« Le Comité serait trop dégoûtés qu’on devienne célèbre pour une mort comme ça ! » Je me marre trop. « Je… Non je ne me rappelle pas du podium par contre. J’sais juste que quand j’ai entendu parler de ses histoires je me suis trouvé incroyablement intelligent. Et ça n’arrive pas souvent. »
Je me vanne un peu parce que ça m’amuse, je ne prends pas souvent au sérieux. Ou plutôt, je vis bien le fait que je ne suis pas le type le plus intelligent du monde. Mon niveau me convient très bien, même si j’avoue que, parfois, je me sens vraiment con et que ce n’est pas forcément agréable. Ça m’arrive souvent quand je suis avec mes frères notamment, puisqu’ils adorent me taquiner là-dessus. Autant j’arrive régulièrement à le prendre à la légère sans me vexer, autant des fois… ça m’énerve. Ils s’en rendent bien compte et ils passent à autre chose, lorsqu’ils s’aperçoivent que je ne suis pas d’humeur. On se comprend bien quand même. Bref, où je vais comme ça dans mes pensées, au juste ?
Gwen a essayé de me mouiller et j’ai une réaction instinctive. Voilà, je me sens un peu débile maintenant d’avoir réagi au quart de tour, il ne manque pas l’occasion pour se foutre de ma gueule. Je crois que notre relation ça va être un peu ça, du moins ça y tend en vue de nos caractères apparents et au final, ça me va bien. Je hausse les épaules, optant pour un comportement de petit con.
« Maitre du feu, logique que je n’aime pas l’eau. »
Je balance ça comme si c’était une évidence, alors que pas du tout. En plus, je n’ai pas de problème à me retrouver sous la pluie ou même dans l’eau en vrai ! Juste… Je ne sais pas nager donc je panique rapidement quand je n’ai pas pied et ce n’est pas mon activité favorite non plus. Mais en soi, ça ne me dérange pas plus que ça c’est juste que… C’est du gâchis ? C’est bête à dire, ça fait des années que je ne vis plus dans le désert, pourtant à mes yeux, l’eau reste une ressource essentielle qu’il ne faut pas bêtement gâcher. C’est peut-être en lien aussi avec ce trauma d’enfance où je me suis retrouvé malade comme un Caninos après avoir jouer dans l’eau. Je me suis bien fait engueuler aussi par les adultes d’avoir pollué une eau si vitale pour le clan… Mais après les autres enfants ont pu jouer avec un peu, sauf que moi, je n’étais plus en état. Mais je ne vais pas le dire là. Déjà parce que je vais casser l’ambiance et qu’il va me prendre pour un casse-couille avec ça.
Je suis toujours hilare pour la situation dans laquelle on se retrouve, c’est crétin. Gwen rajoute qu’on aurait trop dû filmer et je suis presque triste qu’on ne l’a pas fait, du coup. « Alice m’aurait tué aussi si on faisait ce buzz ! » Niveau comm’, je ne suis pas sûr que ce soit une bonne stratégie de faire passer deux maitres de la Ligue pour des abrutis. Je me dis qu’on pourrait toujours le faire, si on arrive à retrouver une attitude normale et faire genre c’est la première fois qu’on goûte mais… Non, hors de question que je retente l’expérience ! Je sais ce qu’il m’attend et je sens que cette fois, je ne serais pas capable d’éviter de m’étouffer et on sera vraiment dans les Darwin Awards. Je suis peut-être débile mais je n’ai pas envie de mourir !
« Parfait ! Comme ça, on ne s’étouffe pas en le mangeant, on crève direct. »
C’est trop con putain son histoire de poivre ! Et on continue de se marrer comme deux abrutis. Si quelqu’un débarque maintenant, il va clairement nous prendre pour deux tarés ou croire qu’on est alcoolisé. Sauf que même pas, en fait ! On est totalement sobre. Imaginez ce que ça donnerait en étant saouls… ça devrait promettre. Bref, on se calme un peu pour chercher de la bouffe ailleurs, aussi je débarrasse notre crime et je suis prêt à partir pour la cafet’. Je questionne toutefois mon nouveau collègue sur la raison qui l’a poussé à m’imiter alors qu’il voyait bien que ce n’était pas comestible… Et sa réponse me fait pouffer. Ok donc il est un peu maso sur les bords, ça me fait rire.
On se dirige rapidement vers le self, même si c’est chiant parce qu’il est assez loin des appartements des champions. J’ai l’estomac dans les talons alors je suis concentré sur ma cible ; on n’est pas déçu, quand on entre. L’odeur de la nourriture éveille nos papilles et la demande de confirmation de Gwen me fait à nouveau marrer.
« Notre Saint-Graal est proche ! »
Je ne sais pas pourquoi je parle de ce truc. Les légendes arthuriennes, je les ai découverts tardivement – ce n’est pas vraiment les histoires qu’on raconte aux enfants dans le désert -, la première fois que j’en ai entendu parler, c’était de la part de Derek… Parce que lui aimait beaucoup ces histoires de Galar. Je n’ai pas retenu grand-chose, si ce n’est que les chevaliers recherchent le Saint-Graal au péril de leur vie… Et au final, je ne sais même pas ce que c’est !
L’employé n’est pas trop chaud pour nous laisser grailler, mais comme il nous reconnait, il n’a pas vraiment le choix. Je ne suis pas un fan de profiter de ma condition de champion en général, MAIS. Pour la bouffe, je ferais n’importe quoi. Puis ce serait con de ne pas en profiter, quand même ! En plus, j’apprends que pour nous, c’est gratuit. Genre ? Je découvre. Ça doit se voir à ma trogne, mais pas tant que ça si j’en crois la question de Gwen. J’ai un petit rire avant de m’approcher de la nourriture.
« J’ai toujours payé je crois… Je passais à la caisse en tout cas. Peut-être que ça m’a été remboursé après coup… » Je réfléchis un peu, mais j’en ai aucune idée, en fait. Comme je ne gère absolument pas mon compte bancaire, je l’ignore totalement. Faudrait que je demande à Malik s’il est au courant de quelque chose. « Après je ne viens pas souvent ici parce que je ne suis pas souvent au QG du coup. Alice me fait pas mal bouger pour le boulot et sinon je mange à l’extérieur avec me frangins. » Et je suis complètement incapable de manger tout seul, aussi. Je trouve ça triste… Et pourtant j’adore manger. Mais se pointer au self pour se foutre dans un coin seul c’est… Pas du tout mon truc. Je finis toujours par trouver quelqu’un avec qui squatter et souvent manger dans des restaurants, typique ou non. Y a tellement de plats différents dans le monde que ce serait dommage de me contenter d’un seul menu !
En revanche je sais que y a pas mal de monde quand même qui vient manger ici. Sauf qu’au moment de parler, j’ai un gros bug de langage et… Je ne suis plus sûr de parler correctement. On a nos plats et on s’installe rapidement, on a juste hâte de manger, en fait. Je crois que Gwen est trop focalisée sur ses pâtes pour qu’il s’en rende compte et ça m’arrange. Je n’ai pas envie de passer davantage pour un abruti, surtout que j’ai tendance à être sensible sur le sujet de la langue. Alice m’a tellement fait bosser mon commun que j’en peux plus… Et si elle entendait mon questionnement et la faute que je viens de faire, elle me mettrait le double de cours. Je ne veux pas ; c’est trop chiant, l’apprentissage d’une langue, putain.
Il finit par me corriger au final, mais me dit qu’on s’en fout. Je valide, ça me va très bien s’il ne passe pas son temps à faire gaffe à mes fautes ! Surtout que j’en fais quasiment plus, je crois. A l’écrit ce n’est pas la même connerie en revanche mais on s’en fout aussi ! Je souris en l’entendant parler de deuxième nouvelle maison et il bash la cuisine.
« Je crains qu’on est deux nuls en cuisine de toute façon. C’est notre bête noire. »
J’ai un petit sourire quand mon regard se porte sur Samäel qui est toujours à côté de moi. Je ne comprends pas l’expression, je ne sais pas d’où elle vient mais avec son pelage, mon Démolosse correspond à la description. Et ça m’amuse de l’y comparer, du coup. On commence à manger et je suis en plein kiff’. Ça fait trop du bien ! J’avais trop les crocs et mon collègue aussi alors… Je vais essayer quand même de pas manger trop vite, sinon je vais clairement passer pour un gros goinfre. Et, après que j’eusse pensé qu’il n’avait pas fait gaffe à ma faute, il revient à la charge. Mais au moins, il a compris que c’est parce que le commun n’est pas ma langue natale. Il aurait très bien pu croire que je ne sais juste pas parler, ça aurait fonctionné aussi. Je finis ma bouchée – je suis du genre à parler la bouche pleine quand je suis avec des gens que je connais mais pour la première rencontre… Je vais faire gaffe quand même -, avant de sourire un peu.
« Dans le mille. Je suis originaire du désert d’Hoenn où on parle le saharii. En théorie j’étais sensé apprendre le commun en même temps mais… Je n’ai jamais été très bon pour l’apprentissage des langues… L’apprentissage tout court en fait. » Et ça me fait marrer, en plus. « Mon agente me force à suivre des cours de langue poussée parce qu’un champion doit bien savoir parler, blah blah blah. » Ça se voit à ma tronche que ça me saoule. « J’ai des fois des petits bug où je mélange les deux langues ou quand je sais plus les règles grammaticales, comme tout à l’heure. » Je fais une petite moue. « Mais steuplé va pas lui raconter, elle va me mettre double dose si elle découvre que je fais encore des fautes à la con. »
Et ce serait vraiment, vraiment la loose pour moi.
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Je ne peux m’empêcher de me marrer à sa réponse. Je n’ajoute rien, parce que je ne vois pas l’utilité d’en rajouter une couche. Mais ça ne m’empêche pas de trouver ça très drôle. En même temps, à côté des types qui se retrouvent sur ce classement, n’importe quel clampin pourrait donner l’impression d’être un génie. Donc forcément, l’entendre dire qu'il se trouve intelligent quand il se compare à eux, ça me faire bien marrer. Après, j’avoue que je me suis déjà fait plusieurs fois des réflexions dans ce genre-là. Parfois, ça fait du bien de faire gonfler un peu son égo en se comparant à des types aussi ridicules que ceux qui figurent dans ce classement. Je me demandais s’il n’y avait que moi pour faire ce genre de comparaisons, mais je me rends compte que je ne suis pas en solo dans mon délire. Quelque part, je crois que ça me rassure un peu. Bien que dans le fond, ça ne signifie pas pour autant que c’est très intelligent comme comportement. Je n'ajoute donc rien d’autre, mais je pense que mon rire est assez parlant pour exprimer ce que j’en pense.
Son explication à sa réaction me fait encore plus rire. Ce type, je crois que je l’apprécie bien, en vrai. Je ne le connais pas, je ne sais rien de lui, mais je m’en moque royalement. Il me fait marrer, il a des délires proches des miens. Pour moi, c’est suffisant pour que je puisse me dire qu’il est cool et qu’il me plait bien. Et puis il me donne envie de le vanner et de le provoquer un peu. J’ai l’impression qu’il possède suffisamment d’humour pour ne pas se prendre au sérieux et accepter la plaisanterie. Avant même de balancer ma connerie, je me marre déjà. Je me demande un peu comment il va le prendre, mais avec le grand sourire que j’affiche, je ne vois pas dans quel monde il pourrait envisager que ma boutade est sérieuse. Je doute vraiment qu’il puisse le prendre au premier degré. Au pire, je verrais bien. J’espère juste qu’il ne va pas m’abandonner là en omettant de me montrer où se trouve le self. Je ne tiens pas à crever de faim pour le plaisir d’une petite blague, mais je ne peux pas m’empêcher de la tenter tout de même.
▬ Aaaaah ! C’est donc ça la petite odeur que je remarque depuis tout à l’heure ? Un p’tit bain de temps en temps, c’est la folie, tu devrais tester !
Je sais que Madeline n’aurait vraiment pas apprécié que je fasse le buzz sur internet avec ce genre de connerie alors que je viens seulement d’intégrer les rangs de la Ligue. Pour autant, cela m’aurait beaucoup amusé. Il me dit que son agente l’aurait tué aussi, cela ne m'étonne même pas. Ce n’est pas le genre de communication susceptible d’être positive pour le comité. On m’a assez rapproché mes apparitions à la une des journaux à scandales. C’est d’ailleurs l’une des premières remarques que j’ai pu avoir par Madeline. Elle m’a assez répété qu’elle ne voulait pas me voir faire les gros titres pour des trucs débiles pour que je sois en mesure de m’en souvenir. J’avais trop l’impression d’être un gamin de cinq ans quand elle s’est lancée dans la liste interminable de tout ce que je ne devais absolument pas faire. Mais c’est une horreur, quand on me balance des interdictions comme ça, je me retrouve seulement avec l’envie de faire tout ce que je ne devrais pas.
▬ Tu penses que ça nous tuerait direct ? Je n’ai jamais utilisé de poivre, enfin sauf les petits sachets dans les restaurants. Mais maintenant, ça m’intrigue grave...
Sur le trajet vers le self, il me questionne sur ce qui m’a poussé à gouter, même après avoir vu sa réaction. Lorsqu’il se met à pouffer, je ne peux m’empêcher de faire la moue. Je sais très bien que c’était stupide, et ça me fait encore rire cette histoire. Ma minuscule bouderie face à sa moquerie est toutefois bien vite oubliée dès que l’odeur de la nourriture commence à me parvenir. Il n’y a pas à dire, pour moi, l’appel de la bouffe est assurément plus fort que tout le reste. Notamment lorsque j’ai trop la dalle. Il me répond ensuite en disant que le Saint Graal est proche. Sur le moment, je bug un peu. Je ne pensais pas que les légendes de ma région natale s’étaient à ce point exportées à travers le monde. Mais c’est plutôt marrant comme truc. Je ne m’attendais juste pas à en entendre parler par ici. Je me demande un peu s’il l’a fait exprès parce qu’on l’aurait informé de mes origines. Je ne pense pas, mais ça me trotte quand même dans la tête.
Ça me fait marrer lorsqu’Aram m’informe qu’il a toujours payé jusqu’à présent. Le mec il se fait avoir depuis qu’il est là, et il ne s’en rend même pas compte. Après, je ne devrais peut-être pas trop me moquer. A sa place, je pense que je ne l’aurais jamais remarqué non plus. Je ne regarde jamais mon compte, et pour le coup, je doute que ce soit le prix d’un repas qui me change la vie. Je ne sais pas trop combien ça peut couter ici, mais je ne pense pas que ce soit particulièrement expansif. Il ajoute qu’en même temps, il ne vient pas souvent manger ici, que généralement il mange dehors avec ses frères. Je comprends un peu mieux comment il a pu ne jamais remarquer du coup.
▬ Ah ouais, logique. Mais c’est cool que ce soit offert. Au moins, je sais que je n’aurais pas à faire demi-tour si je me rends compte que je n’ai pas ma carte en arrivant devant le self. J’aurais trop la flemme de faire demi-tour.
Une fois installé, je me focalise sur mon plat de pâtes à la bolognaise. J'en rêvais tellement de ce plat que j’en ai déjà l’eau à la bouche avant même d’avoir commencé à le déguster. J’espère vraiment que ce sera aussi bon que l’image que je m’en fais. Tout en attaquant nos plats respectifs, nous continuons de parler. C’est assez chill, je m’étais attendu à bien pire pour une première rencontre. Au moins, il a l’air cool. Et nous avons déjà quelques points en communs, notamment notre manque de talent en ce qui concerne la cuisine.
▬ Nan mais à c’niveau je ne suis même pas certain que l’on puisse encore parler de bête noire. C’est une pure catastrophe lorsque je mets les pieds dans une cuisine. On en a eu la preuve. Donc je suis bien content de savoir que des gens peuvent cuisiner pour moi dans le coin, au moins je ne vais pas mourir de faim ou me faire livrer H-24.
Avec sa réponse, je me rends compte qu’il n’est effectivement pas du coin. Il m’informer qu’il vient du désert d'Hoenn, une zone dans laquelle ils parlent un dialecte qui se nomme le saharii. Sur le moment, je ne peux m’empêcher de sourire, pas parce que je me moque de lui, simplement parce que je ne savais même pas que cette région comporte un désert. Je crois que je n’ai jamais mis les pieds dans cette partie du monde, et je ne l’ai pas davantage étudié. Donc forcément, ce n’est pas étonnant que ça ne me dise pas grand-chose. Il m’explique alors que son agente le force à prendre des cours de langue commune. Il me demande même de ne pas aller lui rapporter cet épisode, parce qu’elle risquerait de lui en ajouter une double dose.
▬ J'savais même pas que la région d’Hoenn comprenait un désert, c’est vraiment la région du monde que je connais le moins. Mais t’inquiètes, j’suis pas ce genre de gars. Je pense que je devrais pouvoir garder un petit secret de plus.
Je lui adresse un petit clin d’oeil complice avant de m’attaquer de nouveau à mon plat. Ce n’est assurément pas les meilleures pâtes de ma vie, mais elles ne sont tout de même pas mauvaises. En vrai, ça va. Les pâtes sont plutôt bien cuites. Je préfère quand elles sont encore légèrement al dente, mais on ne peut pas tout avoir. Et puis la sauce à réellement le gout des tomates, du soleil, légèrement relevée avec quelques épices. Sans être au sommet de l’exaltation, ça se mange bien tout de même. Et clairement, ça n’a rien à voir avec l’immondice que nous avons préparée un peu plus tôt. Là, mes papilles se portent bien mieux. Je sens que si les repas sont toujours comme ça, je risque de me rendre régulièrement dans ce self.
▬ Mais du coup, comment t’es passé du désert d’Hoenn à la Ligue ?
Je pose la question, parce que ça m’intrigue. Je sais comment je suis arrivé ici, mais lui, il ne semble pas être arrivé à sa position en raison des relations familiales. Je me demande donc un peu quel parcours il a bien pu faire avant de décrocher cette belle place. Les places sont plutôt rares, je me dis que la chance doit donc beaucoup compter dans ce genre d’histoire. Mais pas que. Je suis là par opportunité, mais je sais me battre. Je ne doute pas qu’ils aient posé quelques questions à Peterson avant de réellement me filer le poste. Mais pour un type lambda, j’ai un peu de mal à imaginer le parcours nécessaire pour avoir ce genre de proposition.
Je rêve où il vient de me vanner violent, là ? Genre je pues ? J’ai un petit bug d’un instant, le regardant pour essayer de savoir s’il est sérieux ou non. Avec le grand sourire de dadais qu’il se tape, il est évident qu’il me tacle par taquinerie. C’est une connerie. Je me convaincs que c’est une connerie parce que sinon… Je vais bêtement me vexer et ça ne servirait à rien. Un « gniah gniah gniah » digne d’un enfant de quatre ans m’échappe et la conversation dévie sur l’histoire du poivre, ce que je préfère nettement. Je sais que je suis débile à me prendre la tête stupidement quand on se moque de mon hygiène, mais on a tellement été ce genre de cible quand on était plus jeune, avec mes frères, que j’ai du mal à en rire. Disons que l’idée de gaspiller l’eau m’a toujours dérangé. Je trouve, d’ailleurs, que les bains sont un gâchis innommable de cette ressource. Pourtant je sais que c’est uniquement parce que je viens du désert que je pense ainsi. Je me doute que Gwenael n’a aucune idée de mes origines et je ne vais pas me mettre à lui sortir un topo maintenant. En général, les gens ne me prennent pas au sérieux, estime souvent que je suis chiant avec « mes valeurs écolo ». Sauf que ce n’est pas de l’écologie, mon « délire ». C’est une réalité.
« Eh ben écoute, la prochaine fois tu testes le poivre, je te filme et on partage ta mort sur les réseaux ! Enfin je, du coup ! »
C’est mieux d’enchainer sur ce genre de bêtises. Il a avoué être intrigué, autant qu’il essaye ! Mon sourire revient et c’est tant mieux, d’un côté. En ce qui me concerne, je pense que je serais capable de résister à beaucoup de poivre. Il m’arrive souvent de manger hyper épicé donc… ça ne devrait pas tant me gêner. Pas autant que le sel en tout cas, assurément. En mon for intérieur, je me fais violence pour ne pas revenir bêtement sur cette histoire de bain, surtout que bêtement je me dis qu’avec mon asthme, je ne pourrais même pas couvrir ça par du parfum. D’ailleurs ce n’est pas les Kalosiens qui font ça ? … Les préjugés ont la dent dure.
On se rend au self, non sans taquiner un peu plus à mon tour. Je crois que je l’ai vu faire un peu la moue suite à ma moquerie, mais on va dire que ça fait 1-1, égalité, balle au centre. Quoi que cela veuille dire. Le pire, c’est que je n’ai pas foncièrement voulu mettre le score à égalité, si tenté qu’il y en ai un, avec ma vanne. Je crois juste que comme on ne se connait pas encore, on ignore les limites de l’autre. On va continuer d’y aller à tâtons, alors ! Mine de rien, j’ai pu balancer pas mal d’âneries qui sont passés et qui ont même été enrichi par mon nouveau collègue. Y a du potentiel, quoi ! Eh puis, si je m’arrêtais à juste une blague mal placée, ce serait dommage. Ça ne m’aurait pas permis, notamment, d’apprendre à connaitre plus Illia et je n’aurais pas d’ami comme lui dans mon entourage. Ce serait con que je loupe aussi le coche avec Gwen juste pour ce que je juge être un faux pas.
On s’installe au self, j’ai grave la dalle. On continue de papoter tranquillement, je suis facilement redescendu de ma vexation idiote. On vient d’apprendre que la bouffe ici est gratuite pour les champions et c’est une découverte pour moi aussi, alors qu’il est déjà arrivé que je mange ici par le passé. Je me sens comme obligé de me justifier d’ailleurs et ça me rassure qu’il me dise que mon raisonnement est logique. Ça m’amuse un peu, je ne suis pas habitué… Peut-être qu’un jour, j’arrêterais de me dévaloriser comme ça. Je découvre que Gwen a l’air d’être un flemmard aussi, quand il parle de devoir retourner chercher sa carte. Sa carte ? Ah, la carte bancaire, j’suis con. Ça me fait rire. J’attaque, en attendant, la nourriture qui s’offre à nous et je me régale, non sans lancer une remarque sur nos capacités de cuistot inexistantes. Sa réponse ne manque pas de m’amuser une nouvelle fois.
« C’est toujours mieux de toute façon quand c’est les autres qui font. »
C’est complètement une remarque de fainéant mais ça me fait marrer alors je me permets. Dans notre cas de toute manière, ce sera toujours plus comestible quand quelqu’un prépare la bouffe que si c’est nous. On vient d’en faire les frais et je crois qu’on ne retentera pas de sitôt l’expérience.
J’ai fait une faute conne, en parlant le commun. Du coup, ça a éveillé la curiosité de mon collègue et je lui parle de mes origines, histoire de dire que non, je ne suis pas juste un Moufflair qui ne sait pas parler. D’ailleurs, je parle de fautes en langue commune mais j’en fais aussi en saharii, hein. Sauf qu’à part mes frangins, il n’y a personne pour me corriger et ça me convient parfaitement. Bref, je lui demande aussi de ne pas en parler à Alice, sinon elle va devenir insupportable… A l’entendre, il faudrait que je me débarrasse totalement de mon accent. Je trouve qu’il est déjà bien bien enfoui, il ressort surtout sur certains mots… En quoi c’est gênant ? En quoi c’est un problème qu’on entende mes racines dans ma façon de parler ? ... Mouais. Ça me rappelle les fois où des connards se sont foutus de nos gueules en nous insultant d’étrangers qui feraient mieux de rester dans leur région. … Sur quelle pente je vais là, avec mes réflexions ?
Gwen m’apprend qu’il ne connait pas Hoenn. Ce n’est pas un problème pour moi, je comprends parfaitement qu’on ne puisse pas connaitre toutes les régions du monde ! Moi ça va plutôt bien, mais c’est surtout parce que j’ai masse voyagé avant de me retrouver ici. Et que je continue, d’ailleurs, à découvrir de nouveaux lieux, de nouvelles villes. J’ai un petit sourire quand il m’adresse son clin d’œil complice, rassuré d’apprendre que je ne vais pas en prendre pour mon grade. Ça m’aide à me détendre.
Il semblerait que la curiosité de mon nouveau collègue n’est pas rassasiée. Sans grande surprise, il se demande comment on peut passer d’une vie dans le désert à une vie à la Ligue. Ça me fait afficher un nouveau sourire, alors que je suis en train de finir ma bouchée.
« Eh bien si, il y a un désert à Hoenn, tout comme à Unys, d’ailleurs. Il est même sacrément grand ! » Je réagis à retardement, mais j’avais besoin de commenter cette nouvelle pour lui. « Quant à mon parcours… Dans mon clan, on pratique le yondhai. En gros, à nos dix-huit ans avec mes frères, on est parti sur les routes de notre région pour découvrir le monde en dehors du désert. J’ai fait ma quête des badges et j’ai vaincu ma première Ligue assez rapidement… C’était un rêve de gosse, de rejoindre la Ligue. Plutôt que de rentrer à la maison comme beaucoup d’Imasaha font, on est parti à Alola pour que je continue ma… Passion ? Vocation ? Je ne sais pas trop. » Ça me fait rire. A chaque fois que je raconte cette histoire, je me sens envahi par les souvenirs et ça me fait sourire doucement. « Je suis allé jusqu’à la victoire de la Master Ligue, non sans embuche. Et quand une place s’est libérée ben… J’ai tenté ma chance et me voilà ! » J’ai toujours mon petit rire de mec trop fier. J’ai beau me plaindre de temps en temps de mon emploi du temps, au final, je suis quand même content d’être là. Je suis juste un petit con qui aime bien se plaindre.
« Et… Toi ? » Je ne suis pas totalement certain du comportement à avoir, pour le coup. « Pour être honnête, j’ignorais qui tu étais avant que mes frères te googlent. Donc je sais que tu viens de Smashings et que tu viens d’une famille riche… Mais j’en sais pas plus sur ton parcours. » Je suis pensif, l’espace d’un instant. « Mais si tu veux pas en causer pas grave hein, j’aime juste rendre la pareille. » Je hausse les épaules, je suis même pas sûr de bien utiliser cette expression en plus. J’ai l’impression d’être un peu à l’ouest, pour le coup, mais comme on parle de moi… On peut aussi parler de lui, non ? Qu’on ne me reproche pas d’avoir un égo démesuré du type qui se sent plus pissé parce qu’on parle que de lui.
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A ma petite vanne concernant sa mauvaise odeur, en réalité totalement inexistante, il lâche une exclamation digne d’un gamin âgé de quelques années, ce qui me fait immédiatement pouffer de rire. S’il y a bien une réaction que je n’attendais pas, c’était bien celle-là. Je dois bien avouer que ça me fait marrer, parce que lorsque j’y songe, j’aurais été capable de réagir exactement de la même manière, en défaut de trouver une autre réplique à balancer dans l’échange. J’ai l’impression que sur certains points, on a moyen de bien s’entendre. En tout cas, nous avons des réactions susceptibles d’être proches. Lorsque je me sens acculé contre un mur, et que je ne parviens pas à trouver la réplique idéale qui me permettrait de renvoyer la balle dans l’autre camps, j’ai également tendance à régresser mentalement et à me comporter comme un enfant. Donc là, clairement, ça me fait marrer de me rendre compte qu’il ne fait pas mieux. Toutefois, j’ai l’étrange impression d’avoir un peu touché un point sensible. Sans en avoir la certitude, je me note mentalement de ne pas trop abuser sur ce sujet. Je ne voudrais pas ruiner une entente relativement bonne, bien que naissante, en faisant la blague de trop. Parce qu’après, on ne s’en sort pas de ces conneries. Quoi que l'on fasse, les rancœurs finissent toujours par s’installer, elles perdurent, même lorsque l’on ne se souvient même plus des origines de ces dernières. Heureusement pour moi, je n’ai pas l’occasion de creuser davantage ma tombe : la conversation se poursuit sur un tout autre sujet.
▬ Hahaha ! Ça marche ! Mais seulement si tu m’assures que je deviendrais une véritable star sur les réseaux avec cette vidéo. Parce que sinon, ça ne vaut vraiment pas le coup. Je tiens à marquer le monde, moi !
A ma réponse, je me marre. Je ne peux pas faire autrement en balançant de telles conneries. Parce que bon, il est tout de même évident que je n’ai pas la moindre envie de mourir, ni aujourd’hui, ni même demain. J’ai encore de nombreuses choses à réaliser, je ne compte donc pas en finir aussi rapidement avec la vie. Et encore moins d’une manière aussi stupide qu’en mangeant un énorme plat de pâtes aux poivres. Si l’idée me fait beaucoup rire, je ne pense tout de même pas avoir très envie de réellement en faire l’expérience. Au regard du résultat avec le sel, je doute que ce soit davantage comestible en usant d’un autre épice, notamment lorsque ce dernier est encore plus puissant au niveau du gout. En vrai, je suis en train de me dire que ce serait vraiment horrible comme plat. Déjà que de base, je ne suis pas un adorateur invétéré des préparation poivrées, là je pense vraiment que j’aurais aucune chance de me remettre d’une telle expérience.
En s’installant à une table du self, je me dis que c’est plutôt cool de pouvoir partager ce premier moment avec quelqu’un. Parce que tout seul, même si l’on m’avait dit “le self est là-bas, tu n’as qu’à y aller”, je ne sais pas si je l’aurais fait. C’est peut-être idiot, mais comme je n’aurais pas voulu me taper la honte au milieu d’un lieu totalement inconnu, je n’aurais sans doute pas cherché à m’y rendre. Donc je suis bien content de m’y rendre en compagnie d’Aram. En plus, cela nous permet de papoter un peu. On se vanne aussi, forcément, j’ai l’impression que lui aussi, il apprécie de sortir quelques plaisanteries. D’ailleurs, il m’a bien eu sur le trajet vers le self. Je me suis contenté de faire la moue, comme un gamin, parce que je n’ai vraiment rien trouvé à rétorquer. En même temps, l’escalade ça ne donne pas toujours quelque chose de bon. C'est aussi pour cette raison que je n’ai pas cherché plus loin lorsque j’ai remarqué que rien de me venait dans l’instantané. Au moins, il me permet de découvrir les lieux et le fait qu’ici c’est offert pour nous, donc autant en profiter. Et puis la nourriture est bonne, c’est donc vraiment parfait.
▬ Ah ben ça, clairement ! Mais c’est peut-être aussi pour ça que je ne comprends même pas les bases de la cuisine. On se mettait à table et les employées apportaient les plats en nous servant. Ils faisaient vraiment tout, je n’avais plus qu’à manger.
Je me marre tout de même à sa remarque. J'ai bien l’impression qu’il est sur la même longueur d’onde que moi en ce qui concerne la flemme. C’est rassurant de tomber sur quelqu’un avec un fonctionnement plus ou moins similaire. J’aurais été bien déçu de tomber sur une personne à l’opposé de moi, se débrouillant lui-même pour tout faire. Parce que du coup, je n’aurais vraiment pas eu la moindre information concernant les possibilités à ma portée pour avoir des personnes susceptibles de faire le travail à ma place. J’ai presque toujours été habitué à avoir des gens à mon service. Même lorsque je squattais à Smashings, j’avais toujours des potes pour faire une bonne partie des corvées quotidienne à ma place. Mais ça, c’est sans doute parce qu’ils craignaient de mourir avec ma cuisine ou que je provoque une catastrophe en tentant de faire un brin de ménage. Ils étaient tout de même habitués à mon talent, ou plutôt son absence, pour tout ce qui concerne la survie de base. Autant je maîtrise parfaitement tout ce qui concerne les soins à apporter à mes pokémons, autant, je serais bien incapable de survivre si je n’avais personne pour cuisiner pour moi. Il est certain que je serais mort avant d’être parvenu à préparer un plat pouvant être considéré comme comestible.
Lorsqu’il me confirme que l’on trouve un désert à Hoenn, qui est d’ailleurs sacrément grand, pour reprendre ses mots, et qu’il ajoute que la région d’Unys en compte un également, je ne peux m’empêcher de pouffer légèrement. Parce qu’au final, je ne connais pas davantage cette région non plus. Enfin je me suis déjà rendu là-bas, notamment pour des soirées de gala et autres conneries liées à ma famille. Mais pour le coup, je ne me suis jamais éloigné des grandes villes. Je n’avais jamais le temps pour cela. Le timing était toujours bien trop serré pour que l’on puisse avoir le temps de s’échapper de la foule afin de partir découvrir le monde de nos propres yeux. Donc forcément, s’il me parle de lieux un peu isolés, je ne connais pas. Par contre, les villes, je les connais relativement bien.
Par la suite, il répond à ma question, en me détaillant un peu le parcours qu’il a eu avant d’arriver ici. Je ne comprends pas tout, notamment son histoire de yondhai et d’imasaha. Mais je n’ai pas tellement envie de questionner davantage sur le sujet. Déjà, je ne suis pas certain de pouvoir comprendre. Si c’est des mots issus de sa langue, il est possible qu’ils n’aient pas forcément d’équivalent dans celle qui est la mienne. Ce qui est intéressant, par contre, c’est qu’il est allé jusqu’à la Master Ligue. Je dois avouer que c’est plutôt impressionnant. Moi-même, je ne l’ai pas fait. Après, ce n’est pas parce que je n’en avait pas la possibilité. C’est seulement parce que je n’en voyais pas l’intérêt. Il aurait notamment fallu que je quitte tout ce que j’avais pour me lancer dans la conquête des badges dans d’autres régions. Sauf que je me trouvais plutôt bie dans mon petit quotidien. Je m’en étais très bien sortit lors de ma première Ligue. Par la suite, je n’avais pas cherché plus loin. Je me suis seulement contenté de poursuivre mes petits combats illégaux. Et occasionnellement, je prenais part à des tournois que ce soit contre des individus lambdas ou des célébrités dans e monde du dressage. Pour la plupart, je les ai remportés. Je savais donc que j’avais de bonnes compétences et un certain talent, mais ce n’est pas pour autant que j’avais particulièrement envie d’aller plus loin. J’étais content avec ma petite vie tranquille.
▬ Ah ouais, carrément la Master Ligue ! C’est un joli palmarès ça ! Ce n’était pas trop chiant de bouger de région à chaque fois afin de poursuivre ? J’avoue que c’est un peu ce qui m’a rebuté. J’avais vraiment trop la flemme de tout quitter et de laisser ma petite vie derrière moi. Bien que ce soit ce que j’ai finalement été obligé de faire pour venir ici...
J’ai un sourire lorsqu’il me renvoie ma question, en m’indiquant qu’avant que ses frères fassent quelques recherches sur internet à mon sujet, j’étais un parfait inconnu pour lui. C’est marrant, j’ai pourtant souvent eu tendance à faire les gros titres des torchons à scandales. Mais ce n’est possiblement pas ce qu’il lit habituellement. Après tout, ils racontent davantage de conneries que de vérités, en général. Après, je me dis que les différents tournois ont possiblement dû faire un peu de bruit, surtout les exhibitions face à des grands noms. Mais après, si l’on ne s’intéresse pas forcément à tout cela, je me dis que c’est également normal de ne pas avoir davantage entendu parler de moi.
▬ Ne t’en fais pas, ce n’est pas un problème. De toute façon, je suppose que je vais régulièrement avoir le droit à la question. Je suppose que Madeline va certainement me demander de changer certaines parties de l’histoire pour les journalistes, mais autant que tu bénéficie de la bonne plutôt que de la version destinée à faire bonne image.
Je me marre un peu, parce que mon agente a déjà laissé entendre qu’elle allait devoir me briefer concernant ce que je peux dire, ou non, aux médias. Pour le moment, je n’ai pas l’autorisation de quitter le quartier de la Ligue. Je pense qu’elle a peur des mots qui pourraient sortir de ma bouche. C'est un peu la loose, parce que ce n’est pas parce qu’elle m’aura fait tout un beau discours que je vais forcément faire exactement ce qu’elle me demande. Si elle compte là-dessus, c’est vraiment qu’elle n’a rien comprit au genre de personne que je suis. Mais bon, pour le moment, je fais un effort. Elle tente aussi d’en faire de mon côté. Au moins, elle m’a possiblement fait envoyer le type avec lequel je suis sans doute le plus susceptible de bien m’entendre. Même si aux premiers abords, on ne semblait pas avoir grand-chose en commun.
▬ Et donc de mon côté, j’ai seulement fait la première Ligue, après avoir obtenu les badges de Galar. Pour la suite, je n’ai pas eu l’envie de me lancer dans une autre région. Je n’aurais possiblement pas survécu au fait de devoir me préparer à manger... Pour mon expérience en combat, j’ai essentiellement fait des combats illégaux à Galar, ainsi que différents tournois et autres exhibitions pour le plaisir ou les œuvres de charités de ma famille. Donc forcément, à moins de regarder la presse people, mon nom ne devait pas ressortir beaucoup. Quant à mon arrivée ici, je dirais que ça vient essentiellement des contacts de mon père. Et peut-être que le comité à prit contact avec des grands noms que j’ai eu l’occasion d’affronter. Je combattais souvent avec Peterson, le champion de l’arène de Smashings. Mais du coup, c’est un peu moins glorieux comme cheminement...
Je hausse un peu les épaules, en affichant un sourire légèrement gêné. Il faut dire que contrairement à un mec qui a vaincu la Master Ligue, ce n’est pas vraiment glorieux d’arriver un à tel poste simplement grâce aux bonnes relations de sa famille. En vrai, je trouve que ça craint un peu. Mais face à l’ultimatum que j’avais, je n’ai pas vraiment eu d’autres choix que d’accepter de venir ici.
« On ne sait jamais ce qui va faire le buzz ou pas ! »
Je dis ça, mais je n’y connais pas grand-chose aux réseaux sociaux, je dois l’avouer. Avant la Ligue, même si j’avais internet sur mon téléphone, je ne m’étais jamais inscrit sur ces plateformes parce que je n’en voyais pas l’intérêt. J’ai encore du mal à le voir, d’ailleurs et heureusement, c’est Alice qui gère mon compte officiel parce que sinon… Sinon je crois qu’avec ma grande gueule je me serais déjà tiré une balle dans le pied ! Après, je me dis quand même qu’une vidéo d’un maitre de la Ligue qui meurt, étouffé par du poivre, ça devrait faire beaucoup parler… Je trouve que c’est glauque d’en venir à cette conclusion, mais malheureusement, je crois que c’est aussi être réaliste. Les gens adorent le drama et les vidéos chocs. Bon. On va tout de même se dire qu’à l’origine, c’est juste une très grosse connerie. Jamais on ne va s’amuser à faire ça, non plus, ce serait bête !
On a fini nos bêtises avec la cuisine, on se rend au self pour profiter d’un vrai repas. Je commence à avoir sérieusement la dalle alors ça me rassure de savoir qu’on peut encore manger. On parle de notre flemme partagée à faire à manger, Gwen m’explique que chez lui, c’était surtout les employés qui s’occupaient de préparer les plats. Je ne suis pas trop surpris puisque je sais déjà qu’il est issu d’une famille riche, mais ça a quand même le mérite de m’interloquer. Ça doit être bizarre d’avoir toujours quelqu’un pour faire à notre place ce qu’on n’a pas envie de faire… Sauf qu’en fait, je suis clairement mal placé pour parler. Un sourire un peu coupable passe sur mes traits, alors que je me gratte un peu la tête.
« Je t’avoue que même si je n’avais pas d’employés, comme dit, c’était mes frères qui cuisinaient le plus. Moi ils m’interdisaient limite de m’approcher de la gamelle, j’étais juste bon à chercher de l’eau ou du bois pour le feu. »
Maintenant que j’y pense, c’est un peu gênant de l’avouer. Je me sens un brin comme un boulet pour eux… Mais ils en profitent, dorénavant ! S’ils me laissaient faire ce que je voulais, surtout de l’entrainement du coup, c’était parce qu’ils devaient croire un minimum en moi et mes capacités. Vu les heures et les heures que j’ai passé à m’entrainer avec ma team, ça aurait été dommage du contraire. Et en même temps, je me rends bien compte que sans eux, je n’aurais jamais pu arriver où j’en suis, du moins pas aussi rapidement. J’ai un petit sourire qui refait surface en pensant que si Malik n’était pas venu plusieurs fois me chercher pour me dire d’aller dormir, je ne serais peut-être plus de ce monde. Cette fâcheuse tendance à pousser mon corps et mon esprit dans ses retranchements, ça ne m’apportait pas que du bien.
Bref ! Je me suis perdu dans mes souvenirs. Ça tombe bien en plus, puisque je n’ai pas été capable de parler correctement, ça a intrigué mon nouveau collègue et voilà, il me questionne sur ma vie. Ça ne me dérange pas, j’ai toujours aimé parler de mes origines. J’en suis fier et si y a bien quelque chose qui me manque dans ma vie actuelle, c’est la possibilité de retourner à la maison plus souvent. Bon, comme d’habitude, quand je parle de chez moi, j’utilise des mots de saharii sans m’en rendre vraiment compte. Je ne pense pas, néanmoins, que ça rende mon discours moins compréhensible… Ou alors Gwen n’aura qu’à me poser davantage de questions, hein ! Ça doit se voir à ma gueule d’ahuri que je prends plaisir à en parler. J’ai quand même fait une version accélérée parce que le pauvre, si je me mets à énumérer chaque étape, demain, on y est encore. Je n’ai pas envie de passer pour le gros relou imbu de lui-même qui s’extasie en parlant de lui. J’ai certes un égo un peu surdimensionné, je ne suis quand même pas ce genre de tête à claques à dire « je, je, je » tout le temps. Il me repose une question et j’affiche un énième sourire.
« Pas du tout, t’sais, je suis un nomade de base donc bouger… J’ai l’habitude, c’était déjà mon quotidien. D’ailleurs c’est même le contraire en fait ; j’ai beaucoup de mal à rester au même endroit trop longtemps. Genre ici, à la Ligue, je deviendrais fou si je devais y passer rien que plusieurs jours d’affilés. »
Même si je suis un flemmard, j’ai ce besoin de bouger qui est ancré en moi. Là-dessus, on se différencie pas mal. La seule fois où j’ai trainé dans une région, c’était à Alola. Et bon… C’était parce qu’il y avait Derek. C’était la seule justification, d’ailleurs… Même si après ma seconde Ligue je n’ai pas hésité à enchainer. C’est… Sans doute un des principaux reproches que m’adressait mon ex petit ami d’ailleurs. Lui, il n’est pas capable de comprendre que je suis capable d’abandonner un cocon pour aller dans un autre. Changer mes habitudes, ne pas se laisser aller à la routine quotidienne… Y en a que ça fait rêver, hein ! Et je ne leur fais aucun reproche là-dessus. C’est juste que ce n’est clairement pas pour moi.
Comme j’ai envie d’être poli, mais surtout que je suis horriblement curieux, je renvois la question à Gwenael. Comme je ne sais pas sur quel terrain je me lance et que je suis réputé pour mettre les pieds dans le plat, je préfère lui indiquer qu’il peut ignorer ma question si elle dérange. Mais au fond, j’aimerai quand même savoir, même si ça ne me regarde pas vraiment. Je suis trop curieux, je l’ai déjà dit. Il rigole, m’informe que l’histoire comptée aux journalistes sera sans doute différente de la vérité. Hum. Je sais déjà que c’est arrivé par le passé, d’avoir une explication officielle à mille lieux de la réalité. Ça ne me surprendrait pas trop que ce soit le cas avec lui, du coup… Dépendamment de la vérité. Je suis en train de finir mon assiette de bolo quand il reprend la parole et je ne le quitte pas des yeux, concentré sur les informations qu’il consent à me communiquer.
J’apprends qu’il n’a fait que la première Ligue. C’est assez conforme avec sa surprise avec ma Master Ligue… Et d’ailleurs je pensais que pour être maitre, c’était un minimum à passer ; ce n’est apparemment pas le cas. J’aurais pu être embaucher sans ? … Je ne sais pas pourquoi, j’ai de gros gros doutes, mais je vais tâcher de ne pas m’y attarder. Je l’écoute, un peu surpris par ces participations à des combats illégaux. J’espère quand même que c’est dans le respect de la santé des pokémons parce que sinon… Je sens que je ne vais pas aimer. Je ne me suis jamais intéressé à ce genre d’affrontements, déjà parce que lorsqu’on s’est rendu à Smashings pour mon badge, on n’y est pas resté longtemps. Y a une ambiance particulière dans cette ville et si j’aimais bien, Izy a détesté. Pas qu’il ait réellement un problème avec les choses « illégales », c’est surtout qu’il s’était pris la tête avec un type qu’il aurait mieux fait d’ignorer ; et on n’avait pas spécialement envie de finir chez les flics pour une histoire à la con.
Peterson. C’est lui le champion de cette cité. Je me rappelle de lui, avec son look anti-conformiste. Ce n’est pourtant pas le champion qui a le plus marqué mon esprit dans cette région ; on va oublier cette conn*sse de vieille avec ses putains de pokemon fée qui m’ont dégouté, je pense plutôt à Roy. Ça fait un moment que je ne lui ai pas envoyé de message pour savoir comment il va, d’ailleurs. En même temps, un champion dragon qui kiffe les selfies, c’était obligé que je m’en entende avec. En plus il est mignon donc bon, on va rendre l’utile à l’agréable, même s’il ne s’est jamais rien passé… Pour l’instant.
Et donc… C’est quoi le mot, de nouveau ? Piston ? Ça doit être ça, je crois. Quand on obtient un job grâce à nos relations, c’est comme ça qu’on dit, non ? Je comprends mieux pourquoi il n’a eu que la première Ligue à faire, du coup. Ça fait sens, à mes yeux. Il a l’air un peu mal à l’aise et même si j’ai sans doute laissé paraitre mon étonnement l’espace d’un instant, je me ressaisis vite ; ce n’est pas moi qui vais lui faire la morale. Lui dire que c’est de la triche, que c’est injuste ? Ça fait des années que j’ai compris qu’on n’est pas tous lotit à la même enseigne. Moi, j’ai galéré pour atteindre ma place, ça m’a demandé des années d’entrainements et de sacrifices ; mais je suis fier de mon parcours. Lui… J’ai l’impression de capter qu’il ne le vit pas super bien… Et c’est un peu con, je trouve.
« Bah, chacun son parcours, en fait. » C’est sorti naturellement. Qu’on me comprenne, ce n’est pas parce que moi j’ai eu un cheminement difficile et qu’il m’arrive de me la péter grave – surtout avec mes frères parce que je suis un petit con – que je reproche à tous autres personnes d’avoir eu des facilités dans la vie, que ce soit grâce à des relations familiales ou des aptitudes naturelles hors du commun. Chaque être est différent et unique. Bon ok, je suis en train de faire de la philosophie de comptoir là, mais l’idée est là. « Je n’ai jamais été fan des presses people et je le suis encore moins maintenant. Y a des trucs écrits dans ces torchons qui me font péter des câbles, parfois. » Comme cette histoire où j’aurais apparemment une liaison secrète avec Mao. What. The. Fuck ?
« Comme dit, maintenant que t’es là, j’espère que l’épanouissement et l’amusement viendront avec le temps. Même si y a des trucs chiants comme les interviews avec des journalistes teubés, y a des trucs cools quand même ici. Comme entendre une foule en délire clamer ton nom quand tu combats. »
Ok, ça y est, il est là mon petit air prétentieux. Je ris, mais au fond, il faut être honnête ; ça me grise toujours quand ça arrive pendant un match. J’ai quasiment fini mon assiette, mais je m’arrête un peu pour boire de l’eau. Et puis… Y a cette histoire qui me reste en tête.
« Les combats illégaux dont tu parlais tout à l’heure… C’était quoi qui était illégal, en fait ? »
J’espère juste qu’il ne va pas croire que je cherche à connaitre des détails pour le dénoncer où je ne sais quoi. D’une, je ne suis pas assez malin pour élaborer un plan comme ça, de deux, j’aimerai juste savoir s’il n’était pas question de maltraitance pokemonesque… parce que je sais que dans certains combats, c’est le cas. Et ça m’irise les poils. Pourtant, il a l’air plus que correct avec les alliés qu’il m’a présenté alors… Je suis sceptique.
Codage T-Card par Aaron Sakuragi, un grand merciiii t'es la meilleure ! Crédit avatar :obo
▬ Là-dessus, tu n’as pas tort. Il est vrai que c’est parfois des trucs totalement inattendus qui finissent par faire le buzz.
Même si tout cela ce n’est que des conneries totalement imaginaires, parce que bon, même si j’ai tenté de gouter le plat trop salé, ce n’est pas pour autant que je vais réellement envisager de manger un plat trop poivré. Toujours est-il que j’ai déjà vu des trucs complètement ridicules et sans le moindre intérêt faire le buzz sur les réseaux sociaux. Genre même des trucs qui je ne trouvais pas spécialement drôle. Donc parfois, je me dis qu’il ne faut pas chercher trop longtemps de possibles explications sur pourquoi un truc va affoler les gens sur internet tandis que des trucs bien plus cools vont simplement tomber dans l’oubli avant même d’avoir eu le temps de percer. Après, je me suis rendu compte que sur les réseaux sociaux, les trucs susceptibles de fonctionner sont relativement cyclique. Il suffit de tomber au mauvais moment pour que rien ne fonctionne selon les espérances. Mais bon, en général, tout ce qui relève des histoires drama, des contenus chocs ou de la violence à tendance à tourner bien plus que de raison. Donc bon, même si on se marre de cette idée totalement débile, je pense que nous sommes tous les deux d’accords pour admettre que l’on ne le ferait pas réellement. Je n’ai pas envie de mourir pour un truc aussi bête. J’ai tout de même un minimum de dignité, même s’il serait légitime d’en douter.
Tout en nous dirigeant vers le self, après avoir nettoyé l’ensemble de nos conneries dans la cuisine, nous discutons de tout et de rien. Lorsque j’évoque le fait que je n’ai jamais eu à me préoccuper de ce genre de corvée, notamment grâce aux employés de la famille. Avec un sourire un peu coupable, il m’explique que même sans avoir des employés autour de lui, il n’a jamais eu à se préoccuper de la cuisine non plus. Ses frères étaient généralement ceux qui se chargeaient des repas tout en lui interdisant de s’approcher de la gamelle. La seule chose qu’il pouvait faire pour aider, c’était d’aller chercher de l’eau ou de ramasser du bois pour alimenter le feu. Sur le moment, je ne peux m’empêcher de rire un peu. Pourtant, il n’y a rien de particulièrement drôle dans cette histoire. C’est juste que ça m’amuse un peu de constater que l’un comme l’autre, nous étions considérés comme de véritable danger pour la santé des autres et que personne ne nous faisait confiance pour préparer un repas comestible. Sur ce coup-là, j’ai la sensation que l’on s’est bien trouvés.
▬ Je me demande bien pourquoi personne ne veut nous faire confiance lorsqu’il s’agit de faire à manger... Mais au moins, je suppose que tu as également eu l’occasion de te concentrer sur d’autres occupations pendant ce temps-là ?
Je pose la question, parce que je me demande vraiment si c’est ainsi qu’il a pu se concentrer sur les combats. Je ne l’avais jamais réellement remarqué jusqu’à présent, mais maintenant que j’y songe, je me rends bien compte que si j’avais dû participer activement à ce genre de corvées, je n’aurais pas eu autant de temps pour m'entraîner à combattre avec Gawin, Peterson ou encore les autres membres de notre bande de potes. Je ne peux m’empêcher de penser que si je suis parvenu à atteindre un tel niveau, c’est un peu grâce à tout cela. Bien évidemment, avec mon talent naturel pour la stratégie, je partais déjà avec de bonnes bases. Toutefois, si je n’avais pas eu l’occasion de profiter de ce temps libre pour combattre, d’une manière ou d’une autre, je ne suis pas certain que j’aurais pu atteindre un tel niveau. Mais bon... ça je pense que je ne l’avouerais jamais réellement. Même si au fond de moi, j’en ai la certitude, au niveau de l’image ça la foutrait assez mal de reconnaître que si je suis aussi bon c’est en partie parce que l’on m’a toujours considéré comme un incapable. Après, ça m’a toujours bien arrangé de me débarrasser de toutes les corvées. C’est tout de même bien plus cool lorsque les gens s’en occupent à ma place.
J'enchaine ensuite en lui posant quelques questions sur sa vie, sur ses origines. Je ne sais même pas pourquoi. En général, je n’en ai pas grand-chose à faire des autres. Mais j’sais pas, ce type, il me semble être plutôt intéressant. Et puis, il s’agit de l’un de mes nouveaux collègues. Je suppose que je cherche à faire un peu plus connaissance avec mon nouvel environnement. Je n’en sais trop rien, en vérité. Je ne suis même pas sûre qu’il soit possible de trouver une réelle explication à mes motivations. Il est probable que ce soit simplement une histoire de curiosité. Il a parlé d’un truc, j’ai voulu en apprendre un peu plus, donc j’ai posé des questions. Au final, nous discutons tranquillement, et en vrai c’est grave cool. Je découvre des choses dont je n’avais même pas conscience. En ayant passé la majorité de ma vie à Galar, et avec les fréquentations de ma famille, il est évident que je n’ai jamais rencontré des gens comme lui. Au beau milieu d’une soirée mondaine, il est plutôt rare de croiser des personnes venant d’un désert. A un moment, j'ai un peu craint de me montrer trop intrusif avec toutes mes questions alors que l’on ne se connaissait même pas ce matin. Mais non, il semble être plutôt content de parler de ses origines, de son peuple.
▬ Mais... tu peux bouger comme tu veux toi ? D’après mon agente, j’ai interdiction de quitter l’enceinte de la Ligue... Elle a dit que si l’on me voyait quitter la zone, elle lancerait toutes les équipes de sécurités à mes basques. Mais si tu peux sortir comme tu veux, c’était peut-être juste des conneries ?
Sur le coup, je n’ose pas y croire. Elle m’aurait vraiment entubé à ce point-là ? Pourquoi est-ce que je ne pourrais pas aller visiter le monde, moi ? Sur le moment, j’ai cru à son histoire. Mais désormais, je commence à avoir des doutes. Je me demande bien pourquoi elle m’a balancé ça. Est-ce qu’elle craignait que je mette les voiles à la première occasion que j’aurais ? Maintenant, je me demande pourquoi j’ai cru à toutes ses conneries. Mais surtout, je m’interroge sur ce qu’elle pouvait bien avoir à gagner en me gardant ici, sur ce qu’elle pouvait bien craindre dans le cas où je déciderais de m’éloigner un peu. Parce que pour le coup, je ne vois pas vraiment où je pourrais aller. Je sais pertinemment que maintenant que j’ai été envoyé ici, je peux difficilement prendre la fuite. De toute façon, en cavale dans une région que je ne connais pas, je ne risque pas d’aller bien loin. Et je sais très bien que je n’aurais pas l’occasion de rejoindre ma patrie d’origine avant d’être retrouvé. Je ne vois donc pas pourquoi elle cherche à ce point à me garder à l’intérieur du domaine de la Ligue. J'ai l’impression qu’une information primordiale m’échappe totalement dans cette histoire. Est-ce que ce serait par crainte que je tombe sur des journalistes ou un truc dans le genre ? Ce serait une possibilité.
Par la suite, la conversation s’oriente vers moi, ce qui est logique. Aram me renvoi mes propres questions. Si je ressens une certaine curiosité vis-à-vis de mon nouveau collègue, je suppose qu’il en est tout autant pour lui. Je déballe donc une partie de mon histoire, de comment je suis arrivé ici. Je mentionne rapidement la version officielle, avant de présenter la vérité, qui diffère un peu de celle qui est présentée aux médias et autres journalistes. Et forcément, je me demande comment il va réagir en découvrant que si je suis là, c’est principalement grâce aux pistons, bien que j’aie à de nombreuses reprises démontrées mon habilité à combattre. Je me dis que c’est con. Je sais que j’ai les capacités pour remporter la Master Ligue, mais là j’ai juste l’impression d’être un fichu imposteur. Je me dis qu’il aurait peut-être été profitable de commencer faire les arènes et les autres niveaux de la Ligue avant de me placer directement comme le nouveau champion. Ils auraient même pu trouver un moyen d’accélérer les choses en organisant un truc sur place, ou je ne sais pas trop. Je me dis qu’il existe différents moyens permettant de rendre le truc plus légitime. Mais non. Ils m’ont simplement mis dans un avion en me collant une agente qui m’insupporte déjà. Et voilà, au lieu de trouver ça cool, je le vis un peu mal. Mais lui, il semble être ok avec ça. D’un côté, je crois que ça me rassure un peu. Au moins, ça ne semble pas mettre en péril notre bonne entente.
▬ C’est dingue le nombre de conneries qu’ils peuvent raconter. Tu en as déjà fait l’expérience ? Mais oui, j’espère que ça finira par être cool. Quitte à ne pas avoir d’autres choix que d’être ici, autant que j’en profite.
En vrai, ce qu’il dit, ça m’interpelle. Je pense que ça me plairait vraiment d’entendre toute une foule hurler mon nom. C’est cool quand c’est un petit comité, mais les effets doivent vraiment être différent lorsque c’est un stade complet et que ça résonne totalement jusqu’à nos oreilles. J’ai vraiment envie d’expérimenter ça. Je me demande au bout de combien de temps j’aurais l’occasion de prendre part à mon premier combat officiel.
▬ Je me dis que ça doit être vraiment fun comme ambiance ! J’espère que je vais apprécier ça. Un grand stade, ça doit vraiment être la folie lorsque les gens commencent à scander ton nom !
Je termine ensuite mon plat tandis que mon nouveau collègue revient sur un truc que j’ai dit un peu plus tôt. Il semble s’interroger sur cette histoire de combats illégaux. J’ai un petit sourire tandis que je me demande ce qu’il peut bien s’imaginer vis-à-vis de tout cela. Je me dis que ça peut aussi bien concerner le meilleur que le pire. Il est donc préférable que j’explique rapidement les choses, histoire qu’il ne commence pas à me prendre pour un gros taré. Parce que ce n’était certes pas très légal, mais ce n’est pas pour autant que l’on agissait réellement mal. Dans le fond, nous n’avons jamais fait de mal à personne.
▬ Ce n’était rien de bien dramatique, au final. C’est juste que les conditions n’étaient pas en respect des lois. On trouvait assez drôle de combattre directement dans la rue. On pariait également sur les résultats. Ce genre de conneries, quoi. Si tu t’es déjà rendu à Smashing, tu t’es sans doute rendu compte de l’ambiance parfois un peu glauque dans certaines zones de la ville. C’est un peu en raison de nos combats. Mais aucun mal n’a jamais été fait à nos pokémons, si jamais tu te posais la question. Ça, je ne l’aurais jamais perdu. Ils sont mes partenaires, je pourrais même les considérer comme mes amis. Donc forcément, je tiens à eux.
Je marque ensuite une pause pour boire un peu d’eau. Ça fait quand même du bien d’avoir enfin pu prendre un véritable repas. Ma faim est enfin passée. Et en plus de ça, c’était super bon, de quoi faire passer le mauvais souvenir de notre ignoble tentative ratée.
« Je crois que notre petite expérience de tout à l’heure explique bien pourquoi on ne nous fait pas confiance. » Je me marre. « Ouais, je pouvais finir mes entrainements, souvent. Puis sinon je racontais des conneries. »
J’ai un grand sourire en le disant, même si je ne devrais pas être particulièrement fier. Il nous arrive encore de nous faire ce genre de sortie, mais c’est de plus en plus rare. Pourtant, ce n’est pas spécialement compliqué de trouver des endroits perdus dans la nature sans la moindre âme humaine… Mais souvent, dans ces lieux, il n’y a pas de réseau. Et… Alice n’aime pas que je ne sois pas joignable. Niveau cassage de couilles, elle se pose là, quand elle s’y met. La dernière fois que j’étais injoignable, elle m’a pété un scandale alors que j’avais juste plus de batterie. Après j’avoue que j’éteins volontairement mon phone quand je n’ai pas envie qu’elle me harcèle et que j’ai juste envie de kiffer l’instant que je vie. Elle n’a pas l’air de le comprendre.
J’espère quand même qu’à un moment, elle va se détendre un peu. On s’entend mieux qu’au début, c’est sûr, mais ce n’est pas encore totalement ça. Elle est tellement focus sur le boulot à toute heure qu’elle ne se rend même pas compte qu’elle vit que pour ça. Je trouve ça juste… Tellement triste. Surtout qu’elle a deux filles ! Ses gamines sont jeunes en plus, elles ont besoin de leur maman. Va falloir que je fasse quelque chose à un moment pour qu’elle mette le holà… J’avais cru qu’avec l’histoire de son ex, elle allait réaliser qu’elle avait besoin de souffler. Que nenni ! Même si on s’entend mieux, elle est toujours beaucoup trop à fond. J’dis pas, la motivation c’est important, mais faudrait penser à se calmer à un moment !
Bref, on a parlé de moi, du désert, de comment je fonctionne. J’informe mon nouveau collègue que je suis bien incapable de tenir en place, de part ma nature de nomade. Ses réactions et les questionnements qu’il m’adresse me font partir dans un rire incontrôlé. Wouah, je crois qu’il a une agente aussi folle qu’Alice quand je l’entends !
« Interdiction, carrément ! Elle m’a l’air d’être assez stricte, ton agente… » Je pouffe encore un peu, avant de me reprendre. « Remarque… J’ai passé ma première semaine en poste dans ce complexe aussi… Pas que je n’avais pas le droit de sortir, simplement pour que je prenne mes marques. Puis fallait faire toute la comm’ sur ma nomination, tout ça tout ça. Puis je n’avais pas encore d’agente en fait, Alice est venue plus tard. » Maintenant que j’y pense… J’ai eu une première semaine vachement chill où je pouvais faire ce que je voulais. La belle vie. « Ah ! J’ai oublié de répondre à ta première question ; je peux bouger où je veux, oui et non. En théorie, rien ne m’empêche d’aller où je veux. Seulement… Mon agente me fout toujours un emploi du temps de ministre alors je passe mon temps à voyager dans les régions pour faire « notre pub ». » J’ai fait des guillemets pour la pub, parce que ce n’est pas comme ça qu’elle me le vend, mais je ne suis pas débile ; elle veut que je sois particulièrement présent, médiatiquement parlant. Je sais bien que quand je fais une inauguration d’un musée perdu sur l’une des îles dont tout le monde se fout d’Alola, ce n’est pas pour ma culture personnelle parce que jamais je vais dans un musée de mon plein gré. C’est juste calculé pour montrer qu’on aide les structures à la culture. Après, bon… Je ne vais pas me plaindre, ça m’a permis de passé par Mallié pour passer voir Derek.
« Après… peut-être que ton agente a peur que tu fasses ton premier scandale en solo sans pouvoir être là pour rattraper. »
Je me marre, mais c’est possible aussi. Quand je me trouve à parler publiquement, Alice a toujours peur que je dise une grosse connerie. Et à juste raison ; je déteste m’adresser à une foule. Ça me stresse à fond, je fais des gros efforts pour ne pas balbutier et parler distinctement. Ça ne m’empêche pas d’avoir toujours cette boule au ventre et, le moment que je préfère, c’est quand elle prend la relève. Sérieux les discours, c’est de la daubass.
Comme il s’est montré curieux, je me permets de l’être à mon tour. Je comprends facilement qu’il n’est pas hyper à l’aise avec sa situation actuelle, j’essaye de le rassurer. Ce n’est pas moi qui vais lui reprocher quoi que ce soit. Comme dit, chacun son parcours ! J’ai évoqué la presse people, ces torchons qui feraient mieux de disparaitre plutôt que d’être publié… Et il me demande si j’ai déjà fait les frais de ses vautours. Je pousse un soupir, un peu blasé.
« Malheureusement. Y avait que des conneries, bien sûr hein… Rien de vrai. Y a une histoire qui traine par exemple comme quoi j’aurais une aventure avec Mao. » Je lève les yeux au ciel. Il est clair que c’est juste un énorme bullshit. Je pose ma joue sur ma paume, haussant les épaules. « Après j’imagine que si les médias découvrent qu’on s’entend bien on aura le droit aussi à des rumeurs comme quoi on couche ensemble ou je ne sais pas quoi. Ce genre de magazines se fichent pas mal de la vérité, le plus important, c’est de faire le buzz. »
Il est clair que je ne suis absolument pas en accord avec cette façon de penser. Au début, quand je lisais des trucs faux sur moi, ça me faisait faire des bonds. Maintenant… je relativise. Je n’ai aucun contrôle sur ces conneries, de toute façon. Même si j’avoue que savoir que des gens pensent que c’est vrai, ça me gave pas mal, je dois l’avouer. Mais bon. On ne peut pas contrôler les pensées des gens. S’ils veulent croire des conneries… Ma foi. Je ne peux rien faire contre.
J’enchaine sur les points positifs de la Ligue, comme si de rien n’était. Je parle du stade, ce qui me plait le plus dans ce boulot. Gwen espère qu’il sera aussi grisé par son premier combat et ça me fait sourire.
Ok, je manque un peu de vocabulaire, pour le coup, mais voilà. Ça se voit facile à ma gueule que je pense ce que je dis, avec mon sourire d’abruti là. J’ai déjà hâte d’être à mon prochain combat, peu importe l’issue. Même si bon… La victoire, c’est toujours plus agréable que la défaire, on ne va pas se mentir. Et cela même si on est là pour perdre, surtout en Ligue 1 mais… Faut bien un peu de résistance, quand même. Le plus dur d’ailleurs, c’est de trouver un bon équilibre dans la gestion de ses pokémons. Parce que sinon… Les pauvres dresseurs qui se pointe pour leur première expérience, si je débarque avec ma Master Ligue, ça ne va pas le faire.
En parlant de combat… Je profite, après avoir bu un peu d’eau, pour me renseigner, concernant les combats illégaux dont il me parlait tout à l’heure. Je dois dire que ça me trotte un peu dans la tête, cette histoire. J’ai déjà entendu parler de ce genre de combats et ça n’avait rien de bien joyeux joyeux… Mais j’imagine que y a plusieurs « stades » d’illégalité – je ne sais pas comment dire autrement, on s’en fout après de mon langage foireux -. Je me sens donc soulagé quand il m’explique que c’était simplement des combats en pleine rue avec des paris financiers dessus. Aucun mal n’a été fait aux pokémons et il précise bien qu’il aime trop ses alliés pour leur infliger ça. C’est tant mieux ! Même si je n’en doutais pas vraiment, vu comment il me parlait d’eux avant qu’on ne fasse notre expérience culinaire ratée.
« Oh ok, je vois je vois ! » Je me perds dans mes pensées, avant de me marrer un peu. « Je crois que j’ai participé à un combat comme ça quand je suis passé à Smashing d’ailleurs… Mais ça date. » Je ris à nouveau. Je me rappelle bien d’un truc où Izy était pas trop chaud pour que j’y participe, mais c’était juste un combat en deux contre deux pour rabattre le caquet à une meuf qui faisait trop sa princesse. Ça m’avait saoulé, je l’avais ridiculisé et j’étais fier de moi, en plus. « Je t’avoue que j’ai eu un peu peur, quand t’as parlé de combats illégaux. » On essaye de redevenir un peu sérieux, tout de même. « Genre tsé, trafic de pokémons, combats à mort et mise en danger d’autrui, le bon cocktail. Ça m’étonnait que tu fasses ce genre de combats alors… Ça me rassure. » … Pourquoi je lui dis ça au juste ?
Mine de rien, j’ai quand même encore mon sourire du gars rassuré d’apprendre que son nouveau collègue n’est pas un tueur de pokémons. Je finis enfin mon assiette et je lâche un soupire de bien-être. Je m’étire bruyamment, me fichant bien des apparences. On est à la Ligue, au self, y a pas de paparazzis ici alors si j’ai envie de faire le mal élevé, je fais ce que je veux.
« C’était bien bon ! Salé comme il fallait ! » Oui, ça m’amuse de faire une petite référence à tout à l’heure. « T’as découvert le meilleur endroit de la Ligue, du coup ! » J’oublie pas qu’à l’origine, je suis sensé lui faire visiter le complexe… Mais on va attendre un peu avant la suite de la visite, non ?
Codage T-Card par Aaron Sakuragi, un grand merciiii t'es la meilleure ! Crédit avatar :obo
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