Les choses se sont accélérées depuis que j'ai commis ce meurtre pour les membres de la Team Galaxy. Bien qu'ils ne nous l'ait pas montré en face, le boss qui se chargeait de cette "initiation" a été particulièrement content de la performance de Cannelle. Ou plutôt ma performance, mais réalisée à travers son image à elle. Il est aisé de comprendre sa surprise : sûrement qu'à sa place je n'aurais pas misé beaucoup non plus sur cette femme a l'allure frêle. Une mère de famille qui ne supporte plus la monotonie de son quotidien et cherche à y mettre du piment d'une manière plus particulière que les autres ; ou tout simplement inspirée par ses séries pour ménagères qui romancent à outrance le monde criminel. Évidemment, nous ne nous sommes pas montrées fidèles à cette image. J'ai bien conscience qu'il y avait de nombreuses lacunes dans notre manière de faire : manque d'expérience, manque de force, sûrement une mauvaise approche également due à un manque de connaissance dans le domaine en question ; cependant cela ne nous a pas empêché de mener notre mission à bien.
Selon la Team Galaxy, l'homme que j'ai tué était une « âme perdue qu'il fallait sauver », mais si ces paroles pouvaient endoctriner certains des crétins qu'ils appellent leurs sbires, il ne fallait pas être très intelligent pour comprendre que ce n'était qu'une excuse pour se débarrasser d'un élément devenu gênant.

Après ça, la vie de Cannelle est retombée dans une monotonie insupportable. Heureusement, cela n'a pas duré longtemps car, comme je l'évoquais plus tôt, les choses ont enfin bougé. Ce moment que nous attendons depuis que nous avons appris la réelle nature du travail d'Adrian et que nous avons décidé d'en faire notre amant pour changer radicalement de vie arrive enfin. Nous savions que cela prendrait du temps, mais n'avions pas anticipé que ces longs mois puissent être aussi éreintants. Feindre l'affection pour mon mari et mon fils était devenu une habitude et je n'avais pas anticipé qu'en faire de même pour un amant en plus des deux autres pourrait être aussi agaçant. Deux personnes à gérer étaient déjà bien suffisante, je ne souhaitais pas qu'une troisième vienne s'ajouter à l'équation trop longtemps. Bientôt, il ne resterait qu'une seule personne, uniquement Adrian, et nous comptions bien nous débarrasser de lui également lorsque Cannelle serait assez intégrée à la Team Galaxy. La manière de le faire n'était pas encore définie, mais uniquement car, bien que nous ayons déjà un pied dans cette organisation, beaucoup de choses restaient encore à découvrir. Il est difficile de préparer un plan à l'aveugle, je l'ai bien constaté avec l'actuel dans lequel l'organisation criminelle joue un rôle sans que j'ai les connaissances ou l'emprise souhaitée dessus. Quelque chose me dit que c'est ça qui a fait que cela a duré aussi longtemps. Si j'avais eu plus de connaissances, Nous ne serions pas restées dans cette petite vie insupportable de bonne mère de famille, de femme aimante, de gentille voisine, aussi longtemps.
Tout ceci va prendre fin aujourd'hui, et c'est d'une bonne humeur que son mari ne lui connaissait plus ces derniers temps que Cannelle se lève ce matin.

Nous nous sommes réveillées plus tard que lui. Ce matin, il s'est occupé de Nicolas. Nous le trouvons en train de jouer dans le jardin comme il fait très beau. Le soleil brille déjà au-dessus de la tête de l'enfant et Cannelle remarque qu'il a oublié son chapeau. Alors avant toute chose, elle le cherche dans l'entrée et se dirige à son tour vers l'extérieur pour le lui ficher sur la tête, un grand sourire sur le visage.

- Bonjour mon maiouss !, elle lui demande s'il a bien dormi et si son père lui a préparé un bon petit déjeuner, ce à quoi le petit garçon répond par l'affirmative. Super ! Pense-bien à garder ton chapeau sur la tête, d'accord ?, Nicolas hoche la tête avant de retourner courir après le skitty de la famille.

Cannelle fixe le dos du petit garçon qui s'éloigne quelques instants. Nos pensées se perdent dans des fantasmes de joie et de bonheur que nous espérons pouvoir concrétiser aujourd'hui jusqu'à ce qu'un baiser soit déposé sur notre épaule. Daniel est là. Comme toujours ces derniers mois, il a l'air fatigué sans jamais vouloir admettre qu'il l'est.

- Tu as l'air rayonnante aujourd'hui chérie !, la remarque pourrait être mal prise car faisant référence à la récente humeur changeante de Cannelle. L'impatience nous fait faire des écarts.
- Et pourtant je ne suis ni coiffée, ni maquillée, ni habillée correctement !, elle rit. Ce matin, je me suis levée en ayant le sentiment que la journée serait bonne. Ca aide à sourire dès le réveil !

Daniel se contente d'un rire pour toute réponse. Nous voyons bien que lui n'a pas la même certitude et qu'il est même très stressée. Plus tard dans la journée il nous annoncera que les membres de la Team Galaxy viennent encore à la maison aujourd'hui, ce qui entraînera une nouvelle dispute entre lui et Cannelle bien que nous le savons déjà.
Alors qu'il ne nous l'a jamais dit.

Cette après-midi là, Cannelle va en ville avec son enfant, après un repas assez austère suite à sa dispute avec son mari. Elle dit ne pas vouloir être là pour l'énième visite de la Team Galaxy et que Daniel la prévienne lorsqu'ils seront partis. En bonne mère et citoyenne bien évidemment contre les agissements de ce groupe, elle décide de se désolidariser de son mari qui les a imposés dans leur maison. Bien sûr, ce n'est pas vraiment de sa faute, puisque cela vient d'abord d'un mensonge de son patron, puis de pressions professionnelles intenses, mais la ménagère moyenne est-elle sensée réussir, sur le long terme, à voir au-delà du spectre de Cannelle actuellement ? Nous ne pensons pas. De plus, Daniel n'a même pas essayé de discuter.
Pendant le trajet en voiture, Nicolas a demandé si ses parents s'étaient disputés et sa mère lui a répondu que ce sont des choses qui arrivent, mais qu'il n'a pas à s'inquiéter. Ils se réconcilieront rapidement, car ils s'aiment, et l'enfant devrait plutôt penser à profiter de son après-midi, surtout qu'il y a une bonne glace au programme. La sucrerie passe rapidement au premier plan des préoccupations du petit garçon qui tente de marchander avec sa mère pour avoir quatre boules au lieu des trois habituelles, ce qu'elle accepte. Ou plutôt que nous acceptons. Je suis peut-être un monstre aux yeux du monde, mais pas encore assez monstrueuse pour refuser son dernier repas à un enfant. Quoique... Son âge a-t-il réellement une importance ? Ce parasite mérite-t-il une dernière faveur ?
Dommage que sa mère se soit déjà exprimée sur la glace.

Les quelques heures que Cannelle passe avec Nicolas se déroulent sans encombre. Bientôt le soleil commence à décliner à l'horizon et la mère s'inquiète de ne pas avoir reçu de nouvelles de son mari. Elle essaye d'appeler chez elle, mais personne ne répond. Quand l'enfant demande, elle dit que Daniel doit encore être avec son rendez-vous de travail. Cependant il se fait tard, alors elle réfléchit, et le petit demande à rentrer pour ne pas rater l'épisode de la série qu'il suit assidûment tous les week-ends. C'est l'histoire d'un groupe d'enfant et un mystérieux arcanin chromatique à la fourrure totalement blanche. Ensemble, ils vivent diverses aventures. La dernière fois, Nicolas a théorisé que le pokémon serait en fait légendaire, ou un Dieu, ce qui le fait brûler d'impatience d'avoir enfin la révélation. Alors, Cannelle consent à rentrer à la maison pour faire plaisir à son fils. Elle lui dit qu'il s'installeront pour regarder dans la chambre parentale car il y a une télé et, comme ça, ils ne dérangeront pas les invités dé Daniel.
Je souris à l'enfant, car si je n'ai pu avoir d'emprise sur la glace, je vais pouvoir le priver de son dernier épisode. Satisfaction très puérile, mais ma vengeance d'avant liberté se trouve là où je le peux. J'aurais aimé que cela se passe différemment, mais l'opportunité que cela arrive tout court est trop attendue pour la laisser passer.

Nous arrivons à la maison et ne voyons pas de véhicule, ce qui nous fait penser que les membres de la Team Galaxy sont venus avec des pokémons. Adrian nous a déjà expliqué qu'il leur arrivait d'utiliser des créatures de type psy pour se téléporter sans laisser de trace. Cette technique nous semble adaptée pour l'occasion. Nicolas, lui, se réjouit de ne voir personne, se disant qu'il aura son père à disposition et que nous pourrons regarder son émission tous ensemble pour se réconcilier. Cannelle a un petit rire à l'idée avant de pousser la porte d'entrée.
A l'intérieur de la maison, tout est silencieux. Le petit garçon n'en fait pas cas et appelle immédiatement son père à voix haute pendant que nous verrouillons la porte.

- Il est peut-être dans le jardin, je vais voir.
- Maman, Luna est toute coincée sous le meuble !, visiblement, Nicolas a remarqué notre skitty dans l'endroit où elle est toujours lorsqu'elle est effrayée. Je soupire, laisse Cannelle lui dire d'essayer de l'appâter avec de la nourriture pour la rassurer, et m'en vais verrouiller la porte de derrière pendant que l'enfant s'engouffre dans la cuisine. Comme pour la porte d'entrée, j'accroche la clé dans l'endroit qui lui est réservée : trop haute pour être à la portée d'un enfant de l'âge de Nicolas.

Le fils de Cannelle pousse un cri de terreur. Puis plusieurs autres. Il appelle son père, sa mère. Cette dernière se précipite dans la cuisine pour retrouver son enfant et nous nous figeons en voyant le sang qui macule l'évier. Nicolas se précipite dans ses jambes, effrayé par la vue de toute cette hémoglobine. Au même moment, un homme pénètre par la porte de la pièce, juste derrière eux.
Adrian.

- T'attends quoi pour l'amener ? C'est pas le moment de douter ma chérie.

---

---

Modération :

ACTION(S) :
Dracolosse lance surf - (zone - eau - 90/100%)
Floramantis lance tranch'herbe - (zone - plante - 55/95% - haut taux critique)
PV RESTANTS DES POKEMON : Alphyr le Dracolosse : 103/140 - Artie le Floramantis : 115/134
ALTERATION STATS : Vitesse de Dracolosse : 87 - vitesse de Floramantis : 70
AIDE XP : Dracolosse et Floramantis ont touché Amagara
SPRITES :

STATS & ATTAQUES T-Card

Merci !

Nicolas reconnaît l’homme qui vient de pénétrer dans la cuisine : c’est celui qui est toujours là pour traiter avec son père. Habituellement, il l’aime bien, car Adrian prend toujours quelques minutes pour parler avec lui, mais aujourd’hui il sent que quelque chose ne va pas. Sa prise autour de la jambe de sa mère se resserre, il se colle un peu plus contre elle, comme si elle pouvait le protéger. Cannelle ne réagit pas, nous sommes occupées à regarder le supérieur de la Team Galaxy avec une profonde contrariété. Il s’approche de nous et passe la main dans nos cheveux avant de s’avancer pour nous embrasser. Nous détournons la tête, ses lèvres atterrissent sur notre joue.

- Et bien ! Quel accueil alors que je concrétise enfin ta demande !, son ton n’est pas contrarié, plutôt amusé. C’est quoi ? Il est un peu tard pour changer d’avis.
- C’est bien le sang de Daniel ?, il hoche la tête. J’aurais dû être celle qui le blesserait en premier ! Au vu de tout ce sang, vous l’avez déjà salement abîmé !

Une expression en demi-teinte se dessine sur le visage d’Adrian : nos paroles le déstabilisent autant qu’elles semblent lui plaire. Sûrement ne se doutait-il pas que je souhaite vraiment porter l’intégralité de mon fantasme à la réalité. Si Daniel est déjà défiguré, je ne le pardonnerai jamais, et le jour où je le lui ferai payer le jour où je me débarrasserai de lui.
Adrian se radoucit et pose le bout de son index sur notre nez. Ca ne nous amuse pas du tout bien que nous le laissions faire.

- Quand ça se brise, ça saigne beaucoup, son regard retourne vers l’évier. Il essayait de faire le malin, je l’ai calmé simplement, efficacement, en me disant que son nez ne te manquerait pas trop !, nous ne sommes pas convaincues, nous disant qu’il aurait pu s’y prendre autrement, sans l’abîmer. Si tu veux, on peut le garder jusqu’à ce qu’il soit réparé et après seulement tu t’amuseras…
- Non, c’est aujourd’hui. Je n’attends plus, nous posons une main sur la tête de Nicolas, tremblant. Il ne comprend rien, seulement que quelque chose ne va pas. Toujours cramponné à notre jambe, il ne réalise pas encore qu’il s’accroche au lougaroc. Mais alors que personne d’autre que moi ne touche à l’enfant.

Adrian hoche la tête. Nous savons déjà qu’aucun d’entre eux ne fera de mal à un enfant. Jamais ils n’iraient plus loin que l’attacher pour l’immobiliser ou faire souffrir, voir tuer, ses parents devant ses yeux. Pour les enfants, c’est oui aux blessures psychologiques et non aux sévices physiques. Il paraît que c’est l’éthique parmi les criminels. J’imagine que les êtres humains font ce qu’ils veulent pour se donner bonne conscience. Et c’est bien car ce mode de pensée ne m’atteint pas que la porte des Galaxys m’a été ouverte. Le premier meutre, de lui “fidèle” était un premier test, celui d’aujourd’hui leur permettra de juger si je suis prête à aller au bout de mes paroles, ce qui m’assurera d’office une place de choix pour exprimer toute ma liberté.
Place qui m’est déjà toute acquise : pour rien au monde je ne reculerais.

Nous prenons la main de l’enfant de Cannelle pour l’inviter à se dégager de nos jambes. Il cherche du réconfort dans les yeux de sa mère, mais ce n’est pas elle qui le regarde. Sa peur se concrétise et il cherche d’un coup à s’éloigner, s’extirper de l’emprise de cette femme qui l’effraie subitement.

- Mon tortipouss… Ecoute bien maman, retrouver la voix de Cannelle le calme temporairement. Il la laisse s’agenouiller devant lui tandis qu’il se presse contre le meuble de cuisine se trouvant dans son dos. La situation est compliquée, mais maman va faire ce qu’il faut, d’accord ? Tu fais confiance à maman ?

Quelque chose ne va pas dans la voix rassurante de Cannelle. Il le sait, mais n’a pas d’autre choix que de la croire, de lui accorder sa confiance. Nous le savons, car quel autre choix aurait cet enfant ? Même s’il appelait à l’aide, personne ne l’entendrait. Les téléphones ont été coupés par la Team Galaxy, les voisins sont trop loin, les murs de la maison trop épais, les portes verrouillées, et comment pourrait-il avoir la présence d’esprit de briser une fenêtre à son âge ? Le temps qu’il l’escalade, nous l’aurions déjà rattrapé. Il n’a personne. Personne d’autre que nous. Personne d’autre que moi.
Nicolas reprend la main de sa mère et nous nous relevons en lui adressant un sourire sincère, mais qui n’a rien de rassurant. Adrian semble s’amuser de la scène et nous invite dans un geste théâtral à nous rendre dans la salle à manger où nous attend Daniel. Entendre le nom de son père fait se serrer les doigts de Nicolas autour de nos doigts.
Je crois que c’est de l’espoir.

Daniel est retenu dans la salle à manger, ligoté sur une chaise. Autour de lui, plusieurs membres de la team Galaxy accompagnés de pokémons de type psy. Il y a deux gardevoirs et un alakazam, des créatures réputées pour leur puissance. Etant donné que nous avons déjà vu les personnes qui les entourent venir chez nous, nous supposons facilement qu'ils ont connecté leur esprit à celui de leurs créatures psy et que ces dernières les ont téléportés chez nous. C'est, à ce jour, encore le meilleur moyen de transport pour ne laisser aucune trace, qu'elle soit physique ou temporelle. De ce que nous en savons, la police peut bien repérer les traces de téléportations grâce à d'autres créatures, mais ne sont pas capable d'aller plus loin. S'ils l'étaient, les Galaxys n'auraient sûrement pas opté pour cette solution aujourd'hui. Après tout, le meurtre d'une famille, ça ne se fait pas par-dessus la jambe.

- Papa !, en voyant son père, l'enfant n'a pas pu s'empêcher de l'appeler. Daniel ne peut ni le voir, ni lui répondre, ayant les yeux bandés et la bouche baillonnée, mais son corps réagit immédiatement à la voix de son enfant. Il se tend, la panique se lit dans ses membres.
- Ta femme et ton fils sont là, annonce Adrian au mari de Cannelle. Je t'avais prévenu, si tu nous désobéis ou ne te rends pas assez utile pour que nous ayons encore besoin de tes services..., il laisse un suspens que je trouve quelque peu ridicule. Je sais que tu vas me répondre que tu as toujours fait de ton mieux, et nous reconnaissons tes efforts ! Toutes ces heures supplémentaires malgré la peur, la porte de ta maison qui nous était toujours ouverte... Mais comme tu sais, il y a toujours une marge d'amélioration ! Et tu ne t'es pas amélioré assez vite, c'est dommage !

Je reconnais au sourire d'Adrian qu'il aimerait que son expression soit vue par sa future victime, ce qui laisse penser qu'il ne va pas tarder à lui enlever le tissus qui cache ses yeux. Un de nos torchons de cuisine d'ailleurs, nous reconnaissons les motifs. Alors que le criminel gradé s'approche de Daniel, je détaille le visage du mari de Cannelle, constatant, enfin, qu'effectivement son nez a été brisé. Ses vêtements sont couverts de sang. Dommage que je ne puisse pas demander à ce qu'il soit changé, j'aurais préféré le salir moi-même.
Mes doigts caressent la main de l'enfant pétrifié aux côtés de sa mère : lui est encore propre.

Nous nous dévoilons devant les yeux non-obstrués de Daniel. Des larmes se mettent à en couler lorsqu'il constate que nous sommes bel et bien là, son expression ne me permettant cependant pas de savoir s'il s'agit de désespoir ou de soulagement de voir que, pour le moment, nous n'avons rien. Sûrement un peu des deux, le connaissant.
Nicolas appelle encore une fois son père, la voix pleine de terreur.

- Ca va aller mon tortipouss, maman est là, n'ayant plus rien d'autre à quoi se raccrocher, l'enfant s'accroche à notre jambe, cache une partie de son visage dans nos vêtements, et se met à gémir. Je me demande, à ce stade, s'il sait déjà qu'il va mourir. Que nous voulez-vous ? Daniel a toujours répondu à toutes vos exigences !

Le mari de Cannelle pouvant nous entendre, je décide de jouer un peu avec lui. La voix de Cannelle est inquiète, mais pleine d'assurance. Jusqu'à la fin, et devant son enfant, elle se tiendra forte pour partir avec dignité. Du moins, c'est ce que j'espère qu'il va penser. Qu'il admirera sa femme jusqu'au bout, jusqu'à ce que je lui porte le premier coup de couteau. Si deux des quatre sbires Galaxy présents haussent un sourcil, je vois au rictus d'Adrian qu'il a très bien compris ce que j'étais en train de faire. De toutes les personnes présentes, et bien qu'il n'ait pu en avoir qu'un aperçu à ce jour, c'est lui qui me connaît le mieux. Lui aussi, apprécie ce genre de jeu.
Nous nous lançons dans un échange verbal digne des situations imaginées en film les plus dramatiques. Jusqu'à ce qu'il menace de nous frapper, moi et Nicolas, et que nous fassions mine de nous recroqueviller sur lui pour le protéger. A ce stade, le bâillon de Daniel lui a été retiré car il menaçait de s'étouffer avec. Il implore de nous laisser, au moins Cannelle et son fils, qu'il fera tout et encore plus, que s'ils veulent le tuer lui, qu'ils le fassent, mais laissent sa famille partir. La scène est si pathétique que je pourrais me mettre à en rire si je n'avais pas aussi bien appris à me contrôler.
Nicolas et moi finissons par être jetés au pied de la chaise à laquelle Daniel est ligoté. L'un des membres de la team galaxy présent prend dans ses mains ce que nous reconnaissons être un jerrican d'essence, tandis qu'un autre laisse apparaître hors de sa pokéball un aflamanoir. L'association de ces deux éléments nous laisse entrevoir quel est notre destin.

- Ce qui est bien avec les aflamanoirs, c'est qu'une fois que les flammes ont pris, il peut supporter le feu pour aller déchiqueter les chairs de ses longues griffes. Ainsi, on est sûrs que le travail est bien fait !, se réjouit Adrian.

Pendant qu'il poursuit sa tirade de parfait scientifique du crime, que Nicolas continue de pleurer et que Cannelle est figée par la peur, son enfant dans les bras, Daniel ne cesse de s'excuser. Il répète, inlassablement, qu'il est désolé, désolé et encore désolé. Ce manège durant depuis trop longtemps pour moi, qui suis quelque peu lassée de jouer, rattrapée par mon impatience, je finis par émettre un long et profond soupir.

- Effectivement Daniel, tout est de ta faute. C'est de ta faute si tu vas mourir, mais également de ta faute si Nicolas va mourir, en me relevant, je prends l'enfant pour le poser sur les jambes de son père. Aucun des deux ne comprend ce qui me prend, et encore moins pourquoi aucun membre de la team Galaxy ne m'empêche de bouger alors que je m'éloigne de la chaise. Je t'avais dit que ça finirait mal !... Pour vous deux en tout cas.

La famille de Cannelle la regarde avec incrédulité, sans comprendre, pour le moment, que ce n'est plus elle qu'ils ont devant les yeux, mais moi. Mon mépris pour eux faisant que, s'ils ne réalisent pas par eux-même ou qu'un autre ne leur explique pas, ils ne réaliseront pas, je me contente de les regarder en souriant. Mes deux vérités énoncées, je ne suis plus sûre d'avoir envie de leur dire quoi que ce soit. Tout ce que je leur souhaite, c'est de retourner au néant dont ils n'auraient jamais dû sortir, surtout pas pour venir me parasiter la vie. Daniel, encore, je pouvais le tolérer car il était un choix qui avait été fait pour l'intérêt de Cannelle, mais Nicolas ? Si au départ l'intention avait été similaire, lui avait réellement été un parasite. Au sens le plus terre à terre du terme, il s'était nourrit de notre corps, pendant des mois et des mois, sans que je lui ai donné une quelconque autorisation, nous donnant des maux dont le plaisir qu'en ressentent certaines femmes est au-delà de toute compréhension logique. Il faut être plus qu'irrationnel pour souhaiter cet état qui nous restreint et nous fait souffrir physiquement, tout ça pour aboutir sur des douleurs encore plus grandes lorsqu'il a fallut expulser cet immondice de notre corps. Non content de nous avoir fait souffrir, cette chose infâme que Cannelle devait appeler son enfant était désormais dépendante de nous. Telle un lamperoi, continuant de sucer notre énergie et notre temps, jour après jour, tandis que nous ne rêvions que d'une chose : reprendre ce que ce parasite nous avait volé.
Aujourd'hui, c'était la fin de ce pillage insupportable. Cannelle devrait jouer les mères éplorées, mais nous retrouverions notre liberté, dans un milieu où j'aurais également le loisir de m'exprimer. Un mal pour un bien, penseraient certains en songeant aux années que nous avons dû passer avec Daniel et Nicolas pour obtenir ce cadre de vie. Personnellement, je déteste cette expression car elle pardonne au mal. Or, rien ne pourra pardonner le mal qu'ils m'ont fait, le mal que Nicolas m'a fait, années après années.
Quel terrible moment pour me rendre compte que sa mort ne me suffira pas.

La famille de Cannelle continue d'être pathétique. L'adulte me demande des explications entre deux sanglots, s'excuse d'avoir été un mauvais mari, ne récoltant pour toute réponse que mon silence et mon mépris. Nous nous demandons si nous devrions embrasser Adrian juste devant lui afin de lui faire du mal, sûrement est-ce une technique qui marcherait pour briser son ego, tel l'homme moyen qu'il s'est toujours avéré être, mais nous n'avons pas envie de faire ce plaisir à notre amant. Lui qui se considère déjà comme plus qu'il ne l'est n'en serait que plus insupportable.
Je croise le regard de l'homme au jerrican qui semble impatient. Seulement, je ne compte pas aller trop vite. Adrian me met un couteau entre les mains. Après l'avoir touché, je constate qu'il est très bien affûté et ne vient pas de chez moi : la Team Galaxy repartira avec, ne laissant aucune preuve sur les lieux.

- Amuse-toi, mais ne l'abîme pas : il faudra l'utiliser pour te faire du mal aussi après.

Nous hochons la tête, nous rappelant qu'il va également nous en coûter pour ressortir lavée de tout soupçons de cette affaire. Une mère de famille seule qui survit, c'est déjà étonnant au vu des futures circonstances du drame, mais si en plus elle est indemne, ce n'est absolument plus crédible. Il faudra me blesser, également simuler un viol, et bien sûr faire apparaître des traces de lutte. Cannelle aura été emmenée à l'étage, dans une chambre, abusée par le membre dominant de la Team Galaxy – en l'occurence Adrian, ce qui est pratique – puis elle tombera de la fenêtre dans le jardin, ce qui lui permettra d'échapper aux flammes. Au départ, nous devions être abusée par plusieurs personnes, pour plus de réalisme, mais évidemment l'amant de Cannelle a catégoriquement refusé. Alors nous avons refusé les dispositifs qui devaient amortir sa chute : même si nous nous retrouvons avec des fractures, cela n'en sera que plus convaincant.

- Pouvez-vous attachez l'enfant ? Il a tendance à beaucoup gigoter quand on arrive pas à le calmer.

Bien que sa mère n'utilise pas son prénom et malgré la confusion, Nicolas comprend que c'est lui que l'on désigne et, encouragé par son père, il courre en direction d'une porte pour essayer de s'échapper. Avant qu'il puisse ne serait-ce que tenter de l'ouvrir, il est rattrapé par un membre de la Team Galaxy, attaché, et jeté à nouveau près de la chaise.
Je m'approche de Daniel et Nicolas à nouveau, les toisant du regard, dépourvue de toute once de pitié.

- Chérie... Pourquoi ?, bien sûr nous ne lui feront pas le plaisir de lui accorder la moindre réponse, savourant beaucoup trop l'idée qu'il meurt sans même comprendre pourquoi. Il répète ses questions, jusqu'à ce que nous nous penchions devant lui avec le couteau.
- Chhh..., je met mon index sur ses lèvres. Contente-toi d'observer, Daniel.

Car le premier sera l'enfant.

L'un des sbires de la Team Galaxy se retient de vomir. C'est pathétique, car nous sommes sûres qu'il a déjà fait bien pire, mais ne peut supporter la vue d'un corps similaire à ceux qu'il a lui-même mutilé au simple prétexte qu'il s'agit ici de celui d'un enfant. Pourtant, les attributs sont les mêmes, les organes également. Il ne s'agit que d'un amas de chair et de sang qui n'est pas encore aussi évolué que ceux à qui il a déjà ôté la vie. Il est toujours risible de constater la faiblesse d'esprit de ces hommes qui se disent des grands criminels, mais tentent de se donner bonne conscience avec des principes aussi ridicules qu'inutiles. Adrian rappelle à l'ordre ce sbire qui opte pour une surveillance de la maison, changeant de pièce pour me fuir. C'est à peine si je le remarque, car Nicolas est mort.
N'y tenant plus, j'ai fini par ouvrir son petit corps mutilé pour observer ses entrailles et réaliser tout ce qu'il s'est créé en me parasitant. Du bout des doigts, je fouille, j'explore, nourrissant ma haine à chaque instant. C'est la première fois que je vois l'intérieur d'un corps humain et il faut admettre que c'est bien plus fascinant que ces quelques dissections qu'a pu nous offrir nos études. Le fait que cela soit celui du parasite de Cannelle ne gâche rien à cette découverte. Bien qu'il ne fasse plus de bruit, ses cris résonnent encore dans notre tête comme une douce musique dont les seules fausses notes viennent de la respiration bovine de Daniel, incapable de hurler et pleurer plus qu'il ne l'a déjà fait quand son fils était encore apte à souffrir.

- Pourrais-tu faire moins de bruit s'il te plaît ?, mais Daniel ne m'entend plus.

Je suis encore occupée avec Nicolas lorsqu'Adrian vient s'accroupir près de moi. Sa présence me dérange, mais puisqu'il est le chef des opérations et celui qui a permis cette consécration, je ne dis rien. Il me fait constater que je tremble, que j'ai du sang partout et qu'il ne m'a jamais vu sourire tel que maintenant. C'est vrai qu'en cet instant, c'est comme si j'étais heureuse pour la première fois depuis longtemps. Peut-être plus heureuse que je ne l'ai jamais été. L'euphorie qui m'a envahie quand je mutilais le fils de Cannelle, essayant de le faire souffrir autant qu'il nous a fait du mal, s'est lentement transformée en sérénité tranquille alors que j'ai forcé pour ouvrir sa cage thoracique.

- Vous n'aurez qu'à lui prendre des organes. Je ne les ai pas abîmées, ça fera trafic, le rire de notre amant résonne dans la pièce. Ais-je dit une bêtise ?
- Non, t'es juste complètement tarée !

Bien que je déteste ce mot car une tare implique qu'il me manque quelque chose alors que je possède simplement beaucoup plus que les autres hommes qui se restreignent dans leurs bonheurs par des conventions sociétales, je ne fais point la remarque. Vexer l'ego d'Adrian en cet instant pourrait être risqué et il pourrait également me priver de tout l'amusement que je suis en train d'avoir et ternir ma vengeance sur cette famille que nous portions comme un cancer.

- T'as fini avec le petit ?

Je secoue la tête, voulant continuer encore et encore, jusqu'à ce qu'il ne reste plus rien de lui. Jusqu'à le réduire en poudre, jusqu'à avoir pleinement récupéré ce qui doit être mien. Une nouvelle pensée que l'on pourrait appeler parasite m'apparaît pour ce dernier point, me disant que la manière dont je pourrais récupérer ce qu'il m'a volé en se nourrissant de moi serait de le consommer. Ainsi mon corps pourrait se repaître de lui et assimiler tout ce qui nous aurait été pris pendant la grossesse.

- Adrian, pourrais-tu aller chercher une glacière ? Il y en a dans la cuisine en bas du placard à côté de l'évier. Les poches de glace sont dans le congélateur.

Le chef Galaxy m'adresse d'abord un regard perplexe avant de s'exécuter. Qu'il ait compris ou non importe peu, ce qui compte c'est qu'il fasse ce que je lui dis, me permettant de sombrer, encore et encore, dans cet abysse merveilleux qui vient de s'ouvrir devant moi. Je pensais à jamais regretter de ne pas pouvoir aller plus loin que la mort de Nicolas, mais cette idée et probable opportunité m'emplit de joie. Par prudence, je préfère cependant ne pas en parler devant les autres sbires, consciente que si certains tournent de l'oeil en voyant le corps de l'enfant, ils risqueraient de me poser des problèmes s'ils connaissaient mes intentions. Je ne pourrai compter que sur Adrian pour ça. Dans ses yeux, lorsqu'il s'est accroupi à mes côtés, j'ai lu qu'il me trouvait magnifique. C'est un signe à exploiter.

Au moment où je referme la glacière, l'un des sbires qui n'osait plus regarder soulève qu'il faudrait se dépêcher. Bien que cette remarque soulève en moi une vague d'agacement, je ne peux que comprendre ses préoccupation : un salon aux rideaux fermés en pleine journée pourrait attirer l'attention de voisins trop indiscrets pour ne pas se mêler de ce qui ne les regarde pas.

- Désolé Cannelle, mais ils ont raison. Il va falloir faire vite avec Daniel, Adrian s'approche de la chaise sur laquelle l'homme, toujours attaché a déjà perdu toute étincelle de vie. Tu veux que je m'en occupe ?, toute la haine qu'il ressent pour le mari de Cannelle transpire de cette question. Nous ne nous souvenons plus du nombre de fois où il a exprimé de la rage à l'idée que Daniel puisse encore toucher sa femme et où nous avons fait mine d'apprécier cette jalousie.
- Non, je veux le faire, je m'empare du couteau déjà utilisé pour mutiler Nicolas. Un coup pour chaque chose que j'ai à lui reprocher, puis je lui tranche la gorge. Ce sera assez rapide ?

D'un hochement de tête, j'obtiens l'approbation du plus haut gradé des Galaxy présents. Daniel, lui, ne réagit pas. Il ne réagit plus depuis que la vie a quitté son fils. C'est dommage, j'aurais aimé pouvoir l'entendre encore me supplier. Nouvelle preuve que l'attachement émotionnel fait des ravages qui n'ont pas lieu d'être ; je suis bien contente d'en être dépourvue.
Avant de commencer, je repense à tout le mal que Daniel nous a fait en étant un si bon parti auquel la logique ne pouvait se soustraire. Je lui reproche notre rencontre, tous nos rendez-vous, notre mariage, notre maison, son travail, sa famille, la mienne, ses absences, ses présences, chacun de ses mots et, par dessus tout, Nicolas. Lorsque je termine, le nombre de coups portés ne laisse aucune chance au mari de Cannelle de survivre. Ses vêtements sont maculés de sang, ses yeux révulsés, ni son âme, ni son corps ne sont encore en vie. Ma respiration est haletante, mon bras douloureux d'avoir tant frappé. Le corps de Daniel était plus rude que celui de Nicolas, enfoncer la lame, émoussée par ma première victime, dans sa chaire a été plus physique que prévu. Adrian m'indique que lui trancher la gorge ne sert plus à rien, mais je veux tout de même tenter l'expérience. Il paraît que les fictions rendent ça bien plus facile que ça l'est, et qui sait quand j'aurais une nouvelle occasion de tester cette technique d'exécution.

---

- Maintenant, c'est à ton tour... Et je n'aurai pas le temps d'être délicat, m'indique Adrian, embarrassé, alors que nous montons les escaliers pour nous diriger dans la chambre parentale. M'en veux pas, ok ?
- Non, ne t'en fais pas. Je savais dans quoi je m'engageais.

Un sourire illumine toujours mon visage lorsque nous entrons dans la chambre. Les rideaux sont déjà fermés et je sais qu'Alphyr rôde dans les airs au-dessus de la maison. Nous avons déjà répété et simulé cette scène à d'autres endroits, je compte sur lui pour être infaillible. Si non, nous avons également prévu qu'Adrian puisse revenir me chercher pour que je ne meurs pas dans les flammes. Outre son attachement à Cannelle, il serait bête de perdre ainsi un investissement pour la team Galaxy. Bien que je sache que je vais souffrir, ma bonne humeur ne me quitte pas. Depuis longtemps, j'ai accepté qu'il s'agirait du prix à payer pour ma libération. Surtout, je suis intimement persuadé que, peu importe les douleurs que nous allons endurer, elles ne seront rien comparées au plaisir ressenti face à Daniel et Nicolas.
La plupart des sbires Galaxy sont déjà partis à l'aide de la capacité téléport de leurs pokémons. Il n'en reste que deux, au rez-de-chaussée, attendant le feu vert d'Adrian pour faire brûler les corps et la maison avec. Je perdrai beaucoup de choses, mais mes pokémons sont soit à l'extérieur, soit à la pâtisserie. Bien sûr, aucun d'eux n'a la capacité d'éteindre un feu alors même ceux qui ne sont pas au courant de la situation ne pourront rien y faire. Si ma mémoire est bonne, aucun voisin ne possède de créature de type eau non plus, et si certains se sentent assez braves pour affronter les flammes, ils constateront qu'il n'y a plus rien à sauver dans cette maison.

- On y va ?

Je hoche la tête. Adrian me coince les poignets dans le dos, me met à terre, me traîne jusqu'au lit avant de m'y jeter.

A coups de pattes, Alphyr détruit la fenêtre de la chambre avant d'arracher les rideaux et me récupérer sur le lit. Il ne sait pas comment me prendre, voyant les blessures qui maculent mon corps. Ses griffes arraches les liens qui me retiennent au lit et la panique finit par lui faire opter pour peur de délicatesse lorsqu'il me soulève. Bien que nous ayons répété cette scène, le dracolosse doit être plus troublé que prévu de me trouver ainsi. J'imagine que comme il m'aime, il y a une grande différence pour lui entre m'imaginer blessée et me voir dans cet état. Enfin, je dois admettre que je suis dans un état qui ne me permet pas de penser de manière optimale. La douleur engourdit mes sens et la fumée remontant des escaliers jusque dans la chambre a commencé à m'agresser les poumons. Je tousse, avant de rapidement prendre une grande inspiration d'air frais lorsque mon dragon m'extirpe de la chambre.
Les yeux mi-clos, je vois les flemmes danser derrière les fenêtres closes de la maison et la fumée s'élever du trou qu'a créé Alphyr pour venir me sauver. Nous nous élevons dans le ciel pour s'éloigner du danger, rapidement rejoins par ma beldeneige, inquiète. Elle est suivie par mon solaroc, ma branette et ma momartik, trois pokémons qui n'avaient pas le droit de s'approcher du foyer familial car considérés comme trop dangereux ou effrayants pour Nicolas. Ca aussi, je l'ai reproché à Daniel. Les voir autour de moi, victorieuse, me rend heureuse.

Kelvin... Va chercher... Luna, je fais un vague geste en direction de la maison dans laquelle la skitty de la famille doit encore être piégée. Je sais que le solaroc résistera aux flammes et qu'il n'a pas besoin de respirer.

Ce dernier s'exécute rapidement, descendant en piqué en direction de la bâtisse. Je n'ai jamais éprouvé tant d'intérêt pour Luna, mais elle pourra me servir par la suite. Se montrer très attachée au skitty de la famille, seule rescapée, tout ce qu'il me reste d'eux, sera utile à mon image auprès de mes voisins et des amis de la famille. Par chance, comme elle est restée terrorisée tout du long, elle n'a pas pu voir ce qu'il se passait. Et même si elle avait pu en être témoin... Par chance, les pokémons comme elle sont incapables de s'exprimer dans un langage que les humains comprennent. Toute attitude étrange de sa part sera interprétée comme un traumatisme.

Les pompiers finissent par arriver devant la maison pour intervenir, sûrement prévenus par un voisin. Je serais ravie de les regarder faire depuis le ciel, mais ma vision se trouble et je dois me concentrer de plus en plus pour saisir ce qu'il se passe autour de moi. Déjà depuis qu'Alphyr m'a prise dans ses bras ma tête tourne. Très vite, je me sens comme si mon esprit se faisait anesthésier brutalement et, sans que je puisse lutter, je perds connaissance.

---

A l'hôpital, Cannelle a beau demander, personne ne l'informe de la situation de sa famille. Elle sait qu'ils étaient retenus au rez-de-chaussée, qu'elle a été emmenée à l'étage par leur chef, a été violée et mutilée. La maison a brûlé, elle s'en souvient vaguement, sans aucun détail. Le personnel hospitalier a pu lui dire qu'elle avait perdu beaucoup de sang, d'où son état et sa faiblesse. Il faut qu'elle se repose, qu'elle reprenne des forces, mais la nourriture de l'hôpital laisse à désirer, et même infect pour une femme de ses standards culinaires, bien qu'elle se force à manger. Surtout, elle veut savoir comment vont Nicolas et Daniel. Personne ne veut lui parler, personne ne sait, ni même ne peut lui dire s'ils ont, eux aussi, été admis à l'hôpital. Car, elle n'en doute pas, au vu de ce qu'il lui est arrivé, eux aussi ont été blessés. Alors plutôt que de se reposer sagement, elle s'inquiète, n'arrive pas à faire passer le temps, s'agite, doit être constamment rassurée par les médecins et les infirmiers.
Tout ceci dure bien une journée, le temps que des policiers viennent lui rendre visite car elle peut leur parler. Ils commencent par lui poser des questions, auquel elle rétorque en demandant des nouvelles de ses proches. Quelques répliques plus tard, ils sont désolés, lui apprennent que Daniel et Nicolas sont morts. Elle pleure, beaucoup, sans pouvoir s'arrêter. Les policiers la laissent tranquille, lui disent qu'ils repasseront plus tard.
Les larmes coulent, encore et encore, de longues minutes durant, jusqu'à ce que son corps soit trop fatigué pour continuer à fonctionner.

Nous nous endormons sur le lit d'hôpital, épuisées par le soulagement de la liberté.