Le plan, il est simple. Je trouve la bijouterie, je rentre, je demande à voir la doyenne machin-truc, je fais genre ça m'intéresse ce qu'elle raconte, et je récupère un pokémon. J'en ai pour une heure max. Y a rien qui peut bider.

Sauf que ça se passe pas du tout comme prévu. Déjà, la meuf est pas là. Y a qu'une vieille derrière la caisse et des ados qui matent des babioles. C'est qu'il faut prendre rendez-vous, ma petite demoiselle. Ce n'est pas un distributeur ici, madame Alyxia a beaucoup de responsabilités. Cause toujours. Je dis rien de ce qui me passe dans la tête à cause du gros tarinorme qui rôde dans le coin. Instinct de survie. J'en pense pas moins. On se fout de ma gueule. Pourquoi mon plan parfait se décompose dès l'étape trois là ?! Je comprend. Je vais faire ça. Là-dessus, je souris. Même si ça me plaît pas. J'espère qu'elle ne peut pas voir l'hypocrisie. Je la joue tactique. Si je fais un scandale, ça va pas arranger mes affaires. Je compte pas lâcher le coup. Je veux ce Pokémon et je le veux maintenant. Trop de choses en dépendent.

Les mains dans les poches de mon short, je zone un peu. J'observe. C'est tranquille Konikoni. Juste ce qu'il faut de touristes pour que je détonne pas trop. Je fais le tour du pâté de maisons jusqu'à avoir contourné la bijouterie. C'est pas qu'un magasin, l'étage doit être habité. Puis y a du terrain derrière qui borde le port. La palissade qui le délimite est pas bien haute. Sans doute là pour décorer. No one around. Je prend pas le temps de réfléchir plus. Je saute pour attraper la palissade et je me hisse jusqu'à pouvoir regarder par-dessus. Comme prévu c'est un jardin. Il y a un petit bâtiment aussi. Un peu plus grand qu'un abri de jardin. La porte est ouverte. Screw it. Et puis je saute de l'autre côté.

modération:

J'atterris tout en souplesse de l'autre côté. Ninja style. L'herbe amortit le son. Je reste accroupie pendant un instant, aux aguets. Les yeux posés sur la porte qui mène au jardin pour être sûre que personne ne va en sortir. A l'intérieur, ça ne bouge pas. Seul l'avant du bâtiment doit être occupé à cette heure. La vieille l'a dit, la doyenne est pas là après tout. Je garde la position base pendant que je progresse. Petit pas par petit pas jusqu'au cabanon. La distance n'est pas énorme. Je peux vite me coller contre le mur et faire une nouvelle pause le temps d'étudier les environs. De toute évidence, mon entrée n'a pas été remarquée. Même les trucs qui émettent des petits sons dans l'abri n'ont pas l'air de se soucier de moi. Des pokémons, y a pas de doute. Deux pas vers la droite et je peux zieuter par la porte entrouverte. Holy shit. Il faut croire que je suis en veine. C'est exactement ce que je suis venue chercher. Trois bestioles sont occupées à jouer là, totalement ignorantes du danger. Ils ont bien des tronches de starter. Une sorte de hibou, une otarie et un chat. Plante, eau et feu, vu les couleurs. Le félin a des rayures noires et rouges. J'aime assez ce qu'il dégage. Il fait la gueule alors même qu'il s'excite sur une balle. Clairement, les autres ne vont pas à mon aesthetic. Le choix se fait vite. Hi, guys. Je souffle de la voix la plus douce que je peux tout en entrant. Don't mind me. Just checking on you. Le volatile doit avoir compris qu'un truc clochait. Il a été se percher sur une poutre. Le machin bleu continue de faire des bulles avec son air crétin. Je peux pas m'empêcher de grimacer. Le chat est plus sérieux. Sa patte reste posée sur la balle mais il me scrute. Je le sens qui étudie mes mouvements. Faut que je le chope et vite. Si il se méfie trop, je vais devoir lui courir après et ça va faire du boucan. Pour bien faire, me faudrait sa ball. C'est peut-être un peu trop demandé. Ou pas. Les trois posées sur une étagère doivent être à eux. Oh, lucky. J'ai du bol. Quelqu'un a pris la peine de coller un petit autocollant sur chacune d'elles. Sauf que j'ai à peine le temps de poser la main sur celle avec une flamme qu'il y a du bruit dans le jardin. Il est temps d'évacuer. Je profite que le chat soit distrait par le bruit pour lui jeter ma veste dessus comme si c'était un filet. Ce petit con n'a pas intérêt à y planter ses griffes. Dans tous les cas, on réglera ça plus tard. Là, faut courir.

modération:

C'est toujours la même embrouille. Les humains, je peux gérer, les pokémons, c'est plus chaud. Je suis pas là pour rien. J'aurais été nulle part avec ce teubé de rattata. Sauf que c'est un peu court là. J'ai un chat mais je vois pas encore quoi en faire, puis il doit être tout faible. Clairement, il est pas prêt pour ce qui vient.

J'aurais dû me douter que ça se passerait comme ça. C'est pas la vieille, ni la doyenne, qui débarque. Non, pire. Le putain de tarinorme est dans le jardin et il a déjà flairé les embrouilles. Normal vu le pif. Je suis à peine suspicieuse à sortir de la cabane à pokémons avec ma veste toute ramassée dans les bras. Je devrais même pas être là. Puis le félin arrange rien. Il feule comme un malade et ça attire toute l'attention. Sur un malentendu, je vais finir en crêpe. Je prend pas la peine de le regarder plus longtemps. Tout le contraire de lui. J'ai à peine le temps de faire volte-face et de pousser vers la rambarde qu'il se met à crier. Un son qui va rameuter tout le quartier. Great plan, Reyna. Si ça remonte aux oreilles de Sienna, je suis dans la merde. Elle s'en fiche pas mal que je fasse des conneries, par contre elle n'aime pas quand je me fais choper parce que je ne prends pas assez la peine de réfléchir. J'ai suivi mon instinct et d'une certaine façon ça a payer. Maintenant faut s'en sortir. Ne pas se prendre le retour de bâton.

L'avantage de tarinorme - selon mon point de vue -, c'est qu'il n'est vraiment pas rapide. Il est balèze par contre. Je le sens dans les mouvements de l'air pendant qu'il me charge après. De toute évidence, on lui a pas enseigné à se retenir contre les intrus. Cette doyenne mérite peut-être un peu plus de respect que je le pensais. Elle doit être un peu dure pour avoir dressé un pokémon comme ça. J'hésite deux secondes à balancer mon paquet par-dessus la barrière mais sur un malentendu ça donnera l'occasion au chat de se barrer. Faudra faire avec. J'accélère un peu pour prendre de l'élan et je saute. D'une main c'est moins aisé mais j'arrive à me tirer assez haut pour passer une jambe, puis l'autre. L'atterrissage est moins souple d'un coup. Je manque de me péter la gueule parce que j'ai pas eu le temps de retrouver mon équilibre. Faut que je me grouille. J'ai beau être en-dehors de la propriété, je suis pas sauvée pour autant. Le tarinorme flotte donc il peut facilement sortir et me poursuivre. Je pars du principe qu'il va le faire et je détale vers le port.

modération:

Le port : endroit idéal pour semer quelqu'un. En théorie. Je connais pas bien le coin et on est pas dans la ville la plus importante de la région. Ni même de l'île. C'est pas un port de plaisance, faut bien que la marchandise qui alimente la ville vienne de quelque part, mais c'est pas Ekaeka non plus. Suffit de voir sur quoi je galope. Des pontons, y en a plusieurs. Seulement, c'est pas le labyrinthe que j'attendais. Une solution serait bien de me planquer sur un bateau pour attendre que la voie soit de nouveau libre mais ce serait con. Le tarinorme a trop de pif. Il va me flairer en deux-deux et cette fois je serais coincée. J'peux même pas me dire de sauter dans la flotte vu le paquet que j'ai dans les bras. Si le chat se noie, j'aurais fait tout ça pour rien. Franchement, ça me ferait chier.

Puisque j'ai pas d'autre option, je saute du ponton. Je me propulse sur la dernière planche pour aller le plus loin possible et j'atterris sur une langue de sable submergée. A défaut d'être rapide, ça devrait me permettre d'atteindre les palmiers que je vois pas loin. Peut-être que je pourrais m'y perdre. Ou ralentir l'autre, au moins. Je tiens quand même le chat au-dessus de ma tête, au cas où ça deviendrait plus profond que prévu. Il miaule toujours mais au moins il a arrêté de se débattre. Il doit sentir qu'il est mal embarqué si je le lâche. Pas une mauvaise chose qu'il ait un peu de cerveau.

De l'autre côté, c'est pas du sable. Un peu mais il y a majoritairement de la caillasse sur laquelle je glisse avec mes godasses pleines de flotte. Le parcours se fait sous un concert de jurons tous plus inventifs les un que les autres. Le pire c'est que ma solution est plutôt merdique. Il y a que quelques arbres avant que ça ne ne devienne escarpé. Bientôt, y aura plus que des falaises. Faut que je trouve un accès pour me barrer. M'éloigner bien de Konikoni.

Au bout d'un moment, je trouve un passage. C'est en dénivelé et ça me tue les jambes plus que la séance bi-hebdomadaire mais ça passe. Je peux me hisser sur les hauteurs avant que ça ne devienne complètement à pic. Ca tient de l'escalade à un moment ce qui est foutrement pas pratique vu le chat. Il s'est résolu à son sort, j'crois. Il gueule plus, se débat pas non plus. Si ça bougeait pas, j'pourrais croire qu'il a arrêté de respirer. L'air doit pas être top dans ma veste. Je ferais bien une pose parce que vu où je suis, personne risque de venir mais je préfère creuser la distance. Alors je commence ma descente. Je passe d'un rocher à un autre jusqu'à atteindre le niveau de base.

modération: