J’avais dit que je viendrai, et me voilà. Cela faisait longtemps que je n’avais pas assisté à des combats de Ligue. Des prestations de coordination à l’Elite, oui. Des matches d’exhibition à la Master Tower aussi, mais la dernière fois que je suis venu ici remonte à plusieurs années, avant même que je ne me lance sur les planches. J’ai pris mes billets dès qu’ils ont été mis en vente, il était hors de question que je ne sois pas sur place. Je vais pouvoir assister au match d’aujourd’hui et de demain, c’est juste génial. J’ai tellement hâte de le voir sur le terrain, et puis voir son équipe en action aussi, parce que je n’en ai pas encore eu l’occasion. Enfin si, Waneta, forcément. J’ai eu la chance de contribuer à son entraînement et je suis curieux de voir comment elle va se débrouiller. Je n’avais jamais fait ça avant qu’il ne vienne à la pension, entraîner un Pokémon pour un niveau proche de celui d’une Ligue 1. J’ai dû demander de l’aide, d’ailleurs, à des gens que je sais bien plus compétents que moi dans ce domaine. Mais ce n’est pas le propos. J’étais tellement excité à l’idée d’être assis ici, dans les gradins, aujourd’hui que je n’en ai quasiment pas dormi de la nuit. Je ne lui ai même pas envoyé de message pour lui dire que je serai là. Peut-être que j’aurais dû, mais je ne voulais pas lui mettre de pression supplémentaire, comme s’il pouvait trouver important de faire bonne figure juste pour moi. De toute façon, c’est trop tard, ça va commencer et je sens déjà la tension parmi la foule. Nous savons désormais que le champion de la Ligue qu’il affrontera est Arthur Stockton, l’ancien maître avant la restructuration. Je me demande comment il traite l’information. J’espère qu’il n’est pas trop stressé. Forcément qu’il est stressé, je l’étais aussi quand j’ai dû combattre quand je suis passé à l’Elite, et c’était encore pire pour la prestation, lorsque j’avais été mis en concurrence avec Calypso Kanaloa. Quelle coordinatrice de talent ! Enfin, je m’égare encore.

La voix du présentateur se fait alors entendre au travers des haut-parleurs. La musique est à fond, et ce gars fait le show, vraiment. Il chauffe la salle avant le début du combat, et il sait s’y prendre pour mettre l’ambiance. Franchement, si j’étais venu ici tout gamin, j’aurais voulu faire ça dans la vie. Speaker pour la Ligue Pokémon ! Accès à tous les matches, avec une vue imprenable et en plus, c’est toi qui es payé pour ça, le rêve. Puis tout se calme ou alors l’inverse, le brouhaha se densifie, c’est compliqué à définir au milieu de tout ça. Arthur Stockton est annoncé et reçu avec ferveur par la foule en liesse, le champion fait son apparition. Il est impressionnante, son allure est impressionnante, l’allure qu’il dégage est impressionnante. Tellement cool ! J’envierais presque le challenger dont c’est d’ailleurs le tour d’entrer sur scène. Cela me fait sourire de voir tous ces gens crier pour une personne qu’ils ne connaissaient pas avant qu’il ne se présente ici. Bien sûr que je me lève et que je crie de toute mes forces pour encourager ce dresseur qui vient faire ses preuves, en bon supporter. Les deux hommes échangent quelques mots, ce qui est bien normal. Le combat va commencer. Je sens de plus en plus la tension monter. Je ne veux pas m’inquiéter pour lui, parce que tout ira bien, tout se passera bien pour lui. Il faut être optimiste, lui envoyer le maximum de bonnes ondes. Je ne suis peut-être qu’une personne parmi des milliers réunis dans ce stade, mais qu’importe. Les deux premiers Pokémon sont envoyés sur le terrain. Et… mon sourire s’élargit lorsque je vois apparaître la Drascore chromatique sur le terrain. Il était sérieux lorsqu’il m’avait dit qu’elle serait la première à fouler le sol du stade. Je croyais qu’il disait ça pour plaisanter, que c’était plus flatteur qu’autre chose. J’étais complètement à côté de la plaque et j’avoue que ça me laisse pantois.

J’aurais dû me douter que Côme disait cela sérieusement, il serait incapable de mentir ou de simplement être complaisant. En fait, c’est le cinnamon roll ultime, Côme. Typiquement le genre d’humain trop bon pour ce monde, et qui en plus a décidé de se battre pour lui. Il est inspirant, et c’est un modèle pour moi. Je n’en avais pas la moindre idée lorsque nous nous sommes rencontrés la première fois, chez moi, à la pension. Tout a changé avec son invitation pour ce séjour de spéléologie à Almia. C’était une période de doute pour moi, car le Polygone venait de me faire une proposition, d’être sauveteur urgentiste pour eux. Ce séjour avec Côme m’a fait comprendre plus d’une chose, mais la principale, c’est que ce gars-là est exactement ce que je rêve de devenir. C’est être à son contact qui m’a fait me décider, et d’accepter. Bien sûr, cela me prend du temps pour organiser ma vie et permettre au Polygone d’y avoir une place. Mais j’y arriverai. En prenant exemple sur lui, j’y parviendrai, je passerai chacune des étapes qu’il faudra passer. C’est un ranger totalement dévoué et avec une passion débordante pour les Pokémon, pour la nature, pour la vie. Et puis il est doué, en plus de ça, sinon on ne lui confierait pas des formations de secourisme dans les souterrains d’Almia pour les rangers, on aurait fait appel à quelqu’un d’autre pour tenir le Ranger’Inn qu’ils ont installé à Voilaroc. S’il a la confiance de sa hiérarchie pour ça, c’est que ça doit être un super ranger. Mais cela ne s’arrête pas là. Il porte quelque chose en lui, quelque chose d’indéfinissable que je n’ai jamais vu en personne d’autre. Une sorte d’innocence poussée à l’extrême qui, aussi admirable soit-elle, me fait m’inquiéter sur la possibilité que cela lui joue des tours, un de ces jours. Et pourtant, je sais pertinemment qu’il se battrait comme un Némélios pour protéger quiconque aurait besoin de son aide, il serait même possiblement prêt à se sacrifier s’il le fallait. J’aimerais dire que j’ai ça en moi, sauf que ce n’est pas le cas. Il est un héros sans même le savoir.

Allez, il faut que je me reconcentre, le match commence.

Est-ce que je suis déjà beaucoup trop à fond dans ce match ? Oui, totalement. Déjà que de base, devant ma télé quand je regarde les matches qui sont retransmis, je bouge dans tous les sens, je râle et compagnie que ça me rend insupportable – enfin, encore plus que d’habitude – alors je vous laisse imaginer en étant dans les gradins… J’étais nerveux pour Côme jusqu’à ce que je finisse par le voir entrer sur le terrain. Sauf que ça laisse place à l’excitation, à l’envie de voir l’affrontement contre Arthur Stockton. Alors si on ajoute le fait que Waneta débarque sur le terrain, je suis un véritable gamin. La Drascore est vraiment magnifique et ma fierté d’avoir pu l’entraîner n’en ressort que plus. Enfin, je n’ai pas grand mérite à tout ça, parce qu’à ce niveau, ça dépassait quand même un peu mon domaine d’expertise, et puis surtout que le niveau actuel de l’insecte n’est pas de mon fait, mais de celui de l’autre blond, celui qui est en plein milieu du stade. Je crois que je suis encore plus en ébullition que le jour où je me suis rendu sur le stade de l’Elite face à Saizo Masuda, c’est vrai que j’étais totalement hypé – et bien vite refroidi, mais bon… – parce que je crois qu’il y a quelque chose d’unique quand on vient sur un tel stade avec autant d’exposition médiatique. Puis bon, après la pression monstrueuse qu’exerce la prestation sur un coordinateur, le combat était pour moi une formalité, j’y suis un peu allé la fleur au fusil. Mais la Ligue, c’est directement dans le bain des combats – merci Captain Obvious – donc il n’y a pas de gros gros stress pour relativiser ce truc-là après.

« Euhm, excuse-moi... » Je relève la tête et découvre une jeune fille brune. Enfin jeune fille, elle doit avoir mon âge, ou peut-être un peu plus jeune quand même. Quoi qu’il en soit, j’attends d’en savoir plus. Et lorsqu’elle me demande si je suis bien Nessa, j’arque un sourcil, interloqué. Je ne me fais pas du tout à l’idée que les gens peuvent me reconnaître, cette notoriété due à mon passage à l’Elite n’est clairement pas intégrée. Du coup, ça me surprend un peu et je trouverais ça trop bizarre si c’est vraiment pour ça qu’elle est venue vers moi. Mais la suite me perturbe encore plus. Elle me demande si c’est moi qui me suis occupé de Waneta. Comment peut-elle savoir ça ? « Euh, oui, en effet. » J’avoue que sur le coup, j’ai du mal à répondre quelque chose de plus consistant. Comme ça, ça donne un peu l’impression de faire face à une stalkeuse, de Côme ou de moi, la question n’a pas encore de réponse, mais ça surprend. Au point que je ne sache toujours pas comment réagir face à elle. Vient alors le complément d’information qui éclaire totalement ma lanterne. C’est une amie de Côme, elle le connait. Voilà d’où elle sait tout ça et d’où elle a entendu parlé de moi. Pfiou, je souffle clairement. Du coup, ça veut dire que tout est cool. « Euhm, que ce serait sympa qu'on regarde ce combat ensemble. Enfin, si tu le veux bien ! Je ne veux pas t'embêter... » Ah bah carrément que ça serait sympa ! Moi je suis carrément pour, en fait. Les amis de Côme sont mes amis. Enfin, je suppose. Je ne sais pas si je devrais être aussi général là-dessus, mais bon, elle a quand même pas mal l’air d’être le même genre de cinnamon roll que lui. « Au contraire, avec plaisir ! Vas-y, assieds-toi, fais comme chez toi ! » Mon curseur d’enthousiasme est probablement un peu trop haut, je ne sais pas trop. En même temps, je suis comme ça avec tout le monde, donc bon… Je déplace ma veste sur le siège à côté de moi, pour la mettre sur le siège… de l’autre côté de moi, pour libérer la place. Je la laisse s’installer et lui tends alors la main. « Du coup, Nessa, enchanté ! » Je suis con ou quoi ? Justement, elle sait que je m’appelle Nessa, et je sais qu’elle le sait. Mais je me présente quand même, comme un gros débile. Ce serait peut-être plus intelligent d’essayer de faire connaissance non ? « Ça fait longtemps que tu connais Côme ? » Bah oui, parce qu’en plus, je suis du genre super curieux, et puis il est vrai que je ne sais pas grand-chose du ranger, quand on y réfléchit.

Comme pour nous interrompre, les premiers coups s’échangent sur le stade. Enfin, le Guériaigle du champion attaque, parce que de son côté, Côme opte pour une stratégie tout autre. Renforcer Waneta en lui permettant d’augmenter son attaque. J’ai pu avoir un aperçu de sa puissance en l’entraînant, et rien qu’avec ça, elle risque de taper très fort sur ses adversaires. Je reconnais que mon observation de la Drascore est bien plus poussée et je suis très attentif à ce qu’elle va pouvoir faire en combat. « Ça ne me surprend qu’à moitié de ne pas voir Côme partir directement à l’offensive. » Il n’est pas du genre à complexifier les choses à outrance et à partir dans des plans super tordus pour parvenir à la victoire. Après, je ne dis pas non plus par-là qu’il y va en mode brainless et qu’il part bourriner sans réfléchir, et il le prouve d’ailleurs. C’est une bonne entame de match, car même si Waneta encaisse le coup, elle ne bronche pas vraiment. Elle a la tête dure à ce niveau-là, je ne m’en fais pas pour elle. Mais le champion utilise Chute Libre pour empêcher l’insecte d’agir, son Guériaigle porte son adversaire, et j’avoue que c’est assez impressionnant. « Oooooh. » Il est évident que ce Stockton ne lui facilite pas la tâche, et ça semble super équilibré. Franchement, ça serait cool que ça continue sur cette lancée. Et au moment où l’atterrissage – pas très doux pour le coup – a lieu, Côme fait attaquer Waneta avec Crocs Givre. La morsure glaciale fait son effet et on voit bien que le rapace du champion est en mauvaise posture. « Il cache bien son jeu quand même, il a l’air tout gentil comme ça, mais voilà ce que ça donne en combat. » Nessa et ses petits commentaires, toute une passion. C’est juste génial d’être là, après, c’est vrai que ça ne se prête pas trop à une nouvelle rencontre, faire connaissance tout ça, mais entre deux actions, il y a moyen d’avoir une discussion un peu hachuré. On va s’en sortir !

En vrai, je me sens débile de lui avoir donné mon prénom alors qu’elle le connait déjà. Bon, je sais que je ne suis pas vraiment du genre à réfléchir avant de parler, mais là quand même… Au moins, j’en apprends davantage sur elle, j’obtiens son prénom. Sanae. C’est joli, dis donc. Je vais peut-être éviter de faire cette remarque à voix haute, je ne voudrais pas la mettre mal à l’aise ou passer pour un gros lourd. Enfin, je suppose qu’elle a déjà remarqué que j’étais un peu boulet sur les bord en relevant le fait que je me présente alors qu’il était établi qu’elle savait déjà qui j’étais, d’où le fait que je tienne à éviter d’en rajouter une couche. Autant lancer la conversation, cela vaudra mieux. Histoire d’en connaître davantage sur cette nouvelle personne. Nous avons un ami commun, Côme, et c’est tout ce que je sais d’elle en plus de son prénom. Je vais à la pêche aux informations, en quelque sorte. En tout cas, elle en sait bien plus sur moi que moi sur elle. Ce qui peut s’expliquer par d’autres choses que le fait que Mister Ranger lui ait parlé de moi. Je le vois d’ailleurs assez mal parler de moi, hormis éventuellement m’évoquer vaguement vis-à-vis de Waneta et de son entraînement. Je reste un des vainqueurs récent de l’Elite, et ma pension a obtenu ses quatre rubans Cérès. Même si ce n’est pas quelque chose qui me ravit, je possède une certaine notoriété. Alors c’est possible qu’on me reconnaisse, c’est même de plus en plus fréquent.

Enfin bref. Sanae m’explique que cela fait environ deux ans qu’ils se connaissent. Ah ouais, quand même. Se croiser plusieurs fois pendant tant de temps, peu surprenant qu’elle soit venue le supporter dans les gradins lors de son défi de ligue. Je trouve ça cool, que des personnes aient fait le voyage exprès pour soutenir Côme. J’avoue que c’était rassurant, d’une certaine manière, de savoir mes frères présents lors de mon passage à l’Elite. Mais revenons à nos Wattouats, la demoiselle me retourne la question, plus ou moins. Je suppose qu’elle connait les grandes lignes. « Yep, c’est ça ! C’est aussi simple que ça. » C’est vrai que j’ai rencontré pas mal de monde par le biais de la pension. Je me demande si j’aurais la possibilité de croiser autant de personnes différentes en m’éloignant des Éoliennes. J’ai un peu de mal à en dire plus, on s’est rencontrés, on s’est bien entendus. Il n’y a rien de spectaculaire et, d’une certaine manière, cette banalité est rassurante. Cette même banalité qui fait que je me retrouve ici, assis dans les gradins de la Ligue Pokémon en compagnie d’une autre amie de Côme. Les liens et les connexions, c’est fou le destin parfois. Waneta fait son entrée dans le stade face au Guériaigle du champion. Elle est impressionnante, peut-être encore plus que le jour où j’ai eu la chance de la voir évoluer à la pension. De ce que qui est retransmis sur les écrans – oui parce que je n’ai pas la vue perçante à ce point – la Drascore semble d’humeur à combattre. Je suppose que Côme l’a mise en condition. J’ai pu constater que les jours où elle n’avait pas envie, c’était un peu (beaucoup) la croix et la bannière pour l’entraîner.

Le ranger profite de l’ouverture du match pour permettre à Waneta de devenir encore plus dangereuse qu’elle ne l’est de base. D’ailleurs, nous échangeons brièvement là-dessus avec Sanae, nous mettant d’accord sur le fait qu’une telle stratégie n’est pas surprenante connaissant la personnalité du dresseur sur le terrain. « C’est tellement la mort de réfléchir à toutes les possibilités pour savoir comment démarrer de la meilleure des manières… » Et cela se passe rarement comme prévu. Je me rappelle parfaitement de ma chère Anthéa qui n’a rien eu la possibilité de faire lors de mon match d’Elite alors que je pensais qu’elle serait la pierre angulaire de mon équipe. Arthur Stockton poursuit les offensives avec son rapace, empêchant la Drascore d’attaquer en l’embarquant dans les airs. La chute se fait ressentir, mais Waneta ne se laisse pas faire pour autant, ripostant dès qu’elle en a l’occasion. Le coup est rude, ce qui est peu surprenant compte tenu de la faiblesse du Pokémon adverse à la glace. « Je ne m’attendais pas non plus à ce qu’il lance si vite les hostilités. Je suppose qu’on ne peut pas attendre trop longtemps avant d’attaquer. » Peut-être est-ce prendre trop de risques que de chercher à véritablement installer son Pokémon. Après tout, si on possède une équipe composée de six Pokémon lorsqu’on relève le défi de la Ligue, c’est pour qu’ils puissent tous montrer de quoi ils sont capables. C’est également ce que fait Arthur Stockton. Il utilise Demi-Tour pour que son Iguolta remplace le Guériaigle fortement affaibli. Et le reptile encaisse sans broncher avant de riposter. Fatal-Foudre, l’une des attaques les plus puissantes du type électrique. J’observe Waneta. Elle est en difficulté, mais elle est loin d’être à bout de force. Je crois que les capacités électriques, j’ai eu l’occasion de l’y habituer vu qu’elle s’est entraînée avec Ethiops. Côme n’a pas l’air de se laisser perturber par cela. En un coup, la Drascore évince son adversaire. Le ranger connait son sujet, c’est évident. « Carrément ! » C’est toujours impressionnant, je ne crois pas qu’on puisse s’habituer à ce genre de coup d’éclat. Sanae poursuit, me demandant si je savais pour la puissance de Waneta. La question me fait sourire et je l’entends se rattraper. Je ne peux m’empêcher de laisser échapper un petit rire. « Oui, j’ai eu l’occasion de constater de quoi elle était capable lors de son passage à la pension, alors je m’en doutais. Mais elle a encore progressé depuis la dernière fois que je l’ai vue. » La fin de sa phrase me fait tiquer cependant. Cela me gêne qu’on considère que je me suis occupé de son entraînement. C’est vrai, mais il n’y a pas que ça. Je n’avais ni le niveau ni les Pokémon pour lui permettre de se renforcer de la sorte. « Après, pour Waneta, j’ai fait jouer mes relations. J’ai la chance de connaître Aaron, un des plus grands spécialistes du type insecte de Sinnoh, et je n’aurais rien pu faire sans son aide et ses conseils. » Il faut rendre à César ce qui appartient à César.

Le Guériaigle fait son grand retour pour donner un nouvel – et, pour lui, dernier – assaut à distance. Pas de doute sur la Drascore, elle est à bout de force. Pourtant elle attaque encore, il est vrai qu’elle n’est pas du genre à s’économiser. Vient alors une nouvelle question, qui me prend de court. Il est vrai que je suis passé par ce genre de combat officiel, même si l’exercice reste différent. Je comprends ma démarche de Sanae, pour essayer de savoir ce que ça peut être de se retrouver là. « Je ne sais pas trop. J’étais tellement stressé pour la prestation que le match, le lendemain, j’étais clairement plus relax. » Il est vrai que je n’ai pas été particulièrement mis en danger par l’équipe de Saizo Masuda, suggérant que j’avais plus que le niveau requis pour cette étape. Tout n’a pas pour autant été simple. « Par contre, on peut prévoir autant qu’on veut en amont, ça se passe rarement comme on l’a imaginé. Je crois que j’étais tellement à fond dans le match que je faisais attention à rien d’autre. C’est super excitant et, en même temps, il y a cette pointe de trac qui ne s’efface pas. » Je ne peux pas nier que le dressage Pokémon coule dans mes veines et que ça reste une chose qui m’attire particulièrement, même si je ne me verrai jamais quitter la coordination. Mais ce n’est pas la seule chose qu’éveille en moi cette question. Non. Je deviens alors curieux sur cette jeune demoiselle, amie de Côme. Qu’en est-il d’elle ? « Et toi, ça t’intéresserait ? La Ligue, des matchs comme ça ? » Peut-être s’agit-il pour elle d’un premier contact avec toute cette cérémonie autour du combat, je ne sais pas trop. Je ne suis pas très doué pour analyser les gens, voire même pas doué du tout. Donc j’évite de me lancer sur ce genre de terrain, en ne présumant de rien concernant Sanae. La seule chose que j’ai déterminée jusque-là, c’est qu’elle est d’agréable compagnie.

Le match qui s’offre à nous ne s’arrête pas pour autant. Le champion fait appel à un nouveau Pokémon. Un Archéduc. Je ne sais pas trop quoi penser de ce Pokémon, j’en ai rarement vu en vrai. Quoi qu’il en soit, ce second rapace de l’équipe Stockton se hâte de faire tomber Waneta. Après avoir battu à elle seule deux Pokémon de l’adversaire, il était temps pour elle de tirer sa révérence sous la ferveur du public du stade. Elle aura largement rempli sa part du contrat. Je ne peux empêcher cette petite moue de poindre, même si je me rassure en me disant que nous allons pouvoir voir un autre des Pokémon de Côme. Son choix se porte sur Sedna. Intéressant. Il est clair que le calme de la Lokhlass contraste avec le caractère bien plus exubérant de l’Archéduc. « T’as vu, on dirait qu’il aime être applaudit ! » Le comportement de l’oiseau m’amuse, peut-être parce qu’il me rappelle Arnost. Le Kirlia aurait clairement tendance à s’enflammer à la moindre réussite. Chacun se prépare avant d’attaquer. Des deux côtés, ça mise sur les faiblesses de l’autre, c’est impressionnant. « Elle reste super calme, c’est fou. » J’ai bien eu l’occasion de constater la sérénité de Sedna, mais je ne pensais pas que c’était à ce point-là. Je me demande ce qu’a en tête Côme, à cet instant précis. Il n’est pas dans la meilleure des postures, le champion menaçant de revenir au score. J’ai hâte de la suite des événements. Je sais que le ranger a une équipe très diversifiée, il saura quoi trouver pour ce qui viendra. Cela me fait m’interroger sur les Pokémon qui peuvent partager le quotidien de Sanae. Je ne vois personne à ses côtés, et j’avoue avoir laissé tout le monde à la pension – hormis Anthéa que cela n’intéresse pas et qui reste dans sa pokéball, à ma ceinture – alors peut-être en est-il de même pour elle. « Et du coup, je me demande, quels Pokémon t’accompagnent ? » Je suis bien incapable de lui imaginer une équipe, comme ça. Trop de possibilités. Beaucoup trop. Ce qui me rend d’autant plus désireux d’en savoir davantage.

En venant seul ici, je m’attendais à passer ce match simplement au milieu de la foule, à supporter Côme de loin, sans qu’il ne sache que je suis là. C’est peut-être une pensée idiote, mais je n’ai pas envie que le ranger aille se mettre une pression supplémentaire en me sachant ici. J’étais parti pour me comporter comme un spectateur lambda, perdu dans la masse, mais la présence de Sanae change la donne. C’est une bonne chose, une excellente chose même. Disons que je ne suis pas le genre de gars qu’il fait bon laisser seul… De toute façon, je ne sais pas rester dans mon coin, je serais aller taper la discussion à n’importe qui pas loin. Enfin, pour être réaliste, je pense que j’aurais surtout embêté les personnes que j’aurais alpaguées. Je m’en serais rendu compte et me serais vexé tout seul. Sanae me sauve de ça, elle n’en a aucune idée et – on ne va pas se mentir – ce n’est pas plus mal. Puis la demoiselle est d’agréable compagnie, aussi. C’est important ça ! Elle est ouverte à la discussion, elle est sympa, je suis d’autant plus content d’être là. Du coup, forcément, on parle. On alterne entre faire connaissance et commenter le match de Côme. Et avec Waneta sur le terrain, cela aboutit à l’évocation de la pension et de l’entraînement de la Drascore. J’ai de la chance d’avoir de tels contacts, d’avoir de telles relations avec tant de personnes réputées dans le monde du dressage professionnel. Je suis également vachement chanceux d’avoir des collègues comme les miens à la pension. Honnêtement, ça change complètement la donne. Je ne suis pas forcément un si bon éleveur que ça, simplement que je sais m’entourer. « C’est un métier super valorisant, même si c’est éprouvant. La clé, c’est d’être conscient de ce qu’on est capable de faire et d’où se trouvent nos limites. Mais je suppose que ça marche pour tout. » Au moins, je m’en suis rendu compte en le disant, je me dis que c’est déjà ça. Bon, puis je ne présente que le côté positif, je n’explique pas que c’est extrêmement compliqué de trouver du temps pour ça, que ça demande énormément de sacrifices personnels, que ça m’a empêché d’être au chevet de ma mère et que je ne veux plus exercer le métier d’éleveur au quotidien. Ce serait un peu too much. Le but, c’est pas de plomber l’ambiance.

En peu de temps, Côme fait tomber deux pokémons adverses, et ce grâce à Waneta. Elle semble tout de même à bout de forces. C’est cool de le voir prendre l’avantage en ce début de match, je me dis que ça doit pas mal l’aider niveau confiance. Pour avoir vécu une expérience quelque peu similaire à l’Elite, avec un départ bien plus mitigé, je me doute que ça apporte un certain boost. « Ouais, c’était clairement quelque chose ! Terrifiant, mais qui donne envie d’y retourner. Je dois être un peu maso sur les bords. » Ça me fait rire, mais c’est exactement ça. J’étais flippé à l’idée que mon travail serait comparé et mis en opposition à celui d’un maître coordinateur, et je le serai encore si je devais le refaire. Au milieu de tout ça, avec le point de vue de Sanae sur le sujet, je finis par devenir curieux à son sujet. Et comme je n’ai pas vraiment de filtre, je lui pose directement la question, pour savoir si elle aimerait prendre part à de tels matchs, si ça fait partie de ses objectifs. Et je vais être honnête, je ne m’attendais pas à une réponse aussi complète, aussi réfléchie. Je… Waw. Jamais de ma vie je pourrais être aussi profond et philosophe. Je suis du genre à prendre des décisions importantes sur un coup de tête, parce que j’aime bien, parce que je pense que c’est la bonne chose à faire, et j’embarque mon petit monde là-dedans. Sanae, c’est autre chose. Genre la réincarnation de l’esprit de la sagesse. Qui à notre âge voit les choses de cette manière ? Qui possède cette maturité ? Même moi qui ai commencé à bosser relativement tôt – c’est ça de reprendre une pension du jour au lendemain –, je suis à des années-lumière d’une telle maturité. Après, je me dis que Côme serait totalement le genre de gars à voir les choses comme Sanae. Mais voilà, Côme n’est pas non plus un exemple standard de tout jeune adulte. Je ne dis pas ça comme un reproche, au contraire, c’est plutôt un truc que j’admire chez eux, que j’envie aussi un peu. Ça ne me ferait pas de mal d’être un peu moins nonchalant dans ma vision des choses. « C’est vrai que ça a été un nouveau départ pour moi… Je n’avais jamais vu les choses sous cet angle. » Clairement un nouveau départ, je suis aveugle ou bien bête pour ne pas m’en être rendu compte ? Bon, il y a eu d’autres événements plus importants dans ma vie personnelle, mais ça a aussi joué. C’est ce qui m’a fait comprendre ce que j’avais envie de faire de ma vie, de mon avenir. « En tout cas, je te souhaite d’y arriver, si c’est ce que tu souhaites. En tout cas, je trouve que c’est un beau projet, de la manière dont tu l’abordes, pour tes pokémons et pour toi. Et puis, tu pourras demander à Côme de te coacher, le moment venu ! » Je lance ça comme une plaisanterie, mais l’idée me fait sourire. Je vois trop Côme être embarrassé, parce que c’est monsieur humilité, et ça me fait marrer à l’intérieur. D’ailleurs, je ressens un peu la même vibe venant de Sanae, je trouve qu’ils se ressemblent pas mal dans leurs tempéraments. Bon, c’est sûr qu’en comparant à moi qui suis surexcité du bulbe… Voilà. Mais c’est vraiment ça. Pour quelqu’un d’énergique – à tendance insupportable – comme moi, je trouve qu’ils ont une personnalité apaisante. Ce qui s’avère super bénéfique pour tout le monde.

Sur le terrain, ça a l’air de mettre en place des stratégies, chacun de son côté. Côme se prépare à la défense en demandant à Sedna de créer un clone, et Arthur Stockton demande à son Archéduc d’augmenter sa puissance. Difficile de savoir quelle stratégie paiera le mieux. Je profite de ce moment où l’action redescend pour en apprendre davantage sur Sanae, en m’informant sur les pokémons qui partagent son quotidien. Je ne sais pas trop ce que ça pourrait dévoiler d’elle, mais je suis curieux. Je découvre donc qu’elle possède un certain nombre de pokémons, et de types plus que variés. Globalement, il se dégage quelque chose de très doux, de très calme, un peu comme elle. C’est amusant que ça se calque aussi bien sur ce que je perçois d’elle. Après, si ça se trouve, certains d’entre eux ont un vrai caractère de bourrin, même si ce n’est pas l’impression que j’en ai. J’ai surtout noté qu’elle possédait plusieurs pokémons de type électrique, ce qui me parle quand même pas mal. Puis il y a eu l’évocation de son Lucario. J’ai eu la sensation qu’elle a hésité un peu avant de m’en parler, et quand j’entends la brève description qu’elle en fait, je ne parviens pas à retenir ce petit rire. « Ne m’en parle pas, mon Riolu est une vraie tête de mule, à tendance solitaire, et pourtant j’adore ce petit grincheux. Alors je vois très bien de quoi tu parles. » C’est dingue, c’est un trait commun à toute l’espèce, ce caractère parfois exaspérant ? Je crois que ça me rassurerait, d’une certaine manière. Quoi qu’il en soit, la question m’est retournée, ce qui signifie que c’est à moi d’y répondre. « Alors… En plus des pokémons qui m’ont accompagné à l’Elite, j’ai un Arcanin qui a beaucoup trop d’énergie. J’ai une Togepi, que j’ai récupérée à peine sortie de l’œuf et qui a encore un peu peur de tout. Le Kirlia que j’avais pour ma prestation à l’Elite – qui a évolué en Gallame d’ailleurs – a un frère qui est encore un Kirlia. J’ai aussi une Baudrive qui a voulu quitter sa horde pour me suivre. Il y a aussi mon Limonde qui est… spécial, on va dire ça comme ça. Je ne suis pas sûr qu’il comprenne toujours tout. J’ai une Wattouat qui vit sa meilleure vie à la pension. Et puis j’ai un Lanturn et un Némélios qui m’ont été confiés par mon oncle et son meilleur ami. Et je crois avoir fait le tour. » En vrai, ça fait déjà pas mal de monde, et je pourrais disserter des heures sur chacun d’entre eux, à parler de leurs caractères, de leurs petites manies et compagnie.

Pourtant le combat qui se déroule dans le stade me rappelle à l’ordre. Après la préparation, les deux camps passent à l’offensive. Et ça envoie du lourd. En un coup, l’Archéduc vient balayer le clone de Sedna, et la Lokhlass riposte en lui infligeant de sérieux dégâts. « Wow. Ils rigolent plus là. Et ça fait bizarre de voir Côme en mode badass, aussi. » Ma remarque me fait presque rire, mais c’est vrai que ce n’est pas forcément évident d’associer cette caractéristique au ranger. Enfin, il est ranger et il s’y connait en spéléologie de l’enfer, donc il y a quand même une base. Il n’empêche que Côme est plus du genre poupou que badass. Il aurait des ailes blanches dans le dos et une auréole au-dessus de la tête que ça ne me surprendrait pas. Le souffle de la puissance attaque glace de la Lokhlass parvient alors jusqu’à nous. Et c’est un vent relativement frais. Je n’ose même pas imaginer ce que ça doit donner, à l’épicentre. Après, l’Archéduc semble donner du fil à retordre à Côme et Sedna, parce que je le vois opter pour une stratégie plus sûre qu’autre chose. Je ne prétends pas être dans sa tête, mais ça ne me surprend pas de lui que de préférer miser sur une certaine sécurité en s’assurant que Sedna puisse infliger un dernier coup avant de subir les assauts répétés du type plante. Je suppose que Côme se sent suffisamment en confiance pour ne pas vouloir à tout prix chercher le k.o. du pokémon lui faisant face. Enfin, je dis ça, mais en vrai je n’en sais absolument rien. Je ferais mieux de me contenter du spectacle. Et le spectacle nous montre Sedna qui finit par tomber, bien qu’il ne reste plus grande énergie à son adversaire Archéduc. « Oh. » Le public se soulève dans les gradins, parce que les gens sont venus voir un match de Ligue, ils n’ont pas forcément de camp. Ce n’est pas vraiment mon cas, ou plutôt devrais-je dire notre cas ? Sanae est ici pour la même raison que moi, supporter Côme, même s’il ne le sait pas. Alors je doute d’être le seul à être chagriné par l’issue de ce duel entre la Lokhlass et l’Archéduc. « Je ne m’attendais pas à ça… » Je ne sais pas vraiment quoi ajouter de plus, parce que j’étais à mille lieues d’imaginer le champion utiliser cette capacité. Pourtant, c’était exactement le bon moment pour le faire. Après tout, Arthur Stockton n’a pas été maître de la Ligue sans raison. « Je suis quand même bien content d’être coordinateur, tu vois. » Cette phrase à l’attention de Sanae est volontairement légère. On pourra dire ce qu’on voudra, je doute que les matches à l’Elite puissent égaler ceux de la Ligue, en termes de spectaculaire comme d’intensité. Il ne s’agit pas vraiment de la vocation première de la coordination… « Bon courage, pour le jour où. » En disant cela, je patpat doucement l’épaule de Sanae. J’étais parti pour une petite tape dans le dos, mais j’ai ralenti mon geste au dernier moment. Pas parce que c’est une fille, hein – enfin quand même peut-être un peu ? – mais simplement parce qu’on se connait pas très bien encore, et surtout parce qu’elle n’a pas trop l’air d’être du genre à chahuter comme je peux le faire. Pour l’instant, j’avoue que je ne prends pas trop la confiance, et ce n’est pas plus mal pour Sanae !

Le métier d'éleveur est bien différent de celui que j'envisage, mais l'entendre en parler montre à quel point il aime ce qu'il fait et qu'il est très professionnel. Enfin, non pas que j'étais sceptique au début, loin de là, après tout, il a à de nombreuses reprises prouvé qu'il n'est pas juste un dresseur comme les autres, que ce soit via sa victoire à l'Elite ou encore le bien que j'entends de son travail à sa pension. Non, c'est juste que c'est très agréable d'entendre quelqu'un parler de son métier avec une telle énergie. « Oh, je vois ! Hum, c'est vrai que ça marche pour tout. Maintenant que tu le dis, c'est vraiment pour tout... Je devrais garder ça en tête pour quand j'aurai le courage de devenir ranger à mon tour ! » Ce sont de précieux conseils, des mots que je ne dois pas oublier. Être conscient de ce qu'on est capable de faire et savoir où se trouvent nos limites... Maintenant que j'y pense, je n'ai peut-être jamais eu ce genre de pensées alors que je devrais. Il y a tant de choses sur lesquelles je trébuche ou que je ne saisis pas encore, et c'est normal ça fait parti du voyage, mais parfois c'en est frustrant, un peu.

Après un court instant, une question me titille un peu. Juste par curiosité, parce que j'ai parlé de vouloir devenir ranger. « Au fait Nessa, qu'est-ce qui t'a donné envie de devenir éleveur ? Euhm, si c'est pas indiscret bien sûr. » C'est toujours plaisant de parler de métier et de vocation ainsi que les raisons pour lesquelles une personne souhaite se donner corps et âme dans ce qu'elle a choisi comme carrière.

Je ris à ce que dis Nessa au sujet de son ressenti à l'Elite. « Ça doit être pour ça que tant de personnes continuent les combats intenses, pas que pour les combats comme ici mais en règle général ! » Ressentir de l'adrénaline, une pression qui pousse à aller de l'avant et à combattre... Ça doit donner envie de toujours en faire pour avoir un certain boost en soi.
Les paroles de Nessa me font chaud au cœur. J'ai petit à petit vu la Ligue comme un grand objectif collectif entre mes pokémons et moi, mais surtout pour mes pokémons afin qu'ils puissent, eux aussi, savoir ce qu'ils souhaitent réellement faire par la suite avec moi en tant que leur dresseuse. Je me suis dit que c'est quelque chose de normal, que beaucoup pensent de cette façon, mais apparemment ce n'est pas toujours le cas. Ce n'est d'ailleurs pas négatif pour autant, au contraire, ça me rassure de pouvoir partager cette vision avec quelqu'un qui ne voyait pas ça comme ça. « Haha je suis sûre qu'il ferait un très bon coach ! En tout cas, merci pour tes mots, ça me touche beaucoup. Je ferai tout pour y arriver, maintenant que je l'ai dit, ce serait bête de ne pas tout donner pour ! » On dit souvent que dire les choses à voix haute, en parler à quelqu'un ou l'écrire aide à se focaliser sur nos priorités et nous conditionne pour les atteindre. C'est juste quelques minutes, mais ça me donne déjà beaucoup de motivation et d'énergie positive pour la suite ! « N'empêche qu'imaginer Côme en tant que coach peut être amusant... Tu penses qu'il serait quel genre de coach ? » Petite question juste pour s'amuser, parce que je le vois comme quelqu'un qui serait sûr et en même temps pas si sûr de lui que ça quand il donnera des conseils.

Parler de son équipe, des pokémons qui nous accompagnent, c'est toujours un super moyen pour en apprendre plus sur l'autre. En plus, j'adore connaître les pokémons que composent l'équipe d'un dresseur ! Je suis plutôt soulagée que Nessa ne pose pas plus de questions sur ma mention de Sniper, et qu'il me parle à son tour de son propre Riolu, chose qui m'arrache un petit rire également. « Toi aussi ? Waw, c'est vraiment propre à leur espèce alors... J'en ai pas rencontré des masses, peut-être un seul, mais il était tout aussi têtu. Bon courage à nous j'ai envie de dire ! » C'est dit sur un ton très léger et affectueux, parce que même si on peut se plaindre de leur caractère, au fond on les aime beaucoup. Mais parfois, on aimerait aussi qu'ils soient un peu plus ouverts j'imagine. En tout cas, moi j'aurais bien aimé qu'il le soit, ou alors que la communication soit plus facile. Enfin bon, chaque pokémon est unique, et certaines caractéristiques leur sont propres alors il faut savoir s'adapter aussi !
C'est au tour de l'éleveur de me parler de ses pokémons, et je ne suis pas étonnée de voir qu'il a une belle liste de créatures. « Ça semble bien animé en tout cas, tu ne dois pas t'ennuyer ! » Au vu de la description de ses compagnons, chaque jour doit être remplie mais aussi très mouvementée.

Le brouhaha qui se soulève et les gros bruits venant du stade nous fait revenir vers ce pour quoi nous étions venus à la base : voir Côme combattre. Maintenant que les deux camps ont fini leurs préparations, c'est une pluie de coups qui pleut l'un contre l'autre. Les voir combattre est vraiment impressionnant, mais ce qui m'étonne le plus c'est la confiance et la force qu'émet Côme en donnant ses directives à Sedna. Je ne crois pas avoir déjà eu l'occasion de le voir en combat pokémon, et même si ça avait été le cas, ça n'aurait pas été aussi spectaculaire que maintenant.

Les mots de Nessa me fait revenir à notre conversation, et je ne peux qu'acquiescer ses propos avec un hochement de tête. C'est clair que ce n'est pas tous les jours qu'on peut le voir sous cet angle ! En tout cas, tout finit par s'effondrer un peu lorsque Sedna est mise K.O. après cet échange de coups. On sent bien qu'en face, ce n'est pas n'importe qui que le ranger à affaire, et qu'il parvient à garder un certain contrôle du match malgré les assauts – étonnamment – assez violents du côté de Côme. Mais tout n'est pas encore joué, et les deux camps peuvent encore surprendre à n'importe quel moment. « C'est... à la fois surprenant mais pas tant, au final. »

Nessa conclue d'ailleurs sont commentary en me souhaitant un bon courage pour le jour où ce sera à mon tour d'être au centre de ce stade, ce qui me faire sourire. Sa petite tape à l'épaule me réconforte un peu dans l'idée que, le jour où ça arrivera, je saurais que je me rappellerai de ce jour-ci ; assister au combat de Ligue de Côme tout en faisant une nouvelle rencontre. Ça me rappellera bien ce match et la conversation qu'on aura eu avec Nessa. « Merci, je sens que je vais en avoir bien besoin ! » Je vois surtout mes pokémons se faire démolir face à une telle puissance... Même si je tente de penser positivité, euh, c'est pas évident là.

En tout cas, le match continue et du côté de Côme, c'est un beau Capidextre qui arrive sur le terrain. Même s'il se prend le premier coup du round, il parvient à venger sa coéquipière juste derrière. Et lorsque le fameux Mangriff du champion débarque, c'est limite pas surprenant de le voir terrasser la pauvre Capidextre en un seul coup. Et comme pour répondre à cette attaque, le Drattak de Côme arrive et en fait de même. C'est un vrai combat coup pour coup, et il est bien difficile de savoir à l'avance qui l'emportera tant la pression est intense. « Waw, c'est incroyable tous ces coups rendus à chaque fois... On sent que ce sont des pokémons bien entraînés. Tu dois en avoir vu passer des pokémons à la pension, c'est quels types de pokémon ? Plutôt des entraînements pour des combattants ou pour des séjours de remise en forme ? » Bon, je ne m'y connais pas spécialement bien en matière de pension, mais j'imagine qu'il y a plusieurs types d'entraînement et de possibilités.

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Ce qui est intéressant avec Sanae – et qui m’intrigue forcément – c’est qu’elle dégage vraiment une énergie super calme, vachement similaire à celle de Côme. Je comprends sans mal pourquoi ils s’entendent bien tous les deux. C’est bien plus surprenant de constater que mon caractère autrement plus effusif soit toléré, et même possiblement apprécié par Côme mais aussi par Sanae. Je suis le genre de gars qui met mal à l’aise les plus timides normalement, donc ils me fuient comme la peste. Et je ne leur en veux pas pour ça. Après, Sanae, on se rencontre pour la première fois et je pense que l’effervescence ambiante noie très bien ma personnalité. Tant mieux pour moi, tant mieux pour Sanae. Après, j’ai pas trop l’impression de dire d’âneries non plus, donc ça veut dire que je me tiens bien, que j’en fais pas trop. Parce que bon, ça aussi c’est un peu typique du Finnegan. Garde le contrôle Nessa, ne te laisse pas emporter par l’énergie. Du moins pas trop trop. Même si ça va pas être simple, parce que bah comme pour Côme, je sens que je vais bien bien l’apprécier, la miss Sanae. « Pour quand j’aurais le courage de devenir ranger à mon tour ! » Ok. Faut vraiment que je me retienne. Je ne peux pas débarquer en bulldozer dans sa vie dès le jour un. Même avec Côme, j’ai pas été direct mister intensité au max d’entrée de jeu. Elle a dit les mots magiques. Je sais, mais chill. J’ai envie de l’encourager dès maintenant à fond les ballons. Parce qu’elle a vraiment l’air trop adorable et que je suis convaincu qu’elle a un cœur aussi rempli de bonnes intentions que notre challenger de la Ligue. Ça se sent. Longue inspiration. Longue expiration.

De toute façon, il vient bien vite une question qui me donne de quoi réfléchir. « Oh non, pas indiscret du tout. Enfin… Je trouve pas… » Oui parce que moi et ma capacité à percevoir à quel moment une question est indiscrète… Voilà. Bref. Ça serait surtout bien que je commence à savoir ce que je vais lui répondre. « Hmmm. Depuis gamin, j’ai toujours été au contact des pokémons, à vouloir m’occuper d’eux. Je séchais les cours pour aider au refuge de la SPP et au centre pokémon chez moi, à Rivamar. Et puis j’ai découvert ce que c’était une pension pendant mon voyage initiatique, et ça m’a paru évident sur l’instant. » Difficile de faire plus simple. Je passe le fait que j’en suis plus vraiment là dans ma vie. Je ne peux pas dire que la page est tournée sur ma vie d’éleveur, et je doute sérieusement que cette page puisse se tourner définitivement, mais mes passages à la pension relèvent de plus en plus de l’occasionnel. Je commence à avoir d’autres objectifs, d’autres projets. Après, pas besoin de prendre la tête à Sanae avec tout le micmac se trouvant dans ma caboche actuellement.

Le point de vue de Sanae, concernant les combats et plus largement, met de nombreuses choses en perspective. Je ne peux m’empêcher de sourire et de réfléchir – l’un des deux s’avère moins fréquent que l’autre – à ce qu’elle dit. Et vraiment j’ai envie de l’encourager si c’est la voie qu’elle se choisit. C’est pas simple de se dire qu’on va volontairement se mettre dans une telle situation, qu’on va s’entraîner avec ses pokémons pour finir par combattre dans un tel stade, avec autant de public et de caméras braquées sur soi. « Tu penses qu'il serait quel genre de coach ? » Hmm. « Forcément un bon coach, bienveillant, patient et plutôt pédagogue. » Après, j’ai des souvenirs d’Almia qui me reviennent et il ne m’a pas épargné non plus. Il m’a fait plusieurs frayeurs et ça l’a bien amusé. Donc clairement, il n’est pas aussi tout gentil et tout innocent qu’il n’y parait, et en même temps, ça se voit qu’il n’y a pas une once de méchanceté là-dedans. Je doute même très fortement du fait que Côme puisse être capable d’être méchant. « Mais je pense qu’il pourrait réserver des surprises... »

On attaque ensuite sur les pokémons qu’on a avec nous, et ouais, c’est étonnant de constater la similarité de caractère des deux de la même espèce. Je sais pas si ça me rassure, parce que si c’est un truc génétique… Bah c’est pas vraiment de la faute de Spyros. Mais j’aime bien l’appeler le grincheux ou le râleur. Il a son petit caractère que je tourne assez souvent en dérision. Je pense que ça fait partie de notre dynamique. Et je suppose que Sanae est bien plus cool avec son Lucario que moi avec Spyros. « Oh oui, bon courage ! » Je ris aussi, avant de parler des autres pokémons pouvant m’accompagner.

Le combat nous rattrape. L’action me surprend, et en même temps pas totalement. C’est un match de Ligue, en même temps, et ça fait plaisir de voir briller les pokémons de Côme. Et il y a une dynamique super intéressante avec Arthur Stockton, c’est du coup par coup. En fait, ça m’impressionne. Et c’est beaucoup trop bien. Genre blblbl. Je me doutais que Côme était un super dresseur, c’est juste que de le voir en direct comme ça, en grand. Juste olala. Je savais quand même plus ou moins à quoi m’attendre en ayant entraîné un pue Waneta et en découvrant le reste de son équipe. Mais c’est tellement waw en vrai ! C’est terrible. Je suis un véritable fanboy. Erh… Jamais de la vie ça a intérêt à parvenir aux oreilles de Côme ça. Surtout que c’est Clio qui prend place sur le terrain et qui évince l’Archéduc du champion. Et en réponse, boum, Rizzen. Quand on connait un peu les champions de la Ligue, on sait que le Mangriff chromatique est LE pokémon symbolique de son équipe, celui dont il y a des milliers de goodies divers et variés, celui dont les gens font des fanarts et tout. Et ça loupe pas. Clio est un pokémon particulièrement rapide, et c’est super beau de la voir tenter d’égaler le Mangriff qui lui fait face, d’essayer de faire cet effort pour son dresseur. Malheureusement pour eux, ça ne suffit pas ; Clio se fait terrasser. Je ne sais pas trop qu’en penser : le match s’accélère et s’intensifie. D’un côté, ça fait clairement le show, de l’autre, je ne peux m’empêcher de me dire que c’est dommage que la Capidextre n’ait pas pu montrer davantage. Côme fait alors appel à Dezba. Olala. J’aime trop la Drattak de Côme. Et pwalala comment elle vient de revenge kill le Mangriff ! C’est juste monstrueux ! Carrément que je me lève d’enthousiasme pour crier, et je suis très loin d’être le seul.

Je me laisse retomber en arrière sur le siège – pas hyper confortable – juste à côté de Sanae. J’ai quasiment grandi dans une arène, j’assiste à des combats officiels depuis tout gamin, alors mon enthousiasme face aux belles actions comme celle-ci, impossible pour moi de résister à l’effusion. Et c’est d’autant plus amplifié que c’est Côme et que, mine de rien, je connais chacun de ses pokémons. Alors ouais, ça fait encore plus plaisir, ça donne encore plus envie de célébrer. Pour Sanae à quelques centimètres, ça doit être quelque chose… Ça se voit bien que c’est pas son genre de réagir comme je peux le faire, je suis convaincu que ce serait exactement la même si c’était Côme à sa place, d’ailleurs. Elle me pose alors une question sur la pension, sur les pokémons que j’ai pu y recevoir, sur la nature des entraînements effectués. Voilà. Une fois de plus, ça ne me surprend pas. Au milieu de tout ça, du combat, de la foule qui se prend au jeu, il y a Sanae, avec ce regard calme, curieux et pertinent. J’ai presque envie de la secouer un peu (vraiment un tout petit peu, avec mes meilleurs sentiments d’amitié) pour lui dire de profiter de l’instant présent. Sauf que bon, qui je suis pour faire ça ? On se connait depuis le début de ce match, alors calmos le Nessa. Puis elle est intéressante sa question, en plus. J’apprécie l’attention qui m’est portée, aussi, sincèrement. Alors ce serait pas cool de ma part que de ne pas répondre avec la même sympathie que celle qui m’est offerte.

« On a eu un peu de tout, mais je dirais que ce qu’on voit le plus souvent, c’est pour aider face à des problèmes de comportement. Corriger des petites choses avec de la rééducation. » Tout le monde ne sait pas toujours quoi faire face à un pokémon en difficulté, et c’est là que je suis content d’intervenir. « C’est d’ailleurs pas toujours simple de faire entendre que les soucis ne viennent pas forcément que du pokémon, et qu’il faut travailler aussi avec le dresseur… Entraîner des pokémons au combat, c’est quand même bien plus facile. Enfin, pour moi. » Euh… Est-ce que j’ai répondu à la question de Sanae ? Je sais pas trop. J’ai pas trop l’impression, et en même temps je ne me vois pas tout détailler. « Après, c’est là où Spyros – mon Riolu – m’aide énormément. Ça a ses avantages de percevoir les auras, d’autant plus en travaillant en pension. » En fait, je continue à réfléchir au fur et à mesure que je parle. C’est pour ça que mon discours n’est absolument pas construit. Preuve de plus : je vais totalement partir dans une autre direction à la prochaine phrase. Encore. « Si je prends l’exemple de Waneta, je crois que l’objectif, c’était lui faire prendre confiance pour qu’elle trouve mieux sa place au sein de l’équipe de Côme. J’ai essayé de passer par les combats pour ça, et j’ai eu la chance de la voir évoluer, littéralement, à la pension. » Où est-ce que je vais avec ça ? Zéro idée. Mais j’y vais.

Sur le terrain, Arthur Stockton fait appel à son Noctunoir. Un léger frisson me parcourt. Depuis le passage de l’un d’entre eux aux Éoliennes, j’ai toujours une certaine appréhension, comme un appel à la méfiance dès que j’en vois un. Côme ne semble pas ciller, puisqu’il envoie presque aussitôt Dezba à l’attaque. L’assaut est impressionnant, voir la dragonne fondre sur son adversaire comme ça, obéissant aveuglément à son dresseur, lui faisant complètement confiance, ça fait toujours vibrer quelque chose en moi. Le contre apposé interrompt immédiatement mon engouement. Le poing glace du spectre qui s’abat sur Dezba ne laisse pas place au doute, sa puissance – associée à la faiblesse exploitée – ne pardonne pas. « Oh merde. » Je ne suis pas super bien pour la Drattak, mais également pour Côme qui a dû la voir subir ce coup. Je sais que c’est déjà pas évident de voir un de ses partenaires tomber, mais là, c’est selon moi un cran en plus. Ça me crispe. Parce que je sais que je ne peux rien y faire, que je suis juste un spectateur. Mais justement. « ALLEZ CÔME ! » J’en n’ai rien à carrer d’être solo à gueuler mon encouragement. Je m’époumonne, dans l’espoir que ma voix puisse porter aux oreilles du ranger. Il n’a pas besoin de savoir que c’est moi, il suffit qu’il m’entende. Me rasseillant, je me tourne alors vers Sanae. « Au fait, je t’ai pas demandé, mais vous vous connaissez depuis longtemps, avec Côme ? » Je me rends compte que je suis un peu truffe sur les bords. Enfin, ça fait partie des premières questions qui se posent en général, et moi c’est que maintenant que je m’y intéresse… Alors que, clairement, j’ai envie de tout savoir.

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La conversation passe assez rapidement sur le sujet du métier d'éleveur de Nessa. Je suis super curieuse là-dessus, et à chaque fois que je lui pose une question j'ai peur de trop lui en poser ou d'être indiscrète. En tout cas, jusque là, ça ne semble pas lui poser de problèmes et il semble ouvert, donc ça doit vouloir dire que c'est ok ! Je trouve que c'est très facile de discuter avec Nessa d'ailleurs, comme s'il y avait une quantité astronomique de sujets sur lesquels on peut parler pendant des heures et des heures sans qu'il ne s'en lasse ou soit à court de sujet. C'est rafraîchissant. « Ah oui je vois ! Ça, c'est une passion ! » Jusqu'à même sécher les cours pour à un refuge et au centre pokémon, c'est vraiment pas anodin. Je suis quasiment en admiration devant tant de ferveur et de passion émanant de cette personne ! « Ta voie d'éleveur était toute tracée à partir de là ! J'admire beaucoup ton dévouement pour les pokémons, ça se ressent beaucoup quand tu en parles. » Pas étonnant en même temps. On ne peut pas devenir éleveur si on n'aime pas les pokémons, mais il faut un minimum d'amour envers eux pour en être un bon.

On en arrive à s'imaginer Côme en tant que coach, et la réponse de Nessa ne me surprend pas. La preuve, c'est qu'on le voit à l'action en ce moment même, et qu'il n'a pas fini de nous étonner. « Tout à fait d'accord avec toi... Ça ne doit pas être facile d'être coach en plus. Mais ça, c'est une autre histoire. » Je pense qu'on sera d'accord pour dire qu'on n'est pas là pour parler de devenir coach, et encore moins essayer de savoir ce que ce serait si l'on devait en être un. Non, juste imaginer rapidement comment serait notre ami en commun est amusant, sans aller plus loin.

Les échanges de coups sur le terrain sont un magnifique spectacle à voir. Tout est si beau et fascinant, et en même temps je ne suis pas sûre de savoir quoi ressentir à l'instant présent. Je suis super admirative et ébahie par ce combat, et en même temps je ne peux pas savoir ce que ressent Côme en bas, face à un tel champion. Il a bien montré qu'il ne se laisse pas faire et que son équipe est bien plus solide qu'il ne peut le laisser paraître. Mais même comme ça, il faut une sacrée confiance pour ne pas perdre pied face au stress et la pression que met un match de Ligue. C'est pour ça que lorsque Nessa s'est levé puis s'est laissé retombé sur son siège, ça ne m'a pas étonnée. On pourrait même se dire que c'est ma réaction qui est étrange vu qu'on assiste tout de même à quelque chose de fou – pour nous en tout cas, puisque c'est Côme.

Avec la retombée des coups, j'ai posé une question à Nessa. En vrai, je ne peux pas m'empêcher de lui poser mille questions parce que... c'est beaucoup trop intéressant d'avoir un éleveur en face de moi ! J'adore les pokémons, mais mon amour pour eux n'est pas la même que la sienne, et avoir son point de vue sur la chose est juste super intéressant ! Entre regarder le match et blablater avec Nessa, c'est tout de même un sacré moment. Et je ne suis pas déçue de sa réponse ; elle est si complète ! Enfin, peut-être pas autant qu'il le pourrait dans des circonstances normales, j'imagine, mais assez complète pour moi. On peut penser à tord que le travail d'un éleveur c'est d'entraîner les pokémons au combat et de s'en occuper pour les soigner et les faire grandir. Mais il y a encore tout un aspect qui n'est pas forcément montré tant qu'on ne s'y intéresse pas un minimum ; le travail avec le dresseur, tester différents types d'entraînements pour trouver le meilleur pour le pokémon en question... « Oooohh je vois... C'est super intéressant ! C'est tout un travail de réussir à comprendre les pokémons qui te sont confiés, et c'est encore un autre travail de trouver le bon entraînement ou le bon coaching pour eux. » Connaître une espèce de pokémon ne suffit plus dans ce genre de cas, et ça va au-delà. Un peu comme comprendre son équipe pokémon, sauf que là c'est plutôt comprendre les pokémons des autres et les amener au meilleur d'eux-mêmes.

Du côté du match, après la défaite du Mangriff, débarque le Noctunoir. Je ne connais pas du tout ce pokémon, mais il n'a pas l'air de rigoler. Et en effet ; après l'attaque de la Drattak de Côme, qui était tout de même bien puissante, arrive le poing glace sans pitié du Noctunoir, ce qui met directement K.O. la pauvre Drattak. Le coup est parti si vite et de manière si intense, que j'en ai presque des frissons. Le coup était relativement puissant. Le cri de Nessa juste à côté de moi prouve que je ne suis pas la seule qui ai eu du mal à voir cette scène. Mais voyant depuis le début du combat que Côme continue de garder la tête froide face à son adversaire et que ses compagnons donnent le meilleur d'eux-mêmes jusqu'au bout, au fond je ne me fais pas de soucis, même si c'est dur. De mon côté, je n'ose évidemment pas crier comme mon ami. Peut-être qu'il est possible d'envoyer des ondes positives par la pensée... Peut-être. « Il faudrait peut-être qu'on te trouve un mégaphone pour qu'il t'entende vraiment bien. » Je lui dis ça en rigolant, parce que son envie de l'encourager est si grande que j'en ressens même les ondes. Mais au fond, est-ce que ce serait pas une bonne idée ?

Et juste après cette démonstration d'encouragement, Nessa me demande si on se connaît depuis longtemps avec Côme. Maintenant que j'y pense... « Hummm ça doit faire presque deux ans je crois. Je sais que je l'ai rencontré la toute première fois quand j'ai commencé mon voyage. Au final, on ne s'est pas tant réellement croisés, mais ça a toujours été un plaisir de le revoir et de pouvoir de nouveau papoter et prendre de ses nouvelles. C'était souvent pour quelque chose en particulier, comme aider à la reconstruction du Village Flottant à Alola il y a quelques temps. » Je ne vais évidemment pas parler des, euh, missions un peu spéciales qu'on a faites, mais je repense surtout aux bons moments et aux moments juste simples. « Et d'ailleurs, est-ce que tu as eu l'occasion de le revoir ailleurs qu'à la pension ? Enfin, j'imagine que oui puisque vous êtes amis. » Quelle question Sanae !

Sur le terrain, Duras la Demolosse arrive et venge sa coéquipière d'un coup tout aussi violent que son adversaire juste avant. Ça remet un peu les égalités. Mais ça veut aussi dire que le dernier pokémon du champion sort, et il s'agit de son Grodrive. Ça va être quelque chose. Les coups commencent à s'échanger, puis d'un coup, d'un seul, le dernier pokémon du champion tombe à terre. Sur le coup, un gros silence s'installe dans les tribunes, sur le stade, partout. Puis, une vague de cris se fait entendre, des cris de joie surtout. Et là, je ne pouvais pas rester plus longtemps assise, alors je me suis levée. Sans pour autant crier, parce que c'est clairement pas mon truc, mais juste, faire quelque chose, me mettre debout, voir les réactions des deux personnes sur le terrain et juste... Avoir des paillettes plein les yeux. Puis je me tourne vers Nessa. « Il-Il a gagné. Côme a gagné !!! » Je pense que c'est le plus proche d'un haussement de voix tant mon excitation est présente ! Mais c'est incroyable !! Je n'arrive pas à y croire ! Enfin si ! Mais ! Y croire et le voir, c'est deux choses totalement différentes ! Il n'a pas encore gagné son match de Ligue, mais c'est déjà un grand pas pour y arriver !

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Et plop ! Comme convenu, je te dépose Granivol S niv. 15 pour la mener jusqu'au niv. 55 ! Je te verse les 3 450 P$ de ce pas !