Du coup, on court. Et vite. Enfin, on essaie, parce qu'un pokémon, même si elle a pas l'air d'avoir de jambes, ça triche et ça peut léviter. Donc cette Sorcilence lévite et nous rattrape en un rien de temps, comme on aurait dû le prévoir. Une grosse attaque psy nous frôle de justesse, et pour l'esquiver un maximum on se penche un peu trop sur le côté et on tombe comme des idiots. Mais au moins, on reste encore en vie. Ça ne va probablement pas durer, mais respirer ne serait-ce que deux secondes de plus sur cette Terre est une victoire en soi. La sorcière se prépare de nouveau à attaquer, et emmagasine de l'énergie pour créer une sphère condensée de puissance.

Ray s'est relevé entre-temps et sort une pokéball pour faire appel à... euh je ne sais pas ce que c'est, mais il est beau. « Lance Etincelles pour l'empêcher d'attaquer ! » Le pokémon se charge en électricité et fonce sur son adversaire. Il est si rapide que l'autre en face n'a pas le temps de lancer son attaque chargée et cette attaque la déstabilise quelques secondes. Et ce sont les secondes suffisantes pour le pokémon de Ray de prendre le dessus en relançant encore son attaque. Mais comme toutes les bonnes choses ont une fin, cet instant aussi. La Sorcilence est clairement pleine de ressources, parce qu'elle encaisse comme si les attaques électriques n'étaient que des chatouilles pour elle. D'un revers de main (?) ou ce qu'il semble en être une attachée à son grand chapeau, le pokémon électrique se fait jeter un peu plus loin et la sorcière lance de nouveau son attaque psy, mais cette fois avec moins d'énergie pour être plus rapide. Sa tactique fonctionne, parce que la sphère psychique s'élance et là je me dis que c'est fini.

Ou pas. Comme invoquée par la bataille, un pokémon mystérieux apparaît et casse la sphère en deux comme s'il ne s'agissait que d'un vulgaire morceau de pain. La nouvelle arrivante – si c'est bien une femelle – possède deux grosses mâchoires en guise de couettes et se déplace de manière très gracieuse, presque comme une danse. Ses couleurs sont aussi magnifiques, avec des teintes bleu marine, beige et taupe. Ray et son pokémon reculent et laisse notre sauveuse avoir une discussion un peu énervée avec la sorcière. « C'est quoi ce pokémon ? Il se passe quoi ? » Mon haussement d'épaules indique que je suis dans la même situation que le détective. Oh, mais j'oubliais que j'avais un pokédex. En même temps, qui aurait l'idée de le sortir en plein combat de vie ou de mort. Mais comme là on a juste quelques instants de répit, c'est le moment d'en savoir plus.

Le pokédex indique qu'il s'agit d'une Mysdibule, et dans la description elle n'a qu'une seule mâchoire sur la tête. Celle-ci aurait apparemment bien plus de puissance que les Mysdibules normaux, probablement via un entraînement intensif. Ou quelque chose du genre. Bref, elle est de type acier et fée, et apparemment ses mâchoires peuvent broyer- non, déchiqueter ses proies de toutes ses forces. Ou alors pulvériser un rocher avec un gros claquement de mâchoire. Ah ouais, rien que ça. Elle est terrifiante elle aussi, y a que des spécimens aussi effrayants dans cette forêt ou quoi ?!

C'est effrayant, mais en même temps elle a pas l'air si méchante. Enfin là, si, parce qu'elle se bat contre la Sorcilence, mais entre les deux, je veux bien croire qu'elle n'est pas du genre à nous taper sans n'avoir rien demandé, contrairement à l'autre sorcière. Et j'en profite pour scanner le pokémon de Ray qui est donc un Elecsprint, un pokémon super rapide qui aime créer des nuages orageux au-dessus de sa tête pour utiliser ses attaques électriques. Ah bon, d'accord. Original le petit. « Ouais je sais, il est stylé hein ? » Le pokémon électrique accentue son affirmation par bomber son torse, tout fier. « Ahaha... Euh, ouais, il est stylé. » Je veux bien l'admettre pour flatter leur ego à tous les deux.

724 mots

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Fuite:

Enfin bref, cette interlude terminée, je reporte mon attention sur les deux pokémons qui se battent juste à côté. C'est pas comme si je voulais faire genre on était en sécurité maintenant et tout, mais étant donné que cette Mysdibule nous a quand même protégés, je me dis qu'il y a une chance qu'elle soit de notre côté. Les attaques de l'une et de l'autre sont vraiment impressionnantes, et ça fait même des gros coups si forts qu'on sent les vibrations dans l'air, ou simplement des coups de vent à droite à gauche. « Elles ont un peu l'air de se détester, non ? » Ma remarque n'est pas la plus utile de la terre, je sais. Une façon pour moi de bien réaliser que deux pokémons se battent juste sous nos yeux et qu'on peur crever à tout moment, mais au lieu de déguerpir on reste là agenouillés à les observer. « Ah bon, tu crois. » Merci pour la réponse toute aussi pertinente Ray, tu viens de gagner la palme d'or du meilleur personnage sarcastique.

Au final, c'est la Sorcilence qui abandonne et s'enfuit. La Mysdibule semble bien fière de son coup, et elle a raison ; donner une bonne raclée à quelqu'un, ça fait du bien ! Après si c'est mérité ou pas, ça dépend.
En tout cas, le pokémon se tourne vers nous avec sa petite bouille mignonne, et nous dit quelque chose de manière polie, mais je ne sais pas quoi. Je regarde Ray qui ne sait pas non plus quoi dire, et au pif je me dis que qui ne tente rien n'a rien. « Euh, merci beaucoup pour ton aide. » La Mysdibule hoche de la tête avec un sourire. Apparemment c'était la bonne réponse. Mais puisqu'on est sur un jeu de FAQ, peut-être qu'on peut tenter d'avoir des informations, ou tout du moins des pistes, pour retrouver nos copains et les deux disparus. « Dis-moi, est-ce que tu as vu d'autres humains perdus dans cette forêt ? » Le pokémon hoche une nouvellement fois de la tête, et commence à aller dans une direction. Ni une ni deux, Ray et moi la suivons de près, l'Elecsprint du détective assurant nos arrières. C'est étrange, la Mysdibule n'a pas l'air affectée du tout par toute cette tension dans l'air, et son combat contre la Sorcilence l'a à peine fatiguée. C'est un pokémon vraiment incroyable quand même.

Très vite, elle nous mène dans une sorte de clairière. Et là, je ne suis pas sûre de ce que je ressens, mais une certaine appréhension se créée. Un homme est allongé sur le sol, entouré de plusieurs petits pokémons qui tente de lui transférer quelque chose via de l'énergie verte – un genre de soin ? Mais est-ce que les soins des pokémons peuvent vraiment soigner les êtres humains ? « Ça doit être le père du petit ! » Ray part à sa rencontre en premier avec son pokémon, tandis que de mon côté j'y vais tranquillement, au rythme de la Mysdibule. Une fois au niveau du détective, je m'aperçois que l'homme est encore en vie et possède assez d'énergie pour parler. « Ah, je vois que vous avez rencontré la gardienne. » La gardienne ? « Cette Mysdibule protège les pokémons ici depuis que la Sorcilence a imposé son règne. Malheureusement, ça dure depuis bien trop longtemps. » A ça, la concernée se frustre et pousse des cris énervés, probablement visant son ennemie. « Haha, peut-être que bientôt, vous parviendrez à la vaincre... Dîtes-moi, avez-vous vu mon fils ? Il... Sous l'influence de la Sorcilence, il est parti si vite, je l'ai perdu de vue et puis ensuite plus rien, le trou noir jusqu'à maintenant. »

Ça fait beaucoup d'informations. Mais on comprend mieux la situation, petit à petit. « Non, nous sommes ici pour vous retrouver votre fils et vous, justement. Votre ex-conjointe nous a missionnés pour ça. » Les paroles de Ray sont comme un apaisement pour l'homme qui semble rassuré. On ne connaît rien de leur passif à cet ancien couple séparé, et on a l'air d'accord pour ne rien demander de plus. La seule chose qui compte c'est de les ramener sains et saufs chez eux.

745 mots

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• Apparition d'un pokémon sauvage s'il vous plaît ! o/

Myyyyyyy little poooonyyyyyyyyy !
Huhuhuuu ! C'est bien lui, Ponyta-G sauvage LV.34 texte.

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On lui coiffe la crinière ou on essaie de lui faire manger de la paille-G ?

Ray s'assure que le père soit bien sans danger. Avec tous les pokémons autour, à priori il ne risque plus rien, si ce n'est qu'il va avoir besoin de beaucoup de repos pour reprendre des forces, mais rien de grave. Je me rends compte aussi qu'être détective, c'est pas seulement courir dans tous les sens pour chercher des informations et foncer dans le tas quand on a trouvé – ouais bon, ok, ça c'est moi, mais grossièrement ça me semblait avoir cette image. Très grossièrement. Bien sûr que ce n'est pas que ça, d'être détective, je le vois bien avec tonton ! Au fond, j'espérais que les enquêtes de ce genre soient plutôt simples et sans prises de tête, mais bien évidemment que ce n'est pas le cas. Rien n'est jamais simple. « Nous reviendrons vous chercher une fois que nous aurons retrouvé votre fils. D'ici là, ne bougez pas et reposez-vous. » Les paroles du brun calment l'homme qui se laisse emporter par le sommeil.

Le détective se relève ensuite, de la détermination dans ses yeux. « Allons-y, son fils ne devrait pas être aussi loin que ça. » Surtout avec une chaussure en moins j'ai envie de dire. Non pas que c'est impossible de marcher sans chaussures, mais c'est moins confortable qu'en les ayant aux pieds quand même, vu toutes les hautes herbes et cailloux. La Mysdibule aussi est motivée et vient avec nous, ce qui me rassure. Elle est super forte et connaît très certainement cette forêt comme sa poche, heureusement que nous sommes dans le même camp.

D'ailleurs, c'est la Mysdibule qui mène la marche, et nous guide. Ce n'est pas une navigation très facile, mais on y arrive. Apparemment, elle a l'air de savoir où se trouve le fils recherché, un peu comme une sorte d'instinct qui indique les présences humaines. Ou alors c'est juste elle qui est incroyable. Je l'aime de plus en plus cette petite.

A un moment donné, la forêt se fait de plus en plus dense. Les Spododos qui jouaient gaiement ne sont plus là, et les Sucroquins peureux qu'on voyait à peine ne sont plus du tout visibles de leur pelage blanc. Tout se calme, tout est plus sombre. Et là, une odeur bizarre. On se regarde avec Ray, on ne dit rien, mais quelque chose cloche. Mysdibule s'arrête aussi et observe les alentours, et l'Elecsprint du détective montre les crocs et a le poil hérissé. Le pokémon aux mâchoires décide finalement de bouger et s'enfonce un peu plus parmi les arbres, et on n'hésite pas à la suivre. Plus on avance, plus l'odeur est forte. Mais c'est.... étrangement, c'est une odeur que je connais. Qui est un peu familière, alors que je n'ai jamais mis les pieds ici.

Et là, je vois. « Merde, regarde pas ! » Dis Ray en cachant mes yeux avec ses mains, mais c'est trop tard. L'image reste imprégnée dans ma tête. Du sang. Beaucoup trop de sang. Et... et le fils qu'on cherchait, au centre de cette marre carmin. A ses côtés, un pokémon dans le même état, si ce n'est pire.

Tu ressens de nouveau le tremblement dans tes mains, le tremblement de tout ton corps. Ce petit être si fragile et innocent, tué sans aucune considération, juste parce que tu en étais la maîtresse. Parce que tu existes, parce que tu as mal agi, elle en a subi les conséquences. Jamais tu ne peux oublier tout ce sang sur ce sol immonde qui reflètent ces gens dénués de bon sens et d'empathie. Ton cœur bat fort, beaucoup trop fort pour ce corps frêle et inutile. Si seulement tu pouvais remonter le temps, retrouver ta petite Lala, revoir son sourire et son énergie.

Si seulement tu n'avais pas désobéi à Mère.

« Hé, Livia ? »

Si seulement père était resté avec toi.

« Livia ! »

Si seulement tu n'avais pas perdu ta maman.

« Putain, mais réponds ! »

Si tu n'étais pas née, Lala serait encore en vie. Et maman aussi.
N'oublie pas que maman est morte parce qu'elle t'as eue.

723 mots

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Capture:

Tout est flou. Tout paraît bizarre. Un peu comme si mon corps et mon esprit s'étaient séparés. Que je me vois mais de loin, et en même temps je suis encore là... ? J'ai l'impression que mon cerveau est devenu un coton, que mes oreilles ne veulent plus fonctionner et que mes yeux se sont fermés alors qu'ils sont encore ouverts. La respiration rapide et difficile n'aide en rien à sortir de cet état. Qu'est-ce qu'il se passe ? Qu'est-ce que je suis censée faire ? Où est-ce que je me trouve ?

Petit à petit, je sens quelqu'un me parler. Je sens qu'on touche mes bras, que la voix est familière. Doucement mais sûrement, je réalise que c'est Elian. « -via. Respire avec moi. Inspire. Et on expire. Super, et on recommence. » Étrangement, ça aide. Involontairement, j'écoute et je fais de même. Petit à petit, je retrouve mes esprits et tout revient plus ou moins à la normale. Pendant cet exercice, je sens une masse se poser sur mes genoux – quand est-ce que je me suis assise ? – et je vois Midnight qui s'est posé et blottit contre moi. Je prends un temps avant de réaliser que je peux de nouveau bouger, que j'ai le contrôle de mon corps. J'enlace alors mon pokémon, très doucement. Je ferme les yeux un instant, essayant de retrouver toutes les sensations en commençant par le toucher de mon pokémon et de sentir la caresse du vent. Puis le bruit des feuilles des arbres, et enfin des bruits de pas légers. L'odeur de la nature, de la terre.

Je rouvre les yeux, et je vois qu'Elian est juste en face de moi. Un poil trop près à mon goût, mais honnêtement c'est le dernier de mes soucis actuels. « Ça va ? » Je cligne plusieurs fois des yeux, le temps de comprendre la question et la réponse à donner. « Euh... Oui. » Elian hoche de la tête, apparemment satisfait de ma réponse. Il sert un peu au niveau de mes bras avant de relâcher sans pour autant se relever. « Tu... Tu as souvent eu des crises d'angoisse comme ça ? » Je tourne la question plusieurs fois dans ma tête, essayant déjà de savoir ce que c'est, et puis de savoir si c'est déjà arrivé. Je ne suis pas sûre, aucun souvenir. Et je n'ai pas l'impression d'avoir déjà vécu une telle expérience. Ça se saurait si c'était le cas. « Non, j'crois pas. D'aussi loin que je m'en souvienne en tout cas. » Et pour être honnête, plus je réfléchis aux années précédentes, moins je trouve de choses impactantes.

Elian hoche de nouveau de la tête et me tapote légèrement la tête avant de se relever. « Vas-y mollo. » Et puis il s'en va vers les autres. Euh... Qui c'est qui tapote la tête des gens comme ça ? Hein ??? Mon cerveau est encore au ralenti, alors j'ai pas bronché au moment où il l'a fait, mais c'est clairement bizarre comme geste. Personne n'a jamais fait ça. Je suis pas sûre de savoir quoi ressentir face à ça. Mais si j'oublie, j'ai pas besoin d'y repenser. Voilà.

J'observe les alentours, et je me rends enfin compte que Chester et Elian nous ont retrouvé, et que j'ai mon Bleuseille dans mes bras. Quand est-ce qu'ils nous ont rejoints ? La Mysdibule monte la garde on dirait, comme pour être prête au cas où la Sorcilence reviendrait.
Au final, les détectives et Elian reviennent vers moi. Je n'ai pas bougé d'un poil, et Midnight non plus – même s'il commence à être lourd à force, mais sa présence me réconforte alors je ne veux pas le déloger. « Ça va mieux ? » Je hoche de la tête, n'ayant pas spécialement envie de parler. « Tant mieux. Ton Bleuseille est incroyable en tout cas. » Face à mon silence et ma tête penchée, Ray voit tout de suite que je ne comprends pas où il veut en venir. « Ah, en fait il a senti ta présence, mais surtout ta détresse je pense, et il a réussi à naviguer dans la forêt pour arriver jusqu'à toi, et ainsi guider Chester et Elian jusqu'à nous. » Oh, je vois. Mid' a encore de quoi s'améliorer, et je sens que lui aussi veut continuer à être meilleur. Mais je n'ai jamais douté de ses capacités actuelles, et je suis très contente et fière de lui. Je le sers un peu plus dans mes bras, et il n'a pas l'air d'en être dérangé au contraire.

811 mots

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• Apparition d'un pokémon sauvage s'il vous plaît ! c:

Maintenant que les choses se sont calmées de mon côté, ça me donne la sensation d'être l'inutile du groupe, et la colère commence à monter. Pas contre les autres, juste contre moi-même. Je ne savais pas que je faisais ce type de crise, et encore moins que ça existait. Pendant que les autres semblent se concerter de je ne sais quoi, j'essaie de me rappeler de pourquoi est-ce que ça a commencé en premier lieu. Il y avait la Sorcilence qui nous pourchassait, on s'est enfuit, puis il y avait cette clairière, et... Ah. Je m'en souviens. Je lève le regard pour apercevoir des tâches rouges sur le sol mais je dévie très vite les yeux. Reprenant ma respiration, je fais tout pour que cette crise ne revienne pas au grand galop. C'est donc ça. Ce n'est pas la première fois que je vois du sang, et ce n'est pas la dernière, mais en voir dans ces circonstances a fait remonter de vieux souvenirs douloureux que je laisse enterrés au fin fond de mon esprit. Je n'ai pas oublié Lala, et je ne l'oublierai jamais. Mais il y a des choses qui y sont liées qu'il vaut mieux oublier. Ou tout du moins, cachées dans une boîte pour ne pas les revoir.

Du coin de l’œil, je vois Chester envelopper le corps de l'enfant dans son manteau rouge. Ray en fait de même pour le pokémon. Je regarde le moins possible dans leur direction. « On va les ramener au père... Est-ce que vous restez encore un peu ici ou vous venez avec nous ? » Elian tourne la tête pour me regarder, la question qui lui brûle les lèvres. Je sais qu'il se demande si je suis d'aplomb pour me lever et marcher. Je joue la fière et je suis une bagarreuse, et ce n'est pas pour faire semblant. Je tapote la tête de Midnight qui me répond par un petit cri doux avant de descendre. Je me relève alors doucement, Elian juste à quelques centimètres pour s'assurer que je ne retombe pas. Je sais que c'est pas le genre de crise qui s'oublie, aussi bien pour les personnes autour de moi que mon propre corps. Je me sens encore toute tremblante, mais aucune réelle faiblesse. De toute façon, jamais je ne souhaite montrer mes faiblesses. « On vous suit. »

Les deux détectives semblent sceptiques, mais nous laisse aller avec eux. La Mysdibule ferme la marche et nous accompagne. Elle a l'air un peu tendue. Je ne sais pas si c'est parce que la Sorcilence peut débarquer à tout moment ou si c'est à cause de la découverte des cadavres... Probablement les deux. Qui ne le serait pas ?

Quand on arrive de nouveau dans la clairière, les nombreux pokémons se sont dispersés. L'odeur du sang les effraie sans doute. Quand au père, il est assis et a l'air un poil mieux, mais il est très clair qu'il devra séjourner à l'hôpital pour plusieurs jours voire semaines. Lorsque ses yeux se posent sur nous avec Chester et Ray menant la marche, ses yeux s'écarquillent et tout de suite, il comprend la situation. Il n'essaie même pas de demander si c'est une blague, s'ils sont juste blessés ni quoi que ce soit. Tout en silence, il accepte la situation. La douleur et la culpabilité ne sont pas des termes assez forts pour décrire tout ce que cet homme ressent. Son visage se décompose et les larmes finissent par couler.

Je ne connaissais pas cet homme. Avec Ray on a croisé son chemin il y a vingt minutes, trente tout au plus. Sa famille nous est inconnue. Aucun des membres de cette famille ne nous est familier et on a à peine échangé quelques formalités. Pourtant, je ressens un pincement au cœur. Une immense tristesse m’envahis. Le voir perdre l'une des personnes les plus précieuses pour lui est une vision insupportable. Tout semble si injuste. Pourquoi eux ? Pourquoi fallait-il que son enfant meurt ? Pourquoi se sont-ils retrouvés ici ? Qu'est-ce que ces personnes ont fait pour mériter un tel sort ?

Personne ne peut répondre à ces questions. Seul un silence ponctué de sanglots occupe l'espace dont l'atmosphère est au deuil.

736 mots

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Fuite:

Ne sachant pas où me mettre, je reste à l'écart avec la Mysdibule et Elian. On laisse les deux détectives gérer toute cette situation, parce qu'on n'est absolument pas parés pour ça, mais en plus... probablement parce qu'ils sont plus « habitués » que nous ? C'est horrible de dire ça comme ça, je sais hein, mais c'est un peu la réalité malheureusement. Ils sont du métier, ils ont très certainement vu une tonne de choses que nous, simples mortels, habitants du peuple, ne pourrons jamais penser. Rien qu'avec cette affaire, je me dis qu'ils doivent en voir tout le temps, et qu'ils ont un sacré mental pour tout encaisser tous les jours. Qu'est-ce qui fait qu'ils continuent ce métier quand ça semble si difficile, aussi bien physiquement que mentalement ? C'est une question à garder pour plus tard.

« Tu sais Livia... » Je tourne la tête vers mon ami. Il semble avoir un regard un peu perdu, comme s'il se trouvait ailleurs et qu'il cherchait son chemin de retour vers nous. C'est bien la première fois que je le vois comme ça, habituellement même s'il cherche ses mots, il n'affiche pas une telle expression. Son regard croise le mien, et il reprend la parole. « Si tu as besoin de parler de certaines choses de ta vie... Enfin, j'veux dire, si c'est pas indiscret et que t'as besoin d'en parler, j'suis là. Je peux t'écouter et t'épauler. »

… Je suis à la ramasse, là. Je ne m'attendais pas du tout à ce qu'il me dise ça. Qu'est-ce que je suis censée dire maintenant ??? C'est normal de sortir ce genre d'affirmation comme ça, sans contexte, avec quelqu'un en deuil comme bruit de fond ?? Il y a un moment pour tout mon cher Elian bordel !!
Enfin, si on met ça de côté... Je ne sais sincèrement pas quoi lui dire. Je n'ai jamais eu quelqu'un à qui me confier sur des choses complexes. Donc je ne sais pas comment ça marche. Est-ce que je suis censée en parler librement à qui je veux ? Mais ça me paraît beaucoup trop risqué, surtout que même s'il est mon ami, je ne le connais pas encore assez bien pour lui faire confiance à cent pourcent. Ce n'est pas comme avec tonton. Et si on me demande entre Elian et les détectives, j'imagine que je serais plus ok d'en parler aux détectives qu'à Elian, juste parce qu'au final je les connais un peu mieux, et qu'ils sont reliés à tonton, donc ma confiance dépend de tout ça.

Ce n'est pas pour autant que je ne lui fais pas un poil confiance. « … Merci Elian. » J'affiche un léger sourire, sincère. Je ne vois pas ce que je peux dire de plus, et ce serait mentir de lui affirmer que je lui en parlerais pour sûr, parce que c'est trop tôt. Je ne me cache pas sur le fait que j'ai du mal à accorder ma confiance, et encore moins le fait que je ne m'entends pas avec les gens en général. Et Elian le sait, et sa réaction est comme je l'imaginais : il est compréhensif. Il sait.

Ray et Chester reviennent vers nous, en ayant laissé le fils avec son père. « Il est temps de retourner en ville. C'est devenu bien plus dangereux que ça ne l'était en arrivant, on ne peut plus rester ici. » Nous sommes bien tous d'accord, et Chester s'occupe de prendre le corps de l'enfant dans ses bras pendant que Ray aide le père à marcher. La Mysdibule s'est remise en marche une fois qu'elle nous a vus bouger, restant sur ses gardes. Les mâchoires sur sa tête semblent nerveux, se fermant et se rouvrant de temps à autre, comme si elles savaient qu'un ennemi était en approche.

Avec l'aide de Mysdibule, nous faisons un bon bout de chemin, mais lorsqu'elle s'arrête, on comprend très vite que la bataille est inévitable : la Sorcilence est de retour.

717 mots

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Fuite: