Le diagnostic était désormais posé, ce qui me permettait de prodiguer les premiers soins adéquates pour la blessure de la Pashmilla. Je détaillai chacune de mes actions pour que le ranger puisse en prendre note. Après tout, ce serait par la suite à lui d’effectuer ces gestes. Il faudra sans doute un petit travail avec d’autres professionnels, davantage axés sur la rééducation. « Vous restez longtemps sur Kickenham ? » Si la question visait la possibilité de recommander des rééducateurs sur le secteur, elle s’avérait loin d’être strictement professionnelle. Je cherchais à joindre l’utile à l’agréable, et cela n’avait rien d’innocent de ma part. Le courant avait l’air de plutôt bien passer entre nous, alors pourquoi ne pas tenter de l’inviter à prendre un verre. Cela pouvait se dérouler en toute amitié, ou plus si affinité. Je n’avais rien contre les deux options, même si je reconnais que j’étais nettement plus tenté par la seconde option. Il était rare que j’opère de la sorte au travail, je ne tenais pas à mélanger la sphère professionnelle et la sphère intime. Je faisais exception cette fois car je savais pertinemment que cet homme était voué à quitter la ville, et même la région, très prochainement. C’était la parfaite occasion d’avoir une aventure sans lendemain possible, et c’était tout ce que je demandais.

« Ma mission doit durer une semaine, nous repartons à Unys en milieu de semaine prochaine. » Ainsi cela me donnait un peu moins d’une semaine pour tenter de prendre le ranger dans mes filets. Ç’allait être un challenge intéressant. « Alors je peux vous remettre une liste de rééducateurs, pour débuter les soins de votre Pashmilla au plus tôt et dans les meilleures conditions. Je peux d’ailleurs même les contacter, si vous préférez. » Me pliais-je en quatre plus que ce que je le ferais pour un autre dresseur, c’est fort possible. Je ne m’en cache pas et ne m’en cachais pas non plus à l’époque. Il fallait bien se donner les moyens de parvenir à ses fins. Puis, de manière très pragmatique, je me doutais que le ranger allait devoir reprendre sa mission, malgré l’incapacité de sa Pashmilla, ce qui me conduisait à la conclusion qu’il n’aurait pas forcément le temps de prendre le téléphone pour une place rapidement. D’autant que je disposais de contacts, que je connaissais les rééducateurs et que je pouvais me débrouiller pour lui trouver un créneau. L’homme était un ranger en mission, cela pouvait bien le faire bénéficier d’avantages inhabituels pour que son pokémon puisse accéder aux soins qui lui sont nécessaires pour reprendre le travail dans les meilleures conditions. En tout cas, je n’y voyais aucune objection, et c’était bien tout ce qu’il me fallait.

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« Je veux bien, ma Pashmilla m’accompagne dans mon travail, et ça serait très dur pour elle de ne plus pouvoir le faire. » Je comprenais l’inquiétude du ranger et compatissais. J’aurais eu les mêmes craintes s’il avait été question d’Augustin, ce qui alimentait mon envie de les aider au mieux de mes possibilités ; je savais parfaitement ce qu’impliquait de travailler avec son pokémon au quotidien. Les rangers disposent certes d’une équipe de pokémon pour les accompagner au travers de leurs missions, mais ça ne diminue en rien le stress de voir l’un d’entre eux être blessé. « Alors faisons comme ça. Aurais-je un numéro auquel vous joindre, pour vous tenir informé ? » D’accord, je dois admettre que je l’ai jouée particulièrement finement, celle-là. Je n’étais pas spécialement subtil, comme garçon, mais le fait d’être au travail me faisait possiblement changer ma stratégie d’approche. Il s’agissait d’une des rares fois où j’avais l’opportunité de m’occuper d’un pokémon, et donc d’être au contact de son dresseur ; je ne pouvais donc pas me permettre de faire une proposition plus ouverte. J’avais cette conscience professionnelle qui me disait d’attendre d’avoir quitté le travail avant de tenter quoi que ce soit, de faire cela dans un autre contexte.

L’idée était de lui proposer de boire un verre lorsque j’allais le recontacter pour l’informer du professionnel qui pourrait accueillir sa Pashmilla et la plage horaire qu’il aurait de disponible. « Vous avez un papier ? » Je lui tendis immédiatement un bloc de notes adhésives, ainsi qu’un stylo. Étais-je impatient ? Il est évident que oui. Je n’ai jamais été de ceux qui attendent bien longtemps avant de faire le premier pas, je profite de la première ouverture qui s’offre à moi. Là, il s’agissait de ce numéro de téléphone. Vous pouvez être certains que j’allais me démener pour trouver un rééducateur qui puisse prendre en charge la Pashmilla dès demain. J’allais appeler tous ceux de Kickenham, sans exception ; à ce moment-là, j’étais parfaitement conscient que j’allais le faire. « Merci pour elle, sincèrement. » C’est à ce moment – quand il m’a remercié – que j’ai remarqué qu’il ne correspondait pas à l’archétype des gars avec qui je flirtais. Il était cute. Je n’allais pas vers ces gars-là, tout simplement parce que je fuyais tout ce qui pouvait se rapprocher d’une relation purement physique. Je ne nie pas que cette réflexion n’était pas la plus pertinente, parce que je jugeais totalement les livres à leur couverture. Je ne prenais aucun risque concernant le fait qu’on s’attache à moi, et la seule raison pour laquelle je comptais m’y risquer avec lui était le fait qu’il serait parti dans moins de sept jours. Disons que je n’étais pas contre des remerciements plus… appuyés.

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La journée s’est poursuivie. Je pensais avoir le temps de passer quelques coups de fils durant ma pause, mais je n’ai pas vraiment eu de pause. J’ai expliqué cet enchaînement de tâches inintéressantes comme le contrecoup d’avoir été défendu par un client face à Spatz, sans n’avoir rien à faire pour cela. J’ai finalement réussi à m’accorder un temps, à la fin de la journée. J’ai passé plusieurs appels, j’ai tenté de marchander avec plusieurs cabinets de rééducation avant de parvenir à décrocher un créneau horaire de dernière minute pour la Pashmilla du ranger. De Gillian, il serait peut-être temps que je l’appelle par son prénom. Au-delà du fait que ce geste allait augmenter fortement ma côte de popularité auprès de Gillian, il y avait aussi – possiblement surtout – le fait que je m’étais engagé à lui trouver une place. L’échec n’était donc pas permis. J’étais particulièrement satisfait de moi, même si je savais pertinemment que mon salut ne reposait que sur un désistement de dernière minute. Je comptais là-dessus, ces choses arrivent en permanence. Je n’avais donc plus qu’à annoncer la bonne nouvelle au ranger. J’hésitai entre utiliser le téléphone du cabinet vétérinaire et mon propre téléphone portable, lorsque je fus rappelé au reste du monde m’entourant par l’alarme m’indiquant de quitter mon poste pour aller chercher Timothée à l’école.

Je me dirigeai vers mon casier, pour me changer rapidement, abandonner ma blouse, enfiler une chemise. Je ne pris que le temps de saluer la collègue que j’ai croisée et sortis, Gus à ma suite. Je ne tenais pas à rester une seconde de plus que nécessaire ; ma décision était donc prise, j’appellerais de mon téléphone portable. Je m’assurai rapidement d’avoir bien gardé le numéro de Gillian dans la poche de mon jean, traçant ma route jusqu’à l’école. Je devais l’appeler sur le chemin, avant de récupérer mon marmot. Je me saisis donc de mon portable et tapais la suite de chiffre inscrite à l’encre noire. On décrocha bien vite. « Gillian ? C’est Eddie, le vétérinaire de tantôt. Je me permets de vous recontacter car je vous ai trouvé un rendez-vous pour demain matin. » Je transmis les coordonnées du rééducateur, fut remercié. Je sentis que le moment d’enchaîner venait d’arriver. Il s’agissait de mon ouverture, je comptais bien m’y faufiler. « Au fait, ça vous tenterait une bière ? Ou une visite de Kickenham ? Ce serait dommage de venir d’aussi loin en aide de notre ville et de repartir sans en avoir profité un minimum. » Le ranger ne pouvait pas me voir, mais j’affichais totalement ce petit sourire à la fois confiant et malicieux caractéristique de mes moments de flirt. J’attendais cependant la lecture de Gillian, concernant le fait de profiter un minimum. Je doutais fortement du fait de le voir saisir le sous-entendu que j’avais sciemment glissé là. Oui, j’étais incorrigible. Je pense toujours l’être, entre nous soit dit.

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Dans un premier temps, je transmis les coordonnées du rééducateur pokémon au ranger. Il s’agissait bien évidemment de la priorité, puisque c’était la raison même de mon appel. « Merci beaucoup, Eddie. Votre implication pour vos patients est particulièrement louable. » De l’autre côté du téléphone, je rougissais légèrement. Les manières de me déstabiliser étaient peu nombreuses, mais cela devait être la première fois que j’avais un retour comme celui-ci sur mon engagement professionnel. Non pas que je ne les méritais pas jusque-là, mais je n’avais jamais eu l’occasion d’en recevoir. Avant de travailler dans ce cabinet vétérinaire, j’ai passé presque l’intégralité de ma vie professionnelle dans une réserve. Les pokémons n’avaient donc pas de dresseur à proprement parler, donc il n’était pas possible d’être remercié de la sorte. Et la Pashmilla était la seule prise en charge que j’avais pu faire à la clinique. « C’est normal, vous savez. Quand on a la chance de faire un travail qui nous tient à cœur, ça se fait naturellement. » J’ai conscience que ma phrase était bateau, je m’en étais rendu compte en la prononçant. « D’autant plus quand on constate un réel enjeu, ça amène à être particulièrement réactif. » J’essayais de me rattraper, en reportant mon implication sur le fait que Gillian était ranger. « Et je ne peux vous en être que reconnaissant. » Je décidai de ne pas insister davantage.

« Quant à la bière, écoutez, pourquoi pas. Je comptais découvrir un peu la ville, quitte à être en déplacement, alors un guide ne serait pas de refus. » Gillian ne pouvait pas le voir, mais je souriais. J’étais ravi, quand bien même ça n’irait pas plus loin que cela. Je campais le rôle du gars sympa, et cela me convenait. Ce que je veux dire, c’est qu’il n’y avait pas de déception au fait que le ranger ne soit pas réceptif à mes légères nuances : j’apprécie la compagnie, indépendamment du contexte. Il était néanmoins évident que, si les choses venaient à aller plus loin, je ne comptais pas m’en plaindre non plus. Cela reste toujours agréable de prendre une bière au pub, de faire la connaissance de nouvelles personnes, et c’en était la parfaite occasion. « Vous proposiez pour ce soir ? » Je grimaçai soudainement. Je ne m’étais pas fait la réflexion du moment où boire cette pinte, et n’avais par conséquent pas anticipé que l’invitation pouvait être perçue pour ce soir. Nous étions vendredi soir et je prenais la direction de l’école de Timothée pour le récupérer avant le week-end. La veille, cela aurait été tout bonnement impossible, étant donné que Tim dormait chez moi, après l’avoir récupéré à l’école. Mais ce soir, cela pouvait s’envisager. Il allait être seize heure trente, nous avions l’habitude de passer une demi-heure environ au parc avant de rentrer chez ses mères. J’avais pour habitude de rester jusqu’au dîner, parfois de passer une partie de la soirée chez elles, avant de retourner dans mon appartement. Je me disais que, si je prévenais Samantha ou Meghan, je pourrais m’absenter jusqu’au repas. « Je dois régler une ou deux petites choses avant, mais sur les coups de dix-sept heures trente, six heures moins le quart, ça vous irait ? Je vous enverrai les coordonnées du pub. » « Très bien, on fait comme ça. »

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Je ne tenais pas à simplement déposer Timothée chez ses mères et me faire la malle avant de réapparaître comme par magie pour le diner. Ç’aurait été particulièrement impoli de ma part. J’avais expliqué en amont à Tim que j’allais effectivement repartir après l’avoir ramené chez les filles, pour voir un ami. Je pensais sincèrement voir mon fils bien plus curieux concernant cette personne mystérieuse, mais ce ne fut pas le cas. Il semblait davantage intéressé par Augustin avec qui il chahutait légèrement. Tant mieux pour moi, même si le répit ne fut que de courte durée. Si j’étais passé entre les mailles du filet avec Timothée, Sam m’attrapa au vol. Elle n’eut rien à dire, mais son regard parlait pour elle quand je lui expliquais que je repartais. Je me sentis obligé de me justifier. « Le pauvre gars est pas du coin, il se retrouve coincé ici tout seul et en plus avec un pokémon blessé. C’est simplement de la courtoisie. » Sam ne se laissa pas convaincre par mes mots, ça se lisait dans ses yeux. « Oui, c’est vrai qu’il est pas mal, mais non ce n’est pas pour ça. Il ne se passera rien, si tu veux tout savoir, et pas parce que je me suis fait refouler : j’ai rien tenté. Pour vrai. » La brune ne disait rien, et pourtant je compris sans mal qu’elle se moquait de moi, qu’elle s’amusait de me voir patiner de la sorte. Je soupirai avant de lui tourner le dos et repartir, déposant au passage un bisou sur le front de mon fils qui jouait avec ses peluches dans le salon. Je m’arrêtai cependant devant la porte, une réflexion soudaine traversant mon esprit. « Gus, tu viens avec moi ou tu préfères rester ici ? » Je savais très bien que le Symbios aimait passer du temps avec Tim et que la réciproque était tout aussi vraie, et je doutais que le pokémon s’amuse vraiment en me suivant au bar, alors je proposais. Les filles n’allaient sûrement pas y voir d’inconvénient et ce fut la décision d’Augustin, de rester ici. Je ne m’en offusquai pas, j’avais proposé en connaissance de cause.

Laissant donc mon Symbios derrière moi, je sortis de l’appartement et, tout en descendant les marches jusqu’au rez-de-chaussée, je fis sortir Pacôme de sa pokéball. Le Cotovol appréciait en général m’accompagner lors de mes activités en extérieur à Kickenham, qu’il s’agisse de mes débuts de soirée au pub, comme des reconstructions historiques auxquelles je participais. Pacôme était probablement le plus sociable de mes pokémons, un véritable extraverti qui se nourrissait du fait d’avoir du monde, du bruit, de la vie autour de lui. Puis il faut aussi dire qu’il ne se faisait pas spécialement remarquer, contrairement à certains énergumènes parmi mes compagnons de l’époque, définitivement moins sortables. Le Cotovol s’avérait être une présence apaisante, toujours joviale, ce qui faisait de lui un excellent partenaire de travail, aussi. « On sort un peu, on va au pub, en centre-ville, ça te va ? » Un petit cri d’enthousiasme s’échappa du petit corps végétal de Pacôme, qui vint alors tournoyer devant moi. Je ne fus aucunement surpris par cette réaction. Une fois dans la rue, je pris mon téléphone et envoyai par message l’adresse du pub où je comptais boire une pinte – ou plus – avec Gillian. Le choix du pub avait été effectué grâce à deux paramètres : la qualité de la bière proposée et la probabilité de ne croiser personne que je connaisse suffisamment pour s’incruster. A défaut d’aller au bout de ce que j’aurais aimé partager avec le ranger, je tenais à ce que nous restions entre nous.

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Je me rendis au pub où j’avais donné rendez-vous au ranger d’un pas déterminé et enthousiaste. J’avais hâte d’y être, hâte de pouvoir boire et échanger. Pacôme me suivait difficilement et il me fallut un peu de temps avant de m’en rendre compte. Les Cotovols ne sont pas vraiment taillés pour décider de la direction de leur vol, ils sont destinés à se laisser porter par le vent, à l’origine. J’en demandais donc trop au mien en marchant à cette allure, surtout que je n’avais pas de raison à cette démarche preste, je n’étais pas en retard. Je ralentis donc, lui permettant de revenir à ma hauteur, lui laissant surtout l’occasion de venir se poser sur mon épaule, ce qu’il fit. Je repartis donc, à la vitesse me convenant. Sur le trajet, je passais en revue les divers sujets de conversation que je pouvais aborder. Je supposai que nous allions bien vite parler pokémons, thématique sur laquelle nous aurions tous les deux beaucoup à dire. Je ne tenais pas spécialement à parler du travail, même si je me faisais une raison sur le fait que cela viendrait dans la discussion. J’ai cependant fini par abandonné ma réflexion, je me contentai d’être ravi de pouvoir boire ce verre – au minimum – avec Gillian. J’estimais ne pas avoir de raison de m’inquiéter, je pouvais avoir une parfaite confiance en moi et en ma gouaille naturelle.

En arrivant au pub, je constatai être le premier arrivé. Cela ne me surprit pas, je savais exactement où je me rendais – à la différence de Gillian – et j’étais légèrement en avance. Je m’installai alors au comptoir, de sorte à avoir vue sur l’entrée, et commandai une première pinte d’une bière locale. Il ne fallut pas bien longtemps, quelques minutes, avant que je ne visse le ranger franchir le pas de la porte. Je levai alors le bras pour lui faire signe, il me vit et s’approcha aussitôt. J’aime ce moment où une personne vous cherche et, quand elle vous voit, un sourire franc se dessine sur leur visage. C’est exactement ce qu’il s’était passé là, et cela ne fit que me gonfler d’une confiance excessive. « Salut, désolé, je me suis un peu perdu en chemin. » Je souris et me fis brièvement la réflexion que je ne devrais pas commencer à jouer les charmeurs, avant de bien vite balayer cette pensée. Je n’allais pas pouvoir m’en empêcher, de toute manière : flirter était ma manière première de communiquer. « Aucun problème, on n'aura qu’à rester un peu plus longtemps. » Je ponctuai d’un clin d’œil. La phrase fit légèrement rire Gillian. « C’est une façon de voir les choses, j’aime bien. » Cette fin d’après-midi s’annonçait sous de bons hospices. Le ranger commanda sa boisson à son tour et nous trinquâmes.

« Vous n’avez pas l’accent des gens d’ici, je peux me permettre de vous demander d’où vous êtes originaire ? » Je ne peux nier mon accent kalosien, et même illumisien, qui se remarquait d’autant plus à Galar. Je notai surtout que l’axe d’ouverture choisi par le ranger était personnel. Tant mieux. « Je viens d’Illumis, ça fait six mois que j’ai atterri à Kickenham. Et vous, unysien born and raised ? » Une nouvelle fois, je vis Gillian esquisser un sourire à ma remarque. J’avais en effet retenu qu’il venait d’Unys, et je réutilisais sciemment une expression de chez lui. C’est ce qui a fini d’achever la moindre once d’humilité en moi. Il en fallait peu pour en arriver là, et ce peu suffisait. « Exactement. J’ai beaucoup voyagé ces dernières années, mais j’ai fini par être affecté chez moi, sur un secteur à Parsemille. » Je perçus une grande fierté émaner de Gillian à ce moment précis, je n’en saisissais pas la raison, mais je me disais qu’avoir un poste là où on le souhaite était effectivement un exploit en soi, dans un organisme comme celui du Polygone. Je supposais que c’était une administration, comme toutes les autres ; et je n’avais pas tort, même si ce n’est pas le sujet. Quoi qu’il en soit, la discussion se poursuivit sur les raisons de nos pérégrinations respectives. Cet homme était d’une très agréable compagnie, l’échange se déroulait de lui-même, naturellement, et une seconde pinte chassa bien vite la première. J’avais réellement de quoi l’apprécier, ce Gillian.

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