Mary Nephilim
C-GEAR Inscrit le : 05/09/2014 Messages : 1509
Région : Kalos
| Un homme combattant ses propres démons, perdant la raison au point de s’arracher l’œil, mais parvenant malgré tout à se transcender pour renaître de ses cendres et retrouver le chemin qu’il avait, jusqu’à présent, perdu de vue. C’est la dernière chose que je vois avant d’être engloutie.
Je suis envahie par un liquide noir comme du pétrole, obstruant toute vision. Bien que je porte l’Armure Noire, je sens qu’une force extérieure essaie de retirer chacune de mes protections, pour que cette eau aux couleurs sombres s’infiltre dans chaque pore de ma peau et me dissolve tel de l’acide.
Qu’est-ce qui me tuera d’abord ? La noyade ? La dissolution ? Les mains qui m’ont attrapées pour me mettre à l’intérieur de ce liquide étrange, et qui pourraient réapparaître d’un moment à l’autre pour me démembrer, petit à petit ? Ou bien cette voix qui perfore mes oreilles ? Elle est omniprésente, comme un cri qui ne s’arrête jamais. Pire que cela, elle s’amplifie depuis que je suis là. Ce n’est pas celui de l’homme que j’ai affronté tout à l’heure. C’est bien la voix d’un humain, mais la rage qui l’anime et qui la distord est bien plus primale. Plus ancienne. Comme vieille de plusieurs milliers d’années. Son hurlement me transperce de part en part. Est-ce cela qui créée l’espèce de liquide dans lequel je me trouve à l’heure actuelle ? Ou bien ne s’agit-il que d’un lieu de transition entre mon monde et celui dans lequel je dois me rendre à présent ?
Thagirion, le Qlipah de la Fausseté. Mais il n’y a rien de faux dans cette colère. Cette haine qui dégouline de cette voix et qui se répand dans cette solution chimique est tout ce qu’il y a de plus réelle. Je le sais, car même si je ne ressens que du dégoût et de la peur pour ce qui m’entoure en ce moment, tout ceci m’est étrangement familier. Peut-être que si Cross n’avait jamais été là, la fusion entre mon corps et le mélange de Binah et de Sathariel m’aurait transformé de la même façon. Peut-être que ce serait ce que je serais devenue.
Mais j’ai besoin de cela pour avancer. Je sais bien qu’au moindre faux pas, c’est ce que je pourrais devenir. Cependant, c’est à moi de transformer cette haine en énergie. De faire en sorte qu’elle ne pourra jamais faire de mal, à moi ou à mon entourage. Rassembler uniquement les Sephiroth ne feraient que répéter les erreurs des Armurois. Je pourrais me rapprocher d’Arceus, sans jamais vraiment l’atteindre, peut-être même jamais véritablement le menacer. Si je me contentais du pouvoir des Qliphoth, je deviendrais un monstre pur et simple, la Bête qu’Astéra m’a décrite lorsque je l’ai affrontée dans son Arène, à Flusselles. Alors, il me reste la troisième voie, la plus difficile d’entre toutes. Guidée par la haine et le désir de vengeance, tempérée par mes principes et les gens que j’aime, pour pouvoir créer le monde parfait, celui qu’Arceus n’oserait jamais construire de peur de perdre Sa puissance.
Je reprends contenance, et tant bien que mal, j’avance vers la source de la voix. Plus je me rapproche, plus je sens mes tympans vriller par ces cordes vocales dévastatrices. Ces ondes sonores lacèrent comme des lames d’air, mais je progresse, tant bien que mal, dans cet océan de ténèbres. Jusqu’à ce qu’enfin, je repère un point rougeâtre dans mon champ de vision. Comme je le pensais, cet endroit n’est rien d’autre qu’un nexus, séparant nos deux mondes. Et je dois me dépêcher de me diriger vers ce lieu que mon instinct de survie cherche à tout prix à éviter. Une mort certaine m’attend là-bas. C’est ce que mon système nerveux me répète en boucle depuis que je suis là. « Sors d’ici. Pars et ne te retourne pas, si tu veux vivre. »
Mais les Sephiroth en ma possession, elles, m’enjoignent à faire preuve de courage, car ici, je n’en trouverai nulle part, si ce n’est en moi-même. Et si je parviens bel et bien à sortir victorieuse de ce combat, alors moi aussi, comme l’homme que je viens tout juste d’affronter, j’en ressortirai grandie, détentrice d’une nouvelle puissance. C’est notre propre à nous autres humains. Notre capacité d’adaptation. Notre volonté qui nous permet de nous transcender, ne serait-ce que pour un instant.
Un instant. Une fois en possession de chacune des Sephiroth et des Qliphoth, c’est tout ce dont j’aurais besoin pour anéantir le démon que certains appellent Dieu.
Nombre de mots : 769 | | | | Mary Nephilim
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Région : Kalos
| Alors que je touche la lumière rouge du doigt, je me sens transportée ailleurs, comme si je passais ma main dans une porte entrouverte. Ma main droite passe d’abord, puis ma main gauche. Le bruit que j’entends constamment depuis ce qui me semble être une éternité s’intensifie. J’ai l’impression qu’on cherche à ouvrir mon crâne avec une perceuse pour atteindre directement mon système nerveux. Mon cerveau pourrait imploser au moindre signe de faiblesse. Mes muscles, quant à eux, luttent pour pouvoir passer de l’autre côté. La voix agit presque comme un courant d’air pour tenter de me repousser, mais je suis fermement accrochée à l’autre bout de ce portail. Petit à petit, j’avance chacun de mes membres, luttant comme s’il s’agissait à chaque fois d’un dernier effort.
Quand je passe enfin ma tête de l’autre côté, il n’y a plus que le silence.
Je parviens à glisser le reste de mon corps, et celui-ci tombe à la renverse alors que la gravité reprend son cours. Je me relève, non sans difficulté. J’accuse encore le contrecoup de ce qui vient de se passer, mais je crois que mon affrontement contre le soldat tout à l’heure ne m’a pas laissé tout à fait indemne. Je suis parvenue à encaisser davantage que n’importe qui, mais il ne m’a pas ménagée. Clairement, cet homme, en termes de force brute, n’a pas d’égal. Combien de gens a-t-il dû tuer d’un simple coup de poing ? Je n’ose guère l’imaginer. En cela, il me rappelle Astaroth et Asmodée. Je secoue la tête, chassant leurs visages de mes pensées. Je dois rester concentrée. Et je n’ai aucunement envie de me rappeler d’eux si ce n’est pas nécessaire. Moins j’ai affaire à eux, mieux je me porte.
Même en bougeant la tête pour étudier mon environnement, je sens que mon corps reste engourdi. Non, ce n’est pas tout à fait ça. La gravité n’est tout simplement pas la même. Elle est présente, bien plus que dans l’espèce de nexus où je me trouvais, mais elle n’est pas équivalente à ce que je pourrais ressentir sur la terre ferme. Non, je crois que je suis dans l’eau. Ou en tout cas, dans une sorte de liquide, à nouveau. Seulement, il y a bien plus de lumière, ce qui me permet de voir où je me situe. Mais c’est comme si des projecteurs écarlates éclairaient tout ce que je voyais. Mon champ de vision ne se résume qu’à des tons de rouge et de noir, même si je peux percevoir plusieurs formes, par ici. On dirait des vestiges d’une ancienne civilisation, tout comme quand j’ai acquis le pouvoir de Satariel. Mais celle-ci semble bien plus évoluée, plus avancée. Je vois des vestiges de colonnes, ressemblant aux bâtiments des peuples que j’ai étudiés quand j’étais petites. On dirait que cela remonte à l’Antiquité, au moins. Mais il y a aussi quelque chose de plus perturbant, plus… organique. Peut-être que c’est dû aux espèces d’algues qui constituent la végétation, et qui me font penser à des tentacules de Sépiatroces. Un frisson parcourt mon échine. Qui ou quoi que je puisse trouver par ici ne me voudra aucunement du bien.
Les murmures des Sephiroth en moi reprennent, m’intimant de faire preuve de la plus grande prudence. Mais l’une d’elles est particulièrement agitée. Je peux le sentir dans mon âme. C’est difficile de décrire comment une Sephira communique. Ce ne sont pas exactement des « murmures » au sens propre du terme, plutôt comme des impulsions électriques, des nerfs supplémentaires. Des cerveaux supplémentaires, d’une certaine façon, qui sont complémentaires. Mais elles ont un message en commun : dans la direction de ces vestiges, se trouve l’objet de ma venue, la source du Qlipah. Mais alors que je viens de faire quelques pas, le cri de tout à l’heure reprend, et me force à me couvrir les oreilles, m’arrêtant immédiatement. C’est plus proche, plus violent. En entrant dans ce monde, la personne à l’origine de cette voix a dû perdre ma trace. Et maintenant que j’ai repris ma route, elle se sent à nouveau menacée. Je ne vois pas d’autre explication.
Sauf que maintenant, je note davantage de férocité dans cette voix. Et ça m’inquiète d’autant plus.
Nombre de mots : 711 | | | | Mary Nephilim
C-GEAR Inscrit le : 05/09/2014 Messages : 1509
Région : Kalos
| Parmi les vestiges, je crois apercevoir au loin une sorte de temple, qui me fait penser au palais de Michael dans sa conception. Pas dans les matériaux utilisés, mais plutôt dans sa structure, et la façon dont elle a été pensée. Si je devais avoir les plans des deux édifices en face de moi, je suis à peu près sûre qu’ils seraient les mêmes. Rien d’étonnant, quand on sait à quel point les Qliphoth et les Sephiroth sont les deux faces d’une même pièce. Seulement, je vois ici l’influence néfaste de ce que les gens appellent communément « le mal » : une force incapable de créer, qui ne peut que corrompre. Les surfaces de pierres sont fissurées, fracturées de partout. Toutes les plantes qui auraient pu pousser sur cette terre aride sont desséchées. Le tout englouti par ce même liquide dans lequel j’évolue depuis que je suis arrivée ici.
Le cri s’arrête et reprend par intermittences, comme un message. Des fois plus forts, des fois plus faibles. Quel qu’en soit l’origine, je n’ai sans doute toujours pas été repérée. Je vais devoir l’affronter tôt ou tard, mais pour le moment, je préfère rester cachée. Je veux observer les mouvements de mon ennemi, apprendre à la connaître pour mieux l’abattre et…
« RAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAH ! »
Non. Je ne peux pas me voiler la face de cette façon. Pas quand ce petit manège dure depuis déjà un bon moment. Pas alors que ce sentiment grandit peu à peu au fond de moi, malgré tous mes efforts pour lutter contre. Après avoir déjà affronté deux détenteurs de Sephiroth et un Qlipah, après avoir effectué autant de missions pour la Team Galaxy, je pensais qu’une sorte « d’habitude » ce serait installée. Mais au contraire, elle est plus présente que jamais.
La peur.
Tout mon être frissonne devant ce râle distordu semblant provenir des tréfonds d’un enfer aux allures de profondeurs abyssales. Je tente de reprendre mon souffle afin de me calmer, ne serait-ce qu’un peu. Mais mon rythme cardiaque ne ralentit pas. Ce sentiment oppressant me harcèle sans que je puisse faire quoi que ce soit pour m’en débarrasser.
Qui que ce soit… Non, quoi que ce soit, ça se rapproche. L’Armure le sent. Je le sens. Une haine primale et destructrice. J’ignore quelle est la raison de cette rage, mais elle ébranle mon esprit tout autant que mon corps. Si bien souvent je ne sais pas si je ressortirais vivante des épreuves que j’ai dû traverser jusqu’à présent, cette fois-ci, c’est comme si je ne voyais pas d’autre issue que la mort, bien que cela me soit interdit.
« GRRRRRRRRRRRRRRRAAAAAAAAAH ! »
Plus le temps passe, et plus il est difficile de rester maîtresse de mes émotions. Mon instinct de survie veut à tout prix reprendre le dessus. Je devrais entrer dans ce qui reste du temple. Cela me donnerait une couverture, un moyen de piéger cette chose qui veut ma mort. Mais il n’y a que de l’obscurité qui en émane. Pas la moindre source de lumière. Si je rentre à l’intérieur, je prends le risque de ne même pas avoir le temps de riposter. Thagirion, le Qlipah de la Fausseté… Et pourtant, je n’ai rien senti d’aussi réel. J’ai du mal à saisir en quoi il s’agit de l’opposé de Tipheret, pour le moment.
« Grrrrrrr…. »
Ce qui était un cri à plein poumons, distordu comme si on hurlait sous l’eau, devient maintenant un son similaire à un bourdonnement. Mais ce serait une illusion de croire que la source du bruit s’est calmée. Contrairement à ce que beaucoup croient, la colère n’est pas forcément synonyme de chaos. Elle peut apporter la concentration, à la manière d’un catalyseur. Je reconnais bien ce processus, car c’est aussi le mien. Mais cela veut aussi dire une chose.
Cette créature est sur le point de me repérer. Si ce n’est pas déjà le cas.
Nombre de mots : 657 | | | | Mary Nephilim
C-GEAR Inscrit le : 05/09/2014 Messages : 1509
Région : Kalos
| Il me faut tous les efforts du monde pour bouger les jambes et m’avancer à l’intérieur du temple. La gravité n’aide pas, même si l’adrénaline m’a permis de prendre une décision capitale pour la suite des événements. J’ai l’impression d’être redevenue la faible et fragile jeune femme que j’étais autrefois, privée de toute la puissance, concrète ou non, physique ou mentale, que j’ai accumulée ces derniers temps. Est-ce ce que ressentent mes ennemis lorsqu’ils me voient, alors que la mort ne va pas tarder à s’emparer d’eux ? Est-ce ainsi que mes amis me perçoivent, lorsque je suis aveuglée par ma haine contre Arceus ?
Quel genre de monstre suis-je devenue ?
Dès mon premier pas au sein du temple, je me sens tout à coup plus légère. Je ne comprends pas la raison, mais il semblerait que l’attraction terrestre n’ait pas le même effet à l’intérieur, contrairement à dehors. Est-ce une spécificité de ce monde ? Du temple en lui-même ? Je n’ai pas le temps d’y réfléchir, et je ne le saurai sans doute jamais. Je dois d’abord me cacher, et vite. Au moins le temps de me faire oublier.
« Grrrrrrrrrr... »
Le bruit ne faiblit pas, bien au contraire. Mais je vois maintenant ce qui me poursuivait, malgré le peu de luminosité. On dirait un homme dans une armure bleu sombre, tirant vers le noir, mais des traces rouges parcourent le métal le recouvrant, comme un réseau de flux sanguins. Sa posture est étrange, à mi-chemin entre l’humain et l’animal, marchant parfois à quatre pattes, parfois à deux. Des souvenirs que j’en ai, cela ressemble à ma transformation, tandis que Binah et Satariel étaient entrés en conflit. Mais ce qui se trouve ici est bien plus sauvage, malgré la noblesse de son accoutrement. C’est là que je vois le casque se tourner vers moi. De la fente où sont censés se trouver ses yeux s’échappent une étrange lueur écarlate, la même que celle qui se trouve à l’extérieur. Est-ce une coïncidence, ou bien cela a-t-il un lien ? Je ne pourrais faire aucune affirmation, à l’heure actuelle. Malgré moi, ma respiration se fait plus forte.
Je suis prise au piège. Je n’aurais jamais dû entrer ici.
« GrrrrreeeaAAAAAAAAAAAAAH !! »
La chose s’élance vers moi et bondit, prête à me sauter à la gorge. J’ai juste le temps de baisser la tête pour éviter son gantelet, dont les doigts me font davantage penser à des griffes acérées, comme celles de la Forme Nocturne d’un Lougaroc. Pour m’en éloigner, je laisse l’Armure attaquer ses côtes, d’une série de coups de poing bien placés. Mais la créature encaisse bien. Sa tête fait volte-face, et la lueur s’échappant de la fente s’intensifie. Je n’ai fait que l’énerver. En réponse, elle tente de me saisir à la gorge, mais je parviens à attraper ses bras avant qu’elles n’atteignent mon coup. Je dois à tout prix la tenir à distance. Cette chose ne cherche pas à m’étouffer. Une simple pression sur ma peau, et c’est tout mon cou qui se disloquera, détruisant ainsi ma moelle épinière et réduisant à néant mon système nerveux, si les Sephiroth ne me protègent pas un minimum. Mais en à peine quelques secondes, je sens la pression de la gravité revenir. Mes jambes s’enfoncent dans le sol du temple alors que celui-ci craque, créant un cratère alors que l’armure essaie tant bien que mal de m’attraper.
Je ne vais pas tenir longtemps.
BAM !
Je sens une violente douleur dans mes avant-bras. L’armure vient de me saisir alors que je tentais de le repousser. Elle m’entraîne vers elle, et me donne un violent coup de genou dans le ventre, qui me propulse au loin. Ma colonne vertébrale est à deux doigts de craquer alors que je détruis le mur du temple, éjectée par l’attaque de mon ennemi sur plus d’une centaine de mètres. Je me relève difficilement, bien que mes jambes se sentent plus légères.
C’est là que je comprends. C’est lui qui exerce ce changement de gravité. Plus je m’en tiens éloignée, et plus je suis légère. Je ne sais pas quel est son champ d’action, mais il est clair que je dois tenir la distance. Je ne sais pas si je vais à nouveau pouvoir encaisser un coup pareil.
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