Parce que je suis une peau d'écrémeuh, vous me haïrez.

Inscrit le : 18/09/2013 Messages : 2454 Région : Galar

Il avait fallu chercher loin. Revenir au dressage, c'était déjà une chose, mais repartir de zéro, c'était trop demander. Stegan avait passé trop de temps à se focaliser sur sa propre force pour revenir à son ancienne vie de dresseur, et surtout, il n'avait plus le temps. Instructeur, chef d'escouade, officier dans les forces spéciales, pas vraiment la vie rêvée pour faire progresser toute une équipe pokémon. Alors, il n'avait pas hésité longtemps : ses pokémons les plus jeunes allaient passer quelques temps en pension, histoire de gagner un peu en expérience de combat pokémon. Pour ce qui était de l'expérience de combat tout court, il s'en occuperait lui-même, une fois que les bases seraient acquises et que leur puissance serait acceptable.

Mais pour cela, n'importe quelle pension n'allait pas faire l'affaire. Les éleveurs pouvaient être bons pour prendre soin d'un pokémon, mais ce qu'il lui fallait, c'était quelqu'un de sérieux. Quelqu'un avec un peu de bouteille. Après quelques recherches, pour la plupart infructueuses, il avait fini par trouver une pension à Sinnoh, dirigée par un vainqueur de l'Elite. Plus de spectacle que de combat, certes. Mais avec ce palmarès, c'était nécessairement quelqu'un qui savait dresser, et pas seulement cajoler. A défaut de camp d'entraînement spartiate, ça ferait très bien l'affaire. Pour ne rien enlever, la pension était plutôt bien notée.

Il profita d'un déplacement à Sinnoh pour un exercice de manoeuvre coordonnée avec les troupes locales, et, prenant un après-midi de repos après des exercices de simulation pour le moins intenses qui justifiaient largement de laisser quartier libre aux troupes, enfourcha sa moto en direction de Floraville. Il n'avait pas beaucoup de temps devant lui, tout juste de quoi faire un aller-retour. Tant mieux, il n'aimait pas épiloguer.

Le coin était assez joli. De la verdure, quelques petites maisons éparpillées dans la campagne, des forêts éparses un peu partout. Au moins, ses pokémons n'allaient pas manquer d'espace. Même si le champ d'éoliennes qui bordait la pension, alors qu'il arrivait, lui fit hausser un sourcil. C'était pourtant le nom de la pension, mais il ne s'était pas douté qu'il fallait le prendre au sens littéral. La région était manifestement propice aux vents forts, d'où la réputation du coin d'accueillir beaucoup de baudrives.

La pension elle-même avait de l'allure, et restait un coin visiblement agréable. Pas étonnant qu'un éleveur ait décidé de s'établir ici, se dit-il en garant sa moto devant le portail et en en descendant, retirant son casque par la même occasion. L'envie lui prit de s'allumer un cigare, mais il se ravisa, anticipant le moment ou il lui serait reproché de polluer l'air des pokémons en pension. Il s'engagea sur le chemin qui menait au bâtiment, non sans entendre des cris de pokémon aux alentours. Le terrain semblait vaste.

Arrivé devant le parvis, il donna trois coups brefs sur la porte par politesse, et entra, faisant face à un comptoir.

- Bonjour. Il vous reste de la place ?

hrp:

Parce que je suis une peau d'Ecrémeuh...

Topic client - Stegan Striker

La matinée de Régis était réservée à l’administratif. Cela ne le réjouissait pas plus que cela, mais il s’agissait là d’une obligation. Il ne pouvait pas se permettre de remettre ça à plus tard. De toute manière, la procrastination n’était pas dans ses habitudes, cela ne l’avait jamais été. Il faisait ce qu’il y avait à faire, et une pension – d’autant plus lorsqu’elle prend à ce point de l’ampleur comme c’était le cas depuis l’arrivée de Nessa – demande son lot de paperasse. Et Régis s’y adonnait sans mal en temps normal, ce moment lui permettait aussi de faire une coupure, sur trois matinées dans la semaine où il est à son bureau pour s’occuper de la facturation, de la gestion des comptes, des fournisseurs, et tant d’autres choses. Il se permit cependant une pause, pour sortir la tête de son bureau, mais surtout pour sortir son esprit des comptes et des mails. Il n’avait pas envie de se contraindre outre mesure et fit le choix prendre ce temps pour mieux y revenir plus tard. Ce n’était pas prévu dans son programme, mais il s’occupa de la jeune Blizzi qui lui a été confiée pour sa convalescence par les rangers surveillant le mont Couronné et qui est finalement restée avec lui. Il songea ensuite à polir sa Galeking mais il estimait l’activité bien trop chronophage pour la réaliser à ce moment-là. Cela lui aurait pris au minimum jusqu’à la fin de la matinée. Or il devait retourner à son bureau afin de terminer tout ce qu’il lui restait à faire.

Enfin, il n’y était pas encore et devait se concentrer sur la tâche en cours, soit la rééducation du bras blessé de la Blizzi. Cela profitait bien évidemment au pokémon Arbregelé, mais également à Régis, que cela mit dans une humeur meilleure, moins bougonne, plus disponible. Après tout, depuis sa plus tendre enfance, l’éleveur vivait pour les pokémons, par les pokémons. Ses parents, et ses grands-parents avant lui avaient géré la pension, il y avait grandi, passé sa vie. Être au contact des pokémons lui était vital, non négociable. Il n’était pas forcément enchanté d’avoir à se livrer à toutes les tâches administratives et il commençait à envisager de plus en plus sérieusement la possibilité d’engager quelqu’un à temps plein pour prendre en charge cela, pour se concentrer sur son métier d’éleveur plutôt que sur son statut de propriétaire de pension.

Il était à présent temps pour Régis de retourner à son bureau. Il devait appeler certains fournisseurs, faire plusieurs devis, transmettre des demandes de partenariat à Nessa pour savoir ce que le blond pouvait en penser, mais aussi de gérer les paies de ses salariés, le mois en cours touchant à sa fin. Il avait vraiment de quoi s’occuper jusqu’au déjeuner. Alors il s’y mit, en commençant par les appels. Il ne voulait pas risquer de tomber dans la fenêtre de la pause méridienne. Surtout que ses fournisseurs de nourriture pokémon, Régis les connait bien, alors il risque de passer du temps à échanger sur d’autres sujets que simplement la transaction qui était l’objet de l’appel. Ils vont, d’un côté comme de l’autre, prendre des nouvelles des enfants, entre autres sujets. Il devrait pouvoir, dans le même temps, préparer les devis pour d’éventuels clients le lui ayant demandé avant de se décider à déposer l’un de leurs pokémons. S’il souhaitait avoir fini sa liste de tâches avant la fin de la matinée, il n’avait pas d’autre choix que de se mettre en double-tâche. Il en avait pris globalement l’habitude, depuis qu’il avait pu reprendre le travail, mais il constatait sans mal qu’il avançait plus lentement que lorsqu’il pouvait mettre le focus sur le remplissage d’un seul objectif à la fois.

L’heure du déjeuner vint, l’équipe des Éoliennes se regroupa alors à son complet dans la salle à manger prévue à cet effet. Comme d’accoutumée, le repas se déroula dans la bonne humeur. Cela permit également de faire le point à la mi-journée de chacun et donc de s’assurer que tout s’est bien passé. Carter fit la remarque qu’il avait été mis en difficulté face à un Rocabot qui refusait de l’écouter, quoi qu’il pût dire ou tenter de mettre en place. L’équipe en discuta et David proposa son aide sur la situation. Ainsi, tout n’était pas réglé mais en prenait la bonne voie. Régis appréciait le fait de pouvoir s’appuyer sur d’autres professionnels, sur des collègues, après avoir passé ses jeunes années seul à la pension. Lui, qui était un Ursaring sortant peu de sa caverne – ce qui s’avérait encore être quelque peu le cas –, voyait désormais l’utilité du travail d’équipe. Si Nessa avait dû lui forcer la main au tout début, Régis avait changé son fusil d’épaule au fil du temps.

Pour l’après-midi, Régis proposa à David de s’occuper de l’accueil à sa place afin que ce dernier puisse se rendre auprès du Rocabot récalcitrant avec Carter. Ainsi, Régis s’installa dans le hall d’entrée de la pension et décida de profiter de ce temps calme – il y a rarement de véritable affluence – pour lustrer les parties métalliques de sa Galeking. Le pokémon acier se laissait complètement faire, après tant d’années aux côtés de l’éleveur. On frappa alors à la porte, ce qui fit s’interrompre Régis. La porte s’ouvrit et un homme entra. « Bonjour. Il vous reste de la place ? » Au moins, cela avait le mérite d’être direct, et cela plaisait à Régis, qui détestait qu’on tourne autour du pot. « Bonjour. Regis Perrier, le propriétaire. Et oui, il nous reste de la place. » S’éloignant de la Galeking qui observait également le client potentiel, l’éleveur prit place derrière le comptoir en bois massif. « Nous proposons quatre programmes différents : détente, dressage, coordination et comportement. Avez-vous des objectifs particuliers ? » Autant aller à l’essentiel.

978 mots

HRP:

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Un gars costaud vint s'installer au comptoir. Même si l'expérience lui avait appris que l'apparence n'était pas un indicateur fiable du tempérament des gens, il ne pouvait pas s'empêcher d'avoir cet instinct stupide et primaire qui donnait à ce Regis un crédit supplémentaire à ses yeux. Qui de mieux qu'un dur à cuire pour s'occuper de pokémons de guerre ? Si Larice avait entendu ça, elle aurait explosé trois fois.

La réponse du proprio fut simple et efficace. Encore des points en plus.

- En effet.

A moitié un oubli, à moitié une volonté d'enchaîner rapidement, Stegan ne prit pas le temps de se présenter. Son regard glissa un bref instant sur le Galeking dont la séance de pomponnage semblait avoir été interrompue. Encore un bon point pour la pension. S'il n'avait croisé que des tournegrins et des azurills, il aurait peut-être rebroussé chemin.

Il articula sa réponse tout en gardant les yeux posés sur l'imposant pokemon acier, avant de repasser sur son interlocuteur au beau milieu de sa phrase.

- En toute transparence, les pokemons que je vais vous confier sont destinés à une activité militaire. Ils sont encore jeunes, donc j'ai besoin d'un entraînement préliminaire pour les renforcer et les préparer à un enseignement tactique. Un bon équilibre entre dressage et comportement serait parfait, sinon concentrez-vous sur le dressage. Je ferai le reste quand je les reprendrai en main.

Tout en décochant ses instructions une par une, Stegan récupéra à sa ceinture les pokeballs concernées, qu'il posa sur le comptoir, puis alla chercher dans son portefeuille une de ses vieilles cartes de visite. Elles dataient de l'époque où il était encore mercenaire et où il devait se faire de la pub, mais les coordonnées qui y figuraient étaient toujours d'actualité. Il la déposa également sur le comptoir.

- En cas d'urgence. Sinon, je repasserai voir ce que ça donne. N'hésitez pas à y aller franco avec eux, il faut qu'ils soient prêts.

Ca lui rappelait la dernière fois qu'il avait laissé un de ses pokemons en pension. Il avait attaché un soin tout particulier à prouver qu'il n'était pas un mauvais dresseur malgré tout ce que le mot "militaire" pouvait générer comme a priori négatifs. Maintenant, il n'en avait plus rien à foutre. Qu'il passe pour un tortionnaire ou pas, lui, il savait qui il était. Et il savait que d'un entraînement rigoureux pouvait dépendre la vie ou la mort.

- Je dois y retourner, je vais pas vous déranger plus longtemps. Sauf si vous avez des papiers à me faire remplir.

Dura lex sed lex. Et la loi de l'administration l'était particulièrement pour les gens comme lui.

hrp: