J’aurais bien aimé pouvoir manipuler l’insecte un peu afin de me faire une meilleure image mentale de lui, mais je n’ai même pas le temps de lever les bras dans sa direction qu’il a déjà bondi plus loin pour s’éloigner de notre groupe. Cependant, je suis reconnaissant de la description offerte par Kate et je dois avouer qu’une créature en forme de perforatrice me fait sourire. Je ne sais pas exactement à quoi l’objet ressemble, mais j’en ai déjà manipuler et j’avoue que la forme est un peu étrange, surtout si on l’a retrouve dans la nature. Qui dit que l’objet n’a d’ailleurs pas été inventé grâce à ce pokémon ? Je suis prêt à parier qu’il existe une tonne d’objets de ce genre et dont nous n’avons pas connaissance de l’histoire ou d’où ils proviennent.

Néanmoins, plus le temps passe, et plus j’ai l’impression que la tension monte. Je me trompe surement, après tout je ne suis pas en mesure de voir ce qui se passe autour ou encore de juger le comportement non-verbal de mes accompagnatrices, mais leurs tons de voix semblent différents de tout à l’heure. J’ai remarqué que Kate était un peu plus acide lorsque l’insecte était sur ma tête et désormais, c’est au tour d’Amyra de lancer une remarque condescendante. Auraient-elles du mal avec la technologie ? Je préfère croire que je suis dans le tord et que je suis simplement paumé. Après tout, il y a beaucoup de chose qui se passe autour de nous, entre les différents bruits et les odeurs que je capte, il est normal que je me sente un peu désorienté.

Tandis que nous nous remettons en route, Absol continue d’observer le Lilliterelle au loin qui s’éloigne de plus en plus de nous jusqu’à disparaitre hors de sa vue. Intriguée, la femelle reste là pendant quelques secondes à se poser des questions envers cette nouvelle espèce de pokémon, la tête légèrement penchée sur le côté, avant de finalement rattraper le petit groupe qui continue sa progression à travers le dôme. Sans grande surprise, l’une d’elle engage la conversation et elle semble s’intéresser à ce que nous faisons dans la vie. Honnêtement, je ne suis pas vraiment fier de mon parcours personnel, mais en même temps, je n’ai rien à cacher. Comme tout le monde, je dois avoir vécu des hauts et des bas.

- Et bien... ça va s’en doute vous paraitre paradoxale, mais j’ai toujours rêvé de devenir écrivain. J’avais commencé des études, mais mes parents m’ont retiré de force de l’école pour que je puisse les aider à la maison, alors je n’ai aucun diplôme actuellement.

Je ne sais pas pourquoi je ressens le besoin de parler autant de ma vie, en général je suis plutôt discret et je préfère garder ses informations personnels pour moi. Peut-être parce que je me sens en confiance en leur présence et qu’elles ne m’ont pas l’air du genre à juger sans savoir.

- J’ai ensuite quitté le foyer familial et en ce moment je voyage en essayant de trouver un sens à ma vie. Je me fais un peu d’argent avec l’aide de mes pokémon quand nous combattons d’autres personnes. Je ne le fais pas par choix, mais avec mon handicap, le moindre petit boulot devient compliqué. J’ai déjà essayé de travailler en tant que commis de caisse dans un supermarché, mais je n’arrive pas à bien manipuler les articles et les gens n’ont aucune patience pour ce genre de chose.

Même en leur affirmant que j’étais aveugle, les clients étaient limite en train de me cracher à la gueule, alors j’ai perdu foi à me trouver un travail stable. Le mieux serait d’avoir un métier indépendant pour que je puisse évoluer à mon rythme, dans le confort de mon foyer, mais sans études, je crois que c’est impossible. En attendant, le métier de dresseur me convient quand même, j’arrive à me débrouiller et mes compagnons font du bon travail. Je ne tiens pas forcément à devenir célèbre, mais en affrontant les champions de ma région, cela me permet de gagner un peu plus d’argent et cela me donne aussi de meilleures opportunités de m’inscrire dans différents tournois mondiaux. Plus je suis connu, plus j’ai de chance d’être défié par d’autres dresseurs et je dois avouer que ce sont les combats pokémons qui me font vivre en ce moment. Ce n’est pas ce que j’espérais à la base, mais c’est une reconversion qui me plait bien quand même.

Craignant d’avoir trop parler et d’avoir été ennuyant, je me tais en attendant que l’une des deux jeunes femmes reprennent la parole. Je suis grandement intrigué de savoir dans quoi elles travaillent toutes les deux, ou bien dans quoi elles sont en train d’étudier actuellement. Peut-être que leurs parcours respectifs pourront m’ouvrir d’autres voies et améliorer ma situation.