Comme je m'en doutais, la TSR ne pouvait rien faire pour m'aider. Ils n'avaient aucun moyen de faire la pression sur l'assurance, même s'ils ont un contrat avec elle. Du coup, même pas 15% du matériel détruit dans les locaux du CIROP me seraient remboursés. La justification ? Il ne s'agit pas d'une cause accidentelle, mais intentionnelle. Quelle bande d'enfoirés. Je les déteste. Ca me donne envie de trouver là où habitent les actionnaires et dirigeants de cette assurance de merde et de tout péter. Ou de leur péter la gueule directement, sinon, ça marche aussi. La colère me brule de l'intérieur, j'ai envie de pleurer, ou de casser quelque chose. Je mets un grand coup sur la porte des toilettes à ma droite, à m'en faire mal au poignet. Je m'apprête à recommencer, mais Snivy m'en empêche en bloquant ma main avec sa liane. Je lui demande de me lâcher, elle refuse et me frappe avec son autre liane. Une fois, deux fois, trois fois. Je finis par capituler. Je prends une grande respiration, je manque de fondre en larmes, mais je me retiens et je recommence à marcher jusqu'à l'ascenseur. Comment je vais faire ? Mon projet est terminé, foutu, jamais je ne pourrai me contracter un nouvel emprunt pour racheter des locaux. Les financements divers que j'ai ne suffiront pas. Je vais même devoir y mettre un terme, en fait. Je ne sais pas quoi faire, maintenant. J'ai quitté l'Université en croyant que monter un labo indépendant me permettrait de pratiquer les sciences librement. Non seulement je m'étais trompé, les mêmes contraintes pointaient de nouveau le bout de leur nez, mais aujourd'hui, je n'ai plus rien. Ni laboratoire semi indépendant - il faut dire ce qui est - ni poste dans une Université ou un laboratoire d'Etat. Et il est hors de question que j'ailles pleurer chez les Nosono pour un poste de technicien, cette fois. Même s'il va bien falloir que je finisses de rembourser mon prêt.

*Ding*. L'ascenseur est arrivé. J'entre, et je commence à descendre. C'est drôle, c'est un peu comme la descente aux enfers que je vis en ce moment. On n'en voit pas le bout. Les gens entrent et sortent à tour de rôle. Puis je suis sorti de ma torpeur par un visage familier. Celui d'une femme noire d'une soixantaine d'années qui vient d'entrer dans l'ascenseur. Après quelques instants, elle me reconnaît, et son visage s'illumine. Elle me salue chaleureusement et s'apprête à me demander comment je vais avant de se raviser. Elle vient de comprendre.

-... Je viens d'apprendre pour ton laboratoire. Ça fait pas mal de bruit dans la communauté scientifique, tu sais.
-Content de savoir que je fais le buzz... Comment ça va depuis le temps ?
-Moi, bah ça va écoute... et rigole, mais tu es un sujet clivant. Y a ceux qui compatissent, et ceux qui disent que c'est bien fait pour ta gueule. Parce que pas mal d'articles sur cette affaire ne manquent pas de mentionner le... ton de ton pokédex.
-Je suis au courant. J'ai lu les commentaires aussi. Au début, ça m'a fait un peu mal, mais bon, ça ne devrait pas m'étonner.


Les étages continuent de défiler sans que personne n'entre. On traverse les étages administratifs, ça bouge assez peu en pleine journée, à part au sein d'un même étage. On échange quelques banalité, pour éviter un peu le sujet. Martha Owens, une chercheuse en physique qui dispensait les cours sur les lasers en première année de Master. Je me souviens que je m'en étais très bien sorti à cette UE et que je m'entendais pas trop mal avec madame Owens. Visiblement, elle s'est souvenue de moi, c'est bien. Elle travaille aujourd'hui à l'Université de la Ville Noire, l'une des meilleures Universités d'Unys, et elle s'y plait beaucoup. Finalement, elle en vient à me parler de mes propres recherches.

-Tu sais que l'article que tu es en train de publier fait parler au labo.
-Il est pas encore publié, j'ai été victime du reviewer 2.
-Haha, bon courage. Ça devrait le faire, une des chercheuses de mon labo a été parmi les reviewers et était tellement emballée qu'elle nous a fait un petit résumé la dernière fois. Elle comptait même te contacter pour une collaboration future en fait... ce qui me fait penser que je vais bientôt être à la tête du labo et que si je ne me trompe pas, on a un poste qui va bientôt se libérer. Comme d'habitude, ça se fait par concours, mais je peux voir si tu ne peux pas avoir un contrat temporaire en attendant si tu veux voir comment ça se passe ici. J'ai entendu parler des raisons pour lesquelles tu as quitté l'Université, mais je t'assure que ce n'est pas partout aussi horrible.

La proposition me tira à peine un léger sourire. C'était une main tendue que je me devais de saisir, et qui serait peut-être une porte de sortie possible, mais j'avais du mal à m'en réjouir plus que ça.

-C'est gentil, tiens moi au courant si c'est réellement possible, mais considère que je suis partant.
-Pars du principe que ça va se faire, y a pas de raison que tu ne puisses pas. Et ça ira vite. On a un poste à pourvoir, on voulait le garder pour un postdoc, mais finalement ça ne s'est pas fait. La bourse de recherche est pas terrible mais ça dépanne.
-Merci encore...

L'ascenseur était déjà arrivé au rez-de-chaussée, nous avions terminé la discussion dans le hall animé de l'immeuble, et il était maintenant temps de nous séparer. Owens attendait un collègue, et je devais passer chez mes parents ce soir. Je leur annoncerais la nouvelle. Si je devais vraiment partir à Ville Noire, c'est toute une organisation que je devrais changer. Je garderais l'appart' au moins le temps d'avoir un poste fixe. Il allait aussi falloir que je réfléchisses au Refuge Psy. Cela dit, la Ville Noire n'est pas si loin. Deux heures en transports, deux heures et demi le temps de faire gare-Refuge Psy, ça se fait. Et puis j'avais déjà trop de choses à penser pour le moment. Trop de paperasse, notamment. Je m'inquiétais aussi pour Tristan.

---

Achat d'un Appeau (500pk$), merci d'avance (:
Edit : Achat notifié

12550 - 500 : 12050 p$
Retiré via PA.