Alola;

Elle était née. Elle allait sans aucun doute y mourir - et entre temps, le monde entier serait parcouru pour qu’elle puisse le comprendre, l’analyser, l’explorer. Surtout : l’explorer. Bonjour Vai’ata, j’espère que tu vas bien. J’imagine que tu es très occupée, puisque je tombe sur ta boîte vocale. Je t’appelais juste pour te souhaiter un bon temps des fêtes et une joyeuse nuit des Cadoizo. Comme elle avait fait pour tous les aînés qui étaient partis. Vai’ata avait partie le bal des départs. La jeune femme ne savait pas comment se situer par rapport à cette situation. Autant de l’envie que de l’amertume, ce besoin de déployer ses ailes, tout en restant sur la ferme familiale - elle ne savait pas, perdue et désorientée dans les ressentiments qui se mélangeaient. Mais elle ne pouvait s’empêcher de les aimer et essayer de préserver le contact avec tous ceux qui n’étaient plus là - de même qu’avec ceux qui étaient encore présents.
Elle voulait simplement préserver la famille qu’elle possédait parce qu’elle était si importante pour elle; davantage que tous les rêves qu’elle pouvait caresser du bout des doigts, davantage que la liberté tenue entre les bras, serrée précieusement pour ne pas la voir s’évader.

Ohana - “famille” ; personne laissé derrière, personne oublié. Il était assez amusant de considérer qu’ils vivaient dans cette ville; celle même qui signifiait la valeur la plus importante de l’horlogère qui avait pris son pokémon dans ses bras, revenant du début de journée. Comme toujours : la salle de sport où elle se pratiquait. Elle n’avait pas gagné des compétitions de bas niveau sans aucun effort déployé de sa part. Elle donnait tout ce qu’elle avait dès qu’elle était sur le ring - elle laissait l’angoisse se transformer en adrénalines, les pensées devenir les coups. Sans but de blesser sérieusement l’adversaire, simplement de gagner.
Elle laissait sa vie se dessiner sous les multiples occupations qu’elle se trouvait - entre aider les différentes associations qui tendaient la main pour des bénévoles, son boulot peu occupé d’horlogère, les réparations sur la ferme familiale, et la boxe. Entre les voyages pour explorer le monde payés souvent par les matchs de boxe parce qu’elle participait à des conférences, des matchs ailleurs - payés parfois par ses économies également simplement pour voir le monde.

Vaheana était cet esprit sauvage indomptable qui se plongeait dans les activités sans jamais y réfléchir; qui laissait le temps s’écouler sans aucune considération, refusait de s’embarrasser de trop d’inquiétudes par rapport à l’avenir qui les attendait tous. Parce que le passé était lointain et que le futur était incertain - elle préférait de loin se centrer sur le passé qui leur appartenait, lequel était entièrement leur. Elle préférait ne pas trop se questionner, ne pas trop anticiper, pour mieux profiter. Pour mieux être présente. S’amuser également. Quand Mii’Su sauta de ses bras, elle rit légèrement en le regardant. Tu veux te promener par toi-même, n’est-ce pas ?
Ohana avait l’odeur de la familiarité, cette effluve de réconfort qu’elle ne pourrait jamais oublier. C’était cette odeur qui lui manquait quand elle partait à l’autre bout du monde pour une raison ou une autre. Cette odeur qui lui assurait que peu importe ce qu’elle pouvait bien désirer, elle serait de retour au foyer. Cette sensation si particulière et douce d’être à sa place peu importe ce qui venait à se placer, de toujours pouvoir reposer les pieds sans aucun problème - et cette envie toute ancrée de ne pas partir pour ne pas les abandonner. Pour ne pas délaisser son petit frère et tout laisser entre ses mains - déjà qu’il avait pris la place auprès de leur mère pour l’aider. Toutes les raisons se tournaient vers sa présence à Alola.

Et tous les rêves se tournaient hors.
Une contradiction bien présente qu’elle ne pouvait éteindre - des flammes ardentes, incandescentes, qui brûlaient tout sur leur passage - qui nourrissait la détermination à obtenir la victoire quand elle était face à un adversaire. Quand les acclamations s’effaçaient et ne restaient que le bourdonnement de l’adrénaline dans ses oreilles. Définitivement, malgré son jeune âge et sa taille, malgré son sexe et genre, Vaheana se présentait en tant qu’adversaire redoutable à ne pas sous-estimer. Ce qui arrivait très fréquemment, lui donnant sans précédent l’avantage. Qu’elle ne rechignait pas à prendre. Vaheana ne donnait pas de chances, de tentatives - elle donnait des leçons d’humilité dès lors qu’on la pensait cible facile. Elle refusait d’être celle qui courbait échine, celle qui acceptait gentiment un rôle imposé - elle n’était pas produit de société, mais elle-même tout simplement. Elle se battrait avec férocité pour défendre les idées possédées sans la moindre crainte. Elle avait de l’énergie à revendre, personne ne pouvait lui enlever. Et ses mots pouvaient frapper aussi forts que ses poings - mais elle connaissait tout de même la juste mesure.