Après le combat contre Asuna Maruoka, ma liberté de mouvement a augmenté. Apparemment, jouer sur le label d'être la championne qui finit ses combats en entraînant un de ses adversaires au tapis avec elle a plutôt bien fonctionné. Depuis deux semaines, on me reproche moins d'avoir terminé mon combat de Master Ligue par une attaque explosion, car avec celui contre la challenger qui s'est fini sur un lien du destin, ça fait deux fins de combat suicide à mon actif, ce qui me donne une marque de fabrique. Apparemment. Je ne sais pas combien de temps ça tiendra, car je ne vais pas saboter mes affrontements exprès, mais même si je ne suis plus très sensible aux crachats à mon encontre sur internet, ça fait toujours du bien de se dire que je suis un peu plus tranquille qu'avant. Par contre, ça semble avoir mis un coup à mon agente. Elle était toute contente d'avoir l'idée de le mettre en avant comme mon style de combat, ou de défaite et d'égalité plutôt, tout donner jusqu'à s'éteindre en emportant l'adversaire, mais son enthousiasme est rapidement retombé quand j'ai exprimé le mien en expliquant que j'y avais grave pensé aussi. Ne pas avoir l'exclusivité de l'idée l'a cassée dans son délire. Honnêtement, je ne sais plus quoi faire pour mon agente : ça fait à peine deux mois qu'on travaille ensemble, et j'ai l'impression qu'elle est déjà en train de se rabougrir et de s'enfermer dans une sorte de déprime. Je l'ai déjà entendue plusieurs fois me dire qu'elle ne servait à rien, ce qui est faux, mais je n'arrive pas à lui faire dire le contraire encore. J'espère que ça lui passera, surtout qu'à plus de trente ans, c'est elle qui devrait être plus raisonnable que moi. Parfois, je me demande si je ne devrais pas faire des conneries et foirer des trucs exprès, pour qu'elle puisse rattraper le coup et se sentir mieux, mais je n'ai pas envie d'initier ce genre de dynamique. On est des adultes, et dans un métier où il ne me semble pas que ce genre de gamineries soit de mise !
Bref, mon dernier combat de Ligue, même si j'ai perdu, m'a permis d'achever de légitimer ma place pour le moment, grâce à ce petit stratagème. Du coup, je commence à avoir plus de sorties hors de la Ligue, principalement pour des événements. Je n'ai que peu touché terre, mais ça me plaît grave en fait ! Dès que j'ai un coup de mou, je revois la petite fille que j'étais, qui n'avait rien à part ma famille et Plancha, et qui tentait désespérément de se cacher pour ne pas avoir à exposer sa pauvreté aux yeux de ses camarades. Aujourd'hui je suis comme un putain de soleil avec des milliers d'yeux braqués sur moi grâce aux efforts que j'ai fourni pendant toutes ces années. Grâce à ma persévérance. Comment ne pas être super fière ? Peut-être que certains vont me trouver prétentieuses, ou ne pas supporter mon enthousiasme à ces événements ou dans les médias, mais honnêtement qu'ils aillent se faire voir ! Aujourd'hui j'ai un peu de repos, car l'événement du jour a eu lieu à Illumis, pas loin du quartier où vivent mes parents et ma fratrie. Du coup, au lieu d'aller à l'hôtel, il a été décidé que je resterais chez eux. Il a fallut être super discrète pour les rejoindre afin de ne pas faire fuiter leur adresse. J'étais contente de les revoir et de les entendre tous être fiers de moi. Bennett était moins enthousiaste que les autres, mais il est un peu froid avec moi depuis quelques temps. J'imagine que ses études lui mettent une certaine pression sur les épaules, et que la visite impromptue de sa grande sœur a perturbé son programme. Il avait l'air fatigué, aussi... J'essayerai de lui parler par sms un peu plus tard. C'est compliqué quand tout le monde est là et que je suis le centre de l'attention.
Vers une heure du matin, tout le monde est allé se coucher. Ma mère m'a dit de ne pas trop tarder et j'ai approuvé tout en sachant que c'était un mensonge. Il y a une chose que je ne peux faire que la nuit et je n'en ai pas eu l'occasion ces derniers temps comme j'étais trop claquée avec mon rythme infernal. Être chez mes parents me redonne une certaine énergie alors il faut que je m'occupe de Rosetta. En toute discrétion, je sors de l'appartement, puis de la résidence de standing et me faufile rapidement à travers les rues de Volucité. Plancha est restée à la maison, pour dormir avec Pia et Ewen qui sont beaucoup trop contents de la revoir. Mes autres pokémons se reposent dans leurs pokéballs, il n'y avait pas besoin que je les prenne avec moi. Du coup, je n'ai que ma tutétékri que je m'empresse de libérer dès que j'arrive vers une zone où il y a moins d'habitation. La créature spectrale et effrayante pour la plupart étire ses membres et a l'air heureuse de se trouver à l'air libre. A la Ligue, c'est facile de la sortir, ailleurs, moins. Depuis que je l'ai je rencontre ce problème : beaucoup de gens ont peur de ce pokémon et ne veulent pas la voir dans leurs rues. Pourtant, Rosetta est une des pokémons les plus mignonnes que j'ai jamais rencontré ! Elle est adorable, friande de câlin -elle est d'ailleurs déjà en train de m'en faire un- et refuse de faire du mal à quoi que ce soit en dehors des combats. On pourrait croire, à cause de ça, qu'elle n'est pas faîte pour être un pokémon de Ligue, et j'ai cru aussi au départ qu'elle ne me servirait à rien à ce niveau, mais c'est sans compter l'incroyable force qu'elle cache en elle et est capable de déployer lorsqu'il le faut ! Enfin, cette force, il faut qu'elle puisse la solliciter. Et pour ça, il faut aussi qu'elle puisse se nourrir, ce qui est assez compliqué lorsque je n'ai pas la possibilité de la sortir de sa pokéball. Comme beaucoup de spectres, Rosetta se nourrit de l'énergie vitale des autres créatures vivantes. En général, je ne manque pas d'énergie pour la rassasier, mais comme ces derniers temps je n'ai ni pu passer trop de temps avec elle, ni me reposer... La pauvre va finir par mourir de faim. Revoir ma famille m'ayant donné un coup de boost, c'est le bon moment pour régler ce problème.
A force de marcher dans les rues presque vides de ces zones résidentielles où il n'y a personne d'éveillé pour me reconnaître, je finis par arriver près d'une sorte de chantier. Au vu du grand panneau promotionnel devant le terrain en travaux, ils sont en train de construire une nouvelle résidence avec des intérieurs ultra-modernes qui font super envie. Il faudra voir si les appartements sont mieux que dans la résidence actuelle des mes parents, peut-être que je pourrai les faire déménager là-dedans... En tout cas, cet endroit semble idéal pour nourrir Rosetta. A cette heure, il ne doit plus y avoir personne dans ce chantier, donc on ne me verra pas dans une situation pouvant traumatiser des enfants. En longeant les barrières de protection, je trouve un endroit où elles ne sont pas si bien installées et où je peux me faufiler entre deux. C'est limite au niveau de ma poitrine, mais je finis par réussir à pénétrer à l'intérieur du chantier. Rosetta me suit en flottant par-dessus les barrière. Curieuse de trouver un endroit où on ne me verrait vraiment pas, j'avance un peu plus dans le chantier, jusqu'à me retrouver sur une dalle en béton à côté de laquelle sont appuyées des poutres en métal qui ne sont pas encore utilisées pour la structure. Debout bien stable sur mes pieds, je tends les bras en direction de ma tutétékri pour lui indiquer qu'elle peut venir manger. Elle étend ses bras dans ma direction, collant ses parties solides contre moi. Les souvenirs de ce qui est écrit sur elle, je les ai déjà vus cent fois et, même s'ils ne sont pas très joyeux, j'ai appris à les supporter facilement. Aujourd'hui, Rosetta est particulièrement excitée de se nourrir et son espèce de queue au bout de laquelle se trouve une partie de sa plaque de pierre va dans tous les sens. Je n'en pense rien, au contraire ça me fait rire de la voir aussi heureuse... Jusqu'à ce qu'elle vienne heurter une des poutres en métal.
Rosetta a de la force. Qu'elle ne manifeste qu'en combat... Et quand elle mange pour la première fois depuis longtemps, visiblement. La poutre perd sa stabilité et tombe dans notre direction. Je m'écarte d'un bond, mais Rosetta met trop de temps à réaliser ce qui est en train de se passer. L'énorme barre de métal s'écrase sur elle dans un son qui résonne à travers tout le chantier et j'émets un cri.
- Rosetta !, à travers le nuage de poussière soulevé par la chute de la poutre, je vois ma tutétékri qui se débat sans parvenir à s'extirper de ce poids. Elle panique et n'a pas pu manger beaucoup ; rapidement je comprends qu'elle n'y arrivera pas toute seule. Attends je t'aide !, dis-je bêtement alors que je prends l'objet beaucoup trop lourd à deux mains pour tenter de le soulever.
Evidemment, je ne parviens qu'à me faire mal aux bras et au dos à force de tirer comme une forcenée sans rien faire bouger. Ohlala, qu'est-ce que je vais faire ? Je commence à paniquer, essaye de renvoyer Rosetta dans sa pokéball sans succès. Le pokémon est beaucoup trop agité pour se laisser faire par le faisceau lumineux. D'ailleurs, j'ai peur qu'elle provoque d'autres dégâts à force... Oh non... Je fais quoi maintenant ? J'attends qu'elle s'épuise pour la renvoyer dans sa sphère ? La pauvre ! Je retourne chez moi chercher un pokémon pour m'aider ? La pauvre aussi ! Et ça va prendre une éternité ! Putain c'est vraiment naze que leurs pierres empêchent ces spectres de passer à travers la matière ! La nature est mal faîte pour le coup. Et penser à ça ne m'aide pas du tout à savoir comment faire pour la sortir de ce mauvais pas.
- On... On va faire des exercices de respiration pour que tu sois zen ?, stupide ! Idée complètement stupide ! C'est une spectre, elle ne respire pas ! Même si ce n'était pas un spectre, elle n'a de toute évidence pas de poumons. Toujours est-il que, pour le moment, je n'ai rien de mieux alors... Je m'assieds en tailleurs à côté d'elle est fait genre d'exécuter des exercices zen pour l'inciter à se calmer.
Tout en priant pour qu'aucun voisin n'ait entendu le bordel et se sente assez brave et curieux pour venir voir ce qu'il se passe.
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J'termine à peine de serrer un boulon quand j'entends la sirène de fin d'service. En un sens, ça m'fait chier. Le soleil est en train d'tomber, ça rend la température un peu plus supportable que le cagnard qu'on s'est tapé toute la journée. On est beaucoup à s'dire qu'on aimerait bien bosser de nuit, mais avec le potin qu'on fait, les voisins s'mettraient à gueuler, s'plaindraient à la mairie et on recevrait un papier dans les 48 heures pour nous dire de bosser pendant les horaires de travail. J'comprends, j'aimerais pas non plus qu'on m'empêche de dormir. Mais on voit bien que c'est pas ces bons bourgeois qui s'ruinent la santé sous trente degrés de sept à dix-neuf heures.
J'pose ma clé pneumatique, j'essuie la sueur qui coule entre mon casque et mon front, et j'descends d'mon échafaudage. Arrivé aux préfabriqués, j'enlève mon casque et mes gants et j'm'approche de mon casier, quand une voix que j'aurais préféré ne pas entendre avant demain m'fait limite sursauter.
- Lenny-boy !
Quel surnom d'merde. Y'a bien qu'un gars du Sud comme Daryl pour trouver que ça sonne bien. Mais c'est l'contremaître, alors bon, j'peux pas trop lui faire la remarque.
- On a un souci avec le veilleur de nuit, cet abruti a fini au poste pour ébriété publique. On a personne pour garder le chantier cette nuit. Tu veux bien t'en occuper ?
- Euh, bah c'est que...
- J'ai personne pour le remplacer au pied levé, et comme je sais que t'habites seul, ça te mettra pas dans la merde. Tu seras payé en heures sup', évidemment.
Qu'est-ce que tu veux que j'réponde à ça. Tous les autres ont leur femme, leurs gosses ou les deux qui les attendent à la maison. Moi, à part mon micro-ondes et mon plat de lasagnes surgelées, personne m'attend. Evidemment que j'ai pas envie de rester ici toute la nuit. Qui aurait envie ? Mais bon, si j'dis que j'ai pas envie, non seulement ça forcera un d'mes potes à appeler sa famille pour lui dire de pas l'attendre avant 24h, mais en plus j'm'assois sur un beau p'tit bonus. Les horaires de nuit, ça compte double.
- Ben, euh, ouais, mais j'sais pas si j'pourrai rester réveillé toute la nuit.
- T'inquiète, c'est juste pour l'assurance, on est obligés d'avoir quelqu'un sur place. Y'a rien à voler ici à part quelques outils dégueulasses et des poutres en acier que même un mackogneur aurait du mal à soulever. T'as juste à faire une ronde de temps en temps si t'arrives pas à dormir, un tour du proprio demain matin avant l'ouverture, et on est bons.
- Bon, bah, ok. Je dors où ?
- Où tu veux, Lenny-boy. Mets-toi à l'aise et fais comme chez toi !
Il se marre, fier d'sa vanne pourrie, et se tire. Moi, j'contemple mon existence un p'tit moment avant d'aller me passer un coup d'eau sur la tronche, à défaut d'une vraie douche. J'ignore les copains qui se foutent de ma gueule en partant, et j'vais me préparer un p'tit lit improvisé sur le banc des vestiaires.
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J'arrive pas à dormir. C'est pas une surprise, mais un chantier, c'est pas un hôtel quatre étoiles. J'ai tout essayé. Le banc, trop dur. Les sacs de béton, ça soulève de la poussière dès qu'je bouge. La brouette, c'est trop petit. J'arrive à être à peu près confortable dans la cabine de la grue, mais j'ai abandonné en me disant que si y'a une urgence, j'vais pas pouvoir descendre assez vite. Du coup j'ai empilé des combis d'travail par terre, avec deux chaussures de sécurité empilées en guise d'oreiller, et j'compte les wattouwats. Autant dire que j'vais être frais demain.
J'sais pas combien de temps je tourne en quête de sommeil. P't'être même que j'arrive enfin à m'endormir, vu que j'ai l'impression d'avoir l'esprit pas clair. C'que je sais pour sûr, par contre, c'est que j'me fais réveiller en sursaut par un putain d'fracas. J'me redresse d'un coup, complètement en alerte. J'saute sur mes deux pieds, j'prends une pelle posée près de l'entrée du préfabriqué et je jette prudemment un coup d'œil dehors. J'y vois rien, il fait aussi noir que dans la coquille d'un crustabri. Pourtant j'suis pas fou, j'ai bien entendu c'bruit, c'était trop fort pour être mon imagination. J'suis même à peu près sûr d'avoir entendu un cri.
J'retourne dans le préfa pour prendre un casque avec une lampe sur la visière, et je sors, discrètement. Si y'a du monde sur ce chantier, s'agit d'les prendre par surprise. J'avance lentement, en faisant le moins d'bruit possible. J'contourne le préfabriqué en direction de l'édifice principal, c'est là qu'il y a le plus de trucs susceptibles de faire un bruit pareil.
J'me fige. Une voix. Y'a bien quelqu'un ici. Il est en train d'parler, mais j'arrive pas à entendre. On dirait une voix d'femme. Ou d'enfant. L'hypothèse du p'tit con qui vient faire de l'urbex me paraît pas déconnante. Il va être reçu, Titouan.
J'continue d'm'avancer à pas d'lougaroc. Ma lampe est éteinte, faut pas que j'me fasse repérer avant d'l'avoir en face de moi. J'passe derrière la pelleteuse pour être plus discret, et là...
J'y vois pas clair. Entre l'obscurité et une espèce de nuage de poussière qui recouvre la zone, c'est pas la joie. Mais j'aperçois une forme vaguement humaine qui s'agite autour de ce qui ressemble beaucoup à des poutres effondrées. Merde. A tous les coups c'est des gamins qu'ont voulu jouer avec les poutres, j'me mets à espérer très fort qu'il y en aie pas un qui se les soit prises sur la gueule. Plus besoin de jouer les commandos, j'fais un rapide calcul dans ma tête : si un gosse est en danger, tant pis pour le coup d'pelle, va falloir y aller. J'sors de ma cachette et j'allume ma lampe pour y voir plus clair.
- Eh, y s'passe quoi là ?
J'ai encore du mal à y voir très clair vu que la lumière capte surtout d'la poussière, mais j'me mets à distinguer plus nettement l'gamin qui parlait. Il est pas grand, tiens. Sauf si... ah, non, il est assis. Elle est assise. Et c'est pas un gamin. Du coup j'ai pas misé juste, c'est une femme. Avec des cheveux blonds sacrément longs. Et des mèches. Et... Oh. Oh. Pu. Tain.
- V'z'tes...
Non, non. C'est pas possible. J'ai voulu dire "vous êtes" parce que j'croyais l'avoir reconnue, mais j'me suis mordu la langue dans la foulée, parce que c'est juste pas possible. Qu'est-ce qu'elle foutrait sur un chantier en pleine nuit ? J'me gourre, c'est pas possible autrement. J'm'approche de quelques pas, en me concentrant fort sur son visage. C'est pas possible. J'suis pas réveillé. C'est ça, j'suis en train d'pioncer et de rêver, j'vois pas d'autre solution. J'secoue la tête. Le rayon lumineux d'mon casque bouge de manière beaucoup trop réaliste pour que ça soit un rêve. J'm'approche encore d'un pas ou deux.
J'hallucine pas.
- M'd'me... V'z'êtes... Qu's'qu'... M'd'me Hol...
Putain. J'arrive pas à process. J'arrive pas à penser. Ni à parler. Mon putain d'cerveau va plus vite que ma langue. J'ai un mot qui sort quand y'en a trois qui veulent sortir. J'sais même pas quoi dire.
- AAH !
J'lâche un cri, le genre de cri qu'est ni de peur ni d'colère. Ce cri qu'on sort pour s'remettre les idées en place et faire se calmer sa langue quand on bégaye. Parce que là, j'bégaye comme j'ai jamais bégayé.
- M'dame Hol-... M'dame Hollowell ? C'est bien ?
"C'est bien". Lenny, espèce de trisomique. J'voulais dire "c'est bien vous" et au même moment j'ai voulu raccourcir en "c'est vous". Du coup j'ai dit "c'est bien".
- Euh, c'est vous ?
Voilà. C'est bien. Continue. Tu vois bien qu'c'est elle, Lenny. Tu passes pour un con à lui d'mander ça. Elle va dire quoi, "oui" en te regardant comme l'abruti que t'es ? Non, c'est elle, tu le sais, elle le sait. Lui laisse pas le temps d'répondre sinon ton premier contact avec ton idole numéro un va très mal commencer.
- Mais kskczv... Quéquéqué... Kszqu'eeest-ce que vous faites là ?
Respire Lenny. Respire. Pas trop sinon tu vas passer pour un fou, mais respire. Ah, et précise, aussi. C'est m'dame Hollowell, elle va où elle veut. En plus si tu t'arrêtes là-dessus, elle va penser que tu veux pas qu'elle soit là.
- Enfin, si tard ? Si tôt ? Enfin à c'tzrv... A c't'heure-ci ?
T'es un abruti, Lenny. T'es un abruti. Tu sais même plus aligner trois mots, elle va te prendre pour un abruti congénital, c'est tout c'que tu vas gagner. Sois gentil avec elle. Sois gentil avec la madame.
- Vous...
Ah. Merde. J'viens à peine de m'rendre compte qu'il y a un truc qui bouge sous les poutres. Une partie de ma première théorie était p't'être bonne, finalement. Mais du coup faut pas qu'je reste planté là à lui demander pourquoi elle respire. Faut que j'agisse.
- Attendez, y'a quelqu'un là-dessous ?
Dis-je, en pointant du doigt le tas de poutres comme un imbécile heureux. D'un seul coup, j'ai un flash de lucidité. C'est m'dame Hollowell, oui. C'est super, c'est génial, c'est la plus belle nuit de toute ma vie. Mais là y'a quelqu'un qu'est coincé sous une poutre en métal de 850 kilos. Et si y'a bien une chose dont j'aie moins envie que de passer pour un con auprès de m'dame Hollowell, c'est de laisser quelqu'un crever sous une poutre en métal de 580 kilos.
- Poussez-vous.
Trop directif. Non, attendez, quoi ? J'm'en fous d'être directif. On verra après pour la politesse. J'prends une pokéball dans la sacoche accrochée à ma ceinture et j'l'active. Le duralugon de feu mon paternel en sort.
- Vire cette poutre, et fais gaffe, y'a quelqu'un en-dessous.
Lakhta me répond d'un grognement métallique et s'avance vers la poutre. Elle prend l'extrémité de la poutre en sandwich entre ses... pattes ? Enfin, ses espèces d'appendices en forme d'étoile, puis un énorme claquement résonne. Après avoir littéralement écrasé l'acier entre ses membres, elle grogne de plus belle, et soulève légèrement l'énorme pièce d'acier. Même elle a l'air d'avoir du mal, mais elle a l'air de la soulever juste assez pour permettre à... à ? Ohputainkeskecékcetruc.
- Ah.
C'était pas un gamin, finalement. J'avais donc tout faux.
Cette championne en mousse que je suis. Dresseuse en mousse, même. Quelle personne compétente dans le dressage pokémon se retrouverait dans une situation pareille, ou sa seule idée pour sauver son compagnon, c'est de lui faire faire des exercices de respiration alors qu'il ne peut pas respirer ? En plus, ça marche pas. Rosetta ne se calme pas vraiment, elle continue de s'agiter à essayer de faire bouger les poutres en métal, je commence à avoir peur qu'elle en fasse tomber une autre et casse quelque chose. Restant à sa hauteur, c'est à dire assise par terre, j'essaye de toucher ses parties en pierre pour lui signifier que je suis avec elle, espérant pouvoir au moins être perçue comme une présence rassurante bien que la situation la fasse paniquer. Je commence à vraiment paniquer quand j'entends une voix sortie de je ne sais où. Mon regard cherche cet être humain, qui doit être proche si j'entends si clairement sa voix, espérant pouvoir trouver de l'aide en sa personne. A travers la poussière que continue de soulever ma tutétékri, c'est compliqué, mais je finis par discerner une forme humaine. A première vue, ça a l'air d'être un mec, qui sera peut-être plus fort que moi et qui pourra... Non, personne ne peut soulever à la force de ses bras un objet pareil.
- On a besoin d'aide !, je l'interpelle pour être sûre qu'il s'approche, levant également le bras pour mieux lui signifier ma présence si jamais il ne m'a pas vue dans l'obscurité et la poussière.
Le type s'approche un peu plus, mais bloque quand il me voit. Il s'attendait à quoi ? Un jouet qui parle ? J'essaye de faire quelques gestes pour lui pointer mon pokémon qui est dans la merde, mais il reste fixé sur moi. La panique met un peu trop de temps à me faire réaliser que ça doit être parce que c'est moi. C'est vrai que maintenant, même s'ils ne me suivent pas sur les réseaux, la plupart des gens on déjà vu ma tronche et m'ont identifiée comme une célébrité. Et une telle personne en pleine nuit au milieu d'un chantier interdit au public, c'est vrai que ça a de quoi faire bugguer. Mais il n'empêche que Rosetta est toujours en difficulté et j'aimerais bien qu'il cesse de phaser. Comment faire pour qu'il comprenne sans être impolie ? Après ses bégaiements, le type pousse un cri qui me fait un peu sursauter, mais il parvient ensuite à dire mon nom et me demander si c'est bien. Dans un autre contexte, ça pourrait me faire rire, mais là j'ai toujours ma tutétékri en tête. Du coup je m'empresse simplement de répondre :
- Oui c'est moi ! Et j'ai-, la question de ce que je fais là me coupe dans mon élan pour demander de l'aide. C'est vrai, je n'ai rien à faire à. Surtout que je viens de me rendre compte que l'accoutrement du type ressemble fort, au moins en bas, à une tenue d'ouvrier de chantier. C'est donc sûrement quelqu'un qui travaille ici et peut-être que je suis dans la merde... Rosetta d'abord ! Bon écoutez je sais que j'ai pas le droit d'être ici mais j'ai un problème là !
Accompagnant le geste à la parole, après m'être relevée, je pointe la poutre sous laquelle est toujours mon tutétékri continuant de soulever de la poussière. Ma pauvre choupette... Quand l'ouvrier me demande s'il y a quelqu'un en-dessous, je réponds par l'affirmative, ne pensant pas à faire la nuance avec le fait que c'est un pokémon, non un humain, parce qu'en vrai on s'en fout. Elle est coincée pareil et c'est même mieux que ce soit pas un humain car il serait sûrement mort. « Vous pouvez nous aider ? » Le type me demande de m'écarter, j'en conclue qu'il a un plan et je l'écoute. Un duralugon apparaît sur le chantier, c'est un beau pokémon. Je pourrais passer du temps à l'observer et demander à examiner ses pattes qui m'ont toujours parues mystérieuses dans un autre contexte. Son maître lui demande de s'occuper de la poutre, et quand je vois que même cette créature a du mal avec le poids de l'objet, je grimace encore plus pour ma pauvre Rosetta. Finalement, l'obstacle en métal est écarté et je me précipite vers mon pokémon, me remettant à genoux à côté d'elle pour pouvoir prendre ses parties en pierre entre mes mains et les examiner.
- Rosy, ma chouchou ! Ca va t'as rien ?, comprenant qu'elle est libérée, ma tutétékri se calme même si elle reste agitée car affectée par l'expérience qu'elle vient de vivre. Je passe mes doigts sur la pierre et constate des craquelures qui n'étaient pas là avant. Je grimace. Oh non... T'as pas trop mal ça va ?
Je fouille dans mon petit sac et en sort une hyper potion, objet que je mets un point d'honneur à toujours avoir avec moi car on ne sait jamais quand ce genre d'incident peut arriver, même si j'aurais préféré que se prendre une poutre en métal dans la face ne fasse parti des éventualités possibles. Après avoir aspergé mon pokémon et l'avoir vue reformer ses parties en pierre correctement, je suis rassurée et me relève. Un énorme soupir de soulagement sort de ma bouche. Je me passe les mains sur le visage, comme pour en effacer les dernières traces de panique, oubliant temporairement que je viens de me faire choper à avoir pénétré illégalement sur un chantier. La priorité actuellement, c'est de remercier comme il se doit le sauveur de Rosetta !
- Merci, mais tellement merci vous avez pas idée ! Je suis sortie sans mes autres pokémons, j'aurais jamais pu la sortir de là par moi-même !, j'évite d'évoquer mon seul espoir débile qui consistait à lui faire une séance de relaxation pour la faire rentrer dans sa pokéball. A la place, je me tourne vers le duralugon pour le remercier à son tour : Merci toi aussi, t'es trop fort c'est incroyable !
J'ai très envie de lui serrer la patte, mais ça ne se fait pas de toucher les pokémons des autres. On ne sait jamais comment ils peuvent réagir, ni même leurs dresseurs d'ailleurs. Rosetta s'approche à son tour, après avoir pleinement repris ses esprits, et se courbe un peu devant nos sauveurs. Je sais qu'elle n'est pas encore calme car certains de ses gestes ont l'air désordonnés, ce qui la rend encore plus effrayante que d'habitude. J'espère que cet homme n'est pas facilement effrayé et qu'il n'aura pas l'impression qu'elle est une menace ou je ne sais quoi. D'ailleurs en parlant de menace et de choses désagréables... Je perds un peu le sourire sincère que j'adressais jusqu'ici à l'ouvrier pour avoir l'air plus embarrassée. Je me gratte un peu l'arrière de la tête, resserrant par la même occasion ma couette, signe de nervosité chez moi.
- Du coup... Comment dire... Je suis dans la merde ou pas ? Rapport au fait que j'ai pénétré ici sans autorisation et que je vous ai ruiné une poutre. 'Fin j'imagine qu'elle est plus trop utilisable maintenant que votre duralugon l'a écrasée, je sais pas combien ça coûte ce genre de matos, mais quelque chose me dit que ce n'est pas des petits sous. Ceci dit, vu mes revenus actuels, je pense que ce sera facilement remboursable. Non, le problème c'est plutôt bah... Tout ce qui ne touche pas à l'argent dans cette situation. J'imagine que ça peut pas rester entre nous et se résoudre en vous payant une bouffe pour vous remercier...
Penaude, je ne sais pas trop comment me comporter. Avant, j'aurais tout simplement pris la fuite. Ce type ne m'a pas prise en photo que je sache, et avec un peu de chances il n'y a pas de caméra de sécurité ici. Il aurait pu être possible de disparaître dans les rues de Volucité après avoir fait un bugguer un coup le type s'il était déjà fan de moi avant que je sois championne. Par exemple en lui faisant une bise pour remercier le sauveur et hop, la fuite ! Maintenant, si je fais ça il peut y avoir de plus grandes conséquences. Peu importe la faute, que ce soit l'introduction illégale sur un chantier ou l'abus d'un fan, quelque chose me dit que Tomiko et la Ligue risquent de ne pas me rater.
avatar wetm DC : Illia Aethelhelm - Aaron Sakuragi - Cannelle P. Rosealis - Caihong Yao
M'dame Hollowell a vraiment pas l'air rassurée. Ca pourrait paraître anodin dit comme ça, mais quelque part, et aussi bizarre qu'ça puisse paraître, ça a quelque chose de rassurant. On a toujours tendance à s'dire que les célébrités sont des raclures dans la vie privée, une histoire de succès qui monte à la tête ou j'sais pas trop quoi. On entend beaucoup trop d'histoires de personnes connues qui sont super sympa à la télé et qui, en fait, sont des sacrés salopards quand on les prend par surprise. Quelqu'un comme ça, il s'inquièterait pas à c'point pour un pote coincé sous une poutre. Et quelque part, ça m'prouve que j'ai pas tort d'être ultra fan. En même temps, c'qui fait son succès parmi nous autres, c'est sa réputation d'venir du bas d'l'échelle, là où on est tous restés. Ca serait un putain d'crève-coeur d'apprendre que c'est du flan ou qu'elle a mal viré.
Quand j'réalise que c'est pas un gamin mais un pokémon qu'était coincé là-dessous, en plus de m'paraître plus logique que toutes les théories que j'ai pu m'faire dans ma tête, ça renforce mon sentiment. Elle aime ses pokémons, c'est pas du bluff. J'peux pas m'empêcher d'sourire comme un con. Et ça s'arrange pas quand m'dame Hollowell m'remercie. Genre, pas un "merci" qui vole et tchao. Genre, un merci qui ferait déjà bien plaisir à un gars qui la connaît pas. Alors moi. Oh putain.
- Eudjeudjeu... tcheuuu... Non bah de r... 'fin, c'est bien norm... 'fin j'pouvais pas...
J'ai pas l'temps d'finir de bégayer qu'elle remercie aussi Lakhta. Elle a beaucoup moins d'mal que moi à garder son calme, en même temps elle doit même pas savoir qui c'est. Pis même si elle le savait, elle a toujours été super calme. Elle tient ça d'papa il paraît. Elle répond juste à m'dame Hollowell par un grognement métallique, qui est déjà plus expressif que ma bouillie de mots. J'profite qu'elle me regarde plus pour me mettre une auto-baffe discrète, histoire de m'remettre les idées en place. C'est une occasion inespérée d'parler à mon idole, même si elle sort du cul d'un tiboudet. L'occasion, hein. Pas l'idole. PUTAIN PENSE PAS A DES TRUCS COMME CA LENNY.
Son pokemon a l'air de nous r'mercier aussi. J'crois que j'l'ai déjà vu passer une fois ou deux, mais j'me souviens plus d'son nom. Il est vraiment bizarre, comme un fantôme qu'aurait pris des cailloux pour s'en faire des fringues. J'aime bien ses motifs, on dirait un genre de relique antique ou j'sais pas quoi. J'ai déjà vu des trucs comme ça sur un chantier à Galar, quand on creusait les fondations d'un immeuble et qu'on est tombés sur les ruines d'un village de druides, ou un temple, ou j'sais pas quoi. Il avaient tous eu les jetons, j'ai jamais compris pourquoi. J'essaye de lui rendre maladroitement son salut, n'sachant pas trop quoi faire ou dire.
J'arrive à r'prendre mon sérieux deux secondes quand m'dame Hollowell prend un air plus embêtée. Elle me rappelle par la même occasion qu'elle est, légalement, pas censée être là. Ca m'fait un peu redescendre sur terre, mais c'est pour mieux me faire paniquer. Hors de question d'la mettre dans l'embarras, et encore plus hors de question d'la faire se sentir mal. J'vais...
... quoi ? Elle a dit quoi là ? Me payer une bbfjbgpjhgoijhge... me payer unefjnhlogertg...
- Eurjetgsrfltzaffff...
AAH.
- Grffrfrrfl... Pardon. S'cusez. Une seconde.
J'me retourne, comme si ça allait me cacher d'elle, et j'refais mon cri pour me concentrer, puis j'refais un demi-tour sauté comme si de rien n'était. Si Arceus le veut, j'vais pouvoir aligner deux mots. Même si je viens de me faire inviter à bouffer en tête à tête par m'dame Hollogjnsgrjhsezoif... PUTAIN LENNY. Concentre-toi. Bordel. J'suis rouge comme un voltorbe. La partie haute d'un voltorbe.
- Non non, y'a pas d'souci, vraiment. Ca arrive qu'elles tombent toutes seules, les poutres. J'dirai qu'on a essayé d'le redresser mais qu'j'ai pas réussi, au pire j'me ferai engueuler. Ca m'chang'ra pas du reste de la journée, ha ha ha !
Mais quel con. Comme si ça allait la faire marrer. Pis ce rire de débile mental. On peut pas faire pire.
- Mais en vrai, si...
"si vous voulez quand même me payer une bouffe, ça peut s'faire". Bah oui, Lenny, quelle bonne idée. Dis-lui donc ça, qu'on s'marre. Comme si m'dame Hollowell avait ENVIE de t'payer à bouffer. Elle veut juste se sauver la mise, mais comme je viens d'lui donner une bonne raison de ne plus avoir besoin d'le faire, bah c'est même plus la peine d'essayer. Pourquoi j'suis pas comme toutes ces crevures qui l'auraient fait chanter en lui faisant croire qu'elle était dans la merde et qu'il allait falloir acheter leur silence ? Ouais, parce que c'est des crevures. Et que même si j'avais eu envie d'faire ça, j'aurais pas pu m'regarder dans une glace ensuite. Tant pis, j'peux lui parler, c'est déjà beaucoup.
- Nan, rien.
J'avoue que j'suis un peu dégoûté d'être passé à côté de ça. Mais bon, ça aurait été volé, j'l'aurais pas apprécié à sa juste valeur. Même si j'suis quand même un peu gentil en lui disant qu'il y a aucun souci. J'connais Daryl, il va m'tourner ça en retenue sur salaire. Tant pis, c'est l'prix pour être un simp. Par contre, va s'agir d'profiter de la situation autant qu'possible. Profiter, au sens moral du terme bien sûr.
- Mais euh, vous êtes pressée ? 'fin, vous avez des trucs à faire ? J'veux dire, pour être ici en pleine nuit, j'sais pas ce que... 'fin si vous avez des trucs à faire j'vais pas vous embêter, hein, j'sais que vous d'vez avoir un sacré emploi du temps, mais...
Un emploi du temps chargé à deux heures du mat, mouais. 'fin on sait pas, j'suis pas champion d'ligue moi.
- Fin, si vous voulez, on peut aller au baraquement pour vérifier si vot'pokémon va bien, pis ça sera mieux que d'rester dans la poussière. Pis si vous êtes d'accord, mais j'veux pas vous embêter hein ! Mais si vous êtes d'accord et qu'ça vous dérange pas, 'fin, j'pourrais... 'fin, est-ce que vous pourriez... non, est-ce que vous seriez d'accord pour...
AAH. Du calme Lenny. Du calme. Tu r'commences. Calme-toi. Respire. Non, pas trop. Là t'hyperventiles. Non, putain, vraiment. J'hyperventile vraiment.
- JPOURRAISAVOIRUNAUTOGRAPHESIVOUPLAIT ?
J'ai crié. J'me suis penché en avant comme le demi-Johtonien que je suis, alors que j'ai pas fait ça depuis que papy Sorano est mort y'a des années, et j'ai crié ma putain de question sans respirer. Elle doit me prendre pour un fou. Elle va me prendre pour un espèce de malade qui lui crie dessus sur un chantier en pleine nuit.
J'me redresse, j'suis en nage, j'respire comme si j'venais d'courir un marathon.
- Pardon. Désolé. J'voulais pas crier. J'suis... un de vos plus grands fan. J'm'attendais pas à vous tomber d'ssus alors j'sais pas trop comment... 'fin j'ai pas l'habitude de... 'fin. Rah. C'est bizarre.
Je suis un abruti.
- 'fin c'est pas vous qu'êtes bizarre, hein ! C'est moi qui... enfin, c'est la situation quoi. J'suis là, j'm'attendais à surveiller un chantier vide toute la nuit, pis j'tombe sur vous et vous m'proposez une bouffe et... non, euh, désolé, j'voulais pas dire ça. 'fin, c'est un honneur de vous rencontrer, quoi. Mais vraiment.
Je m'arrête net. Ca va pas. Ca va pas du tout. J'suis en train d'me comporter comme une groupie de base qui perd tous ses moyens. T'es un adulte, Lenny. T'es un adulte responsable et mature qui sait se tenir devant une dame. Surtout cette dame-là. Allez, tu sais quoi, t'as commencé à le faire à la Johtonienne, t'as qu'à continuer. Il paraît que c'est la classe de faire comme ça.
Du coup, j'me repenche à nouveau en avant. Plus lentement cette fois. Et plus proprement.
- J'm'appelle Lenny. J'suis fan depuis vos débuts, et c'est un honneur de vous rencontrer.
J'me redresse, je tente un sourire qui soit pas trop crispé.
- Désolé, vous d'vez pas avoir l'habitude de rencontrer vos fans dans c'genre de situation.
Voiiiilàààà. Un peu d'humour, c'est parfait. On commence à redevenir un humain fonctionnel. Ca a pris l'temps.
- Du coup, vous voulez... p'tet pas rester là ?
Je pointe les préfabriqués du doigt. Ils sont en direction d'la sortie du chantier, comme ça ma proposition a double sens. Si elle veut se barrer -et j'la comprendrais-, elle peut. Mais j'laisse quand même ouverte la possibilité d'aller s'mettre au chaud pour avoir cet autographe. Et discuter encore un peu, mais ça, ça s'rait surement trop d'mander.
Bien que je sois vraiment heureuse que Rosetta ait pu être sauvée et qu'au final personne ne soit blessé dans cette chute de poutre, je n'oublie pas que ma présence ici est totalement illégale. Une partie de moi a envie de fuir comme une lâche en espérant que ça passe, mais j'ai aussi conscience que le type m'a reconnu – comme si je pouvais ne pas le savoir - et qu'il pourrait me dénoncer. Quelque chose me dit qu'il ne le ferait pas, ça a l'air d'être un fan, mais on ne sait jamais comment peuvent réagir les fans déçus. Y en a qui tournent carrément psychos, j'ai entendu des histoires vraiment pas chouettes à ce sujet, et heureusement que ça ne m'est jamais arrivé. Du coup, j'essaye de tourner les choses pour que ce soit lui qui me propose un plan de sorti, s'il peut le faire, en essayant de faire genre je suis chill alors que pas vraiment. Pour être honnête, la réponse du type au début me rassure pas. Une sorte d'amas de sons qui n'ont pas de sens et me font commencer à considérer l'idée que je suis tombée sur un creep. Si c'est le cas... Y a des chances que j'utilise les capacités de Rosetta pour me barrer. C'est pas cool et si l'histoire remonte, je risque d'avoir des problèmes, mais objectivement qui a le plus de chances d'être cru ? Moi. S'il était connu, il serait en position de force, mais là ce n'est pas le cas... Et je commence à me considérer comme une connasse d'envisager tout ça. Ok j'ai peut-être un tout petit peu peur, mais c'est pas une raison ! Je peux me défendre, j'ai Rosetta !
Le type finit par s'excuser, ce qui me rassure un peu, puis ne me rassure plus du tout quand il hurle comme un ramboum et qu'il reprend ensuite la conversation comme si de rien n'était. Je reste assez bouge bée, avec un sourire un peu gêné pour essayer de masquer le fait que j'ai désormais un petit peu envie de m'enfuir.
- Oh cool pour la poutre, merci !, j'essaye de me concentrer sur les informations qui me font plaisir. J'espère quand même que vous vous ferez pas engueuler pour moi..., et ce même si c'est un creep.
Le sauveur de Rosetta commence une autre phrase, puis l'arrête en plein milieu après un temps d'arrêt. D'un côté je suis curieuse de ce qu'il allait me dire, d'un autre je ne sais pas si j'ai envie de pousser désormais. Du coup, je décide de juste continuer de le regarder avec mon sourire un peu crispé tout en me rappelant constamment que, sans lui, je serais dans une merde noire, alors il ne faut pas que je juge trop vite non plus... Tout en ne pouvant m'empêcher de me passer mentalement en revue les capacités de ma tutétékri au cas où il faudrait en venir à lui demander de l'aide. Comme il y a un petit blanc dans la conversation, je veux en profiter pour dire au revoir et sortir de ce chantier pour trouver un autre endroit où je pourrais nourrir Rosetta, mais l'ouvrier reprend la parole et ses premières paroles m'indiquent déjà que je ne vais pas réussir à m'éclipser aussi facilement, au risque de passer pour une connasse. Car, non, je n'ai pas d'emploi du temps chargé à deux heures du matin, même si l'envie de le mitonner est présente. C'est fou comme les humeurs peuvent changer face à des situations inhabituelles. Un instant je l'aurais remercié de toutes les manières possibles, un autre je commence à le craindre. Si je n'avais pas eu toute cette expérience d'internet et des fans bizarres, voir dangereux, sûrement que je serais toujours dans le premier mood... Je ne saurais dire si c'est dommage ou une bonne chose. Cependant, la manière dont il formule la suite de sa demande – dont je ne connais toujours pas l'objet tellement il se perd en détours, et j'ai d'ailleurs du mal à le suivre – me rassure un petit peu. Il a l'air de vraiment s'inquiéter tu fait de m'embêter et vouloir s'assurer que je suis d'accord avec ce qu'il propose. Je dois dire que c'est vrai que j'aimerais bien m'assurer de l'état de Rosetta sans avoir besoin de me rendre dans un centre pokémon. Il n'y a pas grand monde à cette heure, mais depuis que je suis vraiment célèbre dans le monde du dressage, c'est toujours un moment où je dois jouer « Kalinka la grande dresseuse » plutôt que d'être simplement moi-même. Après quelques secondes d'hésitations, je suis sur le point d'accepter, me disant qu'au pire ma tutétékri lui casse la gueule, quand il se remet à crier.
- Aaah !, il m'a fait peur ce con, j'ai pas pu m'empêcher de crier aussi. Du coup, je mets encore un temps à comprendre ce qu'il a dit, surtout qu'il a parlé super vite. Heureusement que comme je parle moi-même souvent comme ça, j'ai développé la capacité de comprendre quand on me rend la pareille. Un... Un autographe ?
La question n'est pas là parce que je ne comprends pas pourquoi il pourrait m'en demander un, mais surtout pour être sûre d'avoir bien capté ce qu'il veut. Je le regarde, penché en avant, me demandant si c'est un salut à la Johtoienne. J'ai beau connaître, je m'y suis jamais vraiment fait alors je fais un geste de la main pour l'inciter à se redresser. Ca me donne trop l'impression que les gens se considèrent comme moins bien que moi, alors que je mérite pas quoi. Ok je suis une championne de Ligue, mais est-ce que je sais gérer un chantier ? Absolument pas ! Alors non, je ne suis pas mieux que les autres en tant qu'être humain. A part si c'est des connards, là j'accepte qu'ils soient moins bien que moi. Et puisque je ne suis pas encore bien sûre de si ce type est un creep ou non, je n'ai pas envie de le juger trop vite. L'ouvrier s'excuse et, même si je l'avais déjà compris, explique que ses réactions sont dues à une grande fanatitude et à une situation plus qu'improbable. Ce dernier point, je dois bien l'admettre. C'est vrai que ça doit exacerber certaines réactions... Et ça va quand même mieux maintenant qu'il fait des phrases. Il se re-penche en avant, je me retiens de le stopper par les épaules, et écoute juste ce qu'il a encore à me dire.
- Bah pour le coup... Je suis quand même assez contente de la situation improbable dans un chantier à deux heures du matin. Enchantée Lenny ! Moi c'est Kalinka, il le sait déjà, mais ce n'est pas une raison pour être hautaine et impolie. Je veux bien qu'on aille checker si Rosetta va vraiment bien, mais... Bon, prend pas mal ce que je vais te dire s'te plait, je sens que si je dois encore rester avec lui, je n'arriverai pas à faire sans honnêteté. En plus, ça peut être une bonne technique pour savoir s'il est effectivement flippant ou juste très maladroit. Respire, ok ? Je suis super flattée que tu sois aussi fan de moi, mais honnêtement tu m'as fait un peu flipper. J'ai cru que t'allais me faire un avc..., bon, c'est un petit mensonge, mais au dernier moment je n'ai pas pu m'empêcher de me raviser. Quelque chose me dit que j'allais être blessante, et je n'en ai pas du tout envie. J'ai beau être Championne, là ce soir je suis surtout une meuf qu'essayait d'aller nourrir sa tutétékri en cachette et qu'a décidé d'entrer illégalement sur un chantier et de provoquer une cata au lieu d'avoir l'idée de se prendre une chambre d'hôtel, ahah !
Je ris vraiment, surtout pour me moquer de moi-même. Cette solution vient de me venir en tête, et c'est vrai que ce serait beaucoup plus pratique, mais... C'est trop hors de mon mode de pensée de payer un truc pareil juste pour un moment ou un caprice. Enfin nourrir Rosetta n'est pas un caprice, mais je me comprends. Après m'être un peu frottée l'arrière de la tête car je me sens stupide, je commence à marcher en direction de préfabriqués que m'a pointé Lenny juste avant.
- Et qu'est-ce tu fais tout seul ici au juste ? T'es vraiment seul d'ailleurs ?, je suis curieuse et en plus ça me permet de détourner la conversation, tout benef' ! Par contre, je me rend compte que j'ai commencé à le tutoyer par instinct... Je doute que ça le dérangera vu le bonhomme. Ah et j'oublie pas l'autographe, je te ferai ça quand on sera posés si ça t'embête pas. Par contre j'ai ni papier, ni stylo... Je suis vraiment sortie les mains dans les poches !
Rosetta flotte toute proche de moi, un de ses bras traînant derrière mon dos comme pour me protéger. Elle a dû sentir que j'étais mal à l'aise tout à l'heure et se tient prête à me protéger en cas de besoin. Je lui fais un signe discret pour lui signifier que pour le moment c'est tout bon, mais elle sait aussi qu'elle ne doit pas encore baisser sa garde. Même si je me suis détendue pour le moment, on ne sait jamais ce qu'il peut se passer. Sûrement suis-je un peu inconsciente sur le coup, mais j'avais toujours été raisonnable... Je n'aurais jamais capturé Plancha, ni certains autres de mes pokémons, je n'aurais jamais rencontré Demeteros, je ne me serais jamais enfuie de chez moi pour poursuivre mes rêves de dressage et je n'aurais pas non plus acheté mon premier smartphone. Bref, ma vie serait toute naze comparé à ce qu'elle est maintenant. Alors, qui sait, peut-être que ce sera une bonne rencontre ! Puis si ce n'est pas le cas, Rosetta est là pour me protéger. Et je ne souhaite à personne de se faire attaquer par un spectre.
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- Oh bah j'me ferai surement engueuler, mais ils ont pas b'soin de ça pour nous engueuler d'habitude, vous en faites pas.
M'dame Hollowell avait vraiment pas l'air bien. En même temps j'me suis vraiment comporté comme un abruti. J'ai dû passer pour une espèce de débile comme on en voit pas souvent. D'ailleurs elle le dit cash, j'l'ai fait flipper. J'lâche un soupir un peu incontrôlé et j'me mords les lèvres. J'sais pas où m'mettre.
- Ouais, euh... Désolé. J'avoue que j'avais un peu envie d'caner à chaque fois que j'disais un truc, j'étais pas vraiment préparé à ça. 'Fin, à vous. 'Fin, à vous voir. 'Fin, 'voyez c'que j'veux dire.
Et faut qu'j'arrête de dire " 'fin". Même pour moi c'est insupportable.
- Mais ouais, ouais, bien sûr. J'comprends, j'vais essayer d'être un peu moins con, juré. V'nez.
J'viens de tilter qu'elle parlait de nourrir son tutetekri en cachette. Ca bouffe des poutres en acier, ces trucs-là ? J'pensais que c'était réservé à certains pokemons acier. Faudra que j'lui d'mande. Mais en attendant, c'est elle qu'a des questions visiblement. Elle doit encore s'inquiéter des conséquences de l'accident j'imagine.
- Ah bah, seul de chez seul. C'est pas un plaisir de surveiller un chantier de nuit, on s'bouscule pas pour le faire. D'ailleurs ils ont dû me faire du forcing pour que j'prenne le poste ce soir, mais pour le coup j'aurais regretté de pas l'faire, haha ! Enfin j'aurais pas su qu'vous seriez passée, mais... 'fin bon, voilà, j'suis pas mécontent d'm'être fait douiller sur le planning.
J'essaye de rire d'la façon la plus naturelle possible. J'parle trop, et pour dire des conneries. Faut que j'fasse le truc de tourner sept fois sa bouche avant d'parler. Heureusement, quand elle m'parle d'autographe, ça m'reconcentre un peu.
- Yes, j'ai c'qu'il faut, vous inquiétez pas. C'est déjà super sympa d'votre part d'accepter, j'vais pas non plus vous d'mander le lait meumeu et l'argent du lait meumeu.
Moi et mes expression d'boomer, là. Tourner sept fois sa bouche on a dit. Bref. On arrive au préfabriqué, que j'ai laissé allumé. Avec mon lit improvisé par terre, que j'fous en boule dans un coin en vitesse histoire de pas trop passer pour un clodo. Maintenant, va s'agir d'assurer.
- Bon, comment il va vot' pokémon ? J'avoue qu'j'y connais rien, j'en ai jamais vu en vrai, des comme ça. Ca mange quoi d'ailleurs ? J'crois qu'on a des biscuits dans l'casier. 'fin j'imagine que s'il mangeait des biscuits, z'auriez pas besoin de faire ça sur un chantier en pleine nuit, haha !
J'serais bien curieux de savoir pourquoi elle doit faire ça en loucedé, mais si j'ai bien appris quelque chose dans mon milieu social, c'est qu'on a tous nos secrets pas forcément légaux, et qu'on préfère ne pas devoir étaler en public. Donc j'évite de poser trop d'questions. J'fais mine de chercher des trucs, histoire de faire un p'tit peu de rangement l'air de rien, mais c'est surtout pour arriver à formuler une phrase sans bégayer pendant vingt ans, cette fois. J'prends une grande inspiration, et j'me lance.
- Vraiment désolé pour tout à l'heure. J'voulais pas vous gêner ou quoi, j'sais qu'c'est pas facile d'être un star, par rapport aux fans et tout, donc j'voulais... 'fin, je sais pas ce que c'est d'être une star hein, mais j'ai entendu dire que. 'Fin j'voulais pas être un fan relou, mais d'un autre côté, j'voulais pas laisser passer l'occasion d'vous parler quoi.
J'ai vu passer des vidéos sur Pokétube ou ils racontaient des histoires de fans un peu trop hystériques qui pouvaient faire des trucs carrément débiles. Voire dangereux. Si elle connaît aussi ces histoires, ou pire, si elle en a vécu... ouais, j'ai vraiment du la faire flipper.
- Dans l'milieu, pour ceux qui s'intéressent un tout p'tit peu aux pokémons, z'êtes une inspiration. On a pas une vie facile, mais à force qu'on nous dise qu'on est bons qu'à ça, on oublie vite nos ambitions. Donc bon, z'êtes un peu notre championne à nous, haha !
Ce putain de rire gêné que je sors toutes les trois phrases, j'ai envie d'me les mettre au derche.
- 'Fin, j'veux pas dire ça en mode exclusivité ou quoi hein ! Vous avez rien d'mandé, et vous avez surement des fans moins difficiles à assumer. Mais voilà, de tous les champions qu'j'aurais pu r'trouver sur mon chantier, c'est vous le gros lot !
Vas-y Lenny, traite-la de gros lot, continue. J'ai envie d'me cogner le sac à caca qui me sert de tête contre un casier. Tant pis. Tâchons d'rattraper l'coup.
- Hem. Vous voulez... boire un truc ? J'crois qu'on a des bières. 'Fin si vous buvez. Sinon y'a d'l'eau et... c'est tout. Désolé, si j'avais su, j'aurais ramené... je sais pas. Autre chose.
On termine ce florilège de l'intelligence humaine par un dernier rire gêné. J'me rassure en me disant que j'ai ni crié ni trop bégayé cette fois, elle aura p't'être moins l'impression que j'vais m'écraser à ses pieds en bavant. Même si c'est un peu ce que j'ai envie d'faire, mais ça serait la dernière chose que j'ferais. Un coup d'oeil à Lakhta me fait comprendre qu'elle me juge. Elle a raison. Mais j'l'emmerde.
C'est peut-être méchant, mais je peux pas m'empêcher de pouffer lorsqu'il m'avoue qu'il avait envie de caner à chaque parole. Je peux comprends, dur d'être préparé à une situation aussi improbable, mais cette formulation quoi ! D'un côté, ça fait du bien d'être de retour au milieu de gens qui parlent simplement qui ne sont pas les membres de ma famille. Ca me donne envie de me lâcher aussi, même si à la réflexion, j'ai pas l'impression d'avoir fait beaucoup d'efforts jusqu'ici. Sûrement le contexte, j'ai pas vraiment eu le loisir de penser à avoir un langage soutenu ou réellement correct. Standard pour la Ligue quoi, du moins de ce que me raconte mon agente, et sur ce point je l'écoute.
- T'inquiète je peux comprendre. J'étais trop fan de Zhu avant, j'ai eu envie de caner aussi en lui parlant, y a que des trucs trop con qui sortaient de ma bouche !, je me marre un peu en y repensant. Maintenant ce fanatisme m'est passée : il a un peu vieilli, est moins beau gosse qu'avant, puis en vrai bon... J'ai été un peu déçue en le connaissant un peu mieux quoi. Ca a brisé le mythe de l'acteur-champion d'arène stylé, mais tant pis. Maintenant je me rends compte que ça fait bizarre d'être de l'autre côté de la barrière.
Bref, je ne vais pas non plus m'étaler à lui parler de mes états d'âme de championne en long et en large. Surtout que la fame, je la connais de bien avant, c'est juste que ce n'était pas la même. Je n'étais pas autant reconnue dans la rue, par exemple. Rien que ça, ça fait une sacrée différence. Du coup, à la place, je pose des questions à Lenny sur le pourquoi il est tout seul sur ce chantier. Ca ne me paraît pas très prudent d'avoir une seule personne si c'est pour monter la garde, on ne sait jamais quand la personne assignée peut s'endormir, avoir besoin d'aide, ou rater des choses. Du coup, je m'attends à ce qu'il y ait une autre raison, mais non, c'est réellement une mission de surveillance. Le fait que ma présence ait pu rendre une tâche pénible en moment plutôt sympa me fait sourire, au moins ça de pris pour sa nuit ! Et de mon côté, je suis bien contente d'être tombée sur un type cool plutôt que sur une porte de prison qui m'aurait renvoyé d'où je viens ou m'aurait dénoncée immédiatement. Seulement, je me retiens de l'exprimer à voix haute : pas envie de le faire bugguer encore. J'ai beau mieux comprendre sa confusion et être moins flippée, si on pouvait éviter de repartie dans des bégaiement ou des cris de ramboum sortis de nul part, ce serait pas plus mal.
On finit par arriver au préfabriqué, il se voit de loin avec la lumière allumée. Je laisse Lenny entrer en premier, le vois mettre quelque chose dans un coin sans m'y attarder, et observer l'intérieur... Qui n'a rien de spécial à regarder ou d'impressionnant, mais je regarde quand même car c'est la première fois que je rentre dans un préfabriqué de chantier après tout. La curiosité, tout ça. Mon attention se reporte rapidement sur l'ouvrier quand il commence à me demander ce que mange Rosetta. C'est vrai que quand on est pas habitué aux pokémons spectres, on imagine pas forcément comment certains se nourrissent.
- En fait elle se nourrit de l'énergie des autres êtes vivants. En l'occurrence, Rosetta se nourrit que de moi, ce que je trouve normal comme je suis sa dresseuse d'ailleurs. C'est ma responsabilité. C'est pour ça que je cherchais un endroit caché. C'est assez flippant à voir, je voulais pas risquer qu'un gamin qu'arrive pas à dormir jette un œil par la fenêtre et tombe sur le spectacle. Ca t'embête si je termine ici d'ailleurs ? Au moins je pourrai m'asseoir et récupérer tranquille avant de devoir repartir.
J'invite Rosetta à venir se mettre devant moi pour que j'examine à nouveau ses plaques de pierre, y passant les doigts pour voir si j'y repère des défauts ou des blessures peut-être invisibles. On ne sait jamais. Et si quelque chose ne va pas, je pourrai demander à Lenny s'il y a des potions dans le coin histoire de l'asperger un coup, et tout ira bien pour ma tutétékri. Pendant ce temps, j'écoute l'ouvrier qui fait a l'air de faire ses meilleurs efforts pour aligner trois phrases. Si tout à l'heure ça me paraissait un peu flippant, maintenant je trouve ça un peu drôle. Seulement, c'est moqueur, alors j'essaye de pas le laisse transparaître. A la place, je lui fait un geste de la main qui veut dire t'inquiète.
- Comme je t'ai dit, je peux comprendre. Donc te prends pas la tête, ok ?, la suite me rend tout de suite moins moqueuse. J'avais déjà eu ce genre d'écho sur ma réputation parmi les classes sociales les moins favorisées d'Unys, mais l'entendre réellement me fait un petit quelque chose. Une certaine fierté, et en même temps j'espère que je ne leur sert pas trop d'exutoire : ce serait con qu'ils abandonnent leurs rêves pas parce qu'on leur a rabâché que c'était pas possible, mais parce qu'ils se contentent de me voir moi réussir. Je me frotte un peu l'arrière de la tête, gênée, mais pas dans le mauvais sens du terme : Ah bah... Merci... Déso je sais pas trop quoi répondre, ça fait toujours un peu bizarre d'entendre que j'inspire des gens. Au départ tout ça ça a commencé parce que ma famille avait besoin de thune honnêtement. C'est assez pragmatique comme ambition !
Je continue d'examiner Rosette, plus silencieuse qu'avant, jusqu'à juger que ses plaques vont bien. Plus de peur que de mal, tant mieux ! Quand je la laisse partir, elle reste à flotter à côté de moi, sûrement en train de se demander quand elle pourra avoir la suite de son dîner. C'est vrai que la pauvre doit encore avoir faim. Je la vois également observer le duralugon, bien que celui-ci soit calme et n'ait pas l'air agressif pour deux sous. Lenny me propose à boire, ce à quoi je réponds par un hochement de tête immédiat :
- Je veux bien une bière ouais, ce serait un peu triste de boire de l'eau maintenant.. La cannette en ma possession, je me cale contre un des murs, me disant que cet endroit n'a tout de même pas l'air bien confortable et que c'est quand même une situation de merde que de devoir rester ici toute la nuit. D'ailleurs, si c'est un lieu de travail... : Les ouvriers ont le droit de boire au taf ? Sympa !, je lui pointe la cannette comme s'il pouvait ne pas voir de quoi je parle.
Je me souviens quand je bossais à la supérette, c'était strictement interdit. Et heureusement, en fait, car je connais certains de mes collègues qui ne se seraient pas gênés pour être complètement torchés, et il y avait déjà assez des clients ivres le soir à gérer comme ça. Heureusement, on avait un agent de sécurité, mais ça ne les empêcher pas de commencer par m'emmerder moi. Je comprends d'un côté, la misère de la vie qui pousse à ce genre d'excès... C'est juste que quand on est du côté de l'employé qui subit après une journée de dix heures, la tolérance a tendance à s'envoler par la fenêtre assez rapidement. Y en a du chemin qui a été fait depuis ce temps là, et j'en suis pas mécontente. Cependant, je repense à ce que m'a dit Lenny à propos des ambitions de cette classe de la population et je ne peux m'empêcher d'avoir une certaine curiosité mal placée. Est-ce que je profite de son fanboyisme pour me permettre de poser une question indiscrète ? Hmm... Oui. Totalement.
- Du coup c'est quoi ton ou tes rêves à toi Lenny ? Tu m'as dit qu'ici on vous écrasait vos ambitions, on essaye de t'écraser quoi ?
D'un côté ce n'est que de la curiosité, de l'autre je me dis que si je peux inspirer des gens, peut-être que je pourrai lui donner un petit coup de boost. En remerciement pour avoir sauvé Rosetta, ça aura plus de valeur qu'un « merci », même si ce que je pense là est assez présomptueux.
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J'ouvre des yeux d'remoraid frit quand m'dame Hollowell m'explique c'que graille son tutététruk. J'avoue que j'm'y attendais pas, même si en y réfléchissant trois secondes, ça m'paraît logique. C'est littéralement un fantôme dans des cailloux, ça peut sûrement pas bouffer d'la nourriture normale. Sans intestins, c'est compliqué. Bien qu'j'me trouve un peu présomptueux d'assumer qu'les pokemons sont foutus comme nous à l'intérieur, mais bon, j'ai beau m'retourner la question dans la tête, j'arrive pas à m'figurer comment un caillou pourrait absorber des nutriments. Remarquez, les plantes le font bien. Alors pourquoi pas.
J'suis tiré d'mes pensées par m'dame Hollowell qui m'demande si elle peut continuer. Déjà qu'j'aurais probablement pas pu lui interdire de faire quoi que ce soit, genre, même si elle avait voulu piloter la grue, j'lui aurais sûrement dit oui, là j'ai la curiosité qui s'ajoute au reste.
- Pas d'problème, faites comme chez vous.
Si elle m'demande ça, c'est qu'c'est pas un truc trop intime, donc j'suis pas trop gêné d'regarder. J'me demande bien c'que ça fait, un pokemon spectre qui mange de l'énergie.
- Mais ça vous met pas trop KO d'vous faire... bouffer ? Fin ça a l'air d'être un sacré bestiau, quand j'vois c'qu'enfourne Laktha chaque jour, ça doit vous coûter cher en stamina.
L'duralugon d'mon paternel me lance un r'gard qui en dit long. Faut croire que l'dicton qui dit qu'il faut pas parler du poids des dames, ça vaut aussi pour les pokemons. Mon attention est vite récupérée par la réponse à mes... tentatives de compliments. Réponse qui m'confirme encore une fois qu'sa réputation d'ex-prolo, c'est pas juste une invention des producteurs pour la fame. Un acteur aurait sorti un truc du style "ouiiii, j'voulais m'élever au-delà de ma condition, inspirer les gens, prouver que blablabla". Non. "Faut bien bouffer", ça c'est c'que répondrait un vrai galérien quand on lui d'mande pourquoi il bosse. Ca m'tire un grand sourire sans que j'puisse le contrôler.
- C'est pragmatique mais c'est honnête, on remplit pas l'frigo avec des belles histoires ! Pis ça prouve que même si on est motivés par du concret, ça peut quand même finir en belle histoire.
V'la que j'fais d'la philosophie maint'nant. Faudrait pas qu'j'oublie que j'parle à quelqu'un d'mille fois plus cultivé et intelligent qu'moi. J'sais même pas pourquoi j'dis ça, on dirait un type qui s'prend pour un maître shifu.
- Euh... désolé, j'devrais pas dire des trucs comme ça. J'connais rien à votre vie.
J'ai rien dit d'vexant, à priori. Mais bon, la vie m'a appris qu'souvent, il vaut mieux hocher la tête et écouter, plutôt que donner son avis. Doctrine que j'vais suivre à partir de maintenant.
J'suis à moitié surpris quand elle accepte une bière. A vrai dire, j'm'attendais un peu à une réaction qu'j'imagine -et qu'je fantasme sûrement, du coup- de célébrité qui veut pas boire d'alcool, parce que ça abîme la peau, que ça peut lui faire dire des conneries ou qu'on risque d'la photographier avec et qu'ça f'ra mauvais genre. Pas qu'il y ait des paparazzis sur un chantier à une heure du mat', mais bon. J'vais pas m'en plaindre, ça m'aurait gêné d'm'en craquer une tout seul, ça aurait fait poivrot. J'sors deux canettes d'la glacière et j'lui en donne une. Elles sont plus trop trop fraîches, mais elles sont pas encore tièdes. Ah putain, c'est quand même meilleur qu'le café.
- Sans aller jusqu'à dire qu'on a l'droit, les contremaîtres sont à peine moins alcoolos qu'nous autres, alors tant qu'on leur garde une p'tite au frais, ils nous chient pas dans les bottes.
Si les chefs de chantier ou les clients voyaient ça, ils seraient moins jouasses. Mais faudrait déjà qu'ils viennent sur place plus souvent qu'une fois tous les noëls.
J'entame une gorgée au même moment où m'dame Hollowell entame une question. Quand elle termine, pas moi. J'm'étouffe littéralement de surprise quand j'réalise qu'elle me pose une question personnelle. Qu'elle s'intéresse à moi. Enfin j'sais qu'je surinterprète mais ça m'fait cet effet-là. D'un autre côté, j'aime pas plus que ça m'étaler sur ma vie, surtout si c'est pour m'plaindre, et surtout, j'ai super peur d'la gonfler. Elle a fait d'sa vie une vraie aventure, elle doit pas s'rendre compte d'à quel point la mienne est terne et inintéressante. Enfin... ça s'fait pas d'pas répondre, on va tâcher d'rendre ça le plus pertinent possible.
- Bah, euh... ils font pas vraiment exprès d'écraser nos ambitions, c'est juste qu'on est tous plus ou moins conscients qu'on sera des fermites jusqu'à notre mort. Ca fait des siècles que c'est comme ça et ça restera comme ça. J'veux dire, on a tous envie d's'élever dans l'échelle sociale, d'gagner plus de fric, d'être plus respecté, d'faire un métier moins dangereux, moins pénible, plus intéressant. Mais si on est là c'est qu'on a pas les moyens d'être ailleurs, ou que notre vie a fait qu'on s'est retrouvés là. Et l'souci quand on atterrit là, c'est qu'on a un mal de chien à s'en sortir. Y'en a qui ont des aspirations, mais la plupart des grouillots de base sont résignés, et ça leur ferait tellement chier que quelqu'un d'autre s'en sorte qu'on a tous tendance à s'tirer mutuellement vers le bas. Enfin, à se maintenir là où on est. On adopte un mode de vie, des habitudes, une routine qui nous enferme dans c'qu'on est bien maglré nous. Pis alors, passé un certain âge, c'est fini, on perd tout espoir de faire autre chose de sa vie, vu qu'de toute façon on sait rien faire d'autre et qu'on n'a ni le temps ni l'envie d'apprendre autre chose. De toute façon c'est comme ça, faut bien des gens pour faire ces sales boulots. Si on devenait tous des notables, y'aurait plus personne pour construire des immeubles.
J'parle beaucoup trop. Tout ça elle doit l'savoir. Elle m'a posé une question sur moi, et même si j'aime pas parler d'moi, faut qu'je réponde. Allez Lenny. Courage. C'est m'dame Hollowell, c'est pas un d'tes potes de bar. Elle va pas te juger parce que t'as des rêves de héros d'série pour ado.
- Moi, j'ai encore un peu l'envie d'me tirer d'là. J'ai repris le poste de mon paternel quand il est mort, parce que j'avais connu qu'ça depuis qu'j'étais gosse. Il m'apprenait l'métier depuis qu'j'étais en âge de tenir une truelle. Mais j'en suis encore au stade de ma vie ou j'me dis que j'peux encore partir sur autre chose. J'ai hérité d'son pokemon, j'ai capturé l'mien, et pour l'instant ils m'aident juste sur les chantiers, mais ça m'donne envie de faire du dressage. C'est aussi pour ça que j'suis super fan de vous, vous avez eu l'genre de super-promotion que j'rêverais d'avoir. Enfin, p'têt pas à c'point-là, j'ai pas la carrure d'un champion. Mais réussir dans c'milieu, ouais, c'est un truc qui m'brancherait. Faut juste qu'j'arrive à m'sortir de la routine, et à arrêter d'me dire qu'un salaire qui tombe tous les mois c'est quand même pas si mal. Mais bon, moi aussi j'suis pragmatique, ça m'facilite pas la tâche.
Je vide ma bière d'un trait, à la fois pour marquer la fin d'mon putain d'exposé de dix kilomètres, et aussi pour évacuer la frustration d'm'être apitoyé sur mon sort devant la personne que j'idolâtre. J'essaye d'le cacher mais j'suis un peu énervé. J'aurais pas voulu lui raconter ce genre d'histoire dramatique à faire pleurer dans les chaumières, j'ai l'impression d'me poser en victime, en pauvre petit prolo qui s'apitoie sur son sort. J'veux pas d'la pitié des gens, et surtout pas de la sienne. J'veux la suivre, l'imiter, pas seulement la regarder depuis la banquette en faux cuir d'un pub qui pue la clope en m'disant qu'c'est ma place et qu'j'y resterai. Mais j'suis incapable d'lui dire ça, j'aurais l'impression d'être beaucoup trop pédant et bien trop sûr de moi. Ce que j'suis clairement pas.
- Enfin, voilà. C'est pour ça que j'dis qu'vous m'inspirez. Parce qu'avec tout ça, si on avait pas quelqu'un pour nous prouver qu'c'est pas impossible, on essaierait même pas. On espèrerait même pas.
Comme pour m'rassurer, pour m'raccrocher à quelque chose que j'connais, j'regarde à nouveau Lakhta. Elle m'fixe sans laisser paraître aucune expression, et ça m'perturbe un peu. J'ai aucune idée de c'qu'elle pense de moi à c'moment précis. Lakhta, ça a toujours été comme une tante, presque une maman d'remplacement, à l'époque ou c'était l'pokémon de mon père. Je sais que j'me repose beaucoup sur elle pour savoir si c'que j'fais est bien ou pas. Mais là, c'est comme si elle pensait rien. Et ça m'aide pas. J'veux pas laisser l'ambiance devenir aussi pesante, m'dame Hollowell est pas là pour ça. Faut réagir. J'tente un petit rire, comme pour montrer que tout ça m'affecte pas tant qu'ça et que j'tiens ma barque.
- J'voulais pas partir en biographie, s'cusez. Pis j'dois pas non plus vous apprendre grand-chose !
Est-ce que j'pourrais lui apprendre quoi que ce soit d'ailleurs, à part la soudure à l'arc.
- T'inquiète j'ai de l'énergie à revendre !, je comprends l'inquiétude. Au début je me demandais aussi comment j'allais m'en sortir avec ma tutétékri, mais puisqu'elle m'aime elle est sympa avec moi. Elle mange petit à petit quand c'est possible ou juste avant que j'aille dormir. Là, ce soir, c'est une situation un peu exceptionnelle.
Ma discussion avec Lenny se met à tourner autour de mes ambitions, ce qui m'a poussée à arriver là où j'en suis maintenant. Je suis toujours un peu gênée, car mes raisons ne sont pas très nobles ou inspirantes, plutôt pragmatique. Alors je suis assez contente de savoir que ça peut, chez des gens comme l'ouvrir, ne pas changer la vision qu'ils ont de moi. Il est même d'accord avec moi, bien qu'il s'excuse après l'avoir exprimé. Je secoue la tête, amusée.
- Non mais t'as raison, t'excuse pas ! Un frigo ça se remplit avec de la thune et j'ai la chance d'avoir pu en gagner honnêtement, je me souviens avoir parfois considéré certaines criminalité quand j'étais plus jeune. Avant de me lancer. Ce qui m'a bloqué est mon honnêteté et le fait que j'aurais eu besoin de l'intelligence de mon frère, sauf qu'il était hors de question, en tant que grande sœur, de l'entraîner là-dedans.
Lenny me propose une bière que j'accepte. Peut-être que mon agente me ferait les gros yeux, car c'est pas bon pour mon image ou que sais-je, mais maintenant que j'ai déjà foutu le bordel sur son chantier, je crois que je suis plus à ça prêt ! Ca me ferait presque rire d'y repenser. Il faudra juste que je traîne pas trop, peut-être, si jamais un de ses collègues se pointe. Après, j'imagine que j'ai quand même le temps, et puis je veux encore profiter des lieux pour nourrir Rosetta et me reposer ensuite. Il faut bien que j'ai assez d'énergie pour rentrer jusqu'à chez mes parents et m'écraser dans mon lit !
Je suis intriguée par les paroles de l'ouvrier, comme quoi ses rêves se font écraser par sa condition de vie. Je pense pouvoir comprendre, car je ne suis pas issue d'un milieu aisé, mais ne veux pas non plus tirer de conclusions hâtives. En plus, je suis curieuse. Maintenant que je suis presque sûre que ce type est inoffensif – au pire j'ai ma tutétékri pour me défendre de lui et sa duralugon, ça m'étonnerait qu'ils aient le niveau de faire face à une championne de Ligue ! - j'ai envie d'en savoir plus. Ma curoisité est sûrement aussi poussée par le lieu insolite dans lequel je me trouve. Enfin, insolite pour moi. C'est un peu comme si je rencontrais un autochtone. Hm, il faut que j'évite de rire de cette pensée, faudrait que je mente pour me justifier car il risquerait de mal le prendre. Alors je demande à Lenny quel rêve il se fait écraser... Et il s'étouffe. Je lève un sourcil, ne sachant pas trop si je dois m'inquiéter ou non au vu de ses réactions depuis que nous nous sommes rencontrés. Il finit par prendre la parole, ce qui me rassure. Pour l'écouter, je me cale un peu mieux et prend quelques gorgées de bière pendant qu'il s'exprime. Ses paroles me font un peu de peine, je vais pas mentir. Pas spécialement pour lui, mais pour toutes les personnes qi sont dans la situation qu'il décrit. Une situation que je connais, à mon échelle d'ailleurs. A la maison, c'est papa qui me tirait vers le bas, qui ne voulait pas de mes initiatives car ce n'étais pas sûr jusqu'à ce que ça marche et qu'ils oit bien content d'accepter l'argent ramené. Je lui reproche pas, je sais comme il est et comme marche le monde, je sais que je dois être une anomalie pour lui. Puis il doit avoir un peu honte, aussi, que ce soit sa gamine qui fasse vivre la famille et pas lui.
Pour répondre à Lenny, je me redresse un peu, histoire de lui montrer que j'ai été attentive même s'il a parlé longtemps. Je crois que ça le gêne d'ailleurs, d'avoir fait ça. Sauf que j'aime bien écouter aussi, on me demande tout le temps de parler maintenant, que ce soit dans les interviews ou autres interventions. Ca me plaît aussi, j'adore causer et je suis très prolifique quand je m'y mets, mais bon. C'est pas pour ça qu'il faut perdre l'habitude de s'intéresser aux autres.
- Bah, j'ai jamais fréquenté le milieu des ouvriers de chantier alors... Ca confirme certaines idées que je m'en faisais disons. Je crois qu'on est beaucoup à être dans la même merde, même si les métiers sont très différentes. Enfin "on"... J'imagine que ça pourrait être insultant de m'entendre dire ça comme ça maintenant que j'ai réussi !, j'essaye de rire tout en notant qu'il ne faudra pas que je refasse la même boulette devant des caméras. Tu sais, t'es pas obligé de tout lâcher pour tenter le coup en tant que dresseur. A la télé on nous montre souvent les histoires de ces gens qu'ont tout quitté pour vivre leur rêve et réussi, mais dans la réalité ça se passe rarement comme ça. Quand j'ai commencé j'étais aussi... Attends, comment ils appellent ça déjà ?, je me creuse quelques secondes les méninges. Ah voilà ! Employée polyvalente dans une grande surface. C'est le mot classe pour dire larbine à tout faire et souvent caissière. J'ai commencé l'entraînement et les petits tournois le week-end en même temps. La plupart des gens que j'y rencontrais c'était pareil, ils étaient salariés la semaine. Donc si t'as envie et que t'y crois un peu, tu devrais tester ! Tu finiras peut-être pas en haut du panier, mais au pire t'auras testé pour savoir si tu kiffes ou pas, au moyen tu t'amuseras et ça te fera peut-être une rentrée d'argent annexe, au mieux tu pourras arrêter ce que tu fais et t'auras toujours un dos à quarante ans, peut-être que je m'avance ceci-dit et que mon trait d'humour n'est pas le bienvenue. Désolée je suis peut-être un peu simpliste... Mais si t'as envie de faire du dressage, tu devrais tenter quand tu peux. Peut-être que ça plairait aussi à tes pokémons !
Machinalement, je me suis mise à caresser une des plaques rocheuses qui composent le corps de ma tutétékri. Parfois les pokémon peuvent avoir un potentiel insoupçonné pour le combat. En voyant Rosetta, je n'aurais jamais cru qu'elle puisse être capable de quoi que ce soit sur un terrain, elle qui est si douce, timide et adorable au quotidien. Pourtant, elle adore montrer l'étendue de ses capacités quand l'occasion se présente ! Je termine ma bière, me tend de tout le long de mon torse et mon bras afin de poser la canette sur la table avant de me laisser retomber contre le mur. C'est plus confortable que je l'aurais pensé.
- Oh d'ailleurs c'est quoi le pokémon que tu t'es capturé ? Si j'ai bien compris ce que tu m'as dit, c'est le premier que t'as capturé par toi-même, c'est ça ? C'est quelque chose comme moment. Je sais pas ce que ça donnera pour toi si t'en capture d'autres, mais pour moi c'est resté super spécial comme capture.
J'ai l'impression que Lenny est parti sur une humeur pas si ouf que ça alors j'essaye, même si ses réponses à mes suggestions m'intéressent, de faire aussi partir la conversation sur quelque chose de plus joyeux. Enfin, j'espère que ce sera joyeux. Il a l'air d'aimer les pokémons alors...
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J'sais pas c'qui est l'pire. Que j'déblatère au kilomètre sans savoir m'arrêter, ou que j'passe ma vie à m'excuser d'le faire, pour ensuite me faire répondre qu'c'est pas grave. Pire, que m'dame Hollowell est plutôt d'accord avec moi. J'fais tous les efforts du monde pour montrer que j'suis aussi humble que j'devrais l'être, mais j'me retrouve dans la situation du mec chiant qui s'excuse de respirer et qui doit juste inspirer la pitié, voire le ras-l'bol. J'suis vraiment une merde en social, y'a pas à dire. Mais là ou j'suis le plus surpris, c'est qu'elle s'met à m'parler comme à n'importe quel pote, à m'donner des conseils, des... encouragements ? Et elle aussi elle s'excuse. J'en r'viens pas que quelqu'un comme elle prenne la peine de s'excuser d'la potentielle éventualité d'avoir vexé un grouillot dans mon genre. C'est vraiment pas que du flan, la téloche.
J'bois ses paroles avec encore plus d'assiduité qu'ma bière. J'écoute chaque mot, j'enregistre chaque phrase. Le moindre son qui sort d'sa bouche est comme un cadeau qu'elle m'fait et qu'elle aurait très bien pu garder pour elle. Et j'dis pas ça parce que c'est mon idole. Enfin, pas que. Ca m'fait vraiment super plaisir, c'qu'elle m'dit. Même si tout ça, j'le sais déjà, et c'est bien l'drame de ma vie. J'le sais mais j'suis pas foutu d'l'appliquer. Mais quand ça vient d'un champion, de quelqu'un qu'a réussi, et SURTOUT quand ça vient de m'dame Hollowell, ça prend tout un autre sens. Ca passe d'un vague concept, un idéal, un "au mieux on fait ça", à un "espèce de grosse merde flasque, bouge-toi l'cul pour faire c'que dit la dame et mériter d'avoir honteusement volé son temps". Enfin, j'exagère p'têtre un peu. Disons que quand ça vient d'un pro, ça sonne tout d'suite plus crédible. Surtout quand elle m'raconte qu'elle a été caissière. Si ça s'trouve j'lui ai fait scanner mes bières un jour sans même le savoir.
Elle s'excuse encore. J'sais pas trop de quoi, j'ai l'impression qu'elle a peur d'm'avoir vexé avec son histoire de dos. Alors que c'est carrément vrai, mon vieux pouvait à peine marcher sur la fin. J'peux pas m'empêcher d'me sentir super mal d'la voir s'excuser, j'veux surtout pas passer pour un mec aigri ou susceptible que j'suis absolument pas. J'sais que trop bien ou est ma place.
- Ah non mais vous excusez pas hein ! C'est très bien résumé.
J'lâche le rire classique du mec défaitiste qui veut montrer qu'il a accepté son sort. Mais en fait, c'est pas l'cas. Enfin, c'est plus l'cas. C'qu'elle m'a dit m'a carrément motivé. L'idée m'traverse l'esprit qu'c'est ptet juste sur le moment, j'suis au taquet parce que j'parle à mon idole, et qu'demain j'aurai d'nouveau perdu toute ma motivation. Mais j'veux pas qu'ça soit l'cas. En m'disant tout ça, c'est comme si m'dame Hollowell m'avait donné une mission. Et j'ai pas l'droit d'la déçevoir, ça non. Bon, c'est plus facile à dire qu'à faire. Mais là tout d'suite, j'suis remonté à bloc. Faut que j'me souvienne de ce moment et que j'le grave dans ma tête et dans mes tripes, histoire d'me remettre dans ce mood la prochaine fois que j'aurai un coup d'mou. J'la vois s'affaler contre le mur, on dirait deux gamins des rues qui tiennent le bloc en attendant qu'le monde se mette à leur parler. Ca m'fait m'sentir bien, p'têtre même un peu moins nerveux.
- Merci. Pour tout ça, j'veux dire. J'crois qu'j'avais b'soin d'l'entendre de vous. Enfin euh. De quelqu'un comme vous. Fin d'un champion quoi. Pis comme c'est vous bah c'est genre super trop top, genre la perfection !
J'bégaye bordel, c'est pas possible d'être débile à c'point là. Ah, j'crois qu'j'ai un truc pour reprendre un peu de classitude. J'arrête de parler à cent à l'heure et j'prends une voix plus posée.
- Pis vous excusez jamais de dire "on", faut jamais oublier d'ou on vient. Si on vous aime autant c'est qu'on sait qu'vous êtes une des nôtres !
J'me tais instantanément et j'me mets à rougir. J'crois que j'ressemble à un voltorbe. Je regrette tout c'que j'viens d'dire. Enfin, non, j'le pense. Mais qui j'suis pour lui dire ça, putain. On dirait que j'lui donne une approbation dont elle a TELLEMENT pas b'soin. Ah j'dois avoir l'air bien con à sourire comme un pseudo beau gosse de Pokéwood avec un teint de baie Ceriz. J'me mettrais des baffes si ça m'faisait pas passer pour un timbré.
Heureusement, on change de sujet. Elle m'demande encore de parler d'moi. C'est dingue ça, j'pensais pas que quelqu'un s'intéresserait à moi comme ça, et surtout, SURTOUT pas elle. Ou alors c'est que d'la politesse, c'est pas impossible. Mais ça fait quand même beaucoup d'politesse. Dans l'doute, hein.
- Ah ! Euh, attendez.
J'récupère la pokéball accrochée à ma ceinture et j'pousse le bouton. En sort Hercule, qui r'garde un peu autour de lui pour comprendre c'qui s'passe. Puis il voit m'dame Hollowell. Et il phase. Genre, pire que moi. Tout c'qu'il arrive à faire, c'est agiter vaguement la patte pour dire bonjour. Bon, il va s'en r'mettre. Surtout quand il aura remarqué l'énorme pokemon spectre qui flotte juste derrière. Mais faut dire qu'il a vu tous les matchs que j'ai vu, et lui aussi il est assez impressionné par les performances de m'dame Hollowell. Et de ses pokemons, surtout.
- C'est Hercule, mon charpenti. j'l'ai depuis... quatre ans, un truc comme ça. J'essaie d'l'entraîner sur mon temps libre, et il se renforce aussi sur les chantiers, même s'il est déjà bien costaud.
Lui aussi, je le sais, qu'il aimerait s'lancer dans la baston. Mais ni lui ni moi n'savons vraiment par où commencer.
- Et, ouais, sa capture c'était quelque chose. J'ai tanné mon paternel pendant des mois et des mois pour qu'il veuille bien m'acheter un kit de capture, mais il m'a donné qu'une seule pokéball. J'me souviens qu'j'me suis baladé dans les montagnes pendant des heures avant d'le trouver. J'avais pas d'pokémon, donc j'y suis allé nature. J'me suis même couché sur la pokéball pendant qu'elle cliquait, comme si ça allait m'aider à l'capturer !
J'rigole à ma propre connerie. Hercule, lui, il a du repérer l'pokémon de m'dame Hollowell, parce que son air admiratif s'est transformé en une expression beaucoup moins sereine. Il s'rapproche doucement de moi, même si l'tutétékri bouge pas, j'imagine que ça doit être impressionnant quand on fait trente centimètres, et qu'on doit surement ressentir d'autres choses que les humains. Machinalement, j'prends deux autres bières dans la glacière et j'les pose entre nous. J'l'ouvrirai si elle ouvre la sienne, j'tiens pas à passer pour un pilier d'bar. Mais j'ai quand même bien envie d'm'en craquer une fraîche.
- Mais d'ailleurs, j'me posais une question ; tous vos pokemons super balèzes, là, vous les avez entraînés vous-mêmes avant d'devenir championne ? Fin j'veux dire, oui, j'me doute, mais c'est pas genre super difficile d'entraîner autant d'pokemons hyper forts, quand c'est pas encore votre métier ? Y'a une école, des cours en ligne, des tutos sur Pokétube ?
Faut dire que mes tentatives d'entraînement sont pas très probantes. Si elle me répond qu'elle y va au feeling, ça va pas m'rassurer.
Ce serait presque triste, d'entendre son rire défaitiste. Ca me rappelle, encore une fois, que tout le monde n'a pas ma chance ni le caractère qui permet de prendre tôt des initiatives pour choisir le chemin qui lui plaît. Enfin, ça c'est la version où j'embellis ce que je dis. Une grande partie de ma motivation et de mes choix restait guidé par le sens des responsabilités financières envers mes petits frères et ma petite sœur. Mes parents aussi, sauf qu'eux dans le contrat de base j'étais pas sensée m'en occuper. Pas que j'en sois mécontente, ceci-dit. J'aime les voir sourire et se permettre une insouciance nouvelle. Puis Lenny me remercie. Je comprends pourquoi, mais je ne pense pas que ça mérite tant d'éloges non plus. Je sais que maintenant les gens ont tendance à me trouver exceptionnelles, et venant de lui, vu notre rencontre jusqu'ici, ça ne m'étonne absolument pas, mais je sais pas... Pour moi, ça devrait pas être quelque chose d'incroyable de soutenir et d'essayer d'encourager les gens en direction de leurs rêves, surtout quand il y a des moyens raisonnables pour essayer de les réaliser. Cette fois, c'est à moi d'avoir un rire gêné.
- Bah... C'est juste que les généralités... Enfin bon !, je ris plus franchement en le voyant rougir comme une tamato tout d'un coup. Contente si mon petit discours a pu t'aider en tout cas !
Rosetta m'aide à me distraire de ce déluge de compliments que je n'ai pas encore bien appris à gérer. Je crois que c'est cette impression que tout ce que je fais pourrait passer ou presque et que ma position m'octroie des passe-droit monumentaux dans l'esprit de plein de gens que j'ai du mal à intégrer. Lenny me donne vraiment l'impression que je pourrais lui mettre mon poing dans la gueule sans aucune raison et qu'il me pardonnerait. Surtout vu la tête qu'il tire à ce moment, j'ai l'impression qu'on est un poil revenu au début, sauf qu'il arrive à parler correctement. Histoire de changer de sujet, aussi car j'ai l'impression que ça peut le mettre d'une humeur pas ouf et c'est pas le but, je le questionne sur le pokémon qu'il a capturé. Plutôt que de m'en parler, Lenny sort carrément sa pokéball et laisse apparaître un charpenti. Je retiens un rire. Pas parce que le pokémon est ridicule, non, je me permettrais pas de penser ça, mais parce que c'est tellement raccord sur un chantier que j'aurais eu la même réaction face à un machoc ou un membre de cette même famille d'évolution. Le pokémon a l'air perturbé par ma présence en tout cas, je lui rend son signe de la main avec un grand sourire pour essayer de le mettre à l'aise. Les pokémons de type combat, c'est pas vraiment mon truc, mais l'attitude de ce charpenti précis lui donne quelque chose d'un peu chou.
- Je vois, salut Hercule !, j'écoute ensuite le récit que Lenny me fait de sa capture. Le coup de l'unique pokéball, ça me ferait presque penser à mon histoire avec Plancha, sauf que Lenny n'a a priori pas eu à essayer de casser la gueule de son charpenti avec une barre de fer pour le capturer. Ah ouais, ça aurait pu être dangereux dans les montagnes sans pokémon ! Hercule était docile à l'état sauvage ?, son anecdote de se coucher sur la pokéball me fait marrer et me plonge dans des réflexions que je ne devrais sûrement pas avoir à voix haute : En vrai je me suis déjà demandée qui, de nous ou du mécanisme des pokéballs était le plus fort. Genre..., je prends celle de ma tutétékri et la place entre mes deux paumes. Si le pokémon se débat, mais qu'on presse comme ça à fond, est-ce qu'il peut quand même ressortir ?, ce n'est qu'après avoir prononcé ces questionnements avec le plus grand sérieux que je me rends compte que je dois avoir l'air un peu ridicule. Je remets fissa la pokéball au fond de ma poche avant d'agiter la main comme pour éluder : Enfin c'est juste une question comme ça...
Pendant que je racontais n'importe quoi, Rosetta et le charpenti se sont repérés mutuellement. Si la première est sereine car ce n'est pas ce charpenti qui va constituer une menace pour elle, l'autre l'est moins. Il faut dire que, quand on connaît pas le pokémon, elle peut être impressionnante. En plus, c'est un spectre. Même dans la nature, je crois que ce type est plutôt craint. Je tapote ses pierres en souriant à Hercule pour essayer de lui montrer qu'il ne craint rien. Concentrée là-dessus, je ne remarque pas tout de suite que Lenny a mis d'autres bières entre nous. Hm... Est-ce bien raisonnable ? Je suis pas sûre de ce que ça peut faire si Rosetta me bouffe après, même si deux bières ce n'est pas grand chose. Je le remercie tout de même d'un signe de tête.
Lenny me pose ensuite des questions sur la manière dont j'entraîne mes pokémons. Je dois prendre quelques instants pour réfléchir à la manière dont je vais lui répondre, en émettant quelques onomatopées pour lui montrer que je l'ignore pas, mais que je suis seulement en train d'organiser mes pensées. Puis, je me redresse, histoire de pas me lancer dans un exposé tout en étant affalée contre le mur.
- Ca dépend, en fait. Pour le tout début, des sources comme internet ça peut être pas mal, même si faut pas se fier à tout. Essaye toujours de regarder les références des gens dont tu prends les conseils, ça permet d'éviter d'écouter des conneries. Pour le reste, oui j'ai entraîné tous mes pokémons moi-même, mais ils ne sont pas arrivés avec le même niveau dans l'équipe. Par exemple ma apireine, Highness, en était déjà une quand je l'ai eue Ca veut dire qu'elle avait déjà atteint le niveau de puissance nécessaire pour évoluer, elle avait une base solide. Spinner, par contre, c'était un tout jeune balbuto qui valait pas un clou au combat, même s'il avait la rage de vaincre, je prends pas la peine de donner de grandes précisions sur mes pokémons, puisque j'ai pris l'exemple de deux qui combattent avec moi dans le stade. Vu la fanatitude de Lenny jusqu'ici, je me permets d'assumer qu'il sait très bien desquels je parle. C'est pas le même type d'entraînement, déjà. Highness y a surtout fallut que je la dompte, on va dire, et que je lui apprenne à maximiser son potentiel. Alors que pour Spinner, y a fallut partir de zéro, le rendre plus fort petit à petit, jusqu'à ce qu'il évolue, et à partir de là lui apprendre à maîtriser ses capacités, son potentiel, et ainsi de suite, j'essaye de prendre des pauses dans mon discours pour essayer de ne pas être trop confuse. Ca dépend aussi de l'espèce du pokémon et de ses capacités. Comme ils sont tous différents, c'est important de se renseigner sur l'espèce dès le départ. Quand j'ai eu Plancha, tout ça, j'en savais rien, et ça a failli provoquer des catas vu qu'elle fait du feu. Donc oui, ça peut être difficile, mais y a toujours moyen de se faciliter la vie en potassant un peu et en ne faisant pas des captures impulsives. Bon parfois sur les routes y a pas le choix pour se sauver la peau, mais faut assumer et gérer par la suite, tu vois ?
Je me repositionne en tailleurs pour être plus à l'aise et mieux pouvoir me servir de mes mains quand je parle. Quand un sujet me passionne, je peux pas m'en empêcher.
- Pour la durée, c'est long oui quand c'est pas ton job. J'ai bien vu la différence entre mes premiers pokémons et la suite, quand c'était devenu mon job à plein temps. Plancha et Beowulf je l'ai ai eus et entraînés avant. Je me faisais pas un objectif d'être dresseuse à l'époque donc j'ai pas vraiment fait gaffe, mais j'avais eu beau les avoir eu pendant des années, fait des petits tournois et quelques arènes, bah j'ai vu que la différence de progression était fulgurante une fois que je suis partie sur les routes et que j'ai eu d'autres pokémons. Mes deux premiers étaient au-dessus car ils avaient quand même bénéficié de nombreuses années d'entraînement en plus, mais il fallait que quelque mois pour que les autres atteignent leur niveau ou presque !, je me rends alors compte que ce que je raconte peut avoir un côté décourageant alors je m'empresse d'ajouter : Mais y a pas besoin d'être aussi fort dès le départ pour une carrière de dresseur. La plupart des gens en tournoi locaux sont des combattants du dimanche. A moins que tu veuilles direct viser la Master Ligue, ce que je déconseille, faut pas se comparer à mon niveau d'entraînement, hein ! T'as dit qu'Hercule était costaud, si tu sais utiliser sa force pour le coordonner de la bonne manière, je suis sûre que vous pourrez déjà avoir des petits succès.
J'espère que, là aussi, mes conseils auront pu être utiles à Lenny. Je ne peux malheureusement pas être spécifique aux charpentis puisque je ne connais pas cette espèce, mais s'il a la volonté et qu'il ne l'a pas encore fait, je doute pas qu'il saura obtenir les informations nécessaires pour l'entraîner au mieux. Ce qui me pose question, cependant, c'est le fait qu'ils soient ensemble depuis quatre ans, mais qu'il n'ait pas encore gagné la puissance d'évoluer. Soit Lenny ne s'entraîne pas si bien que ça, soit le pokémon a un autre blocage. Je ne les connais cependant pas assez bien pour m'exprimer sur le sujet et reste donc silencieux. A la place, une autre idée me vient et je me remets debout avant de proposer avec enthousiasme :
- Oh ! Tu veux que Hercule essaye de taper Rosetta ?
avatar wetm DC : Illia Aethelhelm - Aaron Sakuragi - Cannelle P. Rosealis - Caihong Yao
J'sais pas si c'est à force d'parler comme si de rien n'était, ou si c'est la faute à la fatigue ou du fait que ça s'passe super bien, mais j'ai l'impression qu'j'arrive à arrêter d'stresser à chaque mot que j'prononce. J'en suis pas mécontent. Même si j'ai encore du mal à admettre que j'suis bien en train d'taper la discute à m'dame Hollowell, j'sais que si j'réfléchis dix s'condes, j'suis capable d'me rentrer dans l'crâne que c'est une humaine normale. Enfin, normale, c'est pas l'bon mot. Disons qu'elle est composée des mêmes cellules que moi. Enfin non, pas les mêmes mais... 'fin j'me comprends. J'ai l'impression qu'elle a complètement oblitéré toute la distance qu'elle aurait l'droit d'mettre entre nous, et j'ai envie d'pas le lui faire regretter. Mais bon, forcément, j'suis encore un peu nerveux. C'qui est p't'être pas plus mal, finalement. J'peux être sacrément lourd quand j'connais trop bien les gens.
Elle m'pose des questions sur Hercule. Ca devrait pas m'étonner qu'une championne s'intéresse aux pokemons des autres, mais ça m'fait quand même plaisir.
- Oh, j'connais bien l'mont Foré. Y'a quelques pokemons mais rien d'très dangereux, pis y'a d'super chemins d'randonnée par là-bas. La forêt autour d'Flocombe est sympa aussi, en automne c'est top pour trouver des champis.
Mais la ferme Lenny, elle s'en fout d'tes histoires de champignons. Viens-en au fait.
- Hercule c'est un bon p'tit gars. Il était pas bien farouche quand j'l'ai trouvé, et il m'a jamais posé d'problème. On s'entend bien.
C'est vrai qu'Hercule, c'est un peu un p'tit frère de substitution à mes deux frangins qui sont partis avec la daronne. Comme Lakhta qu'est un peu comme une maman d'secours. Quand j'y pense, y'a beaucoup d'gens qui disent que leurs pokemons, c'est comme leur famille ; mais dans mon cas, c'est presque littéral.
Puis elle s'pose une question sur les pokeballs. Ca m'fait un peu sourire, parce que j'me suis posé la même plusieurs fois, quand j'me rappelais c't'épisode et que j'avais assez grandi pour m'dire que c'était con comme idée. J'me gratte un peu la tête, et j'réfléchis très sérieusement à cette question. Ca m'intéresse aussi en vrai.
- Ben, en vrai, j'pense pas que ça fasse grand-chose. Ca doit surtout être une question d'verrouillage, et même si la pokéball s'ouvre pas à fond, bah l'pokémon y est pas rattaché, ou un truc du genre. Enfin j'sais pas comment ça marche cette technologie. J'crois qu'un pokemon est lié à sa pokeball, donc elle doit l'reconnaître, du coup même si on arrive à garder l'pokemon de force dans un ball, bah elle le r'connaîtra pas et il pourra sortir quand il veut. Ou alors faudrait garder la pokeball fermée de force tout l'temps, et non seulement y'a plus aucun intérêt d'capturer un pokemon, mais en plus c'est horrible pour lui. Pis si c'était aussi simple, j'imagine qu'il y aurait pas toutes ces balls différentes, les super balls, les hyper balls, les balls spécialisées et tout. Ou alors c'est un secret gardé par les industriels, mais j'serais quand même surpris qu'on puisse forcer une pokeball à s'verrouiller. Si c'était possible, quelqu'un aurait déjà testé et tout le monde ferait comme ça, vu comme les choses vont vite sur internet.
...
- ...
Ta gueule. Mais ta gueule. T'as pas fini d'raconter des conneries, non ? Enfin c'est p't'être pas des conneries, j'en sais rien, mais c'est trop, beaucoup trop. Voilà que j'redeviens rouge. Ah ça, pour s'donner en spectacle, y'a du monde. Mais pour faire bonne impression, alors là, c'est la fête au pâtachiot. J'peux pas avoir un filtre entre mon cerveau et ma bouche, par pitié ? J'vais passer pour un bouffon, c'est pas possible.
Bon, heureusement pour mon amour-propre, m'dame Hollowell accepte d'répondre à ma question. Et elle y répond bien, d'ailleurs. J'l'écoute religieusement, j'note chacun d'ses mots dans ma tête avec d'autant plus de soin que j'peux décemment pas les noter sur papier, bien qu'c'est pas l'envie qui m'manque. Plutôt l'papier. Et le manque de politesse, parce que ça s'fait pas. Enfin j'crois ? Pas grave. Je hoche la tête souvent, très souvent. Trop souvent. Elle va croire que j'me fous d'sa gueule. J'la hoche un peu moins souvent, du coup. J'la quitte pas des yeux. Elle s'met à bouger les mains tout en parlant. On voit qu'elle sait d'quoi elle parle et qu'elle aime ça. Ca m'rend heureux d'voir ça, j'sais même pas pourquoi. Elle est fantastique. Encore mieux que c'que j'imaginais. J'crois que j'me mets à sourire mais j'suis pas sûr. J'pourrais rester comme ça des heures.
Oh. Merde. Merde merde merde. J'étais tellement en train d'apprécier l'moment que j'ai phasé en la r'gardant, j'ai perdu l'fil au moment ou elle parlait d'tournois. J'crois qu'j'ai pas loupé grand-chose. Elle est toujours sur les tournois, c'est bon. Les participants sont nazes ? Ok, ça c'est pas tombé dans l'oreille d'un sourd. Elle termine en m'encourageant à essayer avec Hercule. J'étais déjà motivé grâce à elle, et là c'est la cerise sur l'gâteau. J'suis pas trop certain de c'que j'dois répondre, parce que finalement, j'peux que prendre c'qu'elle m'dit et me pousser au cul pour l'mettre en pratique. J'ai envie d'la remercier, forcément, mais j'ai l'impression qu'ça sonnerait comme le mec qui s'débarrasse de conseils dont il a pas envie, alors que j'demande que ça. Du coup je hoche la tête, pour montrer qu'j'suis en train d'penser à tout ça. C'qui est vrai, d'ailleurs. La compétition à bas niveau, c'est accessible, à c'qu'elle dit. Alors pourquoi pas. Ca s'tente, en vrai.
Ah, j'ai pas eu l'temps d'trouver une réponse correcte qu'elle s'lève. Et c'qu'elle dit... c'qu'elle dit m'fait phaser. J'la regarde avec des yeux d'barpau frit pendant plusieurs secondes. J'crois qu'j'arrive pas à faire monter l'info au cerveau. Ah, si, en fait. C'est monté. Sérieux ? Un combat ? M'dame Hollowell m'propose un combat. A moi. M'dame Hollowell propose un combat à Lenny Sorano. C'est quel genre de multivers ? Elle est où, la caméra ?
Bon, reprends-toi Lenny, reprends-toi. C'est pas l'moment d'péter un boulard. C'est un putain d'honneur qui s'présente à toi. Un putain d'honneur de fou. Un vrai cadeau. Faut pas avoir l'air con, faut assurer. Faut montrer qu't'en veux, qu'tu vas faire honneur à ses conseils.
- Euh je ffbreedeudeuuuu.
Des baffes. Des baffes, bordel.
- HEM. Bah, euh, ouais, 'fin j'veux dire... ouais ! Carrément ! Z'êtes sûre que ça vous embête pas ? Parce que j'suis chaud, carrément ! Hein Hercule ?
J'me tourne vers lui. Et lui, non, pas carrément, visiblement. Il a des yeux comme s'il venait d'voir un meurtre en direct. Il essaye d'sourire nerveusement, mais il arrive qu'à avoir un genre de tic au coin d'la bouche qui lui donne pas l'air plus fier. Forcément, c'est lui qui doit s'battre. A sa place j'serais sûrement pas fier face à un spectre comme celui-là, surtout qu'on sait tous les deux d'quoi ce spectre-là est capable. J'ai été un peu salaud, là. C'est pas à lui d'assumer mon enthousiasme. J'lui pose ma main sur la tête.
- Pardon, poto. J'aurais dû te d'mander avant. C'est que si tu t'sens, hein.
J'me retourne vers m'dame Hollowell, parce que j'anticipe c'qu'elle pourrait m'dire. J'me doute que, dans l'milieu du dressage, on peut pas laisser son pokemon choisir contre qui il s'bat.
- Je sais que j'pourrai pas toujours lui d'mander son avis. Mais bon, il a jamais combattu, il a p't'être envie d'commencer avec un adversaire à sa taille. Mais merci pour la proposition en tous c-
Oh, j'sens un truc sur ma main. J'me retourne vers Hercule. Il a posé sa patte contre ma main, et il m'fait un "oui" d'la tête, avec les sourcils froncés, genre déterminé. Bon, il a VRAIMENT pas l'air rassuré. Mais il veut quand même tenter sa chance. Ca c'est mon champion.
- Merci mon pote, j'suis fier de toi.
J'me lève et j'm'essuie l'froc. J'en profite pour vérifier l'heure sur l'horloge du préfabriqué, s'agirait pas d'se faire surprendre par l'contremaître. Mais vu la position d'la p'tite auguille, y'a encore plusieurs heures de marge. Les étoiles s'alignent pour moi ce soir.
- Ooookay.
J'me craque les cervicales, même si ça m'sert à rien. Mais ça m'motive. Et là, j'me rends compte que j'ai aucune idée des modalités d'un combat improvisé d'ce genre. Et qu'j'ai pas non plus la moindre idée des attaques que connaît Hercule. Me v'la beau, tiens. j'ai dit oui parce qu'une proposiiton comme ça, ça s'refuse pas, mais j'suis pas foutu de donner l'change. Bon, j'ai p't'être une idée pour pas trop passer pour un con.
- Vas-y Hercule, montre-moi c'que tu sais faire !
Il inteprètera ça comme il veut. T'façons il sait sûrement mieux qu'moi ce qu'il sait faire, et c'qu'il peut faire contre un spectre. Allez, me lâche pas mon pote....
... il va essayer d'cogner un spectre avec sa poutre en bois. On est pas sauvés.
Ouhla, je ne m’attendais pas à ce que Lenny se lance dans une réponse sérieuse suite à ma question stupide sur le fait de maintenir une pokéball fermée en la tenant à deux mains. Ca ne m’empêche pas de l’écouter, bien que je sois un peu gênée et que je perde le fil en plein milieu. Mes pokémons ont tous toujours eu leur propre pokéball, alors cette histoire de reconnaître le pokémon qui va dedans, je ne suis pas sûre de bien comprendre. Je m’efforce cependant de l’écouter avec au moins un semblant d’attention, histoire de, et de hocher la tête une fois qu’il a terminé. Même si je n’aurai pas compris grand chose, j’aurai été capable de donner le change. Surtout que j’ai l’occasion d’embrayer sur l’entraînement des pokémons, et que là-dessus, je sais parler de manière intelligente. Ca m’emporte tellement que je parle peut-être trop longtemps et donne trop de détails, même si je tâche de rester générale afin que mes conseils puissent plus ou moins s’appliquer à son charpenti. Prise au jeu, je ne sais plus depuis combien de temps je parle et me met à dériver sur d’autres sujets, comme les tournois. Si au début je m’assurais que Lenny m’écoute et arrive à suivre, ce n’est plus le cas. Quand je termine enfin mon discours, en tout cas, il me regarde. Mes paroles ont l’air de le faire réfléchir, alors je m’offusque pas de son absence de réponse.
A la place, je regarde ma tutétékri et une idée me vient. Après m’être relevée, je propose à Lenny un affrontement entre Hercule et Rosetta. Enfin, “affrontement” est un bien grand mot car je n’ai aucun doute que ma pokémon ne ferait qu’une bouchée du charpenti. Rosetta m’a accompagnée dans une bonne partie de mon parcours et combat à mes côtés à la Ligue. Si une énorme poutre en métal a pu la terrasser tout à l’heure, celle en bois du charpenti ne devrait pas réussir à lui faire grand mal. Et encore, c’est s’il arrive à la frapper car elle excelle dans l’esquive en exploitant son type spectre. Si Lenny accepte l’affrontement, il faudra que je lui demande d’y aller doucement. Si je lui dis que c’est “comme avec Glitter”, elle devrait comprendre. Ma tissenboule est encore toute jeune et son entraînement commence à peine. Lenny a l’air d’avoir du mal à accueillir ma proposition, puisque ça semble le faire revenir dans un état de fascination et de gêne. Pourtant, ce n’est pas parce que je suis championne que je ne vais combattre QUE dans le cadre de la Ligue. Ce serait très ennuyeux, autant pour mes pokémons que pour moi. Les combats de Master Ligue où ils n’ont pas à se brider ne courent pas les rues et encore faudrait-il que je sois sélectionnée au tirage au sort.
- Oui je suis sûre !, sa question me fait rire.
Son charpenti, par contre, rigole beaucoup moins et je comprends qu’il a vraiment peur de ma tutétékri. J’aurais peut-être dû le prendre un peu plus en considération, vu qu’il avait l’air inquiet de la voir tout à l’heure. Moi je sais que Rosetta est une crème, mais c’est vrai que ce pokémon ne peut rien en savoir. Je me mord l’intérieur de la joue, gênée, quand son dresseur prend les choses en main. Comme un bon dresseur sait le faire. Il commence à se justifier auprès de moi pour l’attitude de son charpenti, ce à quoi je veux répondre, mais Hercule accepte le combat. Il est trop mignon avec son air déterminé, ce petit pokémon. Je lui adresse un grand sourire et un pouce en l’air pour le rassurer.
- Tu vas voir, ça va bien se passer ! Je sais que t’es pas encore un grand combattant, Rosetta sera gentille, puis je me tourne vers Lenny : C’est bien de leur demander leur avis quand c’est possible. Ca peut être une première analyse qui permet de voir des blocages, je ne fais pas de comparaison aux miens, car mes pokémons savent pour quoi ils ont signé en acceptant de faire partie de mon équipe à la Ligue.
Lenny se prépare à l’affrontement. Pendant ce temps, je communique avec ma tutétékri pour lui expliquer les enjeux de ce combat, c’est à dire évaluer où en tout cas nous faire une idée des capacités de Hercule en combat. Il faudra donc qu’elle soit douce, gentilles, et pas frustrante pour le petit pokémon. Les attaques de statut, de partage de force et autres stratégies habituellement utilisées sont à proscrire. A peine ais-je fini que Lenny est prêt à envoyer son charpenti au combat. Je m’empresse de lever les mains devant moi et le stopper :
- Woh woh woh attends !, j’ai un rire un peu gêné. C’est cool votre enthousiasme à tous les deux, mais… A l’intérieur du préfa’ c’est dangereux, non ? On risque de le détruire, et je ne veux pas lui attirer plus d’ennuis qu’il n’en aura peut-être déjà avec la poutre en métal.
Après avoir ri de la situation, histoire de faire passer un potentiel malaise, je sors la première du préfabriqué. Dehors, il fait encore nuit noire, mais je ne veux pas regarder l’heure qu’il est. Je suis déjà partie depuis longtemps pour nourrir Rosetta alors un peu plus, un peu moins… Et puis je suis adulte et indépendante maintenant, j’ai le droit de ne pas rendre de compte, ce n’est plus comme avant où j’outrepassais mes obligations pour atteindre mon rêve. Je respira la fraîcheur nocturne, m’étire, avant de me diriger vers un endroit dégagé du chantier. Là, il n’y a pas d’immeubles d’habitation pour nous voir, je crois. Je prends de la distance avec Lenny, pour essayer de définir une zone de combat correcte. Ma tutétékri me suit et se place devant moi, face à son futur adversaire. Je lui ordonne, assez bas pour qu’elle soit la seule à m’entendre je l’espère :
- D’abord, pare ses attaques avec tes roches. Et quand tu le sens, cache-toi dans le sol pour voir s’il a un bon instinct, ok ?
Un de ses doigts spectraux s’enroule autour de ma main et je la sens me prendre, rapidement, un peu d’énergie. Je la laisse faire, elle en aura besoin pour se concentrer sur un combat où elle ne doit pas trop blesser son adversaire. Ceci fait, elle prend sa position de combat, tous bras et queue spectrales dehors, et pousse un de ses cris terrifiants quand on a pas l’habitude. Ne pas se laisser intimider, ça aussi, c’est important.
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