Depuis le repas de l'autre jour, je me sentais un peu comme un imposteur. Ces Pokémon que j'avais reçus en cadeau au prix d'une amitié de très longue date avec Raj me semblaient plus être un fardeau qu'un véritable présent. Certains des Pokémon avaient su trouver leur place dans mon environnement de vie - par exemple la Sucreine et la Roserade étaient désormais préposées à faire prospérer le petit jardin sur le balcon de la maison de Bonaugure ainsi que les plantations dans le jardin partagé de la ville. Les deux reines végétales se toisaient et avaient l'air d'entretenir une certaine rivalité, mais a priori, comme elles appartenaient au même dresseur-braconnier, les choses ne différaient pas spécialement de d'habitude. Les petits Pokémon... étaient égaux à eux-même en tant que petits Pokémon, insouciants et indifférents aux grands problèmes de la vie, tant que l'on voulait bien s'occuper d'eux. Qu'il était simple d'envisager la vie sous cet angle ! Le Mucuscule passait le plus clair de son temps dans une bassine d'eau histoire d'être toujours hydraté, le Cabriolaine transportait les autres Pokémon d'un point A à un point B de la maison, serviable qu'il était, et le Dodoala était quasiment tout le temps emmitouflé dans mes draps, dans une espèce de coma perpétuel qui avait le don de m'apaiser quand j'avais du mal à trouver le sommeil. Gage de nuit calme s'il en était, le koala faisait tout du moins office de doudou des plus mignons aux côtés de Tipouf, non mécontent de voir ses nuits grandement se rallonger sous l'influence du Pokémon Normal.
Tout semblait rouler comme sur des roulettes, mais il restait une inconnue dans cette histoire. Un Pokémon dont le caractère détonait avec celui des autres. En même temps, quand se posait la question de savoir s'il avait affaire à un être vivant ou non... toutes les cartes étaient brouillées ! Une petite machine programmée pour foncer dans tout ce qui bouge, ça peut être pratique dans certaines circonstances. Lorsqu'il faut protéger à tout prix la maison des cambrioleurs, passe encore ; cela dit, à Bonaugure, vous ne trouverez que tard dans la nuit... des vieux papys fêtards qui finiront leur soirée - les rares fois où ils font les fifous ! - à 21h30, oui. A vrai dire, je pensais que ce Pokémon avait eu un défaut d'éducation - si peu donné que celui-ci en ait effectivement reçue une - qui me semblait de surcroît totalement insurmontable. D'un point de vue extérieur, la situation pouvait sembler tout à fait cocasse : le Pokémon Acier/Psy fonçait pour avancer. Sans retenue aucune, cela ne le dérangeait absolument pas de foncer droit devant, même s'il y avait quelqu'un qui se trouvait sur son chemin, et, à vrai dire, surtout si quelqu'un se trouvait sur son chemin. Et si on prenait en compte le physique d'un tel Pokémon... bah il fallait imaginer un bloc de béton ou d'acier qui se déplaçait pour aller vous frapper, parce que oui, la chose/personne qui se trouvait toujours sur son chemin, il y avait de fortes chances que ça soit vous. Un peu simpliste comme façon de voir les choses, à vrai dire... J'en ai reçu des coups, mais j'ai toujours flanqué ça sur le compte de la jeunesse, de la naïveté et des manières qui allaient venir un jour ou l'autre, mais à force de voir les hématomes s'accumuler sur mon corps de lâche, il fallait se rendre à l'évidence. Quand le médecin, d'un regard extrêmement interrogateur, me demande si je suis un homme battu, il est peut-être temps de se poser quelques questions !
J'ai écumé les Internets pour essayer de résoudre le problème seul. J'ai ma petite fierté, et personne dans mon entourage direct n'avait de toute façon de clé à me proposer pour me sortir de cette situation fort problématique. J'ai essayé de le chouchouter, et somme toute il n'avait même pas l'air de détester ça. Il se laissait tripoter sans rechigner - caresser était un bien grand mot, on parle quand même là d'un corps lisse en métal, on est sur quelque chose d'aussi instinctif que de caresser son fer à repasser ou son robot-mixeur ! - et même dans son état de machine, il appréciait certains mets tels que le curry ou les malsaladas. Mais ça ne changeait ni n'excusait quoi que ce soit dans son comportement revêche. Et, il faut que je me l'avoue à moi-même, j'en ai un peu marre en fait. Du coup, j'en ai parlé à Marcus qui, dans son flegme légendaire, m'a dit que : "Les Pokémon Acier, très peu pour moi, mais tu devrais envisager de voir un éleveur Pokémon, petit. Peut-être qu'il en existe un dans ce monde qui sache dompter un Pokémon si singulier.". Je suis resté dubitatif assez longtemps, avant de me rappeler de la publicité sponsorisée Twitter que j'avais screené il y a de ça quelques semaines. Je retrouve la publication, et, miracle, en naviguant de threads en retweets, de comptes gouvernementaux en comptes spécialisés, puis de vidéos gênantes d'influenceurs grassement rémunérés en vidéos publicitaires, j'apprends enfin l'existence d'un Salon de l'Elevage qui a lieu dans vraiment pas trop longtemps. Je pense que du coup, on est pas trop mal ; je vais pouvoir faire mon marché comme il faut et trouver le nec plus ultra en termes de spécialiste en Terhal désobéissants !
~~ Floraville ~~
Bon, pour ça, il a fallu que je bouge de Bonaugure. En vrai, je bouge bien plus souvent qu'avant de chez moi, ne serait-ce que pour aller travailler en bibliothèque. Suivre les cours à distance de la fac de Féli-Cité, c'est certes possible de chez moi, mais la tentation de buller devant Netflix ou sur mon smartphone sur les réseaux est beaucoup trop forte. Au moins, quand je vais à la bibliothèque, je sais que ce n'est pas pour lambiner. De toute façon, je me dis que j'ai au moins contre moi le regard désapprobateur de cette pince de bibliothécaire si je me mets à flâner sur mon téléphone, plus celui de trois-quatre étudiants qui lorgnent sur le poste de travail public que j'occupe pour rien.
Mais bouger pour un événement ponctuel, cela fait longtemps que ça ne m'est pas arrivé. Je suis plus coutumier des premières sur Youtube que des avant-premières au cinéma, je suis plus habitué au déferlement de vannes sur Twitch que sur la scène d'un théâtre ou d'une salle de spectacles. Et les salons qui brassent du monde, à vrai dire, c'est presque une première pour moi. Du coup, quand on poinçonne mon ticket et que je me retrouve catapulté dans cette marée de stands, je suis perdu. "Je peux vous proposer un plan ?", me propose une hôtesse d'accueil avec le sourire le plus chaleureux au monde, bien qu'elle a dû adresser ce même sourire plus de mille fois depuis le début de la journée. J'accepte avec plaisir, et lui demande dans quel aile du pavillon se trouvent les stands des éleveurs tenant une Pension Pokémon. Elle prend le temps de m'expliquer le chemin dans ce labyrinthe, en traçant au stylo bleu le chemin sur la brochure qu'elle m'avait tendue. Plutôt malin comme façon de faire, me disais-je avant de la remercier copieusement et de me mettre en chemin. Je traverse de nombreux stands chamarrés qui font la promotion de produits ou de services plus innovants les uns que les autres. Des colliers kitschs connectés aux nouvelles méthodes de naturothérapie, du dernier best-seller "Éduquer les bébés Pokémon comme un bébé humain" au sonothérapeute de poche diffusant les cris et chuchotements ASMR de dix-huit Pokémon, il y avait vraiment de tout et de n'importe quoi. Des étals plus ou moins biscornus s'enchaînaient devant mes rétines, eu égard les affiches au graphisme plus ou moins bancal qui se présentaient à moi. On voit bien que le taff de certains, c'était simplement d'être éleveur et de vivre de sa passion, sauf si un jour le Comic Sans MS revient à la mode...
"Deux lots de dix kilos des nouvelles croquettes bio achetées, un lot offert ! Une offre exclusive au salon de l'élevage, ça serait trop bête de passer à côté !" Une femme à la voix puissante mais chaleureuse répétait inlassablement cette catchphrase, à une ou deux variations près. Le volume de son texte ne diminuait jamais, et elle ne manquait pas d'entrecouper ses deux phrases par des salutations et des apostrophes à l'attention des visiteurs toujours très nombreux tout autour du stand, alors que deux ou trois autres employés s'affairaient à remplir les gamelles de présentations à chaque fois qu'elles se vidaient. Le lancement de cette nouvelle gamme tombait à point nommé pour la marque Miamou, et le visage de tant de Pokémon émerveillés était un gage de qualité d'une fiabilité telle qu'une longue queue se formait devant le stand en question. Je suis à vrai dire un peu découragé devant la demi-heure d'attente qui m'attend, mais j'entraperçois sur l'un des larges supports de communication accrochés sur le stand que cette offre était aussi valable sur Internet sur saisie du code qui se trouvait sur un flyer. Il ne me restait plus qu'à trouver l'une de ces affichettes, que je saisis finalement au vol en l'arrachant presque des mains d'une jeune animatrice qui devait sans doute avoir été engagée pour cela. J'étais à "ça" de rentrer avec les trente kilogrammes de croquettes, mais je me suis rappelé qu'outre mon exceptionnelle Ecrémeuh, rien ni personne, pas même mes propres bras de fragiles, n'auraient été capables de transporter un poids si important jusqu'à ma baraque à Bonaugure. Hors de question de finir en sueur en rentrant ! Et ça se trouve, je vais m'éterniser ici, alors bon, autant ne pas se trimballer ce fardeau-là !
Je m'échappe donc peu à peu de ce hall plein de brouhaha, où se mêlent les hurlements des démonstrateurs et le bruit de machines toutes aussi modernes les unes que les autres, sans oublier les rugissements et cris de Pokémon plus ou moins heureux selon s'ils se faisaient chouchouter ou torturer, le tout bien sûr pour leur bien. J'essaie de ne pas percuter tout obstacle qui se présenterait à moi : mioche ayant perdu l'attention de ses parents, Pokémon un peu distrait, ou même des panneaux publicitaires mal placés ! Mais après avoir passé une espèce de sas entre deux halls formé par deux lourdes portes, j'arrive dans un hall beaucoup plus calme, dans lequel les échoppes serrées et régulièrement alignées avaient laissé place à de grands étendues pour chaque pension. Ceux-ci comportaient un stand analogue à ceux de l'autre hall où pouvaient se côtoyer des écrans présentant un diaporama ainsi que des flyers et des brochures. Certaines pensions avaient déployé des grilles rappelant le contenu des différents supports de communication, ce qui permettait de faire s'arrêter les visiteurs devant le stand, permettant ainsi à un employé ou deux de sauter sur les futures victimes d'un argumentaire bien ficelé. Mais à côté du stand, chaque pension avait installé un espace de démonstrations, généralement un enclos dans lequel étaient circonscrites différentes activités fil rouge et animations ou démonstrations permettant à tout un chacun de s'immerger un instant dans les us et coutumes de chaque établissement.
Mais moi, je cherche LA pension qui répondra à mes attentes. Si elle s'y connaît en Terhal rebelles, c'est un gros plus. Si elle n'est pas trop loin de la maison, c'est encore mieux, mais je suis prêt à faire des milliers de kilomètres pour trouver LE ou LA spécialiste qui sera en adéquation avec ma demande. Je me dis que je dois être en totale symbiose avec la façon qu'il ou elle a d'envisager l'élevage des Pokémon, et si l'éleveur propose des services sympathiques et une expertise avérée, ça sera le nec plus ultra. Sauf que bon, je m'y connais suffisamment peu pour me rendre compte au bout d'une demi-heure de flâneries qu'un peu tout le monde rentrait dans les cases. Mais mes yeux, petit à petit, glissent vers un kakemono parlant de communication entre humains et Pokémon. Parce qu'il y avait vraiment besoin de conscientiser cette relation ? Je m'approche du stand à qui appartient le kakemono et me mets à dévorer les différentes affiches au format A1 qui décrivent l'ensemble de l'historique et des services de l'endroit. Quand on m'attrape comme ça par la lecture, généralement, il est bien compliqué pour moi de m'enfuir... Et puis, cerise sur le gâteau, on parle quand même de lieux qui ne me sont pas trop exotiques. Les Éoliennes, à l'Est d'ici. Pour peu, je vais finir ma journée par une visite là-bas après la fermeture de l'exposition ! Je suis totalement séduit. Pokémon Acier, Forges Fuego... C'est peut-être ça qu'il me faut !
Coucou !
Je sollicite tes services pour : - enseigner la CS Vol à mon Etourvol (100 P$) - entraîner ce cher Terhal du niveau 16 (0/1) au niveau 50 (0/4) (aka 94 combats x 15 P$ = 1410 P$) Pour un total de 1510 P$ que je te verse immédiatement !
Installé dans le stand de la pension des Eoliennes lors du salon de l’élevage, Louis réfléchissait à tout ce que le départ de Nessa impliquait au quotidien, comme le fait de se trouver ici, à tenir ce stand. Louis se savait bien moins extraverti et surtout bien moins à l’aise que Nessa avec le public, et il aurait aimé qu’un autre éleveur de la pension s’y colle. Régis est un ermite, la foule, très peu pour lui. Quant aux autres, ils n’avaient pas suffisamment d’ancienneté pour prendre une telle responsabilité. C’était donc à Louis qu’incombait la tâche de reprendre le stand. Sans surprise, il ne s’en réjouissait pas spécialement. Il n’avait jamais été le genre de garçon à aimer être sur le devant de la scène, et cela n’allait pas changer. Il prenait son mal en patience, se raccrochant à l’idée que, la prochaine fois, il pourrait laisser la tenue de ce stand à l’un des éleveurs fraichement arrivés. Après, Louis voyait l’intérêt d’un tel événement lorsqu’on est éleveur, sa curiosité avait été éveillée par toute la partie du salon dédié aux nurseries. Il s’était promis de faire un tour par là-bas d’ici la fin du salon, même si cela l’obligerait à se confronter à tout ce monde. Il avait récemment fait part à l’équipe de son envie de se réserver une aile de la pension pour les jeunes pokémons et possiblement pour installer une couveuse. Nessa était enthousiaste à cette idée – probablement un peu trop, comme à chaque fois qu’une personne proposait un projet – mais il fallait convaincre Régis, qui était une nouvelle fois le client le plus difficile. Le salon de l’élevage allait lui permettre de sonder les produits et les prix, pour proposer un projet bien plus concret, bien plus précis sur le coût et les rendements.
En attendant, Louis devait reporter son attention sur la tenue de son stand. Quelques personnes s’étaient arrêtées et il avait bien fallu leur parler, discuter avec eux pour connaître les raisons de leur intérêt pour le stand. Louis a pu échanger avec deux jeunes coordinateurs qui sont intéressés par le métier d’éleveur et sont venus pour échanger avec des professionnels. Il ne se sentait pas forcément le mieux placé pour leur vendre le métier, bien qu’il adore son job. Il n’avait pas été l’étudiant réussissant brillamment lors de sa formation, il avait dû énormément travailler, principalement sur lui-même, sur son manque de confiance en lui. L’expérience avait été rude, et il doutait de pouvoir l’évoquer sans briser l’image idéalisée de ces deux jeunes gens. C’est pourquoi il préféra rester évasif à ce sujet, leur disant simplement qu’une pension ici-même, à Bonville, dispensait des formations pour tous ceux qui souhaitaient devenir éleveurs, qu’il était passé par là-bas et qu’il devait y avoir de grandes chances qu’ils disposent d’un stand ici-même. Bien évidemment, plusieurs personnes venaient en tant que clients potentiels, il fallait donc que Louis détermine rapidement quels étaient leurs besoins et si les Eoliennes pouvaient répondre à leurs attentes. L’éleveur n’avait aucun mal à dire que d’autres pensions étaient plus aptes qu’eux à prendre en charge certaines problématiques. Après tout, le milieu de l’élevage reste un milieu quelque peu restreint. Tout le monde ne se connaissait pas forcément, mais au fil des salons de l’élevage, les éleveurs se croisent, et Nessa était vraiment actif, à aller discuter avec les autres, à leur demander conseil quand il sentait qu’un pensionnaire dépassait ses limites. Louis s’en rendait particulièrement compte, car il avait vu plusieurs éleveurs venir au stand des Eoliennes et l’interroger sur l’absence de Nessa. Il avait dû leur expliquer la situation, et les gens n’étaient en général pas surpris de l’apprendre. Cela lui ressemblait, même si certains regrettaient déjà qu’il y ait moins d’animation ici. Il était certain que le caractère effacé de Louis n’allait pas lui permettre de remplacer son ancien collègue, et il en avait parfaitement conscience. Ce n’était qu’une question de temps avant qu’un des nouveaux éleveurs vienne prendre le relais et ramène l’ambiance instillée par Nessa. Louis pensait instinctivement à Lay-Ann, et avait hâte d’être sauvé de ce qui était une corvée pour lui.
En début d’après-midi, le salon semblait à la fois plus calme et plus bruyant. La foule était plus dense, mais la frénésie du début de salon s’était apaisée. C’est alors que Louis remarqua une personne semblant sérieusement s’intéresser aux affiches du stand. Il n’osa pas venir l’interrompre dans sa lecture et lui laissa un peu de temps. Il était le premier que la vendeuse des boutiques de vêtements mettait mal-à-l’aise quand elle lui demandait s’il avait besoin d’aide, et ne voulait pas vraiment infliger cela au blond visiblement concentré. Il attendait, patiemment, que l’homme le remarque pour prendre la parole, pour lui demander la raison de son intérêt pour le stand des Eoliennes. Eleveur, futur éleveur, client potentiel, commercial en recherche de partenariat, les possibilités étaient multiples et Louis les avaient toutes déjà croisées depuis le début de la journée. Une fois le regard du blond se leva vers lui, l’éleveur sourit, l’air légèrement amusé. « Bonjour. Je peux faire quelque chose pour vous ? »
TIENS. Je te rends enfin ton Terhal, qui est donc niv.50 (1/4). Et puis bien évidemment que c'est tout bon depuis le temps pour les CS. Mais je le dis au cas où. xD
"Oui, je crois que vous pouvez m'aider." Je lui réponds du tac au tac, comme ça, parce que je suis tout d'abord surpris de me retrouver nez à nez avec une personne réelle et non pas avec une simple affiche. Le jeune homme qui se tient face à moi semble somme toute plutôt agréable, au vu de l'expression toute douce de son visage. Je ne reconnais pas le blond que je vois de façon régulière sur les photos, donc, inévitablement, je m'interroge sur son identité. Néanmoins, son sens de l'accueil a l'air plutôt aiguisé, donc il doit certainement être quelqu'un de la pension.
"Bonjour Monsieur !" Je ne sais pas trop comment lui parler. S'il est sur ce stand, ce n'est pas pour rien. Il doit avoir quelque chose à faire avec la pension, je ne peux pas décemment lui parler comme si c'était un visiteur lambda. Mais bon, je vais botter en touche et éviter de le tutoyer mais aussi de le vouvoyer, histoire de ne pas provoquer de gêne. On verra comment il s'adressera à moi. J'en viens au vif du sujet, parce que je ne me vois pas trop tourner du pot à dire des choses comme *Ah, ça a l'air cool ce que vous faites* ou quoi. "Alors j'ai un petit problème. On m'a confié l'éducation d'un jeune Terhal, et il faut dire que je ne suis pas habitué à ce genre... d'interface, disons." Pour illustrer mon propos, je sors mon énergumène de Pokémon. Ah, je l'aime bien, sans doute bien plus que ce qu'il ne m'aime. Mais là, c'en est trop. Je ne peux pas attraper ce Pokémon qui pèse près de deux fois mon poids, mais je peux déjà m'interposer entre lui et le stand. J'en mène pas très large, encore une fois, parce qu'un impact est si vite arrivé... "Sa lubie, c'est de foncer sur tout ce qui bouge. Les meubles comme les êtres vivants. Avec lui, pas besoin de provocation ou quoi... S'il vous a dans le viseur, il ne vous lâchera pas."
Je sens soudain un son émaner de cette carcasse métallique, et le premier réflexe que j'ai à ce moment là consiste à le rappeler aussi sec dans sa PokéBall. Si je m'en fous d'avoir des bleus digne d'un passage à tabac, je ne veux pas être responsable d'une catastrophe matérielle hors de chez moi. "Mesure de sécurité. Du coup, vous voyez ce que j'endure... voyez par vous-même !" Point de pudeur, c'est comme chez le docteur : je soulève mon T-shirt qui laisse dévoiler un hématome de taille conséquente sur mon torse. Heureusement que ce sont mes maigres abdominaux qui ont pris l'assaut, sinon je ne serais peut-être pas là à essayer de redresser mon Pokémon.
Du coup, je m'interroge : sera-t-il taillé pour cette mission ? Appréciera-t-il de prendre des coups, si jamais son entraînement ne porte pas immédiatement ses fruits ? Après tout, l'éleveur est à peine plus grand que moi, et il semble autrement plus fin que moi, qui ai une légère couche de gras capable d'amortir très légèrement une attaque Bélier lancée à pleine puissance. J'espère qu'il ne sera pas une victime de mon Pokémon. "J'ai vu que vous aviez un programme spécial pour les Pokémon Acier dans je ne sais plus laquelle de ses affiches. Un truc aux Forges Fuego, je crois, je ne connais pas du tout cet endroit, mais je suppose qu'en y allant ensemble, il serait possible... je ne sais pas... de travailler ensemble certains trucs ?" C'est un peu naïf comme façon d'envisager les choses. Peut-être que ce travail doit se faire sans le dresseur. Peut-être qu'il y a une phase de soins ou je ne sais pas quoi qui doit être uniquement prodiguée par l'éleveur. Je n'en sais fichtrement rien, je n'y connais vraiment rien. "Vous savez, je ne sais vraiment pas comment m'y prendre, il faisait partie d'une équipe appartenant à un autre dresseur, je suppose... il fait partie d'une équipe de Pokémon volés qui se connaissent et s'apprécient entre eux. Je crois qu'il arrive à se tenir devant la Sucreine, par exemple, que j'ai récupéré en même temps que lui, et idem avec la Roserade. Je ne sais pas si c'est leurs parfums ou quoi..."
Cette logorrhée n'a que trop duré. Je crois qu'il faut que je laisse les professionnels faire leur boulot et prodiguer les conseils adéquats. Très certainement que lui a des choses très pertinentes à me répondre, qui pourront sans doute mener vers une sortie de crise. Je pense qu'avec toutes ces informations, il aura assez d'éléments pour effectuer un premier diagnostic et me rediriger vers le programme le plus adéquat. Avec ça, je saurai sans doute si le problème vient de moi, de mon Pokémon, ou de la relation que j'entretiens avec lui. Ça se trouve, on arrivera à déceler un traumatisme caché. Ou ça se trouve, ça sera juste une question de comment communiquer avec mon Pokémon. Déjà que c'est quelque chose qui n'est pas inné chez l'être humain, si en plus, il s'agit de communiquer efficacement avec un Pokémon un peu atypique...
Bouh. J'édite après minuit avec la suite de la commande, mais je récupère déjà mon Pokémon hihi ! Merci pour l'entraînement
EDIT : comme convenu ensemble :
Autres types à 30 P$/combat Mucuscule niv 21 à 60 - 18 + 30 + 80 = 128 combats x 30 = 3840 (-10% de réduction fidélité = -384) Arcko niv 15 à 60 - 5 + 20 + 30 + 80 = 135 combats x 30 = 4050 (-10% de réduction fidélité = -405)
Type électrique à 20 P$/combat Motisma niv 15 à 60 - 5 + 20 + 30 + 80 = 135 combats x 20 = 2700 Au total : 10590 P$ (-789) = 9801 P$ ... donc avec le P$ bonus, on arrondit à 9800 ! J'envoie les sous
Louis ne s’attendait pas à ce que le réflexe de surprise soit la réponse à la question qu’il venait de poser. Il fronça légèrement les sourcils, à la fois perplexe et intrigué, ce qui ne s’arrangea pas avec la salutation formelle qui s’en suivit. « Bonjour, je suis Louis, éleveur aux Éoliennes. » Nessa était la célébrité qui figurait au devant des prospectus, puis il y avait Régis, le propriétaire historique. Louis, bien qu’employé de la pension depuis un certain temps, chérissait son anonymat ; c’était bien la seule raison qui l’avait conduit à arrêter la coordination. Il se recentra cependant sur le jeune homme blond qui venait de se redresser vers lui et n’eut pas longtemps à attendre avant d’avoir la raison de sa présence au stand de la pension. Si Louis tiqua sur l’utilisation du terme interface, il n’en laissa rien paraître. Disons que ce n’était pas une appellation courante, même s’il parvenait à saisir le sens qui y était mis. Si les Métalosses acquièrent leur logique computationnelle surdéveloppée grâce aux quatre cerveaux cumulés via l’évolution et la fusion simultanée, cela ne signifie pas pour autant que les Terhals soient une espèce particulièrement intelligente à ce stade. Louis avait même plutôt souvenir de l’inverse. Ce qui vint à se confirmer par la suite du discours du blond lui faisant face.
Sans attendre, le potentiel client – tout du moins était-ce la lecture qu’en faisait Louis – poursuivit ses explications en laissant sortir le pokémon concerné. Un Terhal qui chargeait sans arrêt ; l’éleveur ne considérait pas cela comme anormal, même s’il comprenait sans mal le désagrément que cela pouvait causer. Cependant, au premier son émis par le type acier, son dresseur le rappela dans sa pokéball. La crainte de cet homme était-elle justifiée ou disproportionnée ? Louis ne pouvait le savoir ; il considérait son collègue David plus à même de le déterminer, le rose ne se risquait pas à de telles présomptions. Il fut d’ailleurs bien surpris lorsqu’il vit le t-shirt être soulevé sous ses yeux. Il sentit le rouge lui monter immédiatement aux joues. « Euh… oui. En effet, je vois… » Si Louis était fortement embarrassé, il se fit la réflexion que Nessa pourrait agir de la même manière. Ainsi, il rationnalisa sa gêne et surtout comment s’en sortir : en restant concentré sur la demande.
De toute manière, Louis n’eut pas vraiment la possibilité de faire autrement, son interlocuteur repartait de lui-même dans son soliloque. Il s’intéressait au programme en association avec les forges, se posait des questions. L’idée n’était pas mauvaise, selon Louis, même s’il ne se sentait pas forcément le plus à l’aise dans la démarche ; la spécialisation acier de la pension n’était pas la sienne. D’autres éléments affluèrent, le blond ne s’arrêtant pas de parler. Louis attendait patiemment d’avoir la parole, il se concentrait pour retenir un maximum de données, certaines l’interpellant plus que d’autre. Puis, finalement, le silence : c’était à l’éleveur de prendre la parole. « Je suis loin d’être expert en la matière mais, de ce que je sais des Terhals, c’est assez spontané comme comportement. » Louis se voulait rassurant avec cette première information, avant d’aborder les options que proposait la pension. « En général, lorsqu’il s’agit d’un problème de comportement, nous procédons de la manière suivante : nous organisons un premeir entretien avec le dresseur, pour connaître la situation et observer le pokémon, lorsque c’est possible. On essaie ensuite de cerner les besoins du pokémon en équipe, pour vous proposer un projet personnalisé, possiblement diverses options. Et c’est vous qui décidez. »
En effet, les situations de troubles du comportement étaient les plus complexes, cela demandait une certaine préparation d’équipe en amont. Cela ne se prenait pas à la légère de mettre en place une rééducation. Alors oui, cela impliquait un délai supplémentaire avant la prise en charge, mais c’était un temps indispensable ; Louis en avait parfaitement conscience et n’avait aucun mal à l’expliquer. « Vraiment, ça dépendra de la situation. Comme tel, j’aurais du mal à vous dire ce que nous pourrions vous proposer. Il faudrait prendre un temps plus long, possiblement avec un de mes collègues plus expert du domaine. » Ses explications le menaient immanquablement à monopoliser la parole. D’autant qu’il n’avait pas totalement terminé. Enfin, la suite allait offrir davantage d’ouverture à ce client potentiel. « Vous êtes de Sinnoh ? Parce que, même si vous nous confiez votre Terhal en pension complète, vous pourriez éventuellement lui rendre visite, voire travailler avec lui. Selon la distance, vos disponibilités, c’est quelque chose que nous faisons. » Louis se frotta l’arrière du crâne, avant d’agripper légèrement sa chevelure rosée. Il ne s’en rendait pas compte, mais l’éleveur était désormais bien plus à l’aise qu’au début de leur échange. Il parlait de ce qu’il connaissait, du travail de ses collègues, du sien. L’interface avec la clientèle n’était pas son fort, ni un exercice auquel il s’adonnait avec plaisir, mais la simplicité – et surtout la décomplexion – de ce jeune blond lui facilitait les choses.
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