La journée a bien commencé, tranquille. Orion n'est pas présent dans la maison, donc il n'y a pas eu de prise de tête avec lui. Nefer est occupée avec son professeur privé. Parce que oui, hors de question que les enfants Sahir aillent à l'école avec tous les enfants du coin. Ces pauvres gens, ils n'ont rien à leur apprendre et ils n'évoluent pas du tout dans le même univers. Le dédain est si fort qu'il peut faire penser à celui que nous ressentons face à des maladies sales qui se transmettent trop facilement. Comme si la pauvreté s'attrapait... Ainsi, Khaba a aussi fait toute sa scolarité à la maison, et avec le même prof. Il est sur le point de prendre sa retraite. S'il continue pour le moment, c'est en grande partie grâce au salaire qu'il touche. Salaire dont il n'aura sans doute pas le temps de jouir, il va mourir avant. Ce type doit avoir quatre-vingt ans. Du moins, c'est l'impression qu'il donne quand on le regarde. L'Alolien questionne souvent sa petite sœur quant à l'éducation qu'elle reçoit. Il ne faudrait pas que cet homme commence à délirer. « Il n'est pas si vieux. » lui disait-elle, la dernière fois qu'il l'a interrogé à ce sujet. De toute évidence, ils ont une notion très différente de la vieillesse. « Il l'est, vieux et laid. » Les têtes si ridées appartiennent à des vieux moches. D'ailleurs, leur paternel commence à en avoir lui aussi, des rides. À force de céder à la colère, il se fait trop de plis au visage cet idiot. L'opinion du premier-né ne change pas à son sujet, au contraire. Le paternel mérite bien sa haine.

Si la solitude fait parfois du bien, le coordinateur trouve le temps long aujourd'hui. Flâner ne l'intéresse plus. Même Amyr est amorphe et ne l'aide pas à s'occuper l'esprit. De toute façon, ce lionceau est trop indépendant et d'habitude, cela convient très bien à son maître. Sauf en ce moment puisqu'il s'ennuie comme un rat mort. Ayant son portable entre les mains, l'idée de contacter quelqu'un lui vient rapidement. Hop, un message à Alrik pour savoir s'il est disponible. Ils pourront s'entraîner ensemble, ce palace a tout ce qu'il faut pour ça. Et se récompenser ensuite avec un autre type d'entraînement. Hum, l'idée plaît bien à Khaba, sans surprise. Nul doute qu'elle devrait aussi plaire à son petit ami. Le contraire serait d'une tristesse. Bref, dès qu'il obtient une réponse, le coordinateur s'assure d'être présentable avant de bouger. Un ajustement de son fard à paupières et tout lui semble bon, il peut donc se diriger vers l'entrée principale de la maison (si on peut vraiment appeler cet immense bâtiment une maison). Il croise un domestique en chemin, domestique qu'il salut sans se souvenir de son nom. Qu'importe, ce n'est pas comme s'il s'arrêtait pour discuter.

La cour est presque aussi immense que le palace, elle s'étend autant devant que derrière la propriété. Entièrement clôturée et surveillée, aussi. Les jardins sont entretenus avec grand soin, aucune mauvaise herbe dépasse quelque part. Tout est taillé à la perfection, le moindre problème est réglé dans la minute qui suit. Khaba aime y marcher, ou même s'asseoir quelque part proche du petit étang artificiel pour réfléchir. Ce ne sera pas pour aujourd'hui, il a un planning bien plus intéressant en cours, quand son invité arrivera. Donc il se rend jusqu'aux grandes grilles qui permettent d'entrer sur le terrain, s'y adossant avec nonchalance. D'une main distraite, il joue avec son large collier d'or massif, collier qui forme un V. Celui-ci tranche avec la peau foncée de l'Alolien, d'autant plus que ce dernier a décidé de ne pas enfiler de haut. Après tout, Alrik l'a déjà vu sa cicatrice, il n'a pas besoin de la cacher devant lui. Il porte un pantalon blanc d'un tissu léger, fendu au niveau des genoux pour permettre à l'air de le rafraîchir. Sa garde-robe en compte plusieurs, de couleurs différentes. Ils sont esthétiques et confortables, gagnants à tous les niveaux. Évidemment, même ses sandales ont de l'or incrusté ainsi que quelques pierres précieuses. Tout est dans l'excès dans cette famille, surtout quand il est temps d'exposer les richesses. Ce qui est quotidien en fait, parce que pourquoi s'en priver?

Je longe les grandes fenêtres qui ornent mon penthouse. Le soleil est toujours au rendez-vous dans cette région tropicale et celui-ci rentre pour éclairer les grandes pièces à air ouvertes qui font mon lieu d’habitation. J’adore laisser les rayons pénétrer à l’intérieur et faire briller ma décoration tout à fait agencée. Il n’est pas rare de croiser un cadre de peinture d’un artiste de renom insérer dans un entour en or. Je sais que Khaba affectionne particulièrement ce métal. Et je ne peux pas nier le fait que je l’apprécie aussi.
Seulement… je me devais de mettre au-dessus du classement le rubis. Cette couleur vive rouge que cette pierre précieuse reflète…! Comment y résister? Je suis même convaincu que c’est pour cette raison que la couleur écarlate était ma préférée de toutes.

Je sens la chaleur sur mon torse dénudé, ne portant qu’un simple pantalon blanc, tout le haut de mon corps recevait les rayons du soleil. J’avais préalablement appliqué de la crème solaire pour protéger et maintenir mon teint d’homme du nord.
Mon regard bleuté -puisque je n’ai pas encore appliqué mes lentilles de couleur- repose sur ma Primarina s’amuser dans la piscine creusée sur le toit qui me fait aussi office de terrasse. Elle adore profiter des matinées afin de faire quelques exercices dans son élément. J’avoue à moi-même que ce n’est pas une mauvaise idée. Mais avant que je m’y mette, il y avait des obligations qui m’attendaient. Dhalia attendait toujours ma réponse. Je l’ai assez fait attendre comme ça. Ma pauvre sœur, toujours à m’envoyer des messages le soir alors qu’ici, c’est déjà la nuit. Le décalage horaire, j’ai encore bien du mal à m’y faire. Il rend le tout bien plus compliqué pour communiquer avec ma famille à Kalos.
Je me dépêche à m’acquitter de mes tâches. Parfois cette région me déprime… Je dois rester cloîtrer à l’intérieur au lieu de profiter du beau temps. Mais si je m’y attèle dès maintenant, d’ici l’après-midi le tout sera réglé.

— Vous avez un nouveau message, fit une voix qui résonne dans l’appartement. Dois-je envoyer une réponse automatique?

Je soupire. Je demande quelle heure il est à l’intelligence artificielle. Elle m’informe qu’il est déjà dans les quatorze heures. Bon sens!

— Oui répon-

Je m’interromps un moment. Une idée quelque peu farfelue me traverse l’esprit. Je sens les traits de mon visage se transformer en sourire. Les chances sont certes minces, mais l’idée me plaisait drôlement bien. Je voulais tenter le jeu. Mais pour ça, il y a qu’un seul moyen de voir si ma petite hésitation me rapportera gros;

— Le message provient de qui, Snö?

— L’expéditeur est Khaba R. Sahir.

C’est plus fort que moi; je laisse échapper un petit rire amusé. Voilà qui était des plus intéressant. Mon petit chat a un service à me demander? Il n’était pas fréquent qu’il me contacte ainsi et par message. Mais mon impatience finit par prendre le dessus plutôt que de savourer cette petite victoire personnelle d’avoir deviné de qui ça pouvait bien provenir.
Après tout, les personnes qui me contactent l’après-midi sont très peu nombreuses. Les contrats étaient plutôt la nuit où la populace pauvre se reposait pour aller travailler le lendemain pour gagner leur pathétique vie, mais passons!

— Ouvre le message, Snö.

Sans plus attendre, l’intelligence artificielle que je surnommais Snö dicte le message envoyé par mon petit ami. Décidément, je ne peux en aucun cas m’aider pour la chose. Un sourire reste étamper sur mon visage. Il faudrait vraiment que je convainque Khaba de me laisser enregistrer sa voix pour ces moments si précieux et rares! Pour que Snö puisse justement utiliser le ton de voix de mon bel alolien et que ça soit sa propre voix que j’entende pour ses messages.
Mais brève de rêvasserie, c’est que le petit prince m’invite chez lui. Comment pourrais-je seulement dire non!

— Envoi d’une réponse, Snö. Très bien, je m’en viens.

— Message envoyé.

Rapidement, je me lève de ma chaise et je vais me préparer. J’insère mes lentilles de couleur rouge avant de me recoiffer rapidement même si j’aime bien que quelques mèches rebelles restent. J’applique une crème solaire spéciale sur mes épaules, mes bras et mon torse avant d’enfiler une légère cape rouge écarlate. Je change aussi le bas pour des pantalons encore plus amples et trois quarts. Ceux-ci sont du même rouge que ma cape avec les bordures noires. Collier dont la chaîne est en or et que plusieurs rubis et saphirs sont disposés m’orne le cou, sans compter les bracelets assortis qui vienne entourés mes poignets.

— Appelle le chauffeur, Snö.

Une petite sonnerie résonne, signe que ma consigne était faite. Il ne me restait plus qu’à me diriger vers la voiture de luxe et attendre que mon conducteur me mène à destination. Ce qui n’allait être pas bien long puisque la résidence des Sahir n’était pas très éloignée de mon Penthouse.
Arrivé sur place, je m’approche du portail imposant de la demeure. J’aperçois mon petit chaton qui m’attend déjà. Je me mords la lèvre inférieure alors que je le rejoins avec un large sourire sur mon visage.

— Comme ça, le prince requiert ma présence? Il s’ennuie déjà de moi? Tu me laisses entrer ou je dois l’escalader comme je l’ai déjà fait?

Le sourire satisfait qui s’était affiché sur les lèvres de Khaba, après lecture de la réponse d’Alrik, a pris plusieurs longues minutes avant de s’atténuer. Il ne savait pas à quoi s’attendre en envoyant le message au bon milieu de l’après-midi, mais de savoir que le jeune homme originaire de Kalos part dès maintenant le rend de très bonnes humeurs. Difficile de se résister un et l’autre, malgré leurs obligations respectives. Bon, il faut admettre que l’Alolien en a beaucoup moins que son petit ami bien qu’il ne sache pas exactement ce qu’il fait et n’a jamais cherché à le questionner. Un jour, le petit prince arrêtera de vivre comme un adolescent gâté pourri et il se trouvera une occupation. Tant que cela ne se résume pas à reprendre le flambeau à son père. Quelque chose digne de son rang, surtout qu’il est hors de question qu’il donne cette satisfaction à Orion de son vivant! Même s’il le faudra un jour, puisque l’idée de laisser Nefertiti à la tête des affaires Sahir le répugne tout autant. Le problème ne se pose pas encore, elle est trop jeune. Dans quelques années, le premier-né ne pourra plus reporter et fuir cette réflexion. Un jour ou l’autre, sa réalité le rattrapera et lui fera frapper un solide mur.

Personne n’aurait pu croire que Khaba choisirait de rester fidèle à un seul homme, qu’il s’engagerait dans une relation stable et plutôt sérieuse. Cela ne le caractérisait pas il faut l’avouer, ce n’était pas ce dont il avait besoin. Évidemment, il ne laissait pas n’importe quelles mains le toucher, il ne faut pas croire! Il a un goût pour la luxure, ça ne fait aucun doute. Par contre, ça n’allait pas jusqu’à coucher à droite et à gauche. Les apparences sont importantes, et qu’il fallait aussi que son partenaire du moment ait un certain statut social et une richesse indéniable. Sinon, le Sahir ne daignait pas poser les yeux sur cette personne, si ce n’est pour la juger du regard puis lui démontrer toute sa supériorité. L’Alolien n’est pas de ses riches qui s’abaissent à du sexe avec des domestiques. Et pourtant, les offres furent nombreuses, et parfois de nouveaux employés du palace Sahir essaient de le charmer. Ils perdent leur temps, et bien souvent l’emploi qui vient avec. Désormais, toutes ces frivolités sont chose du passé et le coordinateur semble pleinement s’en satisfaire. Et, de façon très prévisible, il a fait en sorte que sa jeune sœur ne sache rien de ses activités de ce genre. Il préfère ne pas songer à ce qui se passera après qu'elle ait traversé sa puberté. Il y a fort à parier qu'il défoncera la gueule de tous les mecs qui tenteront de l'approcher. Excessif? Si peu quand ça concerne Nefer... Il ne la laissera pas aux mains de n'importe quel type.

Les bruits de la voiture qui se gare devant le portail attire l'attention de Khaba qui redresse la tête et regarde son amoureux descendre. Il s'arme d'un sourire en voyant le sien, ils sont tout autant ravis de se voir. Décidément, le coordinateur a eu une très bonne idée! Ce dernier prend son portable qui est directement relié au système de sécurité. Très peu de personnes ont les accès pour ouvrir les grilles : les membres de la famille Sahir ainsi que leur employé ayant le plus d'années de service à son actif, le chauffeur. Tous les autres ne le peuvent pas, sinon ce serait d'une facilité de faire entrer n'importe qui. Le temps qu'il ouvre l'application concernée, Alrik lui adresse quelques questions qui amusent le propriétaire des lieux. Celui-ci adore quand son petit ami l'appelle prince. Cela génère un gros boost dans son ego. Les interrogations suivantes attirent un sourire taquin à l'Alolien. C'est que son interlocuteur lui ouvre des portes, comment pourrait-il ne pas les emprunter? « Si tu es là, c'est que le sentiment est partagé. » Le sentiment d'ennui. Ça va dans les deux sens, et heureusement dans le cadre d'une telle relation. « Et ne me tente pas. Te voir en action est toujours un spectacle plaisant. » Son magnifique corps bougeant sous l'effort d'escalader le portail. Hum, très alléchant. Mais non, Khaba ne pousse pas jusque-là. Il active la grille pour qu'elle s'ouvre, et dès qu'Alrik est en mesure de passer, active sa fermeture.

Maintenant que le Kalosien se trouve devant lui, l'Alolien vient le serrer contre lui, déposant quelques baisers sur le côté de sa mâchoire, descendant sur le cou. Ses mains baladeuses glissent jusqu'au bas du dos de son bel amant. Il est fou de ce corps si pâle, si bien bâti. Et de savoir qu'il aura plusieurs heures pour en profiter le rend quelque peu impatient. Dans un souffle, la bouche près de l'oreille de son interlocuteur, il lui apporte des précisions importantes. « Nous allons être tranquilles un moment. Nefer est occupée avec ses cours privé et Orion n'est pas là. » Dès la mention de son père, la voix de Khaba est devenue plus rude, mais il se calme d'une façon efficace en déposant de nouveaux baisers. Il reprend ensuite d'une voix tout aussi suave et sucrée que précédemment. « Je te laisse choisir ce que nous ferons. Je te suis. » Parce qu'il sait qu'il ne sera pas déçu. Avec Alrik, il ne l'a jamais été. Cela dit, pour le moment, il n'est pas près de le lâcher. Ses mains continuent leur petite exploration, se faufilant presque sous le tissu. Il garde tout de même à l'esprit qu'il y a des endroits bien plus confortables que le portail pour s'adonner à une exploration plus poussée, dirons-nous.

Bien sûr que le sentiment est partagé, quelle question! Mais lui donner raison aussi facilement le gratifierait bien trop. Valait mieux prendre son temps, se laisser désirer. Mais l’élargissement de mon sourire aux lèvres trahit déjà mes pensées. Je l’observe alors qu’il actionne le mécanisme pour me laisser entrer… Il ne souhaite donc pas me voir sous un autre angle? Dommage, j’aurai bien aimé bondir devant lui pour ensuite pouvoir m’approcher de sa personne et sentir son souffle sur mes lèvres avant qu’elles ne rencontrent les miennes.

— Alors, on ne veut pas que je m’épuise trop d’entrée de jeu?

Je le taquine bien sûr. Susciter des réactions était un de mes plus grands passe-temps. Lui arrachant parfois des expressions faciales qu’au grand jamais il ne démontre en public et même en privé. Découvrir chacune d’entre elles était un délice. Ces expressions dont je suis le seul à pouvoir connaître, à avoir été témoin. Le seul à connaître parfois des facettes de sa personnalité qu’il garde secret. Je me demande même si Nefertiti ne les a pas vus elle-même? Cette personne qui est si chère aux yeux de mon petit chat. Mais dont il devra bien un jour devoir céder à la libérer. Mais c’était un sujet bien délicat.
Profitons plutôt du fait qu’il soit en ma seule présence pour passer du bon temps.

— Tu dis ça, mais tu viens de manquer une occasion pour m’admirer en hauteur.

Mais je ne me fais pas prier davantage. Le chemin libre, je passe pour aller rejoindre mon petit ami qui actionne de nouveau le portail afin de le fermer derrière moi..
Les marques d’affection s’enchaînent rapidement. Sentir sa peau contre la mienne, comment s’habituer à ça? Je le laisse se gâter avant que je vienne apposer mes lèvres contre les siennes. J’aimais être plu direct dans ces moments. Lui démontrer mon affection à son égard sans détour. Glissant mes doigts entre ses mèches de cheveux foncés… Nous étions si différents sur le plan physique. Sa peau basanée, sa chevelure sombre, il n’avait que notre âge qui était identique.
Il me chuchote alors à l’oreille comme de quoi nous avons complètement le champ libre. Ça sous-entendait bien des trucs, dis-moi! Mais je serre ma mâchoire. Dommage que le paternel ne soit pas présent. Je me serai fait une si belle joie de le tourmenter un peu dès que son regard aurait été posé sur nous, faisant bien exprès de rapprocher mon petit chat de moi, de lui mordiller l’oreille pour mettre en valeur notre proximité à tous les deux. Je ne peux en aucun cas lui répliquer directement sans que ça ne dégénère et sincèrement, Khaba le faisait déjà assez bien. Mais j’adore envoyer des piques de la sorte indirectement sous son nez à cet Orion.
Mais ça ne nous empêche point de nous amuser un peu. Profiter justement de cette absence pour s’abandonner à quelques folies. Et si Nefertiti était bien occupée avec les cours et son professeur…

— Je vois… voyons voir un peu…

Ma voix était douce, quasi un murmure discret. Mon corps commence déjà à réagir aux mains baladeuses ainsi qu’aux nombreux baisers tendres de mon petit chaton. Me laisser complètement m’emporter dans la vague était plus que tentant. Mais nous sommes à la vue des regards indiscrets et ce n’est pas nos personnes qui nous aideraient à passer inaperçus.
De plus, il me laisse les rênes. C’est qu’il ne sait pas dans quoi il s’embarque.

— Lequel de nous deux est le plus joueur?

Moi, bien évidemment! La question ne se posait même pas.
Malgré l’impatience qui me rongeait tout à l’heure de me retrouver dans les bras de Khaba, je me sens d’attaque pour faire perdurer le plaisir. J’empoigne ses poignets pour marquer l’arrêt de l’exploration de mon corps. Sans même lui annoncer mes plans, je le traîne jusqu’à ce que nous arrivons au jardin arrière de la demeure des Sahir.
Vaste n’était pas un mot suffisant pour le décrire. Énorme ne reflétait pas non plus totalement mes pensées. Je ne compte plus le nombre de fois que nous avions marché dans celui-ci. Il faisait beau aujourd’hui, alors pourquoi ne pas en profiter et par la même occasion, jouer sur la patience de Khaba. Ses intentions étaient claires comme de l’eau de roche. L’invitation alléchante, mais je ne souhaite pas lui donner tout sur un plateau d’argent!
Je veux l’entendre me supplier de franchir le seuil de sa chambre. Rêvais-je? Peut-être, mais le tout valait la peine que je m’essaie.

— Dis-moi, il y a quelque chose de changé depuis la dernière fois à ce jardin?

Peut-être était-ce qu’une impression que j’avais? Même si mon regard ne décèle aucun changement, mon cerveau m’envoyait l’information d’un petit renouveau. Mais ce qui est le plus important à prendre en compte ici; c’est de faire durer la séance jusqu’à ce que Khaba se jette à nouveau sur moi.
Mes doigts s’étaient entremêlés aux siennes, ne souhaitant pas le voir s’éloigner de moi.

Le jeune propriétaire des lieux affiche un sourire plus pervers suite à la question, son regard se fait plus intense, et il échappe un léger rire. En effet, il vaut mieux qu’il garde un peu de force pour les prochaines heures. Pour leur plus grand plaisir à tous les deux. Aucun besoin de répondre de vive voix, son facies exprime déjà tout de ses envies, et donc de la réponse. Cela dit, il est vraiment tenté de laisser Alrik escalader le portail et de pouvoir l’admirer bouger. Une autre fois, peut-être. Khaha sait qu’il pourra l’admirer dans d’autres circonstances aujourd’hui et il s’en satisfait. La suite des propos de son petit ami le fait de nouveau rire. Cette fois, le sourire se transforme, devenant une moue hautaine. Il est fort pour lui ouvrir des portes que lui s’empresse d’emprunter d’un coup de pied. Les occasions sont trop belles pour les manquer. Puis, la taquinerie entre eux est instaurée depuis toujours. « Je te regarde toujours de haut, mon petit. » Il le charrie peu souvent sur sa grandeur, sur le fait que c’est lui le plus grand entre les deux. C’est du recyclé et un peu trop facile. Il sait très bien que la notion de hauteur évoquée n’avait pas le sens qu’il lui a donné dans sa réponse, mais ça l’amuse. « Je ne vais pas te laisser l’occasion de me dépasser. » qu’il termine sur un clin d’œil. C’est faux, évidemment. Il finira bien par le forcer à escalader les grilles, juste pour le plaisir des yeux. Une autre journée, quand il ne le lui demandera pas. Que ça sera sa décision à lui. Orgueilleux va.

Trêve de plaisanteries, Khaba est bien trop impatient pour poursuivre le jeu et pour ne pas s’approcher d’Alrik. L’envie de cette proximité physique le rongeait depuis qu’il a posé les yeux sur lui à son arrivée. Il n’y a rien au monde qui peut remplacer cette sensation de chaleur, cette sensation d’être aux côtés d’une personne qui nous est si chère. L’argent ne peut pas acheter ça, l’argent n’achète jamais de réels sentiments. L’aîné Sahir en a pleinement conscience alors ça ne lui viendrait pas à l’esprit. Et en ce moment, ce dernier a la tête ailleurs. Il répond positivement au baiser, bien qu’il soit moins souvent celui qui initie ce genre de contact. Difficile à expliquer, mais il tient à ce que ce soit plus rare pour que la flamme reste allumée. Autant dire qu’en vue de leur attirance mutuelle, ladite flamme n’est pas près de s’éteindre. En plus, il adore quand les mains de son copain se glissent dans ses cheveux. Il en échappe même un soupir d’aise.

Allaient-ils continuer sur cette lancée? L’Alolien laisse la porte ouverte pour qu’Alrik la prenne. Celui-ci lui paraissait quelque peu motivé, indice que son intonation lui donne. Le jeu se poursuit, et Khaba cède à donner tout le contrôle à son petit ami. C’est peut-être même une première, il ne saurait dire. Une chose est sûre; il a l’habitude de garder le contrôle puisque le contraire est souvent associé à une faiblesse. Avec son interlocuteur, c’est différent, il y a une réelle confiance. Une confiance comme il en a eu peu dans sa vie. Malgré ça, le coordinateur n’est pas friand de parler de lui, de comment il se sent, des événements passés qui l’ont marqué. Il faut le questionner pour obtenir des détails. De lui-même, il ne prend pas les devants, qu’importe avec qui il discute. Il n’a jamais accepté de se confier. Sa mère était trop malade pour qu’il ose l’embêter de ses soucis sans grande importance, Nefer trop jeune et Orion... ouais non, jamais. Des relations amoureuses sérieuses, l’actuelle est la première. Quand on tombe sur la bonne personne, tout est différent. Bref, à la question et en sentant le Kalosien lui prendre les mains pour les déloger, le petit prince agit rapidement. Il s’avance pour mordiller la lèvre inférieure d’Alrik tout en gardant les yeux ouverts. La lueur perverse dans son regard est bel et bien réelle, et très volontaire. Il veut jouer, alors ils vont jouer! « Attends-toi à de la répartie dans ton jeu. » Parce qu’être trop docile, ça ne le caractérise pas.

Khaba garde sa bonne humeur et son amusement tandis qu’il suit son petit ami dans le jardin. Il est curieux de savoir s’il l’amène proche de la piscine, ça serait une excellente idée. Malheureusement, cela ne semble pas être dans ses projets immédiats. Quel dommage. Il garde ce plan dans un coin de son esprit. « Je ne pense pas, je n’ai pas le souvenir d’avoir vu passer une quelconque demande concernant l’extérieur du palace. Cela dit, ce n’est pas impossible qu’Orion fasse des demandes sans me consulter... » Et voici une autre source de conflit entre eux. Une parmi tant d’autres, puisqu’ils ne s’entendent à peu près sur aucun point, qu’importe le sujet. Leur mésentente est profondément ancrée dans leur relation père-fils. Bref, l’Alolien ne souhaite pas du tout reparler du paternel, au risque de bien plomber l’ambiance par ses propos rudes. Il préfère se concentrer sur ses idées pour mettre à mal le contrôle d’Alrik. D’ailleurs, il ne peut s’empêcher d’arborer un sourire taquin quand il reprend la parole. « Aimerais-tu que nous allions nous asseoir au bord de l’étang? Ou de la piscine, peut-être? » Les deux endroits sont très paisibles et agréables à regarder. Son ton se veut vierge de tout sous-entendu, mais ça n’est sans doute pas aussi concluant qu’il l’espérait. « Je peux envoyer l’ordre à la cuisine de nous apporter des coupes de vin, si tu le désires. » Comme tout autre alcool de qualité. Khaba n’a aucun problème avec le fait de boire un verre au bon milieu de l’après-midi.

« Ne te gêne pas, fais-moi savoir si tu désires quoi que ce soit. » Ses doigts resserrent momentanément ceux de son interlocuteur. Oh qu’il va mettre à mal cette volonté de lui résister.

La petite remarque sur ma grandeur me pique. Je lui jette l'un de mes regards qui fusille sa personne -même si ce n'est rien de sérieux-. Et puis c'est bien un fait que ma grandeur n'est pas aussi haute que la sienne. J'ai vécu dans la neige et lui sous les rayons chauds du soleil. Nous n'avons pas les mêmes gênes, mais peu importe, vraiment. Il est tout de même fou de moi et c'est quelque chose qu'il ne peut nier. Même qu'à cette pensée, un sourire en coin finit par s'afficher sur mon visage.
Et mes pensées s'avèrent tout à fait vrai en vue de sa petite morsure. Comment il tente de faire monter ma libido en flèche. C'était mon point faible et il en profitait. Mais non, j'avais bien la conviction de ne pas me laisser faire cette fois. Mais vraiment, bien essayer mon chaton!

— J'attends ta répartie avec plaisir!

C'était donc officiel, le tout allait dépendre de qui cède en premier. Khaba ou moi? Voilà un dénouement qui me laissait sur ma faim!

Mais profiter un peu du beau temps est quelque chose que j'aime bien.
Aux côtés de mon amoureux, nous nous promenons alors que les rayons du soleil ne me permettent pas de faire baisser ma température. Une chance que j'ai pu m'adapter à cette quasi chaleur permanent de cette région. Mon retour à Kalos n'en sera que plus dur par conséquent… Et comment cet alolien pourrait tenir dans un climat que la température atteint le négatif? Juste de l'imaginer était un délice. Trois ou quatre couche ne serait pas suffisant pour lui. Peut-être qu'un jour, il l'emmènera voir la région qui l'a vu grandir.
Mais pour le moment, j'ai bien d'autres projets en tête; le faire languir!

— Eh bien, c'est peut-être que moi qui hallucine alors. Il faut dire qu'il est si immense, je ne crois pas que mon cerveau arrive à bien enregistrer l'emménagement dans sa totalité.

Car en effet, ça se peut que ma mémoire me joue quelques tours. Je peux toujours demander à Snö si les plans ont changé, mais je crois mon petit ami sur parole. Et si même une petite plante avait changé, ma vie n'en sera pas affectée.
Mais au son du nom de son géniteur, ma bonne humeur disparaît de mon visage l'espace de quelques secondes. Ce nom sonnait faux à mes oreilles. Ce même nom que Khaba n'aimait pas prononcé également. Mais il s'agissait de son père et ce, jamais on pourra enlever ce fait. Tant que je ne tombe pas nez à nez seul avec lui, tout devrait bien se passer.
Mais voilà de bonnes idées que mon chaton me lance. Je vois clair dans son jeu, mais pourquoi ne pas lui donner indirectement un peu de pouvoir? L'imaginer nager dans l'eau avec son corps quasi dénudé -ou peut-être nu, ça me va très bien aussi- me plaît.

— Si tu rajoutes le vin en plus, comment je pourrais refuser? Pourquoi pas la piscine dans ce cas? Ça te va aussi?

L'étang avait une meilleure vue à mon avis, mais je nous image avoir plus de plaisir auprès de la piscine. Je me sentirais aussi moins coupable envers tous ces pokémon poissons qui y vivent. La piscine quant à elle; je pourrais délicatement y pousser mon chérit sans me soucier qu'il ne se fasse manger les orteils par un Magikarp qui passent par là.
Donc pendant cet instant où je laisse Khaba prendre le contrôle, je m'adhère au chemin qu'il emprunte. Mais avant que nos pas nous guident vers la piscine extérieure, je l'arrête en le tirant vers moi de sa main qui enlace la mienne. Je viens poser mes lèvres contre les siennes, mais au moment de rompre cette union, je lui fais le même coup qu'il m'a fait tout à l'heure; lui mordre la lèvre inférieure.

— J'espère que tu es prêt pour la suite des choses… lui murmures-je à l'oreille pour lui faire comprendre que je suis encore prêt à ne pas céder à la première tentation.

Hum, la réaction d’Alrik motive plus encore Khaba à certes rester passif, mais à tout faire pour mettre à mal cette résistance et cette volonté de le freiner. Petit pervers va! En vrai, l’Alolien est assez terrible sur ce point, plus encore quand il sait qu’on lui résiste volontairement. Pour le moment, il ne s’en agace pas. Ce sera le cas si son petit ami part sans même l’avoir touché plus que ça. Ça serait un excellent moyen de le frustrer, de le faire bouder. Heureusement, il n’a pas la rancœur si tenace. Ça dépend de ce qui est fait, mais à ce sujet, il suffirait de passer du bon temps avec lui pour qu’il se déride et qu'il accepte de jouer. Non sans pousser un peu plus son esprit taquin et son côté pervers. Douce vengeance somme toute agréable pour les deux participants. Pour ce genre de choses, son imagination n’a pas vraiment de limite. Pourquoi brimer des pulsions et des désirs si les deux sont consentants? Il n’y a aucune gêne à avoir quand vient le temps de s’exprimer sur ses préférences et sur ses souhaits. Si son copain est gêné, tant pis pour lui? Petit côté égoïste qui ressort, mais d’un autre côté, il ne va pas s’appesantir pour des non-dits.

Pour le moment, le petit prince n’ajoute rien, se contentant de suivre les envies de son invité. Il adore avoir le contrôle, être celui qui mène la danse. Néanmoins, ça ne l’empêche pas de se montrer parfois plus docile, de simplement se laisser porter par la vague. Puis, il semblerait qu’Alrik souhaite changer de sujet. Pourquoi pas? Il faut bien que Khaba se calme un peu cet esprit pervers de temps à autre. À croire qu’il pense juste à ça... Presque. Là, suite à la réponse de son petit ami, Khaba affiche un sourire quelque peu taquin. Non pas pour se moquer méchamment, juste parce que les mots l’amusent. « C’est sans doute ma présence qui te fait cet effet. » Son sourire se transforme, un air supérieur se peint sur son visage, sans surprise. S’il a une occasion de se mettre en valeur, il ne la rate pas! Ce n’est pas calculé, c’est tout simplement dans sa nature. « C’est normal de préférer poser les yeux sur moi plutôt que sur le paysage. Et... » L’aîné Sahir s’approche de son homme, venant presque lui effleurer la joue de ses lèvres. « Je préfère aussi te regarder », admet-il dans un souffle. Il n’a jamais été la personne qui complimente le plus les autres. Ses compliments passent surtout dans ses actions plus que dans ses mots. Cependant, le Kalosien fait partie des exceptions, des rares exceptions avouons-le. Après s’être redressé, le propriétaire des lieux agit comme si de rien n’était, souriant amicalement. « Je te ferai savoir si nous apportons des modifications. Puis, si tu as des idées, tu peux me les dire. »

Cet échange a le mérite de chasser Orion des pensées de Khaba et de ne pas parler de lui plus longuement. Il n’est pas présent et c’est tout ce qui compte. Ça et les propositions que l’Alolien fait. De toute évidence, il mise dans le mille et ça lui plaît grandement. « En effet, comment le pourrais-tu? » Il est très diverti par la situation et par toutes les portes qu’Alrik lui ouvre. Il ne se gêne pas pour les emprunter, bien au contraire! « Va pour la piscine, » termine-t-il sur une voix sucrée. C’est surprenant à quel point le petit prince parvient à s’orienter dans ce vaste jardin. Il ne pourrait pas dire avec exactitude l’emplacement de plantes ou arbres en particulier, mais il sait où se trouvent l’étang, la piscine et le jardin de fleurs. D’ailleurs, le palace étant près du parc volcanique, il faut que les jardiniers travaillent d’arrache-pied pour parvenir à faire pousser quoi que ce soit. La température est quelque peu plus élevée à cet endroit à Alola. La chaleur n’incommode pas du tout le natif de la région, et il doit avouer que son petit ami l’impressionne parfois par sa tolérance. À situation contraire, il n’est pas sûr de parvenir à s’y faire. Il doit tester pour le savoir.

Le coordinateur affiche une courte surprise quand le Kalosien le tire à lui. Il avait le regard rivé vers sa destination. Parfois, il se demande si ça dérange Alrik, le fait qu’il initie moins souvent les baisers que lui. Il y répond toujours positivement, toujours avec cette même fougue qui est la sienne. Khaba est une personne d’une intensité indéniable, cela est aussi valable pour les démonstrations d’amour. Son sourire pervers effectue son retour quand il sent son homme lui mordiller la lèvre. Sa main libre se faufile dans le haut du dos de son bel amant, remontant à sa nuque, caressant à la racine des cheveux. Un léger rire remonte sa gorge à l’entente des mots qui lui sont adressés. « Ne t’en fais pas pour moi. » C’est plus pour lui qu’il devrait s’en faire. Il est bien trop orgueilleux pour perdre la partie. Ce n’est pas parce qu’il le laisse choisir qu’il en perd sa combativité. « Et toi, l’es-tu? » Ses doigts glissent doucement jusqu’à la joue de son interlocuteur. Ils poursuivent leur route d’un effleurement jusqu’à ses lèvres, avant qu’il se détourne complètement pour continuer sa route. Et si Alrik ne le suit pas, il est même prêt à lui relâcher la main, mais pas de manière brusque. Non, toujours avec des touchés pour faire réagir dans le sens qu’il le désire.

Ayant son téléphone dans une de ses poches de pantalons, Khaba s’en saisit afin d’envoyer sa requête à la cuisine. Ils ont amplement le temps de bien s’installer avant que les coupes leur soient servies. « Le vin est commandé. J’ai aussi demandé de nous apporter des serviettes. » Sans trop s’en préoccuper, l’aîné Sahir lance — doucement — son portable vers la chaise à proximité de la piscine. Pas sûr qu’il ait atteint sa destination, ayant sans doute tombé dans l’herbe. Cela fait, il revient auprès d’Alrik pour le ramener contre lui dans un geste trahissant quelque peu son impatience. Il freine une envie de le soulever en portant ses deux mains sur ses fesses. Tout à l’heure, dans l’eau, ça sera mieux. « Alors, comment me veux-tu? » Son regard devient plus vif, témoignant, une fois de plus, de toutes les envies qui lui traversent l’esprit. Néanmoins, l’Alolien vient poser ses lèvres tout près de l’oreille de son amant, avant de susurrer une précision. « Pour la baignade, évidemment. » Ça l’amuse grandement.

Ce sourire sur mon visage, je n'y peux rien. Il s'est immiscé sans même que j'en donne l'autorisation. Cette réplique que mon petit chat avait dit; comment je peux me surprendre à en être surpris? C'est tout à fait lui, mais avouons-le... il n'a pas tout à fait tort. Mais je ne lui dicte pas. Il y a assez de gens prêts à le flatter de le bon sens du poils et puis, mon regard en dit déjà bien long sur mes pensées. Je n'ai pas besoin d'en rajouter, mon regard rouge se plonge dans le sien alors qu'aucune parole ne sort de ma personne: juste un petit ricanement.
Ricanement qui s'estompe aussitôt que je ressens le souffle chaud de Khaba sur ma joue. À la suite de ses mots, je m'empresse pour venir lui déposer un léger baiser dans son cou. Même si je sais que mon apparence de touriste l'attire, je ne peux m'empêcher de me dire que ma musculature attire son regard. Même moi je me trouve attirant, alors c'est une évidence même pour les autres.
Cependant, notre route nous emmène ailleurs; la piscine.

Ma petite initiative semble plaire au prince des lieux. Sinon, il ne se gênerait certainement pas pour m'en faire part. Ce petit jeu auquel il aimait bien adhérer alors que je le poursuis à mon tour. Il m'assure que je m'inquiète pour rien. Qu'il saura probablement tourné le tout en sa faveur. Je ne doute pas de ses ambitions à en sortir vainqueur. Après, peut-on vraiment dire que je suis perdant si je prends plaisir à tout ça? Ces petits échanges -bien qu'ils sont parfois de trop courte durée- sont précieux.
Sa main qui longe mon dos pour terminer sa course sur mon visage. La tentation de venir les mordiller me chatouille l'esprit, mais restons calme pour le moment. Malgré les hautes températures des lieux, le tout va monter en flèche si je décide de lâcher prise et de me laisser guider par mes pulsions du moment.

— J'ai plus d'un tour dans mon sac, petit prince, dis-je avec le sourire.

Il avait beau avoir une taille plus haute que moi, cela ne m'empêche guère de venir le défier du regard. Autant que lui que moi savons que ce n'est qu'une question de temps. Question de temps avant que l'un ne se laisse enivrer de l'autre.
Mais nous avions encore une petite route à faire avant de pouvoir se rafraîchir dans l'eau -bien que d'autres actions allaient s'en suivre-.
Je le regarde en silence cette fois alors qu'il continue de me guider. Son teint typique de cette région. Décidément, si je décide un jour de l'emmener à Kalos, il ne passera pas inaperçu. Tel un égaré.

Nous arrivons enfin à la piscine, le vin déjà commandé ainsi que des serviettes afin d'extirper l'eau de nos corps. Il faudra que je porte une attention particulière si jamais mon corps fini par être submergé dans l'eau. Le soleil tape fort et ma peau reste très délicate.

— Des serviettes, tu as quelques idées derrières la tête?

Je ne suis point sérieux. C'est des plus évident. Même que ses prochains gestes me donnent déjà raison alors que je n'ai eu aucun moment pour me débarrasser de mon propre téléphone portable. Un petit sursaut me trahit lorsque je sens sa poigne ferme à l'arrière de ma personne en bas de la ceinture.
Mon regard pénétrant le sien, ses paroles me donnent quelques frissons et déjà je sens mon corps réagir positivement à sa question.

— Évidemment... repris-je son dernier mot avec le sourire aux lèvres. Et si on commençait par enlever tout ce qui peut être gênant pour la baignade?

Ni l'un, ni l'autre avons de complexe de nos corps. Et il fallait bien qu'on se débarrasse un peu ce qui allait être gênant. Les vêtements par exemple, ça ne va pas dans une piscine! Et bien sûr mon téléphone portable -même s'il est doté d'une protection spécial contre tout liquide-, mais évitons de tester les limites pour rien.
Mais avant d'ajouter quoi que ce soit, je commence déjà à retirer son haut léger. Je fais un pas contre lui, le forçant à reculer pour s'approcher de cette baignade dont il était si impatient. Tant pis si je devais me mouiller. Le corps de mon petit copain devrait pouvoir me protéger du soleil.

Parfois, il n’y a pas besoin de mots pour se faire comprendre. C’est ce qui se passe entre ceux après le compliment de Khaba envers son petit ami. Le freiner dans son ricanement est toujours un délice. Puis, la douce attention qui suit lui fait plaisir, il s’en contente largement. Il sait qu’il plaît tout autant à Alrik que le contraire, même si ce dernier ne le lui dit pas. Les démonstrations que c’est le cas ne se raréfient pas. Et donc, le but est de poursuivre son jeu de le faire céder. Il ne fallait pas mettre en marche son esprit compétitif et son orgueil! Le petit prince ne désirait pas le voir que pour ça, mais maintenant qu’ils y sont, il vaut mieux aller au bout. Du moins, il s’agit de sa mentalité sur ce point.

Dans tous les cas, le passage à la piscine devrait aider sa cause. Après tout, il est un excellent nageur. Depuis son plus jeune âge qu’il se baigne presque tous les jours, si le temps le permet. D’ailleurs, il trouve dommage que Nefertiti soit bien moins à l’aise que lui. Cela dit, l’adolescente ne lui vient pas vraiment à l’esprit en ce moment. Son attention est toute tournée vers le Kalosien qu’il aime tant. La situation continue de l’amuser, comme les mots qui lui sont adressés. Il sait profiter de chaque ouverture à son avantage, pour leur plaisir. Le coordinateur s’attendait à ne pas avoir une vraie réaction suite à ses touchés, au fait que ses doigts sont venus effleurer les lèvres de son amant. Il cherche toujours à lui résister, sinon il aurait forcément agi en retour. Il est tenace cette fois! En vrai, ça a un côté encore plus excitant alors l’Alolien ne compte pas s’en plaindre. Puis, son ego vient de se faire booster à fond là avec les derniers mots de son homme. Vraiment, il adore quand celui-ci l’appelle ainsi, il en a toujours un fier sourire. « Je sais, » répond-il en gardant la tête droite, baissant simplement le regard. Heureusement qu’Alrik a plus qu’un tour dans son sac, sinon il aurait vite perdu l’intérêt de Khaba. Les personnes ordinaires n’ont rien à lui apporter. Qu’il croit. « J’aime quand tu parviens à me surprendre. » Oh ça oui, et il désire que ce soit le cas aujourd’hui aussi.

Désormais parvenu à la piscine avec son homme, Khaba prend quelques initiatives. De toute façon, il ne saurait pas être pleinement passif et complètement se laisser porter sans dire un mot. C’est quelque chose qu’il n’a jamais appris à faire, même en ayant complètement confiance en la personne qui se trouve à ses côtés. Au moins, son petit ami ne semble pas s’en offusquer et c’est tout ce qui compte. « J’ai toujours des idées quand il s’agit de nous faire plaisir et de nous amuser. » Son ton reflète son côté taquin du moment. Néanmoins, il est vrai que son imagination est assez débordante et qu’il trouve toujours quelque chose pour s’occuper quand le Kalosien est avec lui. Et ce ne sont pas nécessairement des idées comme celles qui lui traversent l’esprit depuis l’arrivée d’Alrik. Il sait faire autre chose, tout de même. C’est juste qu’en ce moment, son envie est de faire craquer son copain, d’autant plus maintenant qu’il sent que ce dernier est réceptif à ses gestes. Voilà qui est parfait. Il l’aura, et il en frémit d’avance. Il oublie complètement qu’un domestique va s’approcher d’eux pour déposer les coupes sur la table proche de la piscine. La bonne nouvelle, pour lui surtout, c’est que ladite table est de l’autre côté de la piscine. De leur côté se trouvent plutôt les chaises longues.

Le petit prince se mordille la lèvre inférieure après la réponse de son amant. Sans surprise, il est tout à fait d’accord avec l’idée émise. Il le laisse lui retirer son imposant collier, ne portant rien d’autre au haut du corps. Doucement, en reculant d’un pas, il retire aussi ses boucles d’oreilles, avant de se pencher pour mordiller le lobe d’oreille d’Alrik. Ses lèvres viennent jouer avec les boucles d’oreille qu’il porte. « Je te conseille de les retirer, si tu y tiens. » Même si l’eau de la piscine est peu salée, il est possible qu’un trop long contact entre le sel et l’or abîme le dernier. Alors qu’il se redresse, ses doigts se faufilent sous la cape de son petit ami pour la lui enlever aussi. Ainsi que son collier. Pour sa part, il lui reste une chaîne de cheville, mais il n’a pas envie de s’en occuper. Il enverra l’ordre aux domestiques afin qu’ils la nettoient correctement après la baignade. Ce ne sera pas une première. Maintenant que les bijoux sont tous retirés, Khaba glisse ses mains dans le dos de son homme jusqu’à atteindre la barrière de tissu. « Dois-je attendre que le domestique nous ait apporté notre vin? » Pour le retirer, évidemment. En fait, il n’attend pas spécialement de réponse avant de se lancer dans une nouvelle embrassade légèrement plus passionnée que les précédentes. Pour sa part, ça ne le gêne pas du tout qu’un de ses employés passe par là, tant qu’il ne s’attarde pas. Cela fait quelque temps qu’il n’y a pas eu de roulement de personnel alors ils sont tous habitués à ses habitudes et à son tempérament. Quand leurs lèvres se séparent, il incite son petit ami à lui retirer le reste de ses vêtements. Au pire, le domestique le verra de dos. Ce n’est pas la fin du monde.

« Hum, je pourrais en profiter pour te donner une ou deux leçons afin que tu deviennes un aussi bon nageur que moi. » Une nouvelle idée vient de lui traverser l’esprit et il n’est pas sûr qu’Alrik soit capable de l’imiter. Khaba en est grandement amusé d’avance, mais pour la mettre à exécution, il va falloir terminer de dégager les vêtements et se lancer à l’eau. Pour le dernier point, le petit prince a un plan très simple. Reste plus qu’à savoir s’il pourra le mener à terme.

Les petites attentions ainsi que les échanges amicaux — et sexy — se poursuivent entre nous, laissant le tout en suspense et qu’on étire de plus en plus la patience l’un de l’autre à son maximum. Chose qui m’amuse, mais que je sens tout de même l’élastique perdre sa propriété première à la longue. Mais lequel de nous deux flanchera le premier? C’est une question à laquelle je ne peux même pas y répondre dans l’immédiat. Parfois mes coups arrivaient à faire céder mon petit chaton, mais parfois celui-ci savait sortir ses griffes au bon moment pour m’agripper et me tenir tel un prédateur sur sa proie.
Dans tous les cas, ça reste un jeu dont le dénouement est inconnu. De quoi tenir en haleine encore tous les spectateurs qui ont un œil indiscret!

— Je me tarde de découvrir tes idées qui se cachent dans ton esprit présentement, lui lançais-je tout en maintenant mon regard dans le sien. Qui sait? Peut-être me décevras-tu?

C’est avec un petit ton sarcastique que mes dernières paroles quittent mes lèvres. C’était mon petit moment de me mettre au-dessus de lui, de le déstabiliser un peu. Si ce n’est qu’une fraction de seconde qu’il soit confus, j’aurai gagné. Malgré que ce ne soit pas la première fois que j’utilise ce stratagème, alors il doit finir par s’habituer.
Mais peu importe, ce n’est que pour détourner un peu son attention. Le temps que je calcule un peu plus mes distances avant qu’il n’envoute à nouveau mes pensées.

Pendant que la distance se rétrécit entre nous et la piscine, nos corps commencent à se retrouver nus — pas totalement— . Il me fait bien sûr la remarque de ne pas aller me rafraichir avec ces bijoux sur ma personne, mais pourquoi je me donnerais la peine de les enlever alors que ce petit prince pouvait le faire pour moi? Au même titre que je lui ai débarrassé des siens.

— Enlève-les, dis-je en susurrant à son oreille pendant qu’il enlevait ses boucles qui y pendouillaient.

Je préférais m’occuper de l’étreindre, mais il fut plus rapide. Il commence à m’enlacer plus langoureusement que quand je suis arrivé — loin de me déplaire— . Je lui réponds par le même genre de geste, parcourant un peu plus ses points faibles. Hors de question que je suis le seul à avoir des réactions. Je souhaite l’entendre gémir aussi à son tour.
Nos échanges quelque peu fougueux s’enchaînent jusqu’à ce qu’il y mette fin et que ses lèvres quittent les miennes. Sérieusement? Il ne s’attend pas à ce que je m’attarde sur ses domestiques? J’avoue que l’idée que quelqu’un d’autre voit mon petit chaton nu ne m’enchante pas, mais si c’est pour être les employés de ce palais qui ont bien mieux à faire que de nous mater, je pouvais bien fermer les yeux pour cette fois.

— Le vin peut arriver n’importe quand, je ne m’en soucie guère.

Je lui réponds tout de même afin qu’il ne pense pas que je l’ignore — quoi qu’avec mes mains baladeuses, il peut bien deviner qu’il a déjà toute mon attention pour lui seul— . Mais même mon petit chaton a quelques impatiences! Voulant m’extirper de mes derniers morceaux de tissus qui recouvraient le bas de la ceinture, il me lance une petite invitation.
Bien qu’elle soit grandement alléchante, je ne fais que sourire. Il est certes bien meilleur nageur que moi. Malheureusement, dans ma ville natale, la température ne nous permettait pas de jouir d’une piscine comme ici. Je prendrai bien quelques leçons, mais j’avais déjà autre chose qui me trottait en tête.
Nous sommes très près de la piscine. Je ne m’étais pas rendu compte encore que nous étions aussi proches. Aaaah Khaba!
Avant qu’il n’arrive à me dévêtir au complet, je l’enlace une seconde fois. Alors que ma peau est collée à la sienne, je positionne mes bras stratégiquement. Je fais un pas vers l’avant, l’obligeant à le faire reculer ainsi s’approcher encore plus de la piscine creusée.

— Je ne sais pas pour toi, mais j’ai déjà bien chaud! lui dis-je avant de l’agripper et de nous faire tomber à l’eau.

Khaba retrousse le nez avec dédain et fronce les sourcils suite aux mots de son amoureux. Il a parfaitement conscience que ce dernier cherche à le faire réagir — surtout avec le ton employé — et il ne peut s’empêcher de le faire. Le début lui plaisait bien, mais cette idée de décevoir le dérange. « Moi, te décevoir? Tu verras que ce ne sera jamais le cas. » L’attitude supérieure et hautaine effectue son retour, comme si elle n’était jamais partie. Le petit prince a confiance en lui et en ses propositions. Il sait qu’Alrik y résiste juste par plaisir, comme en ce moment. Cela reste un jeu fort intéressant, s’il n’est pas trop étendu dans le temps. Mais pour son homme, il sait être bien plus patient et joueur. Pour leur plaisir à tous les deux, évidemment. « Et tu les découvriras bien assez tôt mes idées. » Lueur perverse qui s’ajoute à son côté arrogant. On lui a déjà dit que ça ajoutait à son charme. Seul son interlocuteur pourrait le confirmer, et quelque chose lui dit qu’il attendrait longtemps. Le Kalosien aime un peu trop le taquiner; l’inverse est aussi vrai.

S’amuser dans la piscine fait partie des activités qui plaisent beaucoup à l’aîné Sahir, que ce soit des activités plus intimes ou plus récréatives. Il adore l’eau, il adore se placer sous la petite chute pour se détendre les épaules et le dos. L’aménagement dans ce secteur est magnifique. Khaba veille à ce que les jardiniers soient aux petits soins, il a pris part à l’élaboration des plans il y a quelques années. Orion ne se baigne presque jamais. Honnêtement, ce n’est pas plus mal. Cela permet au coordinateur de se détendre tout en sachant que le vieux n’allait pas se pointer pour le déranger. Ou pour l’insulter quand son petit ami est présent. S’il fallait qu’il soit vu en pleine activité plus intime, disons, ça serait la crise. En plus d’être le truc le plus turn off du monde. Ewww. Heureusement, ses pensées ne s’aventurent pas là sinon il aurait été dégoûté; difficile de reprendre par la suite. L’Alolien se laisse porter par le moment, se préparant à cette baignade improvisée qui s’annonce très intéressante. Il échappe un court rire quand Alrik lui ordonne presque de les retirer lui-même ses boucles d’oreilles. Très peu de personnes peuvent lui parler de cette façon sans qu’il s’en offusque : sa sœur et son petit ami. Et la première ne se l’est jamais permise. Aucune chance qu’elle le fasse tant qu’il la couvrira à ce point. « Tu te permets » qu’il susurre en retour. Cela dit, dès que le petit prince termine avec la cape, ses doigts migrent jusqu’aux bijoux qu’il entreprend de retirer doucement.

Maintenant, le futur inspecteur contrôle plus difficilement son impatience et son envie de proximité avec son homme. Son attitude ainsi que ses touchés le démontrent. Puis, la question qui suit a tendance à achever le peu de retenu qu’il s’imposait jusqu’alors. Il lui en reste juste assez pour s’assurer d’avoir la permission de retirer le bas que son petit ami porte. Il aurait pu être gêné à l’idée que le domestique les voit, même s’il sait que cette personne ne s’attardera pas. Les voyeurs, son père et lui les remarquent rapidement et ils les congédient aussitôt. M’enfin Orion les congédie, Khaba ne s’occupe pas de ce volet. « Tant mieux. Je n’étais pas sûr de pouvoir résister encore longtemps à cette vue. » De son corps dénudé. Avec les idées qui lui viennent en tête, d’où la proposition de leçons, il se met lui-même à mal niveau contrôle et résistance.

Avec tout cela, le jeune propriétaire des lieux n’a pas vraiment remarqué qu’il est si près du bord de la piscine. Étant donné qu’il a envie d’attraper Alrik contre lui et de se laisser tomber dans l’eau, ce n’est pas un problème. Ce qu’il n’avait pas prévu est que son homme ait exactement la même idée et qu’il ne serait donc pas le premier à agir. Même si les paroles prononcées lui ont mis la puce à l’oreille, son temps de réaction a permis au Kalosien de mettre son plan à exécution. Tout juste le temps de prendre assez d’air que son corps frappe l’eau. Avec des mouvements trahissant l’habitude, il remonte à la surface — dès qu’il n’est plus coincé entre les bras de son amoureux. Le sourire aux lèvres, il s’adresse à lui dès que possible. « Tu m’as volé mon idée. » Ce genre de situations fait en sorte qu’il en vient à l’aimer davantage. Il ne s’ennuie jamais à ses côtés, puis il ne pensait sincèrement pas être en mesure d’éprouver tant d’amour envers une autre personne. Quand il constate que cela l’a même changé, il en est toujours un peu dérouté. Sa vie de frivolités lui plaisait, mais sa vie avec ce beau blond lui plaît plus encore. « C’est raté si tu espérais que j’avale trop d’eau en tombant. » L’Alolien est en mesure de se boucher le nez sans avoir à le faire physiquement grâce à toutes ces années de pratique et de baignade. Il n’a même pas eu à suivre de cours; il s’est toujours senti comme un poisson dans l’eau. C’est son élément.

Khaba s’approche d’Alrik puis pose ses mains sur ses joues. Son visage s’illumine d’un sourire plutôt taquin. Il a deux mots sur le bout de la langue, deux mots qu’il ressent, mais qu’il a toujours de la difficulté à dire. Il préfère les démontrer, donc alors que ses mains glissent dans le dos de son amant, ses lèvres reviennent se poser sur celles de son petit ami. Le coordinateur ne se rend pas compte qu’aujourd’hui, il amorce plus souvent qu’à l’habitude les embrassades. Son humeur l’influence, il est très affectueux avec un fort besoin de proximité. Le léger goût salé ne le dérange pas, à tel point que quand il se détache de son homme, c’est pour déposer ses lèvres dans son cou, puis de descendre jusqu’à avoir de l’eau sous le menton. « Je ne sais pas pour toi, mais j’ai encore chaud. » Il reprend son idée avec une intonation qui reflète bien ses envies du moment. Il recommence avec ses baisers, descendant sur le torse d’Alrik alors que sa tête se retrouve sous l’eau. Bon, la barrière de tissu qu’il n’a finalement pas eu le temps d’enlever le gêne. Khaba sait retenir sa respiration assez longtemps pour l’en débarrasser, si jamais son Kalosien préféré le laisse faire.

Un large sourire malicieux s’affiche sur mes lèvres alors que mon petit chaton réagit à mes provocations. Il marque un point sur le fait qu’il n’avait jamais été dans cette section, mais après tout, il avait quelques points de moi qu’il ignorait, qu’il n’avait pas encore vu ni aperçus. Simplement, mon Khaba connaît bien des facettes et sait comment me satisfaire. Mais il avait quand même une partie de moi qui souhaite que ça arrive, juste voir ce qu’il en découlera —notre relation est bien plus forte que ça—.
Oui, notre relation ne datait pas d’hier et si même le père Sahir n’arrive pas à nous séparer, je vois mal ce qui pourra faire en sorte que ça se passe ainsi.

— Seul l’avenir nous le dira, lui chuchotais-je pour semer encore un petit doute dans son esprit. Et tu sais que je n’ai pas de patience, alors dis-moi tout de suite!

Sauf que voilà, ce petit prince a bien conscience de ce trait de caractère chez moi. Et surtout il sait comment me titiller et faire travailler ma patience —même si je préfère lorsqu’il va direct au but—.
Même si —soyons réaliste— il ne le fera pas.

— Il n’y a que moi qui le puisses aussi, lui retournais-je face à son commentaire. Rien de méchant, tu le sais déjà.

Et le tout allait bien dans les deux sens. Dans la vie, il faut avoir aussi des personnes qui te rappellent que tu es mortel. Personne ne me vient à l’esprit dans ce rôle envers mon petit ami. Je me dois donc de remplir ce rôle -car aucun autre ne pourrait être toléré pour ce genre de propos à son égard-. Et malgré tout, je serai aussi le premier à lui venir en aide s’il y a quoi que ce soit.
Le voilà que mon beau brun s’exécute. Je tâche de rester le plus immobile que possible —bien que l’envie en l’ayant aussi proche de moi me guette pour quelques rapprochements plus intimes—. Venir coller mes lèvres sur les siennes et lui arracher un baiser en autre. Mais ses moments allaient venir bien plus vite que l’on n’y pense. Je ressens la tension qui ne cesse de monter au point qu’il est sous le point de rompre.

Nos corps, maintenant immergés dans l’eau, finissent par resurgir à la surface. Je l’avais relâché —mon but n’étant pas de noyer mon petit chaton—. Mais l’eau fraîche me fait l’effet escompté; voilà que la température de mon corps peut baisser un peu et se protéger contre la chaleur des rayons du soleil.
Je tire mes cheveux vers l’arrière afin de dégager ma vue tout en rigolant.

— Tu n’as pas été assez rapide alors! Tu peux toujours te rattraper et te noyer maintenant. Ça sera un plaisir de te sauver la vie et de te faire du bouche-à-bouche.

Bien que j’avais conscience de comment retirer la vie à un être humain, j’avais aussi les connaissances pour en sauver. Mais soyons clairs, ce n’était que des plaisanteries et mes propos servaient plutôt à le faire rapprocher de ma personne. Le sentir près de moi, l’embrasser.
Lisait-il dans mes pensées mon petit chaton? Car le voilà à une distance moindre. Je profite de cette sensation sur mon visage. Je me perds dans ses yeux alors que le bout de ses doigts chatouillent ma peau, me font frissonner. J'accueille le doux baiser et je ne peux me retenir de l’enlacer dans mes bras et restreindre au maximum la distance —si minime soit-elle déjà— entre nos deux corps.
Et la fin de ce moment arrive beaucoup trop vite, mais les paroles de mon petit ami me réjouissent et me consolent.

— C’est toi qui fait monter la température!

Puis les rapprochements s’enchaînent —et ont beaucoup plus d’entreprenant—. Je me délecte de toutes les attentions de Khaba. Au point même que je le laisse libre de ses actions —un petit répit avant de réattaquer ce chaton qui n’avait pas eu le mémo que les chats n’aiment pas l’eau-—.
Débarrassé du peu de tissus qui me restait, je remonte le prince Sahir à la surface avant de venir y apposer mes lèvres sur les siennes. Je l’oblige à reculer jusqu’à ce que son corps atteigne les parois de la piscine.

— Fais quand même attention. Je ne veux pas te secourir pour vrai.