On m’a appelé. Le Polygone m’a appelé. Ils voulaient savoir si j’étais pas loin de Rivamar et si j’étais disponible là maintenant tout de suite. J’ai dit oui, parce que c’était le cas. J’attends les résultats des oraux du Polygone, pour accéder à la formation finale de soigneur-urgentiste. Donc pas grand-chose à faire en attendant, hormis répondre à des mails, confortablement installé sur le transat au bord de la piscine chez mon père. Donc voilà, s’ils ont besoin d’un coup de main, je suis là pour ça. Enfin, on me précise quand même que c’est une intervention en haute-mer avec l’équipe spécialisée rattachée à Rivamar. Plutôt cool, plutôt très cool même, parce que ça veut dire qu’il y a moyen que je connaisse les lieux, même si ça me foutrait les boules de constater que c’est un de mes petits coins de mer qui serait en danger. J’avoue. Mais il faut bien, surtout s’ils ont besoin d’être protéger. On m’a dit qu’on m’expliquerait les détails de la mission sur place. Je suis un peu surpris qu’on fasse appel à moi, mais si je suis le plus proche et donc celui qui pourra être là pour embarquer dans le délai le plus cours, bah je comprends. Par contre, ça veut dire qu’ils n’ont pas le temps d’attendre : je dois donc tracer. Enfin, pas trop non plus. Mission en haute-mer, ça veut dire avoir une équipe adaptée à ça. No way que j’embarque Clifford avec moi, un Arcanin sur un bateau, il ne manquerait plus que ça ! Je prends forcément avec moi Spyros et Ethiops, mes alliés en toute circonstance, mais aussi Néo et Auriol qui sont parfaitement adaptés. Normalement, en tant que réserviste, je ne devrais pas avoir le droit à plus de quatre pokémons pour m’accompagner en mission, mais j’embarque quand même Kaï et Viggo, dans le doute. Mieux vaut prévenir que guérir, je pense qu’on ne m’en voudra pas pour ça. J’espère surtout.

Du coup, aussitôt l’équipe constituée, je file. Je grimpe sur mon vélo et c’est parti : direction le port. Il n’y a pas de temps à perdre, et je ne compte de toute façon pas en faire perdre au groupe qui m’attend déjà. Heureusement que je connais le port comme ma poche, que je sais exactement où se trouve le quai qui m’a été indiqué, parce qu’on ne m’a même pas demandé si je savais où c’était. Peut-être qu’ils savaient que je savais, mais ça me semble quand même un peu tiré par les cheveux. Bref, j’intensifie le rythme sur le pédalier, pas le time de se perdre dans ses pensées.

Apparition:

Dérapage contrôlé – presque, j’ai surtout failli m’éclater la gueule – pour m’arrêter devant la cahute du gardien du port. « Bonjour m’sieur Horo, vous pouvez garder mon vélo s’il-vous-plait ? » Il me connait, il me connait depuis que je suis gamin, forcément qu’il va dire oui. La question ne se pose tellement pas que je n’attends même pas la réponse avant de me casser. « Merci ! » Ok, ça fait totalement petit con, mais petit con je suis, aussi. Bref, je n’ai pas plus le temps qu’il y a dix secondes, donc je trace. Le port, je le connais comme ma poche, on m’a donné le quai, je sais exactement où je vais, et il ne faut pas bien longtemps avant que j’y arrive. Je vois que ça s’affaire sur l’un des bateaux, un pas si gros que ça, pas un de plaisance. Je m’approche donc, le pas rapide. Je n’ai pas le temps de l’ouvrir – waw – qu’on me repère. « Nessa Finnegan ? » « Yep, c’est moi ! » « Parfait, on vous attendait pour partir. » D’accord, ça va vite, ça va très vite. Je ne me fais donc pas prier et grimpe à bord, à l’aide de la main tendu du ranger – je suppose – qui m’a parlé. Il a fait un signe au gars qui est aux commandes du bateau et on est parti. Action, réaction.

On va vite, très vite, et je ne sais ni avec qui je suis, ni où on va, ni pourquoi on y va. Et bizarrement, ma grande gueule ne la ramène pas trop, pas suffisamment pour poser les questions, tout du moins. Je m’en veux un peu d’ailleurs de ça, que je devrais me renseigner, justement. C’est la moindre des choses de savoir pourquoi on est là et avec qui on va travailler si on est en mission. « Elyes Bouchki, ranger 3 blades, à la tête de l’équipe maritime de Rivamar. » Je ne peux m’empêcher de le détailler du regard : la trentaine un poil tassé, petite barbe hyper bien taillée, des yeux noisette, le teint halé. Chemise fine blanc cassé, manches remontées, pantalon cargo, bonnes grosses chaussures de ranger. Son attitude est… posée. Il ne semble pas spécialement cool sans paraître hyper rigide non plus. Droit dans ses bottes et dans ses fonctions. Pour le reste, il va me falloir un peu plus de temps et d’interactions pour me faire une idée. « Je vous présente le reste de l’équipe. » Ça peut servir, en effet. Surtout que l’accélération commence à se faire bien sentir, et qu’on risque de devoir gueuler pour se faire entendre sinon, donc prendre place à l’intérieur de la cabine, ça peut être sympa.

Fuite:

« Je vous présente Norton Rodriguez à la barre, et Eri Toronaka, tous les deux rangers également. » Ok, je me suis dit que ça allait passer, mais j’ai vraiment trop de mal avec le vouvoiement. Je vais attendre de voir si c’est avec tout le monde pareil ou juste avec moi, et si c’est toute l’équipe, aussi. « Salut. Norton du coup. Ravi de faire ta connaissance. » Le gars ne détourne pas son regard de la mer devant lui, ce qui me rassure, personnellement. Je ne vais clairement pas m’en offusquer, je préfère arriver en un seul morceau, à choisir. « Eri. » Et bah… Accueil chaleureux au max dites-moi, je suis content d’être venu… Je me contente de hocher la tête sans chercher à forcer le truc. Une fois de plus, je ne sais pas si elle est comme ça avec moi parce qu’elle est comme ça avec tout le monde ou juste parce que c’est moi. Laisser le temps au temps pour y voir plus clair, ça me semble déjà pas mal. « Merci de m’accueillir à bord. Mais… je me demande un peu pourquoi je suis là. Pourquoi vous avez besoin de moi ? » C’est peut-être présomptueux dit comme ça, je ne sais pas trop, je n’espère pas. Ce n’était pas dans le sens « moi et moi seul », clairement pas. C’est juste que j’étais le plus proche géographiquement, donc celui capable d’être là le plus tôt ; ça ne veut clairement pas dire que je suis le plus qualifié.

« Nous avons une double mission, ici. Un laboratoire clandestin dans une plateforme pétrolière désaffectée, la police est intervenue : il y a des pokémons à examiner pour connaître leur état, ça sera ta part. De notre côté, on va devoir veiller à tenir à distance les pokémons sauvages qui commencent à s’agacer de cette présence humaine massive. » Ok, la situation est plus complexe que ce à quoi je m’attendais. Ça me file un léger doute sur mes compétences, mais je verrai bien sur place. Au pire, je sais reconnaître mes limites, je préfère botter en touche honnêtement que faire de la merde pour tenter de sauver les apparences. Je me demande sur quoi je vais tomber en arrivant, des sujets d’expérience, type Rattatas de laboratoire, des trucs horribles ou pas ? Je ne sais pas, je ne sais pas si je veux savoir. Dans tous les cas, je vais devoir avoir le cœur bien accroché, et la tête bien froide. Sans doute aurais-je dû embarquer Swen avec moi ; puisqu’il risque d’être question d’auscultations, la Nanméouie aurait été d’une grande utilité. Je m’attendais à agir en pleine mer, enfin… dans l’eau. Pas sur une installation humaine. Je dois dire que ç’aurait été cool pour ça d’avoir les tenants et aboutissants en amont, lors du coup de téléphone du Polygone. Mais bon, c’est comme ça, tant pis. Je vais m’adapter, je me débrouille assez bien pour ça. « Ok, donc je serai en solo à l’intérieur du labo. Enfin, avec la police et les scientifiques, mais pas avec vous. » « Normalement, oui. » Ok. Pas habituel du tout, mais ok.

Apparition:

Lucario S utilise la CS Force et vous prouve sa valeur !
Dans l'élan, il découvre une Potion et vous la ramène.

J'ai comme l'impression que le pokébloc et les pommes ont été interceptées en vol ...
C'est ce malicieux petit Grimalin sauvage LV.30 le responsable !

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Que faites-vous ?

Je m’interroge sur la pertinence de ma présence au sein de cette mission. Que vais-je pouvoir apporter, au milieu d’agents de police et de scientifiques ? Les premiers veilleront à la sécurité tandis que les seconds sauront faire les analyses nécessaires sur les pokémons trouvés sur place. Vraiment je me projette très difficilement sur place. Mais soit, si on a demandé à ce que je sois là, et bien je serai là. Je n’ai pas l’expérience du Polygone, ni leur vision plus globale, c’est sûr. Donc autant attendre d’être sur place pour me faire une meilleure idée.

Au loin, je remarque les nuages plus que noirs. Ils sont immenses et nous nous dirigeons droit vers eux. Cela ne me dit rien qui vaille. En navigation, on cherche à les éviter, ces nuages-là, je ferais demi-tour s’il ne s’agissait que de moi et que nous n’étions pas en mission. Je ferais demi-tour avant d’être pris par la houle, le vent et possiblement la foudre. Car c’est un orage qui se profile à l’horizon, et pas un petit. Je crains qu’il ne faille nous accrocher si nous souhaitons arriver à destination. « On est encore loin de la plateforme pétrolière ? » Je me permets de poser la question, et la pointe d’inquiétude dans ma voix n’est pas masquée. Je ne suis même pas sûr que je puisse la masquer, de toute façon. « Plus si loin que ça, un petit quart d’heure je te dirais. Mais t’inquiète, ça, c’est rien. J’ai déjà fait pire. » Est-ce que c’est censé me rassurer ? Vraiment ? Non parce que pour que moi, je ne sois pas rassuré, il faut y aller. J’en connais des casse-cous, j’en suis un donc je sais de quoi je parle. Moi, ça, j’irai pas. Et je sais naviguer. Peut-être que je n’ai pas la maîtrise de ce Norton, sans doute. Mais je ne sais pas. Moi. Je ne le connais pas, justement. Après, si le reste de l’équipe lui fait confiance, ce qui a l’air d’être le cas… Let’s go.

De toute façon, ce n’est pas comme si j’avais le choix. Je vais devoir m’accrocher et attendre que ça passe. Heureusement que je n’ai pas le mal de mer, ou genre le moindre mal des transports, parce que là, tu sors tes tripes puissance mille. Après, je ne vais pas trop faire le malin non plus, je me suis fait un déjeuner bien copieux parce que je ne m’attendais absolument pas à être appelé aujourd’hui. Donc, avec le coco plein, le risque qu’il se passe quelque chose de gastriquement terrible reste non négligeable. Allez, focus. Tête froide.

Fuite:

Peu à peu, je sens le ballottement s’intensifier, tandis qu’on s’enfonce dans l’orage. Enfin, pour l’instant, il ne s’agit toujours que de nuages noirs, mais je n’ai pas de doute sur l’arrivée prochaine de la pluie et des éclairs. Le ciel est complètement couvert, la lumière du soleil ne passe plus. Totalement le genre de délire postapocalyptique, genre vision de fin du monde. Bah on y est, même si c’est encore relativement calme. Le pire est à venir, j’en ai très bien conscience. Mais je vois les rangers à l’aise dans leurs baskets. Ils sont sérieux, certes, mais n’ont pas l’air plus préoccupés que ça de la situation. Ils échangent sur la marche à suivre une fois sur place, le protocole, des choses que je ne connais visiblement pas. J’essaie d’écouter, d’être attentif à ce qui se dit car plus j’ai d’informations, mieux je peux prendre les bonnes décisions, sauf que j’ai vu le sourire disparaitre sur le visage de Norton, et ça me fait serrer. Je comprends immédiatement qu’on n’est plus sur la partie de plaisir, qu’il n’est plus en mode détente du tout. Et pareil pour les deux autres rangers à bord, d’ailleurs. Pas qu’ils souriaient, mais je vois bien la différence avec quelques minutes plus tôt, ça parle beaucoup moins. Tout le monde est hyper focus, et je ne sais pas où me mettre ; j’ai peur d’être au milieu, de les gêner. Et en même temps, une part de moi ne peut s’empêcher de se dire que j’ai les connaissances et compétences suffisantes en navigation pour apporter mon aide. Il va falloir que je prenne une décision, et vite.

« Besoin d’aide pour quoi que ce soit ? » Je me lance, il faut bien. Je ne suis pas venu pour rester sur le banc de touche, encore pire si ça veut dire ne rien avoir d’autre à faire que de réfléchir à ce qu’il se passe. Merci mais non merci. Donc j’espère sincèrement qu’ils vont avoir quelque chose à me faire faire, n’importe quoi. « Il faudrait quelqu’un à la radio pour établir le contact avec les personnes sur place, si vous voulez vous occuper de ça. » Une tache simple à exécuter, et qui me permettra peut-être de taper la jactance, je prends. Puis si je dois me retrouver seul avec les flics sur la plateforme pétrolière, autant que je commence à prendre des infos aussi là-dessus, ça pourra être l’occasion. « Ok, ça je peux faire. Je dis quoi ? » Oui voilà, parce que parler c’est bien, mais parler pour quelque chose c’est mieux. Je ne sais pas si mon rôle va être de donner nos coordonnées, expliquer notre situation ou bien si je dois obtenir des renseignements pour nous permettre d’arriver à bon port. Je vais bien voir ce qui m’est répondu par Elyes, j’aviserai ensuite.

Apparition: