Nous n’étions pas sortis d’affaire, mais nous étions ensemble pour affronter le danger et c’était déjà un plus contrairement à tout à l’heure. Disons qu’avec la nuit qui s’était installée sur le parc d’attraction on aurait pu penser que tout allait nous tomber dessus mais non, nous avions bel et bien quelques instants de répit. Quelques précieuses secondes que Elisabeth mit à profit par exemple pour boire de l’eau. Bon réflexe que j’allais imiter avant de me rendre compte qu’entre la chute et le reste… Ma bouteille s’était percée. Pas de quoi perdre toute l’eau mais je pris soin d’en boire le maximum avant que mon sac finisse noyé de l’intérieur ! Quelle tuile !
La réponse de Winsburg m’arracha un sourire : en effet son Otaquin était un sacré baroudeur mais le fait qu’elle soit tombée précisément sur Gédéon dans sa situation, au milieu d’une horde d’horreurs sorties d’un cauchemar (ou d’une autre dimension), tenait du miracle ou du destin à ce stade ! Et, avais-je envie de dire, c’était tant mieux ! Cela m’aurait arraché le cœur de devoir constater la mort de cette demoiselle si généreuse qui avait tant donné à l’association de protection des mers d’Alola. Maintenant j’allais pouvoir la vivre avec elle, cette mort. Ceci dit, j'allais avant cela continuer ma conversation avec Vermeil.
— Une chasse aux œufs caritative organisée par une association de protection de l’environnement d’Alola il y a deux mois il me semble. Elisabeth ayant fait un don énorme à l’association et étant également parrain auprès d’eux, ils m’ont demandé de servir de guide durant l’événement pour leur plus généreuse donatrice qui débarquait à peine. D’ailleurs j’espère que ça se passe mieux depuis la dernière fois mademoiselle Winsburg ? Enfin, sans compter ce soir.
Lorsque Gédéon confirma qu’on avait bien tenté de me capturer, mon cœur ne fit qu’un tour ! Ceci expliquait également qu’ils aient shooté ce pauvre Otaquin sans s’en préoccuper. Pour une fois je ressentais ce que ça faisait d’être celui que l’on veut capturer. Heureusement que nous leur avions échappé, pour le moment. Finalement Vermeil était là pour une affaire criminelle, comme souvent, mais si une Faille s’était ouverte sur le théâtre d’événements aussi graves, qui sait ce que nous pouvions encore croiser par ici. Finalement, la réponse de Gédéon était surprenante mais pas dénuée de sens, concernant son envie de ne pas apparaître comme la protagoniste d’un VLOG aussi véridique que d’autres.
— On suit l’espace commentaire sous mes VLOGs ? Plaisantais-je en secouant la tête. Je vais continuer de prendre tout ceci au sérieux mais je mettrais un disclaimer particulier sur cet épisode, pour une fois. De toute façon, ceux qui veulent y croire, y croient. Et les autres et bien, ils se divertissent en regardant, ou en trashtalkant.
Je regardais en biais Elisabeth, restée silencieuse face à ma question. Elle haussa les épaules sans en dire plus. Il faut dire que ma question était un peu hors de propos mais Gédéon ayant demandé à ce que je précise que cet épisode puisse être réellement perçu comme une fiction, on pouvait dire qu’elle ne risquait pas grand chose à apparaître dans cette fiction maintenant. Mais pour que celle-ci voit le jour, il fallait survivre à la nuit et peut-être même à la journée du lendemain ! Car rien ne garantissait que ces monstres dehors n’attaquaient que de nuit, ou que les chasseurs d’organes avaient déjà renoncé au gibier que nous représentions, ces dames et moi-même. Sortant mon Poképhone je décidais de regarder moi-même mon réseau et…
— J’ai une barre, j’ai une barre ! J’ai… Ah, non. Plus rien.
Un instant de karma en puissance que de crier sa joie trop tôt ! Le réseau était totalement instable ici et pourtant, la proximité avec le centre d’élevage de monsieur Kaktus aurait dû le faire tenir jusqu’ici. Après tout l’antenne relais n’était pas si loin (de l’autre côté de l’île quoi) et la distance qu’il recouvrait devait être suffisante en théorie.
— Bon, chaque chose en son temps. Il faut explorer ce lieu et déterminer si un Pokémon est à l’origine de l’ouverture d’un passage ici. Parce que si c’est le cas, on peut peut-être renvoyer tous ces monstres dehors d’où ils viennent ! Et si ce n’est qu’un fichu hasard et bien, il ne nous restera plus qu’à faire le ménage pour nous échapper, je suppose. Vous savez manier une arme mademoiselle Winsburg ?
Décidais-je de la questionner en toute honnêteté. Car après tout nous allions peut-être devoir défendre nos vies et si cela devait arriver, il vallait mieux que la jeune femme soit armée pour cela. Sinon elle allait juste nous servir d’appât ou de bouclier humain et là encore, s’était plutôt une triste fin qui l’attendait. Sauf qu’en me tournant vers elle, je vis au moment même où Gédéon pointait son arbalète vers lui un banc se mettre à voler après qu’Otaquin ait manqué de le traverser. Un banc fantôme donc. Un nouveau Pokémon spectre ça encore, on reconnait !
— Qu’est-ce qu’il se passe encore…
Un choc violent contre la porte que nous venions de condamner me fît sursauter (et je ne fûs peut-être pas le seul) : les créatures dehors savaient que nous étions là et voulaient entrer ! Et nous, nous nous étions enfermé avec un fantôme, la belle affaire. Au même instant, un mouvement fugitif du côté de l’estrade de la salle de spectacle attira mon attention.
— Là-bas, un Pokémon derrière les rideaux ! C’est peut-être le…
Le temps me manqua pour en dire plus : le banc spectral se déplaça dans l’air et reprit bizarrement forme physique au moment de me percuter de plein fouet, rebondissant autant sur moi qu’il ne se brisa, vu sa vieillesse. Des copeaux de bois tombèrent tout autour de moi alors que je percutais le sol. Le souffle coupé, je venais de prendre un sale coup mais j’avais bien peur que ce ne soit pas terminé : un nouveau banc était en train de s’élever non loin de Gédéon, et un second tout proche de Winsburg. En plus de cela le bruit ne faisait que rameuter plus de monstres à l’extérieur ! Malgré la douleur je décidais de me relever pour regarder autour de nous un endroit où nous abriter mais nous étions dans le hall d’entrée de la salle de spectacle : il n’y avait plus de cachette ici ! Autrement dit, nous devions avancer pour échapper à notre agresseur qui, de toute façon, pouvait dématérialiser et rematérialiser des objets inanimés, ce qui rendait difficile toute esquive de ses attaques. Un nouveau mouvement derrière le rideau, il allait passer à l’attaque et sa cible semblait être…
— Elisabeth attention !
Le banc qui la visait se mit à filer vers elle ! Cependant dans sa position elle pouvait sans doute l’esquiver… et elle pouvait aussi voir de là où elle était de quel Pokémon (ou toute autre entité) il s’agissait au niveau de l’estrade. Je n’aurais pas le temps de la plaquer au sol aussi, tout reposait sur sa propre réactivité cette fois.
C’est d’une voix forte qu’Elisabeth avait emboîté le pas en se dirigeant vers le banc volant, le visage rouge de colère et les joues gonflées, avant de pointer sa main vers l’avant comme pour le bloquer. Visiblement intimidé, l’objet en bois pourri s’arrêta prestement devant ce stop et resta ainsi figé dans les airs pendant plusieurs secondes ou la jeune femme essayait de le faire revenir au sol en tentant tant bien que mal de pousser dessus avec ses deux mains. A chaque pression sur le banc demandant de plus en plus d’effort, elle insistait de plus en plus en gueulant sur la dangerosité de la situation.
-Non ! *pousse* On ne joue pas *pousse* Avec des objets lourds ! *pousse* C’est dangereux et *pousse* Si mal utilisé on peut *pousse* Grièvement blessé quelqu’un ! *pousse*
La forme proche de l’estrade laissa comme s’échapper une goutte de sueur de son front devant le spectacle qui s’offrait à lui. Il faut dire que voir une dresseuse ainsi lutter contre un élément fantomatique était une première. Il en avait presque oublié ses méfaits et laissa doucement le banc se poser au sol. Complètement exténuée après tant d'efforts, Elisabeth se laissa s’écraser sur le banc comme une vieille chaussette en reprenant péniblement son souffle. Elle leva brièvement la main et l’index vers le haut pour montrer qu’elle en avait pas encore fini avec leur agresseur.
Ainsi passèrent environs 2 minutes dans le silence, ou plutôt 2 minutes à l’écoute d’une jeune femme à bout de souffle alors qu’elle finit enfin par se relever. Bon, la fatigue après tous ces événements était évidente, heureusement que son effondrement n’était pas dû uniquement à ses actions contre le banc sauvage ou elle aurait pu se poser des questions sur sa santé physique. Aussi, je répète à nouveau dans le silence, étant donné que pour une raison inconnue, le brouhaha provenant des créatures à l’extérieur venait également de cesser. Enfin, une fois la dresseuse à nouveau sur pieds, elle s’avance en direction de l’estrade où se tenait la silhouette du pokémon inconnu. Envahie par la colère et son devoir de bien faire les choses, elle atteignit ainsi l’endroit exact où se tenait la créature et leva son index punitif dans sa direction en le pointant et en le fixant d’un regard accusateur.
Le pokémon de petite taille enveloppé de d’une aura sombre semblait plus ou moins affecté par la menace d’Elisabeth alors qu’il recula de quelques pas en se bouchant les oreilles, laquelle continua en commençant à le sermonner assez violemment.
-Non mais juste parce que tu es un pokémon spectre ne t’autorise pas à blesser les gens ! Regarde mon ami là-bas ! Tu vois dans quel état tu l’as mis ?! On dirait une loque maintenant ! Et ne vas pas me dire que c’était un accident ! Il n’aurait pas rebondit autant de fois sur lui si c’était le cas ! Et puis l’excuse du “je suis mort alors je ne risque pas de représailles” c’est stupide ! Et puis *blablabla*
Mais alors que le sermon à l’attention du mystérieux pokémon battait son plein, les fracas contre la porte d’entrée du batiment recommencèrent, faisant sursauter à la fois la jeune femme et le pokémon à ses cotés. Se retournant pour observer la porte qui semblait prête à céder à tout instant, elle se retourna pour questionner la petite créature.
-C’est toi aussi qui a fait ces créatures monstrueuses à l’extérieur ?
Il hocha la tête de gauche à droite en signe de réponse. Crédule, la dresseuse n'envisagea pas la possibilité d’un mensonge et décida finalement d’arrêter son interminable sermon, au plus grand bonheur de la silhouette sombre qui laissa s’échapper un soupir de soulagement. Cependant, après cette interaction, Elisabeth continuait à observer le pokémon qui n’avait toujours pas pris la poudre d’escampette. Au contraire, il la fixait attentivement, et plus que ça, son regard pénétrant semblait vouloir passer directement à travers elle, comme si quelque chose en elle avait attiré son attention. Cependant, il gardait du coin de l'œil Yagyu et Gédéon qui était toujours, pour l’instant, spectateurs de la scène.
-... Hum ? J’ai quelque chose sur le visage ?
Soudainement paniquée en pensant qu’une salissure ou tâche quelconque ruinait son joli minois, elle s’empressa de sortir un miroir de poche cachée dans un recoin de sa robe et … Fiou. Après avoir vérifié, tout semblait bien se passer niveau beauté, elle était toujours aussi radieuse comme un soleil, en tout cas, seulement selon SON point de vue. En refermant ainsi le miroir, son souffle se coupa lorsqu’elle jeta son regard sur le pokémon qui … n’était plus un pokémon désormais. Non, la jeune femme avait beau le fixer de long en large, la chose magnifique qui se tenait devant elle n’avait plus rien d’un pokémon, bien au contraire.
-Mais … ! Tu es moi !
En effet, minus la couleur de sa peau et de ses vêtements, ce qui se trouvait devant Elisabeth était une copie parfaite d’Elisabeth elle-même ! A la seule différence que toute l’aura sombre enveloppant le pokémon plus tôt recouvrait à présent le corps du doppelganger. Curieuse, elle essaya de la toucher en approchant sa main de la sienne, ce que l’autre Elisabeth fit également. C’était une situation intrigante mais également assez … chouette il faut le dire pour Elisabeth qui, appréciant déjà beaucoup de sa personne en étant pas loin d’être narcissiste, pouvait profiter de la vue d’une si belle demoiselle au moins presque aussi jolie qu’elle ! Son visage affichait une expression nouvelle de plaisir alors que ses yeux brillaient de mille feux ! Néanmoins, le plaisir fut de courte durée. Car après un énième choc contre la porte d’entrée, celle-ci finit par céder sous la force alors que plusieurs abominations prévoyaient de se frayer un passage parmi les débris utilisés par le groupe pour bloquer l’entrée. Voyant cela, la fausse Elisabeth empoigna la vraie totalement déboussolée en la soulevant au-dessus d’elle avec une facilité déconcertante et fuya en direction du rideau derrière l’estrade pour se diriger vers une autre partie du complexe.
Il y avait des choses qui ne changeaient pas avec les années, comme le fait que Yagyu ne savait pas se comporter autrement que de manière inconsciente. Il n’avait pas l’air de comprendre l’importance d’un secret et de révéler le moins d’informations futiles au public. Tu n’avais rien contre sa méthode des blogs, mais tu restais catégorique sur le reste ; il était hors de question que tu sois associée à ce genre de choses.
— Yagyu, je ne me répèterais pas, soufflas-tu en sa direction tandis que tu cherchais un moyen efficace de vous en sortir.
Tu connaissais mal l’infrastructure, et les plans enregistrés sur ton poképhone n’étaient pas très fiables ; on parlait d’un projet de construction acheté, puis vendu, puis revendu, puis incendié, tant de problèmes qui pouvaient aisément conclure à un rachat plus qu’illégal par des gens peu fréquentables. La seule satisfaction que tu aurais sur l’instant serait de te dire que dans votre situation, les traficants d’organes devaient également être en proie aux pokémons zombies de la faille. Quel enfer, quand même, maugréas-tu en observant le banc volant faire des siennes. Toute la scène qui s’en suivit de parut irréelle. Entre Yagyu qui continua à faire de longues phrases ce qui t’empêcha de te concentrer et Elisabeth qui parlait au banc, puis au pokémon spectre qui avait prit possession du banc puis finalement de son double parfait qui n’avait plus rien d’un pokémon, tu te suspectas toi-même d’avoir ingéré une drogue à ton insu dans un moment de faiblesse. Au moment où tu ouvris la bouche pour dire quelque chose, tout accéléra à nouveau : la porte céda, Elisabeth fut à moitié kidnappée, et tu jugeas plus prudent de ne pas tirer sur le double immédiatement et de les suivre ; de toute façon, la porte qui venait de céder laissa bientôt entrer une myriade de corps meurtris et abîmés ayant autrefois appartenus à des pokémons… et même peut-être à des humains, mais rien de moins sûr.
— Loin de moi l’envie de juger l’état mental d’une de tes compagnes, mais tu ne l’aurais pas croisé dans un hôpital psychiatrique, cette jeune fille ? pouffas-tu face au ridicule de la situation.
C’était une nuit banale dans notre vie d’aventures et de risques. Un crépuscule rempli de monstres et d’affaires étranges. Une fin de journée où même les bancs pouvaient se mettre à voler et vous attaquer ! Le choc avec le banc avait été violent, plus que désagréable, et la douleur dans ma poitrine m’inquiétait autant qu’elle me poussa à me relever en troisième vitesse : l’immobilisme pouvait me coûter la vie ici. Je pensais, suite à mon injonction, que Winsburg allait esquiver le banc volant et se mettre à l’abri au plus vite avec Otaquin. Il n’en fût rien. Elle engueula le banc volant tout simplement. Alors même qu’il ne s’agissait pas de lui mais sans doute d’un Pokémon tiers qui le faisait voler. Il faut croire que l’intéressé, grand inconnu de cette salle de spectacle, entendait très bien la dresseuse et arrêta de faire voler l’objet, ainsi que celui qui s’était élevé près de Gédéon.
— Si j’avais su qu’il suffisait d’être un brin autoritaire…
Marmonnais-je en retirant les derniers copeaux de bois sur mon torse. Elisabeth reprit son souffle avant de foncer jusqu’à l’estrade pour cette fois sermonner ce qu’elle avait reconnu comme un Pokémon spectral mais dans la pénombre j’avais encore du mal à distinguer de quelle espèce il s’agissait. C’était une sorte de tradition chez elle d'admonester ses ennemis ? Mais nous n’avions pas le temps pour ça ! La porte elle… Elle ne faisait plus de bruit. La foule à l’extérieure semblait calme maintenant, autant que les bancs volants. Le Pokémon sur l’estrade était-il vraiment le responsable de tout ce bazar comme le sous-entendait maintenant Winsburg ? Un mot me fît tiquer.
— Comment ça une “loque” ?
On va peut-être se calmer mademoiselle la snob ! Pensais-je alors en m’approchant lentement de l’estrade à mon tour. Je ne voulais pas effrayer le Pokémon non plus mais si tout ceci était son œuvre alors ses capacités étaient extraordinaires et me confortaient dans l’idée qu’il s’agisse d’un Pokémon dimensionnel. Ou alors il s’agissait d’une espèce d’Alola dont je n’avais jamais entendu parler et qui pouvait ramener les morts à la vie sous la forme de zombis. Mouais, je pense que j’en aurais entendu parler. Ceci dit elle lui mettait vraiment la misère à notre agresseur. Peut-être même trop, vu que les chocs contre la porte de la salle de spectacle reprirent de plus belle ! Et tout s’enchaina brusquement. Elisabeth échangea quelques mots supplémentaires avec le Pokémon spectral mais à cause du boucan je n’eu pas l’occasion de l’entendre. Elle sortit même un objet de sa poche - peut-être une Pokéball pour capturer la cible ? - puis sursauta en voyant la forme changer devant elle, ce que je vis avec un temps de retard : le spectre venait de prendre l’apparence de Winsburg ! Sauf que sa condition de spectre resplendissait sur elle et il était donc impossible de louper qui était qui.
— Elisabeth est-ce que tu peux nous exp…!
Un grand craquement de bois et de métal stoppa nette ma phrase. Après avoir uni leurs efforts pendant plusieurs longues minutes, les monstres avaient enfin réussi à démolir la porte de la salle de spectacle et entamaient maintenant de traverser nos maigres barricades pour partir à notre poursuite. Ou en tout cas, à la poursuite de Gédéon et moi vu que Winsburg venait littéralement de se faire soulever par son double spectral pour filer derrière les rideaux derrière la scène.
— Non non non, c’était pas l’asile. Répondis-je à Gédéon en reculant vivement en direction de l’estrade. Mais t’as vu sa robe ? Elle portait la même par 40° au Paradis d’Aether. Du coup je commence à douter.
Avisant un morceau de bois, je le lançais droit à la tête d’un monstre plus véloce que les autres pour couvrir la montée de Gédéon. Il fallait qu’on s’éloigne c’est vrai, mais aussi qu’on rattrape Elisabeth, et son spectre.
— Tu as eu le temps de voir de quel Pokémon spectre il s’agissait devant Elisabeth ? Bon sang quel enfer cette soirée !
Passant à mon tour le rideau, je cherchais immédiatement un moyen de ralentir la progression des monstres. Il y avait des dizaines d’appareils scéniques abandonnées mais tout était électrique et donc inutilisable. Sauf peut-être… Oups. Abaissant un levier derrière le rideau, je venais d’ouvrir une trappe sur la scène, sans doute pour les spectacles, ce qui fit tomber un grotesque monstre dedans sans ménagement ! Cela m’arracha presque un ricanement de satisfaction mais je n’avais pas le temps d’en profiter plus. D’ici il n’y avait pas trente six chemins : on se dirigeait droit vers les loges des artistes ! Miroirs et salles d’essayages nous accueillirent dans l’obscurité, m’obligeant à sortir ma lampe torche pour y voir plus clair. Le problème d’un spectre, c’était qu’il n’était pas vraiment tangible et du coup, ne faisait pas beaucoup de bruit en courant dans les coursives ! Encore une fois, un seul chemin semblait s’offrir à nous et celui-ci nous amena vers un escalier montant vers l’étage de la salle de spectacle. D’ici, nous avions une vue magnifique sur la horde qui prenait de plus en plus position dans le bâtiment, ainsi que sur tous les projecteurs et autres appareils plafonales qui surplombaient la salle de spectacle. C’est alors que j’entrevis, dans les combles, la silhouette d’Elisabeth… mais de laquelle ?