CAE #2 Volatilisés

Yantreizh s'est agitée, ces derniers mois. A voix basse, on évoque le même sujet, encore et encore : les disparitions continuent et personne n'a encore trouvé le responsable. Un climat de suspicion plane lorsqu'un inconnu passe dans la rue. On ignore si on reverra un jour les disparus. Non, je ne parle pas d'humain, ni de pokémon, mais d'une série de vol considérés comme parfait. On dit même que ce serait l'œuvre d'un spectre, et vous le savez peut-être, c'est le genre d'affaires dans lequel j'adore mettre mon nez ! Moi c'est Orion, de la chaîne Les Questions d'Orion, et voici mon enquête !

C'est peut-être de mauvais goût, de commencer avec tant de gravité pour parler d'une aventure assez légère, mais il faut avouer que ça a le don de capter l'attention. J'ai vraiment envie que cette vidéo fonctionne. Il faut dire qu'elle a eu lieu dans la ville de mon enfance. Même si je suis né à Illumis, c'est à Yantreizh que j'ai grandi. J'en connais les rues par cœur. Et comme mes parents y habitent toujours, j'ai souvent l'occasion d'y retourner, pour les weekend ou les vacances. Mais la retransmettre en vidéo, c'est tout autre chose. J'aimerais la montrer sous son meilleur jour, essayer d'intéresser les gens, qu'ils y voient autre chose que la seule Tour Maîtrise qui fait sa renommée. Ce n'est pas un documentaire architectural qui aura ce type d'effet sur la majeure partie de mes abonnés. Et comme je ne veux pas mêler mes proches à ma chaîne, pour préserver leur vie privée, je dois rester détaché. Une attitude qui ne me ressemble pas, mais il faut ce qu'il faut.

Avant toute chose, je suis retourné sur les lieux du dernier crime en date : la cuisine de Sylvie, où une tarte sortant du four a été subtilisée alors qu'elle se trouvait dans son salon.

J'espère avoir trouvé un équilibre, par le montage. J'espère en avoir montré suffisamment, avec les plans de transition tournés tout au long du processus. Je n'ai pas pu passer à côté de la mer sans l'intégrer au rendu, mais elle cède vite sa place à la grande rue commerçante, puis à des ruelles plus méconnues, aux maisons anciennes. A l'image, la progression semble naturelle, mais j'ai soigneusement choisi mon itinéraire pour éviter les coins à craindre. Je sais bien qu'il n'y a pas d'odeur en vidéo, mais en général, un problème de propreté ne fait pas que sentir et, en termes de sécurité, je ne suis pas rassuré de porter une caméra dans certains quartiers. J'ai déjà fait de mauvaises rencontres pour moins que ça, en rentrant de l'école, espérant profiter d'un raccourci pour gagner quelques minutes à l'arrivée. Peut-être que ça a changé, depuis que je suis parti, que les lycéens de l'époque ont abandonné ce spot une fois devenus adultes ? J'en sais rien et ça ne m'intéresse pas assez pour que je prenne le risque. Ce ne sont pas les beaux endroits qui manquent, alors autant se concentrer sur le positif.

Je n'avais eu aucun mal à trouver l'appartement de Sylvie. Je ne me souvenais pas du nom de cette rue, mais je suis passé tellement souvent devant, sans m'y arrêter ! C'était le chemin de l'arène de la ville, depuis l'école, et je l'empruntais chaque semaine pour aller en cours de sport et, certains soirs, pour voir ma sœur en compétition ou à l'entraînement. Avec une championne du type combat et une roller skateuse accomplie, nous avions probablement l'un des gymnases les mieux entretenus de Kalos - c'est peut-être ça qui l'a poussée à ce point dans le handball. A l'inverse, l'immeuble est… dans son jus. Rien de vraiment inquiétant, mais il témoigne de ses années, là où les quartiers les plus touristiques ou symboliques profitent d'un budget entretien plus important.