Je ne sais pas ce qu’elle a bien pu consommer la présentatrice du journal qui vient d’être diffusé à la radio, mais ce qui est certain c’est que je suis loin d’être d’accord avec elle. Je ne vois pas vraiment en quoi cette journée est belle. À mes yeux, elle a relativement mal commencé, en plus. Sérieusement… j’ai à peine ouvert les yeux que ce fut déjà la panique dans mon esprit. L’espace d’un instant, j’ai d’ailleurs cru que j’étais encore en train de dormir et que je me trouvais au beau milieu d’un cauchemar. Je ne reconnaissais pas le moindre élément de mon environnement. Il m’a d’ailleurs fallu un bon moment pour me souvenir des derniers évènements et comprendre ma localisation présente. Et bon… pour être honnête… je me demande bien qui a déjà pu passer une bonne journée en se trouvant dans la région de Johto. Je me fais peut-être une idée totalement fausse de ce qui se passe dans cette partie du pokémonde, mais je rencontre bien des difficultés à l’idée de devoir prendre mes marques dans le coin. Si on m’avait laissé dire un mot vis-à-vis de cette histoire, il est certain que je n’aurais jamais accepté de quitter ma belle région de Galar afin de m’installer dans la région de Johto. Tout le monde sait que dans ce coin, c’est les traditions qui priment. Ce n’est clairement pas quelque chose qui me ressemble. Lorsque l’on m’a annoncé que je devais faire mes bagages pour venir dans le coin, je me suis même demandé s’ils avaient déjà découvert l’électricité et l’eau courante dans les environs. En découvrant mon appartement hier, j’ai eu l’occasion de découvrir qu’ils sont finalement suffisamment avancés pour cela. C’est déjà une bonne chose. L’espace de quelques heures, j’ai véritablement eu peur de devoir aller pomper de l’eau dans un puits au fond d’un jardin pour prendre ma douche ou me faire chauffer une bouilloire pour le thé. Là, je n’ai finalement qu’à ouvrir le robinet, ce n’est donc pas si pire que je l’imaginais.
Depuis mon réveil, je ne me sens pas à l’aise au coeur de ce nouvel environnement qui m’est totalement inconnu. Il faut dire que je n’ai même pas eu vingt-quatre heures pour m’y accoutumer en même temps. Je viens de tout changer du jour au lendemain, sans véritablement avoir le temps de m’y préparer mentalement au préalable. En vérité, j’ai l’impression que ce qui me semble le plus étrange, c’est de devoir commencer la journée sans les ronflements de Gawin provenant de la chambre voisine. Bon… j’abuse clairement un peu sur ce coup-là. L’insonorisation de grande qualité qui a été installée de la plupart des pièces du Manoir familial ne me permet assurément pas d’entendre ce qui se passe dans la chambre de mon cousin. Et heureusement, parce que sinon je pense que l’on deviendrait tous complètement fous à force de mutuellement s’entendre jouer de la musique à des heures plus ou moins décentes. Je suis presque persuadé qu’il ne faudrait pas plus de quelques jours avant que l’on ait envie de se pousser du haut d’une tour. Pour l’avoir vécu lorsque je squattais parfois dans des appartements de connaissances à Smashings lorsque j’avais la flemme de m’infliger le trajet retour à un horaire avancé de la nuit. C’est de cette manière que j’ai appris, un peu à mes dépens, qu’il est totalement désagréable d’être réveillé par un riff de guitare électrique lorsque l’on a abusé de la soirée et que l’on n’a même pas pu bénéficier de plus de quelques heures de sommeil au compteur.
Lorsque mon téléphone se met à sonner et vibrer au fond de ma poche, je manque de sursauter. Je ne pensais pas recevoir un appel alors qu’il n’est même pas encore midi. Alors que je lutte pour attraper mon appareil, je me demande bien qui peut m’appeler. Je doute que ce soit l’un de mes potes. Même avec le décalage horaire, il est encore trop tôt pour que l’un d’eux soit déjà en état de tenter d’entrer en communication avec moi. Je ne peux m’empêcher de grimacer en découvrant le nom qui s’affiche sur l’écran. Il faut que je songe à trouver une ignoble image à lui attribuer. Je ne sais pas ce que mon agente souhaite me dire, mais je sens que notre relation risque d’être compliquée si elle s'obstine à m’appeler à des horaires impromptus. Elle a de la chance de ne pas m’avoir réveillé, sinon c’est certain que je n’aurais pas très bien accueilli l’appel de cette chère Madeline. J’espère qu’elle ne vient pas m’annoncer que le programme de la journée va être chargé. J’ai prévu de tester l'acoustique de mon appartement moi. Parce que bon, je ne vois pas vraiment ce que j’irais faire dehors alors que je risque fortement de me perdre. Je vais attendre de recevoir un plan ou un truc comme ça. Même s’ils ne sont pas très avancés technologiquement, je suppose tout de même que les livraisons à domicile ou ce genre de conneries ça existe également dans le coin, non ?
▬ Hmpf ?
▬ Gwenaël, c’est Madeline, je...
▬ Ouais. Je sais. C’est indiqué sur l’écran… Tu m’as assez bassiné hier pour que je l’enregistre... la coupais-je.
▬ Et j’ai bien fait. Le Conseil de la Ligue a désigné un des champions pour qu’il te fasse visiter les lieux. Il t’attend à la sortie du bâtiment qui accueille les logements, si tu es encore dans celui qui t'est confié ça devrait être simple de le trouver. Ne sois pas en retard, pour une fois.
Elle ne me laisse pas le temps de répondre. Je sens que ça va être compliqué cette histoire. J’ai horreur de ne pas avoir le dernier mot. L’espace d’un instant, je me demande même si je ne vais pas la rappeler uniquement pour ne pas le lui laisser. Malheureusement pour moi, un véritable coup de chance pour elle, je n’ai pas le temps de me comporter comme un gamin aujourd’hui. Si l’un de mes futurs collègues a été désigné pour me faire découvrir le coin, je ne peux pas trop le faire attendre. Elle aurait au moins me préciser l’identité de ce dernier. Mais dans tous les cas, je suppose que ce n’est pas le moment de créer des tensions supplémentaires pour des conneries. Je suppose que ce ne sera déjà pas simple d’avoir l’air légitime à ce poste. Je ne suis pas mauvais en combats, loin de là même, mais j’ai surtout l’expérience de la rue. Je ne pense pas que l’on m’aurait sollicité pour une telle place si mon cher père n’était pas intervenu pour me la décrocher et se débarrasser de moi dans le même temps. J’en doute fortement. Ce n’est pas en se consacrant aux combats illégaux et en ignorant les tournois et autres cérémonies officielles que l’on se fait bien voir de ces gens-là. Je me demande si c’est pour cette raison qu’ils m’ont collé Madeline. Cette agente, c’est une véritable sangsue. J’ai même l’impression qu’elle connaît tout de moi et de mes petits travers. C’est même un peu effrayant, par moment. Quelqu’un a bavé sur mon compte. Et vu le détail des informations, ça ne vient pas de mes parents. Je me demande de qui il s’agit. Si je le découvre, c’est certain qu’il va le payer.
Je m’occuperais de ça plus tard. Je dois bien avoir un moyen de faire fonctionner les connaissances pour obtenir des réponses. Pour autant, je n’ai pas d’urgence à ce niveau-là. Je me pencherais là dessus un peu plus tard, je pense. En quelques appels, je pense être en mesure de lancer les recherches. Je connais beaucoup de monde à Galar, mais je ne pense pas que beaucoup d’individus aient pu avoir accès à un échantillon aussi important de ma vie. Parce que clairement, avec tout ce que la jeune femme a pu me balancer hier, il est certain que quelqu’un a longuement basé sur mes petites habitudes. Je ne pense pas que ce soit mon cousin. Cela m’étonnerait également qu’Idris, mon petit-frère, ait décidé de passer à table. Même contre une belle liasse de billets. Dans la famille, on n’a pas besoin de cela. Je ne pense pas que l’un de nous serait prêt à accepter de l’argent pour trahir l’un des autres. J’en doute. On fonctionne ensemble. Même si je ne suis plus là. Je pense plutôt à un petit rigolo de Smashings. C’est fou le genre de relou que j’ai pu croiser là bas. J’ai peut-être fait confiance à un rigolo. J’en doute un peu, mais pourquoi pas. Je songe plutôt à l’éventualité d’un suiveur, ces types qui ne lâchent pas d’une semelle les mecs qui sont plus ou moins connus dans le milieu, sans pour autant être convié aux évènements. Eux, c’est des horreurs. Je lâcherais les fauves dans les rues afin de retrouver le ou les coupables. Tant que je ne suis pas mêlé au règlement de compte, on ne pourra rien me reprocher. Et tant que ça ne peut pas m’éclabousser, je suppose que Madeline ne pourrait rien me dire. Pour le moment, je dois déjà retrouver ce type à l’extérieur. Une fois habillé, je récupère les clefs et j’embarque ce dont j’ai besoin avant de sortir en fermant la porte derrière moi.
▬ Mais il fait quoi celui-là… Ou elle. Je crois qu’il y a des championnes, ici. Madeline aurait vraiment pu préciser…
Assis sur les marches d’escalier, je commence à pianoter sur l’écran de mon téléphone portable, au sens littéral du terme. C’est vraiment pratique ces applications pour jouer de la musique lorsque l’on n’a pas accès à un véritable instrument. Ce n’est pas très précis ou réaliste, mais je dois avouer que ça fait relativement bien passer le temps. J’espère tout de même que je ne vais pas avoir besoin de vider la totalité de ma batterie en attendant que mon guide daigne se pointer. J’ai besoin de mon portable, moi.
« Tu ne sais vraiment pas pourquoi ? » « Mais qu’est-ce que j’en ai à foutre en même temps ? »
Izy soupire. Il me saoule depuis tout à l’heure à jouer les commères. Le sujet de la discussion ? Hélène. Ça a forcément fait du bruit, qu’une championne de la Ligue démissionne du jour au lendemain. Si j’en crois les statistiques… ça reste quand même assez fréquent. Ce n’est pas que je juge les anciens maitres, mais ce n’est pas la première fois que ça arrive, ce ne sera certainement pas la dernière. J’espère juste que ce ne sera pas moi, le prochain. Je m’accroche à mon poste avec la même fougue qu’un Rémoraid à un Démanta donc… Faudra me passer sur le corps pour me faire lâcher prise !
Mais là n’est pas la question, évidemment. Je ne pensais pas qu’Izy s’inquièterait du départ d’Hélène, parce que la Ligue, il m’a assez donné l’impression de s’en foutre. Il s’y intéresse parce que j’y suis uniquement. Et encore. Je sais qu’il vient aux matchs que je donne parce que c’est moi. Sinon, il n’ira jamais de lui-même à un combat d’un de mes collègues. Même deal pour Malik mais lui actuellement, il ne me harcèle pas de questions. Ça m’étonne. Le curieux de la bande, c’est moi en premier - évidemment - ensuite Malik et seulement Izy. Il n’en a rien à fiche généralement et… Monsieur est en couple donc je ne peux même pas dire qu’il est déçu parce qu’il voulait profiter de moi pour la lui présenter. En plus, de ce que j’ai cru comprendre, elle est en couple avec un des gars de l’Elite. Enfin, c’est des on-dit, je n’ai pas eu de confirmation. Pour être franc, je m’en balance complètement, d’ailleurs, pour rester poli. Tout comme les raisons du départ d’Hélène. Je l’ai croisé vite fait quelques fois, mais ce n’est clairement pas la collègue avec laquelle j’avais le plus d’atomes crochus. Aucun, en réalité alors… Pourquoi il me tanne avec ça, Izy ?
« … Ce n’est pas à cause de moi, hein. Au cas où. » Je n’arrive pas à croire ce que je viens de dire et je n’arrive pas à assimiler la mimique de mon frère en réponse. Attends… C’était vraiment ça qu’il pensait ?! « Ça ne doit pas être simple de travailler avec toi. » « Mais je t’emmerde ! »
Je me braque, comme à chaque fois. Izy a son sourire arrogant qui me fait rappeler qu’on n’est pas jumeaux pour rien et Malik lâche un soupir exagérément fort pour nous intimer à nous calmer. Mais c’est bon, je pars vite fait dans les tours et on se dispute comme on a toujours eu l’habitude de le faire. Il me saoule. A chaque fois que je me plains de mon taff, ils me saoulent, tous les deux. Je n’arrête pas de me prendre dans la face que c’est ce que je voulais, que c’est moi qui désirais cette place. Et je ne dirais pas le contraire mais… Je n’ai pas juste le droit de râler de temps en temps ? C’est le job de mes rêves, certes, j’ai quand même quelques désillusions à son sujet. Ce n’est pas non plus le boulot le plus facile à faire, contrairement à ce que la majorité des gens pensent. Déjà là, j’ai l’occasion de les voir tous les deux et c’est une vraie aubaine. C’est devenu rare, même si plus fréquent quand même que les premiers mois. Mon emploi du temps s’est un peu allégé depuis la dernière fois à Kalos avec Alice mais… Elle me surcharge de travail quand même régulièrement.
« C’est qui le nouveau ? » « Gwenaël Somerset… Il vient de Galar, de Smashings plus précisément. » « Sérieux, y a déjà toute sa bio sur le net ou quoi ? »
J’ai un petit rire quand même. Evidemment, en tant que Maitre, on a été informé avant l’heure de l’arrivée du nouveau et je dois dire que c’est différent, quand t’es déjà en place. Je me dis que ça a dû être pareil pour mes collègues quand c’est moi qui suis arrivé… Y a plus de quatre mois. Je me suis fait déjà mes marques mais j’ai encore beaucoup de progrès et d’intégration à faire. L’annonce de la nomination de ce Gwenaël est toute fraiche et en réalité, je ne devrais même plus m’étonner qu’Internet s’enflamme aussi vite. Malik fait une drôle de tronche cela dit, ce qui éveille en moi une certaine curiosité.
« Qu’est-ce qu’y t’arrive ? » « Apparemment il vient d’une famille riche de la région… Va falloir que t’apprenne encore plus à te tenir correctement. »
Je grimace. Noooooooon. Pourquoi un gosse de riche ? Je fais encore plus contraste maintenant ! Déjà que j’ai la sensation de sortir grave du lot vis-à-vis de mes collègues alors là, avec lui en prime… Remarque, si y a des soirées mondaines, c’est lui que le Comité va envoyer. Ils vont peut-être me lâcher la grappe avec ça, parce que je ne suis vraiment pas fait pour ce genre d’évènement. Surtout que j’ai l’impression d’être un trophée dans ces soirées, vous savez, genre « à la Ligue on donne aussi leur chance aux minorités ! ». Comment je déteste ces discours. J’vous dis pas le merdier quand j’ai fait mon coming out à la presse, de surfait. Je suis encore plus catégorisé dans les minorités, trop bien ! C’est horrible cette façon de mettre les gens dans des cases. Et immédiatement, je m’en veux presque. Je viens de faire exactement la même chose avec ce Gwenaël. Je ne le connais pas, mais je l’ai déjà imaginé en type pompeux que je vais galérer à comprendre parce qu’il va me parler avec des mots compliqués. J’ai fait de gros progrès en commun mais y a vraiment des mots que je n’arrive pas à saisir. Le pire, souvent, c’est que je ne les connais même pas en saharii alors… Bref. Je me suis lourdement perdu dans mes pensées et je dois afficher uun faciès sérieux, ce qui est assez rare pour être remarqué. J’entends Izy rire un peu mais je l’ignore. Ensuite, Malik me montre son portable.
« Je crois qu’au moins il est dans tes goûts, non ? »
Je cligne des yeux. What the f*ck ? Il se fout de ma gueule. Je le comprends quand il explose de rire et je pousse un soupir. Sérieusement… Mais maintenant qu’il m’a sorti ça, je suis quand même curieux. Même si on ne parle pas trop des mecs que je drague en général ensemble, mes frères ont plutôt bien cerné mes goûts et je dois dire qu’il n’a pas tort. Je retiens en revanche mon « il est mignon » - hors de question que je lui donne raisons - et je me concentre plus sur le reste. Bon, au moins on doit avoir le même âge… Approximativement. En revanche, je me tape un fixe sur ses yeux du coup… ça a un nom ça, je crois bien.
« Hétérochromie. »
Mes pensées sont écrites sur mon visage, de toute évidence. Je m’étonne plus quand ça vient d’eux donc j’acquiesce doucement. Je vais essayer de m’en souvenir, tout comme je me dis qu’il va falloir que j’apprenne à me contrôler. On va éviter peut-être de le mettre mal à l’aise en le fixant dans les yeux. Ça doit être relou à force de le vivre… Et si je peux éviter de me le mettre à dos, c’est encore mieux. Je sursaute par contre quand c’est mon propre portable qui sonne, un brin agacé quand je vois que c’est Alice qui appelle. NON. On avait dit que quand je suis avec mes frères, on me fout la paix. Pourquoi elle ne respecte pas ça ?
Allez ça y est, je suis saoulé.
J’ai été forcé d’écourter le temps passé avec mes frères. Ça me met d’une humeur exécrable, je dois l’avouer. J’ai cette sensation désagréable d’être le petit chien-chien du Comité qu’il peut diriger à sa guise. Ils me disent « va là » et j’y vais. … Est-ce que c’est seulement légal ? Je n’en sais rien. Tout ce que je sais, c’est que ça me gave sévère. Ils m’ont désigné pour accueillir Gwenaël. Je dois lui faire visiter le site… J’ai eu envie d’exploser de rire quand Alice me l’a dit. GENRE. Moi ? Je sais à peine où se trouve ma piole et le stade ! Bon ok si, je connais la salle de sport et la piscine, étrangement. Mais c’est tout. Le complexe est trop grand pour un type comme moi qui ne vit que du strict minimum. Ils auraient pu choisir quelqu’un d’autre quand même. En plus, pas d’explications, je suis prévenu au dernier moment alors que je suis persuadé, ça a été décidé en haut lieu depuis plusieurs jours… Mais non hein. Je dois obéir, c’est mon contrat.
Putain de merde.
Evidemment, j’y vais. Empli d’une mauvaise foi visible, mais j’y vais. En revanche, je ne me presse pas. Je ne vais pas courir pour ses beaux yeux non plus. Je suis en retard mais je m’en fous. Déjà que je n’ai pas envie d’être là, il ne va pas se plaindre en prime. Pour le trouver, c’est assez simple en fait ; suffit de suivre la musique. … Attends si ce gars est musicien, pourquoi ils n’ont pas envoyé Mao à ma place hein ?! Y aurait plus d’atomes ! Je suis tellement une brelle dans ce domaine. Je n’y intéresse absolument pas et même si l’air que j’entends m’est complétement familier, j’ai aucune idée de ce que ça peut être. J’échange un regard avec Sam qui marche à côté de moi comme à chaque fois, comme s’il pouvait me donner la réponse. Sans surprise, il ne pige pas ce que j’essaie de lui faire dire. Déjà, parce qu’il ne parle pas et qu’il s’en fout. Comme d’hab’ quoi.
Je vois le nouveau assis sur les marches qui mènent aux apparts, le point de rendez-vous qu’Alice m’a refilé. Je sais que ce n’est pas bien mais je juge ses fringues. Bon. Au moins, il est habillé décontracte comme moi. Forcément, comme j’étais avec mes frères, j’ai un simple jean troué et un T-shirt à la con. Pas de tunique qui me rend si reconnaissable aux yeux du public. Je retire ma casquette aussi qui cache généralement mon visage - même si souvent, mon Démolosse trahit mon identité – et je la fourre négligemment dans mon sac, m’approchant en faisant volontairement plus de bruit pour qu’il me remarque.
« Yo. Gwenaël, c’est ça ? Aram. J’ai été désigné pour te faire visiter les lieux. »
… Niveau accueil bienveillant qu’on m’a demandé de faire, ce n’est pas vraiment ça. Faudrait peut-être que je mette de côté ma frustration d’avoir été arraché à un moment en famille.
Codage T-Card par Aaron Sakuragi, un grand merciiii t'es la meilleure ! Crédit avatar :Inkerpape
C’est vraiment long d’attendre. Beaucoup trop à mon goût, par ailleurs. Je n’ai pas l’habitude d’être dans cette position de la personne qui attend désespérément l’arrivée d’un ou d’une retardataire. En règle générale, je suis celui qui fait attendre tout le monde. Et pour être honnête, je préfère réellement cette position. C’est bien moins ennuyeux. Parce que là, je dois bien l’avouer, mais même mon téléphone ne parvient pas réellement à captiver mon attention. C’est assez fou, lorsque l’on y pense. Habituellement, je suis capable de passer des heures à m’entraîner à pianoter sur ce faux clavier. Mais là, je passe bien trop de temps à détester celui ou celle qui me fait attendre, pour être en mesure de vraiment me concentrer sur ce que je suis en train de faire. Je suis saoulé d’attendre là, sur les marches de cet escalier en pierre. J’entends les notes de musiques qui sortent des haut-parleurs de mon téléphone. Pour autant, elles ne me parlent pas. Elles ne m’inspirent rien. À l’intérieur de mon être, c’est le vide complet à ce niveau-là. Je sais ce que je veux faire. Je sais ce que je veux entendre.
Pour autant, je ne parviens pas à jouer ce que je désire réellement. Mon esprit est bien trop préoccupé par tout ce qui se passe présentement dans mon esprit. Je me demande encore ce que je fais ici. Je n’ai pas l’impression d’y avoir ma place. Non, mais sérieusement, je me sentais bien mieux en arpentant les ruelles glauques de Smashings. Au moins, là-bas, j’avais le sentiment d’être à ma place. J’étais celui qui faisait attendre tout le monde. Et puis j’avais ma si belle réputation. Je me demande si ce n’est pas ce qui me manque le plus, dans toute cette histoire. Je me sentais grand, je me sentais fort. Les gens craignaient de tomber face à mes pokémons lors d’un affrontement. Mais ici... Il n’y a plus rien. Je ne sais absolument pas ce que cela va bien pouvoir donner. Je me retrouve soudainement expédié à l’autre bout du monde, dans une région qui me semble être la plus nulle de toutes. Et franchement, j’ai déjà envie de repartir. Je suppose que le fait de devoir attendre ne m’aide pas à accepter les choses. Mais merde... Je ne suis pas du genre à laisser passer sans rien dire. Ça ne me plaît vraiment pas. Et Madeline qui ne m’a même pas balancé la moindre information. Je crois que je la déteste déjà. Je sens que la relation que je vais devoir entretenir avec elle risque d’être compliquée.
Je me demande pourquoi elle m’a fait un tel coup. Je ne parviens pas à comprendre ce qu’elle a bien pu y gagner. Je ne vois vraiment pas ce qu’elle peut avoir comme intérêt à ne pas m’avoir donné l’identité de mon guide pour cette visite chiante. Parce que ça, j’en suis certain. Elle sait forcément lequel des autres champions a été désigné par le comité pour me faire découvrir les lieux. Est-ce qu’elle l’a fait uniquement pour me mettre en rogne ? Ce serait bien possible. Je ne la connais pas très bien encore, mais je l’imagine très bien me faire un coup dans ce genre-là. Mais ça m’énerve. Je n’ai pas la moindre idée de ce à quoi je dois m’attendre. Si au moins j’avais une petite idée de celui, ou celle, qui est présentement en train de me faire poireauter comme un idiot, je me dis que je pourrais envisager une sorte de vengeance ou quelque chose dans ce genre-là. Ou au moins un truc à dire au moment où cette personne arrivera enfin. Je me demande d’ailleurs s’il y a réellement quelqu’un qui compte venir. Je ne parviens pas à exclure la possibilité qu’elle se soit juste moquée de moi en m’envoyant ici. Je ne vois pas trop pourquoi, outre le fait de se payer ma tête, mais je me dis que ce serait une éventualité non négligeable. Vu comment je me comporte avec elle depuis qu’elle m’a été collée dans les pattes, je suppose qu’elle doit chercher un moyen de me dompter. Mais si c’est bien cela, elle se plante totalement. Ce n’est pas de cette manière qu’elle risque d’y parvenir. Ce serait même plutôt le contraire. Si je parviens à avoir la preuve de cela, je risque facilement de devenir encore plus insupportable que je ne le suis depuis le départ.
Alors que je continue de tapoter sur le faux piano affiché sur l’écran de mon téléphone, faisant sortir une musique bien connue par les haut-parleurs, un bruit me fait relever la tête. Je ne suis plus seul. Un type est en train de s’approcher de moi. Il ne me semble pas bien grand, pour un homme, bien qu’en étant assis sur les marches il est possible que ce ne soit qu’une impression. Toutefois, j’en doute forcément. Quand je vois que le Méga-Démolosse qui l’accompagne le dépasse d’une bonne tête, cela me conforte dans mon idée qu’il n’est pas bien grand. J’ai déjà rencontré une créature dans ce genre là. Et par expérience, je sais que le sommet de leurs cornes arrive généralement plus ou moins au sommet de mon crâne. Je doute que ce soit bien différent pour celui-là. Ce qui signifie que lorsque je lèverais mon postérieur de ces marches, je vais possiblement, moi aussi, le surplomber d’une bonne tête. Cette simple idée parvient à me rasséréner un peu. Ce n’est rien du tout, et c’est même possiblement un peu immature de se réjouir pour cela, mais ça m’importe peu. Je m’en balance complètement. Je me dis que je vais au moins avoir ce petit plaisir de pouvoir regarder de haut ce type aux cheveux blancs et à la peau mate. Je crois qu’il fait partie des derniers à avoir rejoint la ligue, enfin avant moi quoi. Celui avec ses tuniques un peu spéciales que l’on peut lui voir lors des combats officiels. Bien qu’aujourd’hui, il soit vêtu d’un simple jean troué et d’un tee-shirt. Au moins, je ne dénature pas. Je m’en moque un peu, notamment parce que j’ai l’habitude que l’on me fasse remarquer mes tenues incorrectes au milieu des costumes trois-pièces. Mais j’aurais certainement eu l’air un peu négligé autrement. Par contre, je ne me souviens plus de son nom. Ça doit être un truc genre Hareng, ou peut-être plutôt Harem. Je crois qu’il vient d’une sorte de tribu de je-ne-sais-pas-quel-désert ou une connerie dans ce genre-là. Je suppose que ça collerait plutôt bien. À moins que ce ne soit Harold ? Bof, non. Ça ne matche pas trop avec sa tête.
Il n’est plus qu’à quelques pas de moi lorsqu’il m’adresse la parole. Il se présente alors. Aram. Je n’étais pas si éloigné de la vérité, finalement. Harem - Aram... Dans le fond, ça sonne presque pareil. C’est plus ou moins dans le même délire, au final. Il a été désigné pour me faire visiter les lieux. Le choix des mots est plutôt intéressant. Il ne semble pas plus enchanté que moi à l’idée de cette visite. Je suppose que cela nous fait au moins un point en commun : aucun de nous deux ne semble avoir une grande envie d’être ici pour ce moment fastidieux. J’avais bien mieux à faire que de découvrir les différents recoins qui entourent mon nouveau lieu de vie, et je suppose que lui aussi. Je tapote rapidement sur l’écran et les boutons de mon téléphone pour fermer l’application et verrouiller l’appareil, avant de le ranger et de me relever. Il est temps pour mon interlocuteur de contempler ma grandeur, à défaut de ma musculature inexistante.
▬ Hi ! C’est bien ça. Aram donc. Eh bien visitons les lieux alors. J’ai l’impression que ça t’enchante un max, alors profitons de ce grand engouement que je ressens !
Sur ce coup-là, je me la joue clairement ironique et blasé. Je suppose toutefois que c’est de circonstance. Je me demande s’il y a véritablement des trucs à découvrir dans les environs. Je suppose qu’il existe un certain nombre d’infrastructures, mais en vrai, un plan aurait aussi bien pu faire l’affaire. Sur ce coup-là, je suis presque certain que je ne vais pas en retenir grand-chose. Je me dis que ce sera au moins l’occasion d’en apprendre un peu plus sur mes futurs collègues. Quoique maintenant que je suis ici, je pense que ça relève plutôt du présent. Enfin, ça ne change pas grand-chose. Il faut seulement que je m’habitue à ma nouvelle vie. Je sens que ça ne va pas se faire en un claquement de doigts. Peut-être que de découvrir les lieux pourra m’aider. Je n’en sais rien.
▬ On commence par quoi ? D’ailleurs, il y a vraiment des trucs intéressants à voir dans le coin ? J’suis certain que Madeline va encore me saouler pour avoir un rapport complet de ce que j’ai vu. Déjà que je suis certain qu’elle était informée de cette visite depuis des plombes et qu’elle m’a prévenu au dernier moment... Fait chier ce comité à imposer des trucs comme ça...
Je ne sais pas ce qu’il en pense, mais je tente. Peut-être que l’on va pouvoir se trouver un autre point en commun en râlant sur ces vieux qui composent le comité. Au pire, je me plante et il ira rapporter mes propos. Mais ça, je suppose que je m’en moque. S’ils ne le savent pas encore, ils ne tarderont pas à comprendre que je me moque royalement de ce qu’ils peuvent bien penser de moi. Je n’ai strictement rien à leur prouver.
Je suis clairement de mauvaise foi, et ça se voit sur mon visage.
Je ne comprends pas les décisions du Comité. Pourquoi moi, au juste ? Parce que je suis le petit nouveau ? Ben justement… Il n’aurait pas fallu attribuer quelqu’un de plus ancien du coup, genre Arthur ? Lui il doit connaitre le complexe comme sa poche ! Et si Gwen a des questions particulières, il serait plus à même de lui répondre correctement que moi. Au final, même si ça fait quatre mois que je suis là, y a encore plein de trucs que j’ignore. Je suis souvent sur les routes, en déplacement donc… Je ne connais pas vraiment l’endroit. Et puis, comme dit, je n’ai pas besoin de grand-chose pour vivre. Je me suis toujours contenté du strict minimum et ça me convient très bien. Suffit de voir que je dors dans le stade, par exemple ! Ma chambre est aussi vierge que lorsque j’y ai emménagé. Y a juste la lettre d’acceptation à la Ligue encadrée et accrochée au mur, mais c’est surtout parce que c’est un cadeau de mes frères. Bon, ok, je suis quand même fier au fond d’être ici.
Je sais qu’on ne dirait pas, parfois, vu que je passe mon temps à me plaindre. Ça doit être dans ma nature de râler. Mais pour être plus précis, c’est parce qu’Alice abuse de fou. Elle s’est un peu calmée sur la charge de boulot, ça n’empêche pas que l’idée de devoir être toujours dispo pour le boulot, c’est chiant. Ça n’existe pas les vraies vacances, ici ? Faudrait que je me renseigne. Pas que j’ai déjà besoin de vacances – quoi qu’un peu quand même -, mais je ne me vois pas tenir cette cadence toute ma vie non plus. Faut pas déconner non plus.
Bref. Je suis arrivé au point de rendez-vous, Gwen m’y attend. Je me dirige vers lui, je me présente avec toute la bonne humeur qui est la mienne. La bonne blague. Lorsqu’il se lève, j’essaye de pas montrer que ça gave déjà, sa taille. C’est quoi cette Girafarig, sérieux ?! Il a beau être debout sur les escaliers, c’est donc normal qui me surplombe, mais je ne suis pas dupe. Il fait facile une à deux têtes de plus que moi. Il est plus grand que Malik ! Ça m’énerve déjà. S’il fait un seul commentaire, je l’envoie chier. Je vais me faire taper sur les doigts par mon agente, parce que c’est important, la cohésion dans la team. Sauf que si c’est un petit con de fils de riche qui ne trouve rien de mieux que de me rabaisser par rapport à mon style de vie, mon apparence, ma taille… Je lui fais cracher ses dents, hein. Je serais forcément celui sur qui on mettra la faute, sans doute que papa aidera à passer sous silence l’incident mais… Voilà quoi.
Je ne sais pas trop ce que je pense, je me suis perdu, je crois. Comme souvent. Au moins, j’ai plus fait une fixette sur sa taille que sur ses yeux, du coup c’est passer crème. Il me répond d’une façon qui me fait arquer un sourcil. … Ok donc c’est un fan d’ironie, si je comprends bien. C’est soit ça, soit il se fout bien de ma gueule et dans ce cas-là, je vais juste le laisser se démerder. On va simplement partir du principe, en premier lieu, que c’est de l’ironie. Et ça me convient très bien, en réalité. Je sais que mon visage à laisser paraitre de la blasance – je sais, ce mot n’existe pas mais je ne connais pas celui qui conviendrait -, suivi d’un petit rire. C’est vrai que ma motivation est tellement magistrale qu’elle fait vibrer ceux qui m’entourent d’une volonté exceptionnelle.
Je ne réponds pas tout de suite, aussi prend-t-il les devants. Il me pose une question, puis enchaine. Madeline ? J’imagine que c’est son agente. Ça me fait sourire un peu plus, parce qu’on dirait moi avec Alice, au début. Je sais que l’agente de Mao est aussi super strict et casse-pied, du coup je me dis que ça doit être l’une des bases d’agent, en fait. C’est quoi le descriptif du poste, d’ailleurs ? Vous devez absolument casser les couilles de votre Maître ? C’est comme ça que c’est évaluer ? Si le champion râle énormément c’est que vous avez fait la part de votre job ? Ça m’étonnerait qu’à moitié, si c’était le cas. L’évocation du Comité dans des termes peu flatteurs me fait dire qu’on est un peu pareil sur notre façon de penser. Ça me détend. Je fourre mes mains dans mes poches de façon décontracté, réfléchissant un peu avant de parler.
« Y a la race de trucs, ici. Mais c’est con que ce soit à moi de te montrer, je n’en connais pas la moitié. » Ça me fait rire, quand même. « Sinon… Bah. Je sais qu’il y a une serre, une piscine, le stade, la salle de muscu… Le centre de soins, ça peut être utile de savoir où aller si tes alliés sont blessés pendant l’entrainement. » Je ne connais pas ses goûts, mais je me souviens qu’il jouait de la musique quand je suis arrivé, alors je rajoute : « Y a aussi une salle de musique je crois, mais faudra la chercher parce que j’ai aucune idée d’où elle se trouve. » Je l’avoue de but en blanc, même si je sais qu’Alice, si elle m’avait entendu, lèverait les yeux au ciel. C’est elle qui s’est chargée de ma visite, mais je n’ai absolument rien retenu. Parce que la majorité des trucs, je m’en fiche, en fait. Je vis dans le stade et la cuisine. C’est tout ce qui compte et importe pour moi. Bon, j’imagine que la cuisine, il sait déjà où elle est…
« Après, si t’as un rapport détaillé à faire… faudrait pas que notre cher Comité nous tombe dessus, sinon on va se retrouver d’astreinte pendant les soirées mondaines. » Je dénigre totalement ces soirées et j’assume – et oui, je connais le mot astreinte -. C’est de la merde. Peut-être que lui sait s’y faire dans ces moments-là, peut-être même qu’il kiffe ça. Moi je déteste et on a enfin fini de m’y envoyer parce que malgré tous mes efforts, mon comportement ne convenait pas. Ça m’arrange, cela dit, c’est à se demander si j’ai vraiment fait tout ce qui était en mon pouvoir. Mais… Sourire bêtement en faisant croire que ce qu’on nous raconte est passionnant alors que je ne comprends pas la moitié – parce que bien sûr, parler normalement ce n’est pas possible, faut toujours que le langage soit soutenu et… merde quoi, le commun ce n’est pas ma première langue -, ça me saoule méchamment. Alors oui, moi je le vois comme une punition. Je me suis un peu décalé, regardant notre environnement, cherchant encore par quoi commencer. Au pire, en fonction de sa réponse, j’aviserai.
« C’est quoi ta spécialisation, en fait ? »
Je suis persuadé que Malik me l’a dit mais… j’ai oublié.
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Je crois que j’ai vraiment du mal à comprendre les décisions du Comité. Je me demande un peu s’ils ne sont pas trop vieux pour gérer ce genre de choses. Je ne vois tellement pas l’intérêt de me faire perdre inutilement du temps alors que j’aurais pu consacrer ce dernier à toutes sortes d’autres activités. Et puis, il en est de même pour le fameux champion — ou la championne — désigné par le hasard ou par le plaisir de l’embêter. On m’aurait filé une sorte de plan ou une connerie dans le genre, ça l’aurait tout aussi bien fait. Et puis je ne parle même pas de ce manque de respect envers les champions. Ça me semble tellement inadmissible de prévenir les gens au dernier moment. Bien que ça, je ne sais pas trop si je le dois à Madeleine ou à ces vieux croûtons. Mais sérieusement, ça me met de mauvaise humeur. J’avais prévu bien d’autres choses pour ma première journée dans cette nouvelle région. Quoique dans le fond, je ne suis pas certain que l’on puisse trouver grand-chose d’intéressant à Johto. Ça me semble tellement désertique et sans intérêt en comparaison des quartiers cool que l’on peut trouver à Galar. J’ai l’impression qu’ils sont restés coincés dans un autre siècle par ici.
Tout semble être particulièrement ancien et traditionnel. J’ai la sensation qu’ils n’ont pas laissé la place aux évolutions technologiques et à la modernité. Quand je remarque à quel point ils s’enjaillent pour une fichue radio, alors que les émissions qui y sont diffusées me donnent envie de vomir tellement elles sont ringardes. Et ça, c’est sans compter les musiques d’un autre temps qui sont diffusées entre deux stupides chroniques. J’ai bien l’impression que l’on est loin de la richesse et de là diversités des sons underground qui sont régulièrement diffusés sur les ondes des bonnes stations de Galar. Je suis à peine arrivé, que je suis déjà un peu dégoûté d’être là. J’espère que les choses vont rapidement s’améliorer, sinon je sens que je vais encore avoir le droit à un scandale familial. Je doute qu’ils apprécient que je fasse de nouveau la une des tabloïds en raison de mon comportement déplacé. Mais après tout, ce serait de leur faute. Je n’ai pas choisi de me retrouver ici, moi. Ce fut leur décision de m’exiler au l’autre bout du monde. Ils m’ont placé dans une position plutôt confortable, mais quand même. J’appréciais bien ma vie dans les rues lugubres de Smashing. C’était fun. Ici, je ne pense pas que j’aurais le droit à des combats similaires. Il va falloir respecter les règles. Et Arceus sait à quel point cela peut me débecter. Donc forcément, je crois que cela ne m’enchante pas des masses. Les combats de rue, c’est tout de même autre chose.
Lorsque je remarque finalement celui qui sera mon guide pour la journée, il ne semble pas particulièrement enchanté. Sa bonne humeur est loin d’illuminer son visage. Par contre, on remarque aisément à sa face que ça le gave déjà d’être ici. Je sens que l’on va bien s’amuser aujourd’hui. Visiblement, aucun de nous deux ne ressent l’envie de se trouver ici à ce moment précis. Je le comprends. Moi aussi, je préférerais clairement être ailleurs. Pour autant, je n’ai pas envie de me faire assassiner par Madeline pendant mon sommeil. Et je peux être certain qu’elle le fera si je ne fais pas en sorte de satisfaire cette première exigence du comité. Je ne vois pas ce que ça peut leur changer dans leurs petites vies que l’on me fasse visiter les lieux, mais soit. Je crois que le plus drôle, ce fut sa tête lorsque je me suis relevé en le surplombant. Avec les escaliers, mon petit effet a encore mieux fonctionné, mais je pense que je n’aurais même pas eu besoin de cela pour obtenir ce résultat. Avec de grandes difficultés, je suis tant bien que mal parvenu à masquer un petit sourire narquois. Un bon point pour moi, je suppose. Madeline m’a assez rabâché qu’il est important que je me comporte convenablement avec les autres, et pourtant elle ne m’a été imposée que depuis très peu de temps.
Avant de répondre à ma question, il prend le temps de flanquer ses mains au fond de ses poches, un peu négligemment. Est-ce pour tenter de gagner un peu de temps dans sa réflexion ou est-ce un simple geste issu d’une habitude ? Je n’en ai pas la moindre idée. Toujours est-il que l’information finit par me parvenir. Et ça, c’est possiblement le plus important. C’est donc ainsi que je découvre qu’il y a masse de choses à faire dans le coin, mais qu’il n’en connaît même pas la moitié. Et que c’est bien con que ce soit à lui de me faire découvrir les lieux, puisqu’il ne les connaît pas beaucoup plus que moi. Je ne peux m’empêcher de rigoler un peu à cette réponse.
▬ Au final, tu vas peut-être découvrir des trucs en même temps qu’moi. Tu as fait une connerie ou quelque chose dans le style pour hériter de la lourde tâche d’être mon guide pour cette visite ?
Il poursuit en me parlant de la présence d’une serre. Ça, je n’en ai pas grand-chose à faire. On ne peut pas dire que j’ai réellement la main verte. Je n’ai même pas le souvenir de m’être déjà approché d’une plante. On avait des jardiniers et des domestiques pour ça. Et puis c’est salissant la terre, très peu pour moi. Il mentionne ensuite une piscine et une salle de sport. Ce n’est pas vraiment mon truc, mais ce serait peut-être bien que je me décide à m’y mettre. Il faut dire que ma musculature est présentement au ras des pâquerettes, je suppose donc que ce ne serait plutôt intéressant pour l’apparence. Avoir un peu de muscles, ça passe toujours mieux sur les photographies ou les vidéos. Et comme ma médiatisation risque d’exploser maintenant que je suis ici, ce serait possiblement une bonne chose de travailler un peu là-dessus avant que cela ne me soit imposé par Madeline. Il enchaîne ensuite avec le stade et le centre de soins. Ok. Ça, il faut vraiment que je sache où ça se trouve. C’est tout de même un peu la base, je crois. Si je ne parviens pas à trouver le stade pour y livrer mon tout premier combat, il est certain que je vais me faire défoncer.
▬ Ah ouais, ils ont mis le paquet sur les infrastructures en fait. C’est plutôt cool ! Je doute de me servir de tout ça, mais c’est bien de savoir que ça existe. Je tenterais donc de trouver cette fameuse salle de musique un de ces jours !
C’est marrant qu’il ne sache pas où se trouve la salle de musique. Mais en même temps, je suppose que c’est un peu normal si cela ne le passionne pas plus que cela. Je sais très bien que même dans six mois, je serais certainement incapable d’indiquer la localisation des serres. Je ne suis même pas certain de me souvenir de l’existence de ce truc. Je suppose donc que je ne peux pas vraiment lui en vouloir. Et puis cela me fera une bonne excuse pour errer sans but réel sous l’éclairage naturel de la lune.
▬ Ils risquent de le regretter s’ils veulent commencer à m’imposer des soirées mondaines à rallonge. Je connais parfaitement les codes, mais il est bien rare que j’accepte de jouer le jeu… Ma famille avait même commencé à craindre que je fasse une apparition au cœur de leurs belles soirées...
Je ne sais pas trop ce qu’il pense de ce genre de mondanité, mais au regard de la manière dont il en a parlé, j’ai bien l’impression qu’il a horreur de tout cela. De mon côté, je dirais que c’est plus mon envie de ne pas respecter les codes qui me pousse à pourrir l’ambiance. Parce que dans le fond, il y a toujours moyen de s’amuser un peu. En général, le bar est plutôt bien fourni, donc tant que je peux y accéder, ça me va. Le plus chiant, c’est de devoir supporter les conversations ennuyeuses et sans fin. Surtout lorsque les gens commencent à parler de ma vie et de ce qu’elle devrait être. Sans oublier les nombreuses mentions concernant la honte et l’humiliation que je fais tomber sur ma famille avec mon comportement déplacé. Les discours moralisateurs venant de vieux croulants, ça me blase. Enfin non, ça m’exaspère au plus haut point. Et forcément, derrière, en bon p’tit con, j’ai seulement envie de faire pire que tout ce que l’on me reproche déjà. Finalement, j’ai un peu l’impression que cela forme une sorte de cercle vicieux. Et maintenant, je me demande un peu ce que ça risque de donner avec les mondanités du comité. Parce que si je me retrouve avec Madeline collée à mes basques à longueur de temps, ça risque d’être bien moins aisé d’agir de manière incorrecte. Vais-je me calmer et enfin faire ce que l’on attend de moi ? Je ne sais pas. J’en doute un peu. Je risque de m’améliorer un peu, mais je ne pense pas atteindre la perfection que l’on attend d’un individu de bonne famille. Ce ne serait pas moi. Ce serait bien trop éloigné de mes aspirations actuelles.
Ma spécialisation ? Il me parle de quoi, là ? Moi, mon truc, c’est les combats de rue et les stratégies un peu vicieuses ou inattendues. Toutefois, je ne sais pas si c’est de ça qu’il me parle. Il veut peut-être savoir ce que j’apprécie en matière de pokémons. Je suppose que ça doit être ça. Mais en même temps, je n’en suis pas particulièrement certain. Je vais toutefois partir là dessus. S’il veut plus de précisions sur ma manière de combattre, il n’aura qu’à demander.
▬ Pour les pokémons ? Je suis plutôt un spécialiste des pokémons poison et ténèbres. Ils s’accordent plutôt bien avec ma vision des combats. Tiens, d’ailleurs, ça ne te pose pas de soucis que je libère Elgar, l’un de mes partenaires ? Il n’a pas l’habitude d’être enfermé, il a horreur de ça.
Elgar, c’est mon Noctali chromatique, c’est un pokémon que je possède depuis un bon bout de temps, désormais. Il s’agit d’un cadeau de mes parents, à l’occasion d’un anniversaire. À l’époque, ce n’était encore qu’un simple œuf. Ils avaient eu dans l’idée de me le remettre en espérant que cela finirait par me faire gagner en maturité et en responsabilité de me faire m’occuper d’un œuf. Je pense que je m’en suis relativement bien sorti, mais je n’ai pas spécialement connu une grande évolution vis-à-vis de ce qu’ils espéraient. Dommage pour eux. Moi, en attendant, cela me convient bien. D’autant que j’ai eu l’occasion d’obtenir un compagnon exceptionnel qui a fini par évoluer au fil de mes combats. C’est un partenaire exceptionnel qui est plutôt idéal pour jouer un rôle de support. Il est d’ailleurs relativement bon pour encaisser les coups, c’est toujours pratique. D’autant plus qu’il est également performant pour infliger des dégâts. Il ne m’a jamais déçu lors d’un affrontement. Par contre, il en a dégoûté plus d’un de nos adversaires qui ne s’attendaient visiblement pas à ça. Il ne faut assurément pas sous-estimer en fonction de la taille.
▬ Et toi, c’est quoi ? T’es dans les types feu, je suppose ? Ah tiens. Histoire de commencer la visite… tu sais où se trouvent les cuisines ? J’ai pas trouvé hier, et je commence vraiment à mourir de faim...
Je suis parvenu à tenir avec mes quelques réserves, mais je n’avais assurément pas prévu que ce serait si compliqué de trouver de la bouffe dans le coin. Madeline m’a expliqué comment m’y rendre, mais même avec ça ce fut totalement impossible pour moi de trouver. La galère quoi. Au manoir familial, c’est plus simple, il suffit de faire sonner la cloche ou de gueuler à travers le bâtiment pour obtenir de quoi se sustenter. Et là, je ne me nourris que de conneries depuis hier, ça ne le fait vraiment pas.
Je suis quasi certain qu'il se fout de ma gueule, en silence.
Il est discret, mais je l’ai vu son petit sourire narquois là, juste après s’être levé. Ça m’énerve déjà. Si notre « relation » débute par une moquerie sur ma taille, ça ne va pas le faire. Ça ne va carrément pas le faire. Je ne dis rien pour le moment, mais je suis quand même en train de ronger mon frein pour ne pas faire une remarque salée sur le sujet. Ça risquerait trop de montrer que je suis hyper susceptible sur ma taille, ça lui donnerait les armes pour me saouler jusqu’au bout. On va éviter, hein. Puis sinon je risque aussi de passer pour le chien hargneux qui aboie à la moindre contrariété. On ne va pas se mentir : c’est assez vrai, comme description. Mais il ne le sait pas encore et j’ai aucune envie que ce soit la première facette de ma personnalité qu’il découvre.
Gwen fait l’effort de le dissimuler. Si je n’avais pas porté une attention toute particulière, je serais sans aucun doute passé à côté. Alors on va faire comme si je n’avais rien capté, continuons donc cette conversation dans la joie ! Après tout, ça se voit à nos gueules qu’on est submergé par le bonheur pur. Cette après-midi risque d’être particulièrement chiante, s’il s’avère qu’il est le fils de riche que je m’imagine. Je mets rarement les gens dans des cases, mais mes dernières expériences au sein de la Ligue et des soirées mondaines m’ont fait comprendre davantage un truc ; l’argent, ça rend les gens cons. Et tellement ! Les mecs - et les nanas – se sentent plus pissés quand ils ont trop de fric, ils te font savoir qu’ils sont au-dessus de toi, ils se pensent tout permis… Ah ! Putain. Je voudrais bien les voir galérer une journée dans le désert, ils fermeraient tellement leurs gueules ! Sérieux. Je ne voulais pas rentrer dans les préjugés, mais j’en ai développé malgré moi. Je ne compte plus le nombre de personnes qui m’ont regardé avec dédain, en mode « c’est ça le dernier champion ? … » Et ce silence qui veut tout dire. Bah ouais connard, je ne suis pas né avec une cuillère en argent dans la bouche moi ! Et heureusement d’ailleurs. Si c’est pour être péteux comme tout, merci mais non merci, hein. Le système D, c’est bien mieux.
Bref. Du calme, Aram. J’imagine que le fait d’avoir été arraché à une aprèm pépouze avec mes frères me rajoutent de la mauvaise foi. Je lui explique le topo, parce qu’on m’a demandé de le faire. J’essaye de me dégager de mes aprioris parce qu’en plus, je déteste ça. Ça m’agace d’en avoir. Je me calme un peu quand il me répond, me demandant si j’ai fait une connerie pour mériter d’être son guide. Bon, déjà, il a dit « connerie ». Il n’utilise pas le langage des gens riches là qui sont choqués dès que, oh mon dieu, il a dit putain ! Je grossis le trait, mais je me suis si souvent fait reprendre sur mon langage que j’en garde un souvenir amer. Allez savoir pourquoi ça ressort maintenant. Heureusement, sa façon de parler me convient et me détend. Je vais pouvoir m’exprimer comme j’en ai envie, de toute évidence.
« Y a des chances. Rien du tout, ou alors… »
Je réfléchis un court instant ; est-ce que je n’aurais pas fait une connerie qu’Alice n’a pas apprécié ? Je n’ai pas d’idées de génie qui me vient, je n’ai rien fais que je ne fais pas d’habitude. Je hausse les épaules, faisant comprendre qu’en fait non. Je ne vais pas cacher le fait que oui, pour moi, ça reste une tâche que je n’avais pas envie de faire. En tous les cas, je continue mon topo. Je croise les doigts pour qu’il ne me demande pas de l’emmener aux serres, ça va être la PLS pour moi. Je supporte le parfum des fleurs naturels, tant qu’il est discret. Comme le parfum d’Alice, par exemple. Mais quand c’est trop fort, j’ai la tête qui tourne et j’ai du mal à respirer. Ce serait quand même bien, pour une fois, que quand je rencontre quelqu’un, je ne me mets pas à avoir une crise d’asthme. Parce qu’à force, j’ai l’impression que c’est inscrit sur mon front. Et ça aussi, ça m’énerve.
Mon laïus est terminé, il me semble qu’il m’a écouté jusqu’au bout. Il ne tarde pas à me répondre et il est surpris qu’il y ait tant d’infrastructures… Ouais c’est sans doute impressionnant, vu de l’extérieur. Je n’ai pas personnellement été attiré par tout ça, même si je dois quand même avouer que je ne pensais pas que le complexe abritait tant d’activités différentes. En fait, si j’étais un ermite, je pourrais carrément vivre ici sans quitter la Ligue une seule fois. Y a tout ce qui faut pour vivre ! Sans surprise, il est attiré par la salle de musique. Vu qu’il jouait du piano sur son téléphone avant que j’arrive, ça parait logique. Du coup, je me permets d’ajouter :
« Au pire, tu peux demander à Mao où elle est. Il est musicien alors forcément, il doit savoir où elle se trouve. »
Comme ça, je ne le laisse pas totalement dans la merde pour trouver. Et on ne viendra pas me casser les couilles parce que j’ai mal fait mon taff de guide. Je ne peux m’empêcher de démontrer mon amour profond pour les soirées mondaines. C’est écrit sur ma tronche, que je déteste ça. J’arque un sourcil à sa réponse. Il connait les codes, c’est plutôt logique. Moi j’ai beau essayé de les retenir, je n’y parviens pas. Sans doute parce que je m’en fous. Et parce que je trouve ça con aussi. Déjà, ils m’ont fait tout un sketch parce qu’ils ne voulaient pas que Sam reste avec moi. Pour moi, il était hors de question que je me retrouve devant une foule d’inconnus sans lui à mes côtés. De base, je suis assez timide devant une foule… Je sais, on ne dirait pas comme ça. Je suis quand même bien plus à l’aise quand l’attention est portée ailleurs que sur ma face. Les combats pokémon, c’est une autre histoire. Me montrer en train de faire un truc que je maitrise, qui me passionne, ça passe sans problème. Faire un discours devant des gens friqués qui me jugent du regard et qui attendent juste que je me plante… Ah non pitié, l’horreur. J’ai essayé cette technique d’imaginer les gens à poils pour déstresser.
J’en fais encore des cauchemars.
« T’y foutais le bronx ou quoi ? »
J’ai parlé franchement, avec un petit rire qui m’échappe. Mais quand il sort que sa famille craignait, au final, qu’il se pointe aux soirées, je me dis qu’il devait y avoir une raison. Et comme je suis curieux de nature… Je ne peux pas m’empêcher de demander. En même temps, il a l’air d’aimer ça autant que moi alors peut-être qu’à deux, on pourrait se faire une contre soirée ou je ne sais pas quoi pour fuir ces moments saoulant. Encore faut-il qu’on s’entende sur le reste… Mais ça reste une idée en suspens. J’aurais sans doute ma réponse au courant de la journée. Je crois qu’Alice va nous détester si on se met à foutre la merde lors de ces soirées pour rapporter du fric à la Ligue… Comme si elle n’avait déjà pas assez, en plus. Je n’ai jamais compris cette chasse à l’argent. Toujours plus. Je veux bien croire que gérer toute l’infrastructure ça coute un paquet de blé, mais allez pas me faire croire qu’ils sont pauvres. Suffit de voir le prix d’une place pour un match ! Et si en plus, c’est une finale, y a carrément les pokédollars qui se dessinent dans les yeux du Comité.
De toute façon ; la notion de capitalisme m’a toujours échappée.
Je lui demande quelle est sa spécialisation, j’essaye de pas trop rire quand il me demande si c’est pour les pokémon. Ben oui mon gars, tu crois que t’es où là au juste ? Je ne le dis pas à voix haute, mais je le pense très fort. Poison Ténèbres, du coup.
« Stylé. » Je n’ai rien de plus à dire. En fait, j’ai toujours aimé le type ténèbres, sans savoir exactement pourquoi. Sans doute parce qu’ils poutrent les pokémons psy. C’est un peu con dit comme ça, mais je ne suis pas hyper à l’aise, avec les psys… Ce qui me dérange surtout, c’est leur capacité à rentrer dans ta tête. La télékinésie, c’est un truc que je trouve flippant à fond. Mes pensées, c’est les miennes, je ne souhaite absolument pas les partager. Puis ce serait quand même un peu la loose qu’un pokémon me dise que je suis con ou me fasse remarquer que dans ma caboche c’est le bordel. Je suis au courant, merci !
« Ah non vas-y, ne te dérange surtout pas. On a tous quasi nos pokémons en extérieur, y a la place ici et c’est dix fois mieux que dans leurs balls. »
S’il veut, il peut même sortir tous ses pokémons. Les miens squattent bien souvent le stade quand il n’y a pas de challenge en cours donc bon. Il me retourne la question quant aux types, il me demande aussi où sont les cuisines. Oh. Il vient d’éveiller mon intérêt. Je suis toujours intéressé, quand ça parle de bouffe, en bon morfale.
« Feu et dragon. J’ai pris le relai après Ruven, toi t’enchaîne après Hélène, du coup. C’est à se demander si c’est comme ça qu’on est embauché. »
Je me marre un peu. Cette réfléxion est débile, je ne sais même pas pourquoi je la fais à voix haute. Mais… Mais c’est quand même assez compliqué de prendre le relai derrière un autre champion, quand on a le même type que le champion sortant. Je sais que même maintenant, les gens n’arrêtent pas de me comparer à Baldwin et ça me gave encore. Les gens ont bien compris qu’on est totalement différent, mais ça ne les empêche pas de comparer à chaque fois. C’est juste chiant. Je monte les escaliers, essayant de ne pas m’arrêter sur le fait qu’il me surplombe bien de deux têtes quand je suis sur la même marche que lui.
« Suis-moi pour la cuisine, on a la nôtre ici. Y a aussi un self mais c’est relou parce qu’il faut commander et attendre. » Je ne suis tellement pas patient, quand on parle de nourriture. En plus le chef n’est pas toujours là donc, forcément… Autant bouffer directement ici. Je lui tiens la porte pour pas qu’il se la prenne dans la tronche, mais aussi pour laisser Sam passer. Il se dirige directement vers la porte qui nous intéresse. « Y a ce qui faut pour manger à toutes heures. Juste, si tu prends des ustensiles, essaye de les remettre aux bons endroits pour pas qu’Arthur galère trop. » J’ai appris que c’était mieux. J’oublie parfois que notre collègue est aveugle et qu’avec mon sens du rangement, foutre le sel dans le frigo parce que je ne fais pas gaffe à ce que je fais, ça peut être chiant. Même pour un voyant en fait, quand j’y pense.
« Tu voudrais bouffer quoi ? »
… En fait. Je ne sais pas cuisiner. Peut-être qu’il aurait préféré aller au self, en fait. Parce que s’il compte sur moi pour lui préparer un plat, il va être déçu.
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Il conserve le silence, mais je remarque tout de même un léger petit renfrognement. Je suppose qu’il a remarqué mon petit sourire narquois. Dommage. J’aurais préféré que les vannes me venant à l’esprit restent uniquement dans celui-ci. Il est tout de même préférable que je ne me mette pas tout le monde à dos dès le premier jour. Je pense que Madeline m’en voudrait tout particulièrement. Je crois que je n’ai pas la moindre envie de devoir essuyer les foudres de sa colère. Elle n’est pas bien grande, je la surplombe de très loin, même ce type il est plus grand qu’elle, mais ce n’est pas pour autant qu’elle n’est pas effrayante. Je ne la connais pas encore très bien, puisque l’on vient seulement de me la coller dans les pattes, et je me dis que c’est potentiellement pour cette raison qu’elle m’impressionne à ce point. Ce n’est pourtant pas dans mes habitudes de me laisser déstabiliser de la sorte. Mais je ne sais pas… j’ai comme la sensation qu’elle dégage quelque chose de particulier et qu’elle est sérieusement capable de me pourrir la vie si j’en viens à avoir un peu trop tendance à lui compliquer le quotidien. Je suppose que ce n’est pas pour rien qu’ils l’ont sélectionné pour me coller aux basques. Je ne l’ai sur le dos que depuis quelques jours, et ça me saoule déjà. Mais bref, je ne dois pas mettre en rogne mon guide du jour alors que je viens seulement de le rencontrer. On est censé être collègue, ce serait assez mauvais que les choses se passent mal entre nous. Je suppose que l’on va être amenés à se côtoyer régulièrement en plus. Mais je prends donc note que certains sujets semblent être particulièrement sensibles pour lui. Là, je suppose qu’il s’agit de sa taille, comme c’est ce que j’évaluais et qu’il s’est renfrogné en remarquant la mienne. Après, il est toujours possible que je me plante totalement et que sa réaction n’ait rien à voir avec tout cela. Je ne dois pas affirmer des choses sans en avoir la certitude. C’est le meilleur moyen pour me planter, et je suis bien plus intelligent que cela. Je ne dois pas faire d’affirmation dans le vide dans mon esprit. Je prends note, et je verrais ensuite ce qu’il est possible d’en faire.
Bien que ce ne soit pas la grande joie entre nous, et qu’il est clairement évident qu’aucun de nous deux ne ressent l’envie d’être ici, la conversation se poursuit tout de même. Il m’explique rapidement le truc, sans doute parce que c’est ce qu’on lui a demandé de le faire, et qu’il n’a donc pas d’autres choix que d’être ici afin de me faire découvrir les lieux. Lorsque je lui demande s’il a fait une connerie, il me répond qu’il y a des chances. À ce moment, un petit sourire s’affiche sur mon visage. Je dois avouer que cela m’amuse un peu de me rendre compte qu’il est un peu semblable à moi-même sur ce point-là. Je ne doute jamais du fait que j’ai pu faire une connerie à un moment ou un autre. Je crois que je possède un certain talent pour enchaîner les bourdes sans forcément m’en rendre compte. Parfois, je fais relativement exprès, juste pour aller à l’encontre de ce que l’on me demande. Mais la plupart du temps, c’est seulement que j’agis à ma guise sans forcément songer aux conséquences qui sont susceptibles de suivre. Toutefois, il laisse sa phrase en suspens. Il ne semble pas voir ce qui aurait pu lui valoir une telle punition. C’est dommage, j’aurais bien voulu avoir une petite idée de ce qui l’a amené à cette situation. Au moins, j’aurais pu avoir une petite idée des possibilités de transgressions et des limites à ne pas dépasser si je compte survivre plus de quelques jours sans être dans l’obligation de crouler sous les contraintes et les responsabilités de toutes sortes.
▬ Tu n’as vraiment pas la moindre idée ? J’aurais bien voulu savoir à quoi m’attendre au niveau des représailles du conseil. S’ils infligent des trucs dans le genre pour rien, ça va être l’enfer ici...
Je suis parvenu à l’écouter jusqu’au bout de son topo sur les environs. Je trouve que c’est plutôt beau. En général, j’ai tendance à décrocher bien plus rapidement que cela. Mais aujourd’hui, j’ai fait un effort. Ce ne fut pas forcément simple, parce que quand quelqu’un balance tout un tas d’informations, ce n’est jamais bien facile de suivre le fil pendant un certain moment sans commencer à décrocher. Mais étrangement, je suis parvenu à suivre, au moins un minimum. Et clairement, c’est impressionnant de voir qu’ils mettent autant de choses à notre disposition. J’ai l’impression que l’on pourrait vivre ici tranquillement sans même devoir quitter l’enceinte de la Ligue. Ce n’est pas tellement mon délire, mais je trouve que c’est toujours intéressant de savoir que c’est possible. En parlant de la salle de musique, mon interlocuteur ajoute que je devrais demander à Mao de m’expliquer où elle se trouve. Apparemment, il serait musicien. C’est intéressant. Il y a sans doute matière à discuter avec lui du coup. Je ne connais pas grand-chose de ce champion. Je vois plus ou moins de qui il s’agit, mais en dehors de cela je n’ai pas vraiment d’informations à son sujet. Je note toutefois l’information afin de tenter de localiser cette salle de musique qui devrait m’intéresser dans un avenir assez proche.
▬ Demander à Mao pour la salle de musique. OK, merci, j’en prends note. Je verrais tout à l’heure ou demain s’il a un peu de temps pour m’expliquer comment m’y rendre ou même directement me montrer.
La discussion se poursuit alors tranquillement, nous menant aux fameuses soirées mondaines. Il est certain qu’il les déteste. En même temps, cela ne m’étonne pas le moins du monde. Avec son look et sa tronche, il est évident qu’il n’est pas un habitué de ce genre d’évènements. Alors forcément, je ne suis pas du tout surpris du fait qu’il ne se sent pas à l’aise en étant au centre de l’attention de toute une foule. Lorsqu’il me demande si je foutais le Bronx dans les soirées organisées par ma famille, je ne peux m’empêcher de rigoler un instant. Il ne sait pas à quel point cette définition correspond à mon comportement dans ce genre d’évènements. J’avais toujours le don de me pointer au pire des moments en me faisant soigneusement remarquer. Autant le dire tout de suite, ma famille avait une sainte horreur de mes entrées fracassantes. Et je ne parle même pas de mes discours qu’ils cherchaient absolument à réduire avant que cela ne tourne à la catastrophe.
▬ C’est un peu ça ouais. Entre les entrées fracassantes, les discours allant totalement à l’encontre des codes, ma manière de m’adresser à leurs invités et toutes ces choses-là, je n’étais clairement plus le bienvenu lors de leurs soirées. Mais du coup, je crois que le fait d’être indésirable rendait tout cela encore plus amusant à mes yeux. Je suis clairement un sale gamin dans ce genre de situations… Je crois que le pire c’est les trucs de charité, avec ces gens qui se donnent bonne conscience parce qu’ils font de gros chèques pour une cause alors que le reste de l’année ils passent leur temps à cracher sur ces gens.
Notre échange se poursuit. J’ai l’impression que les choses évoluent plutôt bien entre ce type et moi-même. On semble avoir quelques trucs en commun. Enfin je n’en suis pas certain, mais j’ai la sensation que l’on partage au moins certain avis. Je suppose que c’est déjà un bon début, en fait. Lorsque j’évoque ma spécialisation de types, il se contente de dire que c’est stylé. Je me dis que c’est déjà une bonne réponse. Enfin, disons que je ne vois pas trop ce qu’il aurait pu dire d’autre, en fait. Lorsque je pose la question afin de libérer Elgar, mon Noctali chromatique qui n’a véritablement pas l’habitude de rester enfermé à l’intérieur de sa pokéball, il me répond d’y aller, que je ne dois surtout pas me déranger. Il ajoute même qu’ici, presque tout le monde laisse la quasi-totalité de ses pokémons se balader en extérieur. C’est plutôt cool, ça me plaît bien. Et il est vrai qu’ils ont bien plus de place que dans leurs pokéball. Alors que j’attrape la ball de mon partenaire, je me décide en même temps à en attraper une autre. Aoki aurait bien besoin de se dégourdir les pattes également. Mon Salarsen chromatique passe lui aussi la plupart de son temps à mes côtés. Il s’agit des deux créatures qui sont en ma possession depuis le plus longtemps, mes fidèles compères en quelque sorte. Je libère donc les deux pokémons qui ne s’éloignent pas d’un pouce dans un premier temps. Ils semblent accorder une grande attention à ce nouvel environnement. Ils s’intéressent également à cet inconnu et à son pokémon, comme s’ils tentaient de les jauger. J’aurais également pu libérer mon Félinferno, mais je suis presque certain qu’il aurait cherché la bagarre, alors dans un premier temps j’ai assurément préféré m’abstenir.
▬ Le Noctali, c’est Elgar. Et le Salarsen, c’est Aoki. Mais ce dernier est souvent surnommé Roméo. Il a souvent tendance à se laisser distraire et à tenter de séduire les femelles… Une vraie galère parfois. Dites bonjour, les gars, je vous présente Aram, un de mes nouveaux collègues. Et son Démolosse… Tiens, il a un nom d’ailleurs ?
C’est en voulant présenter son partenaire que je me rends compte que je ne me suis pas vraiment intéressé à lui. C’est con quand même. Je ne suis même pas capable de faire ça correctement. Après, pour ma défense, on n’a pas vraiment eu le temps non plus. Et puis je suppose que l’on a bien du temps devant nous pour faire davantage connaissance. Donc je ne vais pas me prendre la tête pour ça. Lui, il est donc spécialisé en pokémons de type feu et dragon. Plutôt intéressant. Et il est vrai que le type feu, c’était la spécialité de Ruven, dont il a repris le poste. Quant à moi, j’ai effectivement le type poison dont Hélène était friande. Ce constat me pousse à me demander s’ils recrutent les nouveaux champions uniquement en fonction de leurs spécialités ou s’il ne s’agit que d’un simple hasard. Étant donné que j’ai été pistonné par les relations de mon père qui a décidé de me faire entrer ici pour m’apprendre la vie et le respect, selon ses propres mots, j’ai plutôt tendance à pencher vers la seconde option. Mais dans le fond, je n’en sais rien.
▬ Ah sympa ça ! C’est cool comme type. Je possède également un type feu, un Félinferno. Mais il est insupportable. Il a tellement besoin d’être toujours le plus fort qu’il a tendance à provoquer tout le monde… Je possède deux dragons aussi. Un Kravarech et un Trioxhydre. Mais ça ne fait pas super longtemps qu’ils sont à mes côtés ceux-là. Enfin je les ai capturés à leur premier stade, mais ce n’est pas comme Aoki et Elgar qui sont mes partenaires depuis des années. Je me le demande aussi, mais je ne sais pas trop… Je n’ai pas vraiment passé de tests ou quoi que ce soit pour être embauché ici… Un simple appel de mon père qui voulait se débarrasser de moi et me donner une leçon...
Je ne sais pas trop si j’ai bien fait de le dire. Ce n’est pas vraiment glorieux de décrocher un poste de cette manière. Mais bon… Autant être honnête dès le départ. Ce serait pire, que je fasse genre maintenant, et qu’il le découvre par la suite. J’affiche un petit sourire un peu timide, en espérant que ça fera un peu mieux passer l’information. Je doute un peu que ça fonctionne, mais on sait jamais. Dans tous les cas, je n’ai jamais demandé à être ici, moi. Mes combats de rues à Smashings me plaisaient très bien. Peut-être que le comité a eu vent de cela et que cette information leur a suffi pour évaluer mes compétences. Je n’en sais rien. Après tout, je traînais souvent avec Peterson, et ce dernier est champion d’arène. Je suppose qu’il doit parfois rendre des comptes au comité. Il a donc suffi à ces derniers de passer un simple appel téléphonique à mon cher ami et rival de combat pour obtenir des données à mon sujet. Aram se met alors à monter les escaliers, me donnant alors confirmation en arrivant à mon niveau que je le surplombe effectivement de deux bonnes têtes. Toutefois, je n’éprouve pas la nécessité de faire la moindre remarque à ce sujet. Je suis passé à autre chose. Et puis je crois qu’il est cool, alors je n’ai pas envie de le mettre en rogne. Surtout qu’il va me montrer la cuisine et que j’ai la dalle.
▬ Oh c’est cool ça ! Au moins on a le choix. Vas-y, je te suis alors ! J’ai hâte de voir à quoi ça ressemble..
Sans traîner, je lui emboîte le pas. Je me demande sérieusement à quoi ça ressemble comme cuisine. Je suppose qu’ici ils ont largement les moyens d’avoir un truc ultra modernes. Il me tient la porte, c’est sympa. Je ne sais toutefois pas s’il l’a fait juste pour moi ou si c’était essentiellement pour permettre aux pokémons de passer également. Pour les miens, c’est tranquille. Elgar est toujours dans mes pattes et Aoki est capable de se débrouiller tout seul comme un grand. Je ne m’en préoccupe donc pas plus que ça. Je me contente de garder un oeil sur eux afin de vérifier qu’ils ne s’éloignent pas trop. Il me donne ensuite quelques informations. Ainsi, il y a toujours de quoi bouffer ici, peu importe l’heure de la journée ou de la nuit. C’est plutôt cool ça. Il me précise aussi qu’il est important de bien remettre les différents ustensiles à la bonne place après utilisation afin que ce ne soit pas une grosse galère pour Arthur lorsqu’il se sert de la cuisine. Là, j’en prends bonne note. Ça ne doit pas être simple de s’y retrouver lorsque l’on est aveugle et que plus rien n’est au bon endroit. Je crois que s’il ne l’avait précisé, je n’y aurais pas du tout songé. En tout cas, pas dans l’immédiat. Même si je doute de me servir de beaucoup de chose. Il faut dire que je ne suis vraiment pas ce que l’on peut considérer comme un bon cuisinier…
▬ Okay. Bien tout remettre à sa place après usage afin qu’Arthur puisse s’y retrouver. Je note et je vais tenter de ne pas oublier...
Je me dis que finalement, c’est peut-être une chance pour Arthur que je sois à ce point nul en cuisine. Je crois que je ne sais même pas faire cuire des oeufs ou des pâtes. Enfin… je ne sais pas trop. Je n’ai jamais eu à me préparer le moindre repas. Soit je fais appel aux employés de la demeure familiale, soit je commande. On a les moyens financiers, il faut bien que ça serve à quelque chose. Et c’est bien moins chiant… Du coup, les risques pour que je me serve de tout cela et que je ne remette pas en place les ustensiles et autres trucs nécessaires, sont assez faibles. Vient ensuite la question de savoir ce que je veux manger. Et là… c’est un peu la colle. Je n’en ai pas la moindre idée. Je me demande ce qu’il est capable de cuisiner. Parce que moi, je ne sais rien faire du tout. À tous les coups, si je me mets devant les fourneaux, je vais réussir à faire cramer la pièce. Ce ne serait pas un bon plan pour mon premier jour par ici...
▬ Euh… Je ne sais pas. Tu sais cuisiner, toi ? Parce que moi, c’est plutôt une catastrophe. Je n’ai jamais utilisé une poêle. Je n’ai même jamais fait cuire de pâtes. Je ne sais même pas comment on fait. Mais c’est peut-être écrit sur le paquet ?
Maintenant que l’on est ici, je me demande si le self n’aurait pas été un meilleur plan, quitte à devoir attendre un peu. Parce que pour le coup, s’il n’est pas plus doué que moi, je crois que l’on est vraiment mal parti. Ce n’est pas de cette manière que l’on va pouvoir se remplir l’estomac.
▬ Je suppose que ça ne doit pas être très compliqué, si ? On prend une casserole, on vide le paquet dessus et on pose le tout sur une plaque en attendant que ce soit cuit ? Ou peut-être as-tu une autre idée de ce que l’on peut manger ?
« Jusqu’à aujourd’hui je n’ai jamais eu de remontrances du Conseil. » Il me pose la question, je réponds du tac-o-tac. Mais pourtant, quand j’y réfléchis, j’aurais pu plusieurs fois… ‘Fin je sais qu’une fois j’ai dit un truc aux journalistes qui ne leur ont pas plu parce que je n’avais pas ma langue dans ma poche ce jour-là – alors que bon, juste dire « vous me saoulez avec vos questions à la con » ce n’est pas dramatique quoi mais… Les journalistes, hein -, mais ce n’est pas vraiment les vieux qui m’ont rappelé à l’ordre, c’est venu direct d’Alice. Du coup, je me pose en réflexion un peu plus longtemps. « Mais je pense que c’est parce que mon agente leur cache des trucs. Mais ça ne l’empêche pas après de m’en faire baver pour se venger. » Mes yeux roulent alors que je hausse les épaules. Bah. Ça me fait quand même un peu marrer, je dois l’avouer. Je dis ça, mais j’ai un petit sourire sur les lèvres parce que… parce que depuis que je l’ai défendu face à son connard d’ex-mari, la relation entre nous s’est quand même bien améliorée. Bon. Elle m’en fait voir toujours de toutes les couleurs mais au moins, je le vis mieux.
Après du coup, pour lui, j’imagine que ça dépendra si son agent est une balance ou pas. J’espère que ce ne sera pas le cas pour lui, sinon ça va être l’enfer à vivre ouais, comme il dit. Je n’ai pas l’impression que mes justifications apportent quoi que ce soit mais eh, j’ai été honnête c’est ce qui compte. Enfin honnête c’est peut-être un mot trop fort pour la situation. Mais bon. Je lui fais le topo sur ce qu’il y a dans le complexe, balançant les informations comme elle me vienne en tête. On m’a demandé de lui faire visiter, mais je n’ai jamais dit que je ferais l’effort de faire ça dans l’ordre ou avec une quelconque cohérence. Je suis toujours de mauvaise foi quand je dois faire un truc qui me gave. Je sais bien que ce n’est pas de sa faute mais je l’ai toujours un peu mauvaise. Dire que j’aurais pu profiter du peu de temps libre que j’ai pour être avec mes frères…
Au moins, il a écouté ce que j’ai bavé. Je n’aurais pas besoin de me répéter, comme ça. Je me détends un peu plus du coup, disons que je n’aime pas spécialement parler dans le vent. En même temps, qui aime hein ? Il verra avec Mao cette histoire de salle de la musique, je me dis que c’est le plus intéressant pour lui. Et puis en même temps, ça le fera rencontrer d’autres champions. D’une pierre deux coups ! Je trouve que mon idée est intelligente aussi donc c’est cool – ouais j’aime bien me lancer des fleurs parfois -. La conversation dévie sur les soirées mondaines et mon amour pour ces dernières, apprenant qu’il éprouve la même affection. Je cherche à en savoir davantage parce que je suis curieux, ce que j’apprends me fait rire. Ce serait trop bien si on pouvait faire des trucs comme ça aux soirées de la Ligue… Mais là c’est plus un poing mais un missile que je me prends par Alice.
« Je crois que si tu fais ça maintenant, là tu vas avoir des problèmes avec le Conseil. Souvent ces évènements c’est pour que les friqués filent du blé alors forcément… »
Sa remarque sur les soirées de charité me met un peu dans le mal, parce que je sais que je vais dire une connerie plus grosse que moi si j’ouvre ma gueule. Je n’y connais rien, mais genre vraiment rien à ce genre de trucs. Je sais qu’une association avait voulu nous aider une fois quand une tempête particulièrement ravageuse avait prise de court les Tessala et qu’ils avaient presque tout perdu mais… On a refusé. On n’avait pas besoin de frics de toute façon, juste du matos et des vivres, éventuellement. Avec les autres clans, on s’est démerdé sans eux. Le pognon amène le pognon… Je n’avais pas compris, gamin, pourquoi les chefs avaient refusé ces aides d’ailleurs. Même aujourd’hui, je ne comprends toujours pas. J’ai fini par penser qu’il s’agissait d’une question de fierté mais, je m’interroge.
Est-ce que ce n’est pas genre comme notre modèle économique : donnant-donnant ?
Je n’ai rien ajouté de plus, du coup. Moi je dois être naïf mais je trouve ça bien que des gens aisés donnent de l’argent aux plus démunis, même si c’est juste pour se donner bonne conscience. Au moins, ils ont donné du fric qui va vraiment aider des gens dans le besoin. Mais je manque cruellement d’esprit critique sur la question et je ne veux carrément pas passer pour le benêt qui se fait arnaquer facilement. Je n’ai jamais compris le fonctionnement des gens qui ont de la thune. Une fois, quelqu’un sans importance m’avait dit que je comprendrais, si un jour je devenais riche. Alors je suis sans aucun doute très loin des plus grosses richesses de notre monde mais je n’ai pas à rougir non plus vu le salaire qu’on me verse. Eh ben… je ne comprends toujours pas.
Brefeuh. J’esquive l’occasion de passer pour un Moufflair et on continue notre échange, venant à parler de nos pokémons. Évidemment, il peut faire appel aux siens comme il le souhaite ! D’ailleurs je trouve le complexe bien pensé à la construction, c’est facile de circuler avec nos alliés même si certains font une bonne taille. Je sais par exemple que c’est la galère parfois même rien qu’avec Sam, dépendamment de l’endroit où on va… Et du coup ben j’évite d’y aller, hein. Logique. Il fait apparaitre un Noctali au pelage particulier que je devine shiny. Je tais la pensée qui me traverse la tête – trop mignon ! – et je suis plus intrigué par le Salarsen… Qui est shiny aussi. Ça me fait sourire un peu et je leur adresse un signe de la main quand Gwen nous présente. Je vais essayer de me souvenir des surnoms, même si je sais que je suis une brelle là-dedans. Pour le Salarsen ça devrait le faire quand même parce qu’en étant surnommé Roméo, ça annonce la couleur. Ça me fait rire, mais en même temps, je réfléchis pour savoir si l’une de mes alliées pourraient risquer de se faire séduire… Peut-être Pazu. Enfin, ça dépend aussi quel genre de pokémon Aoki aime ou si ça s’étend à toutes les créatures. Mais, ce serait chelou que je pose la question.
« Samaël. » Pour le surnom de mon Démolosse. Ce dernier est assis à côté de moi, il n’a pas trop bougé mais il fixe les deux nouveaux arrivés. Il ne cherche pas à les mettre mal à l’aise, disons plutôt qu’il les juge du regard. Il fait toujours ça avec les étrangers. « Sam pour les intimes. » J’attrape l’une de ses cornes pour la bouger un peu, ça l’emmerde, il m’adresse un grognement. Je souris davantage. « Il est un peu beaucoup asocial alors euh… Faites pas gaffe à l’accueil qu’il vous réserve. Ce n’est pas un grand fan du genre humain alors juste, éviter de le caresser s’il ne veut pas, la base quoi. » Je préfère prévenir quand même. Je me doute bien que mon nouveau collègue ne va pas se mettre soudainement à le papouiller mais j’ai pris l’habitude de prévenir avant de guérir.
«Comme la majorité des pokémons feu. »
Ça me fait marrer son commentaire sur son Felinferno. Vouloir toujours être le plus fort, ça me fait énormément penser à Bélial, mon Dracaufeu. Sam était comme ça aussi avant, il s’est un peu calmé en grandissant – j’évite de dire vieillissant parce que je n’aime pas le mot -. Je l’écoute, je me dis que c’est cool au moins il est aussi bavard que moi – voire plus d’ailleurs -. Comme par hasard ses deux dragons sont deux espèces que je ne possède pas et qui ne m’ont jamais vraiment inspiré. Je n’ai jamais vraiment eu l’occasion non plus d’en avoir, même si j’avoue que je trouve Trioxydre fucking classe. Par contre… Je ne peux pas cacher ma surprise quand j’apprends qu’il n’a pas passé de test ni rien. Alors… C’est quoi le mot déjà ? Piston ? C’est ça ? Pas que ça change vraiment quelque chose en réalité pour moi. Pourtant, je dois dire que vu la galère que j’ai eue pour arriver jusque-là, je prends un peu plus conscience de l’importance de la naissance dont tout le monde parle autour de moi. Même si en vrai, je trouve toujours que c’est des grosses conneries. Suffit de me voir moi, petit pauvre vivant dans le désert au point qu’au départ, mes simples inhalateurs mettaient mes parents dans la dèche. Aujourd’hui, je suis à la Ligue. Qui l’aurait cru hein ?
« Ça va, ça aurait pu être pire ! Champion de la Ligue ce n’est pas rien non plus comme débarras. »
Je n’ai pas conscience de la portée que peuvent avoir mes mots – cynisme est un terme bien obscur pour moi -. J’ai laissé échapper un rire, parce que c’est tout ce que ma phrase a pour vocation. Je pourrais me montrer jaloux qu’il ait atteint une place aussi haute en fournissant aucun effort, trouver ça injuste, mais ce n’est pas vraiment mon genre. Je suis fier de mon parcours, en ce qui me concerne, je ne l’échangerais pour rien au monde. « J’espère que ça te plaira quand même. » Je n’ai pas l’impression que ça l’enchante plus que ça. Il n’a clairement pas la même motivation que moi, pour le coup. La différence des gens, en somme. En plus ce serait bizarre s’il me ressemblait, mais de fil en aiguille, ça fait me demander quelles sont les inspirations des autres champions… je ne leurs aies jamais demandé, sans doute parce que ce ne sont pas mes affaires. J’ai beau être curieux, j’ai cette sensation qu’il s’agit d’une question trop personnelle pour être posée sans la moindre pincette.
Genre pour moi, elle est touchy cette question. Suffit de voir comment ça s’est passé avec Illia.
J’ai bien vu son petit gêné, en prime. On dirait moi quand je lâche une information que je n’aurais pas dû, ou quand je n’en suis pas très fier. En tous les cas, ce n’est pas moi qui vais lui faire la morale ou m’acharner sur lui pour ça. C’est comme ça, c’est tout. La vie offre des facilités à certains. Ça, cela fait des années que je l’ai assimilé et je ne compte pas vraiment le reprocher à qui que ce soit, surtout quand c’est un élément comme une naissance qui en est la cause. On n’a pas de contrôle sur ça. Pour ma part, juste, je vais continuer à déjouer le destin qui m’était destiné. Bon en vrai, je ne crois pas vraiment à la destinée mais bon. Bref. Je me dis que de toute façon, j’aurais fini par apprendre l’information par Alice ou mes frangins, je pense que c’est le genre de détails croustillants dont les journalistes raffolent. Du coup, faudra sans doute qu’il fasse ses preuves sur le terrain et niveau stress, je ne veux même pas savoir ce que ça fait. C’est tellement angoissant un premier match en tant que champion putain ! En plus, je trouve ça quand même assez triste. Son père lui choisit une carrière et il est obligé d’obéir apparemment... Le jour où mon père m’interdit de faire ce que je veux et me demande de changer ma vie parce qu’il l’a décidé ainsi… je me marre. Mais tellement fort ! Il n’a pas ce pouvoir sur moi, il n’a jamais cherché à l’avoir, d’ailleurs. Comme Gwen en parle, il n’a pas l’air d’en être très proche donc… C’est quand même naze, je trouve. J’ai certes quelques accroches avec mon paternel, notamment parce que je me suis longtemps demandé s’il m’aimait vraiment et s’il ne me considérait pas juste comme le boulet malade à trainer - et qui draine du fric qu’il n’a pas, aussi -, pourtant, sa réaction face à mon coming out me fait penser que doit y avoir de l’amour quand même, sauf qu’il ne sait pas le montrer. Mais bon. Je m’égare un peu. Beaucoup.
Il est temps d’aller manger parce qu’il a la dalle ! Et moi aussi d’ailleurs. Parler nourriture, ça réveille toujours mon appétit. On se dirige donc vers la cuisine, je l’informe ce qu’il y a besoin de savoir, surtout concernant Arthur du coup. Il répète une nouvelle fois ce que je dis, comme s’il l’enregistrait mieux mentalement comme ça. J’ai envie de lui demander s’il va le faire à chaque fois, mais je me retiens. Est-ce que c’est mal vu si je me met à le taquiner là-dessus maintenant ? … je vais peut-être attendre un peu de voir comment ça se passe entre nous. Pour le moment, j’ai l’impression que le courant passe bien mine de rien, ce serait cool que ça continue. Je suis doué pour mettre les pieds dans le plat donc cette fois-ci, on va juste faire gaffe, ça me changera un peu !
Je le demande ce qu’il veut manger et en vue de sa question, je me dis qu’on est vraiment, mais vraiment mal barré. Je ne peux pas m’empêcher de rire, parce que ça annonce un grand moment à venir. « Je suis nul pour cuisiner, c’est toujours mes frères qui s’occupent du repas donc euh… On va essayer de pas foutre le feu, ça ne doit pas être trop compliqué ! » A cet instant, je regrette de ne pas avoir fait plus attention quand Izy préparait le repas. Surtout qu’il cuisine toujours super lentement je trouve, donc j’aurais largement pu suivre ses explications… Même s’il m’aurait pris la tête à me répéter que je suis nul et que je ne sais pas me servir d’un couteau. Bref. Déjà, faut trouver les ustensiles et tout donc je cherche dans les placards. Je trouve une casserole et ça me parait pas mal – je n’en sais rien mais en vrai, c’est plus une cocotte en fait… -. Gwen me balance une recette et je fronce les sourcils.
« Faut pas mettre de l’eau au début ? »
J’ai toujours vu Izy mettre de l’eau. Malik aussi. J’arrive à trouver un paquet de pâtes et j’essaye de lire. Rah putain c’est écrit tout petit et c’est du commun. Ils font chier sérieux ! Mais genre c’est un kilo… Ça devrait suffire pour deux, non ? « … Des pâtes et de la sauce tomate, ça te parait bien ? » Je me dis que de toute façon, on ne sera pas capable de faire autre chose. Faudrait peut-être qu’on cherche sinon une recette simple sur le net pour être sûr de pas faire trop de conneries. Pour l’eau je suis quasi certain qu’il en faut, je laisse le paquet près de Gwen s’il arrive à lire mieux que moi, tandis que je remplis la casserole – cocotte – d’eau. Pouah c’est lourd cette connerie ! … Sans doute parce que j’ai mis beaucoup trop d’eau mais ça, je n’en sais rien. Je pose sur la plaque électrique. … Merdeuh. Je n’y connais rien à ce truc moi ! Comment ça marche ? Je reconnais le bouton pour l’allumer parce que c’est souvent le même sur les appareils électroniques mais la plaque bip. Ça ne marche pas. Euh…
« Tsé comment ça marche ce truc ? »
…. Faut enlever la sécurité enfant, abruti !
Codage T-Card par Aaron Sakuragi, un grand merciiii t'es la meilleure ! Crédit avatar :Inkerpape
OK. Il n’a donc jamais eu remontrances particulières en provenance du Conseil vis-à-vis de son comportement. Et là-dessus, il semble être plutôt certain de lui. Il a répondu tellement rapidement qu’il n’a assurément pas réfléchi bien longtemps à ma question. Je ne sais pas trop quoi en penser. Mais je suppose que c’est correct. Après tout, c’est le genre de chose qui a tendance à marquer un minimum les esprits. Donc s’il avait eu des problèmes, il s’en serait très certainement souvenu. Alors que là, sa réponse est claire. Les vieux ne lui ont jamais rien dit. C’est une bonne chose, dans le fond. Cela doit sans doute signifier qu’ils ne nous tombent pas dessus immédiatement dès la première petite incartade. Je me dis que cela me changera assurément de l’ambiance familiale. J’abusais certainement beaucoup trop avec eux, simplement par vengeance et pour nourrir mon ego quelque peu surdimensionné. Mais bon... il faut dire qu’ils étaient relou à me sauter dessus directement avec leurs remontrances. Et ce, même lorsque je n’avais encore pas mis le moindre plan à exécution. Alors forcément, après ce genre de moments, derrière je n’avais plus qu’une seule idée en tête : pourrir au maximum leur évènement. Sans me poser la moindre question concernant d’éventuelles retombées par la suite. Un sale gamin ? Un petit con ? Ouais, je crois que cela me correspond plutôt bien comme définitions... Ici, je ne sais pas si mon comportement sera le même. Je suis censé être un peu plus mature et montrer une belle image. En suis-je capable ? Je ne sais pas trop. Mais il semblerait au moins que mes actions devraient avoir moins d’impacts sur les retours. De ce fait, je suppose que si le niveau d’amusement est diminué, je risque d’être un peu moins favorable à ce genre d’actions. Parce que dans le fond, c’est surtout parce que je savais qu’ils allaient me tomber dessus que ça m’amusait de pourrir leurs soirées. J’étais en train de me réjouir et de me dire que finalement ça allait peut-être s’avérer sympathique dans le coin lorsqu’il est venu casser mes plans. Il soupçonne son agente de ne pas tout cafter aux membres du Conseil et de se contenter de lui en faire baver en vengeance pour les pots cassés. Aie. Ce n’est pas bon pour moi. Si je dois faire face à Madeline à chaque fois, ça risque de ne pas être drôle tous les jours. Je ne sais pas où ils l’ont dénichée celle-là, mais elle est insupportable et inflexible. C’est d’ailleurs pour cette raison que je suis ici à visiter mon nouvel environnement.
▬ Ah ouais... Je suppose donc que si je déconne un peu, c’est mon agente qui va me tomber dessus... Je sens que ça ne va pas être drôle pour moi. Madeline ne semble vraiment pas commode...
Si je comprends bien, je vais devoir apprendre à me contenir, ou à souffrir. Je ne sais pas trop ce qui serait le mieux pour moi. Mais j’ai un peu l’impression que ça craint pour moi. On dirait bien qu’en débarquant ici, je vais devoir envisager de tracer un trait sur mes petits caprices habituels. Bon... après... je dois tout de même avouer que présentement je me base uniquement sur ce que j’ai vécu au cours des dernières heures qui se sont écoulées depuis que je suis arrivé dans la région de Johto. Je ne pense donc pas que ce soit particulièrement adapté pour un jugement sur le long terme. Après tout, je ne connais pas vraiment Madeline encore. Je ne côtoie la jeune femme que depuis peu. Si ça se trouve, elle sera bien plus cool par la suite. Je n’en sais rien. Je suppose que cela risque d’essentiellement dépendre de mon comportement des prochains jours. Il est certain que si je suis horrible avec elle en allant sans cesse à contre-courant de ses demandes et diverses consignes, elle va chercher à me serrer la vis. Mais vais-je réussir à faire ce que l’on me dit ? Rien n’est moins certain.
▬ Boarf... J’crois bien que j’vais découvrir ça bien assez tôt... J’espère quand même que l’on me laissera m’amuser un peu.
Je pense que je vais galérer. Et puis... il me dit que son agent ne rapporte pas tout aux membres du Conseil. Mais si ça se trouve, ce n’est vraiment pas le cas de la mienne. Je suis peut-être tombé sur la pire balance du coin. J’crois bien que ça ne m’étonnerait même pas. Il serait bien possible qu’elle ait été sélectionnée spécialement pour ça. Selon par qui elle a été recommandée en vue d’obtenir son post, cela peut être inclus dans les critères de sélection. Ce serait bien ma veine, tiens. Je ne peux m’empêcher d’y songer tandis qu’il poursuit ses explications désordonnées concernant ce que je peux trouver dans ce complexe. J’ai la tête un peu ailleurs, mais je reste tout de même assez attentif pour écouter ce qu’il me raconte. Et puis cette histoire de salle de musique, ça m’intéresse. Il faudrait que je trouve le dénommé Mao pour en apprendre davantage, mais je suppose que si je demande à mon agente où se trouve son appartement, je devrais bien parvenir à le rencontrer. Je suppose que Madeline ne devrait pas me refuser cette information. Après tout, elle qui tient absolument à ce que je m’intègre, et que je rencontre les gens, elle devrait être bien contente de constater que je fais un effort en voulant croiser le chemin de l’un de mes collègues. Bon... l’idée ne vient pas de moi en réalité. Mais a-t-elle réellement besoin de le savoir ? Je ne pense pas. Peut-être que si je parviens à faire illusion, elle sera plus cool avec moi ? L’éventualité est assez intéressante pour que je fasse une tentative.
À sa réponse, je me marre un peu. Les soirées du genre, c’est généralement pour récolter du fric pour une raison ou une autre. C’était pareil avec ma famille. Que ce soit pour faire illusion auprès d’une association et se donner une bonne image, ou que ce soit pour restaurer un bâtiment historique, le résultat est toujours le même. Ils organisent une soirée mondaine qui revient à plusieurs milliers de pokédollars. Et bien entendu, ils se remboursent avant de faire la distribution des sommes récoltées. Ici, je ne sais pas trop pourquoi ils récupèrent du fric, mais ça doit sans doute être plus ou moins la même chose. ▬, Mais ils ont vraiment besoin que les gens filent du fric ? ‘fin j’sais pas. Avec les billets, les sponsors et tout ça, ils n’ont pas assez ? C’est tellement relou de nous imposer ça...
Pour le coup, ça me dépasse un peu. Quand je vois ce qui m’entoure, il est évident que le Conseil et l’ensemble de l’organisation de manque pas de fric. Ici, j’ai l’impression que tout transpire le blé. On en a des représentations de tous les côtés. Peu importe où je pose mes yeux, je ne peux que constater tous les éléments particulièrement coûteux qui sont affichés, montrant l’ampleur des moyens. Déjà, rien quand je regarde l’extérieur. Je ne sais pas combien ça peut coûter d’entretenir tout cela, mais quand je compare au terrain qui entoure le manoir familial et tous les jardiniers et hommes d’entretien qui sont embauchés pour l’entretenir, je me doute que c’est plus ou moins la même chose. Sauf qu’il doit sans doute y avoir bien plus de monde. Parce que ça semble être bien plus imposant qu’un terrain privé. Mais bref, je pense qu’ils ont bien assez de moyens pour financer tout cela sans avoir besoin des soirées mondaines. À moins qu’ils ne fassent cela pour d’autres motifs ? Je ne sais pas trop. Je n’ai jamais vraiment participé aux soirées de la Ligue. Je sais que mes parents et d’autres proches s’y rendaient parfois, mais cela n’était pas au nombre de mes obligations jusqu’à présent. Les évènements caritatifs, ça n’a jamais été mon truc. Les gens qui donnent simplement pour se donner bonne conscience, pour étaler leur pognon aux yeux des autres membres de la haute société, ou tout simplement pour payer moins d’impôts, ça m’a toujours un peu rebuté. Je ne sais pas. Ce n’est pas ma vision des choses. Je sais que je mets un peu tout le monde dans le même sac et que ce n’est pas forcément les objectifs de tous. Mais je sais que dans ce genre d’évènement, beaucoup d’individus sont tout de même dans cette optique.
La discussion se poursuit ensuite sur les pokémons. Ça, c’est un sujet sur lequel nous pouvons assurément nous entendre. Il faut dire que lorsque l’on évoque nos partenaires, les barrières ont tendance à tomber plus rapidement. Et d’autant plus lorsque l’on apprécie des créatures qui sont plus ou moins communes. Ainsi, son Démolosse est surnommé Samaël. Je ne sais pas si je retiendrais, mais on sait jamais. C’est toujours intéressant d’avoir l’information, et puis j’ai tendance à conserver en mémoire les choses qui me sont le moins utiles au quotidien. Enfin je ne vais pas me plaindre de mon cerveau, il est plutôt performant, notamment lorsque j’en ai besoin pour élaborer de savantes stratégies. Le pokémon serait un peu du genre asocial, mais ça, ce n’est pas un problème. Je ne suis pas du genre à papouiller les pokémons que je rencontre, d’autant plus si je ne les connais pas ou qu’ils sont aussi impressionnants que ce dernier. Lorsque j’évoque mon Félinferno et son comportement légèrement insupportable, mon interlocuteur me répond que la majorité des pokémons feu semble avoir ce genre de trait de caractère. C’est intéressant, je ne savais pas du tout. Il faut dire que je n’avais jamais eu de compagnon de ce genre avant de rencontrer mon Flamiaou.
▬ Ah ouais ? Et ce genre de comportement, ça s’arrange avec le temps et l’expérience ou il va falloir que je fasse attention à ça tout le temps ? Parce que bon, j’aimerais bien pouvoir le libérer ici, mais s’il fait le bordel ça n’va pas le faire....
J’avoue que quand je l’entends le dire, je me dis que ma situation aurait pu être bien pire. Dans le fond, devenir Champion de la Ligue, il est clair que c’est loin d’être désagréable comme siège de débarras. Pour le moment, j’ai un peu de mal à me réjouir parce que ça me fait réellement chier de devoir laisser ma vie derrière moi. J’aimais bien mon quotidien, même s’il est évident qu’il ne m’aurait sans doute pas amené très loin encore et que j’aurais certainement dû envisager prochainement de prendre un véritable virage dans ma vie. Mais voilà, je pense que c’est surtout le changement obligatoire qui me dérange. Le simple fait que la décision ne vienne pas de moi et que tout cela m’ait été imposé, c’est ce qui me pose le plus de problèmes, lorsque j’y réfléchis. Une fois que je me serais habitué à la situation, je me dis qu’il est possible que cela me plaise. Il faut seulement que je parvienne à passer au-dessus de mon premier ressenti. Mais voilà, il est clair que pour une mise au placard, mon père aurait pu choisir un truc bien pire que ça. Toutefois, dans le même temps, je suppose qu’il souhaitait pouvoir étaler sa fierté auprès de ses chers amis de la haute société. Et avoir un Champion de la Ligue dans la famille, je suppose que ça doit toujours faire un petit effet dans les conversations. Il a donc fait d’un Racaillou deux coups dans cette histoire. Il m’a fait chier et en même temps il peut garder la tête haute en parlant de son fils aîné.
▬ C’est vrai que comme débarras, on trouve pire. Je suppose qu’il devait chercher un moyen de se débarrasser de moi tout en gardant la tête haute auprès de leurs connaissances. Un Champion dans la famille, ça doit faire son petit effet dans les discussions. J’ai seulement un peu de mal à tracer un trait sur mon passé. Mais ça devrait me plaire avec le temps. Après tout, les combats et la stratégie, c’était une partie de mon quotidien, je devrais donc pouvoir retrouver un peu de tout ça par ici. Je me dis que d’ici quelque temps, je devrais éprouver du plaisir à ma nouvelle vie et passer outre le fait que je satisfais enfin les exigences familiales.
Ah. Il n’est visiblement pas plus doué que moi en cuisine. Je sens que ça va être bien marrant de tenter de faire un repas un minimum convenable. Si au moins le résultat final est comestible, je me dis que je serais bien content. Sur ce coup-là, j’ai tellement faim que je devrais me contenter de pas grand-chose. Mais j’avoue que ça craint un peu de ne rien savoir cuisinier. J’aurais peut-être dû prendre un peu de temps pour ça. Mais comme au manoir on avait des domestiques pour ça, je n’ai jamais eu à me préoccuper de ce genre de conneries. Et par la suite, j’avais toujours un pote pour préparer un truc à manger. Et s’il n’y avait pas, le simple fait d’être en ville me donnait la possibilité de passer une commande auprès d’un restaurant. Je n’avais donc pas le moindre souci à me faire de ce côté-là. Lorsque je balance mon idée initiale, Aram demande s’il ne faut pas mettre de l’eau avant, pour commencer. La question qu’il soulève est intéressante. Mais je ne sais pas quoi répondre. Je n’ai pas la moindre idée de comment on est censés s’y prendre pour faire cuire des pâtes.
▬ Tu crois ? Il faut vraiment mettre de l’eau dans la casserole ? Pis après on en fait quoi de l’eau ? J’suis pas venu pour une soupe moi...
Ce n’est pas que la soupe c’est mauvais ou que j’ai horreur de ça. C’est simplement que je ne suis pas très fan de ça. Enfin c’est cool quand c’est avec des ramens ou un truc dans le genre. Ou quand il fait vraiment froid dehors et que j’ai envie de me réchauffer avec le repas. Mais sinon, lorsque j’ai faim, je préfère quand c’est vraiment consistant et que ça tient au ventre. Parce que bon, si j’ai de nouveau l’estomac qui commence à crier famine dans deux heures, je suppose que ça ne va pas le faire pour moi. Je veux un truc qui va me couper de la faim pendant un bon moment. Je n’ai pas attendu tant de temps pour simplement ingérer un truc liquide. Ça me fait penser que je me demande s’il est possible de bénéficier d’un service de livraison de bouffe dans le coin. Mais je ne sais pas. S’il y a un truc de self pour les gens d’ici, je doute que l’on puisse réellement avoir ce genre de truc. Je n’en sais rien en vrai. Je suppose que je regarderais un peu plus tard depuis les applications de mon smartphone.
▬ Ouais, pâtes et sauce tomate, ça me semble très bien. T’façon, des pâtes, ce n’est jamais mauvais. On ne peut quand même pas se planter avec ça ?
Je prends dans mes mains le paquet qu’Aram vient de poser juste à côté de moi. Je tente alors de lire ce qu’ils ont indiqué sur l’emballage. C’est vraiment écrit en petits caractères, mais en l’approchant un peu de mes yeux je parviens tout de même à déchiffrer les instructions. C’est dingue qu’ils écrivent en tout petit les trucs les plus utiles. Genre pour cuisiner il faudra bientôt avoir une loupe à portée de main. C’est tellement ridicule...
▬ Ah p’tain, tu as raison. Il faut mettre de l’eau dans la casserole avant d’ajouter les pâtes. Ils disent d’ailleurs qu’il faut attendre que ce soit à ébullition avant d’ajouter les pâtes. je n’aurais jamais deviné. J’aurais tout balancé en même temps moi...
Pendant ce temps-là, Aram a ajouté de l’eau dans l’espèce de grosse casserole qu’il est parvenu à trouver. Et maintenant, il se bat avec la plaque de cuisson électronique. Il a appuyé sur un bouton, elle s’est mise en route, et maintenant ça bip dans tous les sens. Il me demande si je sais comment ça fonctionne... Pour le coup, pas vraiment. Je ne me suis jamais servi d’un truc comme ça. Par contre, j’ai un vieux souvenir de quand j’étais gamin et que l’on s’amusait à se poursuivre à travers les différentes pièces du manoir avec Gawin. Je me souviens que les aides-cuisiniers se faisaient toujours engueuler lorsqu’ils oubliaient d’activer la sécurité des plaques, parce que l’on risquait de se blesser si l’on s’en approchait de trop près. Maintenant, avec un peu de recul, je trouve ça totalement con que ce soit eux qui se prenaient les remontrances simplement parce que nous on ne faisait attention à rien.
▬ Euh... Ça ne sonne pas à cause de la sécurité enfant, ou un truc comme ça ? Je crois qu’ils en mettent sur ces appareils-là, histoire d’éviter les accidents. Il doit bien y avoir un bouton avec le pictogramme d’un cadenas ou une connerie dans le genre, non ?
Tout en disant ça, je continue de regarder le paquet de pâtes pour tenter de trouver une information concernant la quantité que l’on est censés utiliser. Mais dans tous les morceaux de texte que je parviens à déchiffrer malgré les petits caractères, ils parlent seulement de portion. Sauf que ces cons-là, ils n’indiquent jamais à quoi ça correspond une portion. Et moi, je n’en ai pas la moindre idée. On a un paquet d’un kilogramme. Je me demande si c’est suffisant pour deux. Je suppose que oui. On ne met quand même pas un paquet par personne, normalement. Enfin je n’en sais rien. Peut-être que mon compagnon en sait davantage que moi sur le sujet.
▬ Tu sais ce que ça fait une portion toi ? Sur le paquet ils parlent tout le temps de portion, mais ils ne disent même pas à quoi ça correspond... C’est stupide. Comment on devine ce que ça fait ? Il faut mettre le paquet complet, tu crois ?
C’est le moment des interrogations à la con. Genre je suis capable de répondre à tout un tas de questions sur différents sujets, mais je ne suis même pas en mesure de savoir à quoi correspond une portion de pâtes. Genre on est censé apprendre ça à un moment dans notre vie ? J’sais pas, ça ne semble pas être inné. Ils pourraient tout de même écrire ça sur les paquets. Et utiliser une police d’écriture un peu plus grosse aussi. Parce que c’est ridicule de devoir se mettre à dix centimètres du texte pour tenter de comprendre quelque chose. Je laisse le paquet de côté et je sors mon téléphone pour regarder sur internet afin de tenter de trouver une réponse. Sur la première recette que je trouve, ils disent qu’il faut mettre du sel dans l’eau. C’est bizarre ce truc. Ce n’était pas indiqué sur le produit. Il faut vraiment le faire ?
▬ Sur internet, ils disent qu’il faut mettre du sel dans l’eau avant d’ajouter les pâtes. Tu penses qu’il faut les écouter ?
J’ai l’impression que c’est un commun à tous les champions, les agentes pas commodes. Quand Mao m’avait parlé de la sienne, j’avais pris un peu peur que la mienne soit un tyran… Et j’avais raison d’avoir peur, d’ailleurs ! Ça tend à s’améliorer avec le temps mais les premiers mois, une vraie horreur. Je vais éviter d’être trop honnête sur la question, il ne faudrait pas qu’il s’enfuit la queue entre les jambes. Au final, peut-être que cette Madeline n’est pas si terrible que ça. Elle ne peut pas avoir le même niveau qu’Alice en tout cas, ou sinon, il va être dans la merde. Bah, au pire on se soutiendra dans notre malheur ! J’ai une petite moue désolée quand ce que je lui dis semble ne pas l’enchanter. Je ne vais pas mentir après, mais je pense sincèrement que mon agente cache des trucs au Conseil sinon, je prendrais plus cher dans la face. Comme je suis d’un naturel impulsif, ça m’arrive quand même de laisser mes paroles aller plus vite que ma pensée. Généralement, ça crée des embrouilles à la con, souvent avec les journalistes d’ailleurs, mais jusqu’à maintenant… Je n’ai pas eu de vrais soucis ni de vrais scandales, donc c’est qu’elle doit bien faire son boulot, quand même.
La conversation dévie sur les soirées mondaines qui m’insupporte. Il en vient à me demander si la Ligue a vraiment besoin de frics, et là… Je ne peux pas cacher mon expression naturelle. Attends, t’es sérieux ? Tu me demandes à moi si le Conseil est vraiment à la dèche alors que je ne sais même pas combien je touche depuis plusieurs mois ? L’argent, c’est tellement un sujet sur lequel je ne maitrise rien. Du coup, mon faciès affiche de la surprise, mais aussi une bonne part d’incrédulité, suivi d’un long « eeeuuuuuuuh » avant de hausser les épaules.
« Aucune idée. Je m’en fous un peu aussi, tant que le stade et l’infirmerie restent ouverts… »
Ah et peut-être aussi la salle de muscu’, aussi. Mine de rien, j’y vais assez régulièrement. Bon, j’avoue que des fois c’est simplement pour fuir Alice et piquer un petit somme entre deux développés couchés, mais c’est aussi quand même pour me maintenir en forme. Etant donné que je peux difficilement faire tout ce qui est cardio à cause de mon asthme à la con – et aussi parce qu’autant j’aime marcher, autant courir me saoule -, si je pouvais garder les machines de musculation ça m’arrangerait. Petit à petit, j’ai instauré une petite routine chaque matin et assez étrangement, je m’y suis plutôt bien adapté. Tout change bien sûr quand je suis en déplacement, donc souvent, mais quand je suis à la Ligue, ça me plait bien de suivre mon programme. Sans qu’Alice ne mette son grain de sel pour m’emmerder, évidemment.
Heureusement, on enchaine sur les pokémons qui est un sujet bien plus agréable pour moi. Je préviens pour Samaël. Avec son caractère si particulier, je n’ai pas envie d’avoir des retombés parce qu’il l’a mordu ou quoi. Déjà, si mon Démolosse en vient à mordre, c’est qu’il a déjà prévenu qu’il n’était pas content… Alors si la personne insiste c’est qu’au fond, il l’a cherché. Moral de l’histoire ; bien fait pour lui. Breeeef. J’ai prévenu, je suis donc exempt de tout reproche. Il me parle de son Felinferno, de son attitude et ça me fait marrer. Je ne peux pas m’empêcher de faire une réflexion, étant donné que c’est souvent le cas avec les pokémons feu… Et il semblerait que Gwenaël aimerait en savoir davantage alors je réfléchis rapidement, histoire de pas dire trop de conneries.
« Ça dépend. Ça dépend de l’âge, de l’évolution… Je veux dire, Bélial, mon Dracaufeu, c’était une crème de la crème quand il était un Salamèche. En évoluant… » J’ai une petite mimique amusée. « Il n’est pas resté très doux. Après Sam est le contre-exemple parce que même en Malosse, il avait déjà le même caractère. » C’est compliqué, tout ça, en gros. « Mais y a quand même pas mal de pokémon feu qui restent caractériel. Mais en revanche, une fois que t’as instauré une relation de confiance, c’est les camarades les plus fidèles. » Je me suis un peu perdu dans mes explications et je réalise qu’au final, j’ai pas du tout répondu à sa question d’origine. Zut. « Du coup pour ton Felinferno, il peut être amené à se calmer seul, mais il se peut aussi qu’une râclée soit le seul moyen de lui remettre les idées en place. Les pokémons au fort tempérament ont souvent une fierté démesurée et ça les calme de se prendre une branlée… Si jamais je suis persuadé que Bel’ se portera volontaire pour l’affronter. »
Je me marre. Il demande des conseils, moi je lui propose de déboiter la gueule de son pokémon au calme. MAIS. Des fois il n’y a juste pas le choix. Ça fait aussi parti du dressage. Lorsqu’il y a un problème d’égo et de fierté, c’est compliqué à gérer et surtout à s’imposer. Parce que clairement ; notre gabarit face à un Dracaufeu ou un Felinferno ? Sérieusement ? Ils peuvent nous faire frire en deux secondes sans le moindre effort. Ou même simplement nous dévisser la tête d’un coup de pattes. Donc bon. Faut bien qu’on ait nos armes, aussi ! Surtout qu’en plus, en leur montrant qu’il y a plus fort et qu’on peut les aider à être plus fort, ça développe la confiance dont je parlais tout à l’heure. Tout bénéf’.
J’ai peut-être trop parlé maintenant, alors ce n’est pas plus mal que ce soit mon nouveau collègue qui prenne le relai. Je trouve qu’être mis à la Ligue comme punition, ce n’est pas bien impactant… Mais quand j’entends les raisons du choix de son père, je suis complètement sceptique. Je dois être débile au fond ce n’est pas possible, mais je n’arrive pas à comprendre pourquoi un père ferait ça. Remarque, c’est comme ce que Mao me racontait sur sa mère qui l’utilisait comme un objet, un moyen de le montrer pour être fière… Ou je ne sais quoi. Je fronce les sourcils, mais je ne dis rien de plus. Je ne peux juste pas m’empêcher de me dire que finalement, c’est tout aussi bien d’être né pauvre. Au moins, je sais que ma famille m’aime pour ce que je suis et que mon statut à la Ligue leur apporte de la fierté certes, mais il ne s’amuse pas à le mettre au nez de tout le monde comme si j’étais un trophée… C’est tellement nul de faire ça putain ! D’ailleurs, je crois même que ma notoriété à tendance à gaver Izy plutôt… Mais bon.
Il est temps de faire à manger ! Ça tombe bien, je commence à avoir la dalle. Quand je vois qu’on galère à faire ne serait-ce que des pâtes, je me demande si on n’aurait pas mieux fait d’aller au self mais… Maintenant qu’on est là, autant tenter ! On n’est pas plus con que d’autres, ce n’est pas comme si on se lançait dans l’élaboration d’un bourguignon ou d’un couscous. Je pense quand même qu’on devrait mettre de l’eau dans la casserole. Il me demande ce qu’on fait de l’eau ensuite, parce qu’il ne voudrait pas d’une soupe.
« Euh… On ne boit pas l’eau, faut égoutter les pâtes je crois. Et l’eau… Malik l’utilise pour faire la vaisselle souvent. »
Enfin, il me semble. Je n’ai jamais vraiment fait gaffe qu’il l’utilise uniquement pour rincer et débarrasser d’une partie du gras parce que l’eau est bouillante… Faut pas trop m’en demander ! Je sais déjà qu’il faut égoutter l’eau et pas la boire, c’est pas mal déjà non ?
J’essaie de lire le paquet, mais je n’y parviens pas et, au final, ça me gave juste. Je vais faire comme je pense que ça marchera, au pire qu’est-ce qui peut arriver ? Ça a quel goût au fait, des pâtes mal cuites ? Déjà… faudrait que j’arrive à faire chauffer l’eau, ce n’est pas gagné. Gwen s’exclame que j’avais raison et j’affiche un sourire arrogant et fier, du genre « évidemment, qu’est-ce tu crois ? ». Ça me fait rire, bien sûr. Il m’apprend par contre qu’il faut attendre que l’eau boue avant de mettre les pâtes… Ah tiens, j’apprends un truc. J’acquiesce alors que je cherche le moyen d’allumer la plaque… Et que je n’arrive pas à trouver. Bon. Je vais peut-être passer pour un crétin mais je demande. Il n’a pas l’air bien plus doué que moi alors il ne devrait pas se moquer. Une… Sécurité enfant ? J’arque un sourcil. C’est quoi cette connerie ? Il enchaine avec une histoire de cadenas… Ok… Euh…
« J’ai un truc qui ressemble à une clé… »
Ça doit être ce truc. Quand j’appuie dessus, il y a une petite loupiotte qui s’allume au-dessus. J’essaye d’allumer la plaque. Mais non, ça ne marche pas. C’est quoi ce truc à la con encore ? Je lâche une insulte en saharii de frustration, avant d’enfoncer davantage le bouton, comme si je cherchais à lui faire mal. C’est idiot, mais ça défoule… Et la lumière s’éteint. Hein ? Il fallait juste rester longtemps dessus ? En quoi ça empêche un enfant de s’en servir, au juste ? Je suis sceptique à fond. Mais au moins, maintenant, quand j’appuie sur la plaque, elle s’allume enfin. Victoire ! Gwen me demande pour les quantités, je suis un peu paumé. En regardant le paquet, y a écrit un kilo… ça devrait le faire, non ?
« On fout tout. Au pire on a du rab pour une autre fois ? »
Comme ça on ne se prend pas la tête et ça devrait marcher. Je n’ai pas calculé si le tout rentre dans la gamelle, mais au pire on avisera au moment de verser. J’ai pas du tout pensé que les pâtes seraient amenées à se gorger d’eau et prendre ainsi plus de place. Quand je tourne la tête, je vois que mon collègue a sorti son portable… Oh pas bête de checker le net ! Avec ça on devrait, pouvoir s’en sortir. Je m’interroge quand même sur ce qu’il dit.
« Du sel ? C’est salé les pâtes ? » Je suis sceptique. A fond. Mais… Sans doute qu’internet connait mieux la cuisine que nous. Tout sûr, d’ailleurs. Je sais où on le range, je m’en saisi et je verse dans la casserole, à la bonne franquette. « Tu crois que ça suffira ? » Je regarde, c’est bizarre on le voit encore le sel… Mais je pense que ça va le faire. L’eau commence à bouillir et on va pouvoir mettre les pâtes ! Mais je pense…
« La sauce tomate on la met quand en fait ? »
… Ben ouais.
Codage T-Card par Aaron Sakuragi, un grand merciiii t'es la meilleure ! Crédit avatar :Inkerpape
Je me demande si mon agente me tomberait réellement dessus dans le cas où je commencerais à déconner. Je n’en sais rien. Il s’avère que je ne la connais pas très bien. Elle n’est dans mes pattes que depuis quelques jours seulement. Ce n’est pas suffisant pour avoir la possibilité d’avoir une opinion qui vaut véritablement quelque chose. Je pense déjà certaines choses à son sujet, mais est-ce une réalité ou seulement une image biaisée ? Pour le moment, je ne sais pas vraiment. Je suppose que je vais devoir apprendre à la connaître un peu plus au cours des semaines à venir. Si nous devons travailler ensemble par la suite, je me dis qu’il va être important que l’on puisse s’entendre. Il est probable qu’elle ne soit pas commode, mais je ne parviens pas à repousser l’idée que ce ne serait qu’une sorte de masque construit en fonction de ce qu’elle a pu entendre à mon sujet. Mais dans ce cas-là, ça risque d’être compliqué. D’ailleurs, il ne répond pas vraiment à ma question. Je laisse couler, je n’insiste pas davantage, mais cela ne m’empêche pas pour autant de tirer certaines conclusions. Mais bref. Je ne vais pas me prendre la tête maintenant avec tout cela. Je ne doute pas d’avoir le temps de voir les choses venir. Si elle se la joue réellement tyran, je le découvrirais bien assez vite. Mais peut-être que l’on finira par avoir une relation un minimum agréable. Je ne sais pas. Je me dis que c’est possible. Enfin je l’espère plutôt. Je n’ai pas tellement envie d’avoir toujours un boulet d’accroché à mes chevilles. Peut-être que l’on peut parvenir à faire des compromis ou quelque chose dans ce goût-là. Ce n’est pas tellement dans mes habitudes, mais peut-être que si je fais un effort cela pourrait arranger un peu les choses entre Madeline et moi-même. C’est une éventualité que je vais certainement devoir creuser à l’avenir.
La conversation s’enchaîne assez rapidement sur les soirées mondaines qui semblent nous insupporter communément. Ce n’est assurément pas pour les mêmes raisons, mais le résultat final est là. Je pose alors quelques questions sur les besoins de la Ligue en matière de pognon. À en croire l’expression qu’il tire, ce n’est clairement pas le bon gars pour obtenir ce genre d’informations. Ce n’est donc pas auprès de lui que je vais pouvoir me faire une meilleure idée de l’importance ou de l’occurrence de ce genre d’évènements mondains. Dommage. J’aurais bien voulu pouvoir me préparer au nombre de mes soirées qui risquent de finir totalement gâchées par tout cela. Bon, en même temps, j’aurais dû m’en douter. Ce n’est clairement pas le genre de type qui s’intéresse à l’argent. Il n’a jamais vécu au milieu de tout cela. Il vient d’un autre monde, c’est évident, c’est marqué sur sa tête. Un peu comme moi d’ailleurs. J’ai beau tout faire pour casser les codes et m’éloigner de toutes ces apparences, il reste évident que je reste un bourge. De toute façon, mon patronyme me précède sur ce coup-là. Et ça, je peux difficilement m’en débarrasser. Je dois donc faire avec. En début de réponse, il me lâche simplement un long « euh » suivi d’un simple haussement d’épaules. Après un instant, il complète en me confirmant qu’il n’en a pas la moindre idée. Et surtout qu’il n’en a rien à faire du moment que l’infirmerie et le stade restent accessibles. Je ne suis pas spécialement surpris.
▬ Ouais, je vois... Au pire je demanderais à Madeline. C’est le genre de truc qu’elle doit sans doute savoir. Ça me fera l’occasion de parler un peu plus avec elle, sans que ce soit pour qu’elle me reproche un truc.
Je laisse ensuite tomber le sujet des soirées mondaines et de l’argent que la Ligue tente d’amasser par ce moyen. Personnellement, ça m’intrigue. Mais je ne suis pas certain que ce soit pour les bonnes raisons. C’est surtout que si c’est réellement nécessaire pour couvrir les coûts d’entretien de tout cela, cela me poussera assurément à me contenir davantage que si c’est uniquement pour que le comité puisse se permettre quelques fioritures totalement inutiles et dispensables. Tout cela m’intéresse donc uniquement pour me faire une idée d’à quel point je peux abuser sans que ce soit totalement la galère pour moi. Mais Aram n’est clairement pas le type le plus indiqué pour me permettre d’avoir ces informations. Je trouverais bien autrement. Au pire, ce n’est pas bien grave. Je me dis que j’aurais certainement l’occasion de tester les limites. J’enchaîne alors sur les pokémons. Ce genre de truc, ça fonctionne assurément. Et bon, comme nous sommes ici, il est certain que nous apprécions tous les deux un minimum ces créatures qui partagent notre quotidien. En plus, nous avons la chance d’avoir certains goûts en commun. Je suppose que c’est un bon point de départ, du coup.
Il m’informe alors que le caractère des pokémons de type feu, ça dépend de beaucoup de choses. Que parfois ça s’améliore avec le temps, alors que dans d’autres cas les choses vont avoir tendance à s’empirer avec les évolutions. Il prend alors l’exemple de son Dracaufeu qui était une crème lorsqu’il n’était encore qu’un jeune Salamèche, mais dont le caractère s’est clairement dégradé lorsqu’il est devenu plus grand et plus puissant. Je me rends compte que c’est un peu ce qui s’est passé avec mon Félinferno. Lorsque Zorro n’était encore qu’un Flamiaou, il était bien plus calme et posé qu’il ne l’est désormais. Il avait son caractère, bien entendu, mais il ne passait pas son temps à tenter de combattre contre le monde entier. Et lors de sa première évolution, lorsqu’il est devenu un Matoufeu, les choses ont commencé à s’empirer. Mais là, avec le temps, je dois bien me rendre à l’évidence que c’est de pire en pire. Une information m’interpelle alors. Il m’indique qu’une raclée peut parfois être la seule et unique solution pour faire s’écrouler une fierté démesurée. C’est intéressant. D’ailleurs, il se propose même de tenter l’expérience en faisant appel à son Dracaufeu un de ces jours. Je prends en note. Je me dis que ça pourrait être une bonne chose. Ce qui m’intrigue un peu, c’est de savoir ce qu’il risque de se passer dans le cas où mon partenaire ne se prendrait pas la branlée attendue. Je crains un peu que son ego surdimensionné ne continue de croître. Je me demande d’ailleurs s’il peut avoir une limite de ce côté-là. Je ne doute pas que Bélial soit puissant, mais il est certain que Zorro ne se laissera pas faire.
▬ Merci pour les infos, c’est intéressant. Et j’ai justement l’impression qu’il est arrivé la même chose à mon Félinferno qu’à ton Dracaufeu. Il était bien plus calme par le passé. Je prends notre pour le petit combat. Par contre, je me demande si le problème ne risquerait pas de s’empirer dans le cas où le plan ne fonctionnerait pas comme prévu. Ce serait dommage tout de même que ça renforce encore plus son sentiment de surpuissance.
J’ai quand même l’impression que c’est un peu étrange comme conseil. Je ne sais pas trop comment fonctionne Aram, mais je trouve ça violent quand même que sa seule proposition, ce serait pour déboîter la gueule de mon pokémon. C’est chaud quand même. Mais d’un autre côté, je comprends aussi. Parfois, quand toutes les autres solutions ont été écumées, il ne reste plus que cela de disponible. Je n’apprécie pas trop ce genre de moyen, mais j’ai un peu l’impression que c’est la seule possibilité pour résoudre le problème de fierté et d’ego que je rencontre avec Zorro. Si je souhaite que les choses s’améliorent afin que l’on puisse profiter ensemble de bons moments dans l’enceinte de notre nouvel environnement, je sens que ce sera indispensable. Sans l’aide d’un pokémon puissant et avec un gabarit capable de tenir tête à mon Félinferno, je sais que ce sera impossible. Surtout s’il n’a pas le même niveau caractériel. En vrai, je me demande si je ne pourrais pas plutôt faire appel à mon Tyranocif dans un premier temps. Normalement, ce dernier devrait avoir l’avantage. Le plus compliqué, c’est que je ne pense pas pouvoir tenir les deux côtés du terrain. Mais après tout, ça pourrait fonctionner. Au moins, il est résistant au feu et niveau envergure il n’a rien a lui envier. C’est peut-être pour cette raison que ces deux-là ne s’entendent pas si mal. Mon Félinferno a certainement capté que face à lui, il n’a pas la moindre chance. Il se tient donc plutôt tranquille face à lui. Pour les autres, c’est plus compliqué. Soit ils ne sont pas à mes côtés depuis assez longtemps pour que j’aie pu avoir l’occasion de tester la compatibilité, soit je ne désire pas prendre le moindre risque, soit à chaque face à face les relations ont tendance à se détériorer. Mais voilà, un combat face à un pokémon qui a l’avantage, je ne suis pas certain que ce soit réellement efficace. Peut-être que ce serait donc plus efficace avec le Dracaufeu de mon nouveau collègue. Je pourrais potentiellement bénéficier d’autre avantage qu’une amélioration de son comportement. C’est à tenter.
Enfin bref. Il est temps de passer en cuisine pour préparer un truc à manger. Je ne sais pas ce que ça va donner. D’autant plus que je n’ai pas l’habitude de m’occuper de ça. C’est la toute première fois que je vais me servir d’une casserole pour faire autre chose que des conneries. Est-ce que l’on a vraiment eu une bonne inspiration en venant ici plutôt qu’en prenant la direction du self ? Je suppose que l’avenir nous le dira. Je me suis contenté de suivre Aram, en me disant qu’il savait ce qu’il faisait. Mais visiblement, en matière de compétences en cuisine, il n’est pas plus avancé que moi. À ma question concernant l’eau, il répond qu’il faut l’égoutter. Et apparemment, il faudrait aussi s’en servir après pour faire la vaisselle. Ça semble un peu chelou cette histoire. Genre l’eau elle a déjà été utilisée, donc elle doit être un peu sale quand même. Je doute un peu du fait que ce soit bien efficace pour laver quoi que ce soit.
▬ Euh ouais... Je crois que pour la vaisselle on verra après sans se préoccuper de ça. Autant prendre de l’eau propre. J’voudrais pas tuer un de nos collègues parce qu’on aurait laissé des résidus sur les ustensiles. Donc ok. On ne boit pas l’eau et on égoutte les pâtes. On devrait réussir à faire ça.
Je continue ma lecture. Effectivement, je parviens à trouver un texte indiquant qu’il faut faire bouillir de l’eau salée avant de verser les pâtes dedans. Pendant ce temps-là, il parvient à trouver le bouton servant à déverrouiller les plaques. C’est vraiment le bordel ce truc-là. Il a beau appuyer dessus, ça ne change rien. Mon compère commence d’ailleurs à s’énerver sérieusement. Et finalement, ça se débloque. Je ne sais pas comment il a fait, mais il s’en est débrouillé comme un grand. Tant mieux, parce que je n’aurais certainement pas pu l’aider davantage. C’est la première fois que j’approche d’aussi prêt d’un tel appareil. Je ne sais absolument pas m’en sortir. Je me suis contenté de balancer ce que j’ai pu voir dans quelques films et autres dessins animés. Surtout dans ces derniers d’ailleurs. Ou dans les publicités à destination des enfants. C’est peut-être plutôt de cette manière que j’ai obtenu cette information. Mais bref, ce n’est pas l’important. Quand je parle des quantités, Aram propose de mettre la totalité du paquet. Pourquoi pas.
▬ Aller ! Tu penses que ça se garde longtemps des pâtes ? Boarf. On verra bien. Si ça se trouve, ce sera juste assez pour deux.
Je relis ce que le site internet que j’ai trouvé indique. Moi aussi je trouve ça un peu bizarre. Je n’avais pas l’impression que les pâtes c’était particulièrement salé. Mais je n’en sais rien. Je n’y connais pas grand-chose. Je me contente de lire ce que je peux trouver. Je reviens en arrière sur mon navigateur pour tenter sur une autre source d’information. J’en tente même une troisième. Ils parlent tous de saler l’eau des pâtes avant de la faire bouillir et de plonger le contenu du paquet dedans. S’ils disent tous la même chose, c’est sans doute que c’est vrai, non ?
▬ Ben je ne sais pas... C’est ce qu’ils disent en tout cas. J’ai vu ça sur les trois sites que j’ai consultés. Alors je suppose que l’on peut faire confiance, non ? Enfin j’sais pas. Par contre, ils ne parlent pas de quantités. Mais je suppose que ça devrait suffire ouais !
Je dis ça, mais je n’en sais rien. Il a versé pas mal de sel dans l’eau, mais je n’ai pas la moindre idée de si cette quantité est trop importante, correcte ou totalement insuffisante. Je ne suis assurément pas le mieux placé pour répondre à cette question. Par contre, je trouve ça bizarre que l’on voit encore le sel dans l’eau de la casserole. Je pensais que tout serait totalement dissous en quelques instants, mais ça ne semble pas être le cas. Boarf... ça ne doit pas être bien important. Et soudainement, il pose une question particulièrement intéressante. Il demande à quel moment on est censé mettre la sauce tomate. Le truc, c’est que je n’en ai pas la moindre idée. Je ne sais pas du tout à quel moment on doit la mettre. Sur internet, ils ne précisent pas vraiment. La seule chose qu’ils disent, c’est que l’on doit la mettre sur les pâtes. Mais ils ne disent pas si c’est avant de les avoir égouttées ou si c’est vraiment au tout dernier moment.
▬ Je ne sais pas trop. Ils ne disent pas grand-chose sur internet. Je crois que j’aurais mis la sauce dans l’eau, pour que le goût soit vraiment là. Mais j’ai peur que ce soit un peu trop liquide après, non ?
Je prends le pot de sauce tomate. Je regarde rapidement ce qu’ils disent. Je ne trouve pas grand-chose de plus. Il n’y a rien de bien précis dans tout cela. Je ne sais pas trop quoi faire. Il faut pourtant prendre une décision. Les pâtes sont dans l’eau depuis quelques secondes si j’en crois le minuteur que l’on a enclenché. Si je ne me décide pas maintenant, ça risque d’être trop tard. Je me demande si je peux tester les deux possibilités. Si j’en garde un peu, je pourrais en ajouter à la fin, une fois que les pâtes seront transférées dans nos assiettes respectives. Je me demande si c’est une bonne idée. Je suppose que oui. Je ne vois pas vraiment pourquoi ce ne serait pas le cas. Mais d’un autre côté, je n’en suis pas totalement certain non plus. Si les pâtes n’ont pas suffisamment de goût, au moins on pourra en ajouter avec ce qu’il nous reste de sauce. Je me décide donc à ouvrir le pot et j’en verse une grosse moitié dans l’eau et sur les pâtes.
▬ Tu penses que ça ira comme ça ? Je me dis que ce ne serait pas mal d’en garder pour en ajouter après. Comme ça on peut compléter à notre goût ensuite.
Encore quelques minutes de cuisson, et ça devraient être bons. L’eau est vraiment devenue rouge. Je vois encore moins comment on pourrait s’en servir pour faire la vaisselle désormais. Je place ensuite un égouttoir dans l’évier, prêt pour que l’on y verse les pâtes dès que le temps de cuisson aura été écoulé. Au moins, on a plus qu’à vider l’eau avant de pouvoir mettre ce qu’il restera dans nos assiettes. Le minuteur se met à sonner. Notre repas est cuit. Je prends la casserole et je commence à égoutter les pâtes. Cette partie-là est plutôt simple en fait. Il suffit de verser le contenu dans un autre contenant pour se débarrasser de l’eau. Par contre, je suis un peu surpris. Je m’attendais à ce que les pâtes soient un peu plus rouges. Mais là, j’ai l’impression que ça n’a pas beaucoup changé. Boarf... on verra bien. Par contre, je crois que l’on a beaucoup trop de pâtes pour nous deux. Je pense que l’on va pouvoir en manger une autre fois encore. Je remplis deux assiettes et j’ajoute de la sauce tomate sur la mienne avant de demander à mon collègue s’il en veut également.
▬ Tu veux de la sauce en plus ? On dirait que dans l’eau ça n’a pas donné grand-chose...
Maintenant, il ne reste plus qu’à passer à la dégustation, en espérant que l’on survive à la première bouchée.
Je ne suis clairement pas le mec à qui on peut poser des questions sur l’argent. Je ne sais même pas combien je gagne, c’est dire. Je sais que j’ai un salaire mensuel, ça me suffit déjà ! Comme c’est Malik qui gère mon compte – ou mes comptes, je crois qu’il m’a parlé de mettre de l’argent de côté pour épargner je ne sais pas quoi, je lui ai dis de faire ce qu’il veut -, j’ai aucune notion. J’ai ma carte bancaire et quand je veux acheter un truc, je l’utilise et puis voilà. Comme je suis très loin d’être matérialiste, ça fonctionne très bien ainsi. Quand j’abuse un peu, genre en me mettant une mine en commandant beaucoup trop d’alcool, mon frère me rappelle un peu à l’ordre et puis voilà. Ça me va très bien comme fonctionnement. Alors, bon… Que Gwen veille savoir si la Ligue a vraiment besoin de fric est une chose, qui me le demande à moi, c’en est une autre. Plutôt que de s’attarder dessus, il me confirme qu’il demandera à Madeline, sans doute son agente. Très bonne idée, tiens !
La conversation dévie sur le Felinferno de mon nouveau collègue, et, bizarrement le sujet m’intéresse bien plus. Je lui donne mon point de vue sur la question, puis je propose de faire ravaler sa fierté au félin avec l’aide de Bélial. Je n’ai pas l’impression de l’avoir dit aussi violemment mais… L’idée reste la même. C’est peut-être un peu violent dans une première conversation avec un nouveau champion, non ? Bah. Si ça se trouve, il sait déjà que je suis du genre à foncer tête baissée. Dans le cas contraire, il le découvre et si ça le dérange eh bien, ma foi, tant pis. Je ne vais pas changer ma façon d’être pour ses beaux yeux. Qui m’intriguent toujours autant d’ailleurs, même si je ne le montre pas forcément. J’ai appris à être discret, un peu… Même si c’est surtout parce que je ne suis pas bourré. Dans ce genre de cas, ce serait une autre histoire. La subtilité, ce n’est pas trop mon truc.
« Si ton Felinferno gagne clairement, ça va booster encore plus son égo. » Autant être honnête jusqu’au bout. « Mais… Je suis curieux quand même. Bélial n’est pas du genre à se coucher facilement de toute façon. » Je suis plutôt confiant en ses capacités. Je ne devrais juste pas oublier que je m’adresse à un nouveau collègue et que donc, il doit aussi avoir une bonne puissance de frappe… Cependant, j’ai aussi une bonne confiance dans les capacités au combat de mon Dracaufeu. Jusqu’à ce jour, il n’a perdu que deux combats. Évidemment, les combats à la Ligue où il est obligé de brider sa puissance ne compte pas ; à plein pouvoir, ses adversaires, il les détruit. Hum. Peut-être que ce ne serait pas un mal finalement, qu’il perde le combat…
BREF. Et si on allait manger, hein ? Ça évitera qu’il me prenne davantage pour un taré qui règle tous ses problèmes par la violence. On est deux abrutis qui n’ont jamais touchés à une cuisine de leur vie qui souhaitent faire des pâtes à la sauce tomate. Ça devrait se faire, je pense ? On ne savait pas trop quoi faire de l’eau et j’explique ce que mes frères font. Ça n’a pas l’air de le convaincre et son argument reste valide à mes yeux alors… Ouais, on verra plus tard. L’idée de gâcher de l’eau me dérange mais je ferme ma gueule. Je n’ai pas envie de passer pour le relou écolo, surtout que je ne le suis pas, en fait. C’est juste que l’eau, c’est genre l’essentiel pour survivre dans le désert alors… Pour moi c’est complétement vital, rare et à préserver un maximum.
Je me bats avec la plaque, je gagne, on installe ce qu’il faut pour faire cuire les pâtes. Gwen me sort qu’il faut mettre du sel dedans et je suis complètement sceptique, mais comme ça fait trois sites qu’il le lit… On va lui faire confiance, hein ! J’ignore si j’en ai trop mis ou pas assez et lui non plus. … Je ne sais pas pourquoi, je sens venir la PLS quand on aura fini. Bref, L’eau se met à bouillir, on voit toujours le sel et ça me perturbe, on ne sait pas trop quelle quantité de pâtes mettre mais au pire du pire, on en met trop ce n’est pas grave, ça se conserve. Enfin, je crois. En tous les cas, on respecte assez ce que mon collègue a trouvé sur internet, c’est qu’on est sur la bonne voie !
Je demande pour la sauce tomate parce que j’ai zéro idée de quand il faut la mettre. Elle sera froide si on la met une fois qu’on a égoutté l’eau, non ? Il me dit que ça pourrait être bien de la mettre maintenant et je suis un peu sceptique. Ça va faire super liquide ouais, comme il dit… Mais en même temps, je ne comprends pas quand on pourrait l’ajouter. J’acquiesce donc, je le laisse faire comme il a le pot de sauce tomate en main. Je me demande quand même si je ne devrais pas envoyer un sms à Malik ou Izy pour savoir. Le problème, c’est que s’ils ne répondent pas au tac-o-tac, on risque de faire cramer les pâtes et de foirer le plat… Allez, je ne demande rien aux frangins, on va se démerder et on va s’en sortir !
J’ai eu l’intelligence de prendre une spatule dans l’un des tiroirs, une fois que Gwen a versé la sauce, je mélange un peu le tout. Je bogue un peu en voyant l’eau écarlate. C’est… Spécial. Je n’ai pas souvenir d’avoir vu Malik cuisiner ainsi… Surtout que là, clairement, c’est mort pour utiliser l’eau pour la vaisselle ! Je ne pense pas que la sauce tomate soit efficace comme produit nettoyant. Je suis toujours hyper sceptique, mais ça ne manque pas de me faire rire.
« J’espère quand même qu’on va survivre à cette expérience culinaire. Ce serait con qu’on crève parce qu’on est deux brelles pour faire des pâtes à la sauce tomate. »
Je n’imagine même pas les gros titres qu’on ferait dans les journaux et la honte internationale qu’on foutrait sur le dos de nos familles. Moi ça me dérangerait énormément. Peut-être que Gwen un peu moins, vu comment il parlait de son père. Après, on n’a pas utilisé d’ingrédients qui justifieraient une intoxication alimentaire mais quand je vois la bouillie que c’est devenu ce qu’on vient de préparer, je doute toujours sérieusement.
Gwen s’occupe d’égoutter les pâtes, j’ai sorti deux assiettes. Niveau quantité, on a peut-être vu grand… Mais comme je suis un ventre sur pattes, ça peut quand même le faire. Je suis étonné par la couleur du plat, je regarde mon collègue mettre de la sauce et me demander si j’en veux plus. J’acquiesce mais en même temps, je lance un regard à Sam. J’ai vu mon Démolosse renifler l’assiette et s’en détourner. J’ai un sourire amusé sur le visage quand même. Je le sens pas du tout mais… Allez ! Au pire on se tape un gros fou rire !
Je pourrais l’avoir le fou rire, si je n’étais pas forcé de cracher ce que j’ai mis en bouche dans l’évier avec le besoin de boire de l’eau. J’ai avalé de travers en plus, ce qui n’aide pas du tout. C’EST. BEAUCOUP. TROP. SALÉ. Horrible ! J’ai pris qu’une bouchée et ma langue me pique à fond alors que c’est que du sel, bordel ! J’en ai les larmes aux yeux et je me retrouve à boire comme un gros nul directement au robinet parce que j’en peux plus. Je tousse encore et ça en vient à me gratter la gorge, au point que ce n’est pas agréable.
« Je te décon… » Kof kof. «… seille de manger. »
On a vraiment l’air idiot. Enfin, j’ai vraiment l’air idiot, plutôt. Comme en prime je manque de m’étouffer en même temps, c’est d’autant plus risible. J’arrive néanmoins à enfin me calmer, même si je tousse un peu encore. Samaël me regarde, avant de poquer ma poche avec son museau. Je l’éloigne en lui disant que ce n’est pas nécessaire. Je ne suis pas en crise ! Ce n’est juste pas bon, c’est tout ! Je commence un peu à me marrer et… Oh bordel. On a foiré des pâtes à la sauce tomate, sérieusement !
« J’ai mis beaucoup trop de sel. »
C’est un commentaire inutile, mais ça me fait quand même rire. C’est mieux de le prendre comme ça ! Je regarde mon assiette, ça m’embête mais je crois qu’on n’aura pas le choix que de jeter le tout. Au final, j’ai toujours la dalle et euh…
« Ça te dit qu’on tente le self ? Ça te fait visiter et… Si on pouvait éviter de raconter cet incident, ça m’arrangerait. Mes frères vont trop se foutre de ma gueule sinon. »
C’est plus que sûr, ça. Je dis qu’il faudrait qu’on soit discrets, mais me connaissant, je sais que je vais lâcher l’information à un moment ou un autre. Si je peux l’éviter néanmoins, ce serait mieux. Mais bon.
On aurait mieux fait d’aller directement au self plutôt que de surestimer nos capacités.
Codage T-Card par Aaron Sakuragi, un grand merciiii t'es la meilleure ! Crédit avatar :Inkerpape
Lorsque la conversation dévie sur les pokémons, et notamment la galère que je rencontre avec l’unique représentant du type feu que je possède, je commence à me poser de nombreuses questions. Je ne sais pas trop ce que je peux faire concernant mon Félinferno. Il est certain qu’il est primordial que je commence à me préoccuper de ce problème. Pour autant, je ne suis pas certain que la solution proposée par Aram soit la plus appropriée. Mais dans un même temps, je n’en ai pas vraiment d’autres. Cela fait déjà un bon moment que je m’arrange pour laisser Zorro à l’écart des autres. Je ne tiens pas vraiment à ce qu’un excès de zèle provoque de sérieuses blessures à un autre de mes compagnons. Même pour les combats, je suis obligé de réfléchir au préalable à l’importance des dégâts qu’il serait susceptible de provoquer avant de me décider à faire appel à sa puissance. Jusqu’à présent, ce fut particulièrement complexe. Je ne pouvais pas me permettre de le libérer de sa pokéball si le combat avait lieu dans un environnement un peu sensible. Zorro, il est dû genre à aimer le spectacle. Il faut toujours qu’il en fasse un peu trop pour se mettre en avant et éblouir la galerie. Il a donc facilement tendance à balancer ses adversaires dans le décor, quitte à le détruire. Donc dans les combats de ville, ce n’était pas forcément l’idéal. Au final, il a surtout combattu dans le cadre des affrontements illégaux auxquels je participais parfait lors de mes passages à Smashing. Dans les faits, c’était tout de même assez régulier, il faut dire que j’avais souvent tendance à squatter dans le coin. Je sens que ça va me manquer, cette histoire. Mais du coup, il n’est pas vraiment possible de l’utiliser n’importe où. Pour les combats contre des challengers, il nous est demandé de combattre en demandant à nos partenaires de brider leur puissance. Ça, je l’ai bien retenu. Madeline me l’a répété je ne sais même plus combien de fois. Toutefois, je ne suis pas certain qu’en l’état, mon Félinferno soit en capacité de respecter les règles.
Je me demande si cela vaut véritablement le coup de le confronter au Dracaufeu de mon nouveau collègue. Il est vrai que si son plan fonctionne, cela permettrait de lui faire ravaler sa fierté. Peut-être qu’il se mettrait enfin à participer sérieusement à nos entraînements. Mais d’un autre côté, s’il ne parvient pas à le mettre au tapis, mon partenaire risque de devenir encore plus insupportable et incontrôlable qu’il ne l’est déjà. D’ailleurs, Aram me le confirme. Si mon Félinferno gagne cet affrontement, son ego va carrément être boosté par une victoire. Ce qui ne serait vraiment pas bon pour moi. Toutefois, il semble être plutôt confiant envers les chances de victoire de son Dracaufeu. Il précise même qu’il n’est pas du genre à se coucher facilement. Le côté violent de cette solution ne me plaît pas vraiment, mais il est urgent de faire quelque chose. Et comme je n’ai rien d’autre dans mes possibilités, je suppose que ça se tente. Et en vérité, je crois que je suis un peu curieux également de voir ce que ça peut donner. Je n’ai jamais vu Zorro perdre un combat. Mais en même temps, je ne crois pas qu’il ait déjà eu l’occasion de se mesurer à un Dracaufeu. Ce serait l’occasion parfaite pour voir ce que c’est susceptible de donner. En fait, plus j’y songe, plus ça m’intéresse. J’ai bien envie que l’on se programme ça dans les prochains jours. Enfin quand il aura du temps quoi. Je ne sais pas trop dans quelle mesure il est libre dans les prochains temps. Mais un simple combat, ça ne devrait pas trop s’éterniser.
▬ En vrai, je crois bien que je suis curieux aussi. Si tu penses que ça peut le faire avec ton Dracaufeu, ça m’intéresse. J’ai envie de voir ce que ça peut donner. Et bon... dans le pire des cas, je vais galérer à trouver une autre manière de dégonfler son ego. Je me dis que ce ne sera pas si différent de maintenant. Par contre, s’il se fait rétamer, je me dis que je pourrais envisager de lui faire respecter les règles de la Ligue afin qu’il bride sa puissance face aux challengers. Ce serait tout bénef pour moi, en fait. Alors go pour ça ! Tu me diras quand tu seras dispo pour un petit affrontement entre les deux !
Mais pour le moment, ce n’est pas l’heure de combattre. Il est grand temps de trouver quelque chose à manger. Je commence à avoir grave la dalle depuis mon dernier repas. J’espère que l’on va pouvoir trouver quelque chose de cool. Bon... le souci c’est que l’on se dirige vers les cuisines alors que l’on n’a jamais préparé un repas par nous-mêmes. Je m’attends déjà à une grosse catastrophe. Mais tout de même, on devrait bien réussir à cuisiner des pâtes à la sauce tomate. Ça semble être un truc plutôt basique, alors je suppose que l’on peut s’en sortir. De ce que j’ai pu entendre, c’est genre le plat de base des étudiants : facile à faire, pas bien cher, rapide à préparer. L’avantage, c’est que ça tient bien au ventre, en plus du reste. Je n’en ai jamais fait, mais j’ai déjà eu l’occasion d’en manger. Je me dis que l’on devrait donc parvenir à reproduire un repas aussi basique. Normalement, même si l’on n’a pas la moindre compétence, on devrait au moins être capable de réussir à faire cuire des pâtes. Lorsqu’il m’explique ce que ses frères font avec l’eau, je ne suis pas spécialement convaincu. Je ne vois pas vraiment comment on peut réutiliser de l’eau sale pour faire de la vaisselle. Mais bon, pourquoi pas... On verra bien à la fin.
Après un combat de longue haleine avec la plaque, il est parvenu à la victoire. Le grand moment de la cuisine a donc pu débuter. Suivant les consignes des différents sites internet que j’ai pu trouver, Aram a ajouté le sel. Je n’ai pas la moindre idée de la validité des quantités qu’il a ajoutée, mais ce n’est pas bien grave. Je suppose qu’on verra bien à la fin. Au pire, on pourra toujours en ajouter dans nos assiettes si ce n’est finalement pas suffisant. Et si c’est un peu trop, et bien je ne sais pas. On aura qu’à boire un peu d’eau pour faire passer. On ne sait pas trop quoi faire pour la sauce tomate. Je ne trouve pas la moindre information à ce sujet là. Je propose d’en ajouter une partie directement dans l’eau, mais je ne suis pas vraiment certain que cette idée soit lumineuse. Avec toute l’eau, ça va forcément être super liquide. Mais bon, je ne vois pas trop quoi en faire sinon. Si on attend qu’il n’y ait plus d’eau, elle va refroidir tout le plat, ce qui ne me semble pas être très intéressant. Les pâtes froides, ça ne me paraît pas être très bon. Une fois une bonne moitié de la sauce versée dans l’eau, mon collègue se met à mélanger. J’avoue que ça ne ressemble pas vraiment à l’idée que je m’en faisais. C’est ultra liquide. Et vu la couleur, ça donne encore moins envie de faire la vaisselle avec cette eau-là. Quand Aram parle de notre possible mort parce que l’on est incapable de cuisiner des pâtes et qu’il espère que l’on va survivre à cette expérience, je ne peux m’empêcher de rigoler. Mais au fond de moi, je me demande tout de même s’il n’y a pas un fond de vérité là-dedans. Est-ce que l’on peut mourir de cette manière ? La question demande une sérieuse réflexion, je crois.
▬ ‘tain... j’espère ouais ! J’ai pas spécialement envie de faire les gros titres avec une mort aussi ridicule. Ce serait trop la honte ! T’imagines l’image que l’on aurait avec ça ? Même si ça me ferait bien rire de voir la tête de mes vieux en découvrant ça, c’est mort ! Même pour moi, ce serait trop la loose...
J’ai toujours trouvé ça drôle de faire le bordel ou de mettre mes parents dans l’embarras. Pour autant, sur ce coup-là, une intoxication alimentaire en préparant des pâtes à la sauce tomate, ce serait vraiment trop ridicule, même pour moi. Ce serait beaucoup trop la honte. Je me demande si l’on peut être malade avec ce genre de repas. Je n’en sais rien. Je n’espère pas. Je ne peux pas supporter l’idée de ternir ma propre réputation avec une connerie dans ce genre-là. Genre à peine débarqué à la Ligue, je ne peux pas me permettre un tel échec. Encore, les retombées sur ma famille, je crois que je m’en moque un peu. Enfin à moitié seulement. Cela me ferait sérieusement chier que ça retombe sur Gawin et Idris. Ils n’ont jamais demandé ça, eux. On va donc tâcher de ne pas mourir en dégustant ce repas qui ne semble pas très ragoûtant pour le moment. J’égoutte les pâtes, puis je sors les assiettes. Bon, on en a vraiment trop en termes de quantités. Mais j’ai sérieusement la dalle, alors ce n’est pas bien grave. Tandis que je rajoute la sauce sur nos assiettes, je vois le Démolosse se détourner de l’assiette. Oulà. Je le sens vraiment mal. J’ai l’impression que même le pokémon de mon collègue ne veut pas s’en approcher. Je jette un regard à Elgar, mais celui-ci semble se moquer royalement de se que l’on est en train de faire. Il est allongé sur le sol et semble vivre sa meilleure vie. Je regarde Aoki. Il nous regarde vaguement, mais j’ai un peu l’impression qu’il est perdu dans ses pensées et qu’il ne se préoccupe pas vraiment de ce que l’on peut bien fabriquer. Ils ne sont clairement pas aussi impliqués que le partenaire d’Aram.
Alors que j’allais prendre une bouchée de mon assiette, je m’interromps brusquement avec le bordel produit par Aram. Je lève la tête pour voir ce qu’il se passe. Il est en train de cracher dans l’évier tout ce qu’il avait dans la bouche. C’est vraiment aussi dégueulasse ? Pas possible ! Il tousse en supplément. Il semble être en train de s’étouffer. Il ouvre immédiatement l’eau et se met à boire directement au robinet. Merde. C’est vraiment immonde à ce point là ? Ça craint. La fourchette encore dans la main, des pâtes et de la sauce tomate dessus, je me demande ce que je dois faire. Est-ce que je poursuis le mouvement ? Est-ce que je m’interromps ? Je ne sais plus. J’ai vraiment faim, mais vu l’effet que le plat semble avoir sur mon collègue, je ne suis pas certain que ce soit une bonne idée de manger. Il finit par enfin être capable de bredouiller quelques mots entre deux crises de toux.
▬ Ca va ? C’est vraiment horrible à ce point là ?
Je ne sais pas quoi faire... j’hésite grandement... mais en même temps, je dois en avoir le cœur net. Je ne veux pas gâcher ça, surtout si c’est tout de même consommable. Je veux tenter. Je dois tenter. Mais en même temps, il me déconseille de manger. Je ne sais pas quoi faire. Aller. Je me lance. Je prends une bouchée. Je commence à mâcher. Le goût n’est pas terrible, mais c’est pas si pire. Et soudain... LE SEL. Bordel. C’est beaucoup trop salé. C’est immonde. Je pose aussi vite que possible l’assiette, et je me précipite à l’évier pour tout recracher. Bordel. C’est immonde. Comment on peut réussir à manquer à ce point notre plat ? Je m’étouffe à moitié en tentant de me débarrasser de tout ce que j’ai dans la bouche. C’est trop salé. J’ai besoin d’eau. J’ai l’impression que je vais me déshydrater si je ne bois pas au moins cinq litres d’eau dans les prochaines minutes. Je tousse. Je m’étouffe. Je tente de boire au robinet en même temps. Je fous de l’eau partout, autant sur moi qu’autour de l’évier.
▬ Bor... bordel... Kof. Kof. Kof . Je tente de m’éclaircir la gorge. C’est vraiment trop salé... ‘tain comment on a pu rater à ce point-là ?
Je me racle à nouveau la gorge. Je bois encore un peu. J’ai l’impression que c’est un peu mieux. J’ai toutefois la sensation que j’ai encore plein de sel dans la bouche. Je commence à me demander combien de temps il va me falloir pour me débarrasser de ce goût immonde. Aram me propose d’aller tenter le self. Je pense que ce n’est pas une mauvaise idée. Parce que là, j’ai toujours la dalle. Et j’ai bien besoin de manger quelque chose de plus agréable que ça. Je ne peux pas passer encore une journée avec le ventre vide.
▬ Euh... ouais ! Je veux bien faire un tour au self. J’ai toujours grave faim, et ça c’est trop immonde. Et t’inquiètes, ce serait trop la honte pour moi aussi ! Pas un mot sur notre incroyable talent en cuisine !
Je ne peux m’empêcher de me marrer tout de même. Je jette un regard autour de nous. On a tout de même foutu un sacré bazar par ici. Le pire, c’est qu’on l’a fait pour rien du tout vu que l’on va tout de même devoir passer au self. J’espère que l’on va pouvoir manger un truc cool. Mon estomac à besoin de se remettre de cette expérience culinaire ratée.
▬ Il faut peut-être que l’on range un peu tout notre bordel avant de bouger au self, non ? Enfin je suppose que c’est pas cool pour les autres si on laisse tout ça. Et puis... C’est sans doute mieux de faire disparaître toutes les traces de notre ridicule échec...
Il est partant pour un fight entre son Felinferno et Bélial. Yes ! Il arrive tout seul à la conclusion que ça peut être tout bénéf pour lui, même en cas de défaite de mon Dracaufeu. Je dois passer pour un petit con arrogant, mais il n’y a pas moyen qu’il perde, vu comme il est surentrainé ! Sinon, ça m’apprendra à être aussi confiant… Et à reprendre sérieusement l’entrainement avec mon allié. On s’entraine toujours ensemble, mais j’avoue qu’en vue de sa puissance actuelle, j’ai aussi tendance à me concentrer davantage sur les petits derniers de mon équipe. J’aimerai bien, un jour, pouvoir sortir Ersulie ou Asmodée dans un combat officiel. Ils ont le potentiel pour être de farouches adversaires s’ils continuent sur cette voie ! Je veux leur donner leur chance. Mon Pyrobut est d’ailleurs tellement emballé par l’idée d’un combat difficile qu’il s’en donne à fond. Je m’en voudrais de lui avoir donner de faux espoir.
On décidera plus tard le moment de l’affrontement. Pour le moment, nos ventres prennent le dessus et on tente désespérément de faire à manger. Quand mes frères font, ça n’a pas l’air aussi compliqué… Mais quand je vois ce que j’ai dans la gamelle, je me demande sincèrement si on ne s’est pas foiré quelque part. Je balance une phrase bateau qui me fait rire. Ce serait terriblement con si on venait à mourir après ce repas… Et sa réponse me fait partir dans un fou rire.
« La honte ultime t’sé. Tués par des pâtes. Mon frère m’a parlé des Darwin Awards ou un truc du genre, ça recense les morts les plus débiles… Obligés on serait dedans. »
On s’était fait une soirée à découvrir certains nominés dans ces récompenses bizarres… Et je dois dire que quand on se sent débile comme moi, on relativise quand même pas mal. Au final, je ne suis pas aussi con que je l’aurais cru. Limite ça redore mon blason de lire ses morts, même si j’ai un peu de mal avec cet humour. Au début, je croyais que c’était que des histoires inventées. J’ai su après que c’était des trucs qui avaient réellement eu lieu et… J’ai trouvé ça moins drôle ensuite. Mais bon. Y en a, ils n’ont pas inventé le sel, quand tu vois comment ils sont morts.
Et en parlant de sel, justement. J’en ai mis dans la préparation sous les conseils de Gwen. C’est l’heure du verdict, du coup. Je regarde mon collègue faire, je propose l’assiette à Sam, au cas où. De ce qu’il renifle, il n’aime pas du tout. J’aurais dû l’écouter, sincèrement. Je n’aurais pas dû faire mon cake et tenter quand même. Inconsciemment, je me dis simplement qu’il n’est pas un grand fan de tomates… Mais ça va bien plus loin qu’une question de goût. C’est complètement IN-FECTE. L’espace d’un instant, j’ai peur de partir en crise d’asthme parce que je tousse ma vie dans cet évier. J’ai des difficultés à respirer et heureusement que j’arrive à boire, ça permet de calmer tout ça. J’était aussi à deux doigts de vomir en prime, ça aurait fait tâche de devoir nettoyer tout ça maintenant. En vue de ma réaction, je pense que Gwen a compris qu’il ne faut pas qu’il touche à son assiette. Je le lui déconseille, en même temps. Quand je me redresse, je le sens qui me pousse un peu pour se jeter sous l’eau à son tour, me trempant en essayant de boire.
« Hey, gaffe ! »
Je n’aime pas l’eau. Mais après, je fais le commentaire à voix haute mais je ne peux pas m’empêcher de me marrer. On est tellement ridicule putain ! Un peu plus et je regretterai de pas avoir filmé la scène. Si on n’était pas célèbre avec la Ligue, on pourrait faire les débiles sur la toile, ça marcherait bien je suis sûr… Après je ne suis pas sûr que ce soit au goût de mon collègue. Faudrait que je lui demande tiens, s’il aime les Jackass. Izy déteste ça, Malik ça le laisse indifférent, mais moi j’adore ces conneries. Je m’en fous qu’on me dise que c’est débile. C’est justement FAIT pour être débile ! Déjà que je ne regarde pas grand-chose à la télé, j’ai encore le droit de regarder ce que je veux, d’ailleurs. Même si en vrai je regarde plutôt ça sur mon phone.
Depuis tout à l’heure, je suis devenu hilare. Je ne pige pas trop pourquoi Gwenaël a quand même goûté. Il ne me croyait pas ou quoi ?... En tout cas, il en paye le prix. Mon rire peut être perçu comme du foutage de gueule mais je me moque autant de lui que de moi, dans l’histoire. Bordel. Les deux maîtres à la Ligue, incapable de faire un pauvre plat de pâtes à la sauce tomate. C’est juste complètement RIDICULE. Putain !
« Je ne sais pas. Je crois que ça aurait mieux fonctionné sans sel. »
Je trouve encore le temps de faire de l’humour, malgré ma langue qui gratte et ce goût détestable qui ne quitte pas mon palais. Après, vaut mieux en rire qu’en pleurer ! Je savais que j’étais nul en cuisine, j’en ai la confirmation. Plus jamais je ne touche une casserole de ma vie.
Je propose d’aller au self, chose que j’aurais dû faire en réalité dès le départ. Je ne sais pas pourquoi j’ai eu l’idée fugace de faire à manger nous-mêmes… Peut-être pour se taper une franche barre de rire. On a un secret, tous les deux, maintenant. Celui de ne pas dire aux autres qu’on est vraiment deux gros nuls en cuisine. Je ne veux pas que mes frères l’apprennent, ça me rassure que Gwen me suive sur l’idée… et faire disparaitre les traces de nos conneries me semble le mieux à faire.
« On va tout faire disparaitre. Attends. »
Je sais comment faire la suite. Je jette la bouffe en entier dans la poubelle, sous l’évier. Je vide les assiettes et je fous le tout dans le lave-vaisselle. Je ne sais pas comment faire fonctionner cette machine, mais je crois que y a quelqu’un qui l’a fait tourner quand il estime qu’elle est assez pleine pour que ça en vaille le coup. Je ne sais pas qui, mais quand je reviens à la cuisine les assiettes sont toujours propres et tout le reste aussi… j’imagine que c’est la même personne qui se charge de remplir les placards de bouffe qui s’en occupe. A vrai dire, je ne me suis jamais vraiment plus posé la question.
« Go pour le drive du coup. Mais par contre… Pourquoi t’as goûté, au final ? Me voir m’étrangler t’as pas donné un indice que c’était une mauvaise idée ? »
Je suis curieux, en même temps, ça continue de me faire rire. S’il me répond qu’il voulait tester quand même c’est que c’est un sacré maso. Ça ne me dérange pas hein, mais ça reste bon à savoir… On a toujours l’estomac dans les talons. Je lui fais signe de me suivre et on ressort du bâtiment. Le self n’est pas proche des appartements des champions, il se trouve plus proche de l’entrée. En vue de l’heure je ne sais même pas si y aura des cuistots et peut-être qu’on va les emmerder durant leur pause… J’évite en général de manger à cette heure-là. Mais clairement en cet instant, faut vraiment qu’on bouffe quelque chose de comestibles pour faire passer le goût.
Quand j’entre dans le bâtiment, mon nez est envahi d’une odeur agréable. Rien à voir avec notre piètre performance...
« Oh, de la bolo. Ça sent la bolo. Un vrai plat de pâtes et de sauce tomate… »
Avec de la viande en prime. En tous les cas, je recommence à rire en le disant. Je ne sais pas si le pif de Gwen est aussi exercé que le mien, mais j’aime tellement la nourriture que je suis capable de reconnaitre plusieurs odeurs, quand elles ne sont pas artificielles. Sinon, ça me fait partir dans des crises parce que je n’arrive pas à respirer… Mais heureusement, ça ne sent pas le parfum. Juste la bouffe… peut-être celle de midi. J’en salive presque déjà et je lui fais signe de continuer à me suivre. Un des membres du personnel nous interroge du regard alors qu’on s’approche de lui.
« C’est possible de manger, même à c’te heure ? »
Je n’en sais rien moi-même. En vue de la tête de l’employé, ça ne se fait pas trop, mais je crois bien qu’il nous a reconnu alors… Il acquiesce quand même. Il nous dit de passer dans les « rayons » et de se servir de ce qu’on veut, que c’est la Ligue qui nous paye le repas et que donc on n’a pas à le payer nous-même. Ah ? Je ne le savais même pas ça tiens… J’ai toujours payé, je crois. Mais c’était une nana qui s’occupait de la caisse, habituellement… Je la cherche du regard, mais elle doit être rentrée chez elle. En toute logique.
« Donc ici c’est le self. Merde, y avait les horaires sur la porte j’ai oublié de regarder. Bah, on verra en repartant. »
Je me rappelle qu’à l’origine, je suis sensé lui montrer les différents bâtiments pour qu’il ne se perde pas dans le complexe. Je me rattrape un peu, regardant la salle…
« Habituellement y a quand même plus de monde, quand on vient aux horaires normals… Normal ou normaux ? »
…. J’ai un putain de doute sur le parler de cette langue commune. Ca me fait bizarre à l’oreille mais j’arrive pas à savoir quelle version est juste… J’espère qu’il va pas se foutre de ma gueule.
Codage T-Card par Aaron Sakuragi, un grand merciiii t'es la meilleure ! Crédit avatar :Inkerpape
En discutant d’un potentiel futur combat entre nos pokémons, enfin plus précisément entre son Dracaufeu et mon Félinferno, je ne peux m’empêcher de repenser à la vie que je menais encore peu de temps auparavant. Il est certain que le changement est brusque. Je ne m’attendais absolument pas à devoir laisser derrière moi mon petit quotidien. À aucun moment, je ne me serais attendu à devoir modifier aussi radicalement ma petite vie. Je m’éclatais bien à Smashing. Contrairement à la vie que je pouvais mener au sein du manoir familial, je m’y sentais bien, j’avais des amis, je me sentais plus ou moins à ma place. Alors que là, je n’ai plus rien de familier. Je me demande si j’aurais un jour l’occasion de revivre des combats aussi épiques que ceux que je pouvais livrer dans cette ville lugubre de Galar. Peut-être qu’Aram pourrait être un bon partenaire à cet effet ? Je ne sais pas trop. Je viens tout juste de le rencontrer. Il semble plutôt sympa, mais c’est encore trop tôt pour affirmer que l’on est en mesure de s’entendre suffisamment pour devenir potes et s’enchaîner des petits combats pour le fun. Mais j’espère un peu, parce que je sens que ça va me manquer. Je suppose que je ne vais pas être le seul, mes pokémons aussi, ils étaient bien friands de nos petits affrontements plus ou moins amicaux, notamment avec Peterson qui nous donnait toujours l’occasion de nous dépasser. Si l’on souhaite rester au top pour les matchs officiels, je me dis qu’il va nous être utile de trouver un nouvel adversaire. Parce que clairement, les entraînements en solitaire uniquement pour le fun, ce n’est pas vraiment mon délire. Je trouve ça trop chiant et fatigant pour le peu de bénéfices que c’est susceptible de nous apporter.
Je me doutais que je n’étais pas très bon en cuisine, mais quand je vois la gueule de ce que l’on a préparé, je dois bien me rendre à l’évidence : c’est encore pire que ce que je pensais. Notre truc, ça ne ressemble vraiment à rien. J’espère que niveau goût, ce sera un peu mieux, mais je dois toutefois avouer que je n’ai tout de même pas beaucoup d’espoir sur ce coup-là. Bon, au moins, ça nous fait rire. Je me marre un peu lorsque je l’entends comparer notre expérience au fameux classement des Darwin Awards. Je n’avais même pas songé à ça. J’avais même totalement oublié l’existence de ce machin avant qu’il ne le mentionne. Pourtant, j’en ai passé des soirées à regarder ce machin avec Gawin et Idris. Et même avec des potes de Smashings. Ce qui est certain, c’est qu’ils sont tous morts dans des situations totalement débiles et improbables. Et clairement, tué par des pâtes parce que l’on n’est même pas capables de cuisiner un truc aussi basique, je me dis que l’on mériterait assurément d’y avoir notre place. Je regretterais presque d’avoir survécu, maintenant. J’aurais enfin eu l’occasion de laisser une trace indélébile dans l’histoire, même si ce n’est pas forcément de la manière la plus glorieuse qui soit. Mais ça me fait rire cette aventure.
▬ Ah, mais grave ! C’est tellement la honte et tellement débile que l’on aurait assurément eu une place dans ce machin. T’imagines, on serait resté pour toujours, les mecs morts en tentant de préparer un plat de pâtes. J’sais même pas si on peut encore parler de honte à ce niveau-là. Genre c’est le level au-dessus quand même ! En parlant des Darwin Awards, tu as déjà vu les grands champions de son classement ? Certains sont quand même bien pires que nous...
Je ne me souviens plus en détail de toutes les histoires, mais je me rappelle que certaines histoires étaient vraiment épiques. Et quand on lit ça, surtout après avoir fait une belle bourde, on a tendance à relativiser plutôt rapidement. Je me souviens qu’à chaque fois, ça m’avait mis dans de bonnes dispositions. Genre c’est vraiment horrible ces trucs-là. Les gens sont vraiment trop cons. Même le mec le plus débile qui soit, il passe pour un génie à côté. Alors forcément, ça me rassure un peu sur les quelques bourdes que je peux parfois commettre. Je me dis que tant que je n’atteins pas un niveau aussi catastrophique qu’eux, c’est que ça va. Bon... là... par contre... si on meurt avec un simple plat de pâtes à la sauce tomate... je pense que je suis bon pour décrocher une place dans ce classement. Trop la honte, même pour moi !
Une fois les assiettes servies, je regarde d’un air distrait mon collègue proposer la sienne à son pokémon. Je m’attendais à ce que le pokémon cherche au moins à goûter, mais non. Il n’a pas l’air d’apprécier. C’était un signe, j’aurais dû le comprendre immédiatement. Si même un pokémon n’en veut pas, cela signifie forcément que l’on ne devrait pas y toucher. Mais il n’a pas écouté. Il a goûté. Et j’ai fait pire, parce que même après sa réaction qui m’a beaucoup fait rire, j’ai cherché à tenter l’expérience, à mon tour. Sérieux ? Il s’est passé quoi dans ma tête ? C’était complètement stupide de faire ça. Mais je l’ai fait. Et maintenant, ben je le bouscule pour prendre la place sous le robinet d’eau de l’évier. J’ai besoin de boire. J’ai trop soif. C’est beaucoup trop salé. Je crois que l’on a un peu trop abusé sur la quantité. Ils disaient d’en ajouter, mais peut-être pas à ce point. Bordel, c’est trop INFECT ce truc. Comment c’est possible qu’un truc si bon normalement puisse devenir si ignoble en quelques instants seulement ? Argh. C’est trop dégueulasse.
▬ Tu n’aimes pas l’eau ? C’est trop chelou ça... Genre tu as peur de fondre s’il commence à pleuvoir ?
Je me marre tout seul. Parce que maintenant, j’ai une image d’Aram qui sautille comme un débile pour éviter les gouttes de pluie. Genre c’est stupide. Mon cerveau me montre ça, mais je ne pense pas que ce soit possible dans la réalité. Enfin... j’espère pour lui. Sinon, c’est que c’est vraiment grave son problème d’abhorration de l’eau. Bon, il se marre. Je suppose donc que ce n’était qu’un simple délire. Enfin... je ne sais pas trop. Mais du coup, je me marre aussi. Je ne sais pas trop pourquoi. Parce que là, on a surtout l’air de deux idiots. Mais je ne sais pas. Je trouve que c’est drôle. J’ai l’impression de retrouver un peu l’ambiance que j’avais à Smashings, et ça fait un bien fou. Peut-être que je tente un peu trop de me raccrocher à mon passé, mais c’est bien la première fois que je m’amuse autant depuis que j’ai quitté ma région natale. Gawin et Idris commencent vraiment à me manquer. Ce serait cool qu’ils puissent débarquer ici.
▬ Je regrette presque qu’on n’ait pas filmé ça. On aurait grave pu faire le buzz sur internet avec ça. J’suis certain que les vieux du conseil auraient gravé ragé avec ça. J’crois que Madeline m’aurait tué si on avait fait ça... Mais j’crois qu’pour la barre de rire, ça aurait valu le coup.
J’explose dans l’hilarité lorsqu’il ajoute que ça aurait mieux fonctionné sans le sel. Sérieusement ? Ouais. Je me marre trop. On est bien trop ridicules à ne pas être capables de préparer un simple plat de pâtes alors que l’on est tous les deux des champions de la Ligue. On aurait pu faire le buzz sur internet, mais on aurait sans doute été la risée des médias au passage. Genre gros coup dur pour l’image de l’institution. Mais du coup, j’ai une belle confirmation. La cuisine, c’est préférable que je laisse ça aux autres. Je n’ai tué personne aujourd’hui, mais on aurait bien pu connaître un funeste destin. Je pense que je vais retenir une seule chose de cette expérience : je ne dois absolument plus m’approcher d’une cuisine, d’une casserole ou de n’importe quel ustensile initialement destiné à la préparation des repas. Je suis une catastrophe dans le domaine. Il est donc préférable pour moi-même, ainsi que pour le reste du monde, que j’en reste éloigné.
▬ Nan ? Tu crois ? La prochaine fois, on devrait peut-être tenter avec un peu de poivre. Ça pourrait être encore plus drôle, à défaut d’être comestible.
Je ne sais même pas comment on parvient encore à faire de l’humour de bas étale alors que l’on se bat encore pour se rincer la gorge avec de l’eau. Ce goût de sel, c’est vraiment ignoble. Je n’aspire plus qu’à une chose : m’en débarrasser. Mais avant de pouvoir trouver autre chose à manger, il va falloir nettoyer tout ce bordel que l’on a foutu partout. Parce que là, si j’ai bien compris, c’est un espace commun. Donc on ne peut pas laisser tout le foutoir en espérant que quelqu’un fasse bien sagement le ménage derrière nous. Ce ne serait pas correct. En plus, si j’ai bien capté, Arthur est totalement aveugle. Je n’ose même pas imaginer ce que ça pourrait donner s’il était le prochain à se pointer ici. Je vois déjà l’accident nous tomber dessus. On serait forcément responsable s’il devait lui arriver quelque chose. Lorsque je mentionne ça, Aram prend les choses en main. Je crois que je suis encore moins doué pour nettoyer que pour préparer à manger, mais je me garde bien de le dire. Une honte à la fois. Pour le moment, nous sommes sur un pied d’égalité avec notre secret. Je n’ai pas tant envie de lui offrir les cartes sur un plateau pour qu’il ait de nouvelles raisons de se foutre de ma gueule.
Il commence par se débarrasser de la bouffe en la faisant disparaître dans une poubelle, cachée sous l’évier. OK. Ce machin-là, je ne l’aurais jamais trouvé. J’aurais pu chercher pendant des heures sans même avoir l’idée de regarder là-dessous. Ensuite, il a foutu toutes les assiettes et autres trucs que l’on a utilisés dans le lave-vaisselle. Il ne cherche pas à le faire démarrer. Je ne sais pas pourquoi. Peut-être parce que ce n’est pas assez plein ? Je n’en sais rien. Je ne m’en suis jamais préoccupé au manoir. On avait des employés pour ça. Peut-être qu’ici aussi, ils ont des gens pour faire ce genre de choses. Un petit coup d’éponge pour faire disparaître les dernières traces de notre passage, et nous sommes prêts pour aller trouver un vrai repas au self. Il me demande alors pourquoi j’ai goûté après avoir vu sa réaction. Je ne peux m’empêcher de me marrer à ma propre connerie.
▬ En vrai, j’sais pas. J’crois que j’ai voulu voir. Je me disais que ça ne pouvait tout de même pas être aussi horrible que tu le laissais paraître. Spoiler : j’dirais que c’était encore pire que ce que j’imaginais.
Il me fait ensuite signe de le suivre. On quitte finalement le bâtiment pour se diriger ailleurs. Je pensais que ce serait à côté, mais on dirait bien que ce n’est pas le cas. Parce qu’on marche quand même pendant un bout de temps avant d’arriver à notre destination. Bordel, je comprends mieux pourquoi il a voulu tenter la cuisine avant. Mais maintenant, il ne nous reste plus qu’à espérer qu’on puisse encore avoir un truc à manger. J’ai trop la dalle. Peu importe ce que c’est, du moment que c’est comestible. Je pense que je ne vais pas faire le difficile. Mon estomac prime très clairement sur mes papilles en ce moment précis.
▬ Olala... Ça sent trop bon... J’ai trop faim avec cette odeur. J’espère qu’il en reste pour nous. J’me trompe pas hein ? Ça sent la vrai bolo avec de la viande, de la tomate et tout ? Pitié, dis-moi que ce n’est pas que mon imagination.
Lorsqu’Aram demande si l’on peut manger, le type de l’autre côté, l’employé, il nous regarde un peu bizarrement. Genre ça se sent qu’on le fait clairement chier à se pointer comme ça, à cette heure. Je suppose qu’il n’était pas loin de finir son service, ou une connerie dans ce genre-là. Mais il finit tout de même par acquiescer à notre question. On peut passer. Il précise que l’on peut prendre ce que l’on veut. Que c’est la Ligue qui paie notre repas, de toute façon. Ça, c’est cool. Je ne pensais pas qu’ils nous offraient ça. C’est loin des appartements, mais si la bouffe est préparée, que c’est bon et qu’en plus je n’ai rien à payer, c’est certain que je vais en profiter. Et si j’ai vraiment la flemme de marcher, je suppose que mon Corvaillus ou mon Vaututrice pourront toujours m’épargner cette peine.
▬ Il a l’air cool ce self, surtout si tout est payé. Tu le savais ? J’espère que le goût de leur bolo est aussi bon que l’odeur qui s’en dégage... Ah ouais. je n’ai même pas pensé à regarder avant d’entrer. Alors que c’est genre l’info dont j’ai besoin pour survivre.
Ouais. J’imagine sans mal qu’il doit y avoir bien plus de monde quand on vient aux bons horaires. Je suppose qu’on n’est même pas censé pouvoir manger aussi tardivement. Mais s’ils nous ont reconnu, ils ont certainement eu peur que l’on se plaigne à leurs supérieurs qu’ils ont refusé de nous servir. Je n’en sais trop rien. Je n’ai pas la moindre idée de comment ça fonctionne. Mais j’sais pas. Je suppose qu’ils ne peuvent pas nous mettre à la porte. Je suppose qu’avec ça, ils ne garderaient pas leur job bien longtemps. À ce moment, Aram semble m’interroger sur l’accord à faire dans sa phrase. Merde. je n’ai même pas vraiment suivi.
▬ Euh... normaux. J’crois. C’est les horaires, donc c’est pluriel. Mais j’crois que l’on s’en tape, non ? L’important, c’est qu’on va enfin pouvoir manger. Je sens que ce self va devenir ma deuxième maison. Parce que clairement, hors de question que j’approche de nouveau d’une cuisine. Je pense qu’on a eu la preuve que ce n’est pas pour moi.
Je me marre encore alors que j’attaque mon assiette de pâtes. Bordel. C’est trop bon. Rien à voir avec notre truc ignoble. Et soudain, j’ai l’impression que mes neurones se connectent. Genre... Il galère sur un truc de langage aussi simple ? C’est dans les basiques que l’on voit quand on est gamin, non ? Enfin j’ai répondu machinalement, sans même réfléchir. Enfin si. Mais je réfléchissais pour tenter de me souvenir de ce qu’il venait de dire. Mais du coup. En le regardant. Je me pose des questions. Il ne semble pas partager totalement la langue commune.
▬ Dis... J’me demande. Tu viens d’où, pour bug comme ça sur un mot ? C’pas ta langue principale ?
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