Se tient devant toi une vision de ce que ta vie aurait pu être. En un peu plus poussiéreux et archaïque probablement, mais il y a quelque chose de frustrant à approcher ce potentiel tout en sachant que tu ne le saisiras pas. Qu'il ne s'agit là que d'un accès que tu peux emprunter pour progresser vers ce but que tu t'es choisi. Tu aurais adoré être ici pour les bonnes raisons. Une toute petite part de toi se prends à respirer dans l'air brûlant, à apprécier les claquements métalliques émanant des lourdes portes laissées entrouvertes. Tu te glisses sans mal entre leurs mâchoires, laissant derrière toi le superflu. Il n'y a pas de place pour les regrets avant l'heure et un tiraillement dérangeant dans ta poitrine te rappelle que ta visite promet de ne pas être agréable. Tu n'es pas là par courtoisie ou pour agiter tes privilèges devant le nez de quelqu'un pour obtenir ce que tu désires. Non. Tu viens avec la ferme intention de ne pas repartir les mains vides, avec seulement le nom d'un autre pour convaincre, et la volonté de faire tout ce qu'il faudra pour réussir. Cela passera sans aucun doute par le fait de piétiner ta fierté. La tâche a beau ne pas te paraître insurmontable pour l'heure, tu commences à comprendre qu'elle n'en devient pas facile pour autant.

« Bonjour ? »

Ton intrusion n'est pas remarquée immédiatement. Tu progresses entre les rampes et les véhicules, esquives un plateau d'outils, avant d'aller te planter au côté d'un homme. Sa silhouette trapue et les cheveux poivre et sel dépassant de sa casquette le désignent comme le maître à bord à tes yeux. De plus, il parait avoir le même âge que celui qui t'a envoyé ici. Faute d'avoir pu trouver des informations à son sujet, tu t'orientes avec des suppositions. Tu attends qu'il sente ta présence, peu désireuse de t'attirer ses foudres en le surprenant alors que ses mains sont enfoncées dans un moteur, et sans doute un peu aussi car tu avais toujours détesté ce genre d'interruption.

« C'est pas ouvert au public. »

Il grommelle sans t'adresser un regard. Tu te contentes d'attendre qu'il t'accorde son attention. Cela prends du temps, mais il finit par exhaler bruyamment et se redresses. Il bouge sa casquette pour essuyer la sueur sur son front et, enfin, t'observes.

« Qu'est-ce que tu veux, gamine ?
Un boulot. »

Il est tenté de rire. Tu reconnais sans mal le pétillement dans ses yeux, mais la détermination que tu affiches doit le convaincre de ne pas le prendre comme la blague que suggère ta stature. Tu as beau lui arriver aux pectoraux et sans doute faire un tier de son poids, tu as la conviction d'être à ta place ici.

« Ecoute, je sais pas où tu penses être, mais-
C'est le professeur Mattison qui m'a dit de venir vous voir.
Francisco ? »

Cela attise au moins sa curiosité. Tu ne regrettes pas ton choix d'avoir été quémander un peu d'aide au plus intéressant de tes professeurs avant de quitter la fac. Alors que tu jetais tout derrière toi, consciente que tu ne pouvais pas te permettre de perdre un an pour obtenir un diplôme, il t'avait semblé naturel d'aller le voir. Il avait sans doute été le plus proche de ce que tu avais eu d'un mentor. Ta décision lui avait déplu, mais il n'avait pas cherché à te convaincre de la revoir. Il s'était contenté de te questionner sur tes plans et t'avait remis cette dernière pépite de connaissance. Un mécano qu'il estimait beaucoup dirigeait un atelier mécanique à Pinchoria et il était convaincu que celui-ci pourrait t'employer pour un temps. Faute de mieux, tu avais basé tes plans sur cette piste incertaine. Raison pour laquelle tu ne peux ressortir d'ici sur un échec. Tu as fait toutes les démarches pour t'installer dans cette ville minière, décrocher le job est littéralement la seule chose qui te manque. L'ordre de tes actions est sans doute un peu curieux, seulement, tu n'avais pas pu te permettre de procéder autrement. Sécuriser un appartement avait été le plus urgent.

« C'est quoi ton nom ?
Shiori.
Shiori ?
C'est si important ?
Je suppose que non. »

Il accepte sans mal ton refus de dévoiler ton identité, laissant la question derrière comme la graisse sombre qu'il essuie sur un bout de tissu glissé dans sa ceinture. C'est sans doute pour cela que ton professeur t'a envoyé ici. Quelque chose te dit que cet homme n'en est pas à son premier essai. Il doit y avoir dans cet atelier d'autres personnes fuyant une chose ou l'autre.

« Me fais pas dire ce que j'ai pas dit, on accepte tout le monde ici. Mais tu dois reconnaitre que t'as pas le profil de l'emploi. T'as vu la taille des machines avec lesquelles on bosse ? C'est du sérieux, des gens peuvent être mis en danger si t'assures pas. On est pas sur de la théorie comme t'as appris avec Francisco. »

Ta dégaine actuelle ne doit pas aider. Le jet-lag t'a logé une barre douloureuse entre les tempes, tes yeux sont cernés, et tu transpires abondamment, pas du toute habituée à la chaleur paldeanaise. Tu avais beau en avoir entendu parler, rien n'aurait pu te préparer à la réelle sensation, encore moins dans cette zone particulièrement aride. Tu ne dois pas avoir l'air en forme et cela te fait apparaître plus fragile encore. Malgré tout, tu pousses.

« Tout ce que je vous demande, c'est une chance de prouver ce que je vaux. Je n'ai pas fait qu'étudier. Je suis certaine que je peux le faire.
Quand on est jeune, on en a beaucoup des certitudes...
S'il vous plaît. Je ferais n'importe quoi pour vous convaincre. »

Et vient le moment de mordre sur ta fierté quitte à en laisser un morceau derrière toi. Tu t'inclines d'une façon qui n'a rien de familière pour toi, prête à aller plus bas encore si cela s'avère nécessaire, et tant pis si ce n'est pas exactement dans la culture de cette région. Tu ne doutes pas que le message passera. Le désespoir franchit toutes les barrières. L'homme se râcle la gorge et soupire.

« Donne moi ta main. »

Tu obtempères aussitôt, la rapidité de ton geste devant te donner des allures de Caninos trop empressé d'obéir. Tu t'en fiches. Il la saisit des deux siennes et commence à palper ta paume, les bouts de tes doigts. Le contact est plutôt dérangeant, mais tu sais ce qu'il cherche et trouve. Tes mains portent les traces de tout ce temps et les efforts que tu as déversé dans ta passion. Ta peau est devenue dure et les cales et minuscules cicatrices sont nombreuses. Il s'agit de la seule part de toi qui depuis longtemps expose celle que tu es vraiment en dessous de tous les artifices. Tu as toute confiance en tes mains tant qu'on ne te demande pas de manipuler quelque chose de trop fragile.

« Une chance. Va prendre un bleu dans le bac des vestiaires. »

Ce n'est pas une victoire, mais, au moins, tu n'es pas renvoyée en arrière. Tu tiens ton occasion. Tu ne peux que tout donner en espérant la transformer.

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Apparition d'un Pokémon, s'il vous plaît :3

Les vestiaires ne sont pas très grands. Juste deux rangées de vieux casiers métalliques collés aux murs se faisant face. Il n'y a pas de fenêtre. Tu cherches à tâtons un interrupteur qui allume une ampoule pendant du plafond, à nu, qui émet un grésillement désagréable. De toute évidence, se charger de la maintenance des lieux n'est pas une priorité. Le fameux bac est une caisse en plastique glissée sous le banc trônant au milieu de la pièce. Tu t'accroupis pour le tirer hors de sa cachette et le mouvement suffit pour faire monter des effluves de graisse et de vieille transpiration qui te font froncer le nez. Les combinaisons ne sont pas de première fraîcheur. Après une courte inspiration par la bouche, tu entames une fouille plus minutieuse pour dénicher la plus petite. Certaines ont des noms cousus sur la poitrine, d'autres des badges décoratifs du genre que tu avais plus souvent vu dans les films que dans la réalité. Tu te rabat sur une taille M masculine qui ne manque pas de t'avaler dès que tu l'enfiles par-dessus tes vêtements. Il te faut rouler les manches et les jambes jusqu'à atteindre un résultat qui ne te gênera pas trop dans tes mouvements. Ce n'est pas très confortable, mais cela fera l'affaire pour l'heure. Avec la force de l'habitude, tu ramasses tes longs cheveux en un chignon rapide pour les tenir en place et sans leur contact sur ton dos, et avec ta nuque désormais dégagée, la température te parait légèrement plus supportable. Tu vas sans doute devoir prendre l'habitude d'attacher plus souvent ta chevelure si tu veux survivre dans ce climat. Les couper serait plus efficace encore, mais tu ne l'envisages pas une seconde.

Lorsque tu reviens vers le mécanicien en chef, il te scrute un instant sans émettre un seul commentaire. Tu te doutes que cette dégaine ne t'aide pas à améliorer ton image. D'un signe de la main, il t'invite à le suivre et file entre les machines d'un pas rapide et assuré. Il doit connaitre l'atelier comme sa poche. Tu veilles à ne pas traîner, mais tu fais attention à ne bousculer rien, ni personne sur ta route. Il te faudra un peu de temps avant de te faire à ce nouvel environnement. Il te conduit jusqu'à un engin orné d'un outil ressemblant beaucoup à la forme d'un Minotaupe prêt à creuser. Un petit habitacle est perché sur six grosses roues.

« Voilà une des machines les plus utilisées dans le coin. Je vais pas te faire un dessin, tu dois capter à quoi elle sert. »

Tu te contentes de hocher la tête. Elle doit être utilisée pour forer la roche comme le Pokémon à laquelle elle ressemble. Le mécano tapote une des roues avec une affection apparente avant de te lancer un regard.

« Elle est plus puissante et maniable qu'il n'y paraît. Il faut. Si y a un pépin sous terre, le conducteur doit pouvoir la faire sortir assez vite de sous terre en marche arrière. »

Tu te questionnes un peu sur la raison qui les pousse à ne pas envoyer plus de Pokémon Sol pour se charger du travail ou même d'équiper les machines d'un contrôle à distance, mais tu n'es pas certaine que tes questions seraient les bienvenues. Tu es là pour faire tes preuves, pas pour jouer les curieuses en remettant en cause une habitude sans doute bien ancrée. Tu juges peut-être, mais Pinchoria te laisse l'impression d'être une ville assez conservatrice. Tu ne veux pas trop laisser transparaitre l'enfant du capitalisme que tu es avec tes idées d'optimisation à deux pokédollars.

« On l'a remorqué hier. Trouve-moi le problème. »

Simple, efficace. Le test te paraît juste. Même si tu ne connais pas l'engin, tu devrais être capable de faire des déductions en l'étudiant sous toutes ses coutures. Tu supposes aussi que cela lui permettra de voir si tu es aussi à l'aise que tu le dis avec la mécanique.

« J'ai combien de temps ?
C'est pas dans la consigne. »

Il grommelle avant de s'éloigner. Te voilà seule désormais et, c'est peu étonnant, assez excitée par ce challenge.

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tentative de fuite:

Te voilà à imiter l'affection du chef mécanicien. Dès son départ, tes doigts glissent sur l'habitacle que tu atteins à peine en tendant loin le bras. Le métal est un peu tiède à cause de la chaleur ambiante et les griffures s'accrochent légèrement à ta peau sous ton mouvement. Il ne fait aucun doute que cette machine n'en est pas à ses premières heures de travail. Un détail qui s'ajoute à la liste des quelques informations dont tu disposes. Le geste en lui-même reste inutile et tu reprends vite tes esprits. Malgré le challenge, les sentiments familiers qui te traversent te donnent envie de prendre ton temps. Tu brûles de te laisser oublier ce qui t'entoure pour t'enfoncer dans le confort de ta passion. Mais le temps n'est pas à ça. Il y a plus important. De plus, si tu parviens à convaincre cet homme, du temps, tu en auras pour satisfaire ta curiosité. Au plus vite tu agiras cette fois, plus grande seront tes chances de prouver ta valeur.

Après une étude minutieuse de la bête, tu grimpes sur l'une des roues pour aller débloquer la trappe donnant accès au moteur. A l'intérieur, un mélange de graisse et de sable t'accueille.

« Un simple encrassement peut-être ? »

Tes marmonnements te sont destinés, une façon de réfléchir plus aisément. Tu es tellement habituée à ta solitude que la possibilité de déranger qui que ce soit ne s'est jamais présenté. Ce ne sera pas encore le cas pour cette fois. Les autres travailleurs sont loin et le bruit ambiant couvre tout.

En manœuvrant prudemment le long des roues, tu atteins les échelons menant à l'habitacle et tu te hisses à l'intérieur, sur un siège dont le similicuir grince un peu sous tes mouvements. Tu prends le temps d'étudier le tableau de bord et ses nombreux boutons, ainsi que le stick supplémentaire plus digne du manche d'un avion que d'un changement de vitesse, mais tu t'en désintéresses vite. La clé est sur le contact et tu t'assures d'être au point mort avant de la tourner. Le moteur toussote, accompagné d'un clic-clic régulier, sans jamais se mettre en route. Tu arrêtes tes tentatives avant de sauter sur le sol avec une pointe de satisfaction. Il y a encore quelques vérifications de base à faire, mais le problème se fait de plus en plus évident. Si on omet sa fonction minière, le véhicule ne reste qu'une voiture améliorée. Avec celles-ci, tu ne manques pas d'expérience.

Au vu des consignes reçues, tu ne penses pas que ramener vers toi un chariot à outils déserté soit un problème. Tu l'emmènes donc jusqu'à la roue la plus proche du moteur et tu en récupères quelques un que tu glisses dans les poches de ta combinaison avant de retourner sur ton perchoir improvisé.

C'est maintenant que l'amusement commence vraiment.

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tentative de fuite:

Certains diront que tu prends un peu trop vite tes aises. Il y a là une notion de rapidité, mais aussi d'aisance. Tu n'as jamais avancé dans la vie en ne prenant pas la place que tu estimais mériter. Tu as rarement eu à rendre des comptes à qui que ce soit. Il y avait bien eu tes frères et sœurs, ton père à l'occasion, mais il en fallait tellement peu pour qu'ils cèdent à tes caprices que tu les comptes à peine. Tu as payé cette fausse liberté avec la solitude qui a fini par te ronger et par faire de toi celle que tu es aujourd'hui. Et justement, aujourd'hui, il n'est pas bon d'être trop hésitante et d'aller demander la permission de toucher la moindre pièce que cet entrepôt renferme. Alors tu fouilles, tu t'empares de ce dont tu as besoin, et tu t'actives comme si tu appartenais déjà à cette équipe. Que tu en avais fait partie toute ta vie. Tu ne t'aperçois pas des quelques regards qu'on te lance. Dans l'ensemble, ils sont curieux. Il y a suffisamment à faire dans l'atelier pour que cela ne dure pas. Ils doivent aussi avoir l'habitude de voir circuler pas mal de gens. Rien qui t'impacte, perdue que tu es dans ton monde et pleinement en confiance.

Tu n'as aucune notion du temps qui passe durant la réparation. Tu sais juste que la température doit encore être montée de quelques degrés. Tu as fait une pause, à un moment, pour défaire le zip de ta combinaison et ainsi pouvoir te débarrasser de la partie haute en nouant les manches autour de ta taille. Ainsi, il n'y avait plus rien eu pour protéger ton t-shirt de la crasse, mais il ne serait pas le premier de son espèce à subir un tel traitement et encore moins le dernier. Cette couche en plus ne t'avait apporté qu'un confort temporaire. Ta peau avait recommencé à chauffer trop vite. Tu as l'impression de fondre, de la transpiration s'agglutinant dans toutes les sinuosités de ton corps. Tu ne comptes plus le nombre de fois où tu as chassé la désagréable moiteur couvrant ton front, sans réel succès au vu de l'état tout aussi humide de tes poignets. Pour l'instant, le col de ton haut t'offre encore un répit, mais tu le sens de plus en plus collant contre ta gorge. Fort heureusement, la fin est proche. Ce n'est pas tant que tu es contre l'effort ou d'avoir à supporter un désagrément, mais plutôt que tout ceci te demande une patience et une énergie qui te manquent un peu après quinze heures de vol, un paquet d'autres de bus, et trop de nuits sans que le sommeil ne te soit venu aisément. Tu te sens déjà au bout de la corde physiquement malgré ta motivation et cela n'a rien de rassurant. Tu sais qu'il te faudra dormir correctement et vite. T'habituer à ce nouveau rythme et trouver des façons de t'aider à t'acclimater. Des étapes qui ne pourront venir qu'une fois que tu auras décroché le gros lot qu'est un contrat dans cet atelier mécanique.

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Apparition d'un Pokémon, s'il vous plaît :3

« Fini ? »

Tes pieds viennent à peine de toucher le sol après que tu te sois laissé tomber de la roue quand cette voix qui est destinée à devenir familière te surprends. Le patron est apparu de nulle part et tu le découvres sirotant nonchalamment le contenu d'une tasse thermo violette. Il se présente effectivement pile au bon moment. Tu n'as pas belle allure après tout ça, mais le travail est terminé. Tu en satisfaites malgré la chance d'un échec au pourcentage minuscule. Tu es sûre de toi. Tu as identifié le problème, tu l'as réglé en ne ménageant pas tes efforts pour ne pas produire une réparation bâclée, il ne faudrait donc à tes yeux qu'une malchance pour que ce moteur n'émette pas un ronronnement des plus agréables. Tu autorises à peine la présence d'un doute, il ne s'agit que d'une pensée fugace qui n'a plus sa place maintenant que le travail est fait. Trop réfléchir est bien inutile quand l'action est derrière toi. Tu hoches donc la tête et l'homme y réponds d'un mouvement de menton vers l'habitacle. Le geste se veut plutôt clair alors tu te hisses une nouvelle fois jusqu'au siège et tu tournes la clé de contact sans réfléchir. Immédiatement, le moteur démarre, ses vibrations et son bourdonnement te donnant un instant l'impression de liquéfier tes muscles. Tu es soulagée, bien plus que tu ne pensais l'être un jour à la suite d'une victoire si simple. Si on t'en laissait l'occasion, tu pourrais sans doute t'endormir dans le cockpit, mais deux coups sur le parechoc te redonne tout ton tranchant et tu trouves le vieux mécano perché sur la roue. Il t'indique de couper le moteur d'un petit mouvement de la main et le bruit ambiant de l'entrepôt retrouve sa place.

« J'ai changé la pompe à essence. J'ai commencé à la décrasser, mais j'ai vite remarqué que ça ne suffirait pas. Je me suis permise d'en prendre une neuve dans la réserve puisqu'il y en avait plusieurs de ce modèle. »

Il ne t'a rien demandé, mais tu te forces à t'expliquer. C'est peut-être un peu tard après avoir fait preuve d'un tel culot et tu n'aimes pas avoir de comptes à rendre, malgré tout il le faut. Il est le maître ici. Tu pourrais prétendre avoir voulu l'impressionner avant tout, mais la réalité était que tu t'étais prise au jeu. Une fois le travail commencé, tu avais voulu le terminer. Il t'avait après tout fait comprendre qu'il n'y avait pas vraiment de limite. Certes, la consigne était de trouver le problème, mais cette action en elle-même aurait été un peu maigre pour faire tes preuves. En allant au bout de ton idée, tu lui as montré concrètement ce que tu étais capable de faire. Il sait aussi désormais que tu n'as pas de problème à prendre des initiatives et que tu n'auras pas besoin de déranger les autres travailleurs en faisant d'eux de potentiels baby-sitters lors de tes débuts.

Il soupire, une réaction difficile à comprendre tant tu en sais peu sur lui, puis prends une gorgée de café. A cette distance, tu sens bien l'odeur amer du breuvage.

« Je renouvelle les contrats tous les mois. Entre trente-cinq et quarante heures par semaine, le planning est fixé le mardi. Tu laisses tes horaires souhaités à Jorge avant ça et il arrange en fonction des envies de chacun et des impératifs. L'atelier est ouvert sept jours sur sept, on ferme à vingt-et-une heures. Quand y a des incidents ou en période de rush, on propose des heures supps payées double. Si ça te va tu peux revenir demain matin, Jorge sera là pour faire les papiers et te feras signer. T'as du bol, tu pourras commencer vite, on a un malade. »

Ton sourire se fait très discret malgré tout ce que cette nouvelle concrétise. Lui n'est pas plus émotionné, cela ne parait donc pas le perturber. Vous communiquez à l'aide d'un énième mouvement de tête avant qu'il ne s'arrache à son perchoir pour te laisser en faire de même.

« Et dors. On est pas très accident de surmenage ici. »

Tu en rêves. Un songe encore néanmoins lointain puisque ton matelas est toujours entouré de plastique sur le plancher de ton nouvel appartement et ton lit en kit.

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tentative de fuite:

Tu ressors de l'atelier mécanique avec la faible satisfaction du devoir accompli ainsi qu'une forte odeur de transpiration. La tienne et sans doute celle aussi de la personne ayant porté la combinaison avant toi. L'idée t'arrache une grimace de dégoût que tu as gardé pour toi durant toutes les heures passées à l'intérieur. Même maintenant qu'elle est retourné à sa juste place dans le box en plastique sous le banc des vestiaires, son fumet désagréable hante tes vêtements. Localiser la laverie locale va se révéler plus urgent que tu ne l'avais envisagé. Plus urgent encore sera d'obtenir des vêtements de travail pour ne pas avoir à retenter cette expérience dégradante à tes yeux. Mais avant cela, il te reste un autre impératif. En la quittant, tu as promis à Umi que tu ferais des courses en rentrant pour commencer à remplir les placards et ce n'est pas ton t-shirt tout taché d'huile de moteur qui va t'arrêter. Tu as pris un peu de temps dans les toilettes de l'atelier pour te décrasser les mains et, s'il reste du noir sous tes ongles et une ombre sur ta peau, tu les estimes assez propre pour attraper quelques produits dans la supérette du coin.

Plusieurs messages t'attendent lorsque tu tires ton portable de la poche latérale de ton pantalon cargo dans le but de localiser la dite boutique. Tu ne l'as même pas senti vibrer. Rien de bien étonnant au vu de la concentration dont tu avais fait preuve en travaillant, mais l'idée te déplait. Tu n'aimes pas la possibilité de ne pas pouvoir être contactée en cas d'urgence. Surtout par elle. Encore un détail qui va demander un ajustement.

Message reçu de Umi - 15:02 tout se passe bien ?? je doute pas t'es la meilleure ᕦ(ò_óˇ)ᕤ

oh ! tu peux prendre des oranges ? parait qu'elles sont super bonnes ici ♡

Message envoyé à Umi - 17:53 J'ai été engagée. Encore un peu de paperasse et ce sera officiel. Je fais vite les courses et je rentre.

code : Iago

Si ton message est bien plus sobre - et ponctué - que les siens, ton sourire est désormais emprunt d'une touche plus réelle. Elle croit en toi. Un sentiment que tu ne connais que trop peu. Personne n'avait jamais douté de ta capacité à réussir, mais il n'y avait pas eu non plus de raison pour toi de prouver quoi que ce soit. On ne s'attendait pas à ce que tu deviennes quelqu'un quand tu l'étais déjà, seul ton nom et cette place dans la famille qui t'avait vu naître comptant dans la vie t'attendant. Tu n'iras pas prétendre que son énergie infectieuse combat la fatigue, mais il y a indéniablement une légèreté nouvelle dans ta démarche. Tes épaules perdent de leur rigidité et ta réussite du jour te semble soudainement avoir plus de poids. Ces messages sont un bon rappel de la raison pour laquelle tu fais tout ceci. Pas qu'il t'en faut réellement un, ton objectif reste en permanence bloqué dans un recoin de ton esprit, mais l'importance de prendre aussi en compte le positif s'impose à toi. Vous êtes à Paldea et tout ce qui aurait pu mal se passer jusqu'ici ne s'est pas produit. Tu ne crieras pas trop vite victoire, mais il semblerait que tu sois passé entre les mailles du filet de la loi de Murphy pour le moment. Rarement tu as été malchanceuse, tu t'en étonnes donc peu, mais il reste satisfaisant de ne pas échouer quand tu transformes ta première incursion dans le monde réel, là où être une Waismann ne compte pas vraiment, en véritable saut de la foi. Cela prouve que tu peux t'en sortir sans eux contrairement aux doutes sincères de Meera et aux moqueries de Isra lors de ton dernier passage au siège social de l'entreprise.

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tentative de fuite:

La présence de Aka se fait remarquer au bout de quelques pas à peine. Comme à son habitude, il a refusé de retourner dans sa Pokéball et cela depuis votre arrivée à Pinchoria. Pour lui, ton changement de statut n'a que peu d'importance. Il est ton garde du corps depuis de nombreuses années et entends bien continuer de faire son travail en assurant tes arrières ici aussi. Tu l'imagines sans mal explorer les environs à la recherche d'une menace ou simplement pour se faire une idée de cette nouvelle location durant votre moment de séparation. Tu t'inquiètes rarement pour lui, il sait se défendre et agir avec les êtres humains pour ne pas être perçu comme une menace. Cela ne compte de toute façon que lorsqu'il se fait repérer, un fait rare lorsqu'il décide de se faire discret. Tu reconnais son approche par la force de l'habitude et le léger crissement de ses griffes contre les gravillons. Il ne fait néanmoins aucun doute qu'il serait capable de te sauter à la gorge sans même que tu ne sentes venir la menace. Malgré sa gueule imposante et les cicatrices parfois visibles entre ses poils, tu n'as jamais eu peur de lui. L'idée te paraît risible. Il t'est trop dévoué. Tu n'es pas certaine de ce qu'il comprends de la situation et cela compte sans doute peu. Tu es la seule à avoir son obéissance, jamais il n'a écouté l'un de tes adelphes. Même ton père n'avait pas eu droit à son allégeance. Ainsi, il avait parfaitement rempli son rôle en faisant de toi sa priorité absolue et les marques sur son corps en sont les témoins.

Ce que tu sais, les autres l'ignorent. Il reste une figure imposante à tes côtés qui se remarque alors que tu te rapproches de la zone commerciale de la ville. Revenir de la partie industrielle t'a demandé de marcher une vingtaine de minutes, un exercice peu appréciable à cause de cette fatigue dans tes jambes. Umi n'a entre-temps pas répondu à ton message avec son enthousiasme coutumier, un détail qui te rassure plus qu'il ne t'inquiète à l'instant. Sans doute dort elle. Après toutes vos aventures pour atteindre Paldea, c'est le mieux qu'elle puisse faire. Aka gronde légèrement et cela te force à prendre conscience que vous êtes arrivés à destination. Une supérette aux portes automatiques t'attends et l'idée de retrouver un peu la fraîcheur de l'air conditionné n'est pas pour te déplaire. Tu abandonnes le Grahyèna à l'extérieur sans un mot, certaine de le retrouver à proximité de la boutique comme un compagnon fidèle attendant sa dresseuse. Si son apparence attire trop la curiosité, tu auras toujours l'histoire habituelle à raconter pour les plus insistants. Un terrible accident qui n'a rien d'un mensonge à l'exception du fait que c'était toi qui en était initialement la cible. Tu prends rarement la peine de te justifier vis à vis de ses cicatrices, mais, ici, tu ne veux pas trop te faire remarquer. Pas tant que tes bases ne seront pas solides.

Les courses sont vite faites. Tu manques d'inspiration et il n'y a pas grand chose avec lequel cuisiner dans l'appartement. Le four intégré à la gazinière devra faire l'affaire pour les repas chauds. Tu prends donc un maximum de produits de base ou consommables tels quels. Tu n'oublies bien sûr pas les oranges réclamées et quelques snacks qu'Umi appréciera sans doute de goûter. Vu que vous partez de rien, il y a des indispensables qui ne manquent pas de peser lourds dans les deux sacs réutilisables que tu es bien forcée d'acheter faute d'avoir pris de quoi transporter les produits. Cela servira toujours. Des courses, tu risques d'en faire souvent à l'avenir. Une corvée que tu découvres après des années à te faire livrer sur le pas de ta porte ou à ne pas avoir à te soucier de savoir comment le frigo et les placards se remplissaient. Faire tout ça n'est pas si désagréable que ça, tu te dis juste que tu préférerais le faire avec Umi pour rendre cet élément du quotidien plus attrayant. Et après avoir dormi au moins six heures.

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Première utilisation de Coupe par Fouinar.
Apparition d'un Pokémon, s'il vous plaît :3

Malgré l'aide, revenir à l'appartement avec toutes les courses n'a rien d'une partie de plaisir. Aka fait preuve d'une délicatesse impressionnante avec les deux lanières en nylon d'un sac qu'il tient dans sa gueule. Tu le récupéreras avec des indentations, tu n'en doutes pas un instant, mais il est étonnant que cela tienne au vu des crocs acérés qu'il a refermé autour des poignées. Tant que les produits reviennent intacts, tu ne te plaindras de rien, tu restes bien trop soulagée d'avoir un peu de poids en moins au bout de tes bras. Peut-être en as-tu fait un peu trop. Malgré la volonté de te suffire du minimum, trop de choses avaient attiré ton regard et il avait fallu que tu arrives à la caisse pour te rendre compte de ton erreur. Une fausse erreur naturellement puisque tu survis au trajet et même aux nombreuses marches te menant à ton petit paradis personnel. Ce que la fatigue, la faim et la chaleur peuvent te faire penser.

Il fait sombre lorsque tu passes la porte après quelques difficultés pour convaincre la serrure de fonctionner. Tu es certaine que le paquet de chips s'est ouvert au vu du léger pop qui s'est fait entendre quand il a fallu donner un petit coup de hanche pour déverrouiller. Tant que ce n'est que ça... Heureusement, ton Grahyèna transporte les fruits, un massacre trop important n'est donc pas envisageable. Tu rentres prudemment, soucieuse de votre minuscule nouveau cohabitant. N'étant plus certaine d'où se trouve l'interrupteur, tu continues à l'aveugle jusqu'à la cuisine où les sacs peuvent enfin être abandonnés à même le sol. Yuu étant dans sa ball quelque part dans ton sac, tu n'es pas étonnée par l'absence de comité d'accueil. Il suggère aussi que Umi doit dormir. Tu te forces à ranger les produits frais avant d'aller vérifier. Soulagée au passage de trouver le frigo bien froid et le congélateur le surplombant plus encore. Les électroménagers fournis avec l'appartement fonctionnent donc tous correctement. Dans un coin, tu perçois un léger bruit d'eau et tu y trouves Aka en train de laper goulument dans une gamelle que ta colocataire a du préparer. Rien d'étonnant à ce qu'elle se soit montrée nettement plus prévenante que toi. Tu tapotes maladroitement le dos de la grosse hyène en guise d'excuse avant de te glisser dans le minuscule couloir desservant la salle de bain et la chambre d'Umi. Les portes sont laissées entrouvertes, une habitude permettant à vos Pokémon d'aller et venir à leur guise. Il y avait des batailles qu'il était inutile de livrer, même toi tu avais dû l'admettre entre la nature surprotectrice d'Aka et les besoins de proximité de Yuu. Sayu vient rarement dans ton espace, mais tu auras peut-être à te faire aux visites d'un autre Pokémon maintenant que Bunta est là. Encore que vous n'avez pas encore eu l'occasion de faire les présentations entre ta Fouinar et lui, il n'est pas sûr qu'une patte posée sur son territoire soit tolérée.

Quand tu passes une tête dans l'embrasure de la porte, tu n'es vraiment pas étonnée de trouver Umi en train de dormir. Sa respiration parait paisible et même sa Tarsal est toute détendue à ses côtés. Tout va donc bien. Un léger soupir t'échappe, puis tu repars d'où tu es venue.

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tentative de capture: