Un jour ou l'autre, Orion allait découvrir que son fils ramène des hommes (et des femmes, mais étrangement, ces dernières le dérangent moins) dans son palace pour passer du bon temps. Même si les domestiques ne disent rien à ce sujet, le paternel n'est pas dupe. Puis, il a ses moyens de vérifier les faits et gestes de ses enfants à leur insu. Si seulement Khaba l'apprenait, la colère retenue serait toute relâchée. Mais serait-ce une bonne chose?
Bref, Orion décide aujourd'hui de mettre fin aux petites escapades nocturnes. Il en oublie que son enfant est majeur, qu'il a franchi la vingtaine tout récemment et qu'il peut bien agir comme il le désire. Ce qui lui importe est de le confronter quant au fait qu'il ne l'a pas éduqué avec de telles valeurs frivoles. Que des hommes ne peuvent pas être avec des hommes. Le paternel est des plus dégoûté, révolté, outré. Il n'acceptera pas que des actes contre nature se produisent sous son toit! Comment pourrait-il accepter cette situation, agir comme si cela n'existe pas? Ça se passe sous son nez... Répugnant. En tant que grand maître de la famille, il se doit d'agir avant que sa fille soit « contaminée » par les comportements de son aîné. Elle est influençable, à un âge critique pour l'intégration des mœurs et des valeurs. Au moins, de ce qu'il en sait, Khaba veille à ce que sa sœur ne sache rien de ses activités de ce genre. Heureusement, sinon la fureur du père serait ingérable!

Ce dernier se dirige d'un pas ferme vers la chambre de son fils. Connaissant quelque peu ses habitudes, le plus jeune ne devrait pas se trouver ailleurs à cette heure. Une confrontation dès le réveil, ce n'est pas la plus brillante des idées..., mais Orion n'attendra pas plus longuement. Il risquerait de ne pas le croiser de la journée, puis devoir le chercher pour mettre les points sur les i ne ferait qu'augmenter sa colère. Pourtant, s'il le trouve au lit en compagnie d'une autre personne, surtout d'un homme, sa rage n'ira pas en diminuant. En fait, il ne sait pas ce qui est le mieux entre les deux situations. Couper toute envie à ce partenaire de revenir sous son toit l'enchante; un de moins. Et s'il s'agit du seul, ce serait parfait. Ohh, Khaba a intérêt à ne pas être un dépravé qui couche à droite et à gauche, pire scénario qui soit. Vraiment, oser salir leur nom à ce point... Il estime avoir de très bonnes raisons d'être contrarié. Il va s'imposer une bonne fois pour toutes.

Et le pauvre coordinateur n'a pas la moindre idée de ce qui se prépare, dormant paisiblement.

Personne ne vient déranger Khaba le matin, à moins que ce soit pour une urgence. Et ce n’est jamais survenu. Parfois, il y a une alarme qui le réveille, quand il a un rendez-vous ou quelque chose de prévu. Ce n’est pas qu’il est un grand dormeur, c’est qu’il veut avoir la paix et vivre sa vie comme il le désire. Un souhait qu’Orion ne partage pas... Ce qu’il démontre à la moindre occasion. Comme aujourd’hui. Son poing s’abat sur la porte de la chambre avec une force excessive. Le jeune adulte sursaute, voilà une bien mauvaise façon d’être tiré de son sommeil. Son cœur bat à la chamade, l’essoufflant. Qui ose lui faire un coup pareil? Le coordinateur n’a pas le temps de dire quoi que ce soit avant que d’autres coups soient entendus, et que la porte s’ouvre. Heureusement que pour cette fois, il est seul dans son lit...

S’il avait pu y réfléchir, le petit prince serait parvenu à deviner qui se cachait derrière cette porte. Une seule personne peut se permettre une telle intrusion, une personne qu’il n’a pas la moindre envie de voir au réveil. Il le jettera hors de sa chambre dès qu’il en a l’occasion. « Croyais-tu t’en sortir si facilement? Croyais-tu vraiment que je n’allais jamais remarquer tes activités? » Le dernier mot est craché avec un fort dégoût. Quelques secondes de flottement passent. Khaba ne comprend rien. Il se redresse en position assise, tandis que les muscles de son dos et de ses épaules sont fortement tendus. « Comment oses-tu entrer dans ma chambre sans ma permission? Sors d’ici! » En fait, il n’a pas envie de comprendre. Tout ce qu’il souhaite est que son père disparaisse de sa vue tel un mauvais cauchemar. Ainsi, peut-être lui pardonnera-t-il cette intrusion... Non, évidemment que non. Il s’agit d’un xième élément qui s’ajoute à la longue liste de rancœur qu’il lui voue. Cette liste ne cessera pas de s’allonger de sitôt.

« J’ose puisque tu oses salir notre nom, notre demeure et notre honneur! » Orion est furieux. Si furieux qu’il en saisit son fils durant quelques courts instants. De nouveau, il ne comprend pas le sens des mots prononcés par son paternel. Qu’aurait-il fait récemment pour se prendre ce genre d’affirmation? Rien. La réponse ne demande pas une longue réflexion. Est-ce que Nefertiti se serait plaint de lui pour une raison qui lui échappe? Hautement improbable. Même si certains de ses comportements ou propos étaient problématiques à un moment, jamais elle s’en plaindrait à Orion. Le mystère reste donc entier et ça ne lui plaît pas. « Sors! Tu ne m’accuseras pas de... »
« Contre-nature. » Quoi?

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Khaba a été coupé en plein élan et le voici perdu. Ce que dit son père ne fait aucun sens. Le déclic ne lui vient pas. Pour le futur agent, de telles insultes sont rares, voire inexistantes dans son quotidien. Personne ne l’embête. Personne ne lui passe des commentaires déplacés ou des jugements de valeur. Dans les endroits qu’il fréquente, les murmures restent des murmures, les rumeurs ne l’atteignent pas. Qui pourrait avoir l’audace de le lui dire directement? Son nom est connu, et vu la carrure qu’il a, ça en dissuade plus d’un. Jusqu’à présent, il avait été chanceux d’éviter ces propos désagréables. Sans Orion, cela aurait pu continuer un bon moment sur du long terme. Jusqu’à l’arrivée d’une relation sérieuse. Une chance que les employés du palace ne peuvent pas se permettre de jugements, puisque certains plus âgés ont de gros préjugés.

« Et tu ne comprends pas pourquoi... Tu me dégoûtes d’autant plus. » De quel droit lui parle-t-il de cette façon?! Le jeune adulte réplique aussitôt d’un rire mauvais, la colère bout en lui. S’il ne dormait pas nu, il serait déjà en train de foutre Orion dehors à grands coups de pied au cul! « Tu es l’être dégoûtant ici! Tu n’as jamais porté la moindre attention à Nubie, tu t’es servie d’elle simplement pour que le nom Sahir ne s’éteigne pas! » Quelle raison débile. Un mariage sans amour, un mariage pour les apparences et la procréation. Jamais il n’accordera le moindre respect à son père pour ça. En tout cas, Khaba commence à comprendre que tout cela a un lien avec les relations qu’il entretient. Mais il ne saisit pas que le problème vient de ses couchettes avec des hommes. Ça ne lui traverse pas l’esprit puisqu’il n’y a pas été confronté jusqu’à présent. Pour lui, l’attirance physique qu’importe le genre est tout ce qui compte. Tant qu’il passe un bon moment, pourquoi se soucier de plus?

Orion s’approche du lit de son fils, furibond. Il met un terme à toute cette histoire, il met au clair qu’il n’acceptera pas certaines choses dégradantes sous son toit. Il fait la sourde oreille sur ce qui vient de lui être reproché. « À partir de maintenant, je t’interdis de ramener tes conquêtes ici. Ton comportement est inadmissible, tu pourrais contaminer Nefertiti! Comment peux-tu coucher avec des hommes et croire que c’est normal?! » Y penser lui donne envie de vomir. C’est dégueulasse, ça ne devrait pas exister. Ces personnes sont malades et ont infecté l’esprit de Khaba. C’est la seule explication logique. « Tu couches avant le mariage et en plus tu es déviant! »

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Khaba ne sait pas comment réagir. Il a bien entendu que son père lui dit que son attirance envers les hommes n'est pas normale, qu'il est « déviant ». Par contre, il ne comprend pas en quoi il le serait pour cette raison. S'il trouve des partenaires, c'est que d'autres personnes sont comme lui. D'autres personnes parviennent à prendre leur plaisir ainsi. Quel est le problème? Isolé dans sa petite bulle de confort, dans son monde à part, le petit prince n'a pas conscience de certaines mentalités. Puis, durant sa jeunesse et son adolescence, sa famille ne lui a jamais parlé de sexualité. On lui a déjà mentionné à quelques reprises que la descendance Sahir devait être assurée, que les couples sont forcément de genre différent, mais rien de plus. Il n'a pas été question de normalité, peut-être était-ce dû à la pensée qu'il ne serait jamais bisexuel. Dans l'esprit de ses grands-parents et de son père, impossible que cela survienne. La crainte ne leur a même pas traversé l'esprit. Il n'y a jamais eu ce problème dans cette famille aux mœurs très traditionnelles, pour ne pas dire démodées. Ils sont restés bloqués dans le passé.

« Je n'ai pas à attendre d'être marié. » C'est la première chose qu'il trouve à répondre. Pourtant, il s'agit de l'élément le moins choquant dans tout ce qu'Orion vient de dire. C'est pour cette raison que le jeune adulte ne sait pas par où commencer. Il a souvent entendu, au cours de son éducation, que le mariage est important et cela fait également parti de ses valeurs. Mais pourquoi devoir s'abstenir avant? Quelle connerie. En plus, dans leur culture, les mariages arrangés étaient fréquents par le passé, alors c'est encore plus idiot! Oui pour lui c'est important de se lier à la personne aimée de cette façon, sauf que justement ça doit être une personne aimée et réciproquement. La notion du mariage est importante pour lui aussi, là n'est pas le problème. « Je veux attendre de rencontrer la bonne personne avant de me marier. » Le choix de mot est volontaire. Khaba n'a pas dit femme puisqu'il se dit qu'il pourrait être en couple avec un homme, et l'aimer assez pour envisager de passer sa vie à ses côtés. Ce n'est certainement pas son père qui l'en empêchera! Sur le coup, il ne songe pas qu'il pourrait être déshérité pour cette raison. Tant que Nefertiti n'est pas majeure, leur part sont égales et elles peuvent basculer à l'avantage d'Orion en cas de médiation. Ce dernier ferait tout simplement appel à un de ses hommes de main pour lui donner gain de cause. Et ce ne serait pas surprenant de sa part.

Le plus âgé allait répliquer, laisser son indignation parler, mais son fils est plus rapide. Il ne se laissera pas insulter sans rien dire, il ne le laissera pas le juger sur sa vie intime qui ne le concerne en rien. « Cette discussion est terminée. C'est ma vie, ce sont mes choix. Tu n'as aucun droit de me juger! » La colère augmente et il allait sortir du lit pour affronter son père en face à face, mais il se souvient juste à temps qu'il dort sans vêtement. En ce moment, il s'en maudit puisqu'il se sent inférieur. Il n'a plus l'habitude que le paternel le regarde de haut. C'est comme s'il était soudainement devenu vulnérable... Ses mots auront forcément moins d'impact.

Son regard perd de sa hargne. Dès que le sentiment d’être plus faible lui est venu, sans le vouloir son attitude le reflète quelque peu. Khaba le réalise à moitié, surtout quand il remarque le changement d’expression faciale chez son père. Ce dernier est ravi d’être en position de force dans cette discussion, ravi de son idée d’attaquer son fils dès le matin, avant même qu’il soit sorti du lit. C’était effectivement le meilleur temps pour être entendu, pour le coincer et aller au bout de ce qu’il a à lui reprocher. Il lui fera changer de mentalité, quitte à l’obliger à se faire soigner! C’est une maladie mentale, une contamination par la culture extérieure à leur culture transmise de génération en génération. Quand le plus jeune l’aura compris, tout devrait rentrer dans l’ordre. Plus de honte sur leur nom, plus d’actes répugnants sous son toit. La descendance Sahir suivra son cours, Nefertiti ne sera pas contaminée à son tour. « Tu es malade, Khaba-Ramsès. » Orion le nomme toujours par ses deux prénoms, contrairement à la majorité de son entourage. Il fait de même avec la cadette. « Tu es contaminé et malade, mais il existe des soins pour te ramener dans le droit chemin. J’exige que tu te fasses soigner. »

La dernière phrase est de trop. Avant celle-ci, le petit prince se sentait encore plus perdu, ne comprenant pas vraiment en quoi il est malade. Cependant, la dernière phrase lui apporte la précision manquante, ou du moins, ce qu’il croit en avoir déduit. Puis, son père qui le force à quoi que ce soit l’énerve au plus haut point. Donc, s’il effectue les bons liens dans sa tête, Orion croit que la bisexualité ou l’homosexualité sont des maladies... Quel arriéré! Il faut dire que Khaba n’y a pas été confronté à cette mentalité, mais il en a déjà entendu parler. À ce moment, il n’y avait pas porté attention, trouvant simplement le discours ridicule. Maintenant, il le trouve offusquant et choquant. Si certaines traditions et mentalités le rejoignent malgré tout, ce n’est pas le cas de cette fermeture d’esprit. À quoi bon juger les autres sur leur vie personnelle, sur leur préférence? Ce qu’ils font au lit ne concerne pas qui que ce soit autre qu’eux-mêmes et ceux avec qui ils se trouvent. C’est logique, c’est évident. Il a honte que sa famille soit si arriérée. Ce genre de valeurs n’a plus sa place. « Ce n’est pas une maladie! C’est plutôt ta connerie qui en est une. » Cette fois, le coordinateur ne peut pas rester assis sur son lit. Il ne peut pas ne pas se mettre à la même hauteur qu’Orion. La bataille pour avoir le dessus, la perdre serait très embarrassant. Il se saisit du drap qui le recouvre, le maintenant en place. Le jeune homme se lève et tient le tissu d’une main. Ses pas le mènent rapidement face à son géniteur. Ledit géniteur qui hausse le ton aussi. « Respecte tes aînés! Je ne t’ai pas élevé ainsi! » Évidemment. Lui a le droit de traiter son fil de dérangé, de contre nature, et il s’attend à recevoir un amen en réponse.

Et ça pique Khaba. Ce type de discours est un excellent moyen de l’énerver, surtout quand c’est son père qui ose le faire. Le premier-né lève le bras pour pointer du doigt l’homme qui lui fait face. Le poing qui serre déjà la couverture la resserre d’autant plus. « Je n’ai aucun respect pour toi, et n’en aurai plus jamais. Chaque fois que tu ouvres la bouche, tu me donnes raison de ne plus en avoir! » Cette conversation tourne en rond, avec les deux participants qui ne souhaitent pas céder de terrain. Flancher est pour les faibles, ils ne sont pas faibles. Un comme l’autre sont beaucoup trop orgueilleux pour cesser le feu. C'est allé trop loin, ça ira encore plus loin.

Fuite:

​Khaba sait que cette discussion est une cause perdue. Jamais il ne parviendra à faire changer d’avis Orion. Son père croit dur comme fer à ses valeurs, à ses convictions, et ce, même si le tout est socialement inacceptable. Pourquoi ces « traditions » doivent être synonymes de fermeture? Les descendants Sahir ne sont plus très nombreux, alors le jeune adulte estime qu’il est temps de s’ouvrir et d’accepter les différences. Accepter que la famille de Nubie reste dans leur vie serait une bonne chose aussi. Cependant, le jeune adulte n’a pas la moindre idée de comment ces personnes le perçoivent, à cause du paternel. Toujours de sa faute... Si seulement il pouvait partir du palace, mais cela est hautement improbable avant sa mort. Le jour où il pourra se débarrasser de lui n’est pas près de survenir. En tout cas, il ne compte pas céder de terrain en partant vivre ailleurs. Cet endroit lui appartient et il en est fier.

« Tu es vraiment dérangé. Je donnerais tout pour avoir un fils normal! » Orion insiste sur le mot normal, il le martèle même en haussant la voix. Ce genre de discours est habituel entre eux; sans respect, avec insultes et intolérance. Heureusement, le futur agent a toujours eu une grande force de caractère qui le pousse à se battre pour ses convictions. Il ne s’écrase pas face à l’adversité ou face à l’autorité. Toujours droit et fier en toute circonstance. En un sens, le patriarche devrait en être heureux. C’est ainsi que la famille Sahir se doit d’agir, cela est important pour leurs transactions, pour leur entreprise. Cependant, envers les membres de la famille, surtout envers les plus âgés, le respect est de mise. Il s’attend à un respect aveugle... qui n’arrivera jamais. Le coordinateur ricane, y amenant un mélange de sarcasme et d’intonation mauvaise. Les engueulades avec son père le rendent dingue, le rendent agressif. Il doit lutter contre une foule d’envies qui le placeraient dans une situation désagréable; une de celle qui fournirait une raison au paternel de le retirer de l’héritage de la famille. Ce serait un long procès, beaucoup de démarches judiciaires et Khaba n’y connaît rien. Ce serait à son désavantage et les risques de perdre sont grands. Le vieux a plus de contacts que lui, plus d’influence que lui. Il ne pourra pas avoir sa sœur à ses côtés, n’étant pas majeure. Il n’a guère le choix que de se restreindre à ne pas franchir une limite. « Et je donnerais pour que tu ne sois pas un vieux enfermé dans ses idéaux qui datent de plusieurs décennies. » Un nouveau retour à la case départ de cette joute qui s’éternise.

« Qui je fréquente ou qui je marie ne regarde que moi. Ce qui se passe dans mon intimité ne te concerne en rien. » Le ton mauvais, mais ferme, le jeune adulte démontre sa fermeture à poursuivre cette discussion. Aucun ne cédera, et les insultes homophobes ne sont pas près de s’arrêter. Maintenant qu’Orion a découvert on ne sait comment que son fils aime les hommes autant que les femmes, l’enfer commence. Ce n’était pas assez difficile entre eux, il faut qu’ils en ajoutent une couche. Cela dit, personne ne peut en vouloir à Khaba de défendre ses convictions ainsi que ses choix. Il ne blesse personne, s’assurant toujours que ses conquêtes comprennent qu’elles ne sont que des conquêtes. Ces dernières ne causeront pas de soucis à l’entreprise familiale. De toute façon, qui de sain d’esprit s’en prendrait à un gérant d’un empire de pétrole? « Si tu oses continuer tes pratiques contre nature sous mon toit... » De nouveau, le futur agent ricane. Encore des menaces. S’il désire continuer de jouer sur ce terrain, le moins âgé peut en faire de même. Il s’approche au point d’envahir l’espace de son père. Le regard menaçant, l’attitude presque hostile, il fait en sorte que son interlocuteur se sente petit et insignifiant. « Sors immédiatement. » Leur patience a atteint leur limite. Dans ce cas, il vaut mieux faire une trêve jusqu’à leur inévitable prochaine confrontation.

Les deux hommes soutiennent le regard de l’autre pendant plusieurs longues secondes avant qu’enfin, le paternel décide de reculer et de quitter la pièce d’une démarche assurée, quelque peu crispée. Dès que la porte est refermée, le propriétaire de la chambre s’occupe de verrouiller la poignée. Ne sait-on jamais si une autre personne, ou la même, aurait l’idée de le déranger. Même face à Nefertiti, il contiendrait difficilement la rage qu’il ressent suite à cette intrusion dans sa vie privée. Bref, il se permet de balancer rageusement sa couverture sur son lit. Il aurait dû agir d’une façon moins nonchalante, il ne serait pas dans cette situation. En tout cas, l’héritier Sahir compte se tenir droit et fier, puis de s’amuser avec qui il veut, quand il le veut.