi avait-elle occupé le temps en consultant les cours de sismologie datant de ses études à l’université.

C’était donc avec un cruel manque de sommeil que Néphéline parcourait présentement le campement établit autour de la ville sinistrée, à la recherche du point de rendez-vous qui lui avait été indiquée. Le soleil pointait tout juste à l’horizon, mais l’endroit fourmillait tout de même d’activité. À croire que l’événement excitait ceux qui se lassaient d’une vie monotone. Néphéline ne partageait pas leur enthousiasme. Guère encline à échanger des banalités, elle fit sortir Corindon de sa Honor Ball ; l’imposante Carchacrok avait le don d’exercer un effet dissuasif particulièrement efficace. L’inconvénient ? Le petit duo qu’elles formaient ne manquait pas d’attirer les regards. Peut-être que je n’aurais pas dû la sortir. Il ne manquerait plus qu’un ancien collègue me reconnaisse. Au moins, elle n’avait pas fait appel à son Scalproie.

La présence de Corindon eut au moins l’effet escompté ; personne ne vint l’aborder et elle put rejoindre le point de rencontre, localisé à une des extrémités du campement, sans être dérangée. L’endroit était complètement nu, le sol dénué d’herbe verte ou de toute autre végétation malgré la saison. Probablement une conséquence de la catastrophe. Seul un panneau en carton portant l’inscription « point de rencontre » persistait, fixé de façon précaire à un piquet. Nulle part où s’asseoir, aucun arbre contre lequel s’appuyer, ni rien pour faire passer le temps. Néphéline ne comptait pas subir l’attente. « Corindon, assis. » La Carchacrok posa paisiblement son arrière-train sur le sol, prenant une position non-dissimilaire à une gargouille. Néphéline s’appuya alors contre son dragon, un bras reposant sur l’épaule du Pokémon. « C’est bien. » Corindon émit un petit grognement en réponse.

Néphéline ne savait pas exactement à qui elle aurait affaire ; on lui avait seulement expliqué qu’un dresseur expérimenté viendrait l’épauler lors de l’expédition. Une inversion de rôle dans laquelle Néphéline pouvait trouver un certain humour.

Heureusement, elle n’eut pas à attendre son partenaire, ou plutôt sa partenaire, trop longtemps. Une figure féminine ne manqua pas de se pointer au bout d’une dizaine de minutes. Une jeune femme plus grande que la moyenne, aux cheveux longs et blonds, entrecoupés de mèches colorées. Néphéline plissa son unique œil restant. La dresseuse lui semblait familière, mais elle ne parvenait pas à mettre le doigt sur son nom, ou dans quelles circonstances elle aurait pu la rencontrer. Elle n'était pas une sbire Flare sous couverture, c’était déjà ça.

La voyant se rapprocher, Néphéline disciplina son visage pour prendre une expression plus neutre et cessa de s’appuyer contre Corindon, qui fixait la venue de la dresseuse avec peut-être un peu trop d’intensité. Néphéline ne la rappela pas à l’ordre ; la férocité du dragon lui permettait de véhiculer silencieusement qu’elles étaient tout à fait à même de se défendre. Néphéline laisserait l’honneur à la jeune femme de prendre la parole en premier, pour ne pas dire qu’elle espérait qu’en entendant son nom, sa mémoire serait ravivée.

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Sur le chemin vers le point de rendez-vous, je prends le temps de vite fait discuter avec quelques personnes croisées la veille et que j'ai aidé. Il s'agit juste de prendre de leurs nouvelles, savoir si tout s'est bien passé, le blabla classique mais qui m'intéresse vraiment. Les choses étaient toujours assez chaotiques hier soir alors dur, dur de réussir à être à jour sur tout... Ou du moins le plus de choses possibles. J'imagine que je me prends trop la tête, que je devrais me contenter de faire ce qu'on me dit et ainsi être utile – c'est ce que le Comité veut après tout – cependant je suis là pour m'investir. Je n'aime pas faire les choses à moitié quand il s'agit d'apporter mon aide ou de m'investir dans une tâche que je juge avoir de l'importance. Comme les gens avec qui je dialogue ont l'air d'aller bien, je me presse finalement vers le point de rendez-vous pour rencontre la géologue. Je suis assez curieuse de ce métier d'ailleurs, ça doit être fascinant de réussir à deviner plein de choses sur le monde terrestre en regardant un bout de caillou, du moins c'est ainsi que je pense que ça fonctionne. Peut-être que l'experte me donnera tort, même si je me demande si j'oserai lui poser ce genre de questions stupides. J'imagine que le mieux sera de d'abord se concentrer sur notre mission, puis une fois les choses posées et après avoir tâté le terrain de si c'est une personne sympathique ou non, me permettre de laisser mes suppositions envahir la conversation.
Rapidement, avec mon golemastoc qui me suit toujours de près, j'atteins le point de rendez-vous. On ne m'a pas dit à quoi ressemblerait Madame Nilsen, mais il n'y a pas foule alors difficile de se tromper. Au départ ceci-dit je reste confuse, car ce que je vois au loin a surtout la forme d'un carchacrok, puis en m'approchant je parviens à discerner une forme humaine, féminine, et puisqu'il n'y a personne d'autre j'en conclue facilement qu'il s'agit de la personne que je dois rejoindre.

J'accélère le pas pour la rejoindre. Lorsque je me trouve à quelques mètres, je lève la main pour la saluer. Puis, quand je suis à une distance correcte pour qu'elle puisse m'entendre sans que j'ai besoin de gueuler, je demande :

- Bonjour, c'est vous Néphéline Nilsen ?, je la détaille rapidement, mon attention étant surtout retenue par son cache-oeil. Est-ce qu'une scientifique géologue porterait ce genre d'accessoire pour le style ? Aucune idée vu mon ignorance du sujet, mais j'en doute, alors j'en conclue qu'elle doit être borgne. Entre Arthur hier et elle aujourd'hui... Moi c'est Kalinka Hollowell, votre appui en cas de combat.. Ah et lui c'est G-15986, mais vous pouvez l'appeler G, j'ajoute en désignant le golemastoc chromatique se tenant à mes côtés. Il répond par un léger son mécanique.

Comme à mon habitude, et portée par l'enthousiasme, je laisse un grand sourire me traverser le visage. La géologue n'a pas l'air de partager cet état d'esprit, tant pis, peut-être que c'est le stress. Après tout, nous sommes sensés nous rendre dans une zone particulièrement dangereuse, on sait jamais quels effets ces circonstances peuvent avori sur les gens. Même moi, si je me laissais aller, je pourrais ressentir une certaine crainte. Ou alors elle a l'habitude, parce que géologue, et est blasée... Ce qui serait assez classe quand on y pense. Si c'est le cas, peut-être qu'elle aura plein d'expériences de vie incroyables à me raconter pendant l'expédition, j'aimerais bien !
Mon regard bifurque vers son carchacrok, un beau pokémon imposant. Si elle en possède un et arrive à le discipliner, c'est qu'elle doit être plutôt bonne en dressage. Cette discipline allant en général avec les capacités de combat, je me demande à quelle hauteur les organisateurs de l'expédition ont estimés la dangerosité du terrain. Certes je suis sûrement plus forte que Madame Nilsen, mais son dragon me fait penser que nous sommes au final deux dresseuses expérimentées. Ceci dit, c'est pas le moment de tergiverser.

- Vous êtes prête à partir ? Si oui je pense qu'on devrait se mettre en route. Il est encore tôt, il doit pas y avoir trop de monde près de la brèche, c'est mieux. Autant éviter si possible que des casse-cous nous voient entrer dans la grotte et trouvent fun de nous suivre, ce que je ferais donc je sais de quoi je parle. Outre votre cachacrock, vous avez des pokémons qui résistent bien à la chaleur ?

De mon côté, je sais qu'il est hors de question d'utiliser certains de mes insectes. Highness ne supporterait ni l'environnement exigüe, ni la chaleur. Beowulf, Rosemary et Lux souffriraient aussi de la chaleur. Herbert en ayant vu d'autres dans sa vie de scarabrute, je pense qu'il chercherait à faire le fort, mais puisqu'il ne peut pas fermer la bouche j'aurais peur qu'il s'assèche rapidement. Au final, mes valeurs les plus sûres restent Plancha, évidemment, et U.F.O. Quand on en vient à ce type. Pour les types sol, eux, je ne me fais pas de soucis, sauf peut-être pour Chocolat au vu de son double-type. Enfin, j'aviserai aussi en fonction de ce qu'il se passera quand on y sera !
D'ailleurs, je pense qu'il est temps de se mettre en route.

La jeune femme ralentit le pas lorsqu’elle arriva au point de rencontre, mais une fois qu’elle eut Néphéline en vue, elle accéléra visiblement pour la rejoindre en quelques grandes enjambées. Néphéline répondit à sa salutation d’un acquiescement, confirmation muette de son identité et de la collaboration temporaire qui les lierait pour les heures suivantes. Elle nota avec une certaine surprise appréciative que d’aussi près, le visage de sa nouvelle collègue était à hauteur d’œil. Les talons de ses bottes de randonnées y jouaient pour quelque chose, mais la réalisation n’en demeurait pas moins notable.

Le regard de la dresseuse, quant à lui, s’attarda sur son cache-œil, mais la géologue ne trouva pas pertinent de le relever ; courir le risque de froisser sa partenaire en pointant du doigt cet inévitable et léger manque de politesse serait contre-productif. Il valait mieux rester en de bons termes, et de veiller à ne pas attirer excessivement l’attention sur elles.

Un espoir peine perdu, elle le réalisa lorsque l’autre se présenta. Kalinka Hollowell. Petite dernière à intégrer les rangs de la Ligue 4, elle avait, et continuait, de faire parler d’elle, tant sur les réseaux sociaux que Néphéline utilisait occasionnellement que sur la télévision. Maintenant que j’y pense, j’ai dû entendre sa voix, hier, quand j’écoutais le reportage… Spécialiste des types Sol et Insecte, son enthousiasme et ses facultés quant à faire ressortir le potentiel de ce dernier, réputé faible, étaient louables. Peut-être bien que ce fût-là l’occasion en or pour apprendre une chose ou deux de la championne en termes de dressage. Cette perspective fut suffisamment attrayante pour compenser le sommeil perdu par sa réquisition.

« Enchantée. » Néphéline s’adressa aussi bien à la championne qu’à son Golemastoc, étonnamment discret pour sa taille. La borgne blâma les couleurs terreuses et la végétation qui ornaient sa carapace, lui permettant de se fondre avec efficacité dans le paysage. G-15986 se tenait derrière sa dresseuse, tel un garde du corps d’un tout autre calibre. L’angle de sa tête laissait penser qu’il dévisageait Corindon, certainement méfiant. Néphéline ne put que lui donner raison, car lorsqu’elle suivit le trajet de son regard et de celui de la championne, elle put voir que Corindon les fixait avec tout l’air d’un prédateur sur le point de passer à l’attaque ; ses muscles peauciers étaient même suffisamment contractés pour hérisser les écailles rebelles de sa nuque.

Kalinka s’adressa à elle tandis que Néphéline porta calmement la main sur le crâne de son dragon, qu’elle caressa avec des gestes méthodiques devenus seconde nature. Forte de leurs dix-huit ans de vie commune, s’ouvrir les doigts ou la paume sur les écailles rugueuses de sa compagne n’était plus qu’un lointain souvenir. Son intervention, silencieuse et rapide, eut l’effet escompté : Corindon se détendit significativement. Bien. Néphéline lui tapota la tête, un geste taquin final pour faire baisser la tension. « Je suis prête. Nous pouvons partir si vous l’êtes également. Elle fit de nouveau danser ses doigts la tête de sa Carchacrok, qui ferma les yeux et souffla d’exaspération. Elle s’appelle Corindon, et je n’ai qu’elle qui puisse bien tenir la chaleur. » Son Scalproie, bien que redoutable dans de nombreuses circonstances, n’était pas des plus vaillants lorsqu’il était exposé à de fortes chaleurs. Quant à son Moustillon nouvellement acquis… Disons que Néphéline avait un temps eu la réputation, au sein de la Team Flare, d’être une professeure intransigeante. Cruelle n’avait néanmoins jamais été utilisée pour la décrire… Dans ce contexte-là du moins. Envoyer un jeune Pokémon, âgé de quelques mois seulement, sur un terrain aussi dangereux lui paraissait dès lors n’être qu’une ineptie.

Elle cessa de caresser Corindon, qui prit cela comme un signal pour se relever dans toute sa splendeur. Néphéline ne s’en lasserait certainement jamais. « J’aurais aimé vous dire que son air menaçant est trompeur, mais ce serait vous mentir. Toujours est-il qu’elle m’obéit parfaitement… Mais je recommande tout de même de ne pas trop lâcher votre garde au début. » Une présentation qui n’était pas des plus flatteuses, tant pour sa Carchacrok que pour elle-même, mais si elle pouvait éviter de faire la une des journaux pour homicide involontaire d’une championne de la Ligue 4, elle en serait reconnaissante. Le côté imprédictible du dragon s’était érodé avec les années passées à ses côtés, à mesure que Néphéline apprit à reconnaître ses signaux d’agression, mais l’on n’était jamais à l’abri d’un accident. Néphéline espérait simplement que Kalinka, malgré tout l’enthousiasme qu’elle semblait dégager de leur courte interaction, saurait respecter les limites de Corindon lorsqu’elle ne pourrait pas garder son œil sur elle. Ou que G-15986 parviendrait à réagir suffisamment rapidement pour éviter toute tragédie.

Néphéline désigna du menton la faille et autres écroulements de terrains qui déchiraient Cromlac’h au-delà du campement. « On ne m’a pas indiqué le lieu précis de l’expédition. Je vous laisse donc prendre les devants. »

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(814 mots)

Les présentations entre ma partenaire du jour et moi sont... Cordiales, je dirais. En tout cas, elle n'a pas l'air de partager mon enthousiasme. Bah, c'est pas grave, j'ai l'habitude, a force je sais bien que j'ai tendance à être plus expressive et énergique que la moyenne, peu importe la situation qui se présente à moi. G-15986 reste calme derrière moi, ce qui signifie qu'il ne capte aucune hostilité venant de Néphéline. Pas que l'idée m'inquiétait, c'est pas le genre de truc auquel je pense à moins d'avoir de bonnes raisons de le faire. Par contre, même si je ne suis pas familière avec cette espèce, je me rends bien compte que ce n'est pas forcément le cas de son carchacrok. J'apprends rapidement que c'est une femme nommée Corindon, qui est vite calmée par sa dresseuse. Le geste simple de la géologue et son efficacité suffisent à me confirmer qu'il s'agit d'une dresseuse expérimentée. Je retiens cependant une grimace lorsque j'apprends qu'il s'agit là du seule pokémon de ma partenaire du jour qui puisse bien supporter la chaleur.

- Oh vous inquiétez pas, je comptais pas m'approcher d'elle ! J'ai rencontré des centaines de pokémons dans mes voyages et il ne m'en a fallut que quelques uns pour bien apprendre la leçon qui dit qu'il ne faut pas s'approcher des pokémons qu'on connaît pas !, et encore moins les toucher. Les pichus ça a beau être super mignons, c'est pas des peluches, je l'ai appris à mes dépends lorsque j'étais assez jeune. Seulement, Madame Nilsen n'a pas besoin de savoir ça si je veux garder un minimum de crédibilité. De votre côté si vous voulez vous approcher de G, vous pouvez. C'est un protecteur.

Du plat de la main, je tapote la surface métallique de mon golemastoc. Un bruit de carcasse vide l'accompagne, caractéristique tirée de son type spectre. Sur ce, puisque les précisions sur notre destination n'a pas été donnée à Madame Nilsen, j'ouvre la marche pour nous mettre en route. Ce qui est bien, c'est que la grotte que nous devons explorer n'est pas directement à côté du cratère. Le chemin pour l'atteindre sera moins ardu que la veille avec Arthur... Au moins pour atteindre notre destination. A l'intérieur, par contre, ça risque d'être une autre paire de manche. Afin de ne pas me laisser le temps de trop anticiper et appréhender, je décide de faire la conversation à Néphéline.

- Comment on devient géologue ?, c'est peut-être con comme question, mais je ne me la suis jamais posée. On nous parle pas de ça à l'école quand on nous oriente... Enfin à Unys en tout cas ! Vous venez de quelle région ?, ceci-dit, à part caissière, personne ne me voyait d'avenir. J'aurais pu m'en sortir dans des études liées aux chiffres, mais y a pas un monde où ma famille aurait eu les moyens de me payer des études. Puis bien sûr, hors de question que j'utilise l'argent que je gagnais déjà pour ça au lieu de le donner à mes parents pour faire vivre la famille convenablement. Je n'ai aucun regrets, surtout vu là où j'en suis !

G-15986 reste près de moi tout le long du trajet, ses pas lourds résonnent à mes côté jusqu'à ce que nous arrivons à la grotte. L'entrée se présente comme une fissure créée à même un sol rocheux. Elle est assez large pour laisser passer trois personnes, ce qui me fait penser que nos pokémons ne seront pas un problème. Au moins au début. L'équipe d'éclaireur qui a jugé que l'ouverture serait praticable a installé des lampes, mais je prends déjà ma lampe torche... Maintenant que j'y pense, j'aurais peut-être dû m'équiper d'un casque avec la petite loupiote là. Bref. La température a augmenté depuis notre point de rendez-vous, sans être devenue insupportable. De la sueur commence à se former sur mon front. La crevasse de lave est encore à plus de cent mètres de nous, derrière le relief créé par son ouverture. Je me demande si Néphéline aurait aimé voir la lave dans toute sa splendeur sans pour autant lui proposer d'aller jeter un œil.

- Bon bah... C'est vous l'experte maintenant ! Comment on s'y prend ? Je m'étais dit que je pouvais sortir ma scolocendre, comme elle supporte bien la chaleur et a des flammes qui lui sortent du pif ça fait une bonne lampe complémentaire. En plus, elle se faufile facilement.

Ok, donc j'ai déjà abandonné l'idée de m'exprimer correctement on dirait. Bah, comme je pensais plus tôt, Tomiko n'est pas là pour me superviser ! En plus, Madame Nilsen n'a pas l'air du genre de personnes à s'embarrasser de conventions vu la manière dont se sont déroulées nos présentations.