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» Cher Monsieur Aubier : JPP vi1 m'édé stp XOXO

Edel Aubier

Edel Aubier
Ex-Champion

C-GEAR
Inscrit le : 20/11/2017
Messages : 637

Sam 8 Mai - 15:49
J'étais quand même tombé sur le gros lot avec ce gamin, désormais mon disciple de lancer de Concombaffe. Je gardais toujours en tête l'hypothèse d'abord lancée par Élise que c'était un malade évadé de prison, ou plutôt (corrigeais-je désormais) d'un hôpital psychiatrique, surtout depuis que je l'avais vu à ce point catastrophé à cause de ce qui était arrivé au Concombaffe qu'il avait mal lancé et la façon dont il avait lorgné ma jambe comme s'il s'agissait d'un poteau fait en gressin. C'est-à-dire que je ne m'agrippe pas à tous les poteaux que je croise, mais un poteau fait en gressin, oui, je m'y cramponnerais. Après, peut-être était-ce moi, aussi, qui ne m'était pas suffisamment inquiété pour le pokémon malheureux ; mais bon, de là à me supplier comme il l'avait fait ? C'était plutôt de lui dont il aurait pu être fier, d'avoir réagi aussi vite avec son Oratoria. Enfin, le problème était réglé : Ma'u avait sauvé le pokémon, ma jambe était encore en un seul morceau, et le gamin était rasséréné. Mais ça ne m'empêchait pas de me demander d'où sortait ce bondissant travelo à couettes qui affirmait avoir vingt ans alors que je l'aurais vu au lycée sans sourciller. ...Non, si, en fait. Fichtre, ça faisait une éternité que j'avais pas mis les pieds dans un lycée, mais il faudrait que je demande à Camille si tous les jeunes étaient comme lui ou si c'est lui qui détonnait ! ...Et il venait de me faire penser « fichtre », par contre. Là, c'était vraiment moi qui datais.

Mais enfin, détonner... ça n'a que du bon. C'était sans doute pour ça que le courant passait aussi bien entre nous. À tel point que ce fut à peine si je haussai un sourcil lorsque mon allié du jour m'annonça tout sourire qu'il allait à présent se faire passer pour une fille.

...Ah, parce que toi non plus, faut pas qu'on te reconnaisse ?

Et un peu plus de grain à moudre pour la thèse de l'évadé – quoique, s'il avait vraiment dû dissimuler son identité, il l'aurait fait dès l'inscription, pas à retardement. Entre un mec qui s'habille en nana et un mec qui se fait effectivement passer pour une nana, il y avait quand même une différence qu'il faudrait qu'on m'explique ; mais enfin, dans les faits, ça ne faisait qu'une lubie de plus à ajouter au panier qu'on se trimballait. Peut-être que les malédictions de Tokopisco non plus faisaient pas du bien au cerveau. Identité secrète pour identité secrète, ma foi.

Ça roule Sorboul. Riri, alors. C'était pas terrible comme nom, « Aarii' », mais bon, j'étais mal placé pour faire une remarque de ce point de vue-là. Mais après un instant de pause, je me retournai vers lui en fronçant les sourcils : ...Mais ça marche vraiment c't'histoire ? Même quand tu fais la roue ? C'était quand même pas de prendre une voix aiguë et de porter des couettes qui suffisait à un homme de vingt ans pour se faire passer pour une fille, surtout en maillot de bain ! Mais après l'avoir scruté cinq secondes, mes doutes retombèrent. ...Ah quoique, ouais. D'ailleurs, je l'avais vu faire la roue sans que rien ne me choque (bon, je n'avais pas non plus franchement cherché). Puis il n'était pas grand : moins que moi. Et je me souvins qu'Élise l'avait pris pour une fille en voyant la photo. Je me disais aussi que t'étais vachement plate.

Les entraînements étaient finis ; le dernier coup de trompette-corne de brume avait résonné, et maintenant que tous les participants s'étaient regroupés dans un espace au pied des gradins, la compétition pouvait commencer.

Les passages avaient lieu au sein d'une zone délimitée par une clôture de cordes, décorée par endroits de palmes et de fleurs dans le pur style traditionnel et de ballons qui l'étaient un peu moins. De nombreux Concombaffe avaient été réunis au bord du sable : il convenait d'avoir l’œil pour identifier rapidement ceux en meilleure forme, mais on pouvait aussi arriver directement avec des Concombaffe pêchés dans un seau : le pokémon Psy d'un examinateur contrôlait qu'ils n'avaient pas été capturés, ç'aurait été de la triche, sinon. De notre côté, l'aide de Ma'ukele nous assurait de disposer de Concombaffe premium. Des enceintes diffusaient de la musique alolienne, guitare sèche et percussions, pour accompagner les prestations, mais on pouvait aussi demander une musique particulière.

Les candidats solos, premiers à passer, étaient un peu limités pour les figures puisqu'on ne leur envoyait pas de Concombaffe : c'était à pallier ce problème que servait la pince de ma super-épuisette ! Cela n'empêchait pas certains de réaliser des chorégraphies très inventives. Je regardais avec une grande attention chacune des prestations, extrêmement concentré, cherchant à jauger le niveau qui nous attendait en catégorie duo ainsi qu'à, potentiellement, piocher de nouvelles idées pour de futures participations. Voilà un lancer qui n'entrerait pas dans les annales... Elle, par contre, devait se débrouiller...

Pfiouf ! je marmonnais en serrant les dents. Ah, joli Butterfree Kick ! ...Un Guérilande StarWheel, intéressant ! Chez les habitués, le niveau avait encore augmenté depuis l'an dernier. La compétition était forte : chacun lorgnait ses concurrents.

Comme d'habitude, en revanche, d'autres étaient clairement là en amateurs. Il s'agissait souvent de jeunes du coin, ou de touristes qui étaient là pour un mois chaque année, bref, des personnes qui traitaient le lancer de Concombaffe comme une sympathique curiosité locale, sans percevoir toute l'importance qu'exigeait ce sport pour se voir élevé à la perfection. Parmi les jeunes, ceux qui se démarquaient un peu étaient les collégiens d'Akala qui pratiquaient le lancer de Concombaffe en Sport-Études, et que leur professeur avait sélectionnés : ceux-là avaient la technique, l'envie d'aller au bout, mais ils étaient trop scolaires. Leurs mouvements manquaient de spontanéité. Non : les plus sérieux, nos véritables adversaires, on les reconnaissait de loin. Rien à voir non plus avec ce zigoto-là qui venait d'exploser sa minable épuisette sur son genou – vue sa crise de nerfs, il en voulait, mais, bah, c'était raté pour cette fois. On n'arrive à rien en criant comme ça. La réaction de mon disciple me fit sourire, par contre : il était économe comme moi, j'aimais ça.

Si on rembourse... Ah mince : c'est vrai que j'étais champion d’Élite, je n'étais pas censé dire des trucs pareils. Je me retournai vers le candidat que l'on était en train de forcer à quitter la zone. Elle était nulle, son épuisette, t'façon. C'est pas la mienne que tu casserais en deux comme ça.

En tout cas, c'était bien, le gamin était tout autant concentré que moi ! Mais je n'en attendais pas moins. En plus des candidats en action, j'examinais aussi avec la plus grande attention nos concurrents qui attendaient, avec nous, leur tour de passage. De petits regards en coin s'échangeaient ; il fallait veiller à la sécurité de son épuisette, ou de sa réserve de Concombaffe. Mes fabuleuses lunettes de soleil étaient un atout de choix pour espionner en toute discrétion. À côté de moi, Aaron criait à tue-tête en direction des gradins. Niveau discrétion, on avait vu mieux ; mais enfin, ce n'était pas comme si quiconque ferait le lien entre lui et Edel Aubier, et ses questions étaient très pertinentes.

Les plus coriaces, répondis-je sur un ton de confidence, ce sont les anciens : je pointai du doigt certains des concurrents qui patientaient avec nous. Épuisette personnelle, peau tannée par le soleil, musculature précise et souple, vêtements assurant une bonne pénétration dans l'air... Ceux-là participent tous les ans. Des Aloliens pure souche. Tu peux être sûre qu'ils ont déjà plusieurs champions dans la famille. Tiens, voilà le neveu de Pectorius, le Kahuna de Mele-Mele, tu sais. Et la vieille, là, c'est la grande-tante de Mahieva, celle qui... Ouais, non, il allait pas connaître. Je me redressai un peu, pour me grandir : Mais t'inquiète. Aucun d'entre eux ne peut rivaliser avec les véritables Maîtres. Et on va tellement envoyer qu'on va exploser le compteur de points, ils pourront pas lutter.

Mon propre Maître n'était pas là, surtout ; mais je l'imaginais en train de regarder le tournoi en direct sur son petit écran, au poste. Eh bien, cette fois encore, je l'impressionnerais. Il me reconnaîtrait, c'était sûr, avec mes figures. Il fallait que notre duo soit à la hauteur. ...Aaron s'exerçait encore, puis il poussa une nouvelle exclamation en constatant que notre tour était proche. Mais la suite ne me laissa pas de marbre.

Tu rigoles ? Qu'est-ce que c'était que ce méga-enthousiasme alors qu'il était en train d'attaquer directement mon subtil costume de Camille Dulac de la Hauterive, modèle de discrétion et d'incognito ? C'est plutôt de toi qu'il faut se méfier, oui ! Camille Dulac est quelqu'un de parfaitement respectable, je m'étais un peu renfrogné derrière mes bouclettes et mes lunettes de soleil. À bondir partout comme ça, tu tromperas personne : moi, je propose qu'on raconte l'histoire du malheureux touriste qui s'est fait sauvagement attaquer par une gamine possédée par le démon, ce serait mille fois plus crédible. ...Mais ton vieux touriste, là : c'est quand même lui qui gagne à la fin. Je n'allais tout de même pas terminer notre démonstration étalé par terre dans le rôle du perdant. Parce qu'il trouve le Concombaffe ultime, celui qui apporte richesse et abondance ! Ou bien ils unissent leurs forces contre le démon de la plage...!

Tant d'idées, tant d'idées, à quelques minutes de notre passage : j'avais l'impression de préparer une prestation de coordination, sauf que nous étions deux, et c'en était encore plus enrichissant (si je passais outre le fait que le gamin était en train de honteusement dénigrer la haute valeur de mon déguisement). Le duo qui portait le numéro 19 avait fini son passage : c'était au tour du 20. Plus que quelques minutes avant notre tour.

OK pour une mise en scène, je soufflai à mon comparse. Cela irait parfaitement avec notre enchaînement de figures. T'as une idée de musique particulière ? Je crois qu'on mérite un peu plus que la radio...

Lorsque la voix du commentateur appela le numéro 21, je jetai un dernier regard à Ma'ukele, resté à l'arrière. Je me tournai ensuite vers Aaron debout à côté de moi. Les yeux plongés dans les siens, avec un grand sérieux, je décrétai :

Sois à la hauteur, disciple Riri.

Puis, droit, solennel, je tendis ma super-épuisette comme la lance d'un guerrier. Je vérifiai de l'autre main que les barrettes qui maintenaient ma perruque en place étaient bien fixées. Les applaudissements nous signalaient d'avancer.

Et, Aaron sur la gauche, moi sur la droite, nous pénétrâmes d'un pas ample, foulant le sable chaud, dans l'arène de lancer de Concombaffe.


Cher Monsieur Aubier : JPP vi1 m'édé stp XOXO - Page 2 Ada10Cher Monsieur Aubier : JPP vi1 m'édé stp XOXO - Page 2 Kess1112Cher Monsieur Aubier : JPP vi1 m'édé stp XOXO - Page 2 Akichi14une bonne idée ?
concombaffeélite

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Aaron Sakuragi

Aaron Sakuragi
Scientifique Hoenn

C-GEAR
Inscrit le : 18/09/2013
Messages : 2318

Région : Hoenn
Dim 8 Aoû - 14:57
- Ouais, je sais pas si vous êtes bien au fait d'internet, mais j'ai une chaîne Youtube où je me présente en tant qu'Aarii', une jeune femme, en gros. C'est un bon entraînement à être une nana ! Mais du coup comme j'ai pas mal d'abonnés, bah on pourrait me reconnaître au tournoi quoi, donc faut que je sois Aarii' ! Pour mes fans !

J'essaye d'expliquer sans entrer dans les détails de l'histoire avec mes parents mes enjeux quant à mon identité féminine à mon maître. Un grand sourire illumine mon visage lorsque j'évoque mes fans, ces personnes que je parviens à rendre heureuses en me contentant d'adopter mon véritable caractère en jouant à des jeux vidéos. Vu le nombre de personnes qui me trouvent agaçant, voir carrément chiant, je n'aurais jamais pensé qu'il soit possible pour moi d'apporter du bonheur à un aussi grand nombre de personnes. Bien sûr y a des haters, mais ceux-là je dois déjà faire avec dans la vie réelle depuis que j'ai décidé de ma travestir alors... J'ai l'habitude dirons-nous ! Et puis c'est fun de tomber sur des qui savent qu'insulter : la plupart du temps, dès que tu leur répond de manière un peu intelligente, ils perdent leurs moyens et je sens bien que je gagne sur le plan intellectuel. Ca a quelque chose de satisfaisant, même si je n'aime pas provoquer du négatif chez les gens non plus. Après, le risque, c'est qu'ils en viennent aux poings, mais en général je suis assez agile et réactif pour me défendre. Intelligent, aussi. En général il suffit de se mettre à hurler des trucs débiles et ça attire l'attention de tout le monde donc l'autre ose plus essayer de taper. Et si jamais ça suffit pas, profiter de la confusion pour lui latter un bon coup les couilles ou mettre un coup dans la trachée !... Heureusement, je n'ai jamais eu à en venir à de telles extrémités. La violence, c'est pas trop mon truc.
Sur ce même sujet de mon identité féminine, la question tout à fait légitime de mon maître à propos de la roue survient et je ne peux m'empêcher d'y répondre par un rire.

- Vous voyez, vous avez la réponse tout seul ! Vous vous concentrez sur ma poitrine ! Une nana en jupette large, quasi personne va essayer de regarder en bas car on peut pas bien voir son cul dans ces conditions. Y en a peu qui vont essayer de voir ce qu'il y a en bas chez moi. Puis pour la roue... Faut quand même avoir un œil de rapasdepic pour voir ça en plein mouvement, non ?

Les explications sur l'intérêt que les personnes lambdas portent à mon entrejambe passées, la compétition commence vraiment. Les candidats passent et je peux admirer leurs performances non sans une certaine passion. Je n'ai jamais été un grand fan du fait de regarder un sport, mais maintenant que je participe à la compétition, je trouve un intérêt tout nouveau à "tâter des yeux la concurrence". J'imagine que c'est encore une expression que je viens d'inventer, mais je la trouve assez parlante. C'est sûr que même le maître la comprendrait si je la lui sortais !
Maître qui est d'ailleurs bien concentré sur la compétition lui aussi si j'en crois les remarques qu'il fait. Adressées à personne, d'ailleurs, vu que clairement il ne parle ni à moi ni à l'air qui se trouve devant lui. Le guérilande starwheel m'interpelle aussi, d'ailleurs. Je n'ai encore jamais essayé cette figure, parce que j'aimais pas trop le rendu, mais j'imagine que si mon maître trouve ça intéressant alors il faudra que je m'y essaye. Ca doit un peu donner le tourni par contre... Bah, ça doit juste rendre le truc encore plus fun ! En tout cas, c'est marrant d'écouter Monsieur Aubier se parler tout seul, car j'ai l'impression que ça aussi me donne des indications sur ce que doit être un bon lanceur de concombaffes. Comme si chaque exclamation et chaque remarque, la plus futile fut-elle, pouvait avoir son importance pour mon entraînement sur la voie du Dedel.

Je ne peux cependant pas m'empêcher de cesser de l'écouter un instant, lorsque mon regard se pose sur un candidat qui brise carrément son épuisette tellement il est en rage. Tout de suite, je pense aux implications financières d'un tel geste, qui sont sûrement triviales, mais peuvent rapidement affecter les petites bourses. Et comme, vu sa dégaine, cet homme a l'air d'un passionné du peuple...
La réponse réflexe de mon maître sur le remboursement a le don de me faire ricaner. C'est vrai que c'est une bonne technique aussi, de simplement ne pas rembourser. Je doute que le club de lancer de concombaffes du coin n'ait que ça à faire que de courir les participants qui n'auraient pas donnés ce qu'ils devaient suite à la dégradation d'une épuisette. Et puis ce n'est pas comme s'il y avait des barrières qui pourraient empêcher que les candidats ne se sauvent non plus en cas de besoin. Même moi, si je voulais, je pourrais sûrement facilement m'enfuir sur le dos de Hope ou en ordonnant à Bowbow de m'emmener loin en faisant le petit Hulk poilu intimidant. Sûrement pour sa réputation, mon maître se fait ensuite plus sérieux et je hoche la tête à sa remarque, en bon disciple. La sienne, d'épuisette, c'est de la qualité et je suis sûr que c'est prouvé !

L'excitation montant alors que le défilé des candidats se poursuit, je ne peux m'empêcher de rafaler subitement de questions l'homme qui sera mon partenaire de lancer du jour. Il s'agit surtout de savoir comment juger les autres candidats et, lorsque mes questions trouvent des réponses, je me calme immédiatement, écoutant respectueusement les indications qui me sont données. Il me donne même quelques noms, qui me disent plus ou moins quelque chose. Je hoche la tête à chaque fois, signe que j'enregistre les informations. Même si mon maître finit par m'assurer qu'on va leur latter la gueule, je ne peux m'empêcher de me dire qu'il faut rester prudent.

Bientôt notre tour. Mon excitation est revenue aussi vite qu'elle était partie. Si j'étais sage le temps d'écouter mon maître parler, je suis maintenant à nouveau excité comme un statitik ! Je trépigne comme un gamin que ses parents emmèneraient pour la première fois dans un parc d'attraction... Quoi que ça ne m'est jamais arrivé vu que mes parents ne m'ont jamais emmené nul part, mais je suis sûr que si jamais je pouvais en faire l'expérience je trépignerais au moins autant que maintenant ! Voir plus, parce que quand même se serait avec mes parents quoi, faudrait au moins bondir sur place pour marquer le coup. En tout cas, je ne peux m'empêcher de faire une remarque sur notre duo improbable, en me disant aussi que l'humour ça sert toujours pour une compétition où le but reste de se donner en spectacle. Mon idée narrative n'a cependant par l'air de convaincre mon maître qui propose immédiatement un autre point de vue sur notre duo.

- Ca me va aussi d'être un démon et de me faire bolosser par vous et votre concombaffe, je suis pas difficile, puis c'est vous le maître !, la question qui vient avec l'acceptation de la mise en scène me fait réfléchir quelques secondes... Bah j'ai rien pour en mettre donc faudrait que ce soit une pré-enregistrée du staff de toute façon donc... Pourquoi pas un truc genre on est dans une cathédrale parce que respect pour la discipline et c'est grandiloquant de ouf et y a aussi des tambours ou un truc du genre parce qu'on s'apprête à tout péter, lieu sacré ou pas ?, j'essaye d'être le plus exhaustif possible sans connaître le nom des musiques, histoire que mon maître qui doit beaucoup mieux d'y connaître que moi sur leur playlist puisse sélectionner l'ambiance sonore qui nous conviendra. En plus, s'il arrive à trouver ça, ça tranchera forcément avec ce que font les autres participants qui y vont pour la plupart à coup de sons entraînants de plage. Une raison de plus pour nous donner des points d'originalité !

Notre numéro finit par être appelé. Je sens une petite pointe de stress monter en moi, mais l'ignore rapidement, animé par la prédominance de la certitude que je vais bien m'amuser, que mon maître aussi, et que quand tous les cas ce sera très drôle. Bien sûr, il y a un esprit de compétition à avoir et je suis persuadé qu'il est bien présent chez Monsieur mon supérieur déguisé, donc je ne dois pas le décevoir, mais l'amusement reste pour moi la chose la plus importante de cette journée.
Nous avançons sur le sable sous les applaudissements du public et je ne peux pas m'empêcher d'en faire des caisses, évidemment. Je tends en l'air la main qui ne me sert pas à tenir le seau et fait coucou à la foule, telle une Miss Kalos qui vient d'être élue. Même si je n'ai encore rien fait et qu'ils ne m'aplaudissent pas pour mes performance, je remercie le public, me retenant difficilement de déjà ajouter que sans eux rien de tout ceci n'aurait été possible. Le présentateur annonce nos noms dans son mégaphone et il est temps de commencer nos figures. Selon les instructions qui m'ont été données par mon maître plutôt, nous avons chacun une figure individuelle à effectuer et ensuite une figure en duo, pour laquelle j'ai eu une merveilleuse idée. Nous n'avons pas de trépassable ? Qu'à cela ne tienne !... Mais d'abord les figures individuelles.

Il m'a été assigné le canarticho rocket. Voulant mettre mon maître en valeur, je décide que la meilleure stratégie est de passer en premier alors je me précipite sur la plage comme un mal-élevé avant de faire le fier une fois arrivé à ma destination, les orteils dans le sable mouillé... Ce qui est un peut trop proche de l'eau pour effectuer mon lancer alors je retourne en arrière, m'amusant à jouer à la jeune petite gremlin turbulente à côté de mon maître dont la dégaine pourrait faire douter de la classe et du mérite. Par mon jeu aussi, j'ai l'impression de l'aider. J'aurais bien vraiment fait la petite démone, d'ailleurs, mais faute de costume qui rendrait ça compréhensible auprès du public, je me dis qu'il est mieux de m'abstenir. Il ne faut pas que ça ressemble à de l'art contemporain non plus !
Bref, je prends le concombaffe qui me semble adapté au canarticho rocket, dégaine mon épuisette dans un geste dramatique, et commence à effectuer la figure apprise seulement quelques instants plus tôt. Bien sûr, il y a aussi cette histoire de twist, sur lequel nous nous sommes entraînés également et que je ne dois pas rater. Alors je place mon épuisette assez loin de moi pour pouvoir faire la deuxième roue, mon twist, et je me lance !
Première étape : je lance le concombaffe dans les airs et devant moi, priant pour avoir calculé la bonne distance pour qu'à l'arrivé de la première roue, hop ! Il me soit possible de lui mettre un coup de tête pour le renvoyer dans les airs ! Ainsi je peux effectuer la deuxième roue, récupérer l'épuisette, et frapper de toutes mes forces dans la créature afin de l'envoyer le plus loin possible sous le regard que j'espère ébahit du public ! A l'arrivée cependant, je dois admettre que je me suis un peu raté sur un point : la distance du premier lancer du condombaffe était trop grande alors il a fallut que je fasse une sorte de cloche-pied pour réussir à lui donner mon coup de tête. Aussi, je l'ai senti heurter l'épuisette un peu trop tôt, ce qui lui a fait faire un arc de cercle plus conséquent que prévu après impact, et donc finir dans l'eau moins loin qu'il aurait pu. Ce ne sont que des petites erreurs, mais j'en ressens une certaine forme de culpabilité : et si mes bêtises nous coutaient la victoire ? Que dirait mon maître ?... Je ne peux m'empêcher de lui lancer un regard emprunt d'un peu d'appréhension alos qu'il doit à son tour effectuer son tir. Rapidement, je tâche de reprendre mon rôle de jeune fille turbulente qui ne conscent à le laisser tranquille qu'une fois qu'il est prêt pour effectuer sa figure. Un participant anxieux, c'est un participant qui ne plaît pas !

Mon maître effectue sa figure et, en bon disciple, je suis le premier à l'applaudir :

- Wouhou bravo !! Vous êtes si cool !

Je pourrais évidemment m'étaler pendant des heures sur à quel point cet homme est génial en ce qui concerne le lancer de concombaffes, mais ça risquerait de ralentir le concours et, surtout, il est temps de préparer notre figure à deux. Bien sûr nous nous sommes entraînés avant, mais il y a une chose que j'aimerais ajouter alors je m'approche de mon maître alors que nous sommes en train de nous placer et je lui demande :

- Dîtes, j'aimerais vraiment vous mettre en valeur en tant que grand champion alors... Est-ce qu'en plus de la figure en duo là, je peux être votre trépassable ? Enfin celui qui vous lance le concombaffe je veux dire, et je ferai ça de manière à vous donner la classe, promis !... J'espère que mes bourdes lors de ma figure ne vous ont pas fait perdre confiance en moi.

Ces mots ont beau être des signes de ma culpabilité en plus du témoignage de mon idée, je les prononce d'une voix ferme et déterminée. Je veux vraiment le faire afin de démontrer mon admiration pour celui qui m'a déjà permis de m'élever dans cette discipline si belle qu'est le lancer de concombaffe !



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Edel Aubier

Edel Aubier
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Sam 21 Aoû - 15:26
Ainsi arrivait enfin le grand jour, celui tant attendu après toute une année d'efforts et d'espérances, l'apogée de longs mois passés à s'entraîner dans la sueur et et les larmes, la cristallisation d'intenses années d'apprentissage auprès du plus talentueux des maîtres... Bon, un grand jour qui revenait, de fait, chaque année, et l'on ne pouvait pas dire que celle-ci avait été la plus chargée en entraînements avec tout ce que j'avais eu à faire, rapport à mon nouveau poste de champion de l'Élite et tout le tralala. (Les mauvaises langues me demanderaient peut-être pourquoi je n'avais pas de Concombaffe apprivoisé afin de pouvoir m'entraîner partout, mais notez que certains jouets en caoutchouc pour pokémons, spécialement lestés par mes soins, faisaient des Concombaffes de remplacement tout à fait convenables.) Il n'empêche que l'on n'entame pas un talent comme ça ! Et même si, une fois de plus, j'étais forcé de participer sous une fausse identité du fait de circonstances fâcheuses (et injustes), j'étais tout aussi fier et excité que chaque année en m'avançant sur la piste, sous les regards des spectateurs.

Cette année, donc, le touriste Camille Dulac de la Hauterive participerait avec Aarii', jeune pois sauteur et youtubeuse renommée dont l'un des buts, apparemment, était de... s'entraîner à être une fille ? J'avais toujours l'impression qu'il y avait quelque chose de pas net dans cette histoire, parce que n'était pas pareil de mettre des maillots de bain à jupette que de vraiment vouloir passer pour l'autre sexe, mais bon. Je n'étais pas non plus très au fait de ces choses-là, les questionnements sur le genre et tout ça, à part quand on me demandait pourquoi je disais "elle" pour Tokopiyon et que je pouvais juste répondre que quand elle intervenait dans ma tête c'était une "elle" et puis marre, et si j'y repensais tout à l'heure je poserais la question à Aaron mais là je n'avais pas eu le temps, puisqu'il y avait le tournoi. Simplement, j'étais assez admiratif de sa capacité à se faire passer pour une fille – et un peu envieux, aussi. Comme quoi, ça avait du bon, d'être petit et imberbe... On aurait dû me le dire quand j'avais vingt ans, j'aurais adoré en profiter. Sauf qu'à l'époque, je me déguisais en autre chose, et faire la jeune fille ne me serait sans doute pas venu à l'esprit. C'était triste.

« Et maintenant le tour du numéro 21, on applaudit le duo Aarii' et Camille Dulac ! »

Mais j'avais redécouvert depuis le plaisir des déguisements marrants ! Et le gamin et moi pénétrâmes enfin sur la piste, foulant le sable sous les acclamations avec le plus de dignité possible. Aaron, à ma gauche, faisait sa starlette ; moi, j'avançais d'un pas souple, adressant aux spectatrices une caricature de sourire charmeur depuis mes lunettes de soleil en agitant mes magnifiques cheveux-vaguelettes. Puisque le gamin jouait toujours le dynamisme, je voulais, par contraste, ralentir, les amuser un peu, afin qu'ils ne se doutent de rien jusqu'au moment où l'on sortirait le grand jeu en les laissant babas face à tant de maîtrise et d'audace. Sans qu'ils le voient venir, le touriste des plages et la demoiselle-dix-fois-trop-vive rafleraient la victoire et le cœur du public.

Nous étions parvenus au centre de la piste et la musique se mit à résonner. J'avais haussé les sourcils quand Aaron m'avait dépeint son souhait : « C'est compatible, ça, de l'orgue et des tambours ? » Parce que l'orgue était tout ce que m'avait évoqué son idée de cathédrale, mais j'imaginais mal ça mélangé aux tambours « parce qu'on s'apprête à tout péter ». Je n'avais pas non plus une grande culture musicale, il faut le dire : je me contentais le plus souvent d'écouter ce qui me tombait sous la main. Toutefois, en réfléchissant, un morceau m'était revenu à l'esprit et j'étais allé trouver le responsable de la sono pendant qu'on attendait l'appel de notre numéro. Ils avaient level up depuis l'année dernière : c'était pas la radio qu'on entendait mais une playlist Youtube, même si toute aussi bof que d'habitude, et ils avaient donc pu chercher notre musique pour la lancer quand il serait temps.

Tu voulais que ça pète, ça va péter, soufflai-je en revenant vers lui.

Le combo plage alolienne – Concombaffes – guitare électrique... Ouais, y'avait de l'idée.

Et c'était donc parti pour notre présentation. Dès que les premiers accords de la musique résonnèrent, le gamin et moi changeâmes de posture, entrant dans le rôle que nous nous étions assigné... ou quelque chose comme ça, puisque pour Aaron ça avait l'air de signifier agir comme d'habitude mais en pire, ce que j'approuvais tout à fait. Il n'était pas entièrement emballé par l'idée de la fille démone à cause de l'absence de costumes, mais j'étais d'avis qu'il n'en avait pas besoin pour qu'on comprenne l'aspect démonique vu c'était soit ça, soit qu'il avait avalé un Spoink d'après son agitation ; pour renforcer l'idée, je mimai au contraire le touriste effrayé, voire choqué par tant d'ardeur, tout en me plaçant en retrait. La démonstration commençait certes par les figures individuelles, mais nous étions un duo, et nos interactions seraient valorisées par le jury : il fallait que l'attention soit centrée sur Aaron pendant son passage, mais je me devais de jouer un peu à côté afin de créer un sentiment d'unité. Il m'y incitait d'ailleurs, à revenir vers moi pour échanger des grimaces, on aurait dit qu'il tenait absolument à se montrer un bon disciple ! Et cela me faisait sourire. C'était comme un mélange de sport et de théâtre, comme un mélange de coordination et de jeux du cirque : tous les arts du spectacle qui se mêlaient plutôt que de s'exclure, c'était ce que j'aimais.

Aaron réalisa un Canarticho Rocket de haute volée. D'accord, il y avait eu un petit cafouillage sur le premier lancer, mais il s'était bien rattrapé et qui dans le public (à part les champions ohaliens mal embouchés) le verrait ? Tout le monde applaudit et agita ses crécelles et je fis encore plus le touriste estomaqué ; il avait lui-même l'air un peu hagard, mais je lui adressai un sourire, le pouce vers le haut, pour l'encourager. J'imaginais les jurés gratter frénétiquement sur leur papier, distance de lancer moyenne, bon, mais il avait eu la fougue et l'originalité sur cette figure difficile, et compenser l'absence de ma super-épuisette par une tête sur le Concombaffe, riche idée !

Il ne fallait toutefois pas perdre le rythme ; et à mon tour, je disposai mon matériel pour mon tir. C'était vraiment dommage de ne pas pouvoir utiliser ses propres pokémons, mais je ne voulais pas décevoir mon disciple en commettant de nouveau cette erreur... Je me devais d'honorer les attentes qu'il plaçait en moi. Me concentrant en pensant à mon propre Maître, qui regardait sans doute à la télé et m'avait reconnu, c'était certain, à Camille aussi qui regardait peut-être (ou plutôt peut-être pas, mais je lui enverrais un enregistrement et je le tannerais jusqu'à ce qu'il le visionne avant de lui en faire un rapport circonstancié), j'attirai les regards avec des gestes grandiloquents. D'accord, ce qu'avait fait cette gamine démonique était bien, mais qu'est-ce que c'était par rapport à un professionnel, par rapport à ce dont moi, Camille Dulac, plagiste de compétition ou bien espèce de prêtre, j'étais capable ? Une fois le ton donné, je sortis trois balles d'une poche secrète et, en souriant, me mis à jongler. Hop, hop, hop, je les faisais bondir toujours plus haut tout en me déplaçant ; et soudain – « Ooooh ! »

L'une d'elle avait été lancée bien trop haut vers le ciel... et ce n'était pas une balle, mais un Concombaffe roulé en boule ! Et si je fis mine d'être étonné, je profitai en fait de l'élan que j'avais gagné en la propulsant vers le ciel, tout le corps tendu, pour faire un salto arrière (des années d'entraînements et d'acrobaties, ne pas réessayer chez soi sur le carrelage de sa cuisine). Soudain la tension était montée, mes lèvres dessinaient le trait fin d'un guerrier concentré. La réception du salto se fit accroupie, les bras tendus de chaque côté... pile au-dessus de là où j'avais posé ma super-épuisette. Je l'attrapai fermement... me redressai, lentement, tout en la faisant tourner devant moi avec de plus en plus de vitesse, comme les samouraï avec leur katana... mais à l'instant où l'on aurait pu penser que j'allais enfin frapper l'air – vlan ! Ce fut un second Concombaffe que je sortis de nulle part, pour l'envoyer voler dans le ciel où était parti le premier ! Et une seconde après, le premier redescendant, j'exécutai le mouvement ébauché et, mon épuisette fendant l'air, projetai le mou en direction de la mer, un beau jeté à la verticale. Double effet de surprise, la note d'inattendu qui venait agrémenter la propreté de l'exécution, on était sur du Double Greninja de toute beauté. Mais avec ma touche personnelle : alors que le deuxième Concombaffe arrivait, je le fis cette fois percuter mon épuisette dans un mouvement oblique, et le Concombaffe partit en arc de cercle en direction de la mer où il rebondit en jolis ricochets. Pouf, pouf, pouf. La rondeur après la flèche, la souplesse après la rapidité et le côté amusant pour clôturer. Tout le public applaudit, mon disciple le premier, et je jouai le fier. Mais c'était à la figure en duo qu'il fallait réserver le plus spectaculaire !

Justement, le gamin et moi revenions vers le centre de la piste. C'était maintenant le grand moment où la fillette et le touriste allaient se confronter pour savoir lequel des deux était, vraiment, le plus grand lanceur de Concombaffe de toute l'Alolienneté, ou peut-être était-ce l'heure de l'exorcisme auquel allait procéder le prêtre sur la pauvre enfant possédée, l'interprétation était laissée libre, un mille-feuille de sens pour le prix d'un ; en tout cas, ça allait envoyer du pâté. Mais avant que notre figure ne démarre, Aaron se glissa à côté de moi pour me demander une faveur particulière. Je haussai un sourcil : c'était inhabituel de changer ses plans en pleine prestation, surtout alors que notre figure était si bien rodée. Mais sa requête ne me paraissait pas impossible à mettre en place ; et puis, on ne pouvait pas se permettre de beaucoup discuter maintenant, juste sous le nez des spectateurs. Je devais écourter l'échange.

Ta figure était très réussie, joli cloche-pied, chuchotai-je rapidement, parce que le principal dans l'immédiat me semblait être de l'assurer de ma confiance en lui – et je ne pus m'empêcher de lui tapoter la tête, par réflexe, deux ou trois fois tout en parlant, comme on fait pour rassurer un enfant (je dois dire aussi que j'aime en profiter, quand je parle à quelqu'un de plus petit que moi). Si tu veux pour le Trépassable. Mais alors...

Je lui soufflai en quelques mots les changements à opérer dans notre figure, laissant le détail à son improvisation – je ne doutais pas qu'il y brillerait – et nous nous séparâmes. Je me plaçai au centre de la piste, Aaron vers la mer. Et la figure débuta.

Pour le début, il s'agissait d'imiter un Dimoclès ; ce serait plutôt un Monorpale, du coup, puisque je serais seul à manier l'épuisette, mais l'idée était la même. Je m'étais accroupi sur le sol, l'air inspiré, et je me redressai lentement, tête levée vers le soleil, me saisissant de ma super-épuisette avant de la tendre devant moi d'un air combatif et de la faire tourner comme un bâton de majorette, le filet d'un côté, la pince dans l'autre. La lame sainte qui allait sublimer la force démoniaque pour la renvoyer de l'autre côté de la mer et loin au-delà de l'horizon. Aaron me lança les Concombaffe : le premier, le deuxième. Je les renvoyai avec maestria en prenant des poses à chaque fois différentes, sautant en arrière en grimaçant parce que j'avais marché sur quelque chose de pointu mais transformant le geste comme s'il était prévu pour terminer avec élégance. Pour le troisième Concombaffe, le gamin se rapprocha d'abord de moi, avant de lancer le gluant mollusque vers le ciel. Alors venait le moment de vérité.

Mon disciple se plaça derrière moi, attrapa son épuisette. Je m'accroupis de nouveau en lui présentant mes épaules. Et puis, comme à saute-moumouton, il posa son poids sur moi – je me dressai – et – « YAAAA ! » – avec l'élan que nous avions pris, Aaron sur mes épaules, je le fis bondir en hauteur, il tendit l'épuisette, et il percuta le Concombaffe retombé du ciel avec toute la puissance de ses lancers. Au même instant, quelque part sur la plage, un gros BOUM retentit : timing parfait. Pokémons interdits, pokémons interdits... J'étais quand même pas responsable si un mystérieux Félinferno sur la plage avait décidé d'exécuter un Lance-Flammes juste après que j'ai crié « Yaaa », si ? Il fallait reconnaître que ça faisait un bruit d'explosion vachement sympa, un Lance-Flammes travaillé. Le gamin allait être content.

Je me baissai en même temps qu'Aaron frappait le Concombaffe pour lui permettre de retomber sans danger, et je terminais par une roulade arrière – finir avec classe, moi aussi, même si j'avais grimacé sous le poids de mon acolyte et que heureusement que je ne l'avais soulevé qu'une seconde parce qu'il avait beau être léger, ça restait un jeune homme, et je n'étais pas Musclor. Sauf qu'en faisant ma roulade, je sentis quelque chose de bizarre me glisser sur le crâne. Et un courant d'air frais sur le cou...

Ah, oui. Le machin dur sur lequel j'avais marché... C'était une barrette. Et pendant la figure, j'avais bien senti ça bougeait un peu, là-haut.
...Pourquoi je n'y avais pas fait plus attention ?

Ma magnifique perruque châtain ondulé façon rockeur des eighties reposait sur le sol telle un Poulpaf desséché. J'allai la reprendre, la frottai pour en retirer un peu le sable, mais il y en avait trop, puis je la fixai quelques secondes d'un air dépité. C'était une chouette perruque. Et puis, si en-dessous, j'avais eu les cheveux d'un brun banal, ou noirs, ça n'aurait pas été trop grave, on aurait très bien pu ne pas me reconnaître ; mais non. J'étais doté d'une pauvre chevelure blanche, toute décolorée, et si, maintenant, je ne passais plus mon temps à la teindre comme je l'avais fait pendant des années et qu'il y avait même des fans pour se faire la même coiffure que moi (Camille m'avait montré), n'empêche que ce n'était pas exactement le meilleur tirage pour passer incognito.

Faites que les organisateurs du concours m'aient oublié.

Malgré le problème qui venait d'apparaître, je revins vers Aaron et m'inclinai à côté de lui, très bas, très lentement, pour remercier les spectateurs qui nous applaudissaient. Les caméras, elles ne diffusaient que sur les chaînes locales, pas vrai ? Ensuite, je me penchai à l'oreille de mon disciple, et chuchotai :

Je file.

Et je m'enfuis en courant sans attendre de voir s'il me suivait.
Nous avions fait de belles figures ; même si nous n'aurions sans doute pas la victoire, je m'étais bien amusé. Mais, en cet instant, je regrettais surtout d'avoir gâché la première expérience de tournoi de mon disciple Aaron.


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